THE SPECTATOR → the judgement

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Soo veel als’er tot noch toe de naam van Konstkenders en beminnaars met waarheyd gedragen hebben, zijn doorgaans van oordeel geweest, dat de Oude overblijffselen der goede statu-Beelden en Half ronden en ’t geen in de bloey-tijd der Schilder en Bootseer-kunde gemaakt is voor de Schoonste in de Konst, en voor de Leerlingen de beste en volmaaktste Voor-beelden te houden sijn. Welke waarheyd van de neerstigen Heer Jan de Bisschop, aangemerkt zijnde, hem ook opentlijk in de Opdragt van sijn vijftig eerst uytgegeven statu-Beelden, heeft doen belijden; dat hy door lange ervarentheyd, in dat gevoelen meer en meer bevestigt was. Want het zy, segt hy, dat we onse meeninge bouwen op d’agting en hoogen prijs, welke voor dusdanige Konstbeelden, al van ouden tijden is betaald geworden, (waar van Cicero, Plinius en andere mannen van kennis; Beneffens de daaglijxse ervarentheyd getuygen konnen zijn:) of dat wy Raphael d’Urbijn, of Michel Angelo en sulke Meesters, ’t selve niet alleen met woorden, maar ook met der daat sien bevestigen; wy sullen bevinden datse hun geheele oeffening dar na gerigt hebben. En voor soo ver, veel eer Roovers dan Navolgers geworden zijn. Waarlijk seyd hy vorder, daar is geen andere reden, dat Vrankrijk, nu in der daat de Kroon spannende, het nu soo ver gebracht heeft, als dat het te Roomen met goede opmerking, de Oude Pronkbeelden wel doorsien, en der selver navolger Poussijn met veel Eer ontfangen, en seer hoog geagt heeft.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As many as have rightfully carried the name of Connoisseur or lover, they were commonly of the opinion that the Ancient remains of good Statues and Reliefs and all that has been made in the golden age of the art of Painting and Sculpture are the most Beautiful in the Art, and would be the best and most perfect Examples for the Pupils. This truth, recognized by the diligent Mister Jan de Bisschop, who confessed it publicly in the Dedication of his first fifty published Statues; that he had been confirmed in this feeling by his long experience. Since, he says, we either build our opinion on the esteem and high price, which has always been paid for these artful Sculptures, (of which Cicero, Pliny and other men of knowledge – besides the everyday experience – can bear witness of:) or we can see Raphael of Urbino or Michelangelo show it not only with words but with deeds; we will find that they have focused their whole practice on it. And as such, have rather become Robbers than Imitators. Truly, he continued, there is no other reason, that France, which truly beats the lot nowadays, has come this far, than because it has insightfully received the Romans – understanding the Old Statues well – and their imitator Poussin, with much honor, holding them in high esteem.


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ALCIPE. […]  Quelle est à votre avis la premiere partie de la composition ? N’est-ce pas de vous rendre avec vérité, le sujet que l’on vous annonce ? Si l’on veut vous representer, par exemple, la mort de Jules Cesar, n’étes-vous pas à la portée de juger, si le Peintre a rendu l’image de cette scene ? n’en jugeriez-vous pas au théâtre ? ne verriez-vous pas bien si Cesar & Brutus sont les principaux objets qui frappent votre vûë ? si les autres personnages sont dans l’action, dans laquelle ils doivent être ? enfin si le mouvement de cette scene vous inspire la terreur qui doit vous inspirer ? Si ces principales parties ne s’y trouvent point, dites en sûreté que la composition de ce tableau ne vous plaît pas ; & vous aurez raison : mais ne vous pressez pas de dire que ce tableau ne vaut rien ; car il pourroit se trouver  d’excellentes choses dans le détail.



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Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Quand il [ndr : Poussin] envoya à M. de Chantelou ce Tableau de la Vierge dont je viens de parler, il voulut luy-mesme prévenir le jugement que l’on en feroit, & témoigner qu’il sçavoit bien qu’on n’y trouveroit pas tous les charmes du coloris & du pinceau. C’est pourquoy il écrivit à M. de Chantelou, de luy en mander librement son avis. Mais qu’il le prioit de considerer que tous les talens de la peinture ne sont pas donnez à un seul homme : qu’ainsi il ne faut point chercher dans son ouvrage ceux qu’il n’a pas receüs. Qu’il sçait bien que toutes les personnes qui le verront ne seront pas d’un mesme sentiment, parce que les goust des amateurs de la peinture ne sont pas moins differents que ceux des Peintres ; & cette difference de gousts est la cause de la diversité qui se trouve dans les travaux des uns & dans les jugemens des autres.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

A l'égard de l'Allegorie, on dit, qu'il falloit considerer la difference qu'il y a entre des figures des divinités fabuleuses & des figures allegoriques, qu'à la verité, la fable est incompatible avec la verité : mais que ce seroit faire une injustice à un Peintre doüé d'un excellent genie de l'empêcher de joindre l'Allegorie à l'histoire pour en exprimer les mysteres, lors qu'on le peut faire sans nuire à l'intelligence du sujet, qu'il seroit à souhaiter au contraire, que les Peintre en ne negligeant rien de ce qui est essentiel à leur profession, appliquassent leur esprit à bien connoître le sens mystique des histoires aussi bien que le litteral, leurs ouvrages en seroient beaucoup plus considerables & satisferoient d'avantage la curiosité des Amateurs sçavans ; [...]

Une partie de ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément aux pages 42-43 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc, tome I, vol. I).



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Les desseins des grands maîtres étant tout esprit, forment une curiosité des plus piquantes ; ils sont la meilleure instruction pour un amateur, c’est une source féconde, où il peut puiser toutes les lumières qui lui sont nécessaires ; il conversera, pour ainsi dire, il s’instruira avec ces grands hommes, en visitant un recueil de leurs desseins, il se familiarisera avec eux, leurs différentes manieres se dévoileront à ses regards. Si même ces desseins (a) sont rangés chronologiquement & par écoles, ils lui rappelleront de suite l’histoire & la vie de ces fameux artistes.
(a) L’auteur a fait une collection des desseins des grands maîtres de tous les pays, qui peut passer pour une des meilleurs de l’Europe, elle est rangée chronologiquement par écoles & composée d’environ neuf mille desseins originaux & choisis, mêlés de morceaux finis, d’études, de pensées, & d’academies.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Il est presqu’impossible de distinguer le bon & le mauvais d’un ouvrage, & de justifier le jugement qu’on en aura porté, à moins qu’on n’ait acquis la connoissance des principes de la peinture. Par d’heureuses comparaisons, par une pénétration d’esprit, par une forte inclination, on se forme un grand goût, & une juste idée du vrai beau. L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Le second point consiste à distinguer le nom & l’école de chaque maître, l’amateur en ceci vaut mieux que l’homme du métier ; ces deux connoissances tiennent plus de l’histoire de la peinture que de la pratique de la main ; elles sont le fruit d’une grande application pour distinguer les differentes écoles & la varieté des manieres ; à force d’examiner & de confronter quantité de desseins de la même main on se fait une habitude, une idée nette & distincte du caractere & de la pratique de chaque peintre, on se la rend familiere ; si elle ressemble en quelque partie à celle d’un autre maître, elle est toujours differente en quelque chose, & cela suffit, les estampes gravées d’après les peintres en font encore connoître le goût. Une heureuse mémoire, un esprit net pour retenir toutes ces pratiques differentes, sans les confondre, y est absolument necessaire.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

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Quotation

Ce fut  assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.

moderne


Quotation

[…] Qu’en un mot je suis tres convaincu que si les Anciens sont excellens, comme on ne peut pas en disconvenir, les Modernes ne leur cedent en rien, & les surpassent mesme en bien des choses. Voila distinctement ce que je pense & ce que je pretends prouver dans mes Dialogues.

moderne


Quotation

L'ABBE. Cela est tres-vray, & il y aura toûjours de la peine à comparer un tableau ancien avec un moderne, parce qu'on ne sçait ce que sera le Temps & quelles beautez il doit ajoûter au tableau nouveau fait. Ainsi, je soûtiens toûjours que la Peinture en elle-mesme est aujourd'hui plus accomplie que dans le siecle mesme de Raphaël, parce que du costé du clair obscur, de la degradation des lumières & des diverses bienseances de la composition, on est plus instruit & plus delicat qu'on ne l'a jamais esté.
LE PRESIDENT. Cependant, ce n'est pas là le sentiment commun ; & si l'on en croit les Connoisseurs, les moindres tableaux des Anciens vont devant les plus beaux des Modernes.
L'ABBE. Vous croyez sans doute que cela vient du peu d'habileté de nos Peintres & de la grande capacité de ceux qui en jugent, je vous declare que c'est tout le contraire.

moderne


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Quotation

[…] Si je suis blâmable en quelque chose, c’est de m’estre engagé dans une entreprise au dessus de mes forces ; car il s’agit d’examiner en détail tous les beaux Arts & toutes les Sciences, de voir à quel degré de perfection ils sont parvenus dans les plus beaux jours de l’antiquité, & de remarquer en même temps ce que le raisonnement & l’experience y ont depuis ajoûté, & particulièrement dans le Siècle où nous sommes.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → antique

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Quotation

C’estoit une histoire Angloise, dont il avoit habillé les figures à la Grecque & à la Romaine, ouvrage au reste, qui ne meritoit que le feu ou la bouë ; & lorsque je voulus lui demander raison de cent choses qui choquoient la raison, l’histoire, l’Art, la Nature & le bon sens, il me fist des réponses si remplies d’ignorance & de superbe, que je le laissay là avec ces sots admirateurs.
[…] A peine pûs-je échapper des mains de ces importuns, & lorsque je pensois estre hors de danger de telles rencontres, je me trouvay au milieu d’une troupe de Damoiseaux, qui après avoir apris deux ou trois mois à mal dessigner sous un Maistre ignorant, venoient là faire les Critiques & les Arbitres de la Peinture. Ce fut une scene assés facésieuse, de les entendre vanter leur affection pour cet Art si merveilleux.



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Quotation

De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.


[…] Car c’est ainsi qu’ils jugent en deux manieres de l’obligation du Peintre ; l’une qui est de sçavoir comment les choses doivent estre historiées ; & l’autre de les sçavoir bien peindre. Or comme la derniere est sans doute tres-difficile, puis qu’en cet art, comme dans plusieurs autres, l’execution est au dessus de la theorie, il est toujours plus avantageux de pouvoir faire que de sçavoir simplement ce qu’il faut faire, ils trouvent qu’il est plus glorieux au Titien d’avoir exécuté ses ouvrages dans la perfection des couleurs où elles se voyent, que s’il n’eust sceu, comme quantité d’autres Peintres, qu’inventer de grands sujets qui n’eussent pas esté peints avec cette beauté que l’on admire dans ses ouvrages.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Je m'étois en quelque sorte attendu à ce dernier reproche de la part du Public, & il ne m'a point surpris. Mais je vous avouerai l’avoir beaucoup été à la lecture du Paradoxe que l’on s’est efforcé d’établir, Qu’il est absolument nécessaire de proffesser un Art pour en parler avec justesse, & oser en remarquer les défauts.



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SPECTATEUR → connaissance

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Quotation

J'aymerois encore mieux n'y point aller [ndr : à Rome], repartit Leonidas, que d'en rapporter un goust artificiel comme font la pluspart de ceux qui en reviennent, & qui apres avoir oüi fort estimer les fresques de ce païs-là, sans distinction de ce qui y est estimable d'avec ce qui ne l'est pas, taschent de se dépoüiller de leur goust naturel pour les estimer aussi. Ils les voyent souvent, & à force de faire violence à leur bon sens, ils accoustument leurs yeux aux manières grises & sèches, lesquelles leur servent ensuite de règle pour juger de la Peinture. Ils content cette habitude comme un mystère qui leur avoit esté caché jusques alors, & croyent qu'il faut laisser aux âmes vulgaires l'admiration des tableaux.

naturel



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

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Quotation

Il est quelques Artisans beaucoup plus capables que le commun des hommes, de porter un bon jugement sur les ouvrages de leur art. Ce sont les Artisans nez avec le génie de cet art, toujours accompagné d'un sentiment bien plus exquis, que n'est celui du commun des hommes. Mais un petit nombre d'Artisans est né avec du génie, & par conséquent avec cette sensibilité ou cette délicatesse d'organe superieure à celle que peuvent avoir les autres, & je soutiens que les Artisans sans génie jugent moins sainement que le commun des hommes , & si l'on veut, que les ignorans. Voici mes raisons. La sensibilité vient à s'user dans un Artisan sans genie, & ce qu'il apprend dans la pratique de son art, se sert le plus souvent qu'à dépraver son goût naturel. […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Les Peintres & les Poëtes, sans enthousiasme, ne sentent pas celui des autres, & portant leur suffrage par voïe de discussion, ils loüent ou ils blâment un ouvrage en géneral ; ils le définissent bon ou mauvais suivant qu'ils le trouvent régulier dans l'analyse qu'ils en font. Peuvent-ils être bons juges du tout, quand ils sont mauvais juges de la partie de l'invention, qui fait le principal mérite des ouvrages, & qui distingue le grand Homme du simple artisan.


Quotation

Avant que de pouvoir juger sur un certain ouvrage de l'état où l'Art étoit lorsque cet ouvrage a été fait, il faudroit sçavoir positivement en quelle estime l'ouvrage a été dans ce tems-là, & s'il y a passé pour un ouvrage excellent en son genre. Quelle injustice, par exemple, ne feroit-on pas à notre siecle, si l'on jugeoit un jour de l'état où la Poësie dramatique auroit été de notre tems sur les Tragedies de Pradon, ou sur les Comedies de Hauteroche ? Dans les tems les plus féconds en Artisans excellens, il se rencontre encore un plus grand nombre d'Artisans médiocres. Il s'y fait encore plus de mauvais ouvrages que de bons. Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l'état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu'il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le tems même que le Mausolée fut élevé, & par conséquent sous le regne de cet Empereur. Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les Peintres de son tems, l'Artisan qui les fit, & ce qui se passe aujourd'hui dans tous les pays, nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des Artisans très-inférieurs à ceux qu'elle fait négliger.



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L’ARTISTE → qualités

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Quotation

But to treat Methodically of this, or as we have already enlarged in the History and Progresse of Chalcography, and the surviving labours of the most renowned Masters, would require no lesse time and pains : It were indeed a noble, curious, and useful work, but almost impossible to accomplish ; because the Original Drawings of the great Masters, being dispersed amongst the hands of the greatest Princes, and men of Science only, are preserved with jealousie, and esteem’d, as so many Jewels of greater value, then those of Pearles and Diamonds : For some of them being the very last workes, though but imperfect draughts of so Excellent Artists ; they have for the most part been in greater esteem, then even those of larger bulke and more finished ; as Pliny instances in the Iris of Aristides, the Medea of Timomachus, and some others ; because (as he there speaks) such touches did even expresse the very thoughts and prime conception of the Workman, as well as the Lineaments which he presents us ; and that there is a certain compassion in our Natures, which indears them to us, so as we cannot but love, and desire the hands which perished in the midst of such famous pieces  […]



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L’ARTISTE → qualités

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Quotation

Ce n'est donc que dans la bouche de ces hommes fermes & équitables qui composent le Public, & qui ne tiennent aux Auteurs, ni par le sang, ni par l'amitié, ni par la profession, que l'on peut trouver le langage de la vérité. L'opinion que je combats est d'autant plus singulièrement étonnante, que ceux qui en sont les inventeurs la condamnent eux mêmes, en exposant toutes les années leurs Ouvrages aux jugemens du Public ; exposition qui ne seroit plus qu'un vain spectacle pour amuser sa curiosité & braver sa critique uniquement reservée aux gens de l’Art, & à leurs infaillibles Confreres. Je ne m'arrêterai pas davantage à réfuter sérieusement une opinion aussi nouvelle que dangereuse, & je penserai toujours que rien ne sçauroit être plus utile & plus important aux Arts comme aux Lettres, que les décisions du Public, lorsqu'elles pourront arriver jusqu'aux Auteurs, sans passer par l'organe perfide des adulateurs, ou par celui des admirateurs ignorans.



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L’ARTISTE → qualités

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Quotation

Mais la commune opinion n’admet aucune définition du Beau. Le Beau, dit-on, n’est rien de réel, chacun en juge selon son goût, en un mot, que le Beau n’est autre chose que ce qui plaît.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Le plus grand avantage qu’on en tire vient de ce qu’elle nous apprend en quoy consiste la derniere beauté de tout ce qu’elle represente, & sur tout celle du corps humain. 
Car il ne faut point douter que les Peintres ne jugent ordinairement mieux que le reste des hommes de la beauté humaine, tant à cause des regles qu’ils ont à l’esgard de la proportion des membres & des couleurs qui leur conviennent, que pource qu’ils exerçent incessamment leur imagination à former des Idées les plus accomplies qui se puissent concevoir.



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Quotation

Ce n'est pas par prévention, dit Pamphile, qu'il faut se faire le Goust aux Ouvrages antiques mais par raison. Peut-estre aussi le prenez-vous trop à la lettre. Ne croyez-pas, mon cher Damon, que je veuille vous conseiller de iuger des figures peintes par la ressemblance qu'elles auront à des figures de Marbre, non plus qu'à beaucoup d'autres choses que l’on voit dans l'antique. L'idée que ie fouhaitte que vous vous en fassiez, n'est pas pour juger directement des beautez peintes ; mais des beautez naturelles : C'est à dire en deux mots, que les personnes qui auront le plus de ce bon air des Figures antiques, seront d'un meilleur choix, & les plus propres à estre peintes, & à faire l'ornement d'un beau Tableau.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → antique
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Are. [...] Je dis donc que le jugement nait generalement dans l’homme de l’experience, & de la pratique ; & comme il n’y a rien de plus familier à l’homme, que l’homme ; il s’ensuit que tout homme est en etat de juger ce qu’il voit tous les jours, comme de la beauté, de la laideur de qui que ce soit ; parceque la beauté ne provient que d’une proportion convenable, qui se trouve ordinairement dans le corps humain, & principalement à chaque membre en particulier ; & le contraire derive de la disproportion : ce jugement dependant des yeux, qui est donc celui qui ne distingue le beau d’avec le laid ? persone assurement, s’il n’est privé de vûe & de jugement ; si bien que l’homme aiant connoissance, comme il à, de la veritable forme que doit avoir notre individu, qui est l’homme vivant ; pour quoi ne l’auroit-il pas de celle qui est feinte & morte, qui est la peinture ?



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → connaissance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.

On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.


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Quotation

[…] Aux curieux de l’Art de l’Architecture et de La Peinture et de la Sculpture. Messieurs J’ay creû ne pouvoir dédier ce petit Ouvrage qu’à vous puisque ne prenant d’autre interest dans ces questions que vous instruire & de profiter dans les connoissances que vous avez ; Il sera facile de vous détromper des erreurs vulgaires, & de vous perfectionner dans les veritables Regles, sur lesquelles la pratique doit estre fondée ; Et quoy qu’il se trouve beaucoup de personnes d’un avis contraire, si l’on considere que c’est par un interest particulier, ou quelque autre passion injuste, qu’ils s’opposent à une vérité connuë, sensible & démontrée ; Je ne doute point que toutes les indiferentes & curieuses comme vous, MESSIEURS, de la seule vérité, & de la perfection des beaux Arts, ne reçoivent favorablement ce petit Ouvrage [...].

"beaux Arts" ne comporte pas de trait d'union.



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SPECTATEUR → connaissance
L’ARTISTE → règles et préceptes

Quotation

[…] Si je suis blâmable en quelque chose, c’est de m’estre engagé dans une entreprise au dessus de mes forces ; car il s’agit d’examiner en détail tous les beaux Arts & toutes les Sciences, de voir à quel degré de perfection ils sont parvenus dans les plus beaux jours de l’antiquité, & de remarquer en même temps ce que le raisonnement & l’experience y ont depuis ajoûté, & particulièrement dans le Siècle où nous sommes.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → antique
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

Daer is oock noch een ander middel, waer door den Schilder hem selven een Vermaerde Naem kan maecken: Namentlijck dat hy somtijts, tijt en vlijt daer toe aenwent, om eenige van sijn beste ordinantien en teyckeningen in print uyt te geven: {Datmen sich door Printen uyt te geven kan in naem brengen.} Want vermits die de geheele Werelt door-wandelen, en in alle Liefhebbers handen komen, en dat de Schilderyen meest altijt maer in eene plaets blijven, soo is licht af te nemen dat men door eenige Print-Konst in de Wereldt te brengen, meerder bekent kan worden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] There is also another way, by which the Painter can make a Famous Name for himself: Namely that he sometimes, uses time and effort to publish some of his best composition and drawings in print: {That one can make a name for himself by publishing Prints.} Because these spread all over the world, and come into the hands of all Amateurs, and paintings usually always stay in one place, it is easy to conclude that one can become more famous by bringing some Prints into the World.



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SPECTATEUR → marché de l'art

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Quotation

So is het dan blijckelick dat onder 't ghetal van soo veele ende verscheyden Konsten door de welcke eenen grooten naem ende een ontsterffelicke beroemtheydt verworven wordt, dese Konste gheen van de geringhste en is, dewelcke daer af-beeldet alles watmen onder 't wijde uyt-spansel des Hemels bedeckt siet.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is then clear that amongst the number of so many and diverse Arts in which a great name and immortal fame is obtained, this Art, which depicts all that one sees covered under the wide firmament of Heaven, is not one of the least.



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L’ARTISTE → qualités

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Quotation

Mahler Eigenschaften, p. 149
Ein Mahler/ der ein unbehöriges Urtheil mit Bescheidenheit/ oder mit Gedult und Stillschweigen beantworten kann/ wird zuweilen einen grossen Unheil/ haß und Feindschafft entgehen; und gleich wie er von seiner Arbeit nicht gerne einen nachtheiligen Außspruch höret/ also soll er auch nicht hastig von andrer Kunststücken sich zu einem Straffrichter aufwerffen/ oder gewärtig seyn/ daß man ihm mit Maß misset/ mit welcherer andern gemessen hat.



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L’ARTISTE → qualités

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Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65-66 
Daß man hievon leichtlich judiciren lerne/ ist nichts bessers als fleißig in der Natur selbst darauf zu sehen/ wie die Schatten von der Sonnen fallen. Insgemein aber gilt diese Regul/ daß wer von Gemählden will judiciren lernen/ sich gewöhnen muß/ alles was er ansiehet/ fleißig und eigentlich durch und durch zu betrachten/und sich also die Natur in das Gedächtniß zu drücken.



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EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

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Quotation

There are two Mistakes very common ; One is because a great many good Pictures are very Rough painted People fancy that is a Good Picture that is so. There is Bold Painting, but there is also Impudent Painting. Others on the contrary judge of a Picture not by their Eyes, but by their Fingers ends, they Feel if it be good. Those appear to know little of the true Beauties of the Art, that thus fix upon the least considerable Circumstance of it as if it were All, or the Principal thing to be consider’d.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

2 quotations

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein



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EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Quotation

On a besoin d’avoir l’esprit formé & le jugement meur, pour faire l’application de ses regles sur de bons Tableaux, & pour n’en prendre que le bon : Car il y en a qui s’imaginent que tout ce qui se trouve dans un tableau d’un Maistre qui a de la reputation, doit estre bon. Ces gens-là ne manquent jamais en copiant de s’attacher aux mauvaises choses comme aux bonnes, & les remarquent d’autant plus quelles leurs paroissent extraordinaires, & ensuite de s’en faire une loy & un precepte. Il ne faut pas aussi en prendre le bon d’une maniere creuë & grossiere, en sorte que l’on reconnoisse dans vos Ouvrages, que ce qui est de plus beau vient d’aprés un tel Maistre ; mais imitez en cecy les Abeilles qui vont dans les campagnes cueiller de chaque fleur ce qu’elles trouvent de plus propre pour en faire le miel : Ainsi il faut que le jeune Peintre ramasse de plusieurs Tableaux ce qu’il en trouvera de meilleur, & que de tout cela il se fasse une maniere qui luy soit propre.



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L’ARTISTE → qualités
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

2 quotations

Quotation

[...] De sorte que voulant representer dans un Tableau l’une d’icelles [ndr : l’une des Nations et époques de l’histoire] en particulier, ou plusieurs ensemble, chacune fust traittée en sa vérité, tant comme j’ay dit en l’air des figures humaines, qu’en leur geste & autres actions dependantes d’icelles, & en leurs vestemens ou draperies, puis en quelque sorte en la forme des terres & lieux, où est leur habitation, & aussi des ustensiles de leur usage ; Car par ce moyen chaque chose representeroit ainsi le vray : Mais d’autant que tout cecy ne suffit pas encore entierement à former un Tableau qui soit ce que les tres-sçavans tiennent pour excellent, qui se nomme à present parmy eux la bonne maniere, autrement le bon ou grand Goust ; à cause que de tous ces corps visibles de la nature, il y en a en divers païs dont la proportion & air, est plus agreable à l’œil de quelques personnes qu’à celuy d’autres, tant des figures humaines que des bestiaux, & partie de la terre, & en suitte des Ouvrages faits par l’industrie des hommes, comme les bastimens, & divers autres, à cette occasion il est à propos de sçavoir faire cette distinction, afin de se servir au besoin de ce qu’on peut nommer beau. 

grand goût · manière



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MANIÈRE ET STYLE → école
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Quotation

Le bon goût est un amour habituel de l’ordre. Il s’étend, comme nous venons de le dire, sur les mœurs aussi bien que sur les ouvrages d’esprit. La symmétrie des parties entr’elles & avec le tout, est aussi nécessaire dans la conduite d’une action morale que dans un tableau. Cet amour est une vertu de l’ame qui se porte à tous les objets, qui ont rapport à nous, & qui prend le nom de goût dans les choses d’agrément, et retient celui de vertu lorsqu’il s’agit des mœurs. Quand cette partie est négligée dans l’âge le plus tendre, on sent assez quelles en doivent être les suites.



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L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

Mais pour moy je conclus par ce qui a esté cy-devant dit, que la plus belle connoissance est, d’estimer les Tableaux, Desseins, & Tailles-Douces, par la bonté qui est en eux, & non par la reputation de leur Autheur, en sçachant ou reconnoissant en gros s’ils sont bien faits par regle, ou à veue d’œil ; Et en destail, pourquoy telle chose est belle ou laide ; Car de reïterer souvent quand on considere ces choses, qu’elles sont tres-belles & admirables, & de plus y adjoustant de ces divers mots de l’Art, cela n’est rien dire d’assuré



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SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

1 quotations

Quotation

Le cadre ne fait rien au tableau. On le dore quand la peinture ne vaut rien.



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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

1 quotations

Quotation

[…] J’entendis là de jeunes écervelés vanter leurs ouvrages, & se donner de l’encens avec une arrogance que j’eus peine à suporter. L’un couroit çà & là, montrant avec ostentation un ouvrage digne de risée, l’autre méprisoit son voisin, & se vantoit d’avoir seul la veritable science de la Peinture : Je vis même avec douleur des laquais & des faquins s’ériger en Censeurs, prendre la qualité de Maistres-Peintres, & mépriser avec une insolence enragée, les Raphaëls, les Poussins & leurs semblables, & proposer pour deffi leurs effroyables barboüilleries, entre lesquelles un de ces Cacopeintres tardif & fantasque au possible s’écria tout d’un coup : Laissez, Messieurs, ces ignorans, & si vous voulez voir des Tableaux dignes de votre estime, considerez ceux-cy tous de mon invention, dans lesquels vous trouverez je m’asseure, autant de sujets d’admiration que de figures ; je ne doute pas que plusieurs de mes competiteurs n’y portent envie, mais je sçay bien que tres-peu les pourroient imiter.



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1 quotations

Quotation

But to treat Methodically of this, or as we have already enlarged in the History and Progresse of Chalcography, and the surviving labours of the most renowned Masters, would require no lesse time and pains : It were indeed a noble, curious, and useful work, but almost impossible to accomplish ; because the Original Drawings of the great Masters, being dispersed amongst the hands of the greatest Princes, and men of Science only, are preserved with jealousie, and esteem’d, as so many Jewels of greater value, then those of Pearles and Diamonds : For some of them being the very last workes, though but imperfect draughts of so Excellent Artists ; they have for the most part been in greater esteem, then even those of larger bulke and more finished ; as Pliny instances in the Iris of Aristides, the Medea of Timomachus, and some others ; because (as he there speaks) such touches did even expresse the very thoughts and prime conception of the Workman, as well as the Lineaments which he presents us ; and that there is a certain compassion in our Natures, which indears them to us, so as we cannot but love, and desire the hands which perished in the midst of such famous pieces  […]



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L’ARTISTE → qualités

2 quotations

Quotation

LE CHEVALIER. Je vous avoue que le tableau de la famille Darius m'a toûjours semblé le chef-d’œuvre de Monsieur le Brun ; & peut-estre que l'honneur qu'il a eu de le peindre sous les yeux du Roy, est cause qu'il s'y est surpassé luy-mesme ; car il le fit à Fontainebleau, où Sa Majesté prenoit une extreme plaisir tous les jours à le voir travailler.
LE PRESIDENT. Quoy donc le saint Michel & la sainte famille que nous venons de voir, ne seront pas comparables aux tableaux de Monsieur le Brun.
L’ABBE. Je serois bien faschée d'avoir avancé une telle proposition, ce sont deux chef-d'œuvres incomparables, & qui surpassent comme je l'ay déja dit, tout ce que l'Italie a de plus beau. Il y a quelque chose de si grand & de si noble dans l'attitude & dans l'air de teste du saint Michel ; la correction du dessein y est si juste, & le mélange des couleurs si parfait, que ce qui peut y estre desiré comme un peu moins de force dans l'extremité des parties ombrées, n’empesche pas qu'il ne soit le premier tableau du monde, à moins qu'on ne luy fasse disputer ce rang par le tableau de la sainte Famille.

LE PRESIDENT. Vous passez donc condamnation pour ces deux tableaux ; & voila le siecle de Raphaël au dessus du nôtre.
L' ABBE. Cela ne conclut pas.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

1 quotations

Quotation

Apres luy [n.d.r. Simon Frisius] nous avons Matthieu Merian Suisse, lequel a selon mon sens fait des ouvrages à l’eau forte aussi nets & egalement travaillez que lon puisse faire ; & lon pourroit dire qu’il eust fait en sorte que la partie de ses hacheures qui approche le plus de l’illuminé ou du jour eus esté plus déliée & perduë, il eus testé difficile de faire mieux & plus net ; mais ce que lon trouve à desirer en son ouvrage est que les sorties de ses hacheures finissent fort à coup, qui fait connoistre aux clairs-voyants que c’est à l’eau forte.


1 quotations

Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

1 quotations

Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → connaissance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

15 quotations

Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie. Le plus grand avantage qu’on en tire vient de ce qu’elle nous apprend en quoy consiste la derniere beauté de tout ce qu’elle represente, & sur tout celle du corps humain. 
Car il ne faut point douter que les Peintres ne jugent ordinairement mieux que le reste des hommes de la beauté humaine, tant à cause des regles qu’ils ont à l’esgard de la proportion des membres & des couleurs qui leur conviennent, que pource qu’ils exerçent incessamment leur imagination à former des Idées les plus accomplies qui se puissent concevoir.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Mais pour moy je conclus par ce qui a esté cy-devant dit, que la plus belle connoissance est, d’estimer les Tableaux, Desseins, & Tailles-Douces, par la bonté qui est en eux, & non par la reputation de leur Autheur, en sçachant ou reconnoissant en gros s’ils sont bien faits par regle, ou à veue d’œil ; Et en destail, pourquoy telle chose est belle ou laide ; Car de reïterer souvent quand on considere ces choses, qu’elles sont tres-belles & admirables, & de plus y adjoustant de ces divers mots de l’Art, cela n’est rien dire d’assuré



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Remarquez plûtost, luy repartis-je, combien il importe à un excellent homme d’avoir pour Juge de son travail des personnes connoissantes, qui sçachent en quoy consiste la perfection de l’Art, & qui ne s’arrestent pas à la superficie des choses.
Il y a peu de gens, reprit Pymandre, capables de cette haute connoissance, & cependant il faut qu’un Peintre fasse des Tableaux qui soient agreables à tout le monde.
Je sçay bien, luy dis-je, que tous ceux qui regardent un Ouvrage n’en connoissent pas le merite. Mais ne m’avoüerez-vous pas qu’il vaut mieux faire quelque chose dont les sçavants soient satisfaits, que de plaire à une multitude d’ignorans ? Vous sçavez bien que le Poëte Anthimachus ayant assemblé un jour quantité de personnes pour lire en leur présence une piece qu’il avait composée, & voyant que ses Auditeurs l’avoient tous quitté, à la reserve de Platon : « Je ne laisseray pas, dit-il, de continuer ma lecture, parce que Platon vaut tout seul des milliers d’Auditeurs. » En effet un Poëme & un Tableau sont des productions dont tous les hommes ne sçavent pas le prix qui dépend de l’approbation d’un petit nombre de personnes sçavantes.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

61. [Veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes.] J’ay [ndr : Roger de Piles] appris de la bouche de Monsieur du Fresnoy, qu’il avoit plusieurs fois oüi dire au Guide, Qu’on ne pouvoit donner de Preceptes des plus belles choses, & que les connoissances en estoient si cachées, qu’il n’y avoit point de maniere de parler qui les pût découvrir. Cela revient assez à ce que dit Quint. {Declam. 19.} Les choses incroyables n'ont point de paroles pour estre exprimées, il y en a quelques-unes qui sont trop grandes & trop relevées, pour pouvoir estre comprises dans les discours des hommes. D'où vient que les Connoisseurs, quand ils admirent un beau Tableau, semblent y estre collez ; & quand ils en reviennent, vous diriez qu'ils auroient perdu l'usage de la parole. {Liv. 2. Sat. 7.} Pausiaca torpes insane Tabella. Dit Horace. {L. 10. Ep. 22} Et Symmachus dit, Que la grandeur de l'étonnement ne permet pas que l'on donne des loüanges & des applaudissemens. Les Italiens disent Opera da stupire, pour dire qu'une chose est fort belle. 



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Pour ce caractère d'esprit, & ce Génie du Peintre, répliqua Damon, je vous avoue que je n'y ay pas encore bien pénétré , & que toute ma connoissance n'est fondé que sur des marques fort sensibles que j'ay observées le mieux que j'ay pu , comme sont les touches du Pinceau , les couleurs fortes ou foibles , certains airs de testes que quelques Peintres ont affectez , certaines répétitions de draperies , de coiffures, d'ajustemens, &de figures toutes entières , enfin un je ne say quoy d'extérieur qui frappe tellement la veuë, qu'il est impossible de ne s'en pas souvenir ; mais je sens fort bien que toutes ces marques extérieures viennent plustost de la main du Peintre que de sa teste, & qu'ainsi elles ne répondent tout au plus qu'au dessus de lettre. C'est toujours quelque chose, dit Pamphile ; mais il faut que vous passiez plus avant, & que vous connoissiez aussi les manieres par le caractère de l'esprit du Peintre. Je n'en desespere pas, reprit Damon, si vous voulez, bien que nous en parlions quelquefois mais la chose dont ie desespere c'est d'acquérir cette connoissance que vous appeliez la véritable, & de savoir juger sainement d'un ouvrage de Peinture. Quoy cette connoissance fine, répliqua Pamphile, qui sait trouver
le bien & le mal d'un Tableau, & qui rend raison des beautez & des défauts qu'elle y découvre? Celle-là mesme, continua Damon; trouvez-vous que ce soit une témérité que d'y prétendre
.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Pour connaître si un Dessein est d’un tel Maître, il faut en avoir vû beaucoup d’autres de la même main avec attention, & avoir dans l’Esprit une Idée juste du Caractere de son Génie, & du Caractere de sa Pratique. La connaissance du Caractere du Génie demande une grande étendue, & une grande netteté d’Esprit pour retenir les Idées sans les confondre ; & la connaissance du Caractére de la Pratique dépend plus d’une grande habitude, que d’une grande capacité : c’est pour cela que les plus habiles Peintres ne sont pas toujours ceux qui décident avec plus de justesse en cette matiére.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Une des choses les plus essentielles dans la connaissance des Tableaux, c'est le Génie, il en faut dans le bon Connaisseur ainsi que dans le bon Peintre ; mais comme le Génie ne peut s'acquérir, il faut toujours le supposer, ou du moins au défaut du Génie un gand amour pour la Peinture.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Il y a trois sortes de Connaissances sur le fait des Tableaux. La première consiste à découvrir ce qui est bon & ce qui est mauvais dans un même Tableau. La seconde regarde le nom de l'Auteur. Et la troisième va à savoir, si un Tableau est Original ou Copie.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → marché de l'art

Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

L’originalité est le troisième point essentiel à la connoissance des desseins. Cette originalité n’est pas souvent bien aisée à constater. Pour juger si un dessein est original ou copie, il faut du discernement, de la pénétration, de la finesse d’esprit, une grande pratique, & une notion des principes de l’art moins (c) grande cependant que pour les tableaux.
(c) Quoiqu’un tableau terminé dise tout & ne laisse ordinairement rien a y ajoûter, qu’au contraire un dessein esquissé oblige d’y deviner plusieurs choses, il faut convenir qu’un tableau renfermant plus de parties de la peinture, demande aussi plus de connoissances.



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SPECTATEUR → connaissance
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

On peut conclure de toutes ces observations, qu’il faut quelque connoissance de l’art & un peu de pratique, pour décider sur l’originalité d’un dessein : il seroit à souhaiter qu’un amateur sçût un peu (a) peindre ou du moins dessiner. Cette pratique de l’art, quelque petite qu’elle fût, le mettroit en état de juger mieux qu’un autre. On ne sçauroit croire combien l’opération de la main forme le goût, & donne l’intelligence à l’esprit : elle vous montre la route qu’ont suivi tant d’habiles gens ; peut-être même que si vous vous y livriez entierement comme eux, vous pourriez les suivre de près.
 
(a) Ut enim de pictore, sculptore & fictore, nisi artifex judicare non potest.
Plin. jun. lib. I. epist. 10. p. 29. Lug. Bat. 1669.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Ce que l’on vient de dire au sujet des desseins des grands maîtres, se peut aisément appliquer à la connoissance des tableaux. Il s’agit toujours de juger de la bonté d’un ouvrage, du goût naturel des écoles, du nom du maître & de l’originalité. Il suffit de substituer au mot de dessein, celui de tableau, & au lieu des différens crayons & des hachures de la plume, entendre le maniment du pinceau & le goût de la couleur.



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SPECTATEUR → connaissance
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

[…] La connoissance est une lumiere répandue dans notre ame : le sentiment est un mouvement qui l’agite. L’une éclaire : l’autre échauffe. L’une nous fait voir l’objet : l’autre nous y porte, ou nous en détourne.
Le Goût est donc un sentiment. Et comme, dans la matière dont il s’agit ici, ce sentiment a pour objet les Ouvrages de l’Art ; & que les Arts, comme nous l’avons prouvé, ne sont que des imitations de la belle Nature ; le Goût doit être un sentiment qui nous avertit si la belle Nature est bien ou mal imitée. […]



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

goût



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

le goût est une connoissance des regles par le sentiment. Cette maniere de les connoître est beaucoup plus fine & plus sure que celle de l’esprit : & même sans elle, toutes les lumieres de l’esprit sont presque inutiles à quiconque veut composer.

connoissance



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SPECTATEUR → connaissance

4 quotations

Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Ainsi lon peut juger, que tous les bons Praticiens qui se sont appliquez ou adonnez à esplucher toutes ces particularitez [ndr : à propos de la façon de distinguer les copies des originaux], peuvent estre les plus entendus à discerner toutes ces diverses manieres, & distinctions d’Originaux & Copies, & de plus les bonnes d’avec les mauvaises ; & aussi qu’il est facile de juger que c’est par le moyen de tels connoissans, que les Curieux non Praticiens, peuvent avoir esté & estre instruits à faire la distinction de toutes ces diverses choses.



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SPECTATEUR → connaissance
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.

vrai curieux



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Quotation

Bref, je croy estre obligé de dire, que s’il [ndr : Albrecht Dürer] eust esté touché pour le dessein & Peinture de ce bon goust cy-devant dit, on l’eust peu dire le nom pareil, veu l’universalité de son esprit. [...] Je me contenteray d’en nommer [ndr : graveurs cités p. 75-78 : Dürer, Lucas de Leyde, Aldegrever, Marcantonio Raimondi, Augustin Venetiano, Parmesan, Augustin Carrache, Cornelis Cort, les Sadeler, etc.] parmy plusieurs quelques uns que les vrays connoissans tiennent pour tres-excellens, tant de ceux qui ont gravé d’apres de belles choses, que des autres.



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SPECTATEUR → connaissance

9 quotations

Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

61. [Veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes.] J’ay [ndr : Roger de Piles] appris de la bouche de Monsieur du Fresnoy, qu’il avoit plusieurs fois oüi dire au Guide, Qu’on ne pouvoit donner de Preceptes des plus belles choses, & que les connoissances en estoient si cachées, qu’il n’y avoit point de maniere de parler qui les pût découvrir. Cela revient assez à ce que dit Quint. {Declam. 19.} Les choses incroyables n'ont point de paroles pour estre exprimées, il y en a quelques-unes qui sont trop grandes & trop relevées, pour pouvoir estre comprises dans les discours des hommes. D'où vient que les Connoisseurs, quand ils admirent un beau Tableau, semblent y estre collez ; & quand ils en reviennent, vous diriez qu'ils auroient perdu l'usage de la parole. {Liv. 2. Sat. 7.} Pausiaca torpes insane Tabella. Dit Horace. {L. 10. Ep. 22} Et Symmachus dit, Que la grandeur de l'étonnement ne permet pas que l'on donne des loüanges & des applaudissemens. Les Italiens disent Opera da stupire, pour dire qu'une chose est fort belle. 



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

[…] Quant aux faux Connoisseurs, que j’ay aussi bien voulu épargner, qu’ils sçachent aussi, que c’est la marque d’une arrogance intolérable, ou d’une stupidité presque brutale, de se mesler de parler & juger d’une chose que l’on ne connoist pas […]



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Quotation

ALCIPE.  […] Ne croïez pas même qu’ils [ndr : les prétendus connoisseurs] aillent chercher les preuves de l’originalité dans les grandes parties ; non, c’est souvent un petit coin de tableau, la touche d’une plante, d’un nuage, ou le derriere de la toile qui les determinent. D’ailleurs ces gens là n’ignorent aucuns termes de l’art, sçavent exactement la vie des peintres, l’histoire de chaque tableau ; mais ils ne se servent de ces choses, que pour jetter plus d’obscurité dans leur raisonnemens, & donnent aux autres une idée si bizarre de la Peinture, que s’ils ne la regarde pas comme un art purement dépendant du caprice, du moins, ils n’osent plus s’en rapporter à leurs yeux ; ils n’osent enfin loüer la lumiere d’un tableau, parce qu’ils ne scavent pas le mot de clair-obscur ; la beauté des couleurs, parce que le grand terme d’harmonie des couleurs ne leur est pas familier. S’ils voïent par exemple, une belle tête de vieillard, dans laquelle d’heureuses épaisseurs de couleur leur representent des rides, ils n’ignorent pas qu’il y a pour les loüer un terme, dont ils ne peuvent se souvenir ; & faute de se rappeler le beau mot de patroüillis, ils croient devoir se taire.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

En second lieu, comme le public n'est pas également éclairé dans tous les païs, il est des lieux où les gens du métier peuvent le tenir plus long-temps dans l'erreur qu'ils ne le peuvent tenir en d'autres contrées. Par exemple, les tableaux exposez dans Rome seront plutôt apprétiez à leur juste valeur, que s'ils étoient exposez dans Londres ou dans Paris. Les Romains naissent presque tous avec beaucoup de sensibilité pour la peinture, & leur goût naturel a encore des occasions fréquentes de se nourrir & de se perfectionner par les ouvrages excellens qu'on rencontre dans les églises, dans les palais, & presque dans toutes les maisons où l'on peut entrer. Les mœurs & les usages du païs y laissent encore un grand vuide dans les journées de tout le monde, même dans celles de ces Artisans condamnez ailleurs à un travail qui n'a gueres plus de relâche que le travail des Danaïdes. Cette inaction, l'occasion continuelle de voir de beaux tableaux, & peut-être aussi la sensibilité des organes plus grande dans ces contrées-là que dans des païs froids & humides, rendent le goût pour la peinture si géneral à Rome, qu'il est ordinaire d'y voir des tableaux de prix jusques dans des boutiques de Barbiers, & ces Messieurs en expliquent avec emphase les beautez à tous venans, pour satisfaire à la nécessité d'entretenir le monde, que leur profession leur imposoit dès le temps d'Horace. Enfin dans une nation industrieuse & capable de prendre toute sorte de peine pour gagner sa vie, sans être assujettie à un travail reglé, il s'est formé un peuple entier de gens qui cherchent à faire quelque profit par le moïen du commerce des tableaux. Ainsi le public de Rome est presque composé en entier de connoisseurs en peinture. Ils sont, si l'on veut, la plûpart des Connoisseurs médiocres, mais du moins ils ont un goût de comparaison qui empêche les gens du métier de leur en imposer aussi facilement qu'ils peuvent en imposer ailleurs. Si le public de Rome n'en sçait point assez pour réfuter méthodiquement leurs faux raisonnemens, il en sçait assez du moins pour en sentir l'erreur, & il s'informe après l'avoir sentie de ce qu'il faut dire pour la refuter. D'un autre côté les gens du métier deviennent plus circonspects lorsqu'ils sentent qu'ils ont affaire avec des hommes éclairez. Ce n'est point parmi les Théologiens que les Novateurs entreprennent de faire des Prosélites de bonne foi.



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Quotation

On juge souvent d’un ouvrage par rapport à la partie de la peinture qui nous flatte le plus & celle que nous connoissons le mieux, supposé celle du coloris, c’est cependant mal en juger, il faut qu’un bon connoisseur ait l’esprit d’une grande étenduë pour embrasser toutes les parties de la peinture & les aimer toutes à la fois ; les esprits bornés dans cette matiere ne peuvent être des juges équitables, ceux qui sont prévenus en sont aussi peu capables.
Dans un pareil jugement, il faut presque autant de lumieres pour sentir le beau que pour le produire, on doit considerer la composition, la disposition, & l’invention comprises sous le terme général d’ordonnance. Le dessein est encore une des principales parties, il a pour baze la proportion, l’anatomie & la correction.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

C'est avec les égards les plus scrupuleux, & l'intention très réelle de ne désobliger personne, que l'on rapporte les jugemens des connoisseurs judicieux, éclairés par des principes, & encor plus par cette lumière naturelle que l'on appelle sentiment, parce qu'elle fait sentir au premier coup d'œil la dissonance ou l'harmonie d'un ouvrage, & c'est ce sentiment qui est la base du goût, j'entens de ce goût ferme & invariable du vrai beau qui ne s'acquiert presque jamais, dès qu'il n'est pas le don d'une heureuse naissance.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Lorsque l’on termine les chairs au Burin, il est difficile de se servir avec succès de points longs, à moins qu’on ne les fasse extrêmement cours, autrement ils feroient une chair qui sembleroit couverte de poils. On ne se serts gueres que de points ronds en préparant l’eau Forte, si ce n’est dans les ombres des chairs qu’on peut graver par une taille ou deux de points longs. On peut aussi hazarder quelque-fois des troisiémes tailles dans des choses qui doivent être brouillées comme nuages, terreins & autres endroits que l’on tient très-sourds pour servir de fonds à d’autres, mais il faut les graver avec une pointe extrêmement fine, afin qu’ils mordent moins que les autres.
[...] Enfin on doit faire ensorte que la planche soit entierement faite à l’eau forte, s’il est possible, afin de conserver tout l’esprit du dessein : car plus on mettra d’ouvrage dès l’eau Forte, & plus on sera sûr de réussir, pourvû que cela soit fait à propos & avec goût, & qu’on ne le laisse point trop mordre. C’est le moyen de plaire aux habiles gens & aux vrais connoisseurs dont les suffrages sont seuls flatteurs & à désirer pour ceux qui veulent se perfectionner & acquérir une réputation solide.



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SPECTATEUR → perception et regard

6 quotations

Quotation

There are certain Arguments, which a Connoisseur is utterly to reject, as not being such by which he is to form his Judgement, of what Use soever they may be to those who are incapable of judging otherwise, or who will not take the Pains to know better. Some of these have really no Weight at all in them, the Best are very Precarious, and only serve to perswade us the Thing is good in general, not in what Respect it is so. That a Picture, or Drawing has been, or is much esteem’d by those who are believ’d to be good Judges ; Or is, or was Part of a famous Collection, cost so much, has a rich Frame, or the like. Whoever makes Use of such Arguments as these, besides that they are very fallacious, takes the Thing upon Trust, which a good Connoisseur should never condescend to do. That ‘tis Old, Italian, Rough, Smooth, &c. These are Circumstances hardly worth mentioning, and which belongs to Good, and Bad. A Picture, or Drawing may be too old to be good ; but in the Golden Age of Painting, which was that of Rafaelle, about Two Hundred Years ago, there were wretched Painters, as well as Before, and Since, and in Italy, as well as Elsewhere. Nor is a Picture the Better, or the Worse, for being Rough, or Smooth, simply consider’d. One of the commonest, and most deluding Arguments, that is used on this Occasion is, that ‘tis of the Hand of such a One. Tho’ this has no great Weight in it, even admitting it to be Really of that Hand, which very often ‘tis not : The best Masters have had their Beginnings, and Decays, and great Inequalities throughout their whole Lives, as shall be more fully noted hereafter. That ‘tis done by one who has had great Helps, and Opportunities of improving himself ; Or One that Says, he is a great Master, is what People are very ready to be cheated by, and not one Jot the less, for having found that they have been so cheated again, and again before, nay, tho’ they justly laugh at, and despise the Man at the same Time. To infer a Thing Is, because it Ought to be, is unreasonable, because Experience shou’d teach us better ; but often we think there are Opportunities, and Advantages where there are none, or not in the Degree we imagine ; and to take a Man’s own Word, where his Interest, or Vanity shou’d make us suspect him is sufficiently unaccountable. Whoever builds upon a Supposition of the good Sense, and Integrity of Mankind has a very Sandy Foundation, and yet ‘tis what we find many a Popular Argument rests upon, in Other Cases, as well as in This. But, (as I said) whether These kind of Arguments above-mention’d have any thing in them, or not, a Connoisseur has nothing to do with them ; his Business is to judge from the Intrinsic Qualities of the thing itself ;

judge


Quotation

Thus it is evident that to be Good Connoisseurs in Judging of Hands we must extend our Thoughts to all the Parts of the Lives, and to all the Circumstances of the Masters ; to the Various Kinds, and Degrees of Goodness of their Works, and not confine our selves to One Manner only, and a Certain Excellency found only in Some things they have done, upon which Some have form’d their Ideas of those Extraordinary Men, but very Narrow, and Imperfect Ones.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

He that would be a Good Connoisseur in Hands must know how to Distinguish Clearly, and Readily, not only betwixt One thing, and Another, but when two Different things nearly Resemble, for This he will very Often have occasion to do, as ‘tis easy to observe by what has been said already.

Expression Connoisseur in Hands Connoisseur en italique



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

A Man may be a very good Painter, and not a good Connoisseur in This particular [ndr : c’est-à-dire dans la manière d’identifier un artiste d’après une œuvre]. To know, and distinguish Hands, and to be able to make a good Picture are very different Qualifications, and require a very different Turn of Thought, and both a particular Application.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

There are Few that pretend to be Connoisseurs, and of those Few the number of Such as Deserve to be so call’d is very Small : ‘tis not enough to be an Ingenious Man in General, nor to have seen all the Finest things in Europe, nor even to be able to Make a good Picture, Much less the having the Names and something of the History of the Masters : All This will not make a Man a good Connoisseur, To be able to judge of the Goodness of a Picture, most of those Qualifications are necessary, which the Painter himself ought to be possessed of, That is, all that are not Practical ; He must be Master of the Subject, and if it be Improveable he must know it is so, and Wherein ; He must not only see, and Judge of the Thought of the Painter in what he Has done, but must know moreover what he Ought to have done, He must be acquainted with the Passions, their Nature, and how they appear on all Occasions. He must have a Delicacy of Eye to judge of Harmony, and Proportion, of Beauty of Colours, and Accuracy of Hand ; and Lastly he must be conversant with the Better Sort of People, and with the Antique, or he will not be a good Judge of Grace, and Greatness. To be a good Connoisseur (I observ’d heretofore) a Man must be as free from all kinds of Prejudice as possible ; He must moreover have a Clear, and Exact way of Thinking, and Reasoning ; he must know how to take in, and manage just Ideas ; and Throughout he must have not only a Solid, but an Unbiass’d Judgment. These are the Qualifications of a Connoisseur ; And are not These, and the Exercise of Them, will becoming a Gentleman ?



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Neatness, and high Finishing ; a Light, Bold Pencil ; Gay, and Vivid Colours, Warm, and Sombrous ; Force, and Tenderness, All these are Excellencies when judiciously employd, and in Subserviency to the Principal End of the Art ; But they are Beauties of an Inferior Kind even when So employd ; they are the Mechanick Parts of Painting, and require no more Genius, or Capacity, than is necessary to, and frequently seen in Ordinary Workmen ; […] ; These properties are in Painting, as Language, Rhime, and Numbers are in Poetry ; and as he that stops at These as at what Constitutes the Goodness of a Poem is a Bad Critick, He is an Ill Connoisseur who has the same Consideration for these Inferious Excellencies in a Picture.

Contrairement aux autres passages de l'Essay on the Theory of Painting, la préface n'est pas traduite dans l'édition française de 1728.


1 quotations

Quotation

Gentlemen may do as they please, the following Method [ndr : pour juger un tableau] seems to Me to be the most Natural, Convenient, and Proper.
Before you come so near the Picture to be Consider’d as to look into Particulars, or even to be able to know what the Subject of it is, at least before you take notice of That, Observe the
Tout-ensemble of the Masses, and what Kind of one the Whole makes together. It will be proper at the same Distance to consider the General Colouring ; whether That be Grateful, Chearing, and Delightful to the Eye, or Disagreeable ; Then let the Composition be Examin’d Near, and see the Contrasts, and other Particularities relating to it, and so finish your Observations on That Head. The same Then may be done with respect to the Colouring ; then the Handling, and afterwards the Drawing ; These being dispatch’d the Mind is at liberty carefully consider the Invention ; then to see how well the Expression is perform’d, And Lastly, What Grace and Greatness is spread throughout, and how suitable to each Character.

Association intéressante entre Natural, Convenient et Proper

proper


3 quotations

Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Il y a trois sortes de Connaissances sur le fait des Tableaux. La première consiste à découvrir ce qui est bon & ce qui est mauvais dans un même Tableau. La seconde regarde le nom de l'Auteur. Et la troisième va à savoir, si un Tableau est Original ou Copie.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → marché de l'art
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Mon intention n’est pas de parler ici des Copies médiocres, qui sont d’abord connues de tous les Curieux, encore moins des mauvaises qui passent pour telles aux yeux de tout le monde. Je suppose une Copie faite par un bon Peintre, laquelle merite une serieuse reflexion, & mettre en suspend, au moins durant quelques tems, la décision des connoisseurs les plus habiles. Et de ces Copies, j’en trouve de trois sortes.
La première est faite fidèlement, mais servilement. La seconde est legere, facile, & non fidelle. Et la troisième est fidelle, & facile.



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L’ARTISTE → qualités
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

1 quotations

Quotation

Car il ne faut point douter que les Peintres ne jugent ordinairement mieux que le reste des hommes de la beauté humaine, tant à cause des regles qu’ils ont à l’esgard de la proportion des membres & des couleurs qui leur conviennent, que pource qu’ils exerçent incessamment leur imagination à former des Idées les plus accomplies qui se puissent concevoir.



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L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

13 quotations

Quotation

Ils [ndr. les peintres Anciens] se rendoient mesme assez dociles pour soûmettre leurs Ouvrages à la Critique, non seulement des Philosophes & des Sçavans, mais encore du commun peuple, & des artisans de tous mestiers, qui leur faisoient quelque fois d’assez judicieuses corrections.


Quotation

(maximes générales et essentielles)
I. Que dans la Composition d’une Histoire, la Vérité soit premierement fort exacte et pure.
II. Qu’on ait une grande considération du Lieu oû elle sera représentée.
III. Qu’on prenne bien garde à ne pas descouvrir jamais les parties qui ne se peuvent monstrer honnestement. Cette maxime a toûjours esté parmi eux une telle recommendation, que mesme ils souffroient plutost que l’Histoire demeurast defectueuse en quelque chose, que de passer au delà des bornes de la modestie.
IIII. Et enfin, pour le quatriesme degré de perfection,
Qu’on trouve moyen de représenter les choses noblement, ingenieusement, et d’une manière grande et magnifique.
Voilà les quatre Parties principales, qui sont le concert, et pour ainsi dire l’harmonie de la Peinture, par la juste relation qu’elles ont entre elles ; Ce que nos Critiques rechercheront rigoureusement dans l'Ouvrage qu'on leur présente ; où j'ai bien peur qu'ils ne trouvent pas assez leur conte pour le sucés de la pretention de nostre Moderne.


Quotation

[…] pour venir à cette tres-delicate Critique avec la circonspection requise, suivant toûjours la Boussole de nos Principes il faudra se souvenir, avant toutes choses, de quelle importance nous y avons establi l’Observation du Costûme, dans lequel consiste le Principal Magistère de la Peinture, et qui en est, pour ainsi dire, l’esprit Raisonnable ; comme le reste du mechanique, le Coloris, et la Delineation des figures, en fait simplement le Corps avec ses Organes. De sorte que sans l’intelligence de cette première Partie, rien ne sçauroit estre bon aux yeux des Sçavants, qui sont  toûjours plus choquez des fautes de jugement, et de l’obmission des Circonstances essentielles et nécessaires à l’Histoire qu’on représente, que de ce qui pourroit estre deffectueux dans la Partie mechanique.


Quotation

[…] pour venir à cette tres-delicate Critique avec la circonspection requise, suivant toûjours la Boussole de nos Principes il faudra se souvenir, avant toutes choses, de quelle importance nous y avons establi l’Observation du Costûme, dans lequel consiste le Principal Magistère de la Peinture, et qui en est, pour ainsi dire, l’esprit Raisonnable ; comme le reste du mechanique, le Coloris, et la Delineation des figures, en fait simplement le Corps avec ses Organes. De sorte que sans l’intelligence de cette première Partie, rien ne sçauroit estre bon aux yeux des Sçavants, qui sont  toûjours plus choquez des fautes de jugement, et de l’obmission des Circonstances essentielles et nécessaires à l’Histoire qu’on représente, que de ce qui pourroit estre deffectueux dans la Partie mechanique.


Quotation

C’estoit une histoire Angloise, dont il avoit habillé les figures à la Grecque & à la Romaine, ouvrage au reste, qui ne meritoit que le feu ou la bouë ; & lorsque je voulus lui demander raison de cent choses qui choquoient la raison, l’histoire, l’Art, la Nature & le bon sens, il me fist des réponses si remplies d’ignorance & de superbe, que je le laissay là avec ces sots admirateurs.
[…] A peine pûs-je échapper des mains de ces importuns, & lorsque je pensois estre hors de danger de telles rencontres, je me trouvay au milieu d’une troupe de Damoiseaux, qui après avoir apris deux ou trois mois à mal dessigner sous un Maistre ignorant, venoient là faire les Critiques & les Arbitres de la Peinture. Ce fut une scene assés facésieuse, de les entendre vanter leur affection pour cet Art si merveilleux.



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Quotation

Ne nous rendons à une critique importante, qu’autant qu’elle sera suivie de raisons claires & solides. Un CELA NE ME PLAIT PAS, ne me doit pas nous suffire ; si celui qui nous le dit n’est pas à portée de nous répondre, quand nous lui demandons pourquoy. Mais faisons-nous un devoir indispensable de nous soumettre aux avis d’un homme consommé dans l’art, quand même nous ne serions pas absolument convaincus de la necessité du changement qu’il souhaite dans notre ouvrage : nous devons cette déference à la réputation qu’il s’est acquise, sa longue expérience doit nous faire croire qu’il nous en manque trop encore pour bien sentir la valeur des raisons qu’il nous donne : soïons presque assurez que nous ne tarderons pas à les découvrir quand nous aurons fait ce qu’il exige de nous [...]. [...] J’ai dit ailleurs, que c’étoit dans l’idée de critiquer nos propres ouvrages, qu’il falloit consulter ceux des grands maîtres qui nous ont précedez.

Coypel anticipe sur la problématique soulevée par l’extension de la critique à l’espace public, incarnée par Diderot et La Font de Saint Yenne.


Quotation

Je le redis donc encore avec plus de confiance : apprenons à critiquer nos propres ouvrages à la vûë des beautez que nous découvrons dans ceux des autres ; ne rougissons point de chercher à les étudier ; ne craignons point qu’on nous accuse d’être de serviles imitateurs, quand nous aurons l’adresse de nous approprier les parties qui nous manquent, & de les joindre à celles que nous possedons. Le goût de dessein de celui-ci est plus noble & plus délicat que le vôtre, mais votre coloris l’emporte sur le sien ; ne pouvez-vous, sans perdre ce que vous avez acquis dans la couleur, faire votre profit de son heureuse maniere de dessiner ? Raphaël n’a t-il pas ajouté une nouvelle grandeur à la sienne à la vûë des ouvrages de Michel-Ange, sans se dépoüiller de sa sage simplicité & des graces nobles qui le caracterisent. Louis Carrache a-t-il passé pour un plagiaire, pour avoir étudié les tournures naïves & piquantes du Correge ? J’ai entre mes mains des études d’Annibal d’après Raphaël d’une beauté à faire comprendre qu’il étoit déjà digne de sa grande reputation lorsqu’il les a faites. Le Roy possede un Tableau de Vandeik d’après Le Titien, qui n’est point l’ouvrage d’un écolier.


Quotation

Je pense qu’il y encore une conduite à tenir, soit que nous cherchions à nous critiquer nous-même, soit que nous demandions des conseils […]. [...] Engager les gens à venir voir un ouvrage que nous donnons pas terminé, n’est-ce-pas, pour ainsi dire, les prier de venir l’approuver. N’est-ce pas leur annoncer que nous croïons n’avoir plus besoin que d’une legere révision ?


Quotation

Il m’a paru que je devois commencer par lui démontrer que la Peinture n’aïant pour objet que la parfaite imitation de la nature, tout homme de bon sens & d’esprit, sans avoir étudié les misteres de cet art, est à portée de sentir les grandes beautez d’un tableau, & de faire souvent même d’excellentes critiques. Peut-être cette idée m’a-t-elle entrainée trop loin ; je n’ai pû m’empêcher de parler du danger que l’on court en écoutant, & en s’en rapportant à quantité de prétendus connoisseurs : mais après tout pouvois-je m’en dispenser ?  D’ailleurs les savants amateurs, tels que nous en connoissons plusieurs, ne m’en sçauront pas mauvais gré, & l’amour propre scaura bien empêcher les autres de se reconnoître dans les portraits generaux : car je declare hautement, que mon dessein n’a point été de peindre personne en particulier. Autant qu'il me paroît necessaire d’attaquer les ridicules, autant qu’il me paroit odieux de designer les personnes qui ont le malheur d’en être chargez ; elles ne sont déjà que trop dignes de pitié.


Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.

On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.



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Quotation

[…] j’examinerai les médiocres [ndr : tableaux] ; & je le ferai avec tous les égards & le ménagement possibles. Nous devons toujours une sorte d’attention à leurs Auteurs, malgré la subordination de leurs talens. Il seroit trop injuste de la leur refuser, surtout dans le tems où elle leur est le plus nécessaire. Il y a un commencement & une fin à tout. Ceux qui atteignent l’une ont nécessairement passé par l’autre. Il ne faut que du tems & des conseils pour y parvenir. Nous ne devons point les leur épargner ; c’est à nous d’abreger la carriere des Arts, d’en applanir les difficultés autant qu’il est possible ; & d’encourager par nos applaudissemens ceux qui y courent, &c. Je ne dirai rien des Tableaux qui seront absolument mauvais, parce que ce qui est indigne d’attention n’est pas digne de la critique.


Quotation

Le Sallon a offert cette année cent dix-sept Tableaux […]. Comme toute description doit être extrêmement bornée, pour ne point ennuyer, je ne vous entretiendrai que des morceaux de choix & qui m’ont frappé avec tout le Public ; de cette façon, vous le voyez, je ne décide rien & c’est le mieux. Je me servirai de la critique, parce qu’elle honore les talens ausquels elle s’attache, & par la méme raison j’en ferai grace à d’autres ouvrages, qui ne la méritent pas.



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7 quotations

Quotation

[...] Et requérant aussi des négocians un peu intéressez, qu’ils fassent leur trafic avec plus de droiture, tant pour leur bien que pour banir ce mot de manie, qu’on donne souvent à tort à plusieurs Curieux et connoissants desdits ouvrages à leur occasion : Car c’est a tort qu’on répute à folie et foiblesse d’être amateur & connaisseur de ce qui est beau & bon ; Mais c’en est bien une tres-grande, de juger de l’intention & pensée d’autruy, autant que d’en estre bien informé.
Mais pour revenir à mon dessein, je dis qu’une personne qui ignore la pratique de la Pourtraiture & Peinture, & ce qui est des particularitez cy-devant deduites en gros, quand il entend dire qu’un Peintre ou autre tel Connoissant qui n’aura jamais veu qu’un ou deux Tableaux d’un autre Peintre, supposé qu’il n’eust point changé de manière, discernera ceux qu’il sera en suitte pour en estre, quoy que differents ; Et de plus s’il y a des Coppies faites sur iceux, sans avoir veu lesdits Originaux, il les reconnoistra tels, & aussi fera la distinction s’ils sont bien ou mal coppiez, ou s’ils sont retouchez par endroits de celui qui a fait l’original ; A grand subjet de s’estonner, & de se persuader qu’il est comme impossible de connoistre ces choses, & encore plus qu’une personne comme luy qui n’est pas dans la pratique de cét Art, puisse parvenir à quelque point de cette mesme Connoissance

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 153), si la double question des manières et de la distinction de l’original et de la copie n’est pas entièrement neuve, Bosse l’utilise d’une manière inédite, forgeant un discours sur l’art qui répond aux attentes des amateurs, mais aussi – et peut-être surtout –, à ses ambitions concernant les peintres et la peinture. Bosse vise en effet, par ce texte, à faire entrer la peinture dans le champ de la connaissance.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Ainsi lon peut juger, que tous les bons Praticiens qui se sont appliquez ou adonnez à esplucher toutes ces particularitez [ndr : à propos de la façon de distinguer les copies des originaux], peuvent estre les plus entendus à discerner toutes ces diverses manieres, & distinctions d’Originaux & Copies, & de plus les bonnes d’avec les mauvaises ; & aussi qu’il est facile de juger que c’est par le moyen de tels connoissans, que les Curieux non Praticiens, peuvent avoir esté & estre instruits à faire la distinction de toutes ces diverses choses.



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SPECTATEUR → connaissance
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.

connaissant



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

[...] que pourra-[t]-on dire de l'aveuglement des Peintres de nostre temps qui luy prefererent [ndr : Le Dominiquin] des Josepins, des Lanfrancs, et d'autres semblables manieristes, dont les Ouvrages n'ayant que le faux esclat d'une je ne sçay quelle nouveauté que ceux d'aujourd'hui appellent une furie du Dessein et une franchise du Pinceau, que l'ignorance des veritables beautez et des principes de l'Art leur fait admirer, n'ont eu aussi de reputation qu'autant qu'a duré cette faveur passagere de la Fortune ; si bien qu'ils ne trouvent plus maintenant de place dans les cabinets des Curieux, qui s'en sont lasséz tout aussi-tost et detrompez.



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Quotation

Il est vray, me dit-il [ndr : Pymandre], que j’ay remarqué souvent des curieux qui ne considerent les Tableaux que quand ils sçavent le nom de ceux qui les ont faits, et ne les estiment que par la reputation de leurs Auteurs, sans regarder ce qu’il y a de bon ou de mauvais.
Ce que vous dites, repris-je alors, est le defaut de ceux qui ne se connoissent point ou que fort peu en Peinture : car les bons Peintres & les personnes intelligentes dans cet Art, ne s’informent pas toûjours si exactement du nom de celuy qui a fait un Ouvrage qu’on leur monstre ; ils l’estiment par son propre merite & selon les beautez qu’ils y remarquent. Vous avez veu je m’asseure cet Ecce Homo d’André Salario, qui est dans le cabinet de M. le Duc de Liancourt ; Quoy qu’il ne soit que du disciple de Leonard, neanmoins on en fait beaucoup plus de cas que de plusieurs autres Tableaux qui sont de la main de Leonard. Mais cet abus qui se trouve parmy la pluspart des curieux ne se reformera pas si-tost ; il semble mesme qu’il y a quelque sorte de raison de laisser dans l’esprit des moins connoissans l’estime qu’ils ont pour le nom de ces grands hommes, quand ils n’ont pas assez de lumiere pour juger plus particulierement de l’excellence des Ouvrages.

Il existe une autre version de l’Ecce homo de Solario, conservée au Philadelphia Museum of Art de Philadelphie. Celle issue de la collection de Roger du Plessis de Liancourt évoquée ici par Félibien correspond à l’œuvre de Leipzig – elle est ensuite passée dans la collection de François de la Rochefoucauld, qui épouse la fille du duc de Liancourt et hérite ainsi de sa collection. Voir FAGNART Laure, Léonard de Vinci en France : collections et collectionneurs. XVe-XVIIe siècles, Rome, L’Erma, 2009, p. 211-212, 280-281 et 323. Ce même tableau est aussi mentionné par Evelyn en 1644 – EVELYN John, Diary, 1644 (éd. par W. BRAY, The diary of John Evelyn, 2 vol., Londres, 1907-1914 et précisément BRAY, I, 1907, p. 57).



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

On voit des Curieux qui se font une idée d'un Maître sur trois ou quatre Tableaux qu'ils en auront vûs, & qui croient après cela avoir un titre suffisant pour décider sur sa maniére, sans faire réflexion aux soins plus ou moins grands que le Peintre aura pris à les faire, ni à l'âge auquel il les aura faits. Ce n'est pas sur les Tableaux particuliers du Peintre : mais sur le général de ses Ouvrages qu'il faut juger de son mérite. Car il n'y a point de Peintre qui n'ait fait quelques bons & quelques mauvais Tableaux […]. Il n'y en a point aussi qui n'ai eu son commencement, son progrès & sa fin ; c'est-à-dire, trois maniéres : la première, qui tient à celle de son Maître; la seconde, qui s'est formée selon son Goût, & dans laquelle réside la mesure de ses talens, & de son Génie; & la troisième, qui dégénère ordinairement en ce qu'on appelle maniére : parce qu'un Peintre, après avoir étudié long-tems d'après la Nature, veut jouir, sans la consulter davantage, de l'habitude qu'il s'en est faite.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Mon intention n’est pas de parler ici des Copies médiocres, qui sont d’abord connues de tous les Curieux, encore moins des mauvaises qui passent pour telles aux yeux de tout le monde. Je suppose une Copie faite par un bon Peintre, laquelle merite une serieuse reflexion, & mettre en suspend, au moins durant quelques tems, la décision des connoisseurs les plus habiles. Et de ces Copies, j’en trouve de trois sortes.
La première est faite fidèlement, mais servilement. La seconde est legere, facile, & non fidelle. Et la troisième est fidelle, & facile.

connaisseur



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1 quotations

Quotation

A l'égard de l'Allegorie, on dit, qu'il falloit considerer la difference qu'il y a entre des figures des divinités fabuleuses & des figures allegoriques, qu'à la verité, la fable est incompatible avec la verité : mais que ce seroit faire une injustice à un Peintre doüé d'un excellent genie de l'empêcher de joindre l'Allegorie à l'histoire pour en exprimer les mysteres, lors qu'on le peut faire sans nuire à l'intelligence du sujet, qu'il seroit à souhaiter au contraire, que les Peintre en ne negligeant rien de ce qui est essentiel à leur profession, appliquassent leur esprit à bien connoître le sens mystique des histoires aussi bien que le litteral, leurs ouvrages en seroient beaucoup plus considerables & satisferoient d'avantage la curiosité des Amateurs sçavans

Une partie de ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément aux pages 42-43 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc, tome I, vol. I).



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

LE PRESIDENT. C'est un usage si receu de mettre dans des tableaux de pieté ceux qui les font faire, & d’y mettre aussi toute leur famille, que cet assemblage de personnes de differens temps & de differens lieux, ne devroit pas vous étonner.
L'ABBE. Je connois cet usage & je ne le blâme point, quoyque les Peintres n’ayent pas sujet d'en estre fort contens. On voit tous les jours dans des Nativitez, ceux qui ont fait le tableau, mais à genoux & dans l'adoration comme les Bergers. On en voit aussi dans des tableaux de Crucifix, mais prosternez & les yeux levez vers le Sauveur, en sorte que leur action particuliere est liée à l’action principale, & concourt à la mesme fin. Icy les personnages ne semblent pas se voir les uns les autres, & il n'y a que la seule volonté du Peintre qui les ayt fait trouver dans le mesme lieu.
LE PRESIDENT. Tous ces pretendus défauts ne regardent point le Peintre comme Peintre, mais feulement comme Historien.
L’ABBE.
Cela est vray, si vous renfermez la qualité de Peintre à représenter naïvement quelque objet, sans se mettre en peine s'il y a de la vray-semblance, de la bien-seance & du bon sens dans la composition ; mais je ne croy pas que les Peintres vueillent renoncer à l'obligation d'observer des conditions justes & si necessaires dans tout un ouvrage.



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GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

1 quotations

Quotation

[…] la mesme science [ndr : la peinture] qui nous apprent ce que c’est que la Verité, nous fait de plus des leçons du mensonge : Outre que la peinture nous porte à bien juger de la perfection de tout ce qu’elle represente, son art nous fournit des maximes pour en discerner les vices, & pour en censurer ce qu’y rencontre de defectueus. Ainsi l’on trouva mesme à redire au Jupiter de Phidias […].

PHIDIAS, Zeus, c. 435 BC, chryselephantine statue, lost (5th century AD)



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4 quotations

Quotation

IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.



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L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
SPECTATEUR → perception et regard
SPECTATEUR → connaissance

Quotation

On repartit à cela, que la qualité de Peintre n’est pas seulement l’usage de la couleur, mais la faculté de representer à la vuë tous les objets visibles de la nature & ceux mêmes dont l’on peut concevoir quelque idée avec leurs formes, leur proportion & couleur ; que celui qui sçaura bien mettre en usage les couleurs, sans les accompagner des autres parties, pourra être tout au plus nommé bon coloriste, mais non pas un sçavant Peintre, & qu’on ne doit pas estimer un ouvrage de Peinture, par l’éclat de la couleur, qui ne charme ordinairement que les esprits du vulgaire, & que la veritable beauté de la couleur consiste, en un ménagement harmonieux conduit par l’oeconomie du dessein : ce qui fut appuyé par un discours qui contenoit en substance que le veritable merite de quelque chose consistoit en ce qui se soûtient de soi-même sans emprunter rien d’autrui, que suivant ce principe pour connoître la difference du merite entre le dessein & la couleur, il falloit connoître laquelle de ces choses étoit la plus independante : que l’on representa, que le dessein qui se nomme pratique est produit de l’intellect & de l’imagination qu’il s’exprime par la parole & par la main, & que c’est de cette derniere maniere ; qu’avec un crayon on imite toutes les chose visibles, & donne non seulement la forme & la proportion, mais exprime jusqu’aux mouvemens de l’ame sans avoir besoin de la couleur, si ce n’est pour representer la rougeur ou la paleur, n’étant en elle-même qu’un accident dependant des divers effets de lumiere, puisqu’elle change selon qu’elle est éclairée, de telle sorte que la nuit à la lueur d’un flambeau, le verd paroît bleu, & le jaune paroît être blanc. L’on fit considerer, que la couleur qui entre dans la composition d’un Tableau, ne peut produire ni coloris ni teinte que par sa matiere même, elle étoit par consequent moins noble que le Dessein qui ne releve que de l’esprit. L’on ajoûta que la couleur depend tellement du Dessein, qu’il lui est impossible de representer quoi que ce soit sans son Ordonnance & sa conduite. Qu’ainsi il est trés constant que le merite de la Peinture consiste plûtôt dans le Dessein que dans la Couleur, puisque ce qui réleve le merite des choses, est de dépendre moins d’une cause étrangere, qu’il falloit donc tomber d’accord que celui du Dessin étoit infiniment au dessus de celui de la Couleur.

Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément à la page 67 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc). Le Comte reprend également la Table des Préceptes sur la Couleur aux pages 50-53.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → connaissance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Quotation

Les desseins des grands maîtres étant tout esprit, forment une curiosité des plus piquantes ; ils sont la meilleure instruction pour un amateur, c’est une source féconde, où il peut puiser toutes les lumières qui lui sont nécessaires ; il conversera, pour ainsi dire, il s’instruira avec ces grands hommes, en visitant un recueil de leurs desseins, il se familiarisera avec eux, leurs différentes manieres se dévoileront à ses regards. Si même ces desseins (a) sont rangés chronologiquement & par écoles, ils lui rappelleront de suite l’histoire & la vie de ces fameux artistes.
(a) L’auteur a fait une collection des desseins des grands maîtres de tous les pays, qui peut passer pour une des meilleurs de l’Europe, elle est rangée chronologiquement par écoles & composée d’environ neuf mille desseins originaux & choisis, mêlés de morceaux finis, d’études, de pensées, & d’academies.

En général les desseins sont moins difficiles à connoître que les tableaux ; le coloris, la perspective, le clair-obscur s’y trouvent rarement. Une intelligence des règles du dessein, une pratique de distinguer la touche de chaque maître, suffit à un homme qui aime la peinture ; le goût naturel, l’inclination jointe à quelque expérience, feront le reste.



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EFFET PICTURAL → qualité du dessin
SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

Après celui-cy, vint un certain grand discoureur, & malade du même mal d’écrire, {Il a écrit l’essay des merveilles de nature.} qui cherchoit un habile Maistre, avec lequel il pûst s’entretenir de la Peinture, afin d’apprendre la maniere de parler justement de ce bel Art, pour après faire part au Public de ce qu’il en auroit appris, comme il avoit déjà fait de plusieurs autres arts, métiers & exercices.
Il s’adressa donc à un, qui ravi d’avoir rencontré cette occasion de faire paroistre les beautés de ses Ouvrages, lui fist voir quelques Tableaux de sa façon, dans lesquels il lui fist admirer
les beaux gestes, mines & contenances des Images, les robes bien damassées, les belles pinceures, les rentrétemens & les feintes agreables : Aussitost l’autre prît des tablettes, & se mît à écrire tous ces beaux termes, & ces riches expressions avec soin, écoutant attentivement cet ignorant, qui continuoit à débiter les merveilles de ces Ouvrages.
Voyez, disoit-il, Monsieur, reculer ce Paysage peint en petit volume, voyez ces arbres remuer au gré du vent, écoutez cette eau gazoüiller, ces oyseaux fendre le vent ; ce coloris est vif, ces cheveux fins, ce drap est bien plissé, que cette verdure est gaye ! Voyez ces mains de neige, ce teint delicat, cette charneure mignonne, on pourroit conter les côtes de ce corps, tant il est naturel, la besongne est parfaitement

Restout évoque ici la manière de parler de la peinture pour la présenter au public et critique l’utilisation d’un vocabulaire extravagant faisant allusion aux sens

hâbleur



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2 quotations

Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.

ordonnance



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Quotation

Cependant, interrompit Pymandre, si un grand ouvrage est traité avec le mesme art qu’un plus petit, le plus grand ne doit-il pas estre plus estimé ?
Il est vray, répondis-je ; mais c’est en quoy ils trouvoient de la difficulté, demeurant quasi tous d’accord qu’on ne peut faire paroistre tant de force dans une grande disposition d’ouvrage que dans un tableau qui est composé de peu de figures ; & la raison qu’ils en apportoient, est que la Peinture a ses bornes & ses limites […].
Cependant, dit Pymandre, il me semble qu’il faut bien plus de science pour traitter un grand ouvrage, pour le bien disposer, pour le remplir d’une infinité de differentes figures, d’habits, d’accomodemens, & pour y faire paroistre toutes ces parties dont vous m’avez parlé, que pour peindre seulement trois ou quatre figures ensemble.
Je vous avouë, repartis-je, que pour bien representer un grand sujet, il faut beaucoup plus de science, plus de travail, & que c’est-là qu’un Peintre a toute l’estendüe necessaire pour donner des marques de son sçavoir. Mais il y en a qui vous diront que ce n’est pas dans ces rencontres que l’art peut faire paroistre davantage sa puissance & la force de ses charmes.

 
[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.


[…] Car c’est ainsi qu’ils jugent en deux manieres de l’obligation du Peintre ; l’une qui est de sçavoir comment les choses doivent estre historiées ; & l’autre de les sçavoir bien peindre. Or comme la derniere est sans doute tres-difficile, puis qu’en cet art, comme dans plusieurs autres, l’execution est au dessus de la theorie, il est toujours plus avantageux de pouvoir faire que de sçavoir simplement ce qu’il faut faire, ils trouvent qu’il est plus glorieux au Titien d’avoir exécuté ses ouvrages dans la perfection des couleurs où elles se voyent, que s’il n’eust sceu, comme quantité d’autres Peintres, qu’inventer de grands sujets qui n’eussent pas esté peints avec cette beauté que l’on admire dans ses ouvrages.

Pour moy, respondit Pymandre, je ne voudrois pas donner mon jugement là dessus ;
mais j'ay leu que Zeuxis ayant peint une Centaure, se fascha voyant que l’on en estimoit plustost la nouvelle invention, que l’art qu’il avoit employé à la bien representer, estimant davantage cette derniere partie que la premiere. Et j’ay encore remarqué que les Anciens ont fait beaucoup de cas de plusieurs tableaux qui n’estoient que de peu de figures.
C’est pourquoy, repris-je, ceux qui ont une inclination particuliere pour les Ouvrages du Titien, & des autres Peintres de Lombardie, disent que si les Anciens ont receu beaucoup de loüanges pour des sujets de peu de figures, l’on ne doit pas trouver à redire si le Titien pour les imiter a plustost tasché d’acquerir la partie de bien peindre, que celle qui regarde les grandes dispositions, & la connoissance particuliere de l’Histoire & des Coustumes.



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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

1 quotations

Quotation

C'est avec les égards les plus scrupuleux, & l'intention très réelle de ne désobliger personne, que l'on rapporte les jugemens des connoisseurs judicieux, éclairés par des principes, & encor plus par cette lumière naturelle que l'on appelle sentiment, parce qu'elle fait sentir au premier coup d'œil la dissonance ou l'harmonie d'un ouvrage, & c'est ce sentiment qui est la base du goût, j'entens de ce goût ferme & invariable du vrai beau qui ne s'acquiert presque jamais, dès qu'il n'est pas le don d'une heureuse naissance.


1 quotations

Quotation

{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point. 



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SPECTATEUR → perception et regard
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

1 quotations

2 quotations

Quotation

Nu soo staet inde twede tijt te letten op de middelen diemen moet aenwenden, om eenen heerlijcken ende grooten naem te bekomen: {2. Tijt om een grooten naem te bekomen.} Door de Eere (seght Iunius) wert de Schilder-Konst als door ’t rechte Lock-aes aengeset. Soo is oock de hope van een onsterffelijcken naem te bekomen, het eenigh oogh-merck der oude Vermaerde Konstenaers geweest; wetende dat indien sy dien konden bereycken, het haer aen geen winste ontbreecken soude. Men kan geen wegh, die daer op uytloopt nader practiseeren, dan te arbeyden om sich Universeel in de Konst te maecken, en gelijckmen seyt over al t’huys te zijn; {Datmen moet soeken algemeen in de Konst te zijn.} invoegen men alle ende een yegelijck kome te voldoen. Hoe menighmael sietmen door gebreck van dese algemeenheyt dat fraye Meesters hare Tafereelen bederven met yets daer by te maecken, op welcke sy haer niet en verstaen; als by Exempel een Beeldt-Schilder dat hy Lantschappen by sijn Historyen maeckt die niet en Deugen, of Gebouwen en anders tegen de order-maten ende perspectijf regeles daer by ordineert, ende dierghelijcke, als de verstandige genogh sal vatten: In alle welcke misslagen een Schilder niet en sal vervallen, by aldien hy sich op de alghemeene wetenschappen verstaet.
Men soude hier tegen konnen inbrengen, datter Remedien zijn om in desen geholpen te werden, {Tegenwerpingh van sommige.} ende datmen, gelijck het veel geschiet, sijne stucken door andere kan laten op maecken, als by voorbeelt, dat een Beelde-Schilder sijne verschieten van een Landtschap-Schilder laet maecken, of de Gebouwen van een die in de Architecture ende perspectijf verstaet, ende soo voort: Waerom een Landtschap-Schilder sijn stucken door een Beeldenaer kan laten stoffeeren, gelijckmen dat soo noemt: Invoegen datter dickwils twee, dry, à vier Meesters aen een Tafereel geschildert hebben. Hier omtrent heeft de Ervarentheyt geleert, dat de Beelden in soodanige stucken dickwils worden ingelapt even offer uyt de Lucht ingevallen waren, of immers daer in niet en hoorden. {Haer misslagh ontdeckt.} Want menighmael en wert van de Stoffeerders het voornemen vanden Meester noch de verkiesinghe van het Dagh-licht, noch de behoorlijcke wijckinge der gronden, de Perspectijf, Ja den ganschen aert van ’t Landschap niet verstaen; veel min dan datse het in het toe-passen harer Beelden in acht souden nemen: invoegen dat sy gantsch onge-aerde Beelden van eenen schoonen dag in een sommer Landtschap komen te maecken, en diergelijcke misslagen meer, die tegen de waerheyt der nature, en regelen van de Konst strijden. ‘k Hebbbe veelmael geobserveert, dat de Beeleen [sic, ndr.] ende Beesten, die vanden Lantschap-Schilder selfs daer in gemaeckt waren, die (hoe slecht sy oock mogten geteykent wesen) nochtans beter uyt eenen aert na het Landtschap geplaetst, en Geschildert waren, dan andere die al van een goet Meester daer waren by-geflanst. {Door ervarentheyt van veel voorvallen wederleyt.}

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In the second period it is important to pay attention to the means that one should apply to obtain a glorious and great name: {2. Period to obtain a great name.} The Art of Painting (says Junius) is stimulated by honor as if by a real bate. As such the hope of obtaining an immortal name, has been the only objective of the old Famous Artists; knowing that if they could reach it, they would not be lacking any profit. There is no road to follow more closely to arriver there, than to make oneself Universal in the Art, and to say to be at home anywhere; {That one should try to be general in the Art.} as such one will learn to do everything. How often one sees that through the lack of this generality good Masters spoil their Paintings by adding something to it, which they do not master; As if, for example, a Painter of Figures makes Landscapes for his Histories that are not good, or composes Buildings and such against the proportional sizes and rules of perspective to it, and such, which the wise will readily understand: A Painter would not fall into these mistakes, if he understands the general sciences of all this. One could contradict this [by saying] that there are remedies to assist in this, {The counterargument of some.} and that one, as happens often, can have his pieces be drawn up by others, like for example, that a Painter of Figures has his perspectives drawn up by a Landscape Painter, or the Buildings by someone who understands Architecture and Perspective, et cetera: This is why a Landscape Painter can have his pieces be filled in by a Figure painter, as one calls it: As such there are often two, three or four Masters who have worked on a Painting. In this regard the experience has taught us, that the Figures in such works are often thrown in as if they had fallen in from the sky, or did not belong there. {Their mistake discovered.} Because oftentimes the idea of the Master nor the selection of the Day-light nor the appropriate deviation of the ground, the Perspective, yes the whole nature of the Landscape is not understood by those who fill in the picture; even less so that they would take it into consideration in their Figures: as such they arrive at making rather inappropriate Figures of a beautiful day for a gloomy Landscape and more of such mistakes, which strive against the truth of nature and the rules of the Art. I have often seen that Figures and Animals that had been made by the Landscape Painter himself, (however bad they may have been drawn) had been placed and painted much better in character with the Landscape than others that had been thrown in it by a good Master. {Contradicted by the experience of many cases.}



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Quotation

Het stond ook die verstandige Menschkundigers ligt te denken, dat terwijl de slegte Meestertjes en Knoyers de onberoerlijkheyd en gebreklijkheyd harer beelden onder d’optoysels der kleedingen, en rijckgeployde drapperyen quamen te verbergen, en ’t oog des gemeenen volx beguichelden, sy met haar wel verstane Beelden, die sonder eenige bewimpeling als aan de naakte waarheyd konden getoest werden, de grootste eer by de Konstkenders en Menschkundige beschouwers souden inleggen: en datse by gevolg alle de andere werken van die en de volgende tijden, soo doende best verduuren konden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] It was also easy for those wise experts of Anatomy to think that, while the bad little masters and botchers tended to hide the lack of movement and flaws of their figures under the adornment of clothing and richly pleated drapery, and mislead the eye of the common people, they would receive the greatest honour from the Connoisseurs and spectators of the human body, with their well conceived Figures, who could be tested to the naked truth without any disguise: and that they would therefore be able to survive the other works from that and later times.


2 quotations

Quotation

Daer plaght ghemeynlick op ’t gheniet van d’eere een vrymoedige stoutvaerdigheyd der Konste te volghen. ’t Is ongelooflick, seght Plinius {Lib. xxxiv. Cap.7}, hoe dapper de Konst, eerst door een gheluckighe uytkomste, en daer nae door een seeckere stoutmoedigheyd heeft toeghenomen. Alwaer wy door de gheluckighe uytkomste anders niet en moghen verstaen, dan d’aensienlicke eerbiedigheyd die dese Konsten hadden soo langhe als Koningen en Republijcken veele wercks van de selvighe maeckten. Daer nae, seght Plinius noch voorder wierd de Konst dapper ghevoordert door een seekere stoutmoedigheyd, ons met dese woorden te verstaen ghevende dat de voornoemde gheluckighe uytkomste de Konstenaers door ’t gevoelen van de soete eer-ketelingh soo verde braght dat sy sich niet en schroomden de hand aen eenighe nieuwe en onghehoorde wercken te slaen, de gheweldighe Colossen van d’oude Meesters gheven hier van ghetuyghenis; en Plinius, in de voorghemelde plaetse, naemt eenighe Colossisiche wercken der ouder Konstenaeren tot bewijs van haere voordvaerende stoutmoedigheyd. Zeuxis was meest van allen vermaerd over sijne stoutigheydt; hy is vaerdighlick door de deure die hem Apollodorus gheopent hadden inghestept, seght Plinius wederom in de selvighe plaetse, het penceel, ’t welck nu vry wat bestaen dorst, tot meerder eere ende aensienlickheyd brengende. Van de stoutigheyd deses uytnemenden Konstenaers siet Lucianus in sijn Boecksken ’t welck Zeuxis gheheeten wordt.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Usually, a candid audacity of the Art tends to follow the benefit of the honor. It is unbelievable, says Plinius {…} how quickly the Art has increased, first through a fortunate result, and after that by a certain audacity. Where, by the fortunate result, we should understand nothing else but the notable respectability that these Arts had as long as Kings and Republicans put a lot of effort in them. After that, says Plinius furthermore, the Art progressed quickly through a certain audacity, explaining to us with these words that the aforementioned fortunate result brought the Artists so much further by feeling a sweet tingling of honor that they did not hesitate to try their hand at some new and unprecedented works, the marvelous Colossi of the old Masters bear witness of this; and Plinius, in the aforementioned place, names some Colossal works of the old Artists as evidence of their bold audacity. Zeuxis was most of all famous for his audacity; he capably stepped through the door that Apollodorus had opened, says Plinius again in the same place, bringing the brush, which now deemed very important, to further honor and distinction. For the audacity of this remarkable Artist, see Lucianus in his little book called Zeuxis.


Quotation

Van welcke Menschen seer licht is af te nemen, hoe verre het uyt hunne ghedachten moet wesen, selfs een Konstighe vont ten nutte van haren naesten, uyt te vissen, en in ’t licht te brenghen. {Wat van de sodanige te denken staet.} Men kan de sulcke bequaemelijck stellen onder de Onkundighe, die den Rijckdom van een brave Konst te bezitten, noyt genoten hebben. ’t Moet desweghen niemandt vremt duncken datter veele wetenschappen het ongeluck hebben, datse vanden meesten hoop kleyn geacht, Ja veele uytnemende Konsten veracht en deftige Werck-Meesters met kleyne eerbiedigheyt aengesien werden. Het schijnt (seght Sidonius Apollinaris seer wel) als door een natuerlijck ghebreck in de herten der Menschen ingeprent te zijn, dat die gene welcke de Konsten niet en verstaen, oock vande Konstenaers weynigh wercks maecken. {De Konsten hebben geen grooter Vyanden als diese niet en verstaen.} Maer om een woordt uyt de Borst te spreken: wie sal als een verstandigh Man, eenighe Konst beminnen, die niet met de alder grootste eerbiedigheyt de Schilder-konst, als een opperste Voogdesse, Voordt-brengster ende Bestierster aller Konsten, en sal Eeren een Konst uyt aenleydingh der Natuer voor komende, en de volmaecktheyt der selve tot een Meesterse bezit.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Of these People it is easy to understand, how estranged it must be from their minds to figure out and bring to light an Artful idea to help those close to them. {What should be thought about such people.} One can hardly place them under the Incapable, who have never enjoyed the Richness of a brave Art. Therefore, it would not be strange to anyone that many sciences have the misfortune, that they are undervalued by most, Yes many excellent Arts are despised and distinguished Artisans seen with little respect. It seems (says Sidonius Apollinaris very well) to be imprinted by a natural flaw in the hearts of Men, that those who do not understand the Arts, also pay little attention to the Artists. {The Arts have no greater enemy than those who do not understand them.} But to speak from the heart: which sensible Man would love any Art, who would not Honour the Art of Painting with the utmost respect – as the highest Guardian, Creator and Governor [ndr: in Dutch, these titles are feminine] of all Arts – an Art springing forth from Nature and the perfection of it until a Master possesses them.



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SPECTATEUR → marché de l'art

3 quotations

Quotation

On entend par le mot de Raisonnement, ou la cause & la raison par laquelle l’Ouvrage fait un bon effet, ou l’action de l’entendement qui connoît une chose par une autre, & qui en tire des consequences.
Si par le mot de Raisonnement on entend la cause & la raison par laquelle l’Ouvrage fait un bon effet, il y a autant de Raisonnement dans la Peinture que dans la Poësie, parce qu’elles agissent l’une & l’autre en vertu de leurs principes.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Dans l’yvresse qui nous agite, nous croïons souvent voir sur la toile ce qui est resté dans notre imagination. Nous pensons être intelligibles, parce que nous nous entendons à demi mot : nous supposons pour la necessité de l’effet de notre tableau, des plans, des accidens dont ne nous rendons aucun compte ; & nous ne songeons pas que ceux qui le verront auroient plus de travail à faire que nous, s’ils vouloient débroüiller ce que nous avons laissé en désordre. Enfin, à force de nous voir, nous ne nous voïons plus ; & nous pouvons nous comparer alors aux medecins les plus celebres, qui dans leur propres maladies sont obligez de recourir aux lumieres de leurs confreres : nous nous trouvons, ainsi qu’eux, dans la necesité d’emploïer de façon ou d’autre le secours d’autrui pour nous ranimer. Je pense qu’il y encore une conduite à tenir, soit que nous cherchions à nous critiquer nous-même, soit que nous demandions des conseils […].


Quotation

Il ne serait pas moins téméraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne sont point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois ; suivant les apparences, les récits des Ecrivains qui nous racontent ces effets sont exagérez, & nous ne savons pas même ce qu'il en faudrait rabattre pour les réduire à l'exacte vérité. Nous ignorons quelle part de la nouveauté de l'art de la Peinture peut avoir euë dans l'impression qu'on veut que certains tableaux aïent fait sur les Spectateurs. Les premiers tableaux, quoique grossiers, ont dû paroître des ouvrages divins. L'admiration pour un art naissant, fait tomber aisément dans l'exagération ceux qui parlent de ses productions ; & et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore les rendre plus merveilleux qu'elle ne les a reçus. On trouve même dans les Ecrivains anciens des choses impossibles données pour vraies, & des choses ordinaires traitées de prodiges. […]
Enfin on ne sçaurait donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vus absolument, & qui ne connaissent pas la manière du Peintre qui les a faits, que par voies de comparaison. […]
Les Ecrivains modernes qui ont traité de la peinture antique, nous rendent plus sçavans, sans nous rendre plus capables de juger la question de la supériorité des Peintres de l'antiquité sur les Peintres modernes. Ces Ecrivains se sont contentez de ramasser les passages des Auteurs anciens qui parlent de la peinture & de les commenter en Philologues, sans les expliquer par l'examen de ce que nos Peintres font de nos jours, & même sans appliquer ces passages aux morceaux de la peinture antique qui subsistent encore. Je pense donc que pour se former une idée aussi distincte de la peinture antique qu'il soit possible de l'avoir, il faut considérer séparément ce que nous pouvons sçavoir de certain sur la composition, sur l'expression & sur le coloris des Peintres de l'antiquité.     
[…] Quant à la composition Pittoresque, il faut avoüer que dans les monumens qui nous restent, les Peintres anciens ne paroissent pas superieurs, ni même égaux à Raphaël, à Rubens, à Paul Véronèse, ni à M. Le Brun. […]
Quant à la composition Poëtique, les anciens se piquoient beaucoup d'exceller dans ses inventions, & comme ils étoient grands dessinateurs, ils avoient toutes sortes de facilité pour y réussir. Pour donner une idée du progrès  que les anciens avoient faits dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu'en disent les Ecrivains de l'antiquité. De toute les parties de la peinture, la composition Poëtique est celle dont il est le plus facile de donner une idée avec des paroles. C'est celle qui se décrit le mieux.
[…]
Comme le temps a éteint les couleurs, & confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les Peintres de l'antiquité ont excellé dans le coloris, ni s'ils ont égalé ou surpassé les grands Maîtres de l'Ecole Lombarde dans cette aimable partie de la peinture.[…] On ne sçaurait décider notre question sur des récits. Il faut pour la juger, avoir des pièces de comparaison. Elles nous manquent. 
On ne sçauroit former un préjugé contre le coloris des anciens, de ce qu'ils ignoroient l'invention de détremper les couleurs avec de l'huile […]
Quant au clair-obscur & à la distribution enchanteresse des lumières & des ombres, ce que Pline &  les autres Ecrivains de l'antiquité en disent, est si positif, leurs récits sont si bien circonstanciez & si vrai-semblables, qu'on ne sçauroit disconvenir que les anciens n'égalassent du moins dans cette partie de l'Art, les plus grands peintres modernes. Les passages de ces Auteurs que nous ne comprenions pas bien, quand les Peintres modernes ignoroient encore quel prestige on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez & si difficiles, depuis que Rubens, ses Eleves, Polidore de Caravage, & d'autres Peintres les ont expliquez bien mieux, les pinceaux à la main, que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres. 
[…] je dis, que les Peintres qui ont travaillé depuis la renaissance des Arts, que Raphaël & ses contemporains n'ont point eu aucun avantage sur nos Artisans. Ces derniers sçavent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis. 



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SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

{Die Farben müßen jedem Bild seine Natur geben} Wann man aber den Alten/in einen Winkel/ mit einem gelben/ braunen/ oder von Sonne und Staub erschwärzten vernebelten Angesicht/vorstellet/ gegenüber einen jungen Verliebten/ mit seiner Dame, ganz schön/ licht/ feuring und brennend/ bald weiß/ bald roht/ conversiren/ auch die Kinder schön weiß und röhtlich machet: wird solche uneinige Misculanz, bald eine einige liebliche Concordanz auf dem Kunst-Blat gebähren/ und die niedere/ bleiche und dunkele/ der hellen/ feurigen und hochtrabenden Farbe erst ein Preis-volles ansehen und folgbar dem Künstler alle Ehre/ erwerben […].



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L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

Je ne m’amuserai point à relever ici la naissance de cet Auteur, ni les facultés de ses parens comme a fait certain Ecrivain en pareille occasion, ce qui me paroît l’éloge du monde le plus maladroit & le plus grossier : je serois trop fâché de faire ce tort à M. Pierres ; & de chercher dans ses ouvrages un mérite aussi étranger. Louons-le plutôt de son amour pour les Arts, & de sa mâle activité au travail, qui lui en fait dévorer toutes les difficultés. On trouve dans cet Auteur une grande facilité de composition, beaucoup de vigueur de coloris ; & un dessein, pour l’ordinaire, savant & exact. Son pinceau est aisé, coulant, voluptueux. De six Tableaux qu’il [ndr : Pierres] a exposés cette années, je n’en vois gueres que deux qui ne méritent peut-être pas les même éloges (Une Pastorale & une Solitude.) L’un parce que des Moines & des rocailles intéressent peu ; l’autre parce qu’il me semble y manquer quelque chose de cette gentillesse & de cet agrément frivole que semblent exiger aujourd’hui des sujets galands. Je sais très bon gré à M. Pierres de ce défaut : il vaut beaucoup mieux avoir du génie que de l’esprit dans un siécle où le premier est si rare, & où l’autre est si prostitué & si bannal.


2 quotations

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

D’ailleurs les Peintres & les Poètes s’occupent à des imitations comme d’un travail au lieu que les autres hommes ne les regardent que comme des objets intéressans. Ainsi le sujet de l'imitation, c'est-à-dire, les événements de la tragédie et les expressions du tableau, font une impression légère sur les peintres et sur les poètes sans génie, qui sont ceux dont je parle. Ils sont en habitude d'être émus si faiblement, qu'ils ne s'aperçoivent presque pas si l'ouvrage les touche ou s'il ne les touche point. Leur attention se porte toute entière sur l'exécution mécanique, et c'est par là qu'ils jugent de tout l'ouvrage. La poësie du tableau de Monsieur Coypel, qui représente le sacrifice de la fille de Jephté, ne les saisit point, & ils l'examinent avec autant d'indifférence que s'il représentoit une danse de païsans, ou quelque sujet incapable de nous émouvoir. […].



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SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

Plusieurs tiennent, que l’origine ou commencement, ou crainte de s’abuser, la restauration de cét Art, n’est que vers l’année 1490. & sur ce sujet je commenceray à nommer les premiers qui l’ont mis ou remis en pratique ; Israël, Martin Schon ou le Tudesque, & quelques autres nommez par les Curieux, les Maistres au Chandelier, & pour leurs Stampes elles ont le nom de pieces de mauvais noir ou ancre [ndr : sic], dautant qu’ils n’avoient pas encore la bonne maniere de la faire, ce qui se remarque en elles par l’huile qui a jauny le papier, y estant entrée apres s’estre separée du noir faute d’avoir esté cuite ou bruslée.

La formulation de Bosse n'est pas claire quant aux artistes qu'il cite. Quand il mentionne Israël, est-ce Isarël Silvestre ou Israhel Van Meckenem ? Le Tudesque est-il un peintre tel que Nicolas di Lorenzo d'Allemagne (Lanzi, 1824, p. 187) ou est-ce un pseudonyme donné au peintre allemand Martin Schongaueur (Hermann, II, 1819, p. 354) ? L'appelation désigne-t-elle le peintre Isarël Meckenem (qui avait pour sorbiquet Le Tudesque selon Duchesne, 1826, p. 106) ? Les maîtres au chandelier désignent-ils Schongaeur, Israel et, le cas échéant, le Tudesque (comme le fait Le Comte en 1702, vol. 3, p. 236) ou Bosse fait-il référence aux Hopfer, désignés comme tels dans plusieurs ouvrages (Christ, 1754, p. 313 ; Brulliot, 1817, p. 90 ; Meersch, 846, p. 98)?

pièce de mauvais noir



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SPECTATEUR → connaissance
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

1 quotations

Quotation

Das 2. Capitel. Beschreibung der Mahlerey-Kunst und des Zeichnen Nutz. 
Man muß urtheilen, ob dieses oder jenes vernünftig, witzig gezeichnet, und gestellet sey? Ob etwas zu verbessern oder zu ändern, auch wie forthane Verbesserung anzugreiffen, und zuwege zubringen sey; Aus diesen langen Discuriren, und Nachsinnen des Verstandes wird nach und nach die Erfahrenheit und Gewohnheit reiff und zeitig. 



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L’ARTISTE → qualités

4 quotations

Quotation

73. [Qui soit plein de sel.] Aliquid salis, Quelque chose d’ingenieux, de fin, de piquant, d’extraordinaire, d’un goust relevé & qui soit propre à instruire & à éclaircir les esprits. Il faut que les Peintres fassent comme les Orateurs (dit Ciceron) qu’ils instruisent, qu’ils divertissent, & qu’ils touchent : & c’est proprement ce que veut dire ce mot de Sel.



Other conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.

génie



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L’ARTISTE → qualités
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

Quotation

Faut-il, pour juger si ce portrait ressemble ou non, prendre les proportions du visage de notre ami, & les comparer aux proportions du portrait ? Les Peintres mêmes diront qu'il est en eux un sentiment subit qui devance tout examen, & que l'excellent tableau qu'ils n'ont jamais vu, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, de juger de son mérite en général : cette premiere appréhension leur suffit même pour nommer le noble Artisan du tableau.
On a donc raison de dire communément qu'avec de l'esprit on se connoît à tout, car on entend alors par le mot d'esprit, la justesse & la délicatesse du sentiment. […]



Other conceptual field(s)

SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

[...] Enfin on doit faire ensorte que la planche soit entierement faite à l’eau forte, s’il est possible, afin de conserver tout l’esprit du dessein : car plus on mettra d’ouvrage dès l’eau Forte, & plus on sera sûr de réussir, pourvû que cela soit fait à propos & avec goût, & qu’on ne le laisse point trop mordre. C’est le moyen de plaire aux habiles gens & aux vrais connoisseurs dont les suffrages sont seuls flatteurs & à désirer pour ceux qui veulent se perfectionner & acquérir une réputation solide.



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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
SPECTATEUR → perception et regard
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

1 quotations

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.



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SPECTATEUR → connaissance

2 quotations

Quotation

Et je croy que pour coucher encore icy ce rapport de l’ancienne peinture à la moderne, l’artifice & la promptitude de Romanelli peuvent étre jointes aux precedentes, ayant commencé & finy en neuf mois au Palais de M. le Cardinal Mazarin, le travail de cette grande galerie, que ceux qui s’y connoissent ne peuvent contempler sans estonnement.



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EFFET PICTURAL → qualité de la composition
EFFET PICTURAL → touche

Quotation

61. [Veu que les plus belles choses ne se peuvent souvent exprimer faute de termes.] J’ay [ndr : Roger de Piles] appris de la bouche de Monsieur du Fresnoy, qu’il avoit plusieurs fois oüi dire au Guide, Qu’on ne pouvoit donner de Preceptes des plus belles choses, & que les connoissances en estoient si cachées, qu’il n’y avoit point de maniere de parler qui les pût découvrir. Cela revient assez à ce que dit Quint. {Declam. 19.} Les choses incroyables n'ont point de paroles pour estre exprimées, il y en a quelques-unes qui sont trop grandes & trop relevées, pour pouvoir estre comprises dans les discours des hommes. D'où vient que les Connoisseurs, quand ils admirent un beau Tableau, semblent y estre collez ; & quand ils en reviennent, vous diriez qu'ils auroient perdu l'usage de la parole. {Liv. 2. Sat. 7.} Pausiaca torpes insane Tabella. Dit Horace. {L. 10. Ep. 22} Et Symmachus dit, Que la grandeur de l'étonnement ne permet pas que l'on donne des loüanges & des applaudissemens. Les Italiens disent Opera da stupire, pour dire qu'une chose est fort belle. 



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SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Resteert nu noch, om dit Capittel te besluyten, dat men wete hoemen sich in het oordeelen en beschouwen van andere Luyden Wercken moet dragen: {Hoemen hem in ’t besien van andere Luyden Konst sal dragen om wel te oordeelen.} en daer toe salmen kortelijck in ’t algemeen aenmercken, datmen de kleyne gebreecken en pickediljes niet al te naeuw examineeren, noch te seer berispen en moet; noch de groote misslagen niet te licht door de Vingeren sien: Want soo een Schilder hem hier in onvoorsichtigh komt te dragen, soo loopt hy gevaer om by alle andere veracht, en seer gehaet te werden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] To finish this Chapter is left that one knows who one should behave in the judging and observing of the works of other men: {How one should behave in the observation of the Art of other men to judge them well.} and for this one will briefly point out in general, that one should not examine the small flaws and trifles all too closely, nor condemn them too much; nor too easily turn a blind eye to the big mistakes: Because if a Painter behaves himself careless in this matter, he runs the risk to become despised by all others and very hated.

oordeelen



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1 quotations

Quotation

Nous avons vu que les beautez de l'exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux. Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n'ont pas l'intelligence de la mécanique de la Peinture, mais ils ne sont pas capables pour cela de juger du mérite du Peintre. Pour être capable de juger de la loüange qui lui est dûë, il faut sçavoir à quel degré il a approché des Artisans qui sont les plus vantez pour avoir excellé dans les parties où il a réussi lui-même. […] Ainsi la réputation du Peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l'expression des passions & dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu'il compare par lui-même, & dont il juge par lui-même.[….].
On voit bien, qu'en suivant ce principe, je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges auxquels il faut s'en rapporter, quand on veut sçavoir, autant qu'il est possible, quel Peintre a fait le tableau ; mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l'excellence d'un tableau, dès qu'on connaît son Auteur. 



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L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

Le plus grand effet des préjugez que les Peintres & les Poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d'un poëme ou d'un tableau sur la foi d'autrui, aiment mieux en passer par l'avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n'ont pas mis l'enseigne de la profession à laquelle l'ouvrage ressortit. En ces sortes de choses où les hommes ne croïent point avoir un intérêt essentiel à choisir le bon parti, ils se laissent ébloüir par une raison qui peut beaucoup sur eux. C'est que les gens du métier doivent avoir plus d'expérience que les autres. Je dis ébloüir, car comme je l'ai exposé, la plûpart des Peintres & des Poëtes ne jugent point par voïe de sentiment, ni en déferant au goût naturel perfectionné par les comparaisons & par l'expérience, mais par voïe d'analyse.


3 quotations

Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.

ordonnance



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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → connaissance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Les Expressions sont la pierre de touche de l’esprit du Peintre. Il montre par la justesse dont il les distribue, sa pénétration & son discernement : mais il faut le même esprit dans le Spectateur pour les bien apercevoir, que dans le Peintre pour les bien executer. On doit considérer un Tableau comme une Scene, où chaque Figure joue son rôle. Les Figures bien dessinées & bien coloriées sont admirables à la vérité, mais la plûpart des gens d’esprit, qui n’ont pas encore une Idée bien juste de la Peinture, ne sont sensibles à ces parties, qu’autant qu’elles sont accompagnées de la vivacité, de la justesse & de la délicatesse des Expressions. Elles sont un des plus rare talens de la Peinture, & celui qui est assez heureux pour les bien traiter, y intéresse non-seulement les Parties du visage, mais encore toutes celles du corps, & fait concourir à l’Expression générale du sujet, les objets même les plus inanimés, par la manière dont il les expose.



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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

L. Mummius toonde in desen wel te rechte sijn onnooselheyt, soo wanneer hy Corinten ingenomen hadde, ende meest alle de Schilderyen ende Pronck-beelden na Roomen liet brengen, belastende de Schippers ende Overste dat hy aldien sy eenige van die quamen te verliesen of te breecken, dat sy daer voor wederom nieuwe soude moeten maecken. {Groote hebben somtijts kleyne kennis van de Konsten.} {Exempelen daer van.} Gewisselijck heeft dese gemeent dat het maer met hermaecken genoegh was, ende dat alle Meesters elkanderen in Konst ghelijck waeren. Even soo wiert seecker aensienlijck Duytser (die te Roomen een deftige Schilderye van een oude Tronye sagh) gevraeght wat hy soodanigen Stuck wel soude Extimeeren? Waer op hy uyt goeder meeninge antwoorden, al was die Vent levendigh, soo wilde ick hem te geefts niet hebben. Sich inbeeldende dat een Oude gerimpelde Tronye, geen Konstige Schilderye konde wesen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Lucius Mummius showed his ignorance in this regard, as when he had conquered Corinth, and had almost all Paintings and Statues be brought to Rome, making the Captains and Commandor responsible that if they happened to lose any of them or break them, that they would have to make new ones for them. {The Great sometimes have little knowledge about the Arts.} {Examples of this.} Certainly he thought that it would suffice just to make them again, and that all Masters were equal to each other in the Art. Similarly a certain German (who saw a remarkable Painting of an old Face in Rome) was asked how he would Estimate such a Piece? To which he answered out of his good opinion, even if that guy were alive, I would not want to get him for free. Believing that an Old wrinkled Face, could not be an Artful Painting.



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SPECTATEUR → marché de l'art

2 quotations

Quotation

Rules may be establish’d so clearly derived from Reason as to be Incontestable. If the Design of the Picture be (as in General it is) to Please, and Improve the Mind (as in Poetry) the Story must have all possible Advantages given to it, and the Actors must have the Utmost Grace, and Dignity their several Characters will admit of : If Historical, and Natural Truth only be intended That must be follow’d ; tho’ the Best Choice of These must be made ; In Both Cases Unity of Time, Place, and Action ought to be observ’d : The Composition must be such as to make the Thoughts appear at first Sight, and the Principal of them the most conspicuously ; And the Whole must be so contrived as to be a Grateful Object to the Eye, both as to the Colours, and the Masses of Light, and Shadow. These things are so evident as not to admit of any Dispute, or Contradiction ; As it also is that the Expression must be Strong, the Drawing Just, the Colouring Clean, and Beautiful, the Handling Easy, and Light, and all These Proper to the Subject. Nor will it be difficult to know Assuredly what is so, unless with relation to the Justness of the Drawing ; but to know in the Main whether any thing is Lame, Distorded, Mis-shapen, ill Proportioned, or Flat, or on the contrary Round, and Beautiful is what any Eye that is tolerably Curious can judge of.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

What is Beautiful, and Excellent is naturally adapted to Please ; but all Beauties, and Excellencies are not naturally Seen. Most Gentlemen see Pictures, and Drawings as the Generality of People see the Heavens in a Clear, Starry Night, they perceive a sort of Beauty there, but such a one as produces no great Pleasure in the Mind : But when one considers the Heavenly Bodies as other Worlds, and that there are an Infinite Number of these in the Empire of God, Immensity ; and Worlds which our Eyes assisted by the best Glasses can never reach, and so far removed from the most distant of what we see (which yet are so far removed from us that when we consider it our Minds are fill’d with Astonishment) that These Visible ones are as it were our Neighbours, as the Continent of France is to Great Britain ; When one considers farther, That as there Inhabitants on this Continent tho’ we see them not when we see That, ‘tis altogether unreasonable to Imagine that those Innumerable Words are Uninhabited, and Desart ; there must be Beings There, Some perhaps More, Others Less Noble, and Excellent than Men : When one Thus views this Vast Prospect, the Mind is Otherwise affected than Before, and feels a Delight which Common Notions never can administer. So those who at Present cannot comprehend there can be such Pleasure in a good Picture, or Drawing as Connoisseurs pretend to find, may Learn to see the same thing in Themselves, their Eyes being once open’d ‘tis like a New Sense, and New Pleasures flow in as often as the Objects of that Superinduc’d Sight present themselves, which (to People of Condition Especially) very frequently happens, or may be procur’d, whether Here at Home, or in their Travels Abroad. When a Gentleman has learn’d to see the Beauties and Excellencies that are really in good Pictures, and Drawings, and which may be learnt by conversing with Such, and applying himself to the consideration of them, he will look upon That with Joy which he Now passes over with very little Pleasure, if not with Indifference : Nay a Sketch, a Scrabble of the Hand of a Great Master will be capable of administering to him a Greater Degree of Pleasure than those who know it not by Experience will easily believe. Besides the Graceful, and Noble Attitudes, the Beauty of Colours, and forms, and the fine Effects of Light, and Shadow, which none sees as a Connoisseur does, Such a one enters farther than any other Can into the Beauties of the Invention, Expression, and other Parts of the Work he is considering : He sees Strokes of Art, Contrivances, Expedients, a Delicacy, and Spirit that others see not, or very Imperfectly.


2 quotations

Quotation

Blijckt dan uyt het voorgaende, hoe gantsch gheweightighen last die ghene op sich laeden, de welcke haere fame door het ene of het andere meesterstuck tot de naekomstighe gheslachten soecken uyt te strecken; ghemerckt de volmaecktheyd des wercks door de voorgemelde bevalligheydt weynigh gheholpen wordt, het en sy saecke dat daer met eenen oock in ’t gheheele werck eenige voorspoedige werckinghe van een stoute ende onversaegde voordvaerenheyd uytblijcken.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] From the previous it becomes clear, what a heavy load those take on their shoulders, who attempt to spread their fame upon the next generations by means of some or other masterpiece; seen that the perfection of the work is barely helped by the aforementioned grace, unless some successful effect of a brave and fearless diligence is immediately apparent in the whole work.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Indien yemandt waerlijck den naem van een groot Meester verdient, en dat sijne Wercken vol vande ware deught der Konste konnen ge-oordelt worden, en dat sy alle nootwendigheden, soo van goede Teyckeningh en proportie, behoorlijcke reddinge en houdinge in haer hebben, die over een komen met de Plaets van ’t licht, in welcke de voorwerpselen zijn; en dat de schaduwen en dagen geschickt zijn, na de occasie van welcke sy werden voort gebracht; en dat voorts alle de Beelden gedisponeert en gecoloreert zijn, na den inhout van de Historye diemen wil vertoonen; daer-en-boven datse aendachtigh ende werckelijck hun doeningen en hertstoghten voort-brengen, die met haer gansche standt overeen komen; soo machmen wel op sijn Konst vertrouwen, nochtans nedrigh van herten, en ghemeensaem van ommegangh wesen: {Wat d’hovaerdy dickwils te wege brenght.} Want de hovaerdy maeckt onse Vyanden listigh, om met Leugenen en quade parten, onsen goeden naem en faem te ondermijnen; die niet als door sich wel ende loffelijck ontrent mindere Meesters te dragen, en konnen overwonnen worden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] If someone truly deserves the name of great Master, and that his Works are judged to be filled with the true virtue of Art, and that they have all the necessities such as good Design and proportion, acceptable distribution of colors and harmony in them, that coincide with the location of the light, in which the objects are placed; and that the shadows and lights are appropriate, after the occasion in which they originate; and that furthermore all the Figures are placed and colored after the content of the History that one wants to portray; moreover that they produce their actions and passions carefully and naturally, which coincide with their whole pose; as such one may trust his Art, yet be humble of heart and social in interaction: {What pride often generates.} Because pride makes our enemies deceitful, to undermine our good name and fame with Lies and evil guiles; which can only be defeated by behaving oneself honorable with regard to the lesser Masters.



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L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

Add to all this, that the Works of the Face-Painter must be seen in all the Periods of Beginnings, and Progress, as well as when Finish’d, when they are Not, oftner than when they Are fit to be seen, and yet Judg’d of, and Criticis’d upon, as if the Artist had given his last Hand to ‘em, and by all sorts of People ; nor is he always at liberty to follow his Own Judgment.



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GENRES PICTURAUX → portrait

1 quotations

Quotation

{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point. 



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → perception et regard

4 quotations

Quotation

Qu’il faut corriger les fautes quand on les découvre
Je vous advertis que lors que par vostre propre jugement, ou par le moyen d'un autre, vous descouvrez quelque erreur en vos ouvrages, vous ayez soin de la corriger, de peur que les exposant en public, vous ne fassiez voir en mesme temps vostre ignorance : Et ne cherchez point d'excuse, vous persuadant qu'à la première occasion suivante, vous effacerez la honte que vous aurez encouruë de celle-là […] : Et si vous pensez vous excusez [ndr : de vos fautes] sur la pauvreté, qui ne peut pas vous permettre d’estudier, & de vous rendre un vray peintre, n’en jettez la faute que sur vous-mesme, parce que l’estude de la vertu sert de nourriture non seulement à l’esprit, mais encore au corps. […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Comment un peintre doit examiner & juger luy-mesme de son propre ouvrage
Il est certain qu’on remarque mieux les fautes d’autruy que les siennes propres ; c’est pourquoy le peintre doit commencer par se rendre bon perspectif , & puis s’acquerir une connaissance entière des mesures du corps humain : Il doit estre encore un bon Architecte, pour le moins en ce qui concerne la regularité exterieure d’un edifice & de toutes ses parties, & aux choses dont il n’a pas la pratique, il ne faut point qu’il neglige d’aller voir & desseigner sur le naturel, mais en travaillant il doit tenir devant lui un miroir plat, & considerer souvent son ouvrage dans ce miroir, qui le luy representera tout au rebours, & semblera de la main d’un autre maistre ; de sorte que par ce moyen il pourra mieux remarquer ses fautes : il sera utile encore de quitter souvent son travail, & de s’aller divertir un peu, parce qu’au retour on aura le jugement plus degagé & plus net, comme au contraire la trop grande attache & la contension trop assiduë hebete l’esprit, & le fait tomber en de lourdes fautes. 



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Comme les parties d'un tableau sont toujours placées l'une à côté de l'autre, & qu'on en voit l'Ensemble du même coup d'œil, les défauts qui sont dans son ordonnance, nuisent beaucoup à l'effet de ses beautés. On aperçoit sans peine ses fautes relatives, quand on a sous les yeux en même tems les objets qui n'ont pas entr'eux le rapport qu'ils doivent avoir. […]
D'ailleurs les fautes réelles qui sont dans un tableau, comme une figure trop courte, un bras estropié, ou un personnage qui nous présente une grimace, au lieu de l'expression naturelle, sont toujours à côté de ses beautés. Nous ne voïons pas ce que le Peintre a fait de bon, séparément de ce qu'il a fait de mauvais.



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SPECTATEUR → perception et regard

3 quotations

Quotation

{Schizzi, gemeine Abriße.} Also sind des Zeichnens unterschiedliche Arten. Die jenige/ so die Figur nur geringlich mit der Feder/ Kohle oder Kreide in etwas entwerfen/ werden Schizzi oder Abriße benamet. Diese erste Erfindung/ bildet den Concept und die Idea des Verstandes/ und machet/ nur mit einem groben Entwurf/ die Form und Eintheilung des künftigen Gemäldes. {Die mus der Verständ beurtheilen.} Aus solchem schlechten Entwurf/ ersihet der Künstler die Fehler/ so er zu vermeiden hat/ ergrößert zum Theil die kleine Figuren/ und stümmelt die großen/ nach dem Ebenmaß der Vernunft/ damit alles in eine rechte proportion komme. Dann diese Correctur oder Verbässerung/ welche nachfolglich geschehen soll/ mus zuvor in dem Verstand/ durch Uberleg- und Erwägung der Fehler/ ausgekocht und erzogen werden. Er mus urtheilen/ ob dieses oder jenes vernünftig oder witzig gezeichnet und gestellet seye? ob etwas zu verbässern und zu ändern/ auch wie solche Verbässerung anzugreiffen und zuwegen zu bringen sey? Aus diesem langen discurriren und nachsinnen des Verstandes/ wird nach und nach die Erfahrenheit und Gewonheit reiff und zeitig.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Wann der Kunstmahler einen Fehler in seinem Werk vermerket/ oder dessen von andern erinnert wird: soll er nicht thun/ wie die unvernünftige Mütter/ die auch die Torheiten an ihren Kindern lieben und loben. Dann ein Strich des Pensels stirbet nicht gleich in der Geburt/ wie die Stimme der Musik und Harmonie, da der Lebensschall mit dem Todes-Hall verbrüdert ist/ sondern er lebet und währet viel Jahre/ und zeiget die Fehler allezeit/ zu schmach der Hand/ die solche begangen. […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

20. [ndr: Regel] Aus den kleinen Kunst-Sachen sind die Fehler nicht so gut/ als wie in den Großen/ zu erkennen. Die Ursach ist/ weil jene nicht können mit allen den nötigen Theiln erfüllet werden/ als wie in einem Menschen oder Thier von Lebens-Größe. Wann dann das Werk also nicht voll ausgemacht ist/ so kan man auch die Fehler so leicht nicht darinn verspüren. Bey Exempel/ wann du auf zwey- oder dreyhuntert Schritte weit einen Mann mit allem fleiß ansehen wirst/ so kanst du wegen der Distanz nicht urtheilen/ ob er schön oder häßlich/ ob er sonderbarer oder gemeiner Gestalt sey. Und wann du dieses Manns verkleinerung recht erkennen wilst/ so halte deinen Finger nur eine Spann weit von deinem Aug/ daß dessen Spitz unter des von weitem stehenden Manns Füßen austrifft: alsdann hebe den Finger auf und wider nieder an dasselbige Ort/ so wird deinem Aug eine unglaubliche Verkleinenerung erscheinen.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

1 quotations

Quotation

[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.

invention



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L’ARTISTE → qualités
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

1 quotations

Quotation

(a) Nous prenons ici le Goût de même que dans le chapitre précédent, c’est-à-dire dans sa plus grande étendue ; comme un sentiment qui nous porte à ce qui nous paroît bon, ou nous détourne de ce qui nous paroît mauvais. En ce sens il peut s’appeler, Goût, dans ses commencemens ; Passion, dans ses progrès ; & Fureur ou Folie, sans ses excés.

goût · fureur


2 quotations

Quotation

Maer gelijck het wel geraetsaem, ja oock seer noodigh is, datmen inden beginne van sijne Studien andere Brave Meesters navolgt, en tracht in dat gene, in welcke sy gedwaelt hebben, haer te overtreffen, soo moet geweten worden datmen daer ontrent niet alleen yver ende neerstigheyt moet aenwenden, maer oock voor al sich seer wijslijck dragen: {Watter in ’t volgen van andere Meesters moet waergenomen worden.} Want het geleerdelijck navolgen van een groot Meester vereyst vry wat anders, als het simpel Na-Copieeren, dat voor de Jongelingen wel een bequaem middel is, om voor eerst de Pinceel te leeren handelen, de Verwen ende Colorijten te leeren vinden, ende soo voorts: Maer in het Meesterlijck studeeren, ende navolgen daer moet alleen het oordeel sich ontrent de Deughden vande alderbeste dingen oeffenen: ende dat met een sorghvuldige Naerstigheyt, om alles uyt te vorssen, ’t geen daer vanden rechten aert der Konsten in is. Want inde beste Tafereelen, sitten de Deughden somtijts soo diepe verborgen, ende soo konstelijck door het geheele Werck ingewickelt, ende door-vlochten, dat den alderscherpsinnighsten Meester de selve niet als na een lange opmerckingh en bestaet te vatten. Soo dat van een onkundige dickwils de fauten die daer noch in gebleven zijn, best van alles worden opgevolght en ingezogen; {Onkundige volgen de fauten in ’t Copieeren best na.} daerom datmen met een verstandigh en rechtsinnigh oordeel soodanige dingen bestuderen sal, ende en etent niet al voor Suycker op wat van dese of gene groote Meesters voortkomt, invoegen men de gebreecken soo wel als de volmaecktheden tot een wet van navolgingh komt te stellen, even offe uyt respect van hare Meesterschap niet en hadden konnen dwalen: Maer dan kan het navolgen eerst prijswaerdigh en voordeeligh zijn, soo wanneer sy de volle kracht der Konst inde voornaemste dingen heeft getroffen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Yet as it is advisable, yes also very necessary, that one imitates other Good Masters in the beginning of his Studies, and attempts to surpass them where they have strayed, as such it should be known that one should not only apply ardor and diligence, but also behave themselves very wisely: {What should be observed in following other Masters.} Because it demands something different to intelligently imitate a great Master, than simply Copying After, which is an adequate means for young ones, to learn to treat the brush for the first time, to learn to find the colors and colorations et cetera: But in studying masterfully, and imitating, there only the judgement regarding the Virtues of the very best things should be practiced: and with a careful diligence, to find out everything, which is in it about the true nature of the Arts. Because the Virtues are often soo deeply hidden in the best Paintings, and are so artfully folded and braided into the whole work, that the most perceptive Master cannot assume to understand it but after a long observation. Such that the mistakes that remain in it are often followed the best and taken in by an incapable [artist]; {Incapable artists imitate the mistakes the best in Copying.} which is why with a wise and frank judgement one should study such things and not take at face value [ndr: literally: eat like sugar] everything that comes from this or another great Master, as such one may take the flaws as well as the perfections for a law to imitate, as if out of respect for their Mastery they could not stray: But the imitation will first become praiseworthy and useful, when she has captured the full power of Art in the principal things.


Quotation

Soo plegen verstandige Schilders haer in desen, van eenige behulp-middelen te versien, die haer in het oordeelen van hunne wercken eenighsins te bate mochten komen: {Behulpmiddelen om van sijn dingen wel te oordeelen.} Hier toe gebruyckten sommige den Spiegel, in welcke sy haere dingen als in een tegenstrijdige ende omgekeerden stand besagen; invoegen sy haer oordeel door het beschouwen van twee onderscheyde Vertooningen, op den Toetsteen brachten. ’t Is niet sonder reden datmen door dat middel de fauten zijner wercken kan naspeuren; want door dien omkeeringh van stant, veroorsaeckt dat de eyge Liefde omtrent onse Wercken niet in haer volle kracht en kan herschen, soo komen wy die aen te sien als het Werck van eenen anderen Werck-Meester, in welcke men (gelijck d’ondervindinge leert) altijdt veel gebreecken vinden kan: gelijck wy dat noch verder in ons tweede Boeck sullen aenraecken. Andere keeren hare stucken somtijts om, en sien die t’onderste boven, om alsoo uyt te vorssen of hunne dingen haer behoorlijcke Teyckeningh ende kracht hebben, ende behouwen: Gelijck dat mede door de Lijsten aende stucken te doen dickwils ontdeckt wort;

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such wise Painters tend to supply her with some aids, which might somewhat be of benefit for judging their works: {Tools that aid to judge one’s own work well.} Some used a mirror for this, in which they observed their things in a contrasting and opposite position; as such they tested their judgement by observing two different displays. It is not without reason that one can detect the mistakes in his work by that means, because through the reversal of the position, it causes that one’s own Love for our works cannot reign in its full power, so we get to so it as if it were the work of another Artisan, in which one (like experience teaches us) can always find flaws: as we will touch upon this further in our second Book. Others sometimes turn their pieces around, to see it upside down, to investigate this way whether their things have a proper Design and power, and maintain it: As this is also often discovered because by placing the Frames on the works;

gebreeck


1 quotations

Quotation

(a) Nous prenons ici le Goût de même que dans le chapitre précédent, c’est-à-dire dans sa plus grande étendue ; comme un sentiment qui nous porte à ce qui nous paroît bon, ou nous détourne de ce qui nous paroît mauvais. En ce sens il peut s’appeler, Goût, dans ses commencemens ; Passion, dans ses progrès ; & Fureur ou Folie, sans ses excés.

goût · folie


3 quotations

Quotation

Maer gelijck het wel geraetsaem, ja oock seer noodigh is, datmen inden beginne van sijne Studien andere Brave Meesters navolgt, en tracht in dat gene, in welcke sy gedwaelt hebben, haer te overtreffen, soo moet geweten worden datmen daer ontrent niet alleen yver ende neerstigheyt moet aenwenden, maer oock voor al sich seer wijslijck dragen: {Watter in ’t volgen van andere Meesters moet waergenomen worden.} Want het geleerdelijck navolgen van een groot Meester vereyst vry wat anders, als het simpel Na-Copieeren, dat voor de Jongelingen wel een bequaem middel is, om voor eerst de Pinceel te leeren handelen, de Verwen ende Colorijten te leeren vinden, ende soo voorts: Maer in het Meesterlijck studeeren, ende navolgen daer moet alleen het oordeel sich ontrent de Deughden vande alderbeste dingen oeffenen: ende dat met een sorghvuldige Naerstigheyt, om alles uyt te vorssen, ’t geen daer vanden rechten aert der Konsten in is. Want inde beste Tafereelen, sitten de Deughden somtijts soo diepe verborgen, ende soo konstelijck door het geheele Werck ingewickelt, ende door-vlochten, dat den alderscherpsinnighsten Meester de selve niet als na een lange opmerckingh en bestaet te vatten. Soo dat van een onkundige dickwils de fauten die daer noch in gebleven zijn, best van alles worden opgevolght en ingezogen; {Onkundige volgen de fauten in ’t Copieeren best na.} daerom datmen met een verstandigh en rechtsinnigh oordeel soodanige dingen bestuderen sal, ende en etent niet al voor Suycker op wat van dese of gene groote Meesters voortkomt, invoegen men de gebreecken soo wel als de volmaecktheden tot een wet van navolgingh komt te stellen, even offe uyt respect van hare Meesterschap niet en hadden konnen dwalen: Maer dan kan het navolgen eerst prijswaerdigh en voordeeligh zijn, soo wanneer sy de volle kracht der Konst inde voornaemste dingen heeft getroffen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Yet as it is advisable, yes also very necessary, that one imitates other Good Masters in the beginning of his Studies, and attempts to surpass them where they have strayed, as such it should be known that one should not only apply ardor and diligence, but also behave themselves very wisely: {What should be observed in following other Masters.} Because it demands something different to intelligently imitate a great Master, than simply Copying After, which is an adequate means for young ones, to learn to treat the brush for the first time, to learn to find the colors and colorations et cetera: But in studying masterfully, and imitating, there only the judgement regarding the Virtues of the very best things should be practiced: and with a careful diligence, to find out everything, which is in it about the true nature of the Arts. Because the Virtues are often soo deeply hidden in the best Paintings, and are so artfully folded and braided into the whole work, that the most perceptive Master cannot assume to understand it but after a long observation. Such that the mistakes that remain in it are often followed the best and taken in by an incapable [artist]; {Incapable artists imitate the mistakes the best in Copying.} which is why with a wise and frank judgement one should study such things and not take at face value [ndr: literally: eat like sugar] everything that comes from this or another great Master, as such one may take the flaws as well as the perfections for a law to imitate, as if out of respect for their Mastery they could not stray: But the imitation will first become praiseworthy and useful, when she has captured the full power of Art in the principal things.


Quotation

Soo plegen verstandige Schilders haer in desen, van eenige behulp-middelen te versien, die haer in het oordeelen van hunne wercken eenighsins te bate mochten komen: {Behulpmiddelen om van sijn dingen wel te oordeelen.} Hier toe gebruyckten sommige den Spiegel, in welcke sy haere dingen als in een tegenstrijdige ende omgekeerden stand besagen; invoegen sy haer oordeel door het beschouwen van twee onderscheyde Vertooningen, op den Toetsteen brachten. ’t Is niet sonder reden datmen door dat middel de fauten zijner wercken kan naspeuren; want door dien omkeeringh van stant, veroorsaeckt dat de eyge Liefde omtrent onse Wercken niet in haer volle kracht en kan herschen, soo komen wy die aen te sien als het Werck van eenen anderen Werck-Meester, in welcke men (gelijck d’ondervindinge leert) altijdt veel gebreecken vinden kan: gelijck wy dat noch verder in ons tweede Boeck sullen aenraecken. Andere keeren hare stucken somtijts om, en sien die t’onderste boven, om alsoo uyt te vorssen of hunne dingen haer behoorlijcke Teyckeningh ende kracht hebben, ende behouwen: Gelijck dat mede door de Lijsten aende stucken te doen dickwils ontdeckt wort;

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such wise Painters tend to supply her with some aids, which might somewhat be of benefit for judging their works: {Tools that aid to judge one’s own work well.} Some used a mirror for this, in which they observed their things in a contrasting and opposite position; as such they tested their judgement by observing two different displays. It is not without reason that one can detect the mistakes in his work by that means, because through the reversal of the position, it causes that one’s own Love for our works cannot reign in its full power, so we get to so it as if it were the work of another Artisan, in which one (like experience teaches us) can always find flaws: as we will touch upon this further in our second Book. Others sometimes turn their pieces around, to see it upside down, to investigate this way whether their things have a proper Design and power, and maintain it: As this is also often discovered because by placing the Frames on the works;

faut


Quotation

Resteert nu noch, om dit Capittel te besluyten, dat men wete hoemen sich in het oordeelen en beschouwen van andere Luyden Wercken moet dragen: {Hoemen hem in ’t besien van andere Luyden Konst sal dragen om wel te oordeelen.} en daer toe salmen kortelijck in ’t algemeen aenmercken, datmen de kleyne gebreecken en pickediljes niet al te naeuw examineeren, noch te seer berispen en moet; noch de groote misslagen niet te licht door de Vingeren sien: Want soo een Schilder hem hier in onvoorsichtigh komt te dragen, soo loopt hy gevaer om by alle andere veracht, en seer gehaet te werden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] To finish this Chapter is left that one knows who one should behave in the judging and observing of the works of other men: {How one should behave in the observation of the Art of other men to judge them well.} and for this one will briefly point out in general, that one should not examine the small flaws and trifles all too closely, nor condemn them too much; nor too easily turn a blind eye to the big mistakes: Because if a Painter behaves himself careless in this matter, he runs the risk to become despised by all others and very hated.

misslag


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Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65-66 
Daß man hievon leichtlich judiciren lerne/ ist nichts bessers als fleißig in der Natur selbst darauf zu sehen/ wie die Schatten von der Sonnen fallen. Insgemein aber gilt diese Regul/ daß wer von Gemählden will judiciren lernen/ sich gewöhnen muß/ alles was er ansiehet/ fleißig und eigentlich durch und durch zu betrachten/und sich also die Natur in das Gedächtniß zu drücken.



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EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

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Dus ghebeurt het dat ons ghemoedt door de kranckheydt des oordeels verdonckert sijnde, niet en kan onderscheyden wat daer met de autoriteyt en rechte reden der bevalligheydt over een komt.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] And so it happens that our mind, darkened by the illness of judgement, cannot discern what coincides with the authority and true reason of gracefulness.


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Quotation

Il est certain que le genie à qui nous devons la naissance des beaux Arts, ne sauroit les conduire à leur perfection sans le secours de la culture ; que cette culture est impratiquable sans la direction du jugement ; & que le jugement ne sauroit rien faire sans la possession des vrais principes.



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L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

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Une des choses les plus essentielles dans la connaissance des Tableaux, c'est le Génie, il en faut dans le bon Connaisseur ainsi que dans le bon Peintre ; mais comme le Génie ne peut s'acquérir, il faut toujours le supposer, ou du moins au défaut du Génie un gand amour pour la Peinture.



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SPECTATEUR → connaissance

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Je comparerois volontiers ce superbe étalage de chef-d’œuvres anciens & modernes, qui rendent Rome la plus auguste ville de l'univers, à ces boutiques où l'on étale une grande quantité de pierreries. En quelque profusion que les pierreries y soient étalées, on n'en rapporte chez soi qu'à proportion de l'argent qu'on avoit porté pour faire son emplette. Ainsi l'on ne profite solidement de tous les chef-d’œuvres de Rome, qu'à proportion du génie avec lequel on les regarde. Le Sueur, qui n'avoit jamais été à Rome, & qui n'avoit vû que de loin, c'est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale des beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de Peintres qui se glorifioient d'un séjour de plusieurs années au pied du Capitole. De même un jeune Poëte ne profite de la lecture de Virgile & d'Horace qu'à proportion des lumieres de son génie, à la clarté desquelles il étudie les anciens, pour ainsi dire.



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SPECTATEUR → perception et regard

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Les hommes de génie qui sont jaloux de leur réputation, ne devroient du moins mettre au jour que de grands ouvrages, puisqu'il ne leur a pas été possible de dérober leur apprentissage aux yeux du public. Ils éviteroient par cette précaution de donner lieu à des comparaisons mortifiantes. Quand  les Poëtes & les Peintres les mieux inspirés donnent, ou des Poëmes composés d'un petit nombre de vers, ou des tableaux qui ne contiennent qu'une figure sans expression, & posée dans une attitude commune, ces productions sont exposées à des parallelles odieux. Comme on peut sans génie faire quatre ou cinq vers heureux, ou peindre assez bien une Vierge avec l'Enfant sur ses genoux, sans être grand Peintre, la difference du simple Ouvrier & de l'Artisan divin, ne se fait pas sentir dans des ouvrages plus composés, & qui susceptibles d'un plus grand nombre de beautés. C'est dans ces derniers que cette différence paroit dans toute son étendüe. […]


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Il est quelques Artisans beaucoup plus capables que le commun des hommes, de porter un bon jugement sur les ouvrages de leur art. Ce sont les Artisans nez avec le génie de cet art, toujours accompagné d'un sentiment bien plus exquis, que n'est celui du commun des hommes. Mais un petit nombre d'Artisans est né avec du génie, & par conséquent avec cette sensibilité ou cette délicatesse d'organe superieure à celle que peuvent avoir les autres, & je soutiens que les Artisans sans génie jugent moins sainement que le commun des hommes , & si l'on veut, que les ignorans. Voici mes raisons. La sensibilité vient à s'user dans un Artisan sans genie, & ce qu'il apprend dans la pratique de son art, se sert le plus souvent qu'à dépraver son goût naturel. […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

 […] cet ouvrage a des défauts : c’est un jugement qui est à la portée de la plupart. Mais, cet ouvrage n’a pas toutes les beautés dont il est susceptible : c’en est un autre, qui n’est réservé qu’aux esprits du premier ordre. On sent, après ce qu’on vient de dire, la raison de l’un & de l’autre. Pour porter le premier jugement, il suffit de comparer ce qui a été fait, avec les idées ordinaires qui sont toujours avec nous, quand nous voulons juger des arts, & qui nous offrent des plans, au moins ébauchés, où nous pouvons reconnoître les principales fautes de l’exécution. Au lieu que pour le second, il faut avoir compris toute l’étendue possible de l’art, dans le sujet choisi par l’auteur. Ce qui est à peine accordé aux plus grands génies.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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[…] il convient de parler des jugemens que les gens de métier en portent.  La plûpart juge mal des ouvrages pris en général, par trois raisons. La sensibilité des gens du métier est usée. Ils jugent du tout par voie de discussion. Enfin ils sont prévenus en faveur de quelque partie de l'art, & ils la comptent dans les jugements généraux qu'ils portent pour plus qu'elle ne vaut. Sous le nom de gens de métier, je comprens ici, non -seulement les personnes qui composent ou qui peignent, mais encore un grand nombre de ceux qui écrivent sur les poëmes & sur les tableaux.Quoi, me dira-t-on, plus on est ignorant en Poësie & en Peinture, plus on est en état de juger sainement des poëmes & des tableaux ! Quel Paradoxe !



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L’ARTISTE → qualités

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Il faut bien que les gens du métier se trompent souvent, puisque leurs jugemens sont ordinairement cassez par ceux du public, dont la voix fit toujours la destinée des ouvrages. C'est toujours le sentiment du public qui l'emporte, lorsque les Maîtres de l'art & lui sont d'avis differens sur une production nouvelle.


Quotation

Enfin le tems arrive où le public apprétie un ouvrage, non plus sur le rapport des gens du métier, mais suivant l'impression que fait cet ouvrage. Les personnes qui en avoient jugé autrement que les gens de l'art, & en s'en rapportant au sentiment, s'entrecommuniquent leurs avis, & l'uniformité de leur opinion change en persuasion l'opinion de chaque particulier. Il se forme encore de nouveaux maîtres dans les arts, qui jugent sans intérêt & avec équité des ouvrages calomniez. Ces maîtres désabusent le monde méthodiquement des préventions que leurs prédecesseurs y avoient semées. Le monde remarque encore de lui-même, que ceux qui lui avoient promis quelque chose de meilleur que l'ouvrage dont le mérite a été contesté, ne lui ont pas tenu parole. Les contradicteurs obstinez meurent d'un autre côté. Ainsi l'ouvrage se trouve géneralement estimé à sa valeur véritable.


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Quotation

Of the Goodness of a Picture, &c.
WHerefore callest thou me Good, there is none Good but One, that is God ?
Said the Son of God to the young Man who prefac’d a Noble Question with that Complement. This is that Goodness that is Perfect, Simple, and Properly so call’d, ‘tis what is Peculiar to the Deity, and so to be found no where else. But there is another Improper, Imperfect, Comparative Goodness, and no other than this is to be had in the Works of Men, and this admits of various Degrees. This Distinction well consider’d, and apply’d to all the Occurrences of Life would contribute very much to the Improvement of our Happiness here ; it would teach us to Enjoy the Good before us, and not reject it upon account of the disagreeable Companion which is inseperable from it ; But the use I now would make of it is only to show that a Picture, Drawing, or Print may be Good tho’ it has several Faults ; To say otherwise is as absurd as to deny a thing is what ‘tis said to be, because it has properties which are Essential to it.
[…].
If in a Picture the Story be well chosen, and finely Told (at least) if not Improv’d, if it fill the Mind with Noble, and Instructive Ideas, I will not scruple to say ‘tis an excellent Picture, tho’ the Drawing be as Incorrect as that of Corregio, Titian, or Rubens ; the Colouring as Disagreeable as that of Polidore, Battista Franco, or Michael Angelo. Nay, tho’ there is no other Good but that of the Colouring, and the Pencil, I will dare to pronouce it a Good Picture ; that is, that ‘tis Good in those Respects. In the first Instance here is a fine Story artfully communicated to my Imagination, not by Speech, nor Writing, but in a manner preferable to either of them ; In the other there is a Beautiful, and Delightful Object, and a fine piece of Workmanship, to say no more of it.
There never was a Picture in the World without some Faults, And very rarely is there one to be found which is not notoriously Defective in some of the Parts of Painting. In judging of it’s Goodness as a Connoisseur, one should pronounce it such in proportion to the Number of the Good Qualities it has, and their Degrees of Goodness.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

Vous voyez bien, reprit Pamphile, que le mot de Goust dans les Arts est Métaphorique: Nous l'avons transporté de la langue pour le faire servir à l'esprit : & de la mesme façon que nous disons que l'esprit voit, nous disons encore qu'il gouste c'est son employ de juger des Ouvrages, comme c'est celuy de la langue de juger des saveurs , l'un & l'autre décident de la bonté de leur objet à proportion qu'il les flatte, & qu'il leur plaist. L'on dit qu'un homme a le Goust fin, quand il aime ce qui est bon, & qu'il hait ce qui est mauvais dans les beaux Arts, comme dans les viandes & non seulement on met le Goust dans la langue, & dans l'esprit; mais encore dans les choses que l'on gouste ; & nous disons qu'il y a des Ouvrages comme des hommes de bon Goust. II y a feulement à observer, que le mot de Goust se prend en bonne part quand il est tout seul, & que si vous disiez, par exemple, il y a du Goust dans ce Tableau, cet homme a du Goust, cela vaudroit autant comme de dire, ce Tableau est d'un bon Goust, cet homme a le Goust bon.


Quotation

Je vous diray seulement que le Goust dans l'esprit généralement parlant, n'est autre chose que la manière dont l'esprit est capable d'envisager les choses selon qu'il est bien ou mal tourné ; c'est à dire, qu'il en a conçeu une bonne ou mauvaise idée. Et que le bon Goust dans un bel Ouvrage est une conformité des parties avec leur tout, & du tout avec la perfection.



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L’ARTISTE → qualités
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Croyez-moy, guérissez vostre goust, repartit Caliste, vous l'avez plus malade que vous ne pensez, voyez souvent l'Antique & vous y attachez un peu, si vous voulez juger de la Peinture.


Quotation

J'aymerois encore mieux n'y point aller [ndr : à Rome], repartit Leonidas, que d'en rapporter un goust artificiel comme font la pluspart de ceux qui en reviennent, & qui apres avoir oüi fort estimer les fresques de ce païs-là, sans distinction de ce qui y est estimable d'avec ce qui ne l'est pas, taschent de se dépoüiller de leur goust naturel pour les estimer aussi. Ils les voyent souvent, & à force de faire violence à leur bon sens, ils accoustument leurs yeux aux manières grises & sèches, lesquelles leur servent ensuite de règle pour juger de la Peinture. Ils content cette habitude comme un mystère qui leur avoit esté caché jusques alors, & croyent qu'il faut laisser aux âmes vulgaires l'admiration des tableaux.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Quand il [ndr : Poussin] envoya à M. de Chantelou ce Tableau de la Vierge dont je viens de parler, il voulut luy-mesme prévenir le jugement que l’on en feroit, & témoigner qu’il sçavoit bien qu’on n’y trouveroit pas tous les charmes du coloris & du pinceau. C’est pourquoy il écrivit à M. de Chantelou, de luy en mander librement son avis. Mais qu’il le prioit de considerer que tous les talens de la peinture ne sont pas donnez à un seul homme : qu’ainsi il ne faut point chercher dans son ouvrage ceux qu’il n’a pas receüs. Qu’il sçait bien que toutes les personnes qui le verront ne seront pas d’un mesme sentiment, parce que les goust des amateurs de la peinture ne sont pas moins differents que ceux des Peintres ; & cette difference de gousts est la cause de la diversité qui se trouve dans les travaux des uns & dans les jugemens des autres.



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Quotation

Ce fut  assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Et puis ne vous ay-je pas dit plusieurs fois que les maniéres de peindre sont differentes dans tous ceux qui travaillent, parce que les gousts ne sont point semblables, & que chacun croit voir les choses, & en juger mieux qu’un autre.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Quotation

Et puis ne vous ay-je pas dit plusieurs fois que les maniéres de peindre sont differentes dans tous ceux qui travaillent, parce que les gousts ne sont point semblables, & que chacun croit voir les choses, & en juger mieux qu’un autre.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Quotation

Mais la commune opinion n’admet aucune définition du Beau. Le Beau, dit-on, n’est rien de réel, chacun en juge selon son goût, en un mot, que le Beau n’est autre chose que ce qui plaît.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

En second lieu, comme le public n'est pas également éclairé dans tous les païs, il est des lieux où les gens du métier peuvent le tenir plus long-temps dans l'erreur qu'ils ne le peuvent tenir en d'autres contrées. Par exemple, les tableaux exposez dans Rome seront plutôt apprétiez à leur juste valeur, que s'ils étoient exposez dans Londres ou dans Paris. Les Romains naissent presque tous avec beaucoup de sensibilité pour la peinture, & leur goût naturel a encore des occasions fréquentes de se nourrir & de se perfectionner par les ouvrages excellens qu'on rencontre dans les églises, dans les palais, & presque dans toutes les maisons où l'on peut entrer. Les mœurs & les usages du païs y laissent encore un grand vuide dans les journées de tout le monde, même dans celles de ces Artisans condamnez ailleurs à un travail qui n'a gueres plus de relâche que le travail des Danaïdes. Cette inaction, l'occasion continuelle de voir de beaux tableaux, & peut-être aussi la sensibilité des organes plus grande dans ces contrées-là que dans des païs froids & humides, rendent le goût pour la peinture si géneral à Rome, qu'il est ordinaire d'y voir des tableaux de prix jusques dans des boutiques de Barbiers, & ces Messieurs en expliquent avec emphase les beautez à tous venans, pour satisfaire à la nécessité d'entretenir le monde, que leur profession leur imposoit dès le temps d'Horace. Enfin dans une nation industrieuse & capable de prendre toute sorte de peine pour gagner sa vie, sans être assujettie à un travail reglé, il s'est formé un peuple entier de gens qui cherchent à faire quelque profit par le moïen du commerce des tableaux. Ainsi le public de Rome est presque composé en entier de connoisseurs en peinture. Ils sont, si l'on veut, la plûpart des Connoisseurs médiocres, mais du moins ils ont un goût de comparaison qui empêche les gens du métier de leur en imposer aussi facilement qu'ils peuvent en imposer ailleurs. Si le public de Rome n'en sçait point assez pour réfuter méthodiquement leurs faux raisonnemens, il en sçait assez du moins pour en sentir l'erreur, & il s'informe après l'avoir sentie de ce qu'il faut dire pour la refuter. D'un autre côté les gens du métier deviennent plus circonspects lorsqu'ils sentent qu'ils ont affaire avec des hommes éclairez. Ce n'est point parmi les Théologiens que les Novateurs entreprennent de faire des Prosélites de bonne foi.


Quotation

Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu'à Rome. Les François en géneral n'ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les Italiens. La difference qui est entr'eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules & du côté de l'Italie ; mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris & les naturels de Rome. Il s'en faut encore beaucoup que nous ne cultivions autant qu'eux la sensibilité pour la peinture, commune à tous les hommes. Géneralement parlant, on n'acquiert pas ici aussi-bien qu'à Rome le goût de comparaison. Ce goût se forme en nous-mêmes & sans que nous y pensions. A force de voir des tableaux durant la jeunesse, l'idée, l'image d'une douzaine d'excellens tableaux se grave & s'imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s'il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l'ouvrage nouveau qu'on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, & dans quelle classe il est digne d'être placé. L'idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l'effet que les tableaux mêmes produiroient, s'ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite & connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l'un de l'autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Mais pour acquerir ce goût de comparaison qui fait juger du tableau présent par le tableau absent, il faut avoir été nourris dans le sein de la Peinture. Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d'esprit tranquille des tableaux. La liberté d'esprit n'est guéres moins necessaire pour sentir toute la beauté d'un ouvrage que pour le composer. Pour être bon spectateur il faut avoir cette tranquillité d'ame qui ne naît pas de l'épuisement, mais bien de la sérenité de l'imagination.


Quotation

Mais les hommes croïent naturellement que leur goût est le bon goût, & par consequent ils pensent que les personnes qui ne jugent pas comme eux, ont les organes imparfaits, ou qu'elles se laissent conduire à des prejugez qui les gouvernent, sans qu'elles-mêmes s'apperçoivent du pouvoir de la prévention.
Qu'on change les organes de ceux à qui l'on voudroit faire changer de sentiment sur les choses qui sont purement de goût, ou pour mieux dire, que chacun demeure dans son opinion, sans blâmer l'opinion de l'autre. Vouloir persuader à un homme qui préfère le coloris à l'expression, en suivant son propre sentiment, qu'il a tort, c'est lui vouloir persuader de prendre plus de plaisir à voir les tableaux du Poussin, que ceux du Titien.


Quotation

La prédilection qui nous fait donner la préférence à une partie de la peinture sur une autre partie, ne dépend donc point de notre raison, non plus que la prédilection qui nous fait aimer un genre de poësie preferablement aux autres. Cette prédilection dépend de notre goût, & notre goût dépend de notre organisation, de nos inclinations présentes, & de la situation de notre esprit. Quand notre goût change, ce n'est point parce qu'on nous aura persuadé d'en changer, mais c'est qu'il est arrivé en nous un changement physique. Il est vrai que souvent ce changement nous a été insensible, & que nous ne pouvons même nous en appercevoir qu'à l'aide de la réflexion, parce qu'il s'est fait peu à peu et imperceptiblement. L'âge & plusieurs autres causes, produisent en nous ces sortes de changemens. Une passion triste, nous fait aimer durant un temps des livres assortis à notre humeur présente. Nous changeons de goût aussi-tôt que nous sommes consolez.


Quotation

Premièrement, que le Génie, qui est le père des Arts, doit imiter la Nature. Secondement, qu’il ne doit l’imiter telle qu’elle est. Troisièmement, que le Goût pour qui les Arts sont faits & qui en est le Juge, doit être satisfait quand la Nature est bien choisie & bien imitée par les Arts. Ainsi, toutes nos preuves doivent tendre à établir l’imitation de la belle Nature. I° Par la nature & la conduite du Génie qui les produit. 2° Par celle du Goût qui en est l’arbitre. C’est la matière des deux premieres Parties.


Quotation

Le Génie & le Goût ont le même objet dans les Arts. L’un le crée, l’autre en juge. Ainsi, s’il est vrai que le Génie produit les ouvrages de l’Art par l’imitation de la belle Nature, comme on vient de le prouver ; le Goût qui juge des productions du Génie, ne doit être satisfait que quand la belle Nature est bien imitée.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

Quotation

C’est donc au goût seul qu’il appartient de faire des chefs-d’œuvres, & de donner aux ouvrages de l’Art, cet air de liberté & d’aisance qui en fait toujours le plus grand mérite.
[…]
Le Goût est dans les Arts ce que l’Intelligence est dans les Sciences. Leurs objets sont différens à la vérité ; mais leurs fonctions ont entre elles une si grande analogie, que l’une peut servir à expliquer l’autre.
Le vrai est l’objet des Sciences. Celui des Arts est le bon & le beau. Deux termes qui rentrent presque dans la même signification, quand on les examine de près.
L’intelligence considere ce que les objets sont en eux-mêmes, selon leur essence, sans aucun rapport avec nous. Le Goût au contraire ne s’occupe de ces mêmes objets que par rapport à nous. […] Une intelligence est donc parfaite, quand elle voit sans nuage, & qu’elle distingue sans erreur le vrai d’avec le faux, la probabilité d’avec l’évidence. De même le Goût est parfait aussi, quand, par une impression distincte, il sent le bon & le mauvais, l’excellent & le médiocre, sans jamais les confonde, ni les prendre l’un pour l’autre.
Je puis donc définir l’Intelligence : la facilité de connoître le vrai & le faux, & de les distinguer l’un de l’autre. Et le Goût : la facilité de sentir le bon, le mauvais, le médiocre, & de les distinguer avec certitude. […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.


Quotation

Le Goût est donc comme le Génie, une faculté naturelle qui ne peut avoir pour objet légitime que la Nature elle-même, ou ce qui lui ressemble. Transportons-le maintenant au milieu des Arts & voyons quelles sont les loix qu’il peut leur dicter.
I. Loi générale du Goût
Imiter la belle Nature
Le Goût est la voix de l’amour propre. Fait uniquement pour jouir, il est avide de tout ce qui peut lui procurer quelque sentiment agréable. Or, comme il n’y a rien qui nous flatte plus que ce qui nous approche de notre perfection, ou qui peut nous la faire espérer ; il s’ensuit, que notre Goût n’est jamais plus satisfait que quand on nous présente des objets, dans un dégré de perfection, qui ajoute à nos idées, & semble nous promettre des impressions d’un caractère ou d’un dégré nouveau, qui tirent notre cœur de cette espèce d’engourdissement où le laissent les objets auxquels il est accoutumé. […]


Quotation

le goût est une connoissance des regles par le sentiment. Cette maniere de les connoître est beaucoup plus fine & plus sure que celle de l’esprit : & même sans elle, toutes les lumieres de l’esprit sont presque inutiles à quiconque veut composer.

connoissance


Quotation

Il y a une autre espèce de comparaison, qui n’est point de l’art avec la belle nature. C’est celle des différentes impressions que produisent en nous les différens ouvrages du même art, dans la même espèce. C’est une comparaison qui se fait par le goût seul : au lieu que l’autre se fait par l’esprit. & comme la décision du goût, aussi-bien que celle de l’esprit, dépend de l’imitation, & de la qualité des objets qu’on imite ; on a dans cette décision du goût, celle de l’esprit même.


Quotation

(a) Nous prenons ici le Goût de même que dans le chapitre précédent, c’est-à-dire dans sa plus grande étendue ; comme un sentiment qui nous porte à ce qui nous paroît bon, ou nous détourne de ce qui nous paroît mauvais. En ce sens il peut s’appeler, Goût, dans ses commencemens ; Passion, dans ses progrès ; & Fureur ou Folie, sans ses excés.

passion · fureur · folie


Quotation

Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.

La Font oppose ici goût naturel et règles.


Quotation

Il paroît par le discours précédent que le sieur Bosse faisoit consister la plus grande difficulté & le principal mérite de la Gravûre à l’Eau Forte dans l’exacte imitation de celle au Burin : il a parfaitement réussi dans ce qu’il s’est proposé pour but, & ses ouvrages quoique très-avancés à l’Eau Forte ont néanmoins toute la netteté de ceux qui sont purement au Burin, & il est vrai-semblable que la fermeté du vernis dur dont il faisoit usage y a beaucoup contribué. Cependant on a abandonné non-seulement le vernis dur dont presque tous les Graveurs de son tems se servoient, maus même cette propreté dont il faisoit tant de cas, & que l’on évite en quelque façon présentement, parce qu’elle conduit à une roideur dans les tailles & une froideur de travail qui n’est plus du goût d’aujourd’hui. 
Ce changement de goût (si toutefois l’on doit juger du sentiment des graveurs du tems de Bosse par le sien) est fondé sur l’expérience & sur l’admiration que l’on a conçû pour les belles choses qui ont paru depuis M. Bosse, & qu’il n’a pû voit parce qu’elles n’ont été faites que long-tems après qu’il eût publié cet Ouvrage.

Bosse évoque ici le changement du goût du spectateur entre le XVIIe et XVIIIe siècle.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle : elle lui dessine ses contours avec sûreté & esprit, elle lui ébauche ses ombres avec un goût méplat & varié suivant les divers caracteres des sujets, comme terrains, pierres, paysages, ou étoffes de différente épaisseur, ce que le Burin ne fait qu’avec une égalité soit de ton, soit de couleur qui ne satisfait pas si bien :

Ce passage met en évidence le changement de goût dans la gravure en fonction des époques. Le « goût d’aujourd’hui » est différencié du goût de l’époque d’Abraham Bosse, et notamment en matière de gravure à l’eau-forte



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

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Quotation

[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

sentiment


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Quotation

Cependant, dit Pymandre, il me semble que vous venez de dire que ce qui fait le fort & le foible, & ce que vous appelez l’affoiblissement des teintes, se doit comprendre par les diverses coupes qu’on se peut imaginer à mesure que les corps s’éloignent.
Il est vray, luy repliquay-je, & c’est dont nous avons tantost parlé sur le sujet de la perspective de l’air, Leon Baptiste Albert appelle cette coupe Il taglio. J’avouë que dans la speculation l’on peut comprendre de quelle sorte les objets doivent diminuer de couleur par ces differentes coupes. Mais quand on vient à la pratique, cette speculation, ou le raisonnement qui fait juger combien un corps doit perdre de sa couleur lors qu’on le veut faire paroistre enfoncé dans le tableau dix ou douze pieds plus qu’un autre, ne peut apprendre précisément comment il faut diminuer la teinte de cette couleur, & la proportionner à son éloignement. Avez-vous jamais remarqué un maistre de Musique qui accorde un luth ou une harpe, il vous fera bien connoistre quel ton la premiere corde doit avoir avec la seconde, & ainsi des autres : mais il ne peut vous enseigner à les accorder, en vous disant qu’il faut tourner les chevilles un certain nombre de tours. Il faut que ce soit l’oreille qui juge de l’harmonie lors qu’on les touche. De mesme dans les couleurs on peut dire qu’il en faut diminuer ou augmenter la teinte à mesure qu’elles s’éloignent ou s’approchent ; ou qu’elles reçoivent divers accidents d’ombres & de lumieres : mais c’est à l’œil à juger du plus ou du moins de force qu’on leur donne en les meslant.
Cependant, interrompit Pymandre, si un grand ouvrage est traité avec le mesme art qu’un plus petit, le plus grand ne doit-il pas estre plus estimé ?
Il est vray, répondis-je ; mais c’est en quoy ils trouvoient de la difficulté, demeurant quasi tous d’accord qu’on ne peut faire paroistre tant de force dans une grande disposition d’ouvrage que dans un tableau qui est composé de peu de figures ; & la raison qu’ils en apportoient, est que la Peinture a ses bornes & ses limites […].
Cependant, dit Pymandre, il me semble qu’il faut bien plus de science pour traitter un grand ouvrage, pour le bien disposer, pour le remplir d’une infinité de differentes figures, d’habits, d’accomodemens, & pour y faire paroistre toutes ces parties dont vous m’avez parlé, que pour peindre seulement trois ou quatre figures ensemble.
Je vous avouë, repartis-je, que pour bien representer un grand sujet, il faut beaucoup plus de science, plus de travail, & que c’est-là qu’un Peintre a toute l’estendüe necessaire pour donner des marques de son sçavoir. Mais il y en a qui vous diront que ce n’est pas dans ces rencontres que l’art peut faire paroistre davantage sa puissance & la force de ses charmes.



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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
L’ARTISTE → qualités
CONCEPTS ESTHETIQUES → grandeur et noblesse

2 quotations

Quotation

Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie ; Je sçay bien que cette Vérité ainsi ingenuëment dite, pourra déplaire à quelques uns desdits Interessez, mais l’approbation des Sçavants & des Curieux raisonnables me suffit.

Antiques



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Il est presqu’impossible de distinguer le bon & le mauvais d’un ouvrage, & de justifier le jugement qu’on en aura porté, à moins qu’on n’ait acquis la connoissance des principes de la peinture. Par d’heureuses comparaisons, par une pénétration d’esprit, par une forte inclination, on se forme un grand goût, & une juste idée du vrai beau. L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Il faut faire distinction de ce que plusieurs Praticiens & Curieux nomment ordinairement bonnes Stampes. Ils estiment, à l’exclusion des autres, celles dont le trait ou dessein est bon, ou qu’il est estimé tel, sans considerer ny faire cas de la beauté de la graveure ; de sorte qu’ils feront bien plus d’estime d’une Stampe mal gravée mesme à l’eau forte ou en bois, que d’un du plus beau burin qui se voye.
Il y en a d’autres qui ayment & trouvent leur satisfaction en la beauté de la seule graveure sans s’arrester au dessein
 ; Mais pour les vrais Curieux & connaissans, ils seroient bien contens que l’un et l’autre fust ensemble ; Et d’autant qu’une bonne partie de bons Graveurs ne se sont pas trouvez aux lieux, à l’occasion, & dans le temps de plusieurs grands Peintres & Desseignateurs, ils ont gravé sur les œuvres de divers autres beaucoup moins excellents ; Or cela n’empesche pas que plusieurs dedites Stampes ne soient tres-necessaires ou profitables à quantité de personnes, principalement à ceux qui pratiquent la Graveure ; afin de s’instruire sur icelles.



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SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Der Andere Anhang worinnen was einem galant-homme von dem Kupferstechen zu verstehen nützlich ja fast nöthig ist/ kurtz und deutlich abgehandelt wird. II. Was bey Kupfferstücken in Obacht zu nehmen/ um wohl darinnen zu wählen, p. 176
9. Wenn einer diese Eigenschafften auf Kupffern/ nebst einer guten Zeichnung findet/ dabey in Acht nimt/ daß an einem Stück alles mit gleichen Fleiß gearbeitet/ der Abdruck aber noch schwartz und frisch ist/ so kan er versichert seyn/ daß es ein gutes Stück sey.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
L’ARTISTE → qualités

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1 quotations

Quotation

C'est avec les égards les plus scrupuleux, & l'intention très réelle de ne désobliger personne, que l'on rapporte les jugemens des connoisseurs judicieux, éclairés par des principes, & encor plus par cette lumière naturelle que l'on appelle sentiment, parce qu'elle fait sentir au premier coup d'œil la dissonance ou l'harmonie d'un ouvrage, & c'est ce sentiment qui est la base du goût, j'entens de ce goût ferme & invariable du vrai beau qui ne s'acquiert presque jamais, dès qu'il n'est pas le don d'une heureuse naissance.


1 quotations

Quotation

[…] pour venir à cette tres-delicate Critique avec la circonspection requise, suivant toûjours la Boussole de nos Principes il faudra se souvenir, avant toutes choses, de quelle importance nous y avons establi l’Observation du Costûme, dans lequel consiste le Principal Magistère de la Peinture, et qui en est, pour ainsi dire, l’esprit Raisonnable ; comme le reste du mechanique, le Coloris, et la Delineation des figures, en fait simplement le Corps avec ses Organes. De sorte que sans l’intelligence de cette première Partie, rien ne sçauroit estre bon aux yeux des Sçavants, qui sont  toûjours plus choquez des fautes de jugement, et de l’obmission des Circonstances essentielles et nécessaires à l’Histoire qu’on représente, que de ce qui pourroit estre deffectueux dans la Partie mechanique.


Quotation

Traveller.
           
The World here in our Northern Climates has a Notion of Painters little nobler than of Joyners and Carpenters, or any other Mechanick, thinking that their Art is nothing but the daubing a few Colours upon a Cloth, and believing that nothing more ought to be expected from them at best, but the making a like Picture of any Bodys Face.
            Which the most Ingenious amongst them perceiving, stop there ; and though their Genius would lead further into the noble part of History Painting, they check it, as useless to their Fortune, since they should have no
Judges of their Abilities, nor any proportionable Reward of their Undertakings. So that till the Gentry of this Nation are better Judges of the Art, ’tis impossible we should ever have an Historical Painter of our own, nor that any excellent Forreigner should stay amongst us.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Traveller.
           
The World here in our Northern Climates has a Notion of Painters little nobler than of Joyners and Carpenters, or any other Mechanick, thinking that their Art is nothing but the daubing a few Colours upon a Cloth, and believing that nothing more ought to be expected from them at best, but the making a like Picture of any Bodys Face.
            Which the most Ingenious amongst them perceiving, stop there ; and though their Genius would lead further into the noble part of History Painting, they check it, as useless to their Fortune, since they should have no
Judges of their Abilities, nor any proportionable Reward of their Undertakings. So that till the Gentry of this Nation are better Judges of the Art, ’tis impossible we should ever have an Historical Painter of our own, nor that any excellent Forreigner should stay amongst us.



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GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire

1 quotations

Quotation

Das I. Capitel. Von der Mahlerey und dero Hochachtung
Die edle Mahlerey-Kunst ist eine Tochter der Vernunft, und eine Ernährerin aller Künste und Wissenschaften. Sie war vor Zeiten bey den meisten Helden, und hochgelehrten Leuten in grosser Würde, derohalben auch in Sycion dem gemeinenen Mann solche Kunst zu lernen verbothen, und allein den Edelgebohrnen zugelassen. Und weil selbe so hoch geschätzet, so wurde sie auch mit sonderbarer hoher Hochachtung und Beschenckung beehret […]



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

4 quotations

Quotation

Mais il est des beautez dans ces sortes d'ouvrages, dira-t-on, dont les ignorans ne peuvent sentir le prix. Par exemple, un homme qui ne sçait pas que le même Pharnace qui s'étoit allié aux Romains contre son pere Mithridate, fut dépoüillé honteusement de ses Etats par Jules Cesar quelques années après, n'est point frappé de la beauté des vers prophétiques que Racine fait proferer à Mithridate expirant.
 
Tôt ou tard il faudra que Pharnace périsse, fiez-vous aux romains du soin de son supplice.
 
Les ignorans ne sçauroient donc juger d'un poëme en géneral, puisqu'ils ne conçoivent qu'une partie de ses beautez.
Je prie le lecteur de ne point oublier la premiere réponse que je vais faire à cette objection. C'est que je ne comprens point le bas peuple dans le public capable de prononcer sur les poëmes ou sur les tableaux, comme de décider à quel dégré ils sont excellens. Le mot de public ne renferme ici que les personnes qui ont acquis des lumieres, soit par la lecture, soit par le commerce du monde. Elles sont les seules qui puissent marquer le rang des poëmes & des tableaux, quoiqu'il se rencontre dans les ouvrages excellens des beautez capables de se faire sentir au peuple du plus bas étage & de l'obliger à se récrier. Mais comme il est sans connoissance des autres ouvrages, il n'est pas en état de discerner à quel point le poëme qui le fait pleurer est excellent, ni quel rang il doit tenir parmi les autres poëmes. Le public dont il s'agit ici est donc borné aux personnes qui lisent, qui connoissent les spectacles, qui voient et qui entendent parler de tableaux, ou qui ont acquis de quelque maniere que ce soit, ce discernement qu'on appelle goût de comparaison.


Quotation

Véritablement les personnes qui ne sçavent point l'art, ne sont pas capables de remonter jusques aux causes qui rendent un mauvais poëme ennuïeux. Elles ne sçauroient en indiquer les fautes en particulier. Aussi ne prétens-je pas que l'ignorant puisse dire précisement en quoi le Peintre ou le Poëte ont manqué, & moins encore leur donner des avis sur la correction de chaque faute, mais cela n'empêche pas que l'ignorant ne puisse juger par l'impression que fait sur lui un ouvrage composé pour lui plaire et pour l'intéresser, si l'Auteur a réussi dans son entreprise & jusqu'à quel point il y a réussi. L'ignorant peut donc dire que l'ouvrage est bon ou qu'il ne vaut rien, et même il est faux qu'il ne rende pas raison de son jugement. Le Poëte tragique, dira-t-il, ne l'a point fait pleurer, & le Poëte comique ne l'a point fait rire. Il allegue qu'il ne sent aucun plaisir en regardant le tableau qu'il refuse d'estimer. C'est aux ouvrages à se défendre eux-mêmes contre de pareilles critiques [...]



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Quotation

[…] il convient de parler des jugemens que les gens de métier en portent.  La plûpart juge mal des ouvrages pris en général, par trois raisons. La sensibilité des gens du métier est usée. Ils jugent du tout par voie de discussion. Enfin ils sont prévenus en faveur de quelque partie de l'art, & ils la comptent dans les jugements généraux qu'ils portent pour plus qu'elle ne vaut. Sous le nom de gens de métier, je comprens ici, non -seulement les personnes qui composent ou qui peignent, mais encore un grand nombre de ceux qui écrivent sur les poëmes & sur les tableaux.Quoi, me dira-t-on, plus on est ignorant en Poësie & en Peinture, plus on est en état de juger sainement des poëmes & des tableaux ! Quel Paradoxe !


Quotation

Il est quelques Artisans beaucoup plus capables que le commun des hommes, de porter un bon jugement sur les ouvrages de leur art. Ce sont les Artisans nez avec le génie de cet art, toujours accompagné d'un sentiment bien plus exquis, que n'est celui du commun des hommes. Mais un petit nombre d'Artisans est né avec du génie, & par conséquent avec cette sensibilité ou cette délicatesse d'organe superieure à celle que peuvent avoir les autres, & je soutiens que les Artisans sans génie jugent moins sainement que le commun des hommes , & si l'on veut, que les ignorans. Voici mes raisons. La sensibilité vient à s'user dans un Artisan sans genie, & ce qu'il apprend dans la pratique de son art, se sert le plus souvent qu'à dépraver son goût naturel. […]


1 quotations

Quotation

Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu'à Rome. Les François en géneral n'ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les Italiens. La difference qui est entr'eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules & du côté de l'Italie ; mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris & les naturels de Rome. Il s'en faut encore beaucoup que nous ne cultivions autant qu'eux la sensibilité pour la peinture, commune à tous les hommes. Géneralement parlant, on n'acquiert pas ici aussi-bien qu'à Rome le goût de comparaison. Ce goût se forme en nous-mêmes & sans que nous y pensions. A force de voir des tableaux durant la jeunesse, l'idée, l'image d'une douzaine d'excellens tableaux se grave & s'imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s'il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l'ouvrage nouveau qu'on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, & dans quelle classe il est digne d'être placé. L'idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l'effet que les tableaux mêmes produiroient, s'ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite & connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l'un de l'autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Mais pour acquerir ce goût de comparaison qui fait juger du tableau présent par le tableau absent, il faut avoir été nourris dans le sein de la Peinture. Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d'esprit tranquille des tableaux. La liberté d'esprit n'est guéres moins necessaire pour sentir toute la beauté d'un ouvrage que pour le composer. Pour être bon spectateur il faut avoir cette tranquillité d'ame qui ne naît pas de l'épuisement, mais bien de la sérenité de l'imagination.

 



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SPECTATEUR → perception et regard

3 quotations

Quotation

Il m’a paru que je devois commencer par lui démontrer que la Peinture n’aïant pour objet que la parfaite imitation de la nature, tout homme de bon sens & d’esprit, sans avoir étudié les misteres de cet art, est à portée de sentir les grandes beautez d’un tableau, & de faire souvent même d’excellentes critiques.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

ALCIPE. […]  Regardez donc avant que de le [ndr : le tableau] condamner entierement, si (la composition à part) vous ne serez point frappé de la verité de la couleur, de l’effet du clair-obscur, du relief des figures, & de plusieurs parties de l’imitation.


Quotation

Raisonne-t-on pour savoir si le ragoût est bon ou s'il est mauvais […] On n'en fait rien. Il est en nous un sens fait pour connoître si le Cuisinier a operé suivant les regles de son art. On goûte le ragoût, & même sans savoir ces regles, on connoît s'il est bon. Il en est de même en quelque maniere des ouvrages d'esprit & des tableaux faits pour nous plaire en nous touchant.
Il est en nous un sens destiné pour juger du mérite de ces ouvrages, qui consiste en l'imitation des objets touchans dans la nature. Ce sens est le sens même qui auroit jugé de l'objet que le Peintre, le Poëte ou le Musicien ont imité. C'est l'œil, lorsqu'il s'agit du coloris du tableau […] Lorsqu'il s'agit de connoître si l'imitation qu'on nous présente dans un poëme ou dans la composition d'un tableau, est capable d'exciter la compassion & d'attendrir, le sens destiné pour en juger, est le sens même qui auroit été attendri, c'est le sens qui auroit jugé de l'objet imité. C'est ce sixième sens qui est en nous, sans que nous voïions ses organes. C'est la portion de nous-mêmes qui juge sur l'impression qu'elle ressent, & qui pour me servir des termes de Platon, prononce, sans consulter la regle & le compas. C'est enfin ce qu'on appelle communément le sentiment
.
Le cœur s'agite de lui-même, & par un mouvement qui précede toute délibération, quand l'objet qu'on lui présente est réellement un objet touchant, soit que l'objet ait reçu son être de la nature, soit qu'il tienne son existence d'une imitation que l'art en a faite. Notre cœur est fait, il est organisé pour cela. Son opération prévient donc tous les raisonnemens, ainsi que l'operation de l'œil & celle de l'oreille les devancent dans leurs sensations.


3 quotations

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Faut-il, pour juger si ce portrait ressemble ou non, prendre les proportions du visage de notre ami, & les comparer aux proportions du portrait ? Les Peintres mêmes diront qu'il est en eux un sentiment subit qui devance tout examen, & que l'excellent tableau qu'ils n'ont jamais vu, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, de juger de son mérite en général : cette premiere appréhension leur suffit même pour nommer le noble Artisan du tableau.
On a donc raison de dire communément qu'avec de l'esprit on se connoît à tout, car on entend alors par le mot d'esprit, la justesse & la délicatesse du sentiment. […]



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Il y a une autre espèce de comparaison, qui n’est point de l’art avec la belle nature. C’est celle des différentes impressions que produisent en nous les différens ouvrages du même art, dans la même espèce. C’est une comparaison qui se fait par le goût seul : au lieu que l’autre se fait par l’esprit. & comme la décision du goût, aussi-bien que celle de l’esprit, dépend de l’imitation, & de la qualité des objets qu’on imite ; on a dans cette décision du goût, celle de l’esprit même.


1 quotations

Quotation

Le Goût est dans les Arts ce que l’Intelligence est dans les Sciences. Leurs objets sont différens à la vérité ; mais leurs fonctions ont entre elles une si grande analogie, que l’une peut servir à expliquer l’autre.
Le vrai est l’objet des Sciences. Celui des Arts est le bon & le beau. Deux termes qui rentrent presque dans la même signification, quand on les examine de près.
L’intelligence considere ce que les objets sont en eux-mêmes, selon leur essence, sans aucun rapport avec nous. Le Goût au contraire ne s’occupe de ces mêmes objets que par rapport à nous. […] Une intelligence est donc parfaite, quand elle voit sans nuage, & qu’elle distingue sans erreur le vrai d’avec le faux, la probabilité d’avec l’évidence. De même le Goût est parfait aussi, quand, par une impression distincte, il sent le bon & le mauvais, l’excellent & le médiocre, sans jamais les confonde, ni les prendre l’un pour l’autre.
Je puis donc définir l’Intelligence : la facilité de connoître le vrai & le faux, & de les distinguer l’un de l’autre. Et le Goût : la facilité de sentir le bon, le mauvais, le médiocre, & de les distinguer avec certitude. […]

goût


1 quotations

Quotation

Traveller.
           
The World here in our Northern Climates has a Notion of Painters little nobler than of Joyners and Carpenters, or any other Mechanick, thinking that their Art is nothing but the daubing a few Colours upon a Cloth, and believing that nothing more ought to be expected from them at best, but the making a like Picture of any Bodys Face.
            Which the most Ingenious amongst them perceiving, stop there ; and though their Genius would lead further into the noble part of History Painting, they check it, as useless to their Fortune, since they should have no
Judges of their Abilities, nor any proportionable Reward of their Undertakings. So that till the Gentry of this Nation are better Judges of the Art, ’tis impossible we should ever have an Historical Painter of our own, nor that any excellent Forreigner should stay amongst us.

Expression Judges of the Art



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GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire

2 quotations

Quotation

There never was a Picture in the World without some Faults, And very rarely is there one to be found which is not notoriously Defective in some of the Parts of Painting. In judging of it’s Goodness as a Connoisseur, one should pronounce it such in proportion to the Number of the Good Qualities it has, and their Degrees of Goodness.


Quotation

There are certain Arguments, which a Connoisseur is utterly to reject, as not being such by which he is to form his Judgement, of what Use soever they may be to those who are incapable of judging otherwise, or who will not take the Pains to know better. Some of these have really no Weight at all in them, the Best are very Precarious, and only serve to perswade us the Thing is good in general, not in what Respect it is so. That a Picture, or Drawing has been, or is much esteem’d by those who are believ’d to be good Judges ; Or is, or was Part of a famous Collection, cost so much, has a rich Frame, or the like. Whoever makes Use of such Arguments as these, besides that they are very fallacious, takes the Thing upon Trust, which a good Connoisseur should never condescend to do. That ‘tis Old, Italian, Rough, Smooth, &c. These are Circumstances hardly worth mentioning, and which belongs to Good, and Bad. A Picture, or Drawing may be too old to be good ; but in the Golden Age of Painting, which was that of Rafaelle, about Two Hundred Years ago, there were wretched Painters, as well as Before, and Since, and in Italy, as well as Elsewhere. Nor is a Picture the Better, or the Worse, for being Rough, or Smooth, simply consider’d. One of the commonest, and most deluding Arguments, that is used on this Occasion is, that ‘tis of the Hand of such a One. Tho’ this has no great Weight in it, even admitting it to be Really of that Hand, which very often ‘tis not : The best Masters have had their Beginnings, and Decays, and great Inequalities throughout their whole Lives, as shall be more fully noted hereafter. That ‘tis done by one who has had great Helps, and Opportunities of improving himself ; Or One that Says, he is a great Master, is what People are very ready to be cheated by, and not one Jot the less, for having found that they have been so cheated again, and again before, nay, tho’ they justly laugh at, and despise the Man at the same Time. To infer a Thing Is, because it Ought to be, is unreasonable, because Experience shou’d teach us better ; but often we think there are Opportunities, and Advantages where there are none, or not in the Degree we imagine ; and to take a Man’s own Word, where his Interest, or Vanity shou’d make us suspect him is sufficiently unaccountable. Whoever builds upon a Supposition of the good Sense, and Integrity of Mankind has a very Sandy Foundation, and yet ‘tis what we find many a Popular Argument rests upon, in Other Cases, as well as in This. But, (as I said) whether These kind of Arguments above-mention’d have any thing in them, or not, a Connoisseur has nothing to do with them ; his Business is to judge from the Intrinsic Qualities of the thing itself ;


2 quotations

Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65 
Worauf in allen Gemählden insgemein zu sehen ist/ um davon
judicieren zu können, [Proportion und Gliedmassen/ Stellung der Bilder/ Licht und Schatten/ Colorit].



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Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65-66 
Daß man hievon leichtlich judiciren lerne/ ist nichts bessers als fleißig in der Natur selbst darauf zu sehen/ wie die Schatten von der Sonnen fallen. Insgemein aber gilt diese Regul/ daß wer von Gemählden will judiciren lernen/ sich gewöhnen muß/ alles was er ansiehet/ fleißig und eigentlich durch und durch zu betrachten/und sich also die Natur in das Gedächtniß zu drücken.



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EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

3 quotations

Quotation

Je sçay bien qu’un excellent Peintre n’est pas loüable si dans ses Ouvrages il y laisse des fautes si grossieres, que tout le monde les aperçoive d’abord, & je sçay bien encore que la perspective est si necessaire à cet Art, que l’on peut dire qu’elle est mesme de son essence ; Cependant cette partie n’entre pas en comparaison avec tant d’autres qu’un Peintre doit sçavoir, & qui sont d’une étude bien plus longue & plus penible, puis que se conduisant en celle-là par le moyen de la regle & du compas, la pratique n’en est pas moins facile que les regles en sont aisées à comprendre, n’y ayant guere d’esprits, pour peu intelligens qu’ils soient, qui ne puissent s’y rendre sçavans en tres-peu de temps.
Des gens neanmoins qui n’ont de connoissance qu’en cela, ne laissent pas quelquefois de blâmer hautement un excellent Tableau, & de vouloir diminuer de l’estime du Peintre, parce qu’il aura omis ou négligé quelque chose qui n’ira pas chercher le point de veuë. Et comme ces Censeurs ont facilement appris la Perspective, mais qu’ils ignorent les parties les plus difficiles de la Peinture, ils se récrient sur ce petit defaut, comme s’ils estoient les Juges souverains des plus beaux Ouvrages ; bien qu’à dire vray, il se trouve beaucoup de telles gens qui sont fort peu capables d’en connoistre tout l’art & toute la perfection.

censeur


Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

goût



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SPECTATEUR → connaissance

36 quotations

Quotation

Quoy qu’il en soit, cela vous peut faire souvenir du reproche qu’on fit à un ancien Orateur, d’avoir tres-improprement parlé d’un Promethée peint au Temple de Minerve par Parrhasius dans Athenes. Car luy estant venu dans l’esprit ce qu’on avoit escrit des raisins representez par Zeuxis, que de petits moineaux venoient bequeter ; il creut qu’il ne pouvoit mieus louër ce Promethée, que de dire qu’il estoit tel qu’on voyoit souvent les Vaultours se jetter dessus pour luy perçer le costé, & se repaistre de son foye. Cependant c’estoit tres-mal rencontré à luy, d’autant qu’il n’est pas imaginable que des Vaultours entrent dans un Temple frequenté comme celuy de Minerve Athenienne, encore que des moineaux se puissent hazarder d’aller donner du bec contre un tableau exposé au jour, selon que les Peintres ont accoustumé d’y mettre leurs ouvrages.
L’on ne sçauroit donc nier que la peinture ne soit fort spirituelle, & tres propre à exercer le jugement en beaucoup de façons.

ZEUXIS, Raisins
PARRHASIOS, Prométhée



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Quoy qu’il en soit, cela vous peut faire souvenir du reproche qu’on fit à un ancien Orateur, d’avoir tres-improprement parlé d’un Promethée peint au Temple de Minerve par Parrhasius dans Athenes. Car luy estant venu dans l’esprit ce qu’on avoit escrit des raisins representez par Zeuxis, que de petits moineaux venoient bequeter ; il creut qu’il ne pouvoit mieus louër ce Promethée, que de dire qu’il estoit tel qu’on voyoit souvent les Vaultours se jetter dessus pour luy perçer le costé, & se repaistre de son foye. Cependant c’estoit tres-mal rencontré à luy, d’autant qu’il n’est pas imaginable que des Vaultours entrent dans un Temple frequenté comme celuy de Minerve Athenienne, encore que des moineaux se puissent hazarder d’aller donner du bec contre un tableau exposé au jour, selon que les Peintres ont accoustumé d’y mettre leurs ouvrages.
L’on ne sçauroit donc nier que la peinture ne soit fort spirituelle, & tres propre à exercer le jugement en beaucoup de façons.

ZEUXIS, Raisins
PARRHASIOS, Prométhée



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Du jugement
Il n’y a rien plus sujet à se tromper que le jugement d’un homme sur son propre ouvrage ; & le blasme de ses ennemis luy sert advantage que l’approbation de ses amis ; parce que ceux-cy ne sont qu’une mesme chose avec luy, & par consequent le peuvent aussi bien tromper que son jugement.


Quotation

Comment un peintre doit examiner & juger luy-mesme de son propre ouvrage
Il est certain qu’on remarque mieux les fautes d’autruy que les siennes propres ; c’est pourquoy le peintre doit commencer par se rendre bon perspectif , & puis s’acquerir une connaissance entière des mesures du corps humain : Il doit estre encore un bon Architecte, pour le moins en ce qui concerne la regularité exterieure d’un edifice & de toutes ses parties, & aux choses dont il n’a pas la pratique, il ne faut point qu’il neglige d’aller voir & desseigner sur le naturel, mais en travaillant il doit tenir devant lui un miroir plat, & considerer souvent son ouvrage dans ce miroir, qui le luy representera tout au rebours, & semblera de la main d’un autre maistre ; de sorte que par ce moyen il pourra mieux remarquer ses fautes : il sera utile encore de quitter souvent son travail, & de s’aller divertir un peu, parce qu’au retour on aura le jugement plus degagé & plus net, comme au contraire la trop grande attache & la contension trop assiduë hebete l’esprit, & le fait tomber en de lourdes fautes. 



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.


Quotation

Il n’y a presque personne qui n’ait quelque inclination pour la Peinture, & qui ne prétende mesme avoir un jugement naturel & un sens commun capables de contrôller les Ouvrages qu’elle produit. Car non seulement les gens de lettres & de condition, qui sont vray-semblablement toûjours les plus raisonnables, se piquent de s’y connoistre ; mais encore le vulgaire se mesle d’en dire son sentiment : si bien qu’il semble qu’elle soit en quelque façon le mestier de tout le monde.


Quotation

Car comme les hommes sont facilement ébloüis par les inventions nouvelles & extraordinaires des Ouvriers, ils ont besoin de quelque estude pour conduire leur jugement, & discerner si les choses sont faites avec raison & avec ordre.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

{LXIII. La Superbe nuit extremement au Peintre.}
* Tirez profit des avis des Gens Doctes, & ne méprisez pas avec arrogance d'apprendre le sentiment d'un chacun sur vos Ouvrages : tout le monde est aveugle sans ses propres affaires, & personne n'est capable de porter jugement dans sa propre cause […] 



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

513. [Et ensuite, lors que le Jugement se sera fortifié, & sera, etc.]. On a besoin d'avoir l'esprit formé & le jugement mur, pour faire l'application de ses Regles sur les bons Tableaux, & pour n'en prendre que le bon : […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Il faut donc pour bien juger de la Peinture, avoir l’esprit d'une grande étendüe, parce que ceux qui l’ont borné & qui ne sçauroient posséder la Théorie des principales parties de la Peinture distinctement & toutes ensemble, jugent cependant de toute la Peinture par rapport seulement à la partie qu'ils connoissent. Un homme, par exemple, qui sçaura bien I'Histoire & la Fable, ne donnera son approbation à un Tableau, qu'à mesure que l'une ou l'autre y sera fidèlement représentée.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Pour ce caractère d'esprit, & ce Génie du Peintre, répliqua Damon, je vous avoue que je n'y ay pas encore bien pénétré , & que toute ma connoissance n'est fondé que sur des marques fort sensibles que j'ay observées le mieux que j'ay pu , comme sont les touches du Pinceau , les couleurs fortes ou foibles , certains airs de testes que quelques Peintres ont affectez , certaines répétitions de draperies , de coiffures, d'ajustemens, &de figures toutes entières , enfin un je ne say quoy d'extérieur qui frappe tellement la veuë, qu'il est impossible de ne s'en pas souvenir ; mais je sens fort bien que toutes ces marques extérieures viennent plustost de la main du Peintre que de sa teste, & qu'ainsi elles ne répondent tout au plus qu'au dessus de lettre. C'est toujours quelque chose, dit Pamphile ; mais il faut que vous passiez plus avant, & que vous connoissiez aussi les manieres par le caractère de l'esprit du Peintre. Je n'en desespere pas, reprit Damon, si vous voulez, bien que nous en parlions quelquefois mais la chose dont ie desespere c'est d'acquérir cette connoissance que vous appeliez la véritable, & de savoir juger sainement d'un ouvrage de Peinture. Quoy cette connoissance fine, répliqua Pamphile, qui sait trouver
le bien & le mal d'un Tableau, & qui rend raison des beautez & des défauts qu'elle y découvre? Celle-là mesme, continua Damon; trouvez-vous que ce soit une témérité que d'y prétendre



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Voir des Tableaux, répondit Pamphile, les regarder comme si iamais vous n'en aviez veu, & en juger de bonne foy sans vouloir trop faire le Connoisseur, & préférer ceux qui vous surprendront davantage. Car les yeux d'un homme d'esprit, quoy que tout noeufs en Peinture, doivent estre touchez d'un beau Tableau ; & s'ils n'en sont pas contens, il faut conclure que la Nature y est mal imitée, & que les objets qui y sont peints, ne ressemblent gueres aux véritables.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Que c’est juger avec trop de précipitation de ses ouvrages ; qu’estant difficile de donner son jugement si l’on n’a une grande pratique & la theorie jointes ensemble, les sens seuls ne doivent pas le faire, mais y appeler la raison.


Quotation

Quand il [ndr : Poussin] envoya à M. de Chantelou ce Tableau de la Vierge dont je viens de parler, il voulut luy-mesme prévenir le jugement que l’on en feroit, & témoigner qu’il sçavoit bien qu’on n’y trouveroit pas tous les charmes du coloris & du pinceau. C’est pourquoy il écrivit à M. de Chantelou, de luy en mander librement son avis. Mais qu’il le prioit de considerer que tous les talens de la peinture ne sont pas donnez à un seul homme : qu’ainsi il ne faut point chercher dans son ouvrage ceux qu’il n’a pas receüs. Qu’il sçait bien que toutes les personnes qui le verront ne seront pas d’un mesme sentiment, parce que les goust des amateurs de la peinture ne sont pas moins differents que ceux des Peintres ; & cette difference de gousts est la cause de la diversité qui se trouve dans les travaux des uns & dans les jugemens des autres.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Le premier des Dialogues que je donne presentement, traite de la prevention trop favorable où on est pour les Anciens, parce que j’ay crû devoir commencer par détruire autant qu’il me seroit possible, ce qui empeschera toûjours de porter un jugement équitable sur la question dont il s’agit.


Quotation

Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

opinion


Quotation

Ainsi à regarder la peinture en elle-mesme & entant qu'elle est un amas de preceptes pour bien peindre, elle est aujourd’huy plus parfaite & plus accomplie qu’elle ne l'a jamais esté dans tous les autres siecles. Je diray mesme que je ne suis pas bien ferme dans le jugement que je fais en faveur des tableaux de ces anciens Maistres, non seulement à cause du respect dont je suis prevenu pour leur ancienneté, mais aussi à cause de la beauté réelle & effective que cette ancienneté leur donne. Car il y a dans les ouvrages de peinture comme dans les viandes nouvellement tuées ou dans les fruits fraischement cueillis, une certaine crudité & une certaine âpreté, que le temps seul peut cuire & adoucir en amortissant ce qui est trop vif, en affoiblissant ce qui est trop fort, & en noyant les extremitez des couleurs les unes dans les autres : Qui sçait le degré de beauté qu'aquerrera la Famille de Darius, le Triomphe d'Alexandre, la deffaite de Porus & les autres grands tableaux de cette force, quand le Temps aura achevé de les peindre, & y aura mis les mesmes beautez dont il a enrichi le saint Michel & la sainte Famille. Car je remarque que ces grands tableaux de Monsieur le Brun se peignent & s'embellissent tous les jours, & que le Temps en y adoucissant ce que le pinceau judicieux luy a donné pour estre adouci & pour amuser son activité, qui sans cela s'attaqueroit à la substance de l’ouvrage, y ajoûte mille nouvelles graces, qu’il n’y a que luy seul qui puisse donner.


Quotation

Non seulement je vous ay nommé les plus celebres Peintres Italiens, mais encore ceux des autres Nations qui ont travaillé avec quelque estime. Je vous ay marqué leurs differens talens & le merite de leurs ouvrages. C’est en voyant ces ouvrages que je vous ay parlé des qualitez necessaires à former un sçavant Peintre. Ainsi vous pouvez sçavoir à present que pour bien juger d’un Tableau & du génie de celuy qui l’a fait, il faut regarder d’abord quelle est l’Invention de ce Tableau ; si elle est nouvelle, noble, & agréable. La Disposition du sujet vous fera connoistre si l’Ouvrier a du jugement, & s’il a de l’ordre dans ses pensées. 
C’est dans le Dessein que le Peintre fait paroistre la force de son esprit, sa science, & le fruit de ses études. Par le dessein il donne de la proportion, de la grace, & de la majesté à ses figures ; il en marque toutes les beautez ; il exprime les differentes actions du corps, & les divers mouvemens de l’ame. Enfin le dessein est comme la base & le fondement de toutes les autres parties.
Quelque beauté de coloris qu’un Peintre donne à son ouvrage, quelque amitié de couleurs qu’il observe pour le rendre aimable & plaisant à la veûë ; quelques jours & quelques lumieres qu’il y répande pour l’éclairer, de quelques ombres dont il tasche de le fortifier & d’en relever l’eclat, si tout cela n’est soustenu du dessein, il n’y a rien, pour beau & riche qu’il soit, qui puisse subsister. On doit prendre garde sur tout à ne se pas laisser surprendre par les charmes du coloris ; car la Couleur n’est pas seulement un agrément que la nature ait répandu sur les corps pour en relever la beauté & leur donner plus d’éclat, mais elle est aussi dans les ouvrages de l’art un moyen merveilleux pour les rendre agréables, & donner plus de plaisir à la veûë. [...] De sorte qu’il faut mettre de la différence entre le jugement que l’œil fait d’un Tableau, & celuy que la raison en donne. L’un se contente de l’agrément, & l’autre recherche la vérité & la vraysemblance. Et par là vous voyez que la lumiere de la raison doit conduire toutes les operations de l’esprit, comme la lumiere de l’œil les operations de la main, & qu’il est besoin d’une grande prudence & d’un grand discernement pour distribuer toutes choses selon qu’il est necessaire pour la perfection d’un ouvrage, lors qu’on veut satisfaire également les yeux & la raison. Et c’est ce discernement & cette prudence qu’il faut beaucoup estimer dans les Ouvriers & dans leurs ouvrages.



Other conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Non seulement je vous ay nommé les plus celebres Peintres Italiens, mais encore ceux des autres Nations qui ont travaillé avec quelque estime. Je vous ay marqué leurs differens talens & le merite de leurs ouvrages. C’est en voyant ces ouvrages que je vous ay parlé des qualitez necessaires à former un sçavant Peintre. Ainsi vous pouvez sçavoir à present que pour bien juger d’un Tableau & du génie de celuy qui l’a fait, il faut regarder d’abord quelle est l’Invention de ce Tableau ; si elle est nouvelle, noble, & agréable. La Disposition du sujet vous fera connoistre si l’Ouvrier a du jugement, & s’il a de l’ordre dans ses pensées. 
C’est dans le Dessein que le Peintre fait paroistre la force de son esprit, sa science, & le fruit de ses études. Par le dessein il donne de la proportion, de la grace, & de la majesté à ses figures ; il en marque toutes les beautez ; il exprime les differentes actions du corps, & les divers mouvemens de l’ame. Enfin le dessein est comme la base & le fondement de toutes les autres parties.
Quelque beauté de coloris qu’un Peintre donne à son ouvrage, quelque amitié de couleurs qu’il observe pour le rendre aimable & plaisant à la veûë ; quelques jours & quelques lumieres qu’il y répande pour l’éclairer, de quelques ombres dont il tasche de le fortifier & d’en relever l’eclat, si tout cela n’est soustenu du dessein, il n’y a rien, pour beau & riche qu’il soit, qui puisse subsister. On doit prendre garde sur tout à ne se pas laisser surprendre par les charmes du coloris ; car la Couleur n’est pas seulement un agrément que la nature ait répandu sur les corps pour en relever la beauté & leur donner plus d’éclat, mais elle est aussi dans les ouvrages de l’art un moyen merveilleux pour les rendre agréables, & donner plus de plaisir à la veûë. [...] De sorte qu’il faut mettre de la différence entre le jugement que l’œil fait d’un Tableau, & celuy que la raison en donne. L’un se contente de l’agrément, & l’autre recherche la vérité & la vraysemblance. Et par là vous voyez que la lumiere de la raison doit conduire toutes les operations de l’esprit, comme la lumiere de l’œil les operations de la main, & qu’il est besoin d’une grande prudence & d’un grand discernement pour distribuer toutes choses selon qu’il est necessaire pour la perfection d’un ouvrage, lors qu’on veut satisfaire également les yeux & la raison. Et c’est ce discernement & cette prudence qu’il faut beaucoup estimer dans les Ouvriers & dans leurs ouvrages.



Other conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Mais la commune opinion n’admet aucune définition du Beau. Le Beau, dit-on, n’est rien de réel, chacun en juge selon son goût, en un mot, que le Beau n’est autre chose que ce qui plaît.



Other conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Il est certain que le genie à qui nous devons la naissance des beaux Arts, ne sauroit les conduire à leur perfection sans le secours de la culture ; que cette culture est impratiquable sans la direction du jugement ; & que le jugement ne sauroit rien faire sans la possession des vrais principes.
 



Other conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

Quotation

Are. [...] Je dis donc que le jugement nait generalement dans l’homme de l’experience, & de la pratique ; & comme il n’y a rien de plus familier à l’homme, que l’homme ; il s’ensuit que tout homme est en etat de juger ce qu’il voit tous les jours, comme de la beauté, de la laideur de qui que ce soit ; parceque la beauté ne provient que d’une proportion convenable, qui se trouve ordinairement dans le corps humain, & principalement à chaque membre en particulier ; & le contraire derive de la disproportion : ce jugement dependant des yeux, qui est donc celui qui ne distingue le beau d’avec le laid ? persone assurement, s’il n’est privé de vûe & de jugement ; si bien que l’homme aiant connoissance, comme il à, de la veritable forme que doit avoir notre individu, qui est l’homme vivant ; pour quoi ne l’auroit-il pas de celle qui est feinte & morte, qui est la peinture ?



Other conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Les productions nouvelles sont d'abord apprétiées par des Juges d'un caractere bien different, les gens du métier & le public. Elles seroient bien-tôt estimées à leur juste valeur si le public étoit aussi capable de défendre son sentiment & de le faire valoir, qu'il sçait bien prendre son parti. Mais il a la facilité de se laisser troubler dans son jugement par les personnes qui font profession de l'art auquel l'ouvrage nouveau ressortit. Ces personnes sont sujettes à faire souvent un mauvais rapport par les raisons que nous exposerons. Elles obscurcissent donc la verité, de maniere que le public reste durant un tems dans l'incertitude ou dans l'erreur. Il ne sçait pas précisément quel titre mérite l'ouvrage nouveau défini en géneral. Le public demeure indécis sur la question, s'il est bon ou mauvais à tout prendre, & il en croit même quelquefois les gens du métier qui le trompent, mais il ne les croit que durant un tems assez court. Quand je dis que le jugement du public est désinteressé, je ne prétends pas soutenir qu'il ne se rencontre dans le public des personnes que l'amitié séduit en faveur des Auteurs, & d'autres que l'aversion prévient contr'eux. Mais elles sont en si petit nombre par comparaison aux Juges désinteresses, que leur prévention n'a guères d'influence dans le suffrage général.


Quotation

[…] il convient de parler des jugemens que les gens de métier en portent.  La plûpart juge mal des ouvrages pris en général, par trois raisons. La sensibilité des gens du métier est usée. Ils jugent du tout par voie de discussion. Enfin ils sont prévenus en faveur de quelque partie de l'art, & ils la comptent dans les jugements généraux qu'ils portent pour plus qu'elle ne vaut. Sous le nom de gens de métier, je comprens ici, non -seulement les personnes qui composent ou qui peignent, mais encore un grand nombre de ceux qui écrivent sur les poëmes & sur les tableaux.Quoi, me dira-t-on, plus on est ignorant en Poësie & en Peinture, plus on est en état de juger sainement des poëmes & des tableaux ! Quel Paradoxe !



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Il est quelques Artisans beaucoup plus capables que le commun des hommes, de porter un bon jugement sur les ouvrages de leur art. Ce sont les Artisans nez avec le génie de cet art, toujours accompagné d'un sentiment bien plus exquis, que n'est celui du commun des hommes. Mais un petit nombre d'Artisans est né avec du génie, & par conséquent avec cette sensibilité ou cette délicatesse d'organe superieure à celle que peuvent avoir les autres, & je soutiens que les Artisans sans génie jugent moins sainement que le commun des hommes , & si l'on veut, que les ignorans. Voici mes raisons. La sensibilité vient à s'user dans un Artisan sans genie, & ce qu'il apprend dans la pratique de son art, se sert le plus souvent qu'à dépraver son goût naturel. […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Un Peintre, qui de tous les talens nécessaires pour former le grand Artisan, n'a que celui de bien colorier, décide qu'un tableau est excellent, ou qu'il ne vaut rien en général, suivant que l'ouvrier a sçu manier la couleur. La poësie du tableau est comptée pour peu de chose, pour rien même dans son jugement. Il fait sa décision sans aucun égard aux parties de l'art qu'il n'a point […].


Quotation

Il faut bien que les gens du métier se trompent souvent, puisque leurs jugemens sont ordinairement cassez par ceux du public, dont la voix fit toujours la destinée des ouvrages. C'est toujours le sentiment du public qui l'emporte, lorsque les Maîtres de l'art & lui sont d'avis differens sur une production nouvelle.


Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Mais les hommes croïent naturellement que leur goût est le bon goût, & par consequent ils pensent que les personnes qui ne jugent pas comme eux, ont les organes imparfaits, ou qu'elles se laissent conduire à des prejugez qui les gouvernent, sans qu'elles-mêmes s'apperçoivent du pouvoir de la prévention.
Qu'on change les organes de ceux à qui l'on voudroit faire changer de sentiment sur les choses qui sont purement de goût, ou pour mieux dire, que chacun demeure dans son opinion, sans blâmer l'opinion de l'autre. Vouloir persuader à un homme qui préfère le coloris à l'expression, en suivant son propre sentiment, qu'il a tort, c'est lui vouloir persuader de prendre plus de plaisir à voir les tableaux du Poussin, que ceux du Titien.


Quotation

Il est presqu’impossible de distinguer le bon & le mauvais d’un ouvrage, & de justifier le jugement qu’on en aura porté, à moins qu’on n’ait acquis la connoissance des principes de la peinture. Par d’heureuses comparaisons, par une pénétration d’esprit, par une forte inclination, on se forme un grand goût, & une juste idée du vrai beau. L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

La mémoire agit plus que le jugement, quand on ne décide que par pratique ; mais quand on y employe des principes, cela est different. On entrevoit dans un dessein deux caracteres, celui de l’esprit & celui de la main.
Le caractere de l’esprit dans un dessein s’entend de l’élevation de la pensée, de l’enthousiasme, & du grand jugement, qu’un peintre fait voir dans l’ordonnance de son ouvrage.

Le caractere de la main est la pratique que chaque maître se forme pour operer ; cette main doit obéïr à la pensée, elle n’est que son esclave, c’est la tête qui fait le dessein, & qui conduit la main qui ne fait qu’executer.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

On juge souvent d’un ouvrage par rapport à la partie de la peinture qui nous flatte le plus & celle que nous connoissons le mieux, supposé celle du coloris, c’est cependant mal en juger, il faut qu’un bon connoisseur ait l’esprit d’une grande étenduë pour embrasser toutes les parties de la peinture & les aimer toutes à la fois ; les esprits bornés dans cette matiere ne peuvent être des juges équitables, ceux qui sont prévenus en sont aussi peu capables.
Dans un pareil jugement, il faut presque autant de lumieres pour sentir le beau que pour le produire, on doit considerer la composition, la disposition, & l’invention comprises sous le terme général d’ordonnance. Le dessein est encore une des principales parties, il a pour baze la proportion, l’anatomie & la correction.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

 […] cet ouvrage a des défauts : c’est un jugement qui est à la portée de la plupart. Mais, cet ouvrage n’a pas toutes les beautés dont il est susceptible : c’en est un autre, qui n’est réservé qu’aux esprits du premier ordre. On sent, après ce qu’on vient de dire, la raison de l’un & de l’autre. Pour porter le premier jugement, il suffit de comparer ce qui a été fait, avec les idées ordinaires qui sont toujours avec nous, quand nous voulons juger des arts, & qui nous offrent des plans, au moins ébauchés, où nous pouvons reconnoître les principales fautes de l’exécution. Au lieu que pour le second, il faut avoir compris toute l’étendue possible de l’art, dans le sujet choisi par l’auteur. Ce qui est à peine accordé aux plus grands génies.


Quotation

[...] persuadé que ce même Public dont les jugemens sont si souvent bizarres, & injustes par leur prévention ou leur précipitation, se trompe rarement quand toutes ses voix se concilient sur le mérite ou sur les défauts de quelque ouvrage que ce soit.


Quotation

Ce n'est donc que dans la bouche de ces hommes fermes & équitables qui composent le Public, & qui ne tiennent aux Auteurs, ni par le sang, ni par, l'amitié, ni par la profession, que l'on peut trouver le langage de la vérité. L'opinion que je combats est d'autant plus singulièrement étonnante, que ceux qui en sont les inventeurs la condamnent eux mêmes, en exposant toutes les années leurs Ouvrages aux jugemens du Public ; exposition qui ne seroit plus qu'un vain spectacle pour amuser sa curiosité & braver sa critique uniquement reservée aux confreres. Je ne m'arrêterai pas davantage à réfuter sérieusement une opinion aussi nouvelle que dangereuse, & je penserai toujours que rien ne sçauroit être plus utile & plus important aux Arts comme aux Lettres, que les décisions du Public, lorsqu'elles pourront arriver jusqu'aux Auteurs, sans passer par l'organe perfide des adulateurs, ou par celui des admirateurs ignorans.

Opposition entre le goût du public et celui des auteurs, opposition entre l'inné et l'acquis. définition même de ce qu'est la critique.



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16 quotations

Quotation

[…] la mesme science [ndr : la peinture] qui nous apprent ce que c’est que la Verité, nous fait de plus des leçons du mensonge : Outre que la peinture nous porte à bien juger de la perfection de tout ce qu’elle represente, son art nous fournit des maximes pour en discerner les vices, & pour en censurer ce qu’y rencontre de defectueus. Ainsi l’on trouva mesme à redire au Jupiter de Phidias […].

PHIDIAS, Zeus, c. 435 BC, chryselephantine statue, lost (5th century AD)



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie. Le plus grand avantage qu’on en tire vient de ce qu’elle nous apprend en quoy consiste la derniere beauté de tout ce qu’elle represente, & sur tout celle du corps humain. 
Car il ne faut point douter que les Peintres ne jugent ordinairement mieux que le reste des hommes de la beauté humaine, tant à cause des regles qu’ils ont à l’esgard de la proportion des membres & des couleurs qui leur conviennent, que pource qu’ils exerçent incessamment leur imagination à former des Idées les plus accomplies qui se puissent concevoir.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Comme il faut qu’un peintre soit desireux d’entendre le jugement d’un chacun sur ses ouvrages
[…] c’est pourquoy si nous connaissons que les hommes soient capables de remarquer des deffauts dans les œuvres mesmes de la nature, à combien plus forte raison pourront-ils juger aussi de nos fautes.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

C’est une espece de plaisir de sçavoir les noms des Peintres, de connoistre leurs differentes manieres, & de discerner les originaux des copies : mais c’est un contentement achevé quand on peut juger de l’art & de la science de l’Ouvrier ; qu’on entre dans ses pensées, & que l’on comprend l’artifice dont il s’est servi pour tromper les yeux, & perfectionner son ouvrage.



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Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Raisonne-t-on pour savoir si le ragoût est bon ou s'il est mauvais […] On n'en fait rien. Il est en nous un sens fait pour connoître si le Cuisinier a operé suivant les regles de son art. On goûte le ragoût, & même sans savoir ces regles, on connoît s'il est bon. Il en est de même en quelque maniere des ouvrages d'esprit & des tableaux faits pour nous plaire en nous touchant.
Il est en nous un sens destiné pour juger du mérite de ces ouvrages, qui consiste en l'imitation des objets touchans dans la nature. Ce sens est le sens même qui auroit jugé de l'objet que le Peintre, le Poëte ou le Musicien ont imité. C'est l'œil, lorsqu'il s'agit du coloris du tableau […] Lorsqu'il s'agit de connoître si l'imitation qu'on nous présente dans un poëme ou dans la composition d'un tableau, est capable d'exciter la compassion & d'attendrir, le sens destiné pour en juger, est le sens même qui auroit été attendri, c'est le sens qui auroit jugé de l'objet imité. C'est ce sixième sens qui est en nous, sans que nous voïions ses organes. C'est la portion de nous-mêmes qui juge sur l'impression qu'elle ressent, & qui pour me servir des termes de Platon, prononce, sans consulter la regle & le compas. C'est enfin ce qu'on appelle communément le sentiment
.
Le cœur s'agite de lui-même, & par un mouvement qui précede toute délibération, quand l'objet qu'on lui présente est réellement un objet touchant, soit que l'objet ait reçu son être de la nature, soit qu'il tienne son existence d'une imitation que l'art en a faite. Notre cœur est fait, il est organisé pour cela. Son opération prévient donc tous les raisonnemens, ainsi que l'operation de l'œil & celle de l'oreille les devancent dans leurs sensations.


Quotation

Faut-il, pour juger si ce portrait ressemble ou non, prendre les proportions du visage de notre ami, & les comparer aux proportions du portrait ? Les Peintres mêmes diront qu'il est en eux un sentiment subit qui devance tout examen, & que l'excellent tableau qu'ils n'ont jamais vu, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, de juger de son mérite en général : cette premiere appréhension leur suffit même pour nommer le noble Artisan du tableau.
On a donc raison de dire communément qu'avec de l'esprit on se connoît à tout, car on entend alors par le mot d'esprit, la justesse & la délicatesse du sentiment. […]



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.


Quotation

Le dessein de la Poësie & de la Peinture étant de toucher & de plaire, il faut que tout homme qui n'est pas stupide, puisse sentir l'effet des bons vers & des bons tableaux. Tous les hommes doivent donc être en possession de donner leur propre suffrage, quand il s'agit de décider si les poëmes ou les tableaux sont l'effet qu'ils doivent faire. Ainsi, lorsqu'il s'agit de juger de l'effet général d'un ouvrage, le Peintre & le Poëte sont aussi peu en droit de recuser ceux qui ne sçavent pas leur art, qu'un Chirurgien serait en droit de récuser le témoignage de celui qui a souffert une opération. […]


Quotation

D’ailleurs les Peintres & les Poètes s’occupent à des imitations comme d’un travail au lieu que les autres hommes ne les regardent que comme des objets intéressans. Ainsi le sujet de l'imitation, c'est-à-dire, les événements de la tragédie et les expressions du tableau, font une impression légère sur les peintres et sur les poètes sans génie, qui sont ceux dont je parle. Ils sont en habitude d'être émus si faiblement, qu'ils ne s'aperçoivent presque pas si l'ouvrage les touche ou s'il ne les touche point. Leur attention se porte toute entière sur l'exécution mécanique, et c'est par là qu'ils jugent de tout l'ouvrage. La poësie du tableau de Monsieur Coypel, qui représente le sacrifice de la fille de Jephté, ne les saisit point, & ils l'examinent avec autant d'indifférence que s'il représentoit une danse de païsans, ou quelque sujet incapable de nous émouvoir. […].



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SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Nous avons vu que les beautez de l'exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux. Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n'ont pas l'intelligence de la mécanique de la Peinture, mais ils ne sont pas capables pour cela de juger du mérite du Peintre. Pour être capable de juger de la loüange qui lui est dûë, il faut sçavoir à quel degré il a approché des Artisans qui sont les plus vantez pour avoir excellé dans les parties où il a réussi lui-même. […] Ainsi la réputation du Peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l'expression des passions & dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu'il compare par lui-même, & dont il juge par lui-même.[….].
On voit bien, qu'en suivant ce principe, je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges auxquels il faut s'en rapporter, quand on veut sçavoir, autant qu'il est possible, quel Peintre a fait le tableau ; mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l'excellence d'un tableau, dès qu'on connaît son Auteur. 


Quotation

Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu'à Rome. Les François en géneral n'ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les Italiens. La difference qui est entr'eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules & du côté de l'Italie ; mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris & les naturels de Rome. Il s'en faut encore beaucoup que nous ne cultivions autant qu'eux la sensibilité pour la peinture, commune à tous les hommes. Géneralement parlant, on n'acquiert pas ici aussi-bien qu'à Rome le goût de comparaison. Ce goût se forme en nous-mêmes & sans que nous y pensions. A force de voir des tableaux durant la jeunesse, l'idée, l'image d'une douzaine d'excellens tableaux se grave & s'imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s'il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l'ouvrage nouveau qu'on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, & dans quelle classe il est digne d'être placé. L'idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l'effet que les tableaux mêmes produiroient, s'ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite & connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l'un de l'autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Mais pour acquerir ce goût de comparaison qui fait juger du tableau présent par le tableau absent, il faut avoir été nourris dans le sein de la Peinture. Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d'esprit tranquille des tableaux. La liberté d'esprit n'est guéres moins necessaire pour sentir toute la beauté d'un ouvrage que pour le composer. Pour être bon spectateur il faut avoir cette tranquillité d'ame qui ne naît pas de l'épuisement, mais bien de la sérenité de l'imagination.

 



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Avant que de pouvoir juger sur un certain ouvrage de l'état où l'Art étoit lorsque cet ouvrage a été fait, il faudroit sçavoir positivement en quelle estime l'ouvrage a été dans ce tems-là, & s'il y a passé pour un ouvrage excellent en son genre. Quelle injustice, par exemple, ne feroit-on pas à notre siecle, si l'on jugeoit un jour de l'état où la Poësie dramatique auroit été de notre tems sur les Tragedies de Pradon, ou sur les Comedies de Hauteroche ? Dans les tems les plus féconds en Artisans excellens, il se rencontre encore un plus grand nombre d'Artisans médiocres. Il s'y fait encore plus de mauvais ouvrages que de bons. Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l'état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu'il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le tems même que le Mausolée fut élevé, & par conséquent sous le regne de cet Empereur. Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les Peintres de son tems, l'Artisan qui les fit, & ce qui se passe aujourd'hui dans tous les pays, nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des Artisans très-inférieurs à ceux qu'elle fait négliger.


Quotation

Il ne serait pas moins téméraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne sont point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois ; suivant les apparences, les récits des Ecrivains qui nous racontent ces effets sont exagérez, & nous ne savons pas même ce qu'il en faudrait rabattre pour les réduire à l'exacte vérité. Nous ignorons quelle part de la nouveauté de l'art de la Peinture peut avoir euë dans l'impression qu'on veut que certains tableaux aïent fait sur les Spectateurs. Les premiers tableaux, quoique grossiers, ont dû paroître des ouvrages divins. L'admiration pour un art naissant, fait tomber aisément dans l'exagération ceux qui parlent de ses productions ; & et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore les rendre plus merveilleux qu'elle ne les a reçus. On trouve même dans les Ecrivains anciens des choses impossibles données pour vraies, & des choses ordinaires traitées de prodiges. […]
Enfin on ne sçaurait donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vus absolument, & qui ne connaissent pas la manière du Peintre qui les a faits, que par voies de comparaison. […]
Les Ecrivains modernes qui ont traité de la peinture antique, nous rendent plus sçavans, sans nous rendre plus capables de juger la question de la supériorité des Peintres de l'antiquité sur les Peintres modernes. Ces Ecrivains se sont contentez de ramasser les passages des Auteurs anciens qui parlent de la peinture & de les commenter en Philologues, sans les expliquer par l'examen de ce que nos Peintres font de nos jours, & même sans appliquer ces passages aux morceaux de la peinture antique qui subsistent encore. Je pense donc que pour se former une idée aussi distincte de la peinture antique qu'il soit possible de l'avoir, il faut considérer séparément ce que nous pouvons sçavoir de certain sur la composition, sur l'expression & sur le coloris des Peintres de l'antiquité.     
[…] Quant à la composition Pittoresque, il faut avoüer que dans les monumens qui nous restent, les Peintres anciens ne paroissent pas superieurs, ni même égaux à Raphaël, à Rubens, à Paul Véronèse, ni à M. Le Brun. […]
Quant à la composition Poëtique, les anciens se piquoient beaucoup d'exceller dans ses inventions, & comme ils étoient grands dessinateurs, ils avoient toutes sortes de facilité pour y réussir. Pour donner une idée du progrès  que les anciens avoient faits dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu'en disent les Ecrivains de l'antiquité. De toute les parties de la peinture, la composition Poëtique est celle dont il est le plus facile de donner une idée avec des paroles. C'est celle qui se décrit le mieux.
[…]
Comme le temps a éteint les couleurs, & confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les Peintres de l'antiquité ont excellé dans le coloris, ni s'ils ont égalé ou surpassé les grands Maîtres de l'Ecole Lombarde dans cette aimable partie de la peinture.[…] On ne sçaurait décider notre question sur des récits. Il faut pour la juger, avoir des pièces de comparaison. Elles nous manquent. 
On ne sçauroit former un préjugé contre le coloris des anciens, de ce qu'ils ignoroient l'invention de détremper les couleurs avec de l'huile […]
Quant au clair-obscur & à la distribution enchanteresse des lumières & des ombres, ce que Pline &  les autres Ecrivains de l'antiquité en disent, est si positif, leurs récits sont si bien circonstanciez & si vrai-semblables, qu'on ne sçauroit disconvenir que les anciens n'égalassent du moins dans cette partie de l'Art, les plus grands peintres modernes. Les passages de ces Auteurs que nous ne comprenions pas bien, quand les Peintres modernes ignoroient encore quel prestige on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez & si difficiles, depuis que Rubens, ses Eleves, Polidore de Caravage, & d'autres Peintres les ont expliquez bien mieux, les pinceaux à la main, que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres. 
[…] je dis, que les Peintres qui ont travaillé depuis la renaissance des Arts, que Raphaël & ses contemporains n'ont point eu aucun avantage sur nos Artisans. Ces derniers sçavent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis. 



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

L’originalité est le troisième point essentiel à la connoissance des desseins. Cette originalité n’est pas souvent bien aisée à constater. Pour juger si un dessein est original ou copie, il faut du discernement, de la pénétration, de la finesse d’esprit, une grande pratique, & une notion des principes de l’art moins (c) grande cependant que pour les tableaux.
(c) Quoiqu’un tableau terminé dise tout & ne laisse ordinairement rien a y ajoûter, qu’au contraire un dessein esquissé oblige d’y deviner plusieurs choses, il faut convenir qu’un tableau renfermant plus de parties de la peinture, demande aussi plus de connoissances.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

On juge souvent d’un ouvrage par rapport à la partie de la peinture qui nous flatte le plus & celle que nous connoissons le mieux, supposé celle du coloris, c’est cependant mal en juger, il faut qu’un bon connoisseur ait l’esprit d’une grande étenduë pour embrasser toutes les parties de la peinture & les aimer toutes à la fois ; les esprits bornés dans cette matiere ne peuvent être des juges équitables, ceux qui sont prévenus en sont aussi peu capables.
Dans un pareil jugement, il faut presque autant de lumieres pour sentir le beau que pour le produire, on doit considerer la composition, la disposition, & l’invention comprises sous le terme général d’ordonnance. Le dessein est encore une des principales parties, il a pour baze la proportion, l’anatomie & la correction.



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SPECTATEUR → perception et regard

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Het is wel waer dat den ongheleerden Konst-liever eenighe goede stucken ontmoetende, door ’t behulp sijnes naturelicken vernufts en d’enckele ghewoonte sijner ooghen de uytnemenheyd van de Konste der werck-meesters eenighsins uyt sijne maniere van teykeningh, uyt sijne verwen, uyt sijne hooghsels en diepsels, uyt sijne stellinghe en andere dinghen van dien aerd lichtelick en met een onuytsprekelick vermaeck sal begrijpen ende onderscheyden, maer dit ’s al het ghene hy doen kan, want het hem niet moghelick is de andere verborgentheden der Konste dieper te door-gronden; aenghesien het maer alleen het werck is van die ghene de welcke waerlick gheleert sijn, een rechtsinnigh oordeel van de gantsche gheleghenheyd der Inventie te strijcken, t’overweghen of alle de figuren in haere behoorlicke plaetse ghestelt sijn, en of daer in de selvighe door een Konstighe ingheestinghe het waere leven van sodaenighe herst-tochten, beroeringhen, beweghinghen inghestort syn, die met de gelegenheyd van het afgebeelde Historische of sedenvormende argument over een komen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is then true that the uneducated Art-lover, when running into some good pieces, with the help of his natural insight and the simple routine of his eyes, will easily and with a unspeakable pleasure understand and discern the excellence of the Art of the artisan, a bit from its manner of drawing, from its colours, from its highlights and depths, from its composition and other similar things, but this is all he can do, because it is impossible for him to better fathom the other hidden things of Art; seen that it is only the work of those who are truly learned, to strike a rightful judgement of the whole situation of the Invention, deliberating whether all the figures are placed in the appropriate place and whether the true live of such passions, stirrings and movements have been poured into it through an Artful interpretation, that coincides with the situation of the depicted Historical or virtuous subject.

Junius distinguishes different levels of art connoisseurship. Most art-lovers (kunstliefhebbers) are able to judge the formal aspects of an art works, such as the design, use of colours and light and its composition. However, there are far less people who can recognize and pass fair judgement (oordeel) in regard to the invention and the way the passions and the subject are portrayed. Junius uses the term ‘ingheestinghe’ to describe the interpretation of the artist of these elements. This section is not included in the Latin edition of 1637. [MO]



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SPECTATEUR → connaissance

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Wann er nun das bäste von dem/ was er gelesen/ seinem Gedächtnis imprimiret/ alsdann mag er alles/ nach seiner imagination, mit geistreicher Ordnung und Annehmlichkeit/ durch etliche Schizzi auf schlecht Papier entwerfen/ und daraus einen Carton machen/ so groß das Stuck seyn soll. Dieses ist der vornemsten Italiäner/Florentiner und Romanen/Gewonheit gewesen.
{Bässere Manier des Autoris, wann ein kleines Modell mit Oelfarben gemahlet wird.} Ich [ndr : Sandrart] habe aber für bässer befunden/ wann ich/ nach etlichen auf Papier getragenen Abrißen oder Schizzi, die Historie/ mit rechtem Urtheil/ auf ein Tuch ungefähr ein oder zwey Schuh hoch/ gemahlet/ das Gemähl mit aufgeraumtem Geist überleget/ und mich beflissen/ daß ich alles zusammen/ mit Zeichnung/ Ordinanz und Colorit, wol hervor gebracht. Und dieses Modell habe ich nachmals an Käyser/ König oder andere Geist- und Weltliche Liebhaber zu dero Genemhaltung übersendet/ und folgends/ was sie geändert verlanget/ in dem großen Blat zu köstlicher Satisfaction beobachtet.



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GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire

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Nu zullen wy deze zaak eens verder onderzoeken, en aanmerken wat ieder in zyn oeffening noodig heeft,{Oogmerk des Schryvers in dit Hoofdstuk.} om zich in staat te stellen van nimmer verleegen te wezen […] Het eerste bestaat in verandering van hertstogten en concepten: het tweede in nieuwigheeden, waar door men ieder een kan behaagen en tot liefde verwekken […] Derhalven zyn veranderingen en nieuwigheeden noodig […] Voor eerst, de Beeldschilders betreffende […] Wat de Landschappen aangaat […]Wat de Zeeschilders belangt […] Betreffende de Architectuur […]Komen wy nu tot de Bloemen […]

[D'après DE LAIRESSE 1787, p.205-208:] Nous allons maintenant […] observer ce que le peintre dans chaque genre [NDR : practice] a besoin de savoir […] nous verrons ensuit s’il y a, en effet, assez de moyens pour exécuter ces idées ; & ce qui est propres à chaque genre de peinture. Le premier moyen consiste dans la variété [ndr : et nouveautés] des passions et des idées ; le second dans la production des choses nouvelles qui peuvent plaire & fixer l’attention [ndr : inspirer l’amour] […] ; ce qui rend la diversité d’idées absolument nécessaire. […] On objectera peut-être qu’il n’y a point assez de ressources pour varier constamment les idées […] je vais indiquer les sources qui peuvent en fournir en abondance […] pour les peintres de figures […], pour les paysagistes […], pour les peintres de marine […], pour l’architecture […], les bouquets […]



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{Goede kopyen maken goede stukken ruchtbaer.} Dewijl ik in 't voorige Hooftdeel aengeweezen hebbe, dat het den leergierige geesten nut en profijtelijk is, somtijts de werken van andere beroemde baezen nae te volgen, zoo past'er dit ook voor de liefhebbers by, dat de konstige stukken der groote meesters door 't nakopieeren van goede gezellen ruchtbaer worden. Want dewijl dezelve gemeenlijk in konstkamere opgeslooten zijn, en de Kopyën in alle Rijken worden omgezonden, zoo krijgenze daer door allerweegen zoodanich een luister,
dat de Konstminnaers zich niet en ontzien veel dachreyzen af te doen, om de prinsipaelen eens te beschouwen. [...] origineelen of oorspronkelijke werken der treflijke Meesters is, in de kopyen zal vinden. Want zulx is onmogelijk, ten waere eenich Godt den naevolger met den zelven geest des eersten meesters begenadigde. {En origineelen} Daer is altijts een bevallike lusticheit in d'origineelen, zegt Dionisius Halikarnassus, die in de kopyen ontbreekt: want hoe wel datze zijn nagevolgd, zoo wijzenzenochtans hier en daer iets uit, dat niet uit de natuer, maer uit een pijnlijken arbeyt schijnt voort te komen. Ook ziet men, dat de deugden des eersten prinsipaels in de kopyen met veele gebreeken omringt zijn, min of meer als de gedrukte bladeren, van eenich onverstandich letterzetter nae eenich moeylijk schrift geflanst, vol druksouten en feylen zijn, die den zin of verduisteren of omkeeren. Daer dan noch alder meest in de gemeene welstandige Harmonie en Gratie gefaelt wort.

[BLANC J, 2006, p. 325] {De bonnes copies font la renommée de bonnes oeuvres}. Puisque j’ai indiqué dans le chapitre précedent qu’il est utile et profitable aux esprits avides d’apprendre à imiter parfois les œuvres des autres maîtres célèbres, il convient aussi aux amateurs de faire la renommée des œuvres d’art des grands maîtres en les faisant copier par de bons compagnons. En effet, puisque ces oeuvres sont ordinairement enfermées dans des cabinets d’art et que leurs copies sont envoyées dans tous les pays, elles reçoivent par ce biais partout un tel lustre que les amoureux de l’art ne craignent de perdre de nombreux jours de voyage pour contempler une fois les originaux. […] Mais que personne ne s’imagine trouver dans les copies cette force absolue de l’art existant dans les originaux ou les œuvres originales des maîtres excellents. Une telle chose, en effet, est impossible, à moins que quelque dieu ne fasse faveur à l’épigone du même esprit que celui du premier maître. {Les originaux}.Il existe toujours une gracieuse joie, dans les originaux, dit Denys d’Halicarnasse, qui manque aux copies. Aussi, bien qu’imitées, elles montrent en effet, ici où là, quelque chose qui ne semble pas provenir de la nature mais d’un travail pénible. On voit également que les qualités d’une œuvre originale première s’entourent dans les copies de nombreux défauts, plus ou moins comme des feuilles imprimées, qui, baclées par un typographe inentendu d’après quelque écriture difficile, se remplissent de fautes et d’erreurs d’impression qui en assombrissent ou en changent le sens. Il y manque encore et surtout une beauté d’ensemble celle de l’harmonie et de la grâce ordinaires.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
SPECTATEUR → marché de l'art
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

{Aen de liefhebbers.} maer wilt gy uw hart op eenige Schilderyen zetten: zoo let eerst wel, of'er beminnens waerdige deugden in zijn; of de zaek, die verbeelt wort, wel zoo waerdigen inhout begrijpt, als van Clio vereyst wort; of de proportie ook zuiverlijk is waergenomem; of de kolorijten en schaduwen met de lessen van Terpsichore en Melpomene overeenkomen: of de doeningen en lijdingen ook haere rechte rol speelen? of de omstandicheden eygen zijn? of de schicking geestig is; en eyndelijk, of al deze deugden deur de gratien verbonden zijn? Want zoo gy u aen andere beuzelingen vergaept, zoo zijt gy den naem van liefhebbers onwaerdich.

[BLANC J, 2006, p. 468] Si vous voulez aimer quelques peintures, vérifiez d'abord que s'y trouvent quelques qualités dignes d'être aimées, que le contenu du sujet qui y est représenté est très digne, comme l'exige Clio, que les proportions y sont correctement observées, que les coloris et les ombres correspondent aux leçons de Terpsichore et de Melpomène, que les attitudes et les passions y jouent également leur propre rôle, que les circonstances y sont appropriées, que la disposition y est spirituelle et, enfin, que toutes ces qualités sont tenues aux grâces. Car si vous vous pâmez d'admiration devant des sornettes, vous êtes indignes du nom d'amateurs.



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SPECTATEUR → perception et regard

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Quotation

X. Von den Bewegungen deß Gemüts und der Ordnung in den Gemählen, p. 147
Ist eine gute und wolständige Ordnung/ nicht der geringste Antheil eines vollkommenen Gemähls/ deß nemlich ein jedes an sein gehöriges Ort gestellet werde / und hierinne[n]/ wie in allen andern Sachen/ hat zu dieser unsrer Zeit das höchste Lob erlangt/ ec.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

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Een schoone welgeteekende en fraay geordineerde Print, bevallig van dag en schaduwe, zuiver geëtst, of gesneeden, is lof en roemwaardig: maar een Schildery, tot welke, buiten het voornoemde, een konstige koloreering en schakeering vereischt word, verdient de hoogste lof.

[D'après DE LAIRESSE 1738, p. 156:] An engraved, or etch’d Print, beautifully designed and disposed, and agreeably lighted and shaded, is very commendable; but a Picture, which, besides those Qualities, requires an artful Diversity of Colouring, merits the highest Praise.


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Quotation

Monsieur de Piles has a pretty Invention of a Scale whereby he gives an Idea in short of the Merit of the Painters, I have given some Account of it in the latter end of my former Essay : This, with a little Alteration and Improvement may be of great use to Lovers of Art, and Connoisseurs.

connoisseur



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Quotation

ALCIPE. […] Seriez-vous dans l’erreur de croire, comme beaucoup de gens, que l’on ne sçauroit sentir les beautez d’un ouvrage, que lorsque l’on sçait de quelle main il est sorti ? Detrompez vous de grace. 

DAMON. Mais vous conviendrez, que pour voir un tableau avec plaisir, il faut être au fait des principes de l’art, sans quoi…

ALCIPE.  Je conviens que celui qui les a étudiés, doit avoir encore plus de plaisir qu’un autre ; mais je ne conviens pas que cela soit absolument necessaire. Selon votre idée on ne pourroit lire des vers avec plaisir, qu’autant qu’on seroit capable d’en faire soi-même, & il ne seroit plus permis qu’à ceux qui savent la musique, d’écouter un concert. Non, mon cher Damon, les beaux arts sont faits pour toutes les personnes de bon sens & d’esprit ; & sur-tout la Peinture, qui n’a d’autre objet que l’imitation du vrai.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → connaissance

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Quotation

On voit des Curieux qui se font une idée d'un Maître sur trois ou quatre Tableaux qu'ils en auront vûs, & qui croient après cela avoir un titre suffisant pour décider sur sa maniére, sans faire réflexion aux soins plus ou moins grands que le Peintre aura pris à les faire, ni à l'âge auquel il les aura faits. Ce n'est pas sur les Tableaux particuliers du Peintre : mais sur le général de ses Ouvrages qu'il faut juger de son mérite. Car il n'y a point de Peintre qui n'ait fait quelques bons & quelques mauvais Tableaux […]. Il n'y en a point aussi qui n'ai eu son commencement, son progrès & sa fin ; c'est-à-dire, trois maniéres : la première, qui tient à celle de son Maître; la seconde, qui s'est formée selon son Goût, & dans laquelle réside la mesure de ses talens, & de son Génie; & la troisième, qui dégénère ordinairement en ce qu'on appelle maniére : parce qu'un Peintre, après avoir étudié long-tems d'après la Nature, veut jouir, sans la consulter davantage, de l'habitude qu'il s'en est faite.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Pauvre & chetive Maniere, ou mauvais Goust,
Ne doit estre entendu que d’un Tableau mal fait, & contraire à ce bon Goust des Sçavans.
 

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 157), ces définitions sont en cohérence parfaite avec la démarche entreprise par Bosse, puisque le jugement que l’on doit avoir sur une manière prend en compte tant les qualités objectives que l’opinion des savants peintres, dont Bosse a fondé la prééminence. Bosse n’aborde ainsi pas dans sa définition ce qui reste l’ambiguïté majeure du mot « manière » au XVIIe siècle, qui désigne à la fois le style d’un peintre, théoriquement sans jugement de valeur, et le travers qui consiste à sortir du vrai et de la nature. La plus grande difficulté que doit affronter un artiste est en effet d’avoir une manière sans être maniéré. Pourtant, le raisonnement que Bosse conduit au fil des Sentimens est l’un des rares à penser jusqu’au bout cette contradiction et à en tirer des leçons pour l’apprentissage de la peinture. Bosse part d’un constat : il existe un grand nombre de manières dont il entreprend un inventaire chronologique et géographique, ce qui lui permet, d’ailleurs, de proposer pour les curieux une classification des peintres anciens.

goût mauvais



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

Pauvre & chetive Maniere, ou mauvais Goust,
Ne doit estre entendu que d’un Tableau mal fait, & contraire à ce bon Goust des Sçavans.
 

Selon Marianne Le Blanc (2004, p. 157), ces définitions sont en cohérence parfaite avec la démarche entreprise par Bosse, puisque le jugement que l’on doit avoir sur une manière prend en compte tant les qualités objectives que l’opinion des savants peintres, dont Bosse a fondé la prééminence. Bosse n’aborde ainsi pas dans sa définition ce qui reste l’ambiguïté majeure du mot « manière » au XVIIe siècle, qui désigne à la fois le style d’un peintre, théoriquement sans jugement de valeur, et le travers qui consiste à sortir du vrai et de la nature. La plus grande difficulté que doit affronter un artiste est en effet d’avoir une manière sans être maniéré. Pourtant, le raisonnement que Bosse conduit au fil des Sentimens est l’un des rares à penser jusqu’au bout cette contradiction et à en tirer des leçons pour l’apprentissage de la peinture. Bosse part d’un constat : il existe un grand nombre de manières dont il entreprend un inventaire chronologique et géographique, ce qui lui permet, d’ailleurs, de proposer pour les curieux une classification des peintres anciens.

manière chétive · mauvais goût



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

1 quotations

Quotation

[...] que pourra-[t]-on dire de l'aveuglement des Peintres de nostre temps qui luy prefererent [ndr : Le Dominiquin] des Josepins, des Lanfrancs, et d'autres semblables manieristes, dont les Ouvrages n'ayant que le faux esclat d'une je ne sçay quelle nouveauté que ceux d'aujourd'hui appellent une furie du Dessein et une franchise du Pinceau, que l'ignorance des veritables beautez et des principes de l'Art leur fait admirer, n'ont eu aussi de reputation qu'autant qu'a duré cette faveur passagere de la Fortune ; si bien qu'ils ne trouvent plus maintenant de place dans les cabinets des Curieux, qui s'en sont lasséz tout aussi-tost et detrompez.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

6 quotations

Quotation

LE PRESIDENT. Mais que direz-vous des Curieux qui sont du mesme avis ? Vous ne pouvez pas les traiter d'ignorans en peinture, eux qui en decident souverainement.
L'ABBE. Il y a quelques Curieux qui ont le goût tres-fin ; mais il y en a beaucoup qui ne se connoissent en tableaux que comme les Libraires se connoissent en Livres. Ils sçavent le prix, la rareté & la genealogie d'un tableau sans en connoistre le vray mérite, comme les Libraires sçavent parfaitement ce qu'un Livre doit estre vendu, l'abondance ou le peu d'exemplaires qu'il y en a, & l'histoire de ses éditions, sans rien sçavoir de ce qui est contenu dans le Livre.
LE CHEVALIER. Je suis persuadé que les Curieux dont vous parlez sont plus habiles que vous ne dites, mais qu’ils sont bien aises d'entretenir la passion des vieux tableaux, & pour cause.



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SPECTATEUR → marché de l'art

Quotation

qu’on ne doit pas estimer un ouvrage de Peinture, par l’éclat de la couleur, qui ne charme ordinairement que les esprits du vulgaire, & que la veritable beauté de la couleur consiste, en un ménagement harmonieux conduit par l’oeconomie du dessein : ce qui fut appuyé par un discours qui contenoit en substance que le veritable merite de quelque chose consistoit en ce qui se soûtient de soi-même sans emprunter rien d’autrui, que suivant ce principe pour connoître la difference du merite entre le dessein & la couleur, il falloit connoître laquelle de ces choses étoit la plus independante : que l’on representa, que le dessein qui se nomme pratique est produit de l’intellect & de l’imagination qu’il s’exprime par la parole & par la main, & que c’est de cette derniere maniere ; qu’avec un crayon on imite toutes les chose visibles, & donne non seulement la forme & la proportion, mais exprime jusqu’aux mouvemens de l’ame sans avoir besoin de la couleur, si ce n’est pour representer la rougeur ou la paleur, n’étant en elle-même qu’un accident dependant des divers effets de lumiere, puisqu’elle change selon qu’elle est éclairée, de telle sorte que la nuit à la lueur d’un flambeau, le verd paroît bleu, & le jaune paroît être blanc. L’on fit considerer, que la couleur qui entre dans la composition d’un Tableau, ne peut produire ni coloris ni teinte que par sa matiere même, elle étoit par consequent moins noble que le Dessein qui ne releve que de l’esprit. L’on ajoûta que la couleur depend tellement du Dessein, qu’il lui est impossible de representer quoi que ce soit sans son Ordonnance & sa conduite. Qu’ainsi il est trés constant que le merite de la Peinture consiste plûtôt dans le Dessein que dans la Couleur, puisque ce qui réleve le merite des choses, est de dépendre moins d’une cause étrangere, qu’il falloit donc tomber d’accord que celui du Dessin étoit infiniment au dessus de celui de la Couleur.

Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément à la page 67 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc). Le Comte reprend également la Table des Préceptes sur la Couleur aux pages 50-53.



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Quotation

Faut-il, pour juger si ce portrait ressemble ou non, prendre les proportions du visage de notre ami, & les comparer aux proportions du portrait ? Les Peintres mêmes diront qu'il est en eux un sentiment subit qui devance tout examen, & que l'excellent tableau qu'ils n'ont jamais vu, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, de juger de son mérite en général : cette premiere appréhension leur suffit même pour nommer le noble Artisan du tableau.
On a donc raison de dire communément qu'avec de l'esprit on se connoît à tout, car on entend alors par le mot d'esprit, la justesse & la délicatesse du sentiment. […]



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SPECTATEUR → perception et regard
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.


Quotation

Nous avons vu que les beautez de l'exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux. Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n'ont pas l'intelligence de la mécanique de la Peinture, mais ils ne sont pas capables pour cela de juger du mérite du Peintre. Pour être capable de juger de la loüange qui lui est dûë, il faut sçavoir à quel degré il a approché des Artisans qui sont les plus vantez pour avoir excellé dans les parties où il a réussi lui-même. […] Ainsi la réputation du Peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l'expression des passions & dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu'il compare par lui-même, & dont il juge par lui-même.[….].
On voit bien, qu'en suivant ce principe, je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges auxquels il faut s'en rapporter, quand on veut sçavoir, autant qu'il est possible, quel Peintre a fait le tableau ; mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l'excellence d'un tableau, dès qu'on connaît son Auteur. 



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Je ne m’amuserai point à relever ici la naissance de cet Auteur, ni les facultés de ses parens comme a fait certain Ecrivain en pareille occasion, ce qui me paroît l’éloge du monde le plus maladroit & le plus grossier : je serois trop fâché de faire ce tort à M. Pierres ; & de chercher dans ses ouvrages un mérite aussi étranger. Louons-le plutôt de son amour pour les Arts, & de sa mâle activité au travail, qui lui en fait dévorer toutes les difficultés. On trouve dans cet Auteur une grande facilité de composition, beaucoup de vigueur de coloris ; & un dessein, pour l’ordinaire, savant & exact. Son pinceau est aisé, coulant, voluptueux. De six Tableaux qu’il [ndr : Pierres] a exposés cette années, je n’en vois gueres que deux qui ne méritent peut-être pas les même éloges (Une Pastorale & une Solitude.) L’un parce que des Moines & des rocailles intéressent peu ; l’autre parce qu’il me semble y manquer quelque chose de cette gentillesse & de cet agrément frivole que semblent exiger aujourd’hui des sujets galands. Je sais très bon gré à M. Pierres de ce défaut : il vaut beaucoup mieux avoir du génie que de l’esprit dans un siécle où le premier est si rare, & où l’autre est si prostitué & si bannal.

Il s'agit du mérite lié à l’art et non à la vie.


1 quotations

Quotation

Resteert nu noch, om dit Capittel te besluyten, dat men wete hoemen sich in het oordeelen en beschouwen van andere Luyden Wercken moet dragen: {Hoemen hem in ’t besien van andere Luyden Konst sal dragen om wel te oordeelen.} en daer toe salmen kortelijck in ’t algemeen aenmercken, datmen de kleyne gebreecken en pickediljes niet al te naeuw examineeren, noch te seer berispen en moet; noch de groote misslagen niet te licht door de Vingeren sien: Want soo een Schilder hem hier in onvoorsichtigh komt te dragen, soo loopt hy gevaer om by alle andere veracht, en seer gehaet te werden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] To finish this Chapter is left that one knows who one should behave in the judging and observing of the works of other men: {How one should behave in the observation of the Art of other men to judge them well.} and for this one will briefly point out in general, that one should not examine the small flaws and trifles all too closely, nor condemn them too much; nor too easily turn a blind eye to the big mistakes: Because if a Painter behaves himself careless in this matter, he runs the risk to become despised by all others and very hated.

gebreeck


3 quotations

Quotation

Ce fut  assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.

ancien


Quotation

[…] Qu’en un mot je suis tres convaincu que si les Anciens sont excellens, comme on ne peut pas en disconvenir, les Modernes ne leur cedent en rien, & les surpassent mesme en bien des choses. Voila distinctement ce que je pense & ce que je pretends prouver dans mes Dialogues.

ancien


Quotation

L'ABBE. Cela est tres-vray, & il y aura toûjours de la peine à comparer un tableau ancien avec un moderne, parce qu'on ne sçait ce que sera le Temps & quelles beautez il doit ajoûter au tableau nouveau fait. Ainsi, je soûtiens toûjours que la Peinture en elle-mesme est aujourd'hui plus accomplie que dans le siecle mesme de Raphaël, parce que du costé du clair obscur, de la degradation des lumières & des diverses bienseances de la composition, on est plus instruit & plus delicat qu'on ne l'a jamais esté.
LE PRESIDENT. Cependant, ce n'est pas là le sentiment commun ; & si l'on en croit les Connoisseurs, les moindres tableaux des Anciens vont devant les plus beaux des Modernes.
L'ABBE. Vous croyez sans doute que cela vient du peu d'habileté de nos Peintres & de la grande capacité de ceux qui en jugent, je vous declare que c'est tout le contraire.

ancien


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Quotation

So is het dan blijckelick dat onder 't ghetal van soo veele ende verscheyden Konsten door de welcke eenen grooten naem ende een ontsterffelicke beroemtheydt verworven wordt, dese Konste gheen van de geringhste en is, dewelcke daer af-beeldet alles watmen onder 't wijde uyt-spansel des Hemels bedeckt siet.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is then clear that amongst the number of so many and diverse Arts in which a great name and immortal fame is obtained, this Art, which depicts all that one sees covered under the wide firmament of Heaven, is not one of the least.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

De gansche Pogingh van een Schilder die na een geluckigh eynde traght, kan bequamelijck in dry onderscheyde tijden van Doeningh afgedeelt worden. d’Eerste is de studie diemen moet aenwenden om te leeren; De tweede, geleert zijnde, te yveren na eenen grooten naem: De derde, te arbeyden om een eerlijcken Rijckdom te verkrijgen. { ’t Gansche leven van een verstandigh Schilder in 3 tijden onderscheyden.}

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] The whole attempt of a Painter who strives for a successful result, can adequately be divided in three separate moments of action. Firstly the study that one should apply to learn; Secondly, being learned, striving for a great name: Thirdly, working to obtain an honest Wealth. {The whole life of a wise Painters divided into three periods.}



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Nu soo staet inde twede tijt te letten op de middelen diemen moet aenwenden, om eenen heerlijcken ende grooten naem te bekomen: {2. Tijt om een grooten naem te bekomen.} Door de Eere (seght Iunius) wert de Schilder-Konst als door ’t rechte Lock-aes aengeset. Soo is oock de hope van een onsterffelijcken naem te bekomen, het eenigh oogh-merck der oude Vermaerde Konstenaers geweest; wetende dat indien sy dien konden bereycken, het haer aen geen winste ontbreecken soude. Men kan geen wegh, die daer op uytloopt nader practiseeren, dan te arbeyden om sich Universeel in de Konst te maecken, en gelijckmen seyt over al t’huys te zijn; {Datmen moet soeken algemeen in de Konst te zijn.} invoegen men alle ende een yegelijck kome te voldoen. Hoe menighmael sietmen door gebreck van dese algemeenheyt dat fraye Meesters hare Tafereelen bederven met yets daer by te maecken, op welcke sy haer niet en verstaen; als by Exempel een Beeldt-Schilder dat hy Lantschappen by sijn Historyen maeckt die niet en Deugen, of Gebouwen en anders tegen de order-maten ende perspectijf regeles daer by ordineert, ende dierghelijcke, als de verstandige genogh sal vatten: In alle welcke misslagen een Schilder niet en sal vervallen, by aldien hy sich op de alghemeene wetenschappen verstaet.
Men soude hier tegen konnen inbrengen, datter Remedien zijn om in desen geholpen te werden, {Tegenwerpingh van sommige.} ende datmen, gelijck het veel geschiet, sijne stucken door andere kan laten op maecken, als by voorbeelt, dat een Beelde-Schilder sijne verschieten van een Landtschap-Schilder laet maecken, of de Gebouwen van een die in de Architecture ende perspectijf verstaet, ende soo voort: Waerom een Landtschap-Schilder sijn stucken door een Beeldenaer kan laten stoffeeren, gelijckmen dat soo noemt: Invoegen datter dickwils twee, dry, à vier Meesters aen een Tafereel geschildert hebben. Hier omtrent heeft de Ervarentheyt geleert, dat de Beelden in soodanige stucken dickwils worden ingelapt even offer uyt de Lucht ingevallen waren, of immers daer in niet en hoorden. {Haer misslagh ontdeckt.} Want menighmael en wert van de Stoffeerders het voornemen vanden Meester noch de verkiesinghe van het Dagh-licht, noch de behoorlijcke wijckinge der gronden, de Perspectijf, Ja den ganschen aert van ’t Landschap niet verstaen; veel min dan datse het in het toe-passen harer Beelden in acht souden nemen: invoegen dat sy gantsch onge-aerde Beelden van eenen schoonen dag in een sommer Landtschap komen te maecken, en diergelijcke misslagen meer, die tegen de waerheyt der nature, en regelen van de Konst strijden. ‘k Hebbbe veelmael geobserveert, dat de Beeleen [sic, ndr.] ende Beesten, die vanden Lantschap-Schilder selfs daer in gemaeckt waren, die (hoe slecht sy oock mogten geteykent wesen) nochtans beter uyt eenen aert na het Landtschap geplaetst, en Geschildert waren, dan andere die al van een goet Meester daer waren by-geflanst. {Door ervarentheyt van veel voorvallen wederleyt.}

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In the second period it is important to pay attention to the means that one should apply to obtain a glorious and great name: {2. Period to obtain a great name.} The Art of Painting (says Junius) is stimulated by honor as if by a real bate. As such the hope of obtaining an immortal name, has been the only objective of the old Famous Artists; knowing that if they could reach it, they would not be lacking any profit. There is no road to follow more closely to arriver there, than to make oneself Universal in the Art, and to say to be at home anywhere; {That one should try to be general in the Art.} as such one will learn to do everything. How often one sees that through the lack of this generality good Masters spoil their Paintings by adding something to it, which they do not master; As if, for example, a Painter of Figures makes Landscapes for his Histories that are not good, or composes Buildings and such against the proportional sizes and rules of perspective to it, and such, which the wise will readily understand: A Painter would not fall into these mistakes, if he understands the general sciences of all this. One could contradict this [by saying] that there are remedies to assist in this, {The counterargument of some.} and that one, as happens often, can have his pieces be drawn up by others, like for example, that a Painter of Figures has his perspectives drawn up by a Landscape Painter, or the Buildings by someone who understands Architecture and Perspective, et cetera: This is why a Landscape Painter can have his pieces be filled in by a Figure painter, as one calls it: As such there are often two, three or four Masters who have worked on a Painting. In this regard the experience has taught us, that the Figures in such works are often thrown in as if they had fallen in from the sky, or did not belong there. {Their mistake discovered.} Because oftentimes the idea of the Master nor the selection of the Day-light nor the appropriate deviation of the ground, the Perspective, yes the whole nature of the Landscape is not understood by those who fill in the picture; even less so that they would take it into consideration in their Figures: as such they arrive at making rather inappropriate Figures of a beautiful day for a gloomy Landscape and more of such mistakes, which strive against the truth of nature and the rules of the Art. I have often seen that Figures and Animals that had been made by the Landscape Painter himself, (however bad they may have been drawn) had been placed and painted much better in character with the Landscape than others that had been thrown in it by a good Master. {Contradicted by the experience of many cases.}



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Voor alle dingen moet oock een Meesterlijck Schilder wil hy eenen goeden naem behouden, seer na-denckende en omsichtigh in al sijn doen wesen, insonderheyt ontrent sijn Inventien, en by-een ordineeringe der Historyen, op dat hy niet alleen geen onmogelijcke of Konst-strijdige dingen voort en brenge; {Een Schilder moet omsichtig ende nadenkdende wesen.} maer dat hy doch in geenen deele dingen maeckt, van welcke, of de Luyden diese toehooren, of andere diese beschouwen sullen, eenen quaden uytlegh daer van doen komen, of oock buyten de Intenty vanden Schilder, oorsaeck van beschimpingh verleenen. Hierom is ‘et datmen sich altijdt wel vanden sin en waerheydt van sijn voornemen moet verseeckeren, datse op een goede meeninge, en in reden bestaende uytlegh gegrontvest is.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Above all a Masterly Painter should also, if he wants to keep his good name, be very thoughtful and careful in all his behavior, especially with regard to his Inventions and the way he brings together the composition of his Histories, so that he would not only avoid to bring forth impossible things or those that go against Art; {A painter has to be careful and thoughtful.} but that in no case he would make things, about which the people to whom they belong or others who see them, would get a bad explanation from them, or also give cause for taunting outside the Intention of the Painter. Therefore one should always ascertain himself well of the meaning and truth of his plan, that it is based on a good opinion and an explanation consisting of reason.



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L’ARTISTE → qualités

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Daer is oock noch een ander middel, waer door den Schilder hem selven een Vermaerde Naem kan maecken: Namentlijck dat hy somtijts, tijt en vlijt daer toe aenwent, om eenige van sijn beste ordinantien en teyckeningen in print uyt te geven: {Datmen sich door Printen uyt te geven kan in naem brengen.} Want vermits die de geheele Werelt door-wandelen, en in alle Liefhebbers handen komen, en dat de Schilderyen meest altijt maer in eene plaets blijven, soo is licht af te nemen dat men door eenige Print-Konst in de Wereldt te brengen, meerder bekent kan worden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] There is also another way, by which the Painter can make a Famous Name for himself: Namely that he sometimes, uses time and effort to publish some of his best composition and drawings in print: {That one can make a name for himself by publishing Prints.} Because these spread all over the world, and come into the hands of all Amateurs, and paintings usually always stay in one place, it is easy to conclude that one can become more famous by bringing some Prints into the World.



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SPECTATEUR → marché de l'art

Quotation

Indien yemandt waerlijck den naem van een groot Meester verdient, en dat sijne Wercken vol vande ware deught der Konste konnen ge-oordelt worden, en dat sy alle nootwendigheden, soo van goede Teyckeningh en proportie, behoorlijcke reddinge en houdinge in haer hebben, die over een komen met de Plaets van ’t licht, in welcke de voorwerpselen zijn; en dat de schaduwen en dagen geschickt zijn, na de occasie van welcke sy werden voort gebracht; en dat voorts alle de Beelden gedisponeert en gecoloreert zijn, na den inhout van de Historye diemen wil vertoonen; daer-en-boven datse aendachtigh ende werckelijck hun doeningen en hertstoghten voort-brengen, die met haer gansche standt overeen komen; soo machmen wel op sijn Konst vertrouwen, nochtans nedrigh van herten, en ghemeensaem van ommegangh wesen: {Wat d’hovaerdy dickwils te wege brenght.} Want de hovaerdy maeckt onse Vyanden listigh, om met Leugenen en quade parten, onsen goeden naem en faem te ondermijnen; die niet als door sich wel ende loffelijck ontrent mindere Meesters te dragen, en konnen overwonnen worden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] If someone truly deserves the name of great Master, and that his Works are judged to be filled with the true virtue of Art, and that they have all the necessities such as good Design and proportion, acceptable distribution of colors and harmony in them, that coincide with the location of the light, in which the objects are placed; and that the shadows and lights are appropriate, after the occasion in which they originate; and that furthermore all the Figures are placed and colored after the content of the History that one wants to portray; moreover that they produce their actions and passions carefully and naturally, which coincide with their whole pose; as such one may trust his Art, yet be humble of heart and social in interaction: {What pride often generates.} Because pride makes our enemies deceitful, to undermine our good name and fame with Lies and evil guiles; which can only be defeated by behaving oneself honorable with regard to the lesser Masters.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

{Vereisch in ’t gemeen.} Dewijle een schilder de nature vereeuwigen wil, en graag met zijn konstige werken zijne naam; zoo is vooral van nooden, dat hy Panneel en doek zoodanig bereide, dat hy zijn oogmerk bereike en de betaalder van de konst niet te klagen heeft: ’t welk met reden niet geschieden kan; als men op duirsaame tafereelen, duirsame Verwen konstig na de nature schildert.

[translation: BEURS, en préparation, transl. Myra Scholz:] {General requirement} Since a painter wants to immortalize nature, and by means of his artworks his name as well, it is most important that he prepare the panel and canvas in such a way that he achieves his aim, and that the person who pays for the art has no complaints—and he will have no reason for such if one skillfully paints true to nature on durable painting surfaces with durable colors.


1 quotations

Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65-66 
Daß man hievon leichtlich judiciren lerne/ ist nichts bessers als fleißig in der Natur selbst darauf zu sehen/ wie die Schatten von der Sonnen fallen. Insgemein aber gilt diese Regul/ daß wer von Gemählden will judiciren lernen/ sich gewöhnen muß/ alles was er ansiehet/ fleißig und eigentlich durch und durch zu betrachten/und sich also die Natur in das Gedächtniß zu drücken.



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EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

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Quotation

Gentlemen may do as they please, the following Method [ndr : pour juger un tableau] seems to Me to be the most Natural, Convenient, and Proper.
Before you come so near the Picture to be Consider’d as to look into Particulars, or even to be able to know what the Subject of it is, at least before you take notice of That, Observe the
Tout-ensemble of the Masses, and what Kind of one the Whole makes together. It will be proper at the same Distance to consider the General Colouring ; whether That be Grateful, Chearing, and Delightful to the Eye, or Disagreeable ; Then let the Composition be Examin’d Near, and see the Contrasts, and other Particularities relating to it, and so finish your Observations on That Head. The same Then may be done with respect to the Colouring ; then the Handling, and afterwards the Drawing ; These being dispatch’d the Mind is at liberty carefully consider the Invention ; then to see how well the Expression is perform’d, And Lastly, What Grace and Greatness is spread throughout, and how suitable to each Character.

Association intéressante entre Natural, Convenient et Proper


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Quotation

J'aymerois encore mieux n'y point aller [ndr : à Rome], repartit Leonidas, que d'en rapporter un goust artificiel comme font la pluspart de ceux qui en reviennent, & qui apres avoir oüi fort estimer les fresques de ce païs-là, sans distinction de ce qui y est estimable d'avec ce qui ne l'est pas, taschent de se dépoüiller de leur goust naturel pour les estimer aussi. Ils les voyent souvent, & à force de faire violence à leur bon sens, ils accoustument leurs yeux aux manières grises & sèches, lesquelles leur servent ensuite de règle pour juger de la Peinture. Ils content cette habitude comme un mystère qui leur avoit esté caché jusques alors, & croyent qu'il faut laisser aux âmes vulgaires l'admiration des tableaux.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

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3 quotations

Quotation

Tous les ouvrages de Pourtraiture & Peinture qui ne sont executez par la regle de la Perspective ne peuvent estre que fautifs, principalement quand ils sont composez de plusieurs Corps, de diverses Formes, & en diverses Situations.
Quand lon entend cette regle, on voit incontinent si les Tableaux ont esté faits par icelle ou non, & s’ils ne l’ont esté, lon sçait bien faire la distinction si ceux qui les ont faits, avoient l’œil bien juste à discerner toutes les particularitez d’un Corps, en un mot s’ils estoient excellents a pratiquer cét Art de la premiere manière cy-devant dite, qui est de n‘avoir pour juge de son Ouvrage que l’œil.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Pour le goust, si on ne se le fait d'abord aux bonnes choses, il est bien difficile que l'on ne s'accoûtume aux mauvaises, lesquelles on ne quitte qu'avec beaucoup de peine, & où l'on demeure souvent presque toute sa vie. Nous venons de dire qu'il faut par un grand exercice accoustumer les yeux à juger, & la main à travailler avec facilité : si ces habitudes se contractent sur de mauvais modeles, le goust s'y fera insensiblement : car ce qui entre souvent dans l'esprit par les yeux, y demeure long-tems, & y fait une forte impression. Il est donc d'une extrême consequence de ne presenter d'abord aux yeux de ceux qui commencent à dessiner que des choses de bon goust, & que les desseins qu'ils imiteront viennent ou de l'Antique ou des Maistres généralement aprouvez.



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SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → règles et préceptes
L’ARTISTE → apprentissage

Quotation

Raisonne-t-on pour savoir si le ragoût est bon ou s'il est mauvais […] On n'en fait rien. Il est en nous un sens fait pour connoître si le Cuisinier a operé suivant les regles de son art. On goûte le ragoût, & même sans savoir ces regles, on connoît s'il est bon. Il en est de même en quelque maniere des ouvrages d'esprit & des tableaux faits pour nous plaire en nous touchant.
Il est en nous un sens destiné pour juger du mérite de ces ouvrages, qui consiste en l'imitation des objets touchans dans la nature. Ce sens est le sens même qui auroit jugé de l'objet que le Peintre, le Poëte ou le Musicien ont imité. C'est l'œil, lorsqu'il s'agit du coloris du tableau […] Lorsqu'il s'agit de connoître si l'imitation qu'on nous présente dans un poëme ou dans la composition d'un tableau, est capable d'exciter la compassion & d'attendrir, le sens destiné pour en juger, est le sens même qui auroit été attendri, c'est le sens qui auroit jugé de l'objet imité. C'est ce sixième sens qui est en nous, sans que nous voïions ses organes. C'est la portion de nous-mêmes qui juge sur l'impression qu'elle ressent, & qui pour me servir des termes de Platon, prononce, sans consulter la regle & le compas. C'est enfin ce qu'on appelle communément le sentiment
.
Le cœur s'agite de lui-même, & par un mouvement qui précede toute délibération, quand l'objet qu'on lui présente est réellement un objet touchant, soit que l'objet ait reçu son être de la nature, soit qu'il tienne son existence d'une imitation que l'art en a faite. Notre cœur est fait, il est organisé pour cela. Son opération prévient donc tous les raisonnemens, ainsi que l'operation de l'œil & celle de l'oreille les devancent dans leurs sensations.



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SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

2 quotations

Quotation

Staet noch voorder aen te mercken dat de Konst-kenners door dese ghewoonte haerer ooghen niet alleen d’oorspronckelicke taferelen van de naemaelsels vaerdighlick leeren onderkennen; maer datse daer door met eenen oock d’oude wercken van de nieuwe sekerlick weten t’onderscheyden. Men vindt in d’oude stucken een sekere onnaevolghelicke authoriteyt ofte achtbaerheyd der Konste, seght Quintilianus {Lib. viii. Cap. 3.}, die de Schilderijen een sonderlicke aengenaemheyd plaght toe te brenghen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] We should furthermore remark that the Art-connoisseurs do not only learn to capably discern the original works from the imitations [NDR: literally: paintings after (an original)]; but that they simultaneously also learn to competently distinguish the old works from the new. In the old pieces one finds a certain inimitable authorithy or respectability of Art, says Quintilianus {…}, that tends to add a special pleasantness to Paintings.

In the Latin edition, Junius uses the concept of ‘oculorum consuetudine’, habit of the eyes, which he introduced on page 217 of the Latin edition. [MO]



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Ten anderen, zo moetmen de Volmaakte Teekenkonst, Proportie, Anathomie, Aktie, Kleedinge, de Graacelykheid van ’t alderschoonste Naakt, en meer andere Deugden verstaan, eermen dezelve werken, met een keurig oog kan beschouwen. Wat de Proportie aangaat, die hebben zy zo wonderlyk wel na de waardigheeden der Beelden weeten te verkiezen, dat’er geen Konstenaar in de waereld iets op te zeggen kan hebben, ja zodanig, dat de Goden, met noch een byzondere omtrek geteekent zyn, zo welstandig en heerlyk, dat alle kenders aanstonds kunnen zien, dat’er meerder Groots en Gracelykheid in speeld, als die der andere beelden. Een Schilder kan dan niet beeter doen, om dezelve weetenschap te doorgronden, als het welgemaaktste Model dien hy krygen kan, met een zelve Aktie gesteld, op zyn alderkorrektste, en suiverste naar te teekenen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Furthermore, one should understand the perfect Art of Drawing, proportion, anatomy, action, drapery, the gracefulness of the most beautiful nude, and many other virtues, before one can observe its works with a judicious eye. What the proportion is concerned, they [ndr: the ancient artists] have been able to select it so perfectly after the dignity of the figures, that no artist in the world can say anything about it, yes to such a degree that the gods have been drawn with a special contour, so harmonious and delightful, that all connoisseurs can immediately recognize that there is more greatness and gracefulness in them, than in the other figures. A painter can do nothing better, to comprehend its knowledge, than to draw in the most correct and pure way after the most well-made model that he can get, posed with a similar action.


21 quotations

Quotation

54 Men sal oock zijn selven prijsen noch laken, {Men sal hem selven noch prijsen noch laken.}
Noch sghelijcx het werck van zijn eyghen handen,
Want t’prijsen u dwaesheyt bekent sal maken,
En t’verachten al wat eergierich smaken,
Dus strecken dees beyde weghen tot schanden,
Latent dan oordeelen goede verstanden:
Want zijn selven te loven staet seer sottich,
En zijn selven verachten is bespottich.

[D'après NOLDUS 2008, p. 25:] 54 On ne doit pas non plus se vanter ni se blâmer soi-même. {On ne doit pas se vanter ni se blâmer soi-même.} Cela vaut aussi pour le travail de ses propres mains. Car la vantardise rendrait publique votre bêtise et le mépris laisserait plutôt un arrière-goût d’ambition : deux chemins qui mèneraient à la honte ? Laissez donc le jugement à des connaisseurs car se louer soi-même est une sottise et en se méprisant on se ridiculise.


Quotation

Wy moeten in 't eerste daer op letten, wat voor Konstenaers wy bestaen nae te volghen; in die ghene dewelcke wy ons selven aldus voorstellen; want wy ontmoeten selfs in d'alder volmaeckste Konstenaers eenighe dinghen die laeckenswaerdt sijn: en 't waere wel te wenschen dat ghelijck wy 't quaede 't welck in de Konstenaers ghevonden wordt ergher maecken, dat wy even alsoo 't goede beter uytdruckten. Even wel nochtans soo en is het den ghenen die oordeels ghenoegh hebben om de fouten groote Meesters te vermijden niet ghenoegh dat sy maer alleenlick een ydele schaduwe haere deughden nae volghen, overmidts d'Imitatie dan eerst prijswaerdigh schijnt te wesen als sy de volle kracht der Konst in de voornaemste dinghen heeft ghetroffen. Dies worden oock die ghene voor onvroedt ende onbesint gehouden, de welcke de deugheden van groote Meesters niet wel-doorgrondet hebbende op 't eerste ghesicht te werck gaen, meynende dat hun d'Imitatie wonderlick wel gheluckt is als sy d'uytgelesen wercken der ouder Konstenaeren eenigher wijse in 't nae-trecken van Linien en 't opsmeeren van Coleuren hebben afghebeeldet, daer sy nochtans verde van de rechte kracht der selvigher verscheyden sijn.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Firstly we should pay attention to what kind of Artists we had best imitate; in those which we then imagine ourselves; as we even meet some things that are condemnable in the most perfect Artists: and it is good to wish that, like we make the bad that is found in Artists worse, that we also express the good better. Similarly it is currently not enough to those who have enough judgement to avoid the mistakes of great Masters to only imitate the idle shadow of their virtues, as the imitation only appears to be praiseworthy when she strikes the full power of Art in the principal things. This is also held as unwise and thoughtless in those who, not having penetrated the virtues of the great Masters well, work from first sight, thinking that their Imitation has succeeded wonderfully well when they have depicted the exquisite works of the old Artists in some way by the tracing of lines and the smearing of colours, although they are still further from the true power of it.

Junius explains the importance of selecting which artists and which aspects to imitate (‘navolgen’). He goes on to explain that, in imitation, it is necessary to avoid mistakes that were made and portray only the aspects that convey the true power of an artwork. Junius uses ‘imitatie’ and ‘navolgen’ as equivalents. [MO]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Dus ghebeurt het dat ons ghemoedt door de kranckheydt des oordeels verdonckert sijnde, niet en kan onderscheyden wat daer met de autoriteyt en rechte reden der bevalligheydt over een komt.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] And so it happens that our mind, darkened by the illness of judgement, cannot discern what coincides with the authority and true reason of gracefulness.


Quotation

Alhoewel nu dese reden ons volkomen berecht gheeft van 't voordeel 't welck d'eensaemheydt der heymelicker vertreck-plaetsen den Lief-hebber toebrenght: soo biedt sich alhier noch een andere niet min bondighe reden aen, die ons hetselvighe afvoordert. Want ghelijck een goedt Medicijn sijne ooghe niet allen gheslaegen houdt op de sienelicke ende openbaere ghebreken, maer hy moet insgelijcks oock met een gaeuwe opmerkinghe nae-speuren wat daer ergens inwendighlick verswackt ende onstelt is, ghemerckt de krancke selver haere quaelen menighmael soecken te bewimpelen; even alsoo wordt het in een oprecht Lief-hebber vereyscht dat hy sich selven ghewenne de wercken der Konstenaeren met een dieper insicht in sijn eenigheydt te beschouwen 't overmatigh lof-tuyten der gonstigher, en 't bitterlecken der misgonstigher omstanders verbreken de kracht onses ghesonden oordeels door een ontijdighe en gantsch verkeerde schaemte. Yeder een kan by sich selven alleen bequaemer oordeelen, dan in 't midden van sulcken onbesinden gheschreeuw:

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Although this speech has now completely informed us of the advantage that the loneliness of secret places of departure brings the Amateur: as such another not less succinct reason [NDR: reasoning?] offers itself, which brings us the same. Because like a good Doctor does not only keep his eye on visible and public ailments, but he should also with a swift observation search what is weakened and confounded somewhere internally, seen that the sick often try to hide their illnesses; just like that it is demanded from a sincere Amateur that he gets used to behold the works of Artists with a deeper insight in its unity [NDR: as?] the excessive praise of the favorable [NDR: bystanders] and the bitterness of the unfavorable bystanders breaks the power of our sane judgement by an untimely and completely wrongful shame. Everyone can judge better by himself alone, than in the middle of such thoughtless shouting:


Quotation

Het is dan blijckelick hoo grooten arbeyd d'oprechte liefhebbers aenwenden ontrent het oeffenen ende voorbereyden haerer fantasije wanneer sy naemelick de volmaeckte verbeeldinghen aller dinghen door een nau-puntighe imaginatie in haere eyghene herssenen afschilderen. Dies ghebeurt het oock menigh werven dat die gene dewelcke d'uytghelesen wercken van groote Meesters nae een behoorlicke voorbereydinghe in de hand nemen, bequamer daer van plaghten te oordelen dan de allerbeste Konstenaer, wiens oordeel door de liefde die hy sijne eygene wercken toedraegt veeltijds benevelt is, behalven dat hem 't heymelicke misnoeghen 't welck hy in de wercken van andere Meesters neemt, menighmael in sijn oordeel verswackt.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is then clear how great a toil the true Amateurs apply regarding the practice and preparation of their fantasy when they paint in their own brains the perfect representations of things by means of a pointed imagination. It then happens many times that he who takes the exquisite works of great Masters in his hand after an acceptable preparation, tends to judges these more capably than the very best Artist, whose judgement is often clouded by the love that he bears for his own works, apart from the fact that the secret discontent which he has for the works of other Masters, oftentimes weakens his judgement.

Junius describes how an amateur can train his fantasy, which will allow him to pass better judgement on the quality of works of art. He compares the judgement of amateurs with that of artists, stating that a skilled amateur is often less prejudiced than an artist when judging the works of others. [MO]


Quotation

Soo gheloove ick oock vastelick, datmen kleyn onderschyd tusschen ’t beraedt en tusschen ’t oordeel kan aenwijsen; ’t en waer saecke datmen ’t daer in voornamelick stelle , dat het oordeel sich ontrent die dinghen besigh houdt, de welcke nu alreede tevoorschijn ghebracht sijn; het beraed daerenteghen bemoeyt sich voornaemelick met die dinghen, de welcke als noch verborghen ligghende ofte noyt ghevonden of ten minsten twijffelachtigh sijn: Dat oock het oordeel doorgaens henen vast gaet; ’t beraed daer en teghen is een verre-ghehaelde reden, de welcke, ghelijkck se veeltijds met het versinnen ende overweghen van verscheydene dinghen besigh is, soo vervatse in sich niet alleen d’inventie maer oock d’oeffeninghe des oordeels selver.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such I also firmly believe, that one can discern little difference between the consideration and the judgement; it is the case that one finds in primarily in the fact that the judgement occupies itself with those things that have already been brought forth; the consideration on the other hand occupies itself mostly with those things, which are still hidden or are never found or at least are questionable: Also that the judgment usually is certain; the consideration on the other hand is a far-fetched reason, which, as it often occupies itself with making up and considering several things, it contains in itself not only the invention but also the practice of judgment itself.

Junius discusses the difference between two capacities of the artist: consideration (beraad) and judgement (oordeel). The former takes place before the act of creation has taken place, whereas the latter is of importance after creation, to adjust that which has been created. The consideration is closely related to the artistic invention (inventie). [MO]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Die ghene dan de welcke haere ooghen door de daghelicksche oeffeningh van een ghestaedighe opmerckinghe tot dese onmoeyelicke vaerdigheyd van een onwedersprekelick oordeel ghebraght hebben, plagten de meeste kracht haerer Konst-kennisse daer in voornaemelick te bewijsen, datse d’originelen staends-voets van de copijen weten t’onderscheyden. d’Oorspronckelicke wercken die de treffelicke Meesters nae ’t leven selver ghemaeckt hebben, worden alhier door de naem van originele stucken te verstaen ghegeven; de copijen daer en teghen en sijn anders niet dan d’afteyckeninghen, ofte uytdrucksels, ofte afsetsels, ofte naemaelsels diemen nae ’t oorspronckelicke stuck heeft afgheteyckent en naeghemaelt. De rechtsinnighe Konst-kenners plaghten oversulcks ind’oorspronckelicke stucken de volkomene kracht van een levendige bevalligheyd te vernemen; daerse nochtans in de naemaecksels maer allen in de ghebrekelicke lammigheyd van een ontleende welstandigheyd ghewaer te worden. Daer is altijd een bevallighe lustigheyd in alle origineelen te vinden, segt Dionisius Halicarnassensis {In Dimarcho.}, de ghecopieerde stucken daer en teghen, al sijnse noch soo wel uytghedruckt, plagten uyt het een of het ander uyt te wijsen het welck al te seer bearbeydt sijnde uyt de nature niet en schijnt voord te komen. […]

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Those who have developed their eyes to this tireless ability of an incontradictable judgement through the daily practice of a steady observation, tend to demonstrate the most power of their knowledge of art by knowing to immediately distinguish the originals from the copies. The original works that the competent Masters have made after life itself, are understood here wit the term of original pieces; the copies on the other hand are nothing else than the drawings after it, or the offprints, or casts, or paintings after it that one has drawn or painted after the original piece. The frank Art-connoisseurs tend to perceive the complete power of a lively gracefulness in the original pieces; while they only become aware of the defective wretchedness of a flawed lifelessness in the fakes. There is always a graceful pleasure to be found in all the originals, says Dionisius Halicarnessensis {…}, the copied pieces on the other hand, as competently expressed as they may be, tend to show by one element or another that is too cultivated, to not be originating from nature. […]


Quotation

Het is wel waer dat den ongheleerden Konst-liever eenighe goede stucken ontmoetende, door ’t behulp sijnes naturelicken vernufts en d’enckele ghewoonte sijner ooghen de uytnemenheyd van de Konste der werck-meesters eenighsins uyt sijne maniere van teykeningh, uyt sijne verwen, uyt sijne hooghsels en diepsels, uyt sijne stellinghe en andere dinghen van dien aerd lichtelick en met een onuytsprekelick vermaeck sal begrijpen ende onderscheyden, maer dit ’s al het ghene hy doen kan, want het hem niet moghelick is de andere verborgentheden der Konste dieper te door-gronden; aenghesien het maer alleen het werck is van die ghene de welcke waerlick gheleert sijn, een rechtsinnigh oordeel van de gantsche gheleghenheyd der Inventie te strijcken, t’overweghen of alle de figuren in haere behoorlicke plaetse ghestelt sijn, en of daer in de selvighe door een Konstighe ingheestinghe het waere leven van sodaenighe herst-tochten, beroeringhen, beweghinghen inghestort syn, die met de gelegenheyd van het afgebeelde Historische of sedenvormende argument over een komen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is then true that the uneducated Art-lover, when running into some good pieces, with the help of his natural insight and the simple routine of his eyes, will easily and with a unspeakable pleasure understand and discern the excellence of the Art of the artisan, a bit from its manner of drawing, from its colours, from its highlights and depths, from its composition and other similar things, but this is all he can do, because it is impossible for him to better fathom the other hidden things of Art; seen that it is only the work of those who are truly learned, to strike a rightful judgement of the whole situation of the Invention, deliberating whether all the figures are placed in the appropriate place and whether the true live of such passions, stirrings and movements have been poured into it through an Artful interpretation, that coincides with the situation of the depicted Historical or virtuous subject.

This section is not included in the Latin edition of 1637. [MO]


Quotation

Ten eersten, soo ister gheseyt dat een recht oordeel dient voor-al in een Schilder bevonden te werden, ick meene mijn oogh merck op de nutticheden die daer uyt (ten dienste van onse Konst, en voort-plantinghe van des selven Eer) voort komen, want die een bequaem oordeel heeft, sonder de macht om het selve als hy het wel oordeelt uyt te voeren, sal liever sijn onmacht door niet te doen, te kennen gheven, dan met yet te verrichten schande te behalen

[proposition de traduction, Léonard Pouy:] Premièrement, on a dit qu’un peintre doit avant tout avoir un jugement sensé. J’entends son utilité (au service de notre art et de la propagation de son honneur), en ce que celui qui a un bon jugement mais, ayant bien jugé, est dans l’incapacité de le mettre en pratique, ferait mieux de proclamer son impuissance et éviter ainsi de se déshonorer.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Een [schilder, ndr.] die ghesonde kennisse heeft, by-al-dien hem een Stuck Schildery voor komt, het gheen hy oordeelt aerdich en onverbeterlick te sijn, ten aensien van hem selven, wetende dat hy 't in 't u niet bereycken en mach, sal hem wel wachten van dese slordige foute te begaen, die nu niet dan al te veel in swang en sijn: dat is, hy en sal int na-botsen van soodanigh werck niet meer dan sijn arbeyt daer toe doen, niet willende (alsser nu vele doen) met die huyck te Kercken gaen, datse door yet van haer eyghen Ordonnantie daer toe gedaen te hebben, het selve aen de lieden willen wijs maken, dat het teenemael haer Inventien sijn […]. Doch dit kan een ghesont verstant door het bequaem oordeel dat hy heeft, voor komen, wetende dat die eer-dievery nergens toe en streckt dan tot nadeel van de Konst. 

[proposition de traduction, Léonard Pouy:] [ndr. Un peintre,] doté d’un jugement sensé, face à un morceau de peinture qu’il juge être plaisant et imperfectible, sachant qu’il ne parviendra pas à l’égaler en le copiant, prendra soin de ne pas commettre une faute impropre qui est bien trop commune de nos jours. C’est à dire qu’il ne fera pas plus que son travail en copiant une telle peinture, ne souhaitant pas se couvrir pour aller à l’église [proverbe néerlandais, ndr.] (comme tant le font actuellement), en ajoutant de leur propre composition dans le but de tromper les gens en leur faisant croire qu’elles sont leurs propres inventions […]. Un peintre doté d’une compréhension sensée peut éviter ceci en exerçant son bon jugement, sachant que ce crime d’honneur ne sert rien d’autre que le détriment de l’art.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Doch op dat wy het lichtveerdigh oordeel der gener die de selve verachten, ofte de hooghste volmaecktheden en vermoghen der Schilder-konst, gantsch light ende los stellen even of die sonder eenighen Arbeytsame Study, konde begrepen, of bekomen werden, als een geringh en slaefachtigh handt-werck; soo hebben wy voorgenomen in dese onse Inleydingh te toonen, wat tot een geleert en volkomen Meester noodtwendigh moet verstaen werden, op dat een yeder (siende wat tot dese Konst behoort) leere, een grootachtinghe van de selve te hebben, en niet te meenen datse om Broodt loopt (alsmen tot verachtinghe wel is gewoon te seggen: ) ofte datse als aen veel andere Konsten uyt de Schilder en Teycken-konst herkomende, wordt aengedaen. {Dat wy de kleynachtinge der Schilder-Konst sullen wederspreecken, door aenwijsingh wat tot de selven behoort.}

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Yet in order for us to claim rather light and loosely the futile judgment of those who despise it, or the highest perfections and ability of the Art of Painting, as if it could be understood or begotten without any diligent Study, as a minor and slavish hand-work; as such we have resolved to show in this Inleydingh [ndr: Goeree is referring to the whole book], what should necessarily be known by a learned and perfect Master, in order that anyone (seeing what belongs to this Art) will learn to have a great admiration of it, and will not think that it is just about making a living (as one tends to say out of spite:) or that it – just like many other Arts that spring from the Art of Painting and Drawing – is being touched upon. {That we will contradict the disrespect of the Art of Painting, by showing what belongs to it.}


Quotation

Maer gelijck het wel geraetsaem, ja oock seer noodigh is, datmen inden beginne van sijne Studien andere Brave Meesters navolgt, en tracht in dat gene, in welcke sy gedwaelt hebben, haer te overtreffen, soo moet geweten worden datmen daer ontrent niet alleen yver ende neerstigheyt moet aenwenden, maer oock voor al sich seer wijslijck dragen: {Watter in ’t volgen van andere Meesters moet waergenomen worden.} Want het geleerdelijck navolgen van een groot Meester vereyst vry wat anders, als het simpel Na-Copieeren, dat voor de Jongelingen wel een bequaem middel is, om voor eerst de Pinceel te leeren handelen, de Verwen ende Colorijten te leeren vinden, ende soo voorts: Maer in het Meesterlijck studeeren, ende navolgen daer moet alleen het oordeel sich ontrent de Deughden vande alderbeste dingen oeffenen: ende dat met een sorghvuldige Naerstigheyt, om alles uyt te vorssen, ’t geen daer vanden rechten aert der Konsten in is. Want inde beste Tafereelen, sitten de Deughden somtijts soo diepe verborgen, ende soo konstelijck door het geheele Werck ingewickelt, ende door-vlochten, dat den alderscherpsinnighsten Meester de selve niet als na een lange opmerckingh en bestaet te vatten. Soo dat van een onkundige dickwils de fauten die daer noch in gebleven zijn, best van alles worden opgevolght en ingezogen; {Onkundige volgen de fauten in ’t Copieeren best na.} daerom datmen met een verstandigh en rechtsinnigh oordeel soodanige dingen bestuderen sal, ende en etent niet al voor Suycker op wat van dese of gene groote Meesters voortkomt, invoegen men de gebreecken soo wel als de volmaecktheden tot een wet van navolgingh komt te stellen, even offe uyt respect van hare Meesterschap niet en hadden konnen dwalen: Maer dan kan het navolgen eerst prijswaerdigh en voordeeligh zijn, soo wanneer sy de volle kracht der Konst inde voornaemste dingen heeft getroffen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Yet as it is advisable, yes also very necessary, that one imitates other Good Masters in the beginning of his Studies, and attempts to surpass them where they have strayed, as such it should be known that one should not only apply ardor and diligence, but also behave themselves very wisely: {What should be observed in following other Masters.} Because it demands something different to intelligently imitate a great Master, than simply Copying After, which is an adequate means for young ones, to learn to treat the brush for the first time, to learn to find the colors and colorations et cetera: But in studying masterfully, and imitating, there only the judgement regarding the Virtues of the very best things should be practiced: and with a careful diligence, to find out everything, which is in it about the true nature of the Arts. Because the Virtues are often soo deeply hidden in the best Paintings, and are so artfully folded and braided into the whole work, that the most perceptive Master cannot assume to understand it but after a long observation. Such that the mistakes that remain in it are often followed the best and taken in by an incapable [artist]; {Incapable artists imitate the mistakes the best in Copying.} which is why with a wise and frank judgement one should study such things and not take at face value [ndr: literally: eat like sugar] everything that comes from this or another great Master, as such one may take the flaws as well as the perfections for a law to imitate, as if out of respect for their Mastery they could not stray: But the imitation will first become praiseworthy and useful, when she has captured the full power of Art in the principal things.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

’t Gaet gemeenlijck seecker, dat wanneer als het oordeel van den Schilder geheel accordeert met den uytslach van sijne Werkcen, dat die dingen niet wel en komen uyt te vallen; en noch hebbense een veel slimmer eynde, soo wanneer als het Werck het oordeel vanden Schilder te boven gaet: {’t Oordeel vanden Schilder moet boven ’t Werck gaen.} Doch wanneer het verstandigh oordeel verder voor uyt loopt dande Wercken, ende ’t geen men daer in komt te sien, soo staet vande sulcke noch een groot Meester te wachten

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] It is generally certain, that when the judgement of a Painter coincides completely with the result of his works, that these things do not turn out well; and yet they have a much worse ending, when the Work surpasses the judgement of the Painter: {The Judgement of the Painter should surpass the work.} Yet when the sensible judgement moves quicker ahead than the works, and that which ones gets to see in it, as such we may expect him to become a great Master.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

{Teykenen na Schilderyen.} De Jonckheydt nu in het Na-teyckenen haer besich houdende, salmen hun daer in al van lichter tot swaerder overbrenghen; en dien trap opgeklavert zijnde, haer aenleyden tot het Na-teyckenen van goede en welgeteyckende Schilderyen, en die salmen haer laten van ’t groot in een kleyne proportie brengen, oock wel van kleyn somtijts een laten vergrooten, waer door sy terstont leeren gissen, en een vaste stellinge krijgen. {Vereyst meerder kennis.} En gelijck als dit den tweeden trap is, soo is sy oock swaerder en vereyst meerder kennis en oordeel: Want in een Schilderye en vintmen noch wissigheydt van ommetreck door trecken, noch manniere van Teyckenen, noch licht en licht (dat inde verscheyde Colorijten schuylt) duydelijck aenghewesen. En dewijlmen in dit Teyckenen de juyste ghelijckheyt van doncker en licht door eenerley stoffe moet uyt-beelden, soo zijn daer in verscheyden opmerckingen van nooden, om de houdinge, ofte het behoorlijck voor en achter uyt wijcken, dat in een Schilderye is, oock in een Teyckeningh te brengen, […]

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] {Drawing after Paintings.} While the youth is busying itself with Drawing after [ndr. things], one should lead them from easy to harder; and once they have climbed this staircase, stimulate them to draw after good and well-drawn Paintings, and one should make them convert these from a great to a small format, sometimes let them enlarge them from the small [ndr. format], through which they will quickly learn to guess and obtain a steady composition. {It demands more knowledge.} And as this is the second step, it is more difficult and requires more knowledge and judgement: Because in a Painting one does not find exactness of the contours through strokes clearly defined, nor the manner of Drawing, nor light and light (which hides in different colors). And while in Drawing one has to depict the right balance between dark and light by means of one material, as such several observations are necessary, to acquire in a Drawing the balance of colors, or decent advancing or detracting, which is in a Painting, […]

I have chosen to translate ‘houding’ with ‘balance of colors’ for this translation. [MO]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Als ghy nu uwe Schets ten Ruwsten doch evenwel voorsichtigh aengewesen hebt, siet dan met ene gheset en aendachtigh Oordeel of uwe schickinge goet is, en of ghy de Actien, of Werckingen, en al ’t gedoen van het Beelt of Beelden diese in u Principael hebben, oock in uwe Teyckeningh kondt sien. Want de werckelijcke besigheydt moet sich in de alder-eerste en ruwste Schets al seer sterck vertoonen, eer ghy u van wat goets mooght verseeckeren; gemerckt de Actie de Ziel van de Schilderye of Principael is, en by gevolgh oock van uwe Teyckeningh moet wesen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As soon as you have marked your Sketch in the roughest form yet carefully, observe with a regular and attentive Judgement whether your composition is right, whether you can also see the Actions or Movements and all the busyness of the Figure or Figures that you have in the Original, in your Drawing as well. Because the real action should show already very strongly in the very first and roughest Sketch, if you want to be sure of something good; as the Action is the Soul of the Painting or Original, and should therefore be of your Drawing.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Waer eenige uitnemende werken u voor komen, gy zult de uitnementheden, ook by naemen kennen: of twijfel vry, of'er de deugd, daer van geroemt wort, ook in te vinden is. Maer op dat gy door eygen laet dunkenheit niet en verdoolt, zoo laet een anders oordeel, en voornamentlijk, daer gy overstemt zijt, by u verkoelen, eer gy 't verwerpt of aenneemt.

[BLANC J, 2006, p.323] Lorsque quelques œuvres excellentes vous parviennent, il faut savoir mettre un nom sur leurs qualités. Si vous ne le pouvez pas, demandez-vous si la qualité que l’on y célèbre existe vraiment. Mais pour que, par arrogance, vous ne vous perdiez pas, laissez le jugement d’un autre vous refroidir avant que vous ne décidiez de ce que vous rejetterez ou de ce que vous garderez, surtout si vous vous sentez dépassé.


Quotation

In die tijt dat eenige Meesters haar in de Mensch kunde verliepen en sommige te kort schoten, hebben sich eenige veel bescheydender aangesteld, {Wat sommige meesters hebben gedaan om de vervalle Menschkunde te XX.} gelijk hunne Tafereelen en printen aanwijsen. Men getuygt van den Florentijnschen Schilder Dello dat hy een van de eerste is geweest onder de moderne, die met een verstandig oordeel de muskelen, volgens de actien en werckingen begonde te vertoonen. Insgelijx werd van den Schilder Rosso verhaald dat hy de Dooden stellswijse ontgroef, en met groote neerstigheyd daar een Anatomie of Menschkunde uyt maakte. Seker die tot de algemeene Lees-oeffening en beschouwing der voorbeelden, beneffens ’t geduurig Teykenen van Academie-beelden, te mets gelegentheyd kan vinden om het dood lichaam van een mensch te sien ontleden, of sulx op een zedige wijse selfs te doen, die heeft de middel in de hand om met opmerking de konstige samenstel van het grootste meesterstuk der schepping wel te doorgronden, en ’t geen hy hier na ’t leven in een doode romp siet, tot de regelen van sijn konst over te brengen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] In the period when some Masters overestimated themselves in the Anatomy and some failed, some have behaved themselves much more modestly, as their works and prints demonstrate. {What some master have done to XX [ndr: illegible] the decayed Anatomy.} People testify that the Florentine Painter Dello was the first under the modern [ndr: artists], who started to portray the muscles with an intelligent judgement according to the actions and movements. Likewise it was said about the painter Rosso that he systematically exhumed the dead and made an Anatomy out of them with great diligence. Certainly, he who, for the general practice and observation of examples, besides the frequent Drawing of Academy-figures, can also find the opportunity to observe the dissection of the dead body of a man, or do such a thing himself in a decent way, he has the means to penetrate the artful invention of the biggest masterpiece of creation with observation, and to bring that which he sees here after life in a dead corpse into the rules of his art.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Als u nu de Schets ten ruwesten ontworpen is, en dat al de groote deelen op zyn plaats aangeweezen staan, zo zalmen het voorwerp en zyn schets, in vergelyking teegens elkanderen, met een aandachtig oordeel, een weinigje uit de hand beschouwen, om te zien, of de schikking naar behooren geplaatst is, en of de beelden haar werkinge genoeg doen; want als dat in de schets niet wel waargenoomen word, zo zalmen met de verplaatzing en verbeetering der deelen in de stellinge, zulk een groote en verdrietigen arbeid ontmoeten, dat de iever en lust van de teekening vergaan zal zyn, eer men de zelve eens half gesteld vertoonen kan. […] In het opstellen, moetmen voor al wel toe zien, dat de lossigheid der Aktien, die de schets alreede is, daar niet uit en raakt. Het welke gemakkelyk kan gebeuren, wanneer men geen agt geeft, door wat voor-deelen, de natuurlyke beweeging en werkinge der Beelden veroorzaaken.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] If you now have designed the sketch in its roughest form, and all the bigger parts are marked in their place, as such one shall observe the object and its sketch, in comparison to each other, with a careful judgement, a little bit in one’s hand, to see if the composition has been satisfactorily placed and if the figures sufficiently do their movement; because if this is not observed correctly in the sketch, one will find such a big and sad work for the moving and improvement of the parts in the composition, that the diligence and desire of the drawing will be lost before one can even show it partially finished. […] In the composition, one should first make sure, that the looseness of the actions that is already in the sketch, does not disappear from it. Which can easily happen, when one does not pay attention through which parts the natural movement and action of the figures are caused.


Quotation

Na dat wy nu reedts duidelyk genoeg voorgesteld hebben de gronden van deze tegenwoordige, en 't geene meest aanmerkelyk is in de gelegenheid en verscheidenheid der verwen; konnen wy lichtelyk daar uit af neemen, dat de Schilderyen, die deze opmerkingen in zich vertoonen, onze zinnen noodzaakelyk door een zoet geweld tot zich moeten trekken [...] Het voornaamste, om deze konstgreep te bekomen, is dat men acht geeve op wat hoogte men zyne eerste en kragtigste koleur maakt. Deze moet alleen de overhand hebben, en boven de anderen heerschen […]Het is dan het oog en het oordeel eigentlyk, welke men in deze zaak moet te hulp neemen, en daar mede raadpleegen [...]

[D'après DE LAIRESSE 1787, p. 332:] Il est facile de conclure, d’après les réflexions que nous venons de faire, que les tableaux où cette disposition des couleurs est observée doivent naturellement attirer & fixer les yeux [ndr : sens] […] Le meilleur moyen pour parvenir à ce secret de l’art, c’est de bien remarquer de quel degré est la principale & la plus vigoureuse couleur qu’on emploie, afin qu’elle domine sur toutes les autres […]C’est donc la vue, mais sur-tout le jugement qui doit nous conduire ici […].


Quotation

Zommige oordeelen, dat de Conterfeitsels van van Dyk by die van Titiaan maar waterverw gelyken, om reden dat die van Titiaan zo veel kracht in koleur, dag, en schaduwe hebben, dat die van den anderen daar niet by konnen haalen, ja een koleur, zeggen zy, welke op die wyze voor van Dyk onnavolgelyk is, en daar het zyne zich alles flets en krachteloos by vertoont: waarlyk, een belaghelyk en beschimpend oordeel. Doch dat van Dyk en Titiaan in koleur verschillen, dat staa ik hun toe; maar dat men in dit geval by de Italiaanen niet behoeft te loopen, om zulks te bewyzen, is ook zeker: want voor zo veel de krachtige Coloriet, indien het daar in bestond, belangt, zo zeg ik dat Rembrant voor Titiaan niet heeft te wyken. Maar wat is ‘t! de meeste menschen volgen gemeenlyk de dwaaze oordeelaars, welke geene dingen goed keuren, die niet op zyn Italiaansch geschilderd zyn, het zy Historien, Landschappen, of Pourtraiten.

[D'après DE LAIRESSE 1787, vol.2, p.146-147:] Il y en a qui pensent que les portraits de Van-Dyk ne paroissent que des gouaches quand on les met à côté de ceux du Titien ; à cause que les ouvrages de ce dernier sont d’un coloris & d’un clair-obscur si vigoureux, que ceux de Van-Dyk ne peuvent pas souffrir cette comparaison. Ils prétendent même que le coloris du Titien est d’une beauté inimitable, & rend celui de Van-Dyk foible & froid même : jugement qui ne paroît aussi ridicule qu’injurieux. Je conviens cependant qu’il y a une grande différence entre le coloris du Titien & celui de Van-Dyk ; mais je suis, en même tems, convaincu qu’il n’est pas nécessaire d’avoir recours aux Italiens pour trouver un bon coloris ; car si, par exemple, il ne s’agissoit seulement que de la vigueur, on pourroit citer Rembrand, qui ne le cède certainement pas dans cette partie au Titien. Mais on voit malheureusement que la plûpart du monde suit les idées de ces juges prévenus, qui n’approuvent que la manière des Italiens, tant dans l’histoire que le paysage & le portrait.


6 quotations

Quotation

Hoovaerdighlick neus-wijse en koppighe menschen, die met een smaedighe verwonderingh het ghene hun niet aen en staet vaerdighlick veroordeelen ende verwerpen, behoeven sich insgelijks daer mede niet te quellen dat maghtige schatrijcke liefhebbers weynigh daer nae schijnen te vraeghen wat het hun kost, als sy slechts haeren lust moghen boeten; gemerckt dese dinghen gheacht behooren te worden nae het verghenoeghen de Konst-kenners daer in scheppen. Hy moet een dieper insicht in dese dingen hebben, die daer wel van meynt te oordeelen. Een Konst-gheleerd oogh kan maer alleen bespeuren wat daer in te vinden is.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Haughty, pedantic and stubborn men, who with slandering astonishment skillfully condemn and dismiss that which they do not like, should likewise not torture themselves [NDR: about the fact] that powerful wealthy Amateurs do hardly ask what it costs them, when they only may feed their desire; considering that it should be esteemed after the pleasure that Connoisseurs take in it. He, who intends to judge it well, should have a deeper insight in these things. An Art-educated eye can only detect what can be found in it.


Quotation

[...] even alsoo plaghten dieghene scherper te oordeelen, dewelcke daer toe versocht worden; sy vereyschen de waere kracht der Konste, sonder nae ’t uyterlicke opproncksel ende ick en wete niet wat voor aentreckelicke nieuwigheden om te sien; soo ghebeurt het oock doorgaens henen dat een naukeurigh oordeeler de gebreken van stonden aen meteen halve ooghe weet uyt te vinden; en wat daer erghens in ’t werck misprijselick is, plaght met eenen oock den luster van de prijs-waerdighe dinghen te verdonckeren; voornamelick in die Konsten, dewelcke niet soo seer tot noodsaeckelick ghebruyck gheoeffent worden, als tot enckel vermaeck van onse curieuse nieus-ghierige sinnen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] …similarly, those tend to judge more sharply, who are asked to do so; they demand the true power of Art, without paying attention to the external embellishments and I do not know what kind of attractive novelties; as such it also commonly happens that a precise judge can immediately spot the flaws in the blink of an eye; and that which is to be disapproved somewhat in the work, tends to simultaneously darken the delight of praiseworthy things; mainly in those Arts, which are not so much practiced for necessary use, but rather for the sole entertainment of our curious inquisitive spirits.


Quotation

De menichvuldighe aendachtighe beschouwinge der Konste plaght eyndelick in ons ghemoed soo vele te weghe te brenghen, dat wy door de gheduyrigheydt deser oeffeninghe bequaem worden ghemaeckt om van allerley Konstighe wercken met een seldsaem gemack en met een onbedrieghelicke vaerdigheyt te oordeelen, daerom heeft oock Dionysius Longinus {De sublimi orat. 4.} dese gemackelicke vaerdigheyd in het oordeelen met groot recht d’aller laetste vrucht van een veelvoudighe ervaerenheyd ghenaemt.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] In the end, the manifold careful study of Art tends to stimulate so much in our mind, that through the duration of this practice we become able to judge all sorts of Artful works with a rare ease and with an undeceiving ability, because of this Dionyisus Longinus {…} has with great reason called this convenient ability in judging the very last fruit of the manifold experience.


Quotation

[…] In dienmen andere haer oordeel ondersoecke, soo komt te vooren niet alleen den grooten Prijs ende waerde die dese dingen [antique sculpture, ndr.] altijts by de kenders in oude tijden gehadt hebben, en oock nu ter tijt noch hebben; als ’t eerste wert getuyght van Cicero, Plinius, ende andere schrijvers van geloof, door ’t verhael van dinghen by na ongheloofflijck, ende het tweede leert de daghelijckse ervarentheyt: Maer komt daer toe oock de eenparighe toestemmingh van Raphael d’Vrbijn, Michiel angelo Bonarotti, en al de treffelijcke Meesters: die als bekent is, dit niet alleen met woorden rondelijck verklaert, maer oock metter daet betoont hebben; haer heele werck stellende na desen richt-snoer: Ja soo verre, datse dickwils niet ontsiende, heele stucken in hun wercken in te voegen by na Roovers zijn geworden, in plaets van navolgers. En van geen ander verstant zijn de Liefhebbers; als die gemeenlijck voor ’t beste van hun wercken dat oordeelen, het welck meest heeft van die oude Voor-beelden. Selfs die van Venetien, die nochtans altijdt meest in ’t Coloreren ende meesterlijckheydt van het Pinceel als inde Teyckeningh hebben uytgemunt, konnen hier toe strecken voor ghetuyghen; aenghesien Mategna, Palma hier uyt geseyt werden, veel geleert en gevordert te hebben.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] […] When one investigates the judgement of others, not only the high Price and value that these things [ndr: antique sculpture] have also had for the connoisseurs in the ancient times, and still have nowadays; firstly it was argued by Cicero, Pliny, and other authors of standing, from the story of things almost unbelievable, and secondly the daily experience teaches it: But the unequivocal agreement of Raphael of Urbino, Michelangelo Buonarroti, and all the powerful Masters: who – as is known – have not only directly declared this with words, but also shown with action; forming their whole oeuvre after this guideline: Yes to such a degree, that they often were not stopped from incorporating complete pieces in their works, almost becoming Thiefs, instead of imitators. And the Amateurs are of the same mind; as they commonly judge those parts of their works as the best, which resemble those old Examples the most. Even those of Venice, who normally have excelled most in the Coloring and virtuosity of the Brush then in the Design, may serve as witnesses of this; as Mantegna, Palma are said to have learned and taken much from it.


Quotation

Soo plegen verstandige Schilders haer in desen, van eenige behulp-middelen te versien, die haer in het oordeelen van hunne wercken eenighsins te bate mochten komen: {Behulpmiddelen om van sijn dingen wel te oordeelen.} Hier toe gebruyckten sommige den Spiegel, in welcke sy haere dingen als in een tegenstrijdige ende omgekeerden stand besagen; invoegen sy haer oordeel door het beschouwen van twee onderscheyde Vertooningen, op den Toetsteen brachten. ’t Is niet sonder reden datmen door dat middel de fauten zijner wercken kan naspeuren; want door dien omkeeringh van stant, veroorsaeckt dat de eyge Liefde omtrent onse Wercken niet in haer volle kracht en kan herschen, soo komen wy die aen te sien als het Werck van eenen anderen Werck-Meester, in welcke men (gelijck d’ondervindinge leert) altijdt veel gebreecken vinden kan: gelijck wy dat noch verder in ons tweede Boeck sullen aenraecken. Andere keeren hare stucken somtijts om, en sien die t’onderste boven, om alsoo uyt te vorssen of hunne dingen haer behoorlijcke Teyckeningh ende kracht hebben, ende behouwen: Gelijck dat mede door de Lijsten aende stucken te doen dickwils ontdeckt wort;

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such wise Painters tend to supply her with some aids, which might somewhat be of benefit for judging their works: {Tools that aid to judge one’s own work well.} Some used a mirror for this, in which they observed their things in a contrasting and opposite position; as such they tested their judgement by observing two different displays. It is not without reason that one can detect the mistakes in his work by that means, because through the reversal of the position, it causes that one’s own Love for our works cannot reign in its full power, so we get to so it as if it were the work of another Artisan, in which one (like experience teaches us) can always find flaws: as we will touch upon this further in our second Book. Others sometimes turn their pieces around, to see it upside down, to investigate this way whether their things have a proper Design and power, and maintain it: As this is also often discovered because by placing the Frames on the works;



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Quotation

Resteert nu noch, om dit Capittel te besluyten, dat men wete hoemen sich in het oordeelen en beschouwen van andere Luyden Wercken moet dragen: {Hoemen hem in ’t besien van andere Luyden Konst sal dragen om wel te oordeelen.} en daer toe salmen kortelijck in ’t algemeen aenmercken, datmen de kleyne gebreecken en pickediljes niet al te naeuw examineeren, noch te seer berispen en moet; noch de groote misslagen niet te licht door de Vingeren sien: Want soo een Schilder hem hier in onvoorsichtigh komt te dragen, soo loopt hy gevaer om by alle andere veracht, en seer gehaet te werden.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] To finish this Chapter is left that one knows who one should behave in the judging and observing of the works of other men: {How one should behave in the observation of the Art of other men to judge them well.} and for this one will briefly point out in general, that one should not examine the small flaws and trifles all too closely, nor condemn them too much; nor too easily turn a blind eye to the big mistakes: Because if a Painter behaves himself careless in this matter, he runs the risk to become despised by all others and very hated.

examineeren



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2 quotations

Quotation

[...] even alsoo plaghten dieghene scherper te oordeelen, dewelcke daer toe versocht worden; sy vereyschen de waere kracht der Konste, sonder nae ’t uyterlicke opproncksel ende ick en wete niet wat voor aentreckelicke nieuwigheden om te sien; soo ghebeurt het oock doorgaens henen dat een naukeurigh oordeeler de gebreken van stonden aen meteen halve ooghe weet uyt te vinden; en wat daer erghens in ’t werck misprijselick is, plaght met eenen oock den luster van de prijs-waerdighe dinghen te verdonckeren; voornamelick in die Konsten, dewelcke niet soo seer tot noodsaeckelick ghebruyck gheoeffent worden, als tot enckel vermaeck van onse curieuse nieus-ghierige sinnen.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] …similarly, those tend to judge more sharply, who are asked to do so; they demand the true power of Art, without paying attention to the external embellishments and I do not know what kind of attractive novelties; as such it also commonly happens that a precise judge can immediately spot the flaws in the blink of an eye; and that which is to be disapproved somewhat in the work, tends to simultaneously darken the delight of praiseworthy things; mainly in those Arts, which are not so much practiced for necessary use, but rather for the sole entertainment of our curious inquisitive spirits.

Nieuwigheid has a negative connotation in this extract. [MO]



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Quotation

Vele onder d Oude en Jonge hebben gemeent dat het niet wel uyt te spreken noch te bepalen was, wat het eygentlijk is, dat wy Schoon noemen; en dat het oversulx niet net kan aangewesen werden, door welcke Waarnemingen, die volkomen en seker te verbeelden is: […] En nadien niet kan gelooghent werden datter ook trappen in de Schoonheyd zijn, en datmen Schoon, Schoonder en noch Schoonder vindt; soo isser geen reden die ons belett te dencken, datter ook een Alderschoonst is. Doe Aristoteles gevraagt wierd wat Schoonheyd was, en waarom al ’t geen Schoon is, bemind werd ! antwoordde hy: Dat is een Blindemans vrage, {Aristoteles meende datmen niet vragen moest wat Schoonheyd was.} d’Heer Kats heeft hem over de verschillige Keuse der Schoonheyd evenwel niet ruymborstig derven verklaren, want hy spreekter elders dese onsekere woorden van:
Men twist nog evenstaag, men twijffeld overal,
Wat datmen in den Mensch voor SCHOONHEYD keuren sal,
Daar is nauw eenig Volk of ’t heeft verscheide Gronden,
Waarop dat ymand SCHOON of LEELYK werd bevonden.
Seker nadien de verscheyde Volken ook in ’t verkiesen en goedkeuren de
Schoonheyd niet alleen verschillig zijn, maar datter ook sommige gevonden werden die de Leelijkheyd en Mismaaktheyd ten opsigt van andere Oordeelders, voor de Schoonheyd stellen; sulx heeft menig onvast herssebekken in twijffel gebragt; of de Schoonheyd niet wel slegts in een Keur, of in de Mode, of in een eigen Zinnelijkheyd der Menschen bestaat. {In de Keur der Schoonheyd werd somtijts ook de Lelijkheyt voor Schoon aangesien.}

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Many amongst the Old and Young have thought that it is not easy to say nor determine what it really is, that we call Beautiful; and that it is not clear to pinpoint, by which Observations, it is to be depicted perfectly and clear: […] And since it cannot be denied that there are also steps in Beauty, and that one finds Beautiful, more Beautiful and even more Beautiful; as such there is no reason to stop us from thinking that a Most Beautiful also exists. When Aristotle was asked what Beauty was, and why all that is beautiful is loved ! he answered: That is the question of a blind man, {Aristotle thought that one should not ask what nature is.} Mister Cats has not dared to explain himself outspokenly about the different types of Beauty, as he utters these uncertain words about it somewhere: They continue to dispute, everywhere they doubt, What it is that one can judge to be BEAUTY in Man, There is barely any people, or it has different grounds, On which someone is thought BEAUTIFUL or UGLY. Especially since the different Peoples are not only different in choosing and approving Beauty, but that we can find some who place the Ugliness and Deformity before the Beauty in contrast to other Judges; such has brought doubt to unstable brains; whether the Beauty exists but in the Choice, or in Fashion, or in a personal reasoning of Men. {In the Choice of Beauty one did sometimes perceive Ugliness as Beautiful.}



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1 quotations

Quotation

Aller menschen ghesicht en is niet begaeft met de selvighe oordeelenskracht; seght Plutarchus {apud Stobaeum ser de Venere & amore}, 't eene ghesicht is meer volmaeckt door de Nature en beter geoffenet door de konst als het ander om het gene schoon is te onderkennen. Hier uyt ontstaet het dat de Schilders met een vaerdighe gauwigheyd van de ghedaenten ende ghestaltenissen der dingen weten te oordeelen. Als een onwetend mensche, eenen rechten Idioot, volmondelick bekendt dat hy de Venus die Zeuxis gheschildert hadde niet schoon en vond; Neem mijne ogen seyde Nicomachus, en sy sall een Godinne schijnen te sijn.

[Suggested translation, Marije Osnabrugge:] Not everyone's sight is gifted with the same power of judgement; says Plutarchus {…}, one sight is more perfect by Nature and better trained by art than the other to recognize that which is beautiful. From this it results that Painters know how to judge the shapes and figures with a capable quickness. When an ignorant man, a true idiot, whole-heartedly confessed that he did not consider the Venus painted by Zeuxis beautiful; Nicomachus said: Take my eyes, and she will appear to be a goddess.


1 quotations

Quotation

Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable.
Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.

jugement


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Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.

disposition



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

1 quotations

Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

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Quotation

L’originalité est le troisième point essentiel à la connoissance des desseins. Cette originalité n’est pas souvent bien aisée à constater. Pour juger si un dessein est original ou copie, il faut du discernement, de la pénétration, de la finesse d’esprit, une grande pratique, & une notion des principes de l’art moins (c) grande cependant que pour les tableaux.
(c) Quoiqu’un tableau terminé dise tout & ne laisse ordinairement rien a y ajoûter, qu’au contraire un dessein esquissé oblige d’y deviner plusieurs choses, il faut convenir qu’un tableau renfermant plus de parties de la peinture, demande aussi plus de connoissances.



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SPECTATEUR → connaissance
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

1 quotations

Quotation

{Goede kopyen maken goede stukken ruchtbaer.} Dewijl ik in 't voorige Hooftdeel aengeweezen hebbe, dat het den leergierige geesten nut en profijtelijk is, somtijts de werken van andere beroemde baezen nae te volgen, zoo past'er dit ook voor de liefhebbers by, dat de konstige stukken der groote meesters door 't nakopieeren van goede gezellen ruchtbaer worden. Want dewijl dezelve gemeenlijk in konstkamere opgeslooten zijn, en de Kopyën in alle Rijken worden omgezonden, zoo krijgenze daer door allerweegen zoodanich een luister,
dat de Konstminnaers zich niet en ontzien veel dachreyzen af te doen, om de prinsipaelen eens te beschouwen. [...] origineelen of oorspronkelijke werken der treflijke Meesters is, in de kopyen zal vinden. Want zulx is onmogelijk, ten waere eenich Godt den naevolger met den zelven geest des eersten meesters begenadigde. {En origineelen} Daer is altijts een bevallike lusticheit in d'origineelen, zegt Dionisius Halikarnassus, die in de kopyen ontbreekt: want hoe wel datze zijn nagevolgd, zoo wijzenzenochtans hier en daer iets uit, dat niet uit de natuer, maer uit een pijnlijken arbeyt schijnt voort te komen. Ook ziet men, dat de deugden des eersten prinsipaels in de kopyen met veele gebreeken omringt zijn, min of meer als de gedrukte bladeren, van eenich onverstandich letterzetter nae eenich moeylijk schrift geflanst, vol druksouten en feylen zijn, die den zin of verduisteren of omkeeren. Daer dan noch alder meest in de gemeene welstandige Harmonie en Gratie gefaelt wort.

[BLANC J, 2006, p. 325] {De bonnes copies font la renommée de bonnes oeuvres}. Puisque j’ai indiqué dans le chapitre précedent qu’il est utile et profitable aux esprits avides d’apprendre à imiter parfois les œuvres des autres maîtres célèbres, il convient aussi aux amateurs de faire la renommée des œuvres d’art des grands maîtres en les faisant copier par de bons compagnons. En effet, puisque ces oeuvres sont ordinairement enfermées dans des cabinets d’art et que leurs copies sont envoyées dans tous les pays, elles reçoivent par ce biais partout un tel lustre que les amoureux de l’art ne craignent de perdre de nombreux jours de voyage pour contempler une fois les originaux. […] Mais que personne ne s’imagine trouver dans les copies cette force absolue de l’art existant dans les originaux ou les œuvres originales des maîtres excellents. Une telle chose, en effet, est impossible, à moins que quelque dieu ne fasse faveur à l’épigone du même esprit que celui du premier maître. {Les originaux}.Il existe toujours une gracieuse joie, dans les originaux, dit Denys d’Halicarnasse, qui manque aux copies. Aussi, bien qu’imitées, elles montrent en effet, ici où là, quelque chose qui ne semble pas provenir de la nature mais d’un travail pénible. On voit également que les qualités d’une œuvre originale première s’entourent dans les copies de nombreux défauts, plus ou moins comme des feuilles imprimées, qui, baclées par un typographe inentendu d’après quelque écriture difficile, se remplissent de fautes et d’erreurs d’impression qui en assombrissent ou en changent le sens. Il y manque encore et surtout une beauté d’ensemble celle de l’harmonie et de la grâce ordinaires.

kopy



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...
SPECTATEUR → marché de l'art
SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

Traveller.
           
The World here in our Northern Climates has a Notion of Painters little nobler than of Joyners and Carpenters, or any other Mechanick, thinking that their Art is nothing but the daubing a few Colours upon a Cloth, and believing that nothing more ought to be expected from them at best, but the making a like Picture of any Bodys Face.
            Which the most Ingenious amongst them perceiving, stop there ; and though their Genius would lead further into the noble part of History Painting, they check it, as useless to their Fortune, since they should have no
Judges of their Abilities, nor any proportionable Reward of their Undertakings. So that till the Gentry of this Nation are better Judges of the Art, ’tis impossible we should ever have an Historical Painter of our own, nor that any excellent Forreigner should stay amongst us.



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L’ARTISTE → qualités

2 quotations

Quotation

Un Peintre, qui de tous les talens nécessaires pour former le grand Artisan, n'a que celui de bien colorier, décide qu'un tableau est excellent, ou qu'il ne vaut rien en général, suivant que l'ouvrier a sçu manier la couleur. La poësie du tableau est comptée pour peu de chose, pour rien même dans son jugement. Il fait sa décision sans aucun égard aux parties de l'art qu'il n'a point […].


Quotation

On a toûjours regardé cette partie [ndr : le coloris] comme la plus enchanteresse des trois de la Peinture, celle qui appelle le spectateur, & qui constituë son nom & son caractère. Le Peintre qui n'excellera que dans la partie du dessein ne sera jamais qu'un grand Dessinateur.
Cette correction se peut même acquerir à un certain point par une étude opiniâtre. On placera au rang des grands génies & des hommes d'imagination, ceux qui mettront beaucoup de feu, de traits singuliers & de poëtiques dans leurs ouvrages, & dont la veine sera féconde & riche en inventions ; mais ce ne seront point encore là de grands Peintres, s'ils ne nous enchantent par la couleur. On estimera un excellent Géométre celui dont on admirera l'art & la sience des raccourcis, & des illusions étonnantes de la Perspective. Mais l'on ne pourra jamais concevoir un véritable Peintre sans la partie du Coloris. C'est son charme qui m'attire par le brillant éclat des objets imités, & cette imitation portée au plus haut degré est souvent plus séduisante & plus enchanteresse que le vrai même auquel elle ajoûte par le choix de ce qui est le plus beau dans la nature, & dont on ne sauroit trouver l'assemblage que par un heureux hazard qui n'arrive presque jamais [...].



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

1 quotations

Quotation

(a) Nous prenons ici le Goût de même que dans le chapitre précédent, c’est-à-dire dans sa plus grande étendue ; comme un sentiment qui nous porte à ce qui nous paroît bon, ou nous détourne de ce qui nous paroît mauvais. En ce sens il peut s’appeler, Goût, dans ses commencemens ; Passion, dans ses progrès ; & Fureur ou Folie, sans ses excés.

goût


1 quotations

Quotation

ALCIPE.  […] Ne croïez pas même qu’ils [ndr : les prétendus connoisseurs] aillent chercher les preuves de l’originalité dans les grandes parties ; non, c’est souvent un petit coin de tableau, la touche d’une plante, d’un nuage, ou le derriere de la toile qui les determinent. D’ailleurs ces gens là n’ignorent aucuns termes de l’art, sçavent exactement la vie des peintres, l’histoire de chaque tableau ; mais ils ne se servent de ces choses, que pour jetter plus d’obscurité dans leur raisonnemens, & donnent aux autres une idée si bizarre de la Peinture, que s’ils ne la regarde pas comme un art purement dépendant du caprice, du moins, ils n’osent plus s’en rapporter à leurs yeux ; ils n’osent enfin loüer la lumiere d’un tableau, parce qu’ils ne scavent pas le mot de clair-obscur ; la beauté des couleurs, parce que le grand terme d’harmonie des couleurs ne leur est pas familier. S’ils voïent par exemple, une belle tête de vieillard, dans laquelle d’heureuses épaisseurs de couleur leur representent des rides, ils n’ignorent pas qu’il y a pour les loüer un terme, dont ils ne peuvent se souvenir ; & faute de se rappeler le beau mot de patroüillis, ils croient devoir se taire.


7 quotations

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 307
13. Les bons Peintres cachent toujours quelque secrette intelligence dans leurs ouvrages qui vaut plus que le reste, mais les Maistres seuls les recognoissent, & en ont sentiment. 



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie. Le plus grand avantage qu’on en tire vient de ce qu’elle nous apprend en quoy consiste la derniere beauté de tout ce qu’elle represente, & sur tout celle du corps humain. 
Car il ne faut point douter que les Peintres ne jugent ordinairement mieux que le reste des hommes de la beauté humaine, tant à cause des regles qu’ils ont à l’esgard de la proportion des membres & des couleurs qui leur conviennent, que pource qu’ils exerçent incessamment leur imagination à former des Idées les plus accomplies qui se puissent concevoir.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Mais comme les trois premières Parties sont tres-necessaires à tous les Peintres, cette quatriesme, qui regarde l’expression des mouvemens de l’esprit, est excellente par dessus les autres, et tout à fait admirable : car elle ne donne pas seulement la vie aux Figures par la representation de leurs gestes et de leur passions, mais il semble encore qu’elles parlent et qu’elles raisonnent. Et c’est de là principalement qu’on doit juger ce que vaut un Peintre, puisqu’il est certain qu’il se peint luy-mesme dans ses tableaux, qui sont autant de miroir du tempérament de son humeur, et de son génïe.
Il n’y a personne qui ne remarque facilement, en faisant la comparaison des Compositions et des Figures de Raphael à celles de Michelange, que ce premier estoit la douceur mesme ; au lieu que tout au contraire Michelange estoit si rustique, et si mal-plaisant qu’il n’avoit aucun esgard à la bien-séance. Ce qui se void manifestement dans son grand Ouvrage de la Chapelle du Vatican, où, voulant representer le Jugement universel de la fin du monde, sur l’autel mesme de ce Sanctuaire, il a introduit plusieurs figures en des actions extrement indecentes : au lieu qu’il paroist que Raphael a apporté de la modestie dans les Sujets les plus liencieux.
De là nous pouvons conjecturer combien il est important que cette partie de l’Expression, qui est la plus excellente de la Peinture, soit accompagnée d’un jugement, et d’une circonspection particulière ; puisque c’est par elle que l’on connoist la qualité de l’esprit du Peintre
, qui bien loin de s’acquerir de l’honneur par ses Ouvrages, lors qu’il choquera les regles de la bien-seance, sera sans doute blasmé et mesestimé d’un chacun […]



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Apres m’estre arresté, je sçay bien, repris-je, que parmis ceux [ndr : les peintres] dont je viens de parler il y en a que j’aurois pu passer sous silence pour abreger mon discours, bien que je n’en aye dit que peu de chose. Mais ayant commencé à vous marquer l’établissement de l’Académie, j’ay crû devoir rapporter tous ceux qui en ont esté ; car quels qu’ils ayent pu estre, ils ont eû assez de mérite pour estre receûs dans cette assemblée, où, ainsi que dans les autres corps, on peut dire qu’ils ne sont pas tous d’une égale consideration. Il y a mesme une chose à observer ; c’est que tous ceux qui ont esté receûs dans l’Academie, y ont esté admis pour differens talens. Et bien que les Peintres qui traitent des histoires & des sujets les plus nobles, doivent estre plus estimez que ceux qui ne representent que des païsages, ou des animaux, ou des fleurs, ou des fruits, ou des choses encore moins considerables : cependant on ne laisse pas parmi ces derniers d’en rencontrer qui ont tant d’habileté & de sçavoir dans les choses dont ils se meslent que les plus habiles d’entre-eux sont souvent beaucoup plus estimez que d’autres qui travaillent à des ouvrages plus relevez. Par exemple, un excellent Païsagiste, tel que quelqu’un de ceux dont nous avons parlé ; un homme qui fait des Animaux de toutes natures, tel qu’on esté Sncidre & ses Eleves, Nicasius & Vamboule, sera plus consideré qu’un autre qui ne peint que médiocrement des figures. Le Pere Zegre, Mario di Fiori, Baudesson, auront toûjours de la reputation pour les fleurs, de mesme que Michel Ange des batailles, Labrador & de Somme pour toutes sortes de fruits : parce que dans les choses qu’ils ont faites, ils ont acquis un degré de perfection bien plus élevé que celuy où sont parvenus beaucoup de Peintres qui font des Tableaux d’Histoires, ou des Portraits. 
N’est ce pas aussi, interrompit Pymandre, qu’il est bien plus facile de representer ces sortes d’objets qu’on peut dire inanimez pour la pluspart, & sans action, que des figures d’hommes où il y a mille expressions differentes de vie, d’action, & de mouvemens ?
N’en doutez pas, repartis-je, car comme il faut un genie plus élevé pour inventer & disposer de grands sujets d’Histoires, les peindre, & les rendre accomplis dans toutes leurs parties. Aussi est-il plus rare de trouver des personnes qui ayent les qualitez necessaires à s’en bien acquiter, qu’il n’est malaisé de trouver des hommes d’un esprit moins sublime qui peuvent representer des choses ordinaires. 
Nous avons dit assez souvent combien un Peintre doit avoir de differentes connoissances pour arriver au point où Raphaël, si vous voulez, & le Poussin sont parvenus. Il n’est pas necessaire que je repete ce que j’ay dit en examinant leurs ouvrages ; Mais à l’égard de ceux qui n’ont qu’à bien copier la nature comme sont les derniers dont j’ay parlé, il suffit qu’ils ayent de l’amour pour leur art, de la patience & du jugement, sans quoy leur ouvrage seroit froid, sans beauté & sans choix.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → connaissance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Fab. Premierement je voudrois que vous m’apprissiés si une persone, qui n’est pas peintre, est capable de juger de peinture ? Il est bien vrai que j’en trouve l’exemple chez vous, qui sans avoir jamais touché pinceau, étes, comme je l’ai dit, un juge tres delicat dans cette profession : aussi n’y a t-il qu’un Aretin au monde : & je souhaiterois apprendre par votre discours ce qu’on doit penser de certains peintres, qui ont coutume de rire, lorsqu’ils entendent quelques savants raisonner de peinture.
Are. Ces peintres doivent etre mis au rang de ceux, qui n’en ont que le nom ; car s’ils avoient une etincelle de jugement, ils connoitroient que les savants sont peintres ; que peinture est la poesie ; que peinture est l’histoire ; & qu’enfin toute composition d’habiles gens est peinture : c’est par cette raison que notre Petrarque nomme Homere



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Nous avons vu que les beautez de l'exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux. Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n'ont pas l'intelligence de la mécanique de la Peinture, mais ils ne sont pas capables pour cela de juger du mérite du Peintre. Pour être capable de juger de la loüange qui lui est dûë, il faut sçavoir à quel degré il a approché des Artisans qui sont les plus vantez pour avoir excellé dans les parties où il a réussi lui-même. […] Ainsi la réputation du Peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l'expression des passions & dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu'il compare par lui-même, & dont il juge par lui-même.[….].
On voit bien, qu'en suivant ce principe, je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges auxquels il faut s'en rapporter, quand on veut sçavoir, autant qu'il est possible, quel Peintre a fait le tableau ; mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l'excellence d'un tableau, dès qu'on connaît son Auteur. 



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L’ARTISTE → qualités

2 quotations

Quotation

[…] la mesme science [ndr : la peinture] qui nous apprent ce que c’est que la Verité, nous fait de plus des leçons du mensonge : Outre que la peinture nous porte à bien juger de la perfection de tout ce qu’elle represente, son art nous fournit des maximes pour en discerner les vices, & pour en censurer ce qu’y rencontre de defectueus. Ainsi l’on trouva mesme à redire au Jupiter de Phidias […].

PHIDIAS, Zeus, c. 435 BC, chryselephantine statue, lost (5th century AD)



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Quotation

Are. [...] Je dis donc que le jugement nait generalement dans l’homme de l’experience, & de la pratique ; & comme il n’y a rien de plus familier à l’homme, que l’homme ; il s’ensuit que tout homme est en etat de juger ce qu’il voit tous les jours, comme de la beauté, de la laideur de qui que ce soit ; parceque la beauté ne provient que d’une proportion convenable, qui se trouve ordinairement dans le corps humain, & principalement à chaque membre en particulier ; & le contraire derive de la disproportion : ce jugement dependant des yeux, qui est donc celui qui ne distingue le beau d’avec le laid ? persone assurement, s’il n’est privé de vûe & de jugement ; si bien que l’homme aiant connoissance, comme il à, de la veritable forme que doit avoir notre individu, qui est l’homme vivant ; pour quoi ne l’auroit-il pas de celle qui est feinte & morte, qui est la peinture ?



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

4 quotations

Quotation

Dans le dessein que j’ai de traitter ici de la maniere de graver en taille douce avec l’eau forte pour en tirer des impressions, je ne m’arresterai point à parler de l’art de la graveure en general ; à vous dire qu’il a plusieurs especes, qu’on grave en pierre, en verre, en bois, en metaux, en creux, autrement en fonds, en relief, ou espargne; & en autres matieres & manieres […]. 
Pour donc en demeurer à la graveure en taille douce, on y grave sur des planches comme d’airain ou cuivre […] : & lon y grave en deux façons, l’une tout purement au seul burin, & l’autre par le moyen encore de l’eau forte ; & semble que celle au burin soit la plus ancienne, & qu’elle ait donné sujet d’inventer celle à l’eau forte pour essayer à la contrefaire : Et à vray dire on s’est pris d’une telle sorte, & lon en est venu si avant à celle de l’eau forte, qu’il y a telles stampes de cette maniere où lon a de la peine à connoistre & à s’asseurer qu’elles ne soient pas au burin du moins en beaucoup de leurs parties ; ce qui m’a fait conjecturer que les arts n’ont pas esté mis tout d’un coup à la perfection où la plus part d’eux se trouve à present ; & que de ceux qui s’y sont adonnez toûjours quelqu’un y a contribué de temps en temps […].


Quotation

Voici quel est l’usage que je fais de ma Balance.
Je divise mon poids en vingt degrés, le vingtiéme est le plus haut, & je l’attribue à la souveraine perfection que nous ne connaissons pas dans toute son étendue. Le dix-neuviéme est pour le plus haut degré de perfection que nous connoissons, auquel personne néanmoins n’est encore arrivé. Et le dix-huitiéme est pour ceux qui à notre jugement ont le plus approché de la perfection, comme les plus bas chiffres sont pour ceux qui en paroissent les plus éloignés.
Je n’ai porté mon jugement que sur les Peintres les plus connus, & j’ai divisé la Peinture en quatre colonnes, comme en ses parties les plus essentielles, sçavoir, la Composition, le Dessein, le Coloris, & l’Expression. Ce que j’entens par le mot d’Expression, n’est pas le caractere de chaque objet, mais la pensée du cœur humain. On verra par l’ordre de cette division à quel degré je mets chaque Peintre dont le nom répond au chiffre de chaque colonne.
[…]
Or comme les parties essentielles de la Peinture sont composées de plusieurs autres parties que les mêmes Peintres n’ont pas également possedées, il est raisonnable de compenser l’une par l’autre pour en faire un jugement équitable. Par exemple, la Composition résulte de deux parties ; sçavoir, de l’Invention & de la Disposition. […] Dans le Dessein il y a le Gout & la Correction, l’un peut se trouver dans un Tableau sans être accompagné de l’autre, ou bien ils peuvent se trouver joints ensemble en differens degrés & par la compensation qu’on doit faire, on peut juger de ce que vaut le tout.
[…] j’avertis que pour critiquer judicieusement il faut avoir une parfaite connoissance de toutes les parties qui composent l’ouvrage & des raisons qui en font un bon tout. Car plusieurs jugent d’un Tableau par la partie seulement qu’ils aiment, & ne comptent pour rien celles qu’ils ne connoissent ou qu’ils n’aiment pas.



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L’ARTISTE → qualités
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → connaissance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

caprice



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

1 quotations

Quotation

Rules may be establish’d so clearly derived from Reason as to be Incontestable. If the Design of the Picture be (as in General it is) to Please, and Improve the Mind (as in Poetry) the Story must have all possible Advantages given to it, and the Actors must have the Utmost Grace, and Dignity their several Characters will admit of : If Historical, and Natural Truth only be intended That must be follow’d ; tho’ the Best Choice of These must be made ; In Both Cases Unity of Time, Place, and Action ought to be observ’d : The Composition must be such as to make the Thoughts appear at first Sight, and the Principal of them the most conspicuously ; And the Whole must be so contrived as to be a Grateful Object to the Eye, both as to the Colours, and the Masses of Light, and Shadow. These things are so evident as not to admit of any Dispute, or Contradiction ; As it also is that the Expression must be Strong, the Drawing Just, the Colouring Clean, and Beautiful, the Handling Easy, and Light, and all These Proper to the Subject. Nor will it be difficult to know Assuredly what is so, unless with relation to the Justness of the Drawing ; but to know in the Main whether any thing is Lame, Distorded, Mis-shapen, ill Proportioned, or Flat, or on the contrary Round, and Beautiful is what any Eye that is tolerably Curious can judge of.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

1 quotations

1 quotations

4 quotations

Quotation

{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point. 



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage ; que le dessein avec toute sa justesse n’étoit connu que de trés peu de personnes, au lieu que la couleur charme tout le monde : que c’étoit peu de chose de plaire aux ignorants, que c’étoit beaucoup de ne plaire qu’aux sçavants ; mais que c’étoit une perfection consommée de plaire à tous universellement

charmer



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.


1 quotations

Quotation

D’ailleurs la Peinture se developpe, & nous éclaire en se faisant voir tout d’un coup […] & si la Poësie augmente le plaisir par la variété des épisodes, & par le détail des circonstances, la Peinture peut en representer tant qu’elle voudra, & entrer dans tous les évements d’une action, en multipliant ses Tableaux ; & de quelque maniere qu’elle expose ses Ouvrages, elle ne fait point languir son spectateur : le plaisir qu’elle donne est donc plus vif que celui de la Poësie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

Ainsi lon peut juger, que tous les bons Praticiens qui se sont appliquez ou adonnez à esplucher toutes ces particularitez [ndr : à propos de la façon de distinguer les copies des originaux], peuvent estre les plus entendus à discerner toutes ces diverses manieres, & distinctions d’Originaux & Copies, & de plus les bonnes d’avec les mauvaises ; & aussi qu’il est facile de juger que c’est par le moyen de tels connoissans, que les Curieux non Praticiens, peuvent avoir esté & estre instruits à faire la distinction de toutes ces diverses choses.



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SPECTATEUR → connaissance
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

1 quotations

Quotation

L’habile peintre jugera mieux que l’amateur de ce qui est bon dans un ouvrage ; rempli des règles de son art qu’il pratique continuellement, il doit mieux les sentir dans un dessein. Si cet amateur (b) cependant, joint à l’amour qu’il a pour la peinture, quelque pratique en cet art, s’il a fait l’étude & les reflexions necessaires pour discerner ce vrai beau, il pourra s’y connoître aussi bien que l’artiste. Toute la difference qu’il y a entr’eux, c’est que le premier connoît le beau & le sçait faire, au lieu que le second ne sçait que le connoître.
(b)
Ut vero imperitiores frequenter admirations quadam artis afficiantur, soli tamen artifices possunt cama cri exploratoquè judicio percensere. Artifices hîc intellige non eos tantum qui ex quotidiano harum artium usu questum faciumt, verum etiam qui ad delicatissimarum artium examen afferunt judicion longâ preparatione subactum. Junius de pictura veterum. Lib. I. cap. 5. p. 34.



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SPECTATEUR → connaissance
L’ARTISTE → qualités

2 quotations

Quotation

Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie.



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SPECTATEUR → marché de l'art
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Quotation

Que la perspective fournissoit des regles universelles pour la representation des objets tant pour la forme que pour la couleur, & pour les degrés de force, des teintes & des ombres, tellement que l’on devoit s’étudier à se rendre trés familieres, afin de les bien mettre en pratique, en observant toûjours de faire un choix avantageux des divers effets de la nature, pour s’efforcer d’atteindre à la beauté & perfection de l’art, évitant l’humeur interessée de ceux qui distinguent entre un Pinceau d’or, un d’argent & un autre de plomb, travaillant inégalement selon la difference de prix, mais qu’on doit toûjours s’habituer à travailler de son mieux parce qu’il est plus glorieux de valoir que de se faire valoir, ce dernier ne pouvant durer que la vie, mais le merite de l’ouvrage passant jusqu’à la posterité.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → marché de l'art

1 quotations

Quotation

Are. [...] Je dis donc que le jugement nait generalement dans l’homme de l’experience, & de la pratique ; & comme il n’y a rien de plus familier à l’homme, que l’homme ; il s’ensuit que tout homme est en etat de juger ce qu’il voit tous les jours, comme de la beauté, de la laideur de qui que ce soit ; parceque la beauté ne provient que d’une proportion convenable, qui se trouve ordinairement dans le corps humain, & principalement à chaque membre en particulier ; & le contraire derive de la disproportion : ce jugement dependant des yeux, qui est donc celui qui ne distingue le beau d’avec le laid ? persone assurement, s’il n’est privé de vûe & de jugement ; si bien que l’homme aiant connoissance, comme il à, de la veritable forme que doit avoir notre individu, qui est l’homme vivant ; pour quoi ne l’auroit-il pas de celle qui est feinte & morte, qui est la peinture ?



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

1 quotations

Quotation

“Il faut sçavoir, dit-il [ndr : Poussin], qu’il y a deux manieres de voir les objets, l’une en les voyant simplement, & l’autre en les considerant avec attention. Voir simplement n’est autre chose que recevoir naturellement dans l’œil la forme & la ressemblance de la chose veûë. Mais voir un objet en le considerant, c’est qu’outre la simple & naturelle réception de la forme de l’œil, l’on cherche avec une application particuliere les moyens de bien connoistre ce mesme objet : Ainsi on peut dire que le simple aspect est une operation naturelle, & que ce que je nomme le Prospect est un office de raison qui dépend de trois choses, sçavoir de l’œil, du rayon visuel, & de la distance de l’œil à l’objet : & c’est de cette connoissance dont il seroit à souhaiter que ceux qui se meslent de donner leur jugement fussent bien instruits.”

Félibien rapporte les propos de Poussin.



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SPECTATEUR → perception et regard

17 quotations

Quotation

Les productions nouvelles sont d'abord apprétiées par des Juges d'un caractere bien different, les gens du métier & le public. Elles seroient bien-tôt estimées à leur juste valeur si le public étoit aussi capable de défendre son sentiment & de le faire valoir, qu'il sçait bien prendre son parti. Mais il a la facilité de se laisser troubler dans son jugement par les personnes qui font profession de l'art auquel l'ouvrage nouveau ressortit. Ces personnes sont sujettes à faire souvent un mauvais rapport par les raisons que nous exposerons. Elles obscurcissent donc la verité, de maniere que le public reste durant un tems dans l'incertitude ou dans l'erreur. Il ne sçait pas précisément quel titre mérite l'ouvrage nouveau défini en géneral. Le public demeure indécis sur la question, s'il est bon ou mauvais à tout prendre, & il en croit même quelquefois les gens du métier qui le trompent, mais il ne les croit que durant un tems assez court. Quand je dis que le jugement du public est désinteressé, je ne prétends pas soutenir qu'il ne se rencontre dans le public des personnes que l'amitié séduit en faveur des Auteurs, & d'autres que l'aversion prévient contr'eux. Mais elles sont en si petit nombre par comparaison aux Juges désinteresses, que leur prévention n'a guères d'influence dans le suffrage général.



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Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.



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Quotation

Mais il est des beautez dans ces sortes d'ouvrages, dira-t-on, dont les ignorans ne peuvent sentir le prix. Par exemple, un homme qui ne sçait pas que le même Pharnace qui s'étoit allié aux Romains contre son pere Mithridate, fut dépoüillé honteusement de ses Etats par Jules Cesar quelques années après, n'est point frappé de la beauté des vers prophétiques que Racine fait proferer à Mithridate expirant.
 
Tôt ou tard il faudra que Pharnace périsse, fiez-vous aux romains du soin de son supplice.
 
Les ignorans ne sçauroient donc juger d'un poëme en géneral, puisqu'ils ne conçoivent qu'une partie de ses beautez.
Je prie le lecteur de ne point oublier la premiere réponse que je vais faire à cette objection. C'est que je ne comprens point le bas peuple dans le public capable de prononcer sur les poëmes ou sur les tableaux, comme de décider à quel dégré ils sont excellens. Le mot de public ne renferme ici que les personnes qui ont acquis des lumieres, soit par la lecture, soit par le commerce du monde. Elles sont les seules qui puissent marquer le rang des poëmes & des tableaux, quoiqu'il se rencontre dans les ouvrages excellens des beautez capables de se faire sentir au peuple du plus bas étage & de l'obliger à se récrier. Mais comme il est sans connoissance des autres ouvrages, il n'est pas en état de discerner à quel point le poëme qui le fait pleurer est excellent, ni quel rang il doit tenir parmi les autres poëmes. Le public dont il s'agit ici est donc borné aux personnes qui lisent, qui connoissent les spectacles, qui voient et qui entendent parler de tableaux, ou qui ont acquis de quelque maniere que ce soit, ce discernement qu'on appelle goût de comparaison.



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Quotation

Le mot de public est encore ou plus resserré ou plus étendu, suivant les temps et suivant les lieux dont on parle. Il est des siècles & des villes où les connoissances necessaires, pour bien juger d'un ouvrage par son effet, sont plus communes & plus répanduës que dans d'autres. Tel ordre de citoïens qui n'a pas ces lumieres dans une ville de Province, les a dans une Capitale. Tel ordre de citoïens qui ne les avoit pas au commencement du seiziéme siècle, les avoit à la fin du dix-septiéme.



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Quotation

Il est vrai, que lorsqu'il s'agit du mérite des tableaux, le public n'est pas un juge aussi compétent, que lorsqu'il s'agit des mérites des poëmes. La perfection d'une partie des beautés d'un tableau, par exemple, la perfection du dessein n'est bien sensible qu'aux Peintres ou aux Connoisseurs qui ont étudié la Peinture autant que les Artisans mêmes. Mais nous discutons ailleurs [section 27] quelles sont les beautés d'un tableau dont le public est un juge non recusable, & quelles sont les beautés qui ne sçauroient être appréciées à leur juste valeur, que par ceux qui sçavent les regles de la Peinture. 



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Il faut bien que les gens du métier se trompent souvent, puisque leurs jugemens sont ordinairement cassez par ceux du public, dont la voix fit toujours la destinée des ouvrages. C'est toujours le sentiment du public qui l'emporte, lorsque les Maîtres de l'art & lui sont d'avis differens sur une production nouvelle.



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Quotation

Quoique l'expérience nous enseigne que l'art de deviner l'auteur d'un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l'exercent, même quand elles sont faites sur d'autres points. Les hommes qui admirent plus volontiers qu'ils n'approuvent, écoutent avec soumission, & ils répetent avec confiance tous les jugemens d'une personne qui montre une connoissance distincte de plusieurs choses où ils n'entendent rien. On verra d'ailleurs par ce que je vais dire concernant l'infaillibilité de l'art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, & qui décident avec autant de confiance qu'un jeune Médecin ordonne des remedes.



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

Enfin le tems arrive où le public apprétie un ouvrage, non plus sur le rapport des gens du métier, mais suivant l'impression que fait cet ouvrage. Les personnes qui en avoient jugé autrement que les gens de l'art, & en s'en rapportant au sentiment, s'entrecommuniquent leurs avis, & l'uniformité de leur opinion change en persuasion l'opinion de chaque particulier. Il se forme encore de nouveaux maîtres dans les arts, qui jugent sans intérêt & avec équité des ouvrages calomniez. Ces maîtres désabusent le monde méthodiquement des préventions que leurs prédecesseurs y avoient semées. Le monde remarque encore de lui-même, que ceux qui lui avoient promis quelque chose de meilleur que l'ouvrage dont le mérite a été contesté, ne lui ont pas tenu parole. Les contradicteurs obstinez meurent d'un autre côté. Ainsi l'ouvrage se trouve géneralement estimé à sa valeur véritable.



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Quotation

En second lieu, comme le public n'est pas également éclairé dans tous les païs, il est des lieux où les gens du métier peuvent le tenir plus long-temps dans l'erreur qu'ils ne le peuvent tenir en d'autres contrées. Par exemple, les tableaux exposez dans Rome seront plutôt apprétiez à leur juste valeur, que s'ils étoient exposez dans Londres ou dans Paris. Les Romains naissent presque tous avec beaucoup de sensibilité pour la peinture, & leur goût naturel a encore des occasions fréquentes de se nourrir & de se perfectionner par les ouvrages excellens qu'on rencontre dans les églises, dans les palais, & presque dans toutes les maisons où l'on peut entrer. Les mœurs & les usages du païs y laissent encore un grand vuide dans les journées de tout le monde, même dans celles de ces Artisans condamnez ailleurs à un travail qui n'a gueres plus de relâche que le travail des Danaïdes. Cette inaction, l'occasion continuelle de voir de beaux tableaux, & peut-être aussi la sensibilité des organes plus grande dans ces contrées-là que dans des païs froids & humides, rendent le goût pour la peinture si géneral à Rome, qu'il est ordinaire d'y voir des tableaux de prix jusques dans des boutiques de Barbiers, & ces Messieurs en expliquent avec emphase les beautez à tous venans, pour satisfaire à la nécessité d'entretenir le monde, que leur profession leur imposoit dès le temps d'Horace. Enfin dans une nation industrieuse & capable de prendre toute sorte de peine pour gagner sa vie, sans être assujettie à un travail reglé, il s'est formé un peuple entier de gens qui cherchent à faire quelque profit par le moïen du commerce des tableaux. Ainsi le public de Rome est presque composé en entier de connoisseurs en peinture. Ils sont, si l'on veut, la plûpart des Connoisseurs médiocres, mais du moins ils ont un goût de comparaison qui empêche les gens du métier de leur en imposer aussi facilement qu'ils peuvent en imposer ailleurs. Si le public de Rome n'en sçait point assez pour réfuter méthodiquement leurs faux raisonnemens, il en sçait assez du moins pour en sentir l'erreur, & il s'informe après l'avoir sentie de ce qu'il faut dire pour la refuter. D'un autre côté les gens du métier deviennent plus circonspects lorsqu'ils sentent qu'ils ont affaire avec des hommes éclairez. Ce n'est point parmi les Théologiens que les Novateurs entreprennent de faire des Prosélites de bonne foi.


Quotation

Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu'à Rome. Les François en géneral n'ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les Italiens. La difference qui est entr'eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules & du côté de l'Italie ; mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris & les naturels de Rome. Il s'en faut encore beaucoup que nous ne cultivions autant qu'eux la sensibilité pour la peinture, commune à tous les hommes. Géneralement parlant, on n'acquiert pas ici aussi-bien qu'à Rome le goût de comparaison. Ce goût se forme en nous-mêmes & sans que nous y pensions. A force de voir des tableaux durant la jeunesse, l'idée, l'image d'une douzaine d'excellens tableaux se grave & s'imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s'il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l'ouvrage nouveau qu'on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, & dans quelle classe il est digne d'être placé. L'idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l'effet que les tableaux mêmes produiroient, s'ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite & connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l'un de l'autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Mais pour acquerir ce goût de comparaison qui fait juger du tableau présent par le tableau absent, il faut avoir été nourris dans le sein de la Peinture. Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d'esprit tranquille des tableaux. La liberté d'esprit n'est guéres moins necessaire pour sentir toute la beauté d'un ouvrage que pour le composer. Pour être bon spectateur il faut avoir cette tranquillité d'ame qui ne naît pas de l'épuisement, mais bien de la sérenité de l'imagination.



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Quotation

Au reste on ne prétend assujettir personne au jugement que l’on a porté sur les plus fameux peintres, chacun est dans la pleine liberté d’en juger selon son goût & ses connoissances ; les personnes instruites n’ont pas besoin de lumieres, celles dont les vuës ne sont pas si étenduës, & qui ne saisissent pas d’abord tout ce qu’il y a à saisir dans un ouvrage, ne seront pas fâchées de trouver une route frayée, qui les conduise à exercer leur jugement, & à perfectionner leurs connoissances. Le public est l’arbitre souverain du mérite & des talens.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

[...] persuadé que ce même Public dont les jugemens sont si souvent bizarres, & injustes par leur prévention ou leur précipitation, se trompe rarement quand toutes ses voix se concilient sur le mérite ou sur les défauts de quelque ouvrage que ce soit.


Quotation

Ce n'est donc que dans la bouche de ces hommes fermes & équitables qui composent le Public, & qui ne tiennent aux Auteurs, ni par le sang, ni par, l'amitié, ni par la profession, que l'on peut trouver le langage de la vérité. L'opinion que je combats est d'autant plus singulièrement étonnante, que ceux qui en sont les inventeurs la condamnent eux mêmes, en exposant toutes les années leurs Ouvrages aux jugemens du Public ; exposition qui ne seroit plus qu'un vain spectacle pour amuser sa curiosité & braver sa critique uniquement reservée aux confreres. Je ne m'arrêterai pas davantage à réfuter sérieusement une opinion aussi nouvelle que dangereuse, & je penserai toujours que rien ne sçauroit être plus utile & plus important aux Arts comme aux Lettres, que les décisions du Public, lorsqu'elles pourront arriver jusqu'aux Auteurs, sans passer par l'organe perfide des adulateurs, ou par celui des admirateurs ignorans.

Opposition entre le goût du public et celui des auteurs, opposition entre l'inné et l'acquis. définition même de ce qu'est la critique.



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Quotation

Ce n'est donc que dans la bouche de ces hommes fermes & équitables qui composent le Public, & qui ne tiennent aux Auteurs, ni par le sang, ni par l'amitié, ni par la profession, que l'on peut trouver le langage de la vérité. L'opinion que je combats est d'autant plus singulièrement étonnante, que ceux qui en sont les inventeurs la condamnent eux mêmes, en exposant toutes les années leurs Ouvrages aux jugemens du Public ; exposition qui ne seroit plus qu'un vain spectacle pour amuser sa curiosité & braver sa critique uniquement reservée aux gens de l’Art, & à leurs infaillibles Confreres. Je ne m'arrêterai pas davantage à réfuter sérieusement une opinion aussi nouvelle que dangereuse, & je penserai toujours que rien ne sçauroit être plus utile & plus important aux Arts comme aux Lettres, que les décisions du Public, lorsqu'elles pourront arriver jusqu'aux Auteurs, sans passer par l'organe perfide des adulateurs, ou par celui des admirateurs ignorans.

Opposition entre le goût du public et celui des auteurs, opposition entre l'inné et l'acquis. définition même de ce qu'est la critique.


Quotation

Mais je vous avoue en même tems les sentimens de douleur que m'a causé cette année-ci le déclin de nos Peintres d'Histoire, à l'exposition des Tableaux pour S. M. Douleur qui a été vivement augmentée par les plaintes du Public, tant de la stérilité, & du défaut de génie dans le choix des Sujets, que de la froideur & de la médiocrité dans l'exécution.


2 quotations

Quotation

Que c’est juger avec trop de précipitation de ses ouvrages ; qu’estant difficile de donner son jugement si l’on n’a une grande pratique & la theorie jointes ensemble, les sens seuls ne doivent pas le faire, mais y appeler la raison.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Quelque beauté de coloris qu’un Peintre donne à son ouvrage, quelque amitié de couleurs qu’il observe pour le rendre aimable & plaisant à la veûë ; quelques jours & quelques lumieres qu’il y répande pour l’éclairer, de quelques ombres dont il tasche de le fortifier & d’en relever l’eclat, si tout cela n’est soustenu du dessein, il n’y a rien, pour beau & riche qu’il soit, qui puisse subsister. On doit prendre garde sur tout à ne se pas laisser surprendre par les charmes du coloris ; car la Couleur n’est pas seulement un agrément que la nature ait répandu sur les corps pour en relever la beauté & leur donner plus d’éclat, mais elle est aussi dans les ouvrages de l’art un moyen merveilleux pour les rendre agréables, & donner plus de plaisir à la veûë. [...] De sorte qu’il faut mettre de la différence entre le jugement que l’œil fait d’un Tableau, & celuy que la raison en donne. L’un se contente de l’agrément, & l’autre recherche la vérité & la vraysemblance. Et par là vous voyez que la lumiere de la raison doit conduire toutes les operations de l’esprit, comme la lumiere de l’œil les operations de la main, & qu’il est besoin d’une grande prudence & d’un grand discernement pour distribuer toutes choses selon qu’il est necessaire pour la perfection d’un ouvrage, lors qu’on veut satisfaire également les yeux & la raison. Et c’est ce discernement & cette prudence qu’il faut beaucoup estimer dans les Ouvriers & dans leurs ouvrages.



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L’ARTISTE → qualités
SPECTATEUR → perception et regard

2 quotations

Quotation

Il est à remarquer que les Arts n’étant que des imitations, le Raisonnement qui est dans un Ouvrage ne se passe que dans l’esprit de celui qui en juge. Il est donc question de faire voir que le Spectateur trouve du Raisonnement dans la Peinture, comme l’Auditeur dans la Poësie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
L’ARTISTE → qualités

Quotation

On entend par le mot de Raisonnement, ou la cause & la raison par laquelle l’Ouvrage fait un bon effet, ou l’action de l’entendement qui connoît une chose par une autre, & qui en tire des consequences.
Si par le mot de Raisonnement on entend la cause & la raison par laquelle l’Ouvrage fait un bon effet, il y a autant de Raisonnement dans la Peinture que dans la Poësie, parce qu’elles agissent l’une & l’autre en vertu de leurs principes.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
L’ARTISTE → qualités

1 quotations

Quotation

“Il faut sçavoir, dit-il [ndr : Poussin], qu’il y a deux manieres de voir les objets, l’une en les voyant simplement, & l’autre en les considerant avec attention. Voir simplement n’est autre chose que recevoir naturellement dans l’œil la forme & la ressemblance de la chose veûë. Mais voir un objet en le considerant, c’est qu’outre la simple & naturelle réception de la forme de l’œil, l’on cherche avec une application particuliere les moyens de bien connoistre ce mesme objet : Ainsi on peut dire que le simple aspect est une operation naturelle, & que ce que je nomme le Prospect est un office de raison qui dépend de trois choses, sçavoir de l’œil, du rayon visuel, & de la distance de l’œil à l’objet : & c’est de cette connoissance dont il seroit à souhaiter que ceux qui se meslent de donner leur jugement fussent bien instruits.”

Félibien rapporte les propos de Poussin.



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SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65-66 
Daß man hievon leichtlich judiciren lerne/ ist nichts bessers als fleißig in der Natur selbst darauf zu sehen/ wie die Schatten von der Sonnen fallen. Insgemein aber gilt diese Regul/ daß wer von Gemählden will judiciren lernen/ sich gewöhnen muß/ alles was er ansiehet/ fleißig und eigentlich durch und durch zu betrachten/und sich also die Natur in das Gedächtniß zu drücken.



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EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

3 quotations

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.


Quotation

Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.

On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.



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SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.



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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

1 quotations

Quotation

Nous avons vu que les beautez de l'exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux. Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n'ont pas l'intelligence de la mécanique de la Peinture, mais ils ne sont pas capables pour cela de juger du mérite du Peintre. Pour être capable de juger de la loüange qui lui est dûë, il faut sçavoir à quel degré il a approché des Artisans qui sont les plus vantez pour avoir excellé dans les parties où il a réussi lui-même. […] Ainsi la réputation du Peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l'expression des passions & dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu'il compare par lui-même, & dont il juge par lui-même.[….].
On voit bien, qu'en suivant ce principe, je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges auxquels il faut s'en rapporter, quand on veut sçavoir, autant qu'il est possible, quel Peintre a fait le tableau ; mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l'excellence d'un tableau, dès qu'on connaît son Auteur. 



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L’ARTISTE → qualités

1 quotations

1 quotations

Quotation

There are two Mistakes very common ; One is because a great many good Pictures are very Rough painted People fancy that is a Good Picture that is so. There is Bold Painting, but there is also Impudent Painting. Others on the contrary judge of a Picture not by their Eyes, but by their Fingers ends, they Feel if it be good. Those appear to know little of the true Beauties of the Art, that thus fix upon the least considerable Circumstance of it as if it were All, or the Principal thing to be consider’d.



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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

1 quotations

Quotation

Rules may be establish’d so clearly derived from Reason as to be Incontestable. If the Design of the Picture be (as in General it is) to Please, and Improve the Mind (as in Poetry) the Story must have all possible Advantages given to it, and the Actors must have the Utmost Grace, and Dignity their several Characters will admit of : If Historical, and Natural Truth only be intended That must be follow’d ; tho’ the Best Choice of These must be made ; In Both Cases Unity of Time, Place, and Action ought to be observ’d : The Composition must be such as to make the Thoughts appear at first Sight, and the Principal of them the most conspicuously ; And the Whole must be so contrived as to be a Grateful Object to the Eye, both as to the Colours, and the Masses of Light, and Shadow. These things are so evident as not to admit of any Dispute, or Contradiction ; As it also is that the Expression must be Strong, the Drawing Just, the Colouring Clean, and Beautiful, the Handling Easy, and Light, and all These Proper to the Subject. Nor will it be difficult to know Assuredly what is so, unless with relation to the Justness of the Drawing ; but to know in the Main whether any thing is Lame, Distorded, Mis-shapen, ill Proportioned, or Flat, or on the contrary Round, and Beautiful is what any Eye that is tolerably Curious can judge of.
The Rules being Fix’d, and Certain ; Whether a Picture, or Drawing has the Properties required is easily seen, and when they are discover’d a Man is as certain he sees what he thinks he sees as in any other Case where his own Senses convey the Evidence to his Understanding.



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L’ARTISTE → règles et préceptes

1 quotations

Quotation

Wann er nun das bäste von dem/ was er gelesen/ seinem Gedächtnis imprimiret/ alsdann mag er alles/ nach seiner imagination, mit geistreicher Ordnung und Annehmlichkeit/ durch etliche Schizzi auf schlecht Papier entwerfen/ und daraus einen Carton machen/ so groß das Stuck seyn soll. Dieses ist der vornemsten Italiäner/Florentiner und Romanen/Gewonheit gewesen.
{Bässere Manier des Autoris, wann ein kleines Modell mit Oelfarben gemahlet wird.} Ich [ndr : Sandrart] habe aber für bässer befunden/ wann ich/ nach etlichen auf Papier getragenen Abrißen oder Schizzi, die Historie/ mit rechtem Urtheil/ auf ein Tuch ungefähr ein oder zwey Schuh hoch/ gemahlet/ das Gemähl mit aufgeraumtem Geist überleget/ und mich beflissen/ daß ich alles zusammen/ mit Zeichnung/ Ordinanz und Colorit, wol hervor gebracht. Und dieses Modell habe ich nachmals an Käyser/ König oder andere Geist- und Weltliche Liebhaber zu dero Genemhaltung übersendet/ und folgends/ was sie geändert verlanget/ in dem großen Blat zu köstlicher Satisfaction beobachtet.



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GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire

4 quotations

Quotation

[…] pour venir à cette tres-delicate Critique avec la circonspection requise, suivant toûjours la Boussole de nos Principes il faudra se souvenir, avant toutes choses, de quelle importance nous y avons establi l’Observation du Costûme, dans lequel consiste le Principal Magistère de la Peinture, et qui en est, pour ainsi dire, l’esprit Raisonnable ; comme le reste du mechanique, le Coloris, et la Delineation des figures, en fait simplement le Corps avec ses Organes. De sorte que sans l’intelligence de cette première Partie, rien ne sçauroit estre bon aux yeux des Sçavants,


Quotation

Remarquez plûtost, luy repartis-je, combien il importe à un excellent homme d’avoir pour Juge de son travail des personnes connoissantes, qui sçachent en quoy consiste la perfection de l’Art, & qui ne s’arrestent pas à la superficie des choses.
Il y a peu de gens, reprit Pymandre, capables de cette haute connoissance, & cependant il faut qu’un Peintre fasse des Tableaux qui soient agreables à tout le monde.
Je sçay bien, luy dis-je, que tous ceux qui regardent un Ouvrage n’en connoissent pas le merite. Mais ne m’avoüerez-vous pas qu’il vaut mieux faire quelque chose dont les sçavants soient satisfaits, que de plaire à une multitude d’ignorans ? Vous sçavez bien que le Poëte Anthimachus ayant assemblé un jour quantité de personnes pour lire en leur présence une piece qu’il avait composée, & voyant que ses Auditeurs l’avoient tous quitté, à la reserve de Platon : « Je ne laisseray pas, dit-il, de continuer ma lecture, parce que Platon vaut tout seul des milliers d’Auditeurs. » En effet un Poëme & un Tableau sont des productions dont tous les hommes ne sçavent pas le prix qui dépend de l’approbation d’un petit nombre de personnes sçavantes.

ignorant



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SPECTATEUR → connaissance

Quotation

50. [comme l’Arbitre souverain de son Art] Ce mot d’Arbitre souverain, presuppose un Peintre pleinement instruit de toutes les Parties de la Peinture ; en sorte que s’estant mis comme au dessus de son Art, il en soit le Maistre & le Souverain : ce qui n’est pas une petite affaire. Ceux de la Profession ont si rarement cette suprême capacité, qu’il s’en trouve bien peu qui puissent estre de bons Juges des Ouvrages, & que je ferois souvent plus d’estat de l’avis d’un homme de bon sens, qui n’auroient jamais manié le Pinceau, que de celuy de la pluspart des Peintres. Tous les peintres peuvent donc estre Arbitres de leur Art ; mais pour estre souverains Arbitres, il n’appartient qu’aux sçavans Peintres.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Ce fut  assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.



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SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Der dritte Discours von der Mahlerey. Das II. Capitel, p. 65-66 
Daß man hievon leichtlich judiciren lerne/ ist nichts bessers als fleißig in der Natur selbst darauf zu sehen/ wie die Schatten von der Sonnen fallen. Insgemein aber gilt diese Regul/ daß wer von Gemählden will judiciren lernen/ sich gewöhnen muß/ alles was er ansiehet/ fleißig und eigentlich durch und durch zu betrachten/und sich also die Natur in das Gedächtniß zu drücken.



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EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

1 quotations

Quotation

Raisonne-t-on pour savoir si le ragoût est bon ou s'il est mauvais […] On n'en fait rien. Il est en nous un sens fait pour connoître si le Cuisinier a operé suivant les regles de son art. On goûte le ragoût, & même sans savoir ces regles, on connoît s'il est bon. Il en est de même en quelque maniere des ouvrages d'esprit & des tableaux faits pour nous plaire en nous touchant.
Il est en nous un sens destiné pour juger du mérite de ces ouvrages, qui consiste en l'imitation des objets touchans dans la nature. Ce sens est le sens même qui auroit jugé de l'objet que le Peintre, le Poëte ou le Musicien ont imité. C'est l'œil, lorsqu'il s'agit du coloris du tableau […] Lorsqu'il s'agit de connoître si l'imitation qu'on nous présente dans un poëme ou dans la composition d'un tableau, est capable d'exciter la compassion & d'attendrir, le sens destiné pour en juger, est le sens même qui auroit été attendri, c'est le sens qui auroit jugé de l'objet imité. C'est ce sixième sens qui est en nous, sans que nous voïions ses organes. C'est la portion de nous-mêmes qui juge sur l'impression qu'elle ressent, & qui pour me servir des termes de Platon, prononce, sans consulter la regle & le compas. C'est enfin ce qu'on appelle communément le sentiment
.
Le cœur s'agite de lui-même, & par un mouvement qui précede toute délibération, quand l'objet qu'on lui présente est réellement un objet touchant, soit que l'objet ait reçu son être de la nature, soit qu'il tienne son existence d'une imitation que l'art en a faite. Notre cœur est fait, il est organisé pour cela. Son opération prévient donc tous les raisonnemens, ainsi que l'operation de l'œil & celle de l'oreille les devancent dans leurs sensations.


10 quotations

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Raisonne-t-on pour savoir si le ragoût est bon ou s'il est mauvais […] On n'en fait rien. Il est en nous un sens fait pour connoître si le Cuisinier a operé suivant les regles de son art. On goûte le ragoût, & même sans savoir ces regles, on connoît s'il est bon. Il en est de même en quelque maniere des ouvrages d'esprit & des tableaux faits pour nous plaire en nous touchant.
Il est en nous un sens destiné pour juger du mérite de ces ouvrages, qui consiste en l'imitation des objets touchans dans la nature. Ce sens est le sens même qui auroit jugé de l'objet que le Peintre, le Poëte ou le Musicien ont imité. C'est l'œil, lorsqu'il s'agit du coloris du tableau […] Lorsqu'il s'agit de connoître si l'imitation qu'on nous présente dans un poëme ou dans la composition d'un tableau, est capable d'exciter la compassion & d'attendrir, le sens destiné pour en juger, est le sens même qui auroit été attendri, c'est le sens qui auroit jugé de l'objet imité. C'est ce sixième sens qui est en nous, sans que nous voïions ses organes. C'est la portion de nous-mêmes qui juge sur l'impression qu'elle ressent, & qui pour me servir des termes de Platon, prononce, sans consulter la regle & le compas. C'est enfin ce qu'on appelle communément le sentiment
.
Le cœur s'agite de lui-même, & par un mouvement qui précede toute délibération, quand l'objet qu'on lui présente est réellement un objet touchant, soit que l'objet ait reçu son être de la nature, soit qu'il tienne son existence d'une imitation que l'art en a faite. Notre cœur est fait, il est organisé pour cela. Son opération prévient donc tous les raisonnemens, ainsi que l'operation de l'œil & celle de l'oreille les devancent dans leurs sensations.



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Faut-il, pour juger si ce portrait ressemble ou non, prendre les proportions du visage de notre ami, & les comparer aux proportions du portrait ? Les Peintres mêmes diront qu'il est en eux un sentiment subit qui devance tout examen, & que l'excellent tableau qu'ils n'ont jamais vu, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, de juger de son mérite en général : cette premiere appréhension leur suffit même pour nommer le noble Artisan du tableau.
On a donc raison de dire communément qu'avec de l'esprit on se connoît à tout, car on entend alors par le mot d'esprit, la justesse & la délicatesse du sentiment. […]



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.


Quotation

Le plus grand effet des préjugez que les Peintres & les Poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d'un poëme ou d'un tableau sur la foi d'autrui, aiment mieux en passer par l'avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n'ont pas mis l'enseigne de la profession à laquelle l'ouvrage ressortit. En ces sortes de choses où les hommes ne croïent point avoir un intérêt essentiel à choisir le bon parti, ils se laissent ébloüir par une raison qui peut beaucoup sur eux. C'est que les gens du métier doivent avoir plus d'expérience que les autres. Je dis ébloüir, car comme je l'ai exposé, la plûpart des Peintres & des Poëtes ne jugent point par voïe de sentiment, ni en déferant au goût naturel perfectionné par les comparaisons & par l'expérience, mais par voïe d'analyse.


Quotation

Enfin le tems arrive où le public apprétie un ouvrage, non plus sur le rapport des gens du métier, mais suivant l'impression que fait cet ouvrage. Les personnes qui en avoient jugé autrement que les gens de l'art, & en s'en rapportant au sentiment, s'entrecommuniquent leurs avis, & l'uniformité de leur opinion change en persuasion l'opinion de chaque particulier. Il se forme encore de nouveaux maîtres dans les arts, qui jugent sans intérêt & avec équité des ouvrages calomniez. Ces maîtres désabusent le monde méthodiquement des préventions que leurs prédecesseurs y avoient semées. Le monde remarque encore de lui-même, que ceux qui lui avoient promis quelque chose de meilleur que l'ouvrage dont le mérite a été contesté, ne lui ont pas tenu parole. Les contradicteurs obstinez meurent d'un autre côté. Ainsi l'ouvrage se trouve géneralement estimé à sa valeur véritable.


Quotation

Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu'à Rome. Les François en géneral n'ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les Italiens. La difference qui est entr'eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules & du côté de l'Italie ; mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris & les naturels de Rome. Il s'en faut encore beaucoup que nous ne cultivions autant qu'eux la sensibilité pour la peinture, commune à tous les hommes. Géneralement parlant, on n'acquiert pas ici aussi-bien qu'à Rome le goût de comparaison. Ce goût se forme en nous-mêmes & sans que nous y pensions. A force de voir des tableaux durant la jeunesse, l'idée, l'image d'une douzaine d'excellens tableaux se grave & s'imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s'il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l'ouvrage nouveau qu'on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, & dans quelle classe il est digne d'être placé. L'idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l'effet que les tableaux mêmes produiroient, s'ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite & connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l'un de l'autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Mais pour acquerir ce goût de comparaison qui fait juger du tableau présent par le tableau absent, il faut avoir été nourris dans le sein de la Peinture. Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d'esprit tranquille des tableaux. La liberté d'esprit n'est guéres moins necessaire pour sentir toute la beauté d'un ouvrage que pour le composer. Pour être bon spectateur il faut avoir cette tranquillité d'ame qui ne naît pas de l'épuisement, mais bien de la sérenité de l'imagination.


Quotation

[…] La connoissance est une lumiere répandue dans notre ame : le sentiment est un mouvement qui l’agite. L’une éclaire : l’autre échauffe. L’une nous fait voir l’objet : l’autre nous y porte, ou nous en détourne.
Le Goût est donc un sentiment. Et comme, dans la matière dont il s’agit ici, ce sentiment a pour objet les Ouvrages de l’Art ; & que les Arts, comme nous l’avons prouvé, ne sont que des imitations de la belle Nature ; le Goût doit être un sentiment qui nous avertit si la belle Nature est bien ou mal imitée. […]


Quotation

[…] Le Goût qui s’exerce sur les Arts n’est point un Gout factice. C’est une partie de nous-même qui est née avec nous, & dont l’office est de nous porter à ce qui est bon. La connoissance le précede : c’est le flambeau. Mais que nous serviroit-il de connoître, s’il nous étoit indifférent de jouir ? La Nature étoit trop sage pour séparer ces deux parties : & nous en donnant la faculté de connoître, elle ne pouvoit nous refuser celle de sentir le rapport de l’objet connu avec notre utilité, & d’y être attiré par ce sentiment. C’est ce sentiment qu’on appelle le Goût naturel, parce que c’est la Nature qui nous l’a donné. Mais pourquoi nous l’a-t’elle donné ? Etoit-ce pour juger des Arts qu’elle n’a point faits ? Non : c’étoit pour juger des choses naturelles par rapport à nos plaisirs ou à nos besoins.
L’industrie humaine ayant ensuite inventé les beaux Arts sur le modèle de la Nature, & ces Arts ayant eu pour objet l’agrément & le plaisir, qui sont, dans la vie, un second ordre de besoins ; la ressemblance des Arts avec la Nature, la conformité de leur but, sembloient exiger que le Goût naturel fût aussi le Juge des Arts : c’est ce qui arriva. Il fut reconnu, sans nulle contradiction : les Arts devinrent pour lui de nouveaux Sujets, si j’ose parler ainsi, qui se rangerent paisiblement sous sa Juridiction, sans l’obliger de faire pour eux le moindre changement à ses loix. Le Goût resta le même constamment : & il ne promit aux Arts son approbation, que quand ils lui feroient éprouver la même impression que la Nature elle-même ; & les chefs-d’œuvres des Arts ne l’obtinrent jamais qu’à ce prix.
Mais cette perfection n’a rien changé dans son essence. Il est toujours tel qu’il etoit auparavant : indépendant du caprice. Son objet est toujours essentiellement le bon. Que ce soît l’Art qui le lui présente, ou la Nature, il ne lui importe, pourvu qu’il jouisse. C’est sa fonction.

goût


Quotation

C'est avec les égards les plus scrupuleux, & l'intention très réelle de ne désobliger personne, que l'on rapporte les jugemens des connoisseurs judicieux, éclairés par des principes, & encor plus par cette lumière naturelle que l'on appelle sentiment, parce qu'elle fait sentir au premier coup d'œil la dissonance ou l'harmonie d'un ouvrage, & c'est ce sentiment qui est la base du goût, j'entens de ce goût ferme & invariable du vrai beau qui ne s'acquiert presque jamais, dès qu'il n'est pas le don d'une heureuse naissance.



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1 quotations

Quotation

Ludovicus Davincy willende sijn Discipulen leeren hoe sy hun wegen hare Schilder-Konst by yeder een aengenaem souden maecken, niet teghenstaende sy van bysondere smaecken mochten wesen, gaf haer dese Lesse: Namentlijck dat sy in een en de selve Ordinantie, sommighe dinghen souden brengen die sterck geschaduwt, ende andere wederom die veel sachter aengetast waren, doch in sulcker voegen datmen de reden en oorsaeck van waer de stercke ende flaeuwe schaduwen voortquamen, klaerlijck kon bekennen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Leonardo da Vinci, wanting to teach his Disciples how they could make themselves accepted by everyone because of their Painting, notwithstanding they might be of a specific taste, gave them this Lesson: Namely that in one single Composition they would place things that are heavily shadowed, and others as well that were touched upon much softer, yet in such a way that one could clearly recognize the reason and origin from where the strong and weak shadows came from.



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L’ARTISTE → qualités

4 quotations

Quotation

IL est vray, répliqua Pamphile, qu'il y a eu des Peintres qui n'ont estime que le Dessein sans se mettre en peine de tout le reste, Il y en a mesme encore beaucoup, qui ne jugent de la Peinture que par là ; & la pluspart des gens sont si accoustumez à n'entendre loüer les Tableaux que par cette partie, qu'ils ne s'attachent eux mesmes qu'à cela pour juger des Ouvrages. […] & sans chercher ces rafinemens où ils n'entendent rien (car la correction du Dessein n'est connue que des plus habiles Peintres), ils estimeroient les Tableaux qui représentent naïvement les beautez qu’ils ont accoustumé de voir dans la Nature, & mepriseroient au contraire d'autant plus les autres qu’ils s'estoigneroient de cette belle naïveté. Le Spectateur n'est point obligé de sçavoir ce que sçait un Peintre, il n'a qu'à s'abandonner à son sens commun pour juger de ce qu'il voit.



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SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Il est à remarquer que les Arts n’étant que des imitations, le Raisonnement qui est dans un Ouvrage ne se passe que dans l’esprit de celui qui en juge. Il est donc question de faire voir que le Spectateur trouve du Raisonnement dans la Peinture, comme l’Auditeur dans la Poësie.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts

Quotation

Le public ne se connoît pas en peinture à Paris autant qu'à Rome. Les François en géneral n'ont pas le sentiment intérieur aussi vif que les Italiens. La difference qui est entr'eux est déja sensible dans les peuples qui habitent aux pieds des Alpes du côté des Gaules & du côté de l'Italie ; mais elle est encore bien plus grande entre les naturels de Paris & les naturels de Rome. Il s'en faut encore beaucoup que nous ne cultivions autant qu'eux la sensibilité pour la peinture, commune à tous les hommes. Géneralement parlant, on n'acquiert pas ici aussi-bien qu'à Rome le goût de comparaison. Ce goût se forme en nous-mêmes & sans que nous y pensions. A force de voir des tableaux durant la jeunesse, l'idée, l'image d'une douzaine d'excellens tableaux se grave & s'imprime profondément dans notre cerveau encore tendre. Or, ces tableaux qui nous sont toujours présens, et dont le rang est certain, dont le mérite est décidé, servent, s'il est permis de parler ainsi, de pieces de comparaison, qui donnent le moïen de juger sainement à quel point l'ouvrage nouveau qu'on expose sous nos yeux approche de la perfection où les autres peintres ont atteint, & dans quelle classe il est digne d'être placé. L'idée de ces douze tableaux qui nous est présente, produit une partie de l'effet que les tableaux mêmes produiroient, s'ils étoient à côté de celui dont nous voulons discerner le mérite & connoître le rang. La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l'un de l'autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Mais pour acquerir ce goût de comparaison qui fait juger du tableau présent par le tableau absent, il faut avoir été nourris dans le sein de la Peinture. Il faut, principalement durant la jeunesse, avoir eu des occasions fréquentes de voir dans une assiete d'esprit tranquille des tableaux. La liberté d'esprit n'est guéres moins necessaire pour sentir toute la beauté d'un ouvrage que pour le composer. Pour être bon spectateur il faut avoir cette tranquillité d'ame qui ne naît pas de l'épuisement, mais bien de la sérenité de l'imagination.

 



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SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Il ne serait pas moins téméraire de décider la question sur ce que nos tableaux ne sont point ces effets prodigieux que les tableaux des anciens peintres ont fait quelquefois ; suivant les apparences, les récits des Ecrivains qui nous racontent ces effets sont exagérez, & nous ne savons pas même ce qu'il en faudrait rabattre pour les réduire à l'exacte vérité. Nous ignorons quelle part de la nouveauté de l'art de la Peinture peut avoir euë dans l'impression qu'on veut que certains tableaux aïent fait sur les Spectateurs. Les premiers tableaux, quoique grossiers, ont dû paroître des ouvrages divins. L'admiration pour un art naissant, fait tomber aisément dans l'exagération ceux qui parlent de ses productions ; & et la tradition en recueillant ces récits outrez, aime encore les rendre plus merveilleux qu'elle ne les a reçus. On trouve même dans les Ecrivains anciens des choses impossibles données pour vraies, & des choses ordinaires traitées de prodiges. […]
Enfin on ne sçaurait donner une idée un peu précise des tableaux à ceux qui ne les ont pas vus absolument, & qui ne connaissent pas la manière du Peintre qui les a faits, que par voies de comparaison. […]
Les Ecrivains modernes qui ont traité de la peinture antique, nous rendent plus sçavans, sans nous rendre plus capables de juger la question de la supériorité des Peintres de l'antiquité sur les Peintres modernes. Ces Ecrivains se sont contentez de ramasser les passages des Auteurs anciens qui parlent de la peinture & de les commenter en Philologues, sans les expliquer par l'examen de ce que nos Peintres font de nos jours, & même sans appliquer ces passages aux morceaux de la peinture antique qui subsistent encore. Je pense donc que pour se former une idée aussi distincte de la peinture antique qu'il soit possible de l'avoir, il faut considérer séparément ce que nous pouvons sçavoir de certain sur la composition, sur l'expression & sur le coloris des Peintres de l'antiquité.     
[…] Quant à la composition Pittoresque, il faut avoüer que dans les monumens qui nous restent, les Peintres anciens ne paroissent pas superieurs, ni même égaux à Raphaël, à Rubens, à Paul Véronèse, ni à M. Le Brun. […]
Quant à la composition Poëtique, les anciens se piquoient beaucoup d'exceller dans ses inventions, & comme ils étoient grands dessinateurs, ils avoient toutes sortes de facilité pour y réussir. Pour donner une idée du progrès  que les anciens avoient faits dans cette partie de la peinture qui comprend le grand art des expressions, nous rapporterons ce qu'en disent les Ecrivains de l'antiquité. De toute les parties de la peinture, la composition Poëtique est celle dont il est le plus facile de donner une idée avec des paroles. C'est celle qui se décrit le mieux.
[…]
Comme le temps a éteint les couleurs, & confondu les nuances dans les fragmens qui nous restent de la peinture antique faite au pinceau, nous ne sçaurions juger à quel point les Peintres de l'antiquité ont excellé dans le coloris, ni s'ils ont égalé ou surpassé les grands Maîtres de l'Ecole Lombarde dans cette aimable partie de la peinture.[…] On ne sçaurait décider notre question sur des récits. Il faut pour la juger, avoir des pièces de comparaison. Elles nous manquent. 
On ne sçauroit former un préjugé contre le coloris des anciens, de ce qu'ils ignoroient l'invention de détremper les couleurs avec de l'huile […]
Quant au clair-obscur & à la distribution enchanteresse des lumières & des ombres, ce que Pline &  les autres Ecrivains de l'antiquité en disent, est si positif, leurs récits sont si bien circonstanciez & si vrai-semblables, qu'on ne sçauroit disconvenir que les anciens n'égalassent du moins dans cette partie de l'Art, les plus grands peintres modernes. Les passages de ces Auteurs que nous ne comprenions pas bien, quand les Peintres modernes ignoroient encore quel prestige on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez & si difficiles, depuis que Rubens, ses Eleves, Polidore de Caravage, & d'autres Peintres les ont expliquez bien mieux, les pinceaux à la main, que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres. 
[…] je dis, que les Peintres qui ont travaillé depuis la renaissance des Arts, que Raphaël & ses contemporains n'ont point eu aucun avantage sur nos Artisans. Ces derniers sçavent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis. 



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SPECTATEUR → perception et regard
SPECTATEUR → connaissance

1 quotations

Quotation

Soo plegen verstandige Schilders haer in desen, van eenige behulp-middelen te versien, die haer in het oordeelen van hunne wercken eenighsins te bate mochten komen: {Behulpmiddelen om van sijn dingen wel te oordeelen.} Hier toe gebruyckten sommige den Spiegel, in welcke sy haere dingen als in een tegenstrijdige ende omgekeerden stand besagen; invoegen sy haer oordeel door het beschouwen van twee onderscheyde Vertooningen, op den Toetsteen brachten. ’t Is niet sonder reden datmen door dat middel de fauten zijner wercken kan naspeuren; want door dien omkeeringh van stant, veroorsaeckt dat de eyge Liefde omtrent onse Wercken niet in haer volle kracht en kan herschen, soo komen wy die aen te sien als het Werck van eenen anderen Werck-Meester, in welcke men (gelijck d’ondervindinge leert) altijdt veel gebreecken vinden kan: gelijck wy dat noch verder in ons tweede Boeck sullen aenraecken. Andere keeren hare stucken somtijts om, en sien die t’onderste boven, om alsoo uyt te vorssen of hunne dingen haer behoorlijcke Teyckeningh ende kracht hebben, ende behouwen: Gelijck dat mede door de Lijsten aende stucken te doen dickwils ontdeckt wort;

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] As such wise Painters tend to supply her with some aids, which might somewhat be of benefit for judging their works: {Tools that aid to judge one’s own work well.} Some used a mirror for this, in which they observed their things in a contrasting and opposite position; as such they tested their judgement by observing two different displays. It is not without reason that one can detect the mistakes in his work by that means, because through the reversal of the position, it causes that one’s own Love for our works cannot reign in its full power, so we get to so it as if it were the work of another Artisan, in which one (like experience teaches us) can always find flaws: as we will touch upon this further in our second Book. Others sometimes turn their pieces around, to see it upside down, to investigate this way whether their things have a proper Design and power, and maintain it: As this is also often discovered because by placing the Frames on the works;



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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

1 quotations

Quotation

Der Andere Anhang worinnen was einem galant-homme von dem Kupferstechen zu verstehen nützlich ja fast nöthig ist/ kurtz und deutlich abgehandelt wird. II. Was bey Kupfferstücken in Obacht zu nehmen/ um wohl darinnen zu wählen, p. 176
9. Wenn einer diese Eigenschafften auf Kupffern/ nebst einer guten Zeichnung findet/ dabey in Acht nimt/ daß an einem Stück alles mit gleichen Fleiß gearbeitet/ der Abdruck aber noch schwartz und frisch ist/ so kan er versichert seyn/ daß es ein gutes Stück sey.



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

6 quotations

Quotation

[…] il faut faire réflexion sur ces Axiomes de la Perspective
I. AXIOME
Que le poinct de Veüe représente l’oeil qui void le Tableau. Et ce Poinct est la première chose à chercher dans un Tableau pour connoistre si l’Ouvrage est de la main d’un sçavant Peintre, ou d’un simple Praticien.
II. AXIOME
Que le poinct de Veüe est toujours precisément à la hauteur de la ligne d’horizon,
III. AXIOME
Que tout ce qui est eslevé plus haut que la ligne d’horizon, se void en-dessous : et que tout ce qui est posé plus bas, se void en dessus, et semble monter vers l’horizon.
IIII. AXIOME
Que les figures d’égale hauteur, estant sur la mesme ligne paralelle à la base du Tabeau, sont toujours égales.
V. AXIOME
Que les figures qui avancent plus ou moins dans la profondeur du Plan du Tableau, se diminuent proportionnement à la Degradation du mesme Plan. Par exemple : si ce Plan est degradé en quarreaux, les Figures auront entre-elles une mesme proportion que les quarreaux degradez sur quoy elles posent.
VI. AXIOME
Que les figures situées paralellement à la base du Tableau, se verront en mesme aspect perspectif que la forme des quarreaux du Plan degradé, sur lesquels elles auront leur position.


Quotation

J’avouë que vous embarasseriez fort la plus grande partie des Peintres si vous portiez le compas sur leurs Ouvrages dans tous les endroits qui se peuvent mesurer : plusieurs se sauvent à la faveur des graces de la Peinture, mais ne nous flatons point, ni la vivacité du coloris, ni la richesse des dispositions, ni les expressions les plus fortes, ne formeront jamais un beau tout, & ne seront que de fausses apparences de beauté, si elles ne sont pas soutenuës de la correction du dessein. Que cela toutefois ne vous rebute pas, car bien que peu de Tableaux pussent soutenir un tel examen, vous pouvez pourtant apporter la severité du compas aux Ouvrages de Raphaël, d’Annibal, Carache, du Poussin, & de quelques-uns de nos plus fameux Maistres ; nous en connoissons mesme aujourd’huy avec qui on en peut encore user de la sorte ; leur modestie m’empesche de les nommer, leurs Ouvrages les découvrent assez ; examinez les bien ; vous trouverez des Peintres dont les Tableaux sont justes dans toutes proportions par des contours certains & gracieux tout ensemble, c’est de ceux là que j’entends parler.



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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

Quotation

Il faut estimer les choses pour ce qu’elles valent : Il n’y a point de Tableau parfait, & les plus beaux ne sont estimez tels, que pour estre les moins mal. Il est donc ridicule de mépriser un Ouvrage qui n’est defectueux que par une seule chose, quand il est recommandable par beaucoup d’autres


Quotation

Si ces principales parties ne s’y trouvent point, dites en sûreté que la composition de ce tableau ne vous plaît pas ; & vous aurez raison : mais ne vous pressez pas de dire que ce tableau ne vaut rien ; car il pourroit se trouver  d’excellentes choses dans le détail.


Quotation

ALCIPE. […]  Regardez donc avant que de le [ndr : le tableau] condamner entierement, si (la composition à part) vous ne serez point frappé de la verité de la couleur, de l’effet du clair-obscur, du relief des figures, & de plusieurs parties de l’imitation.


Quotation

DAMON. Vous avez beau dire, […] je sens que je connoîtrai bien en voyant un tableau, si l’action est rendüe ; mais il me seroit impossible de juger si les groupes sont bien disposez, si les contrastes sont heureux, si la lumiere y est bien entendüe ; tout cela ne fait-il pas partie de la composition ?


1 quotations

Quotation

Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.



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SPECTATEUR → perception et regard

1 quotations

1 quotations

Quotation

Das 9. Capitel . Von der Stellung der Glieder/ und derer Verekürzung in einem Bilde.
Viel berühmte Mahler haben diesen Übelstande an stehenden und auch liegenden Bildern eingeführet, daß sie, wenn die rechte und lincke Hüffte auswancket, die Achsel selbiger Seiten erhoben. Da doch hingegen insgemein die Achsel der Seiten niedrig als die andere seyn soll: es soll auch jederzeit das Haupt, wenn es möglich, es sich nach der höchste Achsel wenden. Wenn zierliche fürnehme Bilder und nicht grobe Arbeiten zu machen sind, […]. Man soll im wenden und biegen der Glieder erbarlich bei der Natur-Zierde bleiben […]. 
Hingegen ist bey den Händen und Füssen mehr Freiheit erlaubet […]
Es ist allezeit die Natur für eine sichere Richtschnur zu halten. Die gehenden Bilder sollen nicht weiter schreiten, als eines Fusses-Länge von einen zum andern, die perfecten Antiquen haben allezeit ihre stehenden Bilder als wolten sie gehen, auch etwas wanckendt, sehr rühmlich und angenehm gestellet. 
Kürtzlich man hat in dergleichen Gemählden auf der Bilder-Natur, artige und wohlsittliche Verrichtung und Arbeit scharff zu sehen […]. Man hat auch auf der Personen ihre Leidenschaften, Amt und Beruff zu sehen, daß man gleich aus ihren Gesichte, Verrichtungen und Geberden ihre Unternehmungen erkennen möge.



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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

1 quotations

Quotation

Now the Effects proceeding from Proportion are unspeakable, the Principal whereof, is that Majestie and Beautie which is found in Bodies, called by Vitruvius, EURITHMIA. And hence it is, that when behold a well-proportioned thing, we call it Beautiful, as if we should say, Indued with that exact and comely Grace, whereby all the Perfection of sweet Delights belonging to the Sight, are communicated to the Eye, and so conveyed to the Understanding.
But if we shall enter into a farther Consideration of this
Beauty, it will appear most evidently in things appertaining to Civil Discipline ; for it is strange to consider what effects of Piety, Reverence and Religion, are stirred up in mens Minds, by means of this suitable comeliness of apt proportion. A pregnant example whereof we have in the Jupiter carved by Phidias at Elis, which wrought an extraordinary sense of Religion in the People, whereupon the antient and renowned Zeuxis well knowing the excellency and dignity thereof, perswaded Greece in her most flourishing Estate, that the Pictures wherein this Majesty appeared were dedicated to great Princes, and consecrated to the Temples of the Immortal gods, so that they held them in exceeding great estimation ; partly because they were the Works of those famous Masters, who were reputed as gods amongt men ; and partly because they not only represented the Works of God, but also supplyed the defects of Nature : ever making choice of the Flower and Quintessence of Eye-pleasing delights.


1 quotations

Quotation

Die Zeichnung soll und mus mit sonderbarer Vernunft/ rarer invention, abtheilung und stellung/ als an welcher allermeist gelegen/ gemacht seyn: damit alle Theile/ zu vergnügung eines vernünftigen Auges/ wol übereinstimmen/ und nicht hier alles/ dort wenig oder gar nichts/ ohne Urtheil oder Verstand/ herfür komme. Solche schöne Ordnung oder häßliche Unordnung/ entspringet von wol- oder übel-gefasster Zeichen-Kunst/ entweder nach denen gehabten Modellen/ oder nach den vorgenommenen lebendigen Bildnusen: und kan die Zeichen-Kunst keinen guten Anfang haben/ wann sich der Scholar nicht eifrig beflissen/ natürliche und lebhafte Dinge abzuzeichnen/ und nach gut-gemahlten Stucken von belobten Meistern/ oder nach antichen Statuen und erhobnen Bildern/ wie schon oft gesagt worden/ zu formiren.

Ordnung



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EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → apprentissage

7 quotations

Quotation

Mahler Eigenschaften, p. 149
Ein Mahler/ der ein unbehöriges Urtheil mit Bescheidenheit/ oder mit Gedult und Stillschweigen beantworten kann/ wird zuweilen einen grossen Unheil/ haß und Feindschafft entgehen; und gleich wie er von seiner Arbeit nicht gerne einen nachtheiligen Außspruch höret/ also soll er auch nicht hastig von andrer Kunststücken sich zu einem Straffrichter aufwerffen/ oder gewärtig seyn/ daß man ihm mit Maß misset/ mit welcherer andern gemessen hat.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Die Zeichnung soll und mus mit sonderbarer Vernunft/ rarer invention, abtheilung und stellung/ als an welcher allermeist gelegen/ gemacht seyn: damit alle Theile/ zu vergnügung eines vernünftigen Auges/ wol übereinstimmen/ und nicht hier alles/ dort wenig oder gar nichts/ ohne Urtheil oder Verstand/ herfür komme. Solche schöne Ordnung oder häßliche Unordnung/ entspringet von wol- oder übel-gefasster Zeichen-Kunst/ entweder nach denen gehabten Modellen/ oder nach den vorgenommenen lebendigen Bildnusen: und kan die Zeichen-Kunst keinen guten Anfang haben/ wann sich der Scholar nicht eifrig beflissen/ natürliche und lebhafte Dinge abzuzeichnen/ und nach gut-gemahlten Stucken von belobten Meistern/ oder nach antichen Statuen und erhobnen Bildern/ wie schon oft gesagt worden/ zu formiren.



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EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Kein ding ist/ das den Menschen mehr betrieget/ als das eigene Urteil/ und die Selbst-Liebe/ die alles sein Thun gut-heisset. {soll nicht seinem/ sondern anderer/ Urteil trauen.} Das bäste Urteil ist/ das man von andern/ ja gar von Feinden holet: weil auch die Freunde/ aüs Beyfälligkeit und guter affection, ein Werk für vollkommener ansehen/ als es ist/ liebkosen und lobsprechen/ und nicht die Warheit/ sondern was lieblich in den Ohren klinget/ aussagen. Er mus sich ganz nicht verdriessen lassen/ das Urtheil eines jeden anzunehmen. Und wann gleich andere keine Mahler sind/ so haben sie doch Verstand und Wissenschaft von des Menschen Gestalt und Natur-wesen: daher ihnen erlaubt ist/ von den Werken/ die der Natur nachahmen/ zu urtheilen.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

25. [ndr: Regel] Obschon unterweilen etliche geringe und unachtbare Fehler mit unterlauffen/ so soll doch/ wegen anderer Vortrefflichkeit/ das Werk ungetadlet bleiben: gleichwie man die Künstlichkeit eines weitberühmten Lautenschlagers/ wegen eines einigen falschen Säiten-griffs/ nicht beschämet: auch ein guter Bogenschütz unbillich verworffen wird/ wann er einmal des Schwarzen verfehlet. Die bäste und herrlichste Gemälde mißfallen oft anfangs den Augen/ bis daß man den Intento und Zweck des Künstlers erreichet. Darum soll man die Gemälde in das Gemüte und den Verstand langsam/ wie die Hüner das Wasser durch Schnabel und Schlund/ hinablassen; und alsdann erst sein Urtheil darüber ergehen lassen.


Quotation

{Man soll nicht seinen/ sondern mehr Anderen Urtheil trauen.}
Jedoch muß Einer Ihme selbsten nicht zuviel vertrauen noch liebkosen. Dann nichts mehr betrigt/ als des Menschen Urtheil in seinem eigenem Werck. Das beste Urtheil soll von Andern (auch von den Feinden selbst) und zwar eines Jeden seines angenommen/ und alle erfahrne Fehler gantz willig verbessern werden/ der mit gnugsamen Verstande versehene Mahler hat sich nicht eben völlig zubinden an Manier/ oder Gebrauch eines andern. { Auch mehr bey der Natur/ als bey Anderen zur Schul gehen.} Dann also wird er nicht ein Sohn/ sondern nur ein Enckel/ oder Vetter der Natur seyn/ indem er die gantze Welt vor sich hat. Worum wolte er andern in den Wincklen nachlauffen/ die doch auch allein von ihr gelernet? Man schöpffet das Wasser besser und klärer aus den Qvellbrunnen/ als aus den Bächlein Gräben und Weyern/ die von dannen geronnen seyn. Viel und oftermals begünstigt die Natur einem mehrer zuerlernen/ weder sein Meister selbst gewust. Dahero muß man ihm die Freyheit/ in der Natur selbsten zu studiren/ stets vorbehalten/ und mit beharrendem Fleiß beeyfern.



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L’ARTISTE → qualités

Quotation

Der Mahler muß gleich Anfangs in seinen Verstande die Austheilung der Farben beachten, damit er nicht plötzlich von einen Extremo in das andere falle, nemlich die höchste und niedrigste, oder die lichteste und finsterste Farbe just neben einander setze, denn dieses würde eine unartige, und wiederwärtige Härtigkeit auswircken. Desgleichen geschieht aber nicht durch den dunckelen Schatten in gleicher Figur, so gleich auf die andere zurück schläget, dessen Dunckelheit vielmehr andere Farben nur annehmlicher und belebter herfürbringet. 
Es muß aber dieser Schatten mit seinen Cörper vereinigt seyn, damit beydes nicht mehr einen scheckichten und gesprengten Teppich, als was sie bilden sollen, vorstelle. Dann gleich wie ein einiger falscher Thon oder Klang eine ganz herrliche Music verstellet, und unlieblich zu hören macht; Also kan auch ein einig Gliedmaß, oder zu harte Farbe ein völlig Gemälde vernichten, und verwerfflich machen.
Das gar zu hohe weiß oder Feuerrothe beleidigt daß Gesichte, und daß allzu bleiche oder dunckele machte die Kunst-Stücke veraltet und verlegen, will also das Mittel mit Verstand, und guten Urtheil getroffen seyn, in welchen Stücke aber noch viel Künstler jetziger Zeit zu thun finden. 



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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

Das 8. Capitel. Vom Gebrauch der Farben in einem Gemählde oder Schilderey.
Ein Mahler soll sich nicht verdriessen lassen, jedes Urtheil, ja mehr von Feinden als von Freunden geduldig anzuhören: wer in dieser und andern Künsten etwas löbliches thun will, der muß sie zuvor recht erlernen; 



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L’ARTISTE → qualités

3 quotations

Quotation

VIII. Von der Ebenmaß und Stellung der Bilder, p.140-141
Eine jede Verwendung und Entfernung hat seine Perspektivische Richtigkeit/ die vielgewisser aus der Kunste / als aus dem betrügliche Aug zu erfahren ist. 
Wann ich die Höhe deß Bildes auf dem ersten Grund weiß/ so kann ich der andern/ dritten/ vierdten und fünftten Grund auch leichtlich finden. Dieser Kunst Leitstern ist d[a]s Lebe[n] welchem/ so viel möglich/ nachzuahmen. Die Perspectiv lehret mich die Nature deß/ [142] Auges/ die Horizontal-oder Gesicht=endente Linie finde[n]/ den Aug= und Fernepunct / den Liechtpunct/ die Grundlinie setzen/ und ohne solche Wissenschaft muß der aller fleißigste Mahler ein Stümpler bleiblen /und einer/ der auch sonsten die Hand nicht anleget/ kan aus der Perspectiv mit verstand von einem Gemähl reden und urtheilen/ weil sie die Grammatica oder richtigste Kunstlehre ist.
Es ist zu verwundern/ wie die Meister dieser Kunst mit gantz unfehlarer Gewißheit weisen/ daß alle Strallinien von einem Puncte zu einem Puncte streichen/ wie die Schatten trieffen/ sich vertieffen/ schwärtzen/ bräunen/ verlieren : Wie das Liecht sich erhöhet/ fället/ schwächet/ ec. Ich rede aber von der Geometrischen und nicht von der Mahlerischen Perspectiv/ welche viel schlechter ist /als jene.



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EFFET PICTURAL → perspective

Quotation

Mahler Eigenschaften, p. 149
Die Künste weren glückselig/ wann von denselben nur Kunstverständige urtheilen sollten/ sagt Quintilian: Weil aber die Mahlerey eine Sprache/ die ein jeder/ der Augen hat/ verstehen will/ so muß man sich an den Ignoranten Beurtheilung nicht kehre[n]/ und solches nicht anderst achten/ als ob einen ein Esel anschreyet. [...] 



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Quotation

Das 2. Capitel. Beschreibung der Mahlerey-Kunst und des Zeichnen Nutz. 
Man muß urtheilen, ob dieses oder jenes vernünftig, witzig gezeichnet, und gestellet sey? Ob etwas zu verbessern oder zu ändern, auch wie forthane Verbesserung anzugreiffen, und zuwege zubringen sey; Aus diesen langen Discuriren, und Nachsinnen des Verstandes wird nach und nach die Erfahrenheit und Gewohnheit reiff und zeitig. 


3 quotations

Quotation

Enfin le tems arrive où le public apprétie un ouvrage, non plus sur le rapport des gens du métier, mais suivant l'impression que fait cet ouvrage. Les personnes qui en avoient jugé autrement que les gens de l'art, & en s'en rapportant au sentiment, s'entrecommuniquent leurs avis, & l'uniformité de leur opinion change en persuasion l'opinion de chaque particulier. Il se forme encore de nouveaux maîtres dans les arts, qui jugent sans intérêt & avec équité des ouvrages calomniez. Ces maîtres désabusent le monde méthodiquement des préventions que leurs prédecesseurs y avoient semées. Le monde remarque encore de lui-même, que ceux qui lui avoient promis quelque chose de meilleur que l'ouvrage dont le mérite a été contesté, ne lui ont pas tenu parole. Les contradicteurs obstinez meurent d'un autre côté. Ainsi l'ouvrage se trouve géneralement estimé à sa valeur véritable.



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SPECTATEUR → marché de l'art
L’ARTISTE → qualités

Quotation

En second lieu, comme le public n'est pas également éclairé dans tous les païs, il est des lieux où les gens du métier peuvent le tenir plus long-temps dans l'erreur qu'ils ne le peuvent tenir en d'autres contrées. Par exemple, les tableaux exposez dans Rome seront plutôt apprétiez à leur juste valeur, que s'ils étoient exposez dans Londres ou dans Paris. Les Romains naissent presque tous avec beaucoup de sensibilité pour la peinture, & leur goût naturel a encore des occasions fréquentes de se nourrir & de se perfectionner par les ouvrages excellens qu'on rencontre dans les églises, dans les palais, & presque dans toutes les maisons où l'on peut entrer. Les mœurs & les usages du païs y laissent encore un grand vuide dans les journées de tout le monde, même dans celles de ces Artisans condamnez ailleurs à un travail qui n'a gueres plus de relâche que le travail des Danaïdes. Cette inaction, l'occasion continuelle de voir de beaux tableaux, & peut-être aussi la sensibilité des organes plus grande dans ces contrées-là que dans des païs froids & humides, rendent le goût pour la peinture si géneral à Rome, qu'il est ordinaire d'y voir des tableaux de prix jusques dans des boutiques de Barbiers, & ces Messieurs en expliquent avec emphase les beautez à tous venans, pour satisfaire à la nécessité d'entretenir le monde, que leur profession leur imposoit dès le temps d'Horace. Enfin dans une nation industrieuse & capable de prendre toute sorte de peine pour gagner sa vie, sans être assujettie à un travail reglé, il s'est formé un peuple entier de gens qui cherchent à faire quelque profit par le moïen du commerce des tableaux. Ainsi le public de Rome est presque composé en entier de connoisseurs en peinture. Ils sont, si l'on veut, la plûpart des Connoisseurs médiocres, mais du moins ils ont un goût de comparaison qui empêche les gens du métier de leur en imposer aussi facilement qu'ils peuvent en imposer ailleurs. Si le public de Rome n'en sçait point assez pour réfuter méthodiquement leurs faux raisonnemens, il en sçait assez du moins pour en sentir l'erreur, & il s'informe après l'avoir sentie de ce qu'il faut dire pour la refuter. D'un autre côté les gens du métier deviennent plus circonspects lorsqu'ils sentent qu'ils ont affaire avec des hommes éclairez. Ce n'est point parmi les Théologiens que les Novateurs entreprennent de faire des Prosélites de bonne foi.  



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SPECTATEUR → marché de l'art

1 quotations

Quotation

Das 2. Capitel. Beschreibung der Mahlerey-Kunst und des Zeichnen Nutz. 
Man muß urtheilen, ob dieses oder jenes vernünftig, witzig gezeichnet, und gestellet sey? Ob etwas zu verbessern oder zu ändern, auch wie forthane Verbesserung anzugreiffen, und zuwege zubringen sey; Aus diesen langen Discuriren, und Nachsinnen des Verstandes wird nach und nach die Erfahrenheit und Gewohnheit reiff und zeitig. 



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Quotation

[…] la mesme science [ndr : la peinture] qui nous apprent ce que c’est que la Verité, nous fait de plus des leçons du mensonge : Outre que la peinture nous porte à bien juger de la perfection de tout ce qu’elle represente, son art nous fournit des maximes pour en discerner les vices, & pour en censurer ce qu’y rencontre de defectueus. Ainsi l’on trouva mesme à redire au Jupiter de Phidias […].

PHIDIAS, Zeus, c. 435 BC, chryselephantine statue, lost (5th century AD)



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

1 quotations

Quotation

Waarlyk zyn de koleuren van een groot vermogen, wanneer ze wel en ordentelyk in een Tafereel by een gevoegd zyn; maar in tegendeel walgelyk, als ze ongeschikt onder elkander haspelen.

[D'après DE LAIRESSE 1738, p. 170 :] Truly, the Colours have great Efficacy, when well ordered and suited, but they raise an Aversion when unskilfully and confusedly disposed.


1 quotations

Quotation

54 Men sal oock zijn selven prijsen noch laken, {Men sal hem selven noch prijsen noch laken.}
Noch sghelijcx het werck van zijn eyghen handen,
Want t’prijsen u dwaesheyt bekent sal maken,
En t’verachten al wat eergierich smaken,
Dus strecken dees beyde weghen tot schanden,
Latent dan oordeelen goede verstanden:
Want zijn selven te loven staet seer sottich,
En zijn selven verachten is bespottich.

[D'après NOLDUS 2008, p. 25:] 54 On ne doit pas non plus se vanter ni se blâmer soi-même. {On ne doit pas se vanter ni se blâmer soi-même.} Cela vaut aussi pour le travail de ses propres mains. Car la vantardise rendrait publique votre bêtise et le mépris laisserait plutôt un arrière-goût d’ambition : deux chemins qui mèneraient à la honte ? Laissez donc le jugement à des connaisseurs car se louer soi-même est une sottise et en se méprisant on se ridiculise.

In this citation, Verstanden is a pars pro toto, refering to 'those who have a good mind' and more specifically to the connoisseur. Noldus has made the same interpretation in his translation. [MO]


2 quotations

Quotation

Die Zeichnung soll und mus mit sonderbarer Vernunft/ rarer invention, abtheilung und stellung/ als an welcher allermeist gelegen/ gemacht seyn: damit alle Theile/ zu vergnügung eines vernünftigen Auges/ wol übereinstimmen/ und nicht hier alles/ dort wenig oder gar nichts/ ohne Urtheil oder Verstand/ herfür komme. Solche schöne Ordnung oder häßliche Unordnung/ entspringet von wol- oder übel-gefasster Zeichen-Kunst/ entweder nach denen gehabten Modellen/ oder nach den vorgenommenen lebendigen Bildnusen: und kan die Zeichen-Kunst keinen guten Anfang haben/ wann sich der Scholar nicht eifrig beflissen/ natürliche und lebhafte Dinge abzuzeichnen/ und nach gut-gemahlten Stucken von belobten Meistern/ oder nach antichen Statuen und erhobnen Bildern/ wie schon oft gesagt worden/ zu formiren.



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EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

Das 2. Capitel. Beschreibung der Mahlerey-Kunst und des Zeichnen Nutz. 
Man muß urtheilen, ob dieses oder jenes vernünftig, witzig gezeichnet, und gestellet sey? Ob etwas zu verbessern oder zu ändern, auch wie forthane Verbesserung anzugreiffen, und zuwege zubringen sey; Aus diesen langen Discuriren, und Nachsinnen des Verstandes wird nach und nach die Erfahrenheit und Gewohnheit reiff und zeitig. 


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Quotation

Al het geene ik hier wegens de schikking der koleuren gezegd heb, is niet te verstaan van een beeld alleen, maar voor alle gelegentheden; zo wel op malkander passende, als ook boven, neven of by malkander […] Als men maar gedenkt, dat een heele koleur met weêrschyn, en een weêrschyn met een heele koleur moet geschakeerd werden, zal men bespeuren wat een ordentelykheid in deze zaak waar te neemen is, om een welstand te doen voortkomen en het oog te voldoen.

[D'après DE LAIRESSE 1787, p. 343:] […] la disposition des couleurs ne doit pas être appliquée à une figure seulement ; mais peut servir dans toutes les circonstances, en plaçant ces couleurs les unes sur les autres, ou les unes à côté des autres. […] En se rappellant qu’une couleur unie doit être nuancée avec une couleur mêlée ou changeante, & une couleur changeante ou mêlée avec une couleur franche ou unie, on s’appercevra facilement quelle convenance il faudra observer pour qu’il en résulte un accord qui plaise à l’œil.


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Quotation

Maer gelijck het wel geraetsaem, ja oock seer noodigh is, datmen inden beginne van sijne Studien andere Brave Meesters navolgt, en tracht in dat gene, in welcke sy gedwaelt hebben, haer te overtreffen, soo moet geweten worden datmen daer ontrent niet alleen yver ende neerstigheyt moet aenwenden, maer oock voor al sich seer wijslijck dragen: {Watter in ’t volgen van andere Meesters moet waergenomen worden.} Want het geleerdelijck navolgen van een groot Meester vereyst vry wat anders, als het simpel Na-Copieeren, dat voor de Jongelingen wel een bequaem middel is, om voor eerst de Pinceel te leeren handelen, de Verwen ende Colorijten te leeren vinden, ende soo voorts: Maer in het Meesterlijck studeeren, ende navolgen daer moet alleen het oordeel sich ontrent de Deughden vande alderbeste dingen oeffenen: ende dat met een sorghvuldige Naerstigheyt, om alles uyt te vorssen, ’t geen daer vanden rechten aert der Konsten in is. Want inde beste Tafereelen, sitten de Deughden somtijts soo diepe verborgen, ende soo konstelijck door het geheele Werck ingewickelt, ende door-vlochten, dat den alderscherpsinnighsten Meester de selve niet als na een lange opmerckingh en bestaet te vatten. Soo dat van een onkundige dickwils de fauten die daer noch in gebleven zijn, best van alles worden opgevolght en ingezogen; {Onkundige volgen de fauten in ’t Copieeren best na.} daerom datmen met een verstandigh en rechtsinnigh oordeel soodanige dingen bestuderen sal, ende en etent niet al voor Suycker op wat van dese of gene groote Meesters voortkomt, invoegen men de gebreecken soo wel als de volmaecktheden tot een wet van navolgingh komt te stellen, even offe uyt respect van hare Meesterschap niet en hadden konnen dwalen: Maer dan kan het navolgen eerst prijswaerdigh en voordeeligh zijn, soo wanneer sy de volle kracht der Konst inde voornaemste dingen heeft getroffen.

[suggested translation, Marije Osnabrugge:] Yet as it is advisable, yes also very necessary, that one imitates other Good Masters in the beginning of his Studies, and attempts to surpass them where they have strayed, as such it should be known that one should not only apply ardor and diligence, but also behave themselves very wisely: {What should be observed in following other Masters.} Because it demands something different to intelligently imitate a great Master, than simply Copying After, which is an adequate means for young ones, to learn to treat the brush for the first time, to learn to find the colors and colorations et cetera: But in studying masterfully, and imitating, there only the judgement regarding the Virtues of the very best things should be practiced: and with a careful diligence, to find out everything, which is in it about the true nature of the Arts. Because the Virtues are often soo deeply hidden in the best Paintings, and are so artfully folded and braided into the whole work, that the most perceptive Master cannot assume to understand it but after a long observation. Such that the mistakes that remain in it are often followed the best and taken in by an incapable [artist]; {Incapable artists imitate the mistakes the best in Copying.} which is why with a wise and frank judgement one should study such things and not take at face value [ndr: literally: eat like sugar] everything that comes from this or another great Master, as such one may take the flaws as well as the perfections for a law to imitate, as if out of respect for their Mastery they could not stray: But the imitation will first become praiseworthy and useful, when she has captured the full power of Art in the principal things.



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

Il est presqu’impossible de distinguer le bon & le mauvais d’un ouvrage, & de justifier le jugement qu’on en aura porté, à moins qu’on n’ait acquis la connoissance des principes de la peinture. Par d’heureuses comparaisons, par une pénétration d’esprit, par une forte inclination, on se forme un grand goût, & une juste idée du vrai beau

Vrai beau



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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

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Quotation

Das I. Capitel. Von der Mahlerey und dero Hochachtung
Die edle Mahlerey-Kunst ist eine Tochter der Vernunft, und eine Ernährerin aller Künste und Wissenschaften. Sie war vor Zeiten bey den meisten Helden, und hochgelehrten Leuten in grosser Würde, derohalben auch in Sycion dem gemeinenen Mann solche Kunst zu lernen verbothen, und allein den Edelgebohrnen zugelassen. Und weil selbe so hoch geschätzet, so wurde sie auch mit sonderbarer hoher Hochachtung und Beschenckung beehret […]



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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture