LA FONT DE SAINT-YENNE, Étienne, Réflexions sur quelques causes de l'état présent de la peinture en France. Avec un examen des principaux Ouvrages exposés au Louvre le mois d'Août 1746, La Haye, Jean Naulme, 1747.
Aude Prigot
LAVEZZI, Élisabeth, « Comment sauver la peinture ? La critique d'art en peinture et ses modèles dans les "Réflexions" de La Font de Saint-Yenne (1747) », Interfaces. Les avant-gardes, 14, juin 1998, p. 81-95.
TOPAZIO, Virgil W., « Art Criticism in the Enlightenment », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, 26, 1963, p. 1639-1656.
MATTAUCH, Hans, Die Litterarische Kritik der frühen französichen Zeitschrifften (1665-1748), München, s.n., 1968.
ZMIJEWSKA, Hélène, « La critique des Salons en France avant Diderot », Gazette des Beaux-Arts, LXXVI, 1970, p. 1-144.
MERVAUD, Christiane, « Un pionnier de la critique d'art au XVIIIe siècle, La Font de Saint-Yenne », Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 123-139.
KOSSELECK, Reinhart, Le règne de la critique, Paris, Minuit, 1979.
BECQ, Annie, « Expositions, peintres et critiques. Vers l'image moderne de l'artiste », Dix-Huitième siècle, 14, 1982, p. 131-149 [En ligne : http://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1982_num_14_1_1384 consulté le 04/04/2018].
BUCKDAHL, Else-Marie, La critique artistique, un genre littéraire, Rouen, Presses universitaires de France, 1983.
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KLUGE, Dorit, Kritik als Spiegel der Kunst, Weimar, VDG, 2009.
KLUGE, Dorit, « La Font de Saint-Yenne (1688-1771), un penseur des Lumières », dans MICHEL, Christian et MAGNUSSON, Carl (éd.), Penser l’art dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : théorie, critique, philosophie, histoire, Actes du colloque de Lausanne, Paris, Somogy, 2013, p. 205-219.
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QUOTATIONS
Un Tableau exposé est un Livre mis au jour de l'impression. C'est une pièce représentée sur le théâtre : chacun a le droit d'en porter son jugement.
La Font de Saint Yenne justifie ici la nécessité de la critique et l'avènement d'un nouveau pouvoir : l'opinion publique.
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[...] persuadé que ce même Public dont les jugemens sont si souvent bizarres, & injustes par leur prévention ou leur précipitation, se trompe rarement quand toutes ses voix se concilient sur le mérite ou sur les défauts de quelque ouvrage que ce soit.
C'est avec les égards les plus scrupuleux, & l'intention très réelle de ne désobliger personne, que l'on rapporte les jugemens des connoisseurs judicieux, éclairés par des principes, & encor plus par cette lumière naturelle que l'on appelle sentiment, parce qu'elle fait sentir au premier coup d'œil la dissonance ou l'harmonie d'un ouvrage, & c'est ce sentiment qui est la base du goût, j'entens de ce goût ferme & invariable du vrai beau qui ne s'acquiert presque jamais, dès qu'il n'est pas le don d'une heureuse naissance.
La Font associe ici le goût avec le sentiment.
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Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.
On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.
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On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.
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On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.
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On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.
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Ce n'est donc que dans la bouche de ces hommes fermes & équitables qui composent le Public, & qui ne tiennent aux Auteurs, ni par le sang, ni par, l'amitié, ni par la profession, que l'on peut trouver le langage de la vérité. L'opinion que je combats est d'autant plus singulièrement étonnante, que ceux qui en sont les inventeurs la condamnent eux mêmes, en exposant toutes les années leurs Ouvrages aux jugemens du Public ; exposition qui ne seroit plus qu'un vain spectacle pour amuser sa curiosité & braver sa critique uniquement reservée aux confreres. Je ne m'arrêterai pas davantage à réfuter sérieusement une opinion aussi nouvelle que dangereuse, & je penserai toujours que rien ne sçauroit être plus utile & plus important aux Arts comme aux Lettres, que les décisions du Public, lorsqu'elles pourront arriver jusqu'aux Auteurs, sans passer par l'organe perfide des adulateurs, ou par celui des admirateurs ignorans.
Opposition entre le goût du public et celui des auteurs, opposition entre l'inné et l'acquis. définition même de ce qu'est la critique.
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Opposition entre le goût du public et celui des auteurs, opposition entre l'inné et l'acquis. définition même de ce qu'est la critique.
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De tous les genres de la Peinture, le premier sans difficulté est celui de l'Histoire. Le Peintre Historien est seul le Peintre de l'ame, les autres ne peignent que pour les ïeux. Lui seul peut mettre en œuvre cet enthousiasme, ce feu divin qui lui fait concevoir ses Sujets d'une manière forte & sublime : lui seul peut former des Héros à la postérité, par les grandes actions et les vertus des hommes célèbres qu'il présente à leurs ïeux, non par une froide lecture, mais par la vuë même des faits & des acteurs.
Il restoit encore aux Sujets de Fable ou d'Histoire un champ fertile & favorable au Génie du grand Peintre dans la sience des percés, & des raccourcis, & où tout l'art magique de la Perspective pouvoit être mis en œuvre, & c'étoient les Plat-fonds.
Ces précieux Cabinets sont composés, & doivent l'être, de tous les genres de la Peinture. Quoique l'abondance de celui de l'Histoire en dût faire le prix, & le mérite capital, l'aménité & les charmes d'un beau Païsage; la suavité, la fraîcheur, & la naïveté des Pinceaux Flamands, leur magie dans les effets d'une lumière violente ou réfléchie, l'éclat & la souplesse de leurs étoffes parfaitement imitées ; le choix des savantes positions dans leurs chevaux & de leurs plus belles formes, tant d'agréables parties doivent leur faire pardonner la bassesse de leurs sujets la plûpart grossiers, ignobles, sans pensées, & sans intérêt. Enfin jusque aux Peintres excellens d'animaux, de fruits, & de fleurs, qui est le genre le plus médiocre, tous doivent entrer dans la structure de ces petits Palais enchantés, si chers aujourd'hui aux beaux Arts dont ils font l'azile, & en même tems l'admiration des Etrangers & les délices des connoisseurs qui habitent cette capitale.
Celui qui a la place du Sallon la plus avantageuse, & qui se présente le premier, est du sieur Carle vanlo fait pour l'Eglise des petits Pères de la Place des Victoires où il a déjà été pendant plusieurs mois au fond de leur choeur. Ce Tableau représente Louis XIII faisant hommage à la vierge de la Victoire qu'il a remporté sur les Hérétiques par la prise de La Rochelle. L'ordonnance en est belle & judicieuse. La composition simple & point chargée d'épisodes superflus. [...] L'enfant Jésus est d'un goût de dessein & d'un pinceau sec & négligé, & ne répond point aux autres beautés, non plus que l'air de tête, & la figure de l'Ange vis-à-vis dont l'Attitude est froide & l'idée très-médiocre.
La Font de Saint Yenne montre ici la différence entre composition et ordonnance.
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La Font de Saint Yenne montre ici la différence entre composition et ordonnance.
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[ndr : En parlant du tableau de Carle Van Loo] […] Il pourrait cependant y avoir un peu plus d'harmonie dans l'ensemble, & plus d'accord dans les differens tons qui papillotent un peu à la vüe, & l'œil y desireroit plus de repos & d'union. Ce défaut est souvent celui des grands Tableaux dont la vaste mécanique demande une intelligence d'habitude assez grande pour en embrasser toutes les parties, & y mettre cet unisson qui fait le charme de l'œil connoisseur & le principal mérite de l'ouvrage.
Dans le Tableau de l'Annonciation du même Auteur, [ndr : Carle van Loo] l'attitude de la Vierge, le beau caractère de sa tête plein de noblesse & de dignité, l'expression que l'on y voit de sainteté & d'une profonde humilité, ont satisfait tous les connoisseurs. Sa draperie, quoique les plis en soient jettés dans le grand, est encore un peu pesante [...].
Illustration de l'expression "jeté dans le grand"
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Le Public pense à peu près de même des Tableaux du sieur Nattoire dont les Carnations sont encore plus foibles & dans un petit goût de mode très-clair à la vérité, mais en même tems très-fade. C’est aujourd'hui la teinte générale de presque toutes nos productions dans les Lettres comme dans la Peinture, tout y est de la couleur des roses & en conserve la durée.
On voit cependant au Sallon deux petits morceaux : du sieur Nattoire, qui représentent l'union de la Peinture & du Dessein, & celle de la Poësie lirique, & de la Musique, & l'on a trouvé de l’agrément & de la finesse dans le pinceau de ces deux petits Tableaux dont les Sujets sont très-propres au Cabinet d’un connoisseur aussi délicat que Monsieur de Julienne pour qui ils ont été faits. Cependant comme on ne sauroit concevoir la Peinture sans le Dessein, & que ces deux idées sont inséparables, on lui auroit désiré une compagne moins triviale, & qui ne trouvât pas dans tous les Tableaux, tous les dessus de porte, dans tous les Emblêmes anciens & modernes, & sur tout dans les frontispices gravés de nos livres qui traitent de la Peinture.
NATOIRE, Charles-Joseph, Histoire de Télémaque et Une Vierge, v. 1746, huile sur toile, France, Collection particulière.
NATOIRE, Charles-Joseph, L'alliance de la Poésie et de la Musique, v. 1746, huile sur bois, 30,6 x 38,2, Michigan, Museum of Arts (Umma), 1994/1.81.
NATOIRE, Charles-Joseph, L'union de la Peinture et du Dessin, v. 1746, huile sur toile, Pas d'informations, Collection particulière.
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NATOIRE, Charles-Joseph, Histoire de Télémaque et Une Vierge, v. 1746, huile sur toile, France, Collection particulière.
NATOIRE, Charles-Joseph, L'alliance de la Poésie et de la Musique, v. 1746, huile sur bois, 30,6 x 38,2, Michigan, Museum of Arts (Umma), 1994/1.81.
NATOIRE, Charles-Joseph, L'union de la Peinture et du Dessin, v. 1746, huile sur toile, Pas d'informations, Collection particulière.
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Mais la plûpart de nos Peintres sont peu inventeurs, parce qu’ils sont peu studieux & rares lecteurs ; l’Ignorance est fille de la Paresse, & la compagne chérie de la médiocrité. Ennemie de l’émulation, elle rétrecit les talens, & laisse tranquillement à ses rivaux laborieux la gloire de l’Invention, contente de ramper obscurément dans la foule des copistes des pensées d’autrui […].
Leurs Ouvrages [ndr : Raphaël, Poussin, Rubens, Le Brun, Le Sueur] sont des livres ouverts à toutes les Nations, où tout instruit ; nulle circonstance nécessaire au sujet n'y est omise, & leur parole qui se fait entendre aux regards, souvent pénétre l'ame plus profondément que les plus éloquens écrits.
Dans le Tableau d’Alexandre qui coupe le nœud Gordien par le sieur Restout, on a loué l'ordonnance & quelques beautés de détail. Sans souhaiter de l'intérêt dans un sujet aussi froid & aussi difficile à traiter avec succès, on y a desiré plus de variété & d'agrément dans la couleur locale.
Le nombre & la grandeur des ouvrages où cet habile Peintre [ndr : Jean Restout] a excellé lui ont fait un nom au dessus des éloges, soit par les routes savantes qu’il a su se fraïer dans le grand où les défauts sont si sensibles, soit dans ses expressions neuves & éloquentes dans les Sujets souvent communs & qui paroissent épuisés.
Un grand Peintre (*) [ndr : Paul Veronese] a dit qu'il seroit à souhaiter que tous les Tableaux des Eglises fussent excellens & pathétiques, il les appelloit des Prédicateurs muets qui font souvent plus d'impression que la parole. On trouve dans les vies des Saints, (a) & dans celles de plusieurs Peintres des exemples de cette vérité.
Il y a bien beautés dans le tableau de Cléopatre du sieur de Vermont. La variété & le choix des attitudes, l'expression des caractères des femmes de cette Princesse, & ceux des Officiers de la suite d'Auguste, l'accord des teintes vagues des figures placées dans le fond avec les plus vigoureuses du devant de la scene, forment un bel ensemble & d'une heureuse harmonie.
COLLIN DE VERMONT, Hyacinthe
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On a toûjours regardé cette partie [ndr : le coloris] comme la plus enchanteresse des trois de la Peinture, celle qui appelle le spectateur, & qui constituë son nom & son caractère. Le Peintre qui n'excellera que dans la partie du dessein ne sera jamais qu'un grand Dessinateur.
Cette correction se peut même acquerir à un certain point par une étude opiniâtre. On placera au rang des grands génies & des hommes d'imagination, ceux qui mettront beaucoup de feu, de traits singuliers & de poëtiques dans leurs ouvrages, & dont la veine sera féconde & riche en inventions ; mais ce ne seront point encore là de grands Peintres, s'ils ne nous enchantent par la couleur. On estimera un excellent Géométre celui dont on admirera l'art & la sience des raccourcis, & des illusions étonnantes de la Perspective. Mais l'on ne pourra jamais concevoir un véritable Peintre sans la partie du Coloris. C'est son charme qui m'attire par le brillant éclat des objets imités, & cette imitation portée au plus haut degré est souvent plus séduisante & plus enchanteresse que le vrai même auquel elle ajoûte par le choix de ce qui est le plus beau dans la nature, & dont on ne sauroit trouver l'assemblage que par un heureux hazard qui n'arrive presque jamais [...].
Et il ne faut pas croire que cette haute intelligence du Coloris, & cet artifice de séduction soit aisée. Parmi le grand nombre de Peintres célébres dans les Ecoles, combien peu de parfaits coloristes ? Leur rareté ne doit point nous étonner. Quel art pour conserver la pureté des teintes vierges & primitives, de les faire cependant monter à ce degré éminent de fraîcheur & de lumière par le mêlange des demi teintes sans altérer ni fatiguer les couleurs simples & fondamentales ?
Le Coloris de la Venus du sieur Pierre est d'autant plus admirable qu'il ne s'est aidé d'aucun
fond, d'aucune opposition avantageuse. C'est l'Ether, c'est la couleur céleste qui fait le champ de son tableau.
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[...] mais il y a des négligences dans la correction du Dessein qui ne sont pas pardonnables. Dans la figure du Triton qui est le plus près de Vénus, & sur lequel est posée sa main droite, le bras droit de ce Triton, qui est couché, paroît trop long & rompu dans la partie où le gauche s'appuïe sur lui. L'effet du raccourci dans ce dernier, & la main même sont d'un Dessein très-négligé & peu correct, aussi bien que la gauche de Venus qui est dans une demi teinte. L'Auteur doit bien se garder de négliger une partie aussi essentielle, & se souvenir que Raphaël ne s'est élevé si haut que par la plus grande sévérité dans le Dessein, où il ne s'est jamais permis de négligence, & dont il a encore préféré la perfection à celle du Coloris : quelque éloge que j'aïe fait de ce Coloris enchanteur, il ne sauroit plus me flater, dès qu'il brille sur des parties qui choquent la vüe par les défauts de leurs proportions : il ne sert au contraire qu'à me les rendre plus remarquables.
Un Peintre doit beaucoup examiner le rolle qui convient à chaque Acteur dans son sujet, afin de n'en faire jouër aucun qui soit déplacé ou inutile.
Je sai que la science d'emploïer les couleurs contribuë beaucoup à leur durée, mais la source de leur ruine vient aussi dans la plûpart du peu du connoissance en général de nos Peintres françois dans le choix des Couleurs qu'ils achetent toutes broïées pour la plûpart. Cette sience a fait la principale étude des grands Coloristes Flamands & Italiens. [...]
L'œconomie de l'Azur d'Outre-mer, qui est d'un grand prix, est une cause très-ordinaire de leurs changemens ; lui seul bien emploïé éternise la fraîcheur & le sanguin des chairs. L'on y est rarement trompé, quand on ne veut point ménager sur le prix, quoique celui de l'Europe ressemble beaucoup à l'azur qui doit venir d'Outremer, c'est-à-dire, des Indes & de la Perse.
La Font de Saint Yenne envisage ici la couleur sous la notion de materiau mais également de son importance dans le rendu des chairs, une notion que l'on retrouve dans les traités néerlandais du XVIIe siècle. Voir charnalité.
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La Font de Saint Yenne envisage ici la couleur sous la notion de materiau mais également de son importance dans le rendu des chairs, une notion que l'on retrouve dans les traités néerlandais du XVIIe siècle. Voir charnalité.
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Je commencerai par les Portraits à l’huile fort au dessus des Pastels soit par la sience & la difficulté du succès, soit par la solidité de leur durée qui ne sauroit être comparée aux beautés volatiles des craïons, & dont les finesses si piquantes, & admirées avec justice, sont aussi fragiles que la Glace qui les défend, & disparoissent à la première chûte du Tableau, où la pénétration de la moindre humidité des lieux où ils sont placés.
La Font de Saint Yenne évoque ici la fragilité des pastels à une époque où aucun fixatif n'avait encore été inventé.
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Celui du célébre Crébillon fait par le Sr. Aved est encore un très-beau Portrait & fort ressemblant. Tout ce qui l’accompagne y est peint avec un artifice merveilleux. Mais comme l’imitation seule des traits du visages, quelque exacte qu’elle soit, n’est point suffisante pour donner l’idée d’un homme aussi singulier que celui-ci, & de qui la chaleur du génie échauffe sans cesse l’action, & donne à sa phisionomie toute la véhémence du Cothurne, on auroit souhaité qu’à une imitation des traits si parfaite, on eût jointe une action liée par un beau choix d’attitude à celle de sa phisionomie, ce qui auroit fait tableau, & tableau d’ame & de caractère.
La Font de Saint Yenne souligne l'importance, dans la peinture des XVIIe et XVIII e siècle de l'action ou de l'attitude qui participe autant à la définition d'un être que sa physionomie.
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On peut l’appeller un Tableau par la sience de la composition. Il y a placées deux personnes de grandeur naturelle distinguées par leurs noms & par leur sience, dont il [ndr : Donat Nonnotte] a lié l’action par une conversation d’étude, & ce qui est pensé de bon sens, & qui aide beaucoup à la vérité dans le Portrait, c’est que les visages ressemblent parfaitement sans avoir le défaut ordinaire à la plûpart des Portraits qui détournent leurs regards de l’occupation qu’on leur donne, pour les fixer stupidement & hors de propos sur le spectateur. On sent le mauvais effet de cette routine dans le Tableau d’ailleurs excellent du sieur Tournière qui représente la famille du sieur Lallemand [ndr : Lallemant de Betz], où ce grand nombre de figures qui ne se parlent ni ne se regardent, aïant tous les ïeux fixés sur les spectateurs, ressemblent à des statuës, ou à des personnes qui joüent à la Meduse obligées de garder exactement l’attitude où elles sont surprises. Il y a cependant des occasions où il est nécessaire ou du moins convenable d’arrêter les ïeux du portrait sur le spectateur, c’est lorsque la figure est oisive & sans aucune intention.
LE VRAC, Robert, Portrait d'une nombreuse famille dans un paysage, 1746, huile sur bois, 94 x 113,5, Nantes, Musée d'arts, Inv. : 722.
NONNOTTE, Donat, Portrait d'un père et de son fils, 1746, huile sur toile, Collection particulière.
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LE VRAC, Robert, Portrait d'une nombreuse famille dans un paysage, 1746, huile sur bois, 94 x 113,5, Nantes, Musée d'arts, Inv. : 722.
NONNOTTE, Donat, Portrait d'un père et de son fils, 1746, huile sur toile, Collection particulière.
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LE VRAC, Robert, Portrait d'une nombreuse famille dans un paysage, 1746, huile sur bois, 94 x 113,5, Nantes, Musée d'arts, Inv. : 722.
NONNOTTE, Donat, Portrait d'un père et de son fils, 1746, huile sur toile, Collection particulière.
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Je viens au Pastels, espèce de Peinture excessivement à la mode, & à laquelle le sieur de la Tour a donné une vogue & un crédit qui semble ne pouvoir pas augmenter, par les prodiges qu’il a enfanté dans le genre.
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Parmi les Pastels faits de cette année, le Portrait du sieur Restout fait par le Sieur de la Tour pour sa réception à l’Academie, a rassemblé le plus de suffrage. Il a su éviter le contresens que j’ai observé ci-dessus, & s’est bien donné de garde de faire comtempler sotement le public à celui qu’il fait dessiner d’après un modèle. Bien des gens auroient souhaité quil eût fait entrer ce modèle dans sa composition, & que le Public eût été instruit de ce qu’il regarde avec cette vivacité d’attention qui a donne l’ame & la vie à son portrait. On a trouvé cependant l’expression un peu trop forte pour une action aussi tranquille ; elle paroit même chargée. L’on a encore desiré plus d’union dans les chairs du visage dont les touches sont un peu séches & découpées, elles auroient pu être mieux fonduës sans faire tort à la ressemblance, ce qu’il a excellement pratiqué dans plusieurs de ses portraits, & particulièrement dans celui de M. Paris de Montmartel qui est tout auprès, & qui est parfait.
La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.
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La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.
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La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.
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La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.
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La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.
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La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.
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La Font de Saint Yenne souligne ici l’importance, dans un portrait, d’accorder la rhétorique de l’action avec celle de l’expression.