MÉRITE (n. m.)

VERDIENSTE (nld.)
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MÉRITE (fra.)
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GROOTHEID (nld.) · MERIT (eng.) · MÉRITE (fra.) · VERDIENSTE (nld.) · WAARDE (nld.)

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Quotation

LE PRESIDENT. Mais que direz-vous des Curieux qui sont du mesme avis ? Vous ne pouvez pas les traiter d'ignorans en peinture, eux qui en decident souverainement.
L'ABBE. Il y a quelques Curieux qui ont le goût tres-fin ; mais il y en a beaucoup qui ne se connoissent en tableaux que comme les Libraires se connoissent en Livres. Ils sçavent le prix, la rareté & la genealogie d'un tableau sans en connoistre le vray mérite, comme les Libraires sçavent parfaitement ce qu'un Livre doit estre vendu, l'abondance ou le peu d'exemplaires qu'il y en a, & l'histoire de ses éditions, sans rien sçavoir de ce qui est contenu dans le Livre.
LE CHEVALIER. Je suis persuadé que les Curieux dont vous parlez sont plus habiles que vous ne dites, mais qu’ils sont bien aises d'entretenir la passion des vieux tableaux, & pour cause.

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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → marché de l'art

Quotation

qu’on ne doit pas estimer un ouvrage de Peinture, par l’éclat de la couleur, qui ne charme ordinairement que les esprits du vulgaire, & que la veritable beauté de la couleur consiste, en un ménagement harmonieux conduit par l’oeconomie du dessein : ce qui fut appuyé par un discours qui contenoit en substance que le veritable merite de quelque chose consistoit en ce qui se soûtient de soi-même sans emprunter rien d’autrui, que suivant ce principe pour connoître la difference du merite entre le dessein & la couleur, il falloit connoître laquelle de ces choses étoit la plus independante : que l’on representa, que le dessein qui se nomme pratique est produit de l’intellect & de l’imagination qu’il s’exprime par la parole & par la main, & que c’est de cette derniere maniere ; qu’avec un crayon on imite toutes les chose visibles, & donne non seulement la forme & la proportion, mais exprime jusqu’aux mouvemens de l’ame sans avoir besoin de la couleur, si ce n’est pour representer la rougeur ou la paleur, n’étant en elle-même qu’un accident dependant des divers effets de lumiere, puisqu’elle change selon qu’elle est éclairée, de telle sorte que la nuit à la lueur d’un flambeau, le verd paroît bleu, & le jaune paroît être blanc. L’on fit considerer, que la couleur qui entre dans la composition d’un Tableau, ne peut produire ni coloris ni teinte que par sa matiere même, elle étoit par consequent moins noble que le Dessein qui ne releve que de l’esprit. L’on ajoûta que la couleur depend tellement du Dessein, qu’il lui est impossible de representer quoi que ce soit sans son Ordonnance & sa conduite. Qu’ainsi il est trés constant que le merite de la Peinture consiste plûtôt dans le Dessein que dans la Couleur, puisque ce qui réleve le merite des choses, est de dépendre moins d’une cause étrangere, qu’il falloit donc tomber d’accord que celui du Dessin étoit infiniment au dessus de celui de la Couleur.

Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément à la page 67 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc). Le Comte reprend également la Table des Préceptes sur la Couleur aux pages 50-53.

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SPECTATEUR → jugement

Quotation

On voit des Curieux qui se font une idée d'un Maître sur trois ou quatre Tableaux qu'ils en auront vûs, & qui croient après cela avoir un titre suffisant pour décider sur sa maniére, sans faire réflexion aux soins plus ou moins grands que le Peintre aura pris à les faire, ni à l'âge auquel il les aura faits. Ce n'est pas sur les Tableaux particuliers du Peintre : mais sur le général de ses Ouvrages qu'il faut juger de son mérite. Car il n'y a point de Peintre qui n'ait fait quelques bons & quelques mauvais Tableaux […]. Il n'y en a point aussi qui n'ai eu son commencement, son progrès & sa fin ; c'est-à-dire, trois maniéres : la première, qui tient à celle de son Maître; la seconde, qui s'est formée selon son Goût, & dans laquelle réside la mesure de ses talens, & de son Génie; & la troisième, qui dégénère ordinairement en ce qu'on appelle maniére : parce qu'un Peintre, après avoir étudié long-tems d'après la Nature, veut jouir, sans la consulter davantage, de l'habitude qu'il s'en est faite.

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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Faut-il, pour juger si ce portrait ressemble ou non, prendre les proportions du visage de notre ami, & les comparer aux proportions du portrait ? Les Peintres mêmes diront qu'il est en eux un sentiment subit qui devance tout examen, & que l'excellent tableau qu'ils n'ont jamais vu, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, de juger de son mérite en général : cette premiere appréhension leur suffit même pour nommer le noble Artisan du tableau.
On a donc raison de dire communément qu'avec de l'esprit on se connoît à tout, car on entend alors par le mot d'esprit, la justesse & la délicatesse du sentiment. […]

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SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
 
(a)    De Orat. lib. 3.

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SPECTATEUR → jugement

Quotation

Nous avons vu que les beautez de l'exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux. Or ces beautez se rendent bien sensibles aux hommes qui n'ont pas l'intelligence de la mécanique de la Peinture, mais ils ne sont pas capables pour cela de juger du mérite du Peintre. Pour être capable de juger de la loüange qui lui est dûë, il faut sçavoir à quel degré il a approché des Artisans qui sont les plus vantez pour avoir excellé dans les parties où il a réussi lui-même. […] Ainsi la réputation du Peintre, dont le talent est de réussir dans le clair-obscur ou dans la couleur locale, est bien plus dépendante du suffrage de ses pairs, que la réputation de celui dont le mérite consiste dans l'expression des passions & dans les inventions poëtiques, choses où le public se connoît mieux, qu'il compare par lui-même, & dont il juge par lui-même.[….].
On voit bien, qu'en suivant ce principe, je dois reconnoître les personnes du métier pour être les juges auxquels il faut s'en rapporter, quand on veut sçavoir, autant qu'il est possible, quel Peintre a fait le tableau ; mais elles ne sont point pour cela les juges uniques du mérite de ce tableau. Comme les plus grands ouvriers en ont fait quelquefois de médiocres, on ne connoît pas l'excellence d'un tableau, dès qu'on connaît son Auteur. 

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SPECTATEUR → jugement
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Je ne m’amuserai point à relever ici la naissance de cet Auteur, ni les facultés de ses parens comme a fait certain Ecrivain en pareille occasion, ce qui me paroît l’éloge du monde le plus maladroit & le plus grossier : je serois trop fâché de faire ce tort à M. Pierres ; & de chercher dans ses ouvrages un mérite aussi étranger. Louons-le plutôt de son amour pour les Arts, & de sa mâle activité au travail, qui lui en fait dévorer toutes les difficultés. On trouve dans cet Auteur une grande facilité de composition, beaucoup de vigueur de coloris ; & un dessein, pour l’ordinaire, savant & exact. Son pinceau est aisé, coulant, voluptueux. De six Tableaux qu’il [ndr : Pierres] a exposés cette années, je n’en vois gueres que deux qui ne méritent peut-être pas les même éloges (Une Pastorale & une Solitude.) L’un parce que des Moines & des rocailles intéressent peu ; l’autre parce qu’il me semble y manquer quelque chose de cette gentillesse & de cet agrément frivole que semblent exiger aujourd’hui des sujets galands. Je sais très bon gré à M. Pierres de ce défaut : il vaut beaucoup mieux avoir du génie que de l’esprit dans un siécle où le premier est si rare, & où l’autre est si prostitué & si bannal.

Il s'agit du mérite lié à l’art et non à la vie.

Conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement