CRITIQUE (n. f. - m.)
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Ils [ndr. les peintres Anciens] se rendoient mesme assez dociles pour soûmettre leurs Ouvrages à la Critique, non seulement des Philosophes & des Sçavans, mais encore du commun peuple, & des artisans de tous mestiers, qui leur faisoient quelque fois d’assez judicieuses corrections.
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[…] pour venir à cette tres-delicate Critique avec la circonspection requise, suivant toûjours la Boussole de nos Principes il faudra se souvenir, avant toutes choses, de quelle importance nous y avons establi l’Observation du Costûme, dans lequel consiste le Principal Magistère de la Peinture, et qui en est, pour ainsi dire, l’esprit Raisonnable ; comme le reste du mechanique, le Coloris, et la Delineation des figures, en fait simplement le Corps avec ses Organes. De sorte que sans l’intelligence de cette première Partie, rien ne sçauroit estre bon aux yeux des Sçavants, qui sont toûjours plus choquez des fautes de jugement, et de l’obmission des Circonstances essentielles et nécessaires à l’Histoire qu’on représente, que de ce qui pourroit estre deffectueux dans la Partie mechanique.
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C’estoit une histoire Angloise, dont il avoit habillé les figures à la Grecque & à la Romaine, ouvrage au reste, qui ne meritoit que le feu ou la bouë ; & lorsque je voulus lui demander raison de cent choses qui choquoient la raison, l’histoire, l’Art, la Nature & le bon sens, il me fist des réponses si remplies d’ignorance & de superbe, que je le laissay là avec ces sots admirateurs.
[…] A peine pûs-je échapper des mains de ces importuns, & lorsque je pensois estre hors de danger de telles rencontres, je me trouvay au milieu d’une troupe de Damoiseaux, qui après avoir apris deux ou trois mois à mal dessigner sous un Maistre ignorant, venoient là faire les Critiques & les Arbitres de la Peinture. Ce fut une scene assés facésieuse, de les entendre vanter leur affection pour cet Art si merveilleux.
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Ne nous rendons à une critique importante, qu’autant qu’elle sera suivie de raisons claires & solides. Un CELA NE ME PLAIT PAS, ne me doit pas nous suffire ; si celui qui nous le dit n’est pas à portée de nous répondre, quand nous lui demandons pourquoy. Mais faisons-nous un devoir indispensable de nous soumettre aux avis d’un homme consommé dans l’art, quand même nous ne serions pas absolument convaincus de la necessité du changement qu’il souhaite dans notre ouvrage : nous devons cette déference à la réputation qu’il s’est acquise, sa longue expérience doit nous faire croire qu’il nous en manque trop encore pour bien sentir la valeur des raisons qu’il nous donne : soïons presque assurez que nous ne tarderons pas à les découvrir quand nous aurons fait ce qu’il exige de nous [...]. [...] J’ai dit ailleurs, que c’étoit dans l’idée de critiquer nos propres ouvrages, qu’il falloit consulter ceux des grands maîtres qui nous ont précedez.
Coypel anticipe sur la problématique soulevée par l’extension de la critique à l’espace public, incarnée par Diderot et La Font de Saint Yenne.
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Je le redis donc encore avec plus de confiance : apprenons à critiquer nos propres ouvrages à la vûë des beautez que nous découvrons dans ceux des autres ; ne rougissons point de chercher à les étudier ; ne craignons point qu’on nous accuse d’être de serviles imitateurs, quand nous aurons l’adresse de nous approprier les parties qui nous manquent, & de les joindre à celles que nous possedons. Le goût de dessein de celui-ci est plus noble & plus délicat que le vôtre, mais votre coloris l’emporte sur le sien ; ne pouvez-vous, sans perdre ce que vous avez acquis dans la couleur, faire votre profit de son heureuse maniere de dessiner ? Raphaël n’a t-il pas ajouté une nouvelle grandeur à la sienne à la vûë des ouvrages de Michel-Ange, sans se dépoüiller de sa sage simplicité & des graces nobles qui le caracterisent. Louis Carrache a-t-il passé pour un plagiaire, pour avoir étudié les tournures naïves & piquantes du Correge ? J’ai entre mes mains des études d’Annibal d’après Raphaël d’une beauté à faire comprendre qu’il étoit déjà digne de sa grande reputation lorsqu’il les a faites. Le Roy possede un Tableau de Vandeik d’après Le Titien, qui n’est point l’ouvrage d’un écolier.
IL CORREGGIO (Antonio Allegri)
MICHELANGELO (Michelangelo Buonarroti)
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
VAN DYCK, Antoon
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Je pense qu’il y encore une conduite à tenir, soit que nous cherchions à nous critiquer nous-même, soit que nous demandions des conseils […]. [...] Engager les gens à venir voir un ouvrage que nous donnons pas terminé, n’est-ce-pas, pour ainsi dire, les prier de venir l’approuver. N’est-ce pas leur annoncer que nous croïons n’avoir plus besoin que d’une legere révision ?
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Il m’a paru que je devois commencer par lui démontrer que la Peinture n’aïant pour objet que la parfaite imitation de la nature, tout homme de bon sens & d’esprit, sans avoir étudié les misteres de cet art, est à portée de sentir les grandes beautez d’un tableau, & de faire souvent même d’excellentes critiques. Peut-être cette idée m’a-t-elle entrainée trop loin ; je n’ai pû m’empêcher de parler du danger que l’on court en écoutant, & en s’en rapportant à quantité de prétendus connoisseurs : mais après tout pouvois-je m’en dispenser ? D’ailleurs les savants amateurs, tels que nous en connoissons plusieurs, ne m’en sçauront pas mauvais gré, & l’amour propre scaura bien empêcher les autres de se reconnoître dans les portraits generaux : car je declare hautement, que mon dessein n’a point été de peindre personne en particulier. Autant qu'il me paroît necessaire d’attaquer les ridicules, autant qu’il me paroit odieux de designer les personnes qui ont le malheur d’en être chargez ; elles ne sont déjà que trop dignes de pitié.
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Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.
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Peu d'Auteurs arriveront à une réputation du premier ordre, sans le secours des conseils & de la critique non seulement de leurs Confrères, dont la plupart ne jugent des beautés & des défauts de leur Art que relativement à la froideur & à la sécheresse des règles, ou par une routine de comparaison à leur propre manière, souvent uniforme & répétée, mais par la critique d'un spectateur désinteressé & éclairé, qui sans manier le pinceau, juge par un goût naturel & sans une attention servile aux règles.
On notera l'apparition du terme "réputation" associé à la notion de "public" défini ici comme "un spectateur désintéressé.
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BAILLET DE SAINT-JULIEN, Louis-Guillaume, Lettres sur la peinture à un amateur, Genève, s.n., 1750.
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[…] j’examinerai les médiocres [ndr : tableaux] ; & je le ferai avec tous les égards & le ménagement possibles. Nous devons toujours une sorte d’attention à leurs Auteurs, malgré la subordination de leurs talens. Il seroit trop injuste de la leur refuser, surtout dans le tems où elle leur est le plus nécessaire. Il y a un commencement & une fin à tout. Ceux qui atteignent l’une ont nécessairement passé par l’autre. Il ne faut que du tems & des conseils pour y parvenir. Nous ne devons point les leur épargner ; c’est à nous d’abreger la carriere des Arts, d’en applanir les difficultés autant qu’il est possible ; & d’encourager par nos applaudissemens ceux qui y courent, &c. Je ne dirai rien des Tableaux qui seront absolument mauvais, parce que ce qui est indigne d’attention n’est pas digne de la critique.