DU BOS, Jean-Baptiste, Critical Reflections on Poetry, Painting and Music, vol. 2, trad. par NUGENT, Thomas, London, John Nourse, 1748, 3 vol., vol. 2.

Getty Research Institute Los Angeles NX175-D813
Les Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture de l’Abbé Du Bos (1670-1742) ont été publiées pour la première fois en 1719 en deux volumes. En 1733, Du Bos publie une nouvelle édition augmentée d’un troisième volume consacré à des réflexions sur la musique et la déclamation des Anciens. Puis il fait paraître en 1740 une nouvelle édition qui comprend quelques modifications dans les titres des sections. C’est cette dernière édition qui a été utilisée dans les éditions posthumes de 1755 et 1770 et qui a été retenue pour notre étude.
Du Bos était un érudit, amateur d’opéra, de musique, de théâtre et de peinture, qui a fréquenté les salons et voyagé en Hollande et en Angleterre. Il n’était pas praticien et à ce titre il justifie son propos de chercher à comprendre « l’origine du plaisir que nous font les vers et les tableaux » (Livre I, Introduction), légitimant de fait le droit de parler de peinture en se fiant uniquement à son expérience de spectateur. Cette approche fait ainsi du public un acteur essentiel de la critique et de la réception des œuvres. Du Bos oppose le point de vue du spectateur à celui des artistes qui ne s’attachent pas aux effets produits par l’œuvre, mais davantage aux contraintes posées par sa fabrication. Selon lui, ces effets doivent être dramatiques, identiques à ceux que procure une représentation théâtrale. Seule la peinture d’histoire, dont la vocation est de représenter les actions humaines et l’expression des passions, fait du peintre l’égal du poète ; ces deux derniers étant sans cesse mis en parallèle dans l’ouvrage. La valeur d’une œuvre dépend donc de son pouvoir émotionnel sur le spectateur, qui est essentiellement touché par la vraisemblance, et repose sur le plaisir qu’elle procure. Mais comment expliquer l’origine de ce plaisir ? Suffit-il qu’un tableau plaise pour qu’il soit bon ? Et que faire des peintures aux sujets jugés moins nobles ? Ce questionnement touche à la fois le degré de connaissance du public et les qualités de l’artiste. C’est la capacité du peintre à traiter un sujet de manière à la fois vraisemblable et inventive qui fait la force d’une œuvre. Dans la deuxième partie de ses Réflexions, Du Bos se penche sur le peintre et la question du génie. En faisant référence à Quintilien, il définit cette dernière notion comme une qualité innée et un talent reçu de la nature. À ces deux caractéristiques s’ajoutent les conditions particulières propres au climat et au régime politique qui ont un impact sur l’expression du génie. Du Bos introduit ainsi la théorie des climats pour définir le caractère de chaque individu, de chaque peuple : « c’est de tout temps qu’on a remarqué que le climat était plus puissant que le sang et l’origine » (Livre II, section 15).
L’ouvrage de Du Bos qui, selon Voltaire, était « le livre le plus utile qu’on ait jamais écrit sur ces matières » a eu un immense succès tout au long du XVIIIe siècle en raison notamment du développement des expositions, et a été édité à dix-sept reprises en France et à l’étranger.


Stéphanie Trouvé
in-8 english
Structure
The Contents at n.p.

DU BOS, Jean-Baptiste, Critical Reflections on Poetry, Painting and Music, With An Inquiry into the Rise and Progress of the Theatrical Entertainments of the Ancients, trad. par NUGENT, Thomas, Genève, Slatkine Reprints, 1967, 3 vol.

DU BOS, Jean-Baptiste, Critical Reflections on Poetry, Painting and Music, With An Inquiry into the Rise and Progress of the Theatrical Entertainments of the Ancients, trad. par NUGENT, Thomas, New York, AMS Press, 1978, 3 vol.

DU BOS, Jean-Baptiste, Critical Reflections on Poetry, Painting and Music, With An Inquiry into the Rise and Progress of the Theatrical Entertainments of the Ancients, trad. par NUGENT, Thomas, Michigan, Thomson Gale, 2005, 3 vol.

DU BOS, Jean-Baptiste, Critical Reflections on Poetry, Painting and Music, With An Inquiry into the Rise and Progress of the Theatrical Entertainments of the Ancients, trad. par NUGENT, Thomas, s. l., Gale Ecco, Print Editions, 2018, 3 vol.

LOMBARD, Alfred, L'abbé Du Bos: Un Initiateur De La Pensée Moderne (1670-1742), Genève, Slatkine Reprints, 1969.

TAVERNIER, Ludwig, « " A propos d'Illusion : Jean-Baptiste Dubos'Einführung eines Begriffs in die französische Kunstkritik des 18. Jahrhunderts " », Bruckmanns Pantheon, 1984, p. 158-160.

DÉSIRAT, Dominique, « Le sixième sens de l’Abbé Dubos », Revue La Licorne, 23, 1992 [En ligne : http://licorne.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=280 consulté le 10/10/2016].

DÉMORIS, René, « Peinture, sens et violence au Siècle des Lumières : Fénelon, du Bos, Rousseau », dans MATHIEU-CASTELLANI, Gisèle (éd.), La pensée de l'image : signification et figuration dans le texte et la peinture, Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 1994 [En ligne : http://www.fabula.org/colloques/document630.php consulté le 12/10/2015].

LICHTENSTEIN, Jacqueline (éd.), La Peinture, Paris, Larousse, 1997.

RUSSO, Luigi (éd.), Jean-Baptiste Du Bos e l'estetica dello spettatore, Actes de colloque, Palermo (Aethetica preprint : Supplementa), Palermo, 2005, 15.

LICHTENSTEIN, Jacqueline, « L’argument de l’ignorant : de la théorie de l’art à l’esthétique », dans MICHEL, Christian et MAGNUSSON, Carl (éd.), Penser l’art dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : théorie, critique, philosophie, histoire, Actes du colloque de Lausanne, Paris, Somogy, 2013, p. 81-90.

LICHTENSTEIN, Jacqueline, Les raisons de l’art. Essai sur les théories de la peinture, Paris, Gallimard, 2014.

DAUVOIS, Daniel et DUMOUCHEL, Daniel (éd.), Vers l'esthétique : penser avec les "Réflexions critiques sur la poésie et la peinture" (1719) de Jean-Baptiste Du Bos,, Actes de colloque, Paris, , Paris, Hermann, 2015, 1.