BOSSE, Abraham et COCHIN, Charles-Nicolas, De la manière de graver à l'eau forte et au burin : et de la gravûre en manière noire : avec la façon de construire les presses modernes & d'imprimer en taille-douce. Nouvelle edition augmentee de l’impression qui imite les tableaux,de la gravure en maniere de crayon & de celle qui imite le lavis enrichie de vignettes et vingt-une planches en taille-douce, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1758.

Getty Research Institute Los Angeles 85-B1171 208 quotations 100 terms
En 1745, un siècle après la première édition du Traité des manières de graver d’Abraham Bosse, paraît une nouvelle réédition de ce texte, largement augmentée et actualisée par Charles-Nicolas Cochin (1715-1790). Les ajouts révèlent à la fois des changements de goûts et de pratiques. S’y trouvent de nouveaux passages qui abordent des techniques qui se sont développées depuis 1645, telles la manière noire, la gravure en manière de crayon ou l’impression en trois couleurs. S’y trouvent également des ajouts concernant la gravure à l’eau-forte. Tandis qu’Abraham Bosse valorisait le vernis dur, en particulier pour la netteté et précision des hachures qu’il permet et sa capacité à imiter les effets du burin, Cochin, lui, met en valeur d’autres qualités. Il remet en particulier le vernis mol à l’honneur et apprécie les caractéristiques graphiques ou picturales qui différencient l’eau-forte du burin. Dans cette optique, Cochin associe la gravure à l’eau-forte à la liberté, la facilité, la rapidité, la souplesse et lui associe des termes tels que « grinotis », « brut pittoresque », « esprit » ou encore « légèreté ». Il ajoute des passages qui concernent le rendu des effets de lumières ou de coloris en gravure, considère la « correction des formes » et le « moëlleux » d’une gravure comme ayant plus d’importance que « l’arrangement et l’égalité des hachures » ou encore valorise le « croquis à l’eau-forte », qu’il recommande aux peintres pratiquant la « gravure libre ». Cochin met également en jeux les liens pouvant exister entre gravure et peinture, en abordant la question de la gravure d’interprétation à l’eau-forte et au burin ou encore en soulignant la capacité de certaines techniques de gravure à imiter les effets de la peinture, par le biais de l’impression en trois couleurs de planches gravées en manière noire en particulier. 
Les termes retenus dans l’index soulignent les changements d’appréciations et permettent en même temps de prendre acte du fait qu’en un siècle la terminologie de la gravure s’est considérablement enrichie. Cochin distingue par exemple davantage de « manières » en gravure (« manière grignoteuse », « manière méplate », « manière grasse », « manière facile », etc.). Mais surtout, la description des tailles se fait plus précise et tend à se codifier : Cochin en détaille différents types et précise comment les adapter en fonction des sujets représentés, reprenant en cela ce que Florent Le Compte avait déjà pu écrire au tournant du siècle (Florent Le Comte 1699). Cochin distingue les premières, secondes et troisièmes tailles, ou encore les tailles inégales, roides, courtes, serrées, nourries, etc. Il cherche à systématiser leur emploi et à dégager des préceptes. Le traité qui chez Bosse avait une forte dimension descriptive, avant tout technique, prend avec Cochin une dimension plus théorique plus marquée. 
Cette réédition comprend par ailleurs de nouvelles planches gravées : une partie d’entre elles sont reprises de l’édition de 1645 (Abraham Bosse) ou de celle de 1701 (Franz Ertinger) les autres viennent illustrer les parties ajoutées par Cochin. Ces dernières sont signées par Charles-Nicolas Cochin, Etienne Fessard, ou encore Pierre Soubeyran.
L’actualisation du traité d’Abraham Bosse par Cochin eut des échos à l’étranger : il s’en trouve par exemple une traduction en allemand par Carl Gottlieb Nitzsche (Dresde, 1765, ouvrage lui-même réedité en 1766, 1772 et 1795-1796). Celui-ci, en plus de traduire les ajouts de Cochin, corrige également l’ancienne traduction du traité d’Abraham Bosse qui avait été réalisée par Georg Andreas Böckler au milieu du XVIIe siècle (Nuremberg, 1652). 

L’édition de 1745 (conservée à la Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, Rés V 2347) n'est pas disponible en ligne. Toutefois, l'ouvrage a été réédité à l’identique en 1758, il est conservé au Getty Research Institute. Nous utilisons cette édition.

Flora Herbert
in-8 french

Dedication
Aux amateurs de cet art

Structure
Index at p. 163-186
Table des titres at p. XXV-XXVIII
Dédicace(s) at n.p.
Avertissement at p. V-XI
Avant-propos at p. XII-XVIII
Préface at p. XIX-XXIV
Privilèges at n.p.
Avis au relieur at n.p.

BOSSE, Abraham, Traicté des manières de graver en taille douce sur l'airin. Par le Moyen des Eaux Fortes, & des Vernix Durs & Mols. Ensemble de la façon d'en Imprimer les Planches & d'en Construire la Presse, & autres choses concernans lesdits Arts, Paris, Abraham Bosse, 1645.

LE CLERC, Sébastien, TRAICTÉ DES MANIERES DE GRAVER EN TAILLE DOUCE SUR L'AIRIN. Par le Moyen des Eaux Fortes, & des Vernix Durs & Mols. Ensemble de la façon d'en Imprimer les Planches & d'en Construire la Presse, & autres choses concernans lesdits Arts. Par A. Bosse, Graveur en Taille Douce, revû & augmenté d'une nouvelle manière de se servir desdites eaux fortes, par Monsieur Le Clerc, Paris, P. Emery, 1701.

COCHIN, Charles-Nicolas, De la manière de graver à l'eau forte et au burin : et de la gravûre en manière noire : avec la façon de construire les presses modernes & d'imprimer en taille-douce. Nouvelle edition augmentee de l’impression qui imite les tableaux, de la gravure en maniere de crayon & de celle qui imite le lavis enrichie de vignettes et vingt-une planches en taille-douce, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1745.

COCHIN, Charles-Nicolas, De la manière de graver à l'eau forte et au burin : et de la gravûre en manière noire : avec la façon de construire les presses modernes & d'imprimer en taille-douce. Nouvelle edition augmentee de l’impression qui imite les tableaux, de la gravure en maniere de crayon & de celle qui imite le lavis enrichie de vignettes et vingt-une planches en taille-douce, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1769.

BOSSE, Abraham et COCHIN, Charles-Nicolas, Die Kunst in Kupfer zu stechen: sowohl vermittelst des Aetzwassers als mit dem Grabstichel ; insgleichen die sogenannte schwarze Kunst, und wie die Kupferdrucker-Preße nach ietziger Art zu bauen und die Kupfer abzudrucken sind, trad. par NITZSCHE, Carl Gottlieb, Dresden, Gröll, 1765.

MICHEL, Christian, Charles-Nicolas Cochin et le livre illustré au XVIIIe siècle. Avec un catalogue raisonné des livres illustrés par Cochin  : 1715-1790, Genève, Droz, 1987.

RÜMELIN, Christian, « Stichtheorie und Graphikverständnis im 18. Jahrhundert », Artibus et Historiae, 22/44, 2001, p. 187-200 [En ligne : http://www.jstor.org/stable/1483719?seq=1#page_scan_tab_contents consulté le 26/10/2015].

LE BLANC, Marianne, D’acide et d’encre  : Abraham Bosse (1604?-1676) et son siècle en perspectives, Paris, CNRS Éd., 2004.

CASTEX, Jean-Gérald, « Réduire la gravure en art et en principes. Lecture et réception du "Traité des manières de graver" d’Abraham Bosse », dans VÉRIN, Hélène et DUBOURG GLATIGNY, Pascal (éd.), Réduire en art : la technologie de la Renaissance aux Lumières, Paris, Éd. de la Maison des sciences de l’homme, 2008, p. 235-248.

LAVEZZI, Élisabeth, « Gravure et conception coloriste de la peinture  : la réécriture par Charles-Nicolas Cochin (1745) du “Traité des manières de graver” d’Abraham Bosse (1645) », 2009 [En ligne : http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00630432 consulté le 11/07/2016].

STIJNMAN, Ad, Engraving and Etching 1400-2000: A History of the Development of Manual Intaglio Printmaking Processes, Houston, HES & De Graaf, 2012.

FILTERS

QUOTATIONS

Il paroît par le discours précédent que le sieur Bosse faisoit consister la plus grande difficulté & le principal mérite de la Gravûre à l’Eau Forte dans l’exacte imitation de celle au Burin : il a parfaitement réussi dans ce qu’il s’est proposé pour but, & ses ouvrages quoique très-avancés à l’Eau Forte ont néanmoins toute la netteté de ceux qui sont purement au Burin, & il est vrai-semblable que la fermeté du vernis dur dont il faisoit usage y a beaucoup contribué. Cependant on a abandonné non-seulement le vernis dur dont presque tous les Graveurs de son tems se servoient, maus même cette propreté dont il faisoit tant de cas, & que l’on évite en quelque façon présentement, parce qu’elle conduit à une roideur dans les tailles & une froideur de travail qui n’est plus du goût d’aujourd’hui. 
Ce changement de goût (si toutefois l’on doit juger du sentiment des graveurs du tems de Bosse par le sien) est fondé sur l’expérience & sur l’admiration que l’on a conçû pour les belles choses qui ont paru depuis M. Bosse, & qu’il n’a pû voit parce qu’elles n’ont été faites que long-tems après qu’il eût publié cet Ouvrage.

Bosse évoque ici le changement du goût du spectateur entre le XVIIe et XVIIIe siècle.

Conceptual field(s)

SPECTATEUR → perception et regard
SPECTATEUR → jugement

On ne voit en effet que M. Gerard Audran qui peut à juste titre passer pour le plus excellent Graveur d’Histoire qui ait jamais parû, ait recherché cette extrême propreté ni ce servile arrangement de tailles qui est essentiel à la Gravûre au Burin.

Cochin évoque ici l'arrangement des tailles

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

On ne voit en effet que M. Gerard Audran qui peut à juste titre passer pour le plus excellent Graveur d’Histoire qui ait jamais parû, ait recherché cette extrême propreté ni ce servile arrangement de tailles qui est essentiel à la Gravûre au Burin. Au contraire par un mêlange de hachûres libres & de points mis en apparence sans ordre, mais avec un goût inimitable, il a laissé à la postérité des exemples admirables du véritable caractere dans lequel la Gravûre d’Histoire doit être traitée. Ses ouvrages malgré la grossierté du travail qui paroît dans quelqu’uns & qui peut déplaire aux ignorans, font l’admiration des Connoisseurs & des personnes de bon goût.

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → genres (généralités)
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités

Estienne La Belle, qu’on peut regarder comme un modèle de perfection pour la Gravûre en petit, infiniment préférable à Callot pour la gentillesse de son travail, en un mot qui est dans son genre ce que Gerard Audran est dans le grand, ne s’est pas non plus piqué de cette roideur & de cet arrangement de belles tailles que M. Bosse recommande avec tant de soin. Au contraire sa maniere est un composé de petites tailles courtes & mêlées les unes avec les autres avec un goût & un esprit inexprimable, & il est étonnant que se servant du vernis dur, il ait pû graver d’une façon si souple, & éviter l’infléxibilité que l’on aperçoit dans les ouvrages de ses prédécesseurs.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Gerard Audran est ici cité comme modèle exemplaire en ce qui concerne la gravure en grand

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
GENRES PICTURAUX → genres (généralités)

Stefano della Bella considéré comme un modèle de perfection pour la gravure en petit

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Ce n’est pas que la propreté & le bel ordre des hachûres ne fasse un merveilleux effets quand elle est employée à propos & mêlée avec d’autres travaux plus libres selon le goût de l’ouvrage et le caractere des choses qu’on veut représenter : c’est même la perfection de la Gravûre, & cette opposition de différens travaux ne sert qu’à les faire [p. XXiij 27] valoir davantage. Il n’y a point de plus beaux exemples de l’heureux succès de la propreté du Burin dans les ouvrages commencés à l’eau Forte, que les morceaux admirables gravés par Corneille Vischer, où l’on voit en même tems ce que le plus beau burin a de flateur [sic], joint à l’eau Forte la plus pittoresque.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Il n’y a point de plus beaux exemples de l’heureux succès de la propreté du Burin dans les ouvrages commencés à l’eau Forte, que les morceaux admirables gravés par Corneille Vischer, où l’on voit en même tems ce que le plus beau burin a de flateur [sic], joint à l’eau Forte la plus pittoresque.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle :

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle : elle lui dessine ses contours avec sûreté & esprit, elle lui ébauche ses ombres avec un goût méplat & varié suivant les divers caracteres des sujets, comme terrains, pierres, paysages, ou étoffes de différente épaisseur, ce que le Burin ne fait qu’avec une égalité soit de ton, soit de couleur qui ne satisfait pas si bien :

Ce passage met en évidence le changement de goût dans la gravure en fonction des époques. Le « goût d’aujourd’hui » est différencié du goût de l’époque d’Abraham Bosse, et notamment en matière de gravure à l’eau-forte

Conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → connaissance
SPECTATEUR → perception et regard
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

On peut donc dire que si le burin termine & perfectionne l’eau forte, il en reçoit aussi beaucoup de mérite & de goût ; elle lui donne une ame qu’il n’avoit point ou du moins qu’il n’auroit que très-difficilement sans elle : elle lui dessine ses contours avec sûreté & esprit, elle lui ébauche ses ombres avec un goût méplat & varié suivant les divers caracteres des sujets, comme terrains, pierres, paysages, ou étoffes de différente épaisseur, ce que le Burin ne fait qu’avec une égalité soit de ton, soit de couleur qui ne satisfait pas si bien : enfin elle lui prépare dans les chairs des points d’une forme différente de ceux du Burin qui sont longs & de ceux de la pointe séche qui sont trop exactement ronds ; ceux que produit l’eau forte sont d’un rond plus irrégulier & d’un noir différent, & du mêlange des uns & des autres, il résulte un empâtement plein de goût ; & il est certain qu’avant l’invention de l’eau forte il manquoit quelque chose à la Gravûre, surtout pour bien rendre les tableaux d’histoire lorsqu’ils sont peints avec facilité & hardiesse.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

enfin elle lui prépare dans les chairs des points d’une forme différente de ceux du Burin qui sont longs & de ceux de la pointe séche qui sont trop exactement ronds ; ceux que produit l’eau forte sont d’un rond plus irrégulier & d’un noir différent, & du mêlange des uns & des autres, il résulte un empâtement plein de goût ; & il est certain qu’avant l’invention de l’eau forte il manquoit quelque chose à la Gravûre, surtout pour bien rendre les tableaux d’histoire lorsqu’ils sont peints avec facilité & hardiesse.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

& il est certain qu’avant l’invention de l’eau forte il manquoit quelque chose à la Gravûre, surtout pour bien rendre les tableaux d’histoire lorsqu’ils sont peints avec facilité & hardiesse.
Les Portraits demandent à être faits au Burin & l’on voit peu d’exemples que ceux que l’on a avancés à l’au forte [sic] ayent bien réussi. L’expérience fait voir que quoiqu’il y en ait quelqu’uns qui soient estimés comme ceux de Morin, Suyderhoof & autres, néanmoins ceux de Nanteuil, Edelinck, [p. Xxiv 28] & Drevet, sont les chefs-d’oeuvre les plus estimés en ce genre ; la raison de cette préférence vient de la façon différente dont on peint l’histoire & le portrait. Dans l’histoire on supprime toutes les petites parties pour s’attacher aux grandes, & l’on peint sans s’arrêter à des détails peu importans, comme seroient les cristallins & paupieres ou petits plis qui environnent ordinairement les yeux : l’on néglige de marquer sensiblement les différentes petites demi-teintes qi se trouvent entre les ombres & les jours, ou si on le fait, c’est de maniere qui ne paroît point recherchée, & qui est toûjours subordonnée à l’effet général du Tableau. Le Peintre entierement maître de son sujet, & n’ayant point d’objet particulier en vûë qui puisse l’attacher servilement, n’est occupé que du soin de former des traits grands & hardis qui puissent concourir à l’intelligence générale du sujet.

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → genres (généralités)
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Les Portraits demandent à être faits au Burin & l’on voit peu d’exemples que ceux que l’on a avancés à l’au forte [sic] ayent bien réussi.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
GENRES PICTURAUX → portrait

L’expérience fait voir que quoiqu’il y en ait quelqu’uns qui soient estimés comme ceux de Morin, Suyderhoof & autres, néanmoins ceux de Nanteuil, Edelinck, [p. Xxiv 28] & Drevet, sont les chefs-d’oeuvre les plus estimés en ce genre ; la raison de cette préférence vient de la façon différente dont on peint l’histoire & le portrait.

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → portrait
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Le Portrait se peint à la vérité suivant les mêmes principes, mais avec cette différence que l’exactitude avec laquelle le Peintre suit le modéle qu’il a devant les yeux, l’oblige à rendre avec le plus grand soin tout ce qu’il découvre dans la nature jusqu’aux moindres choses, parce que c’est souvent de-là que dépend la fidele ressemblance. Ayant fini la tête avec une si grande précision, il est obligé de terminer le reste à proportion, sans cela il ne paroîtroit qu’une ébauche en comparaison de la tête. C’est ce fini & cette exécution précise qui est parfaitement rendue par la propreté du Burin ; au lieu que le pinceau libre de l’histoire est mieux rendu par la hardiesse & la facilité de la pointe à l’eau forte.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
GENRES PICTURAUX → portrait

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → portrait
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → portrait
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

C’est ce fini & cette exécution précise qui est parfaitement rendue par la propreté du Burin ; au lieu que le pinceau libre de l’histoire est mieux rendu par la hardiesse & la facilité de la pointe à l’eau forte.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

C’est ce fini & cette exécution précise qui est parfaitement rendue par la propreté du Burin ; au lieu que le pinceau libre de l’histoire est mieux rendu par la hardiesse & la facilité de la pointe à l’eau forte. 
On peut en donner pour exemple les morceaux d’histoire gravés par
P. Drevet le fils, qui sont admirables pour la finesse [p. XXV 29] & la beauté du travail, mais beaucoup trop finis pour le caractere de l’histoire, ce qui fait dire aux gens de goût que c’est un fort beau travail mais très-déplacé, & qui ne sert qu’à faire paroître les figures comme si elles étoient de bronze. On peut voir aussi la famille de Darius gravée par Edelinck dont la gravûre quoique parfaite pour le Burin, est beaucoup moins convenable dans un pareil morceau, que celle de Gerard Audran. On remarquera à cette occasion que plusieurs Graveurs au burin très-habiles, entr’autres Bolswert, ayant à graver des sujets d’histoire, ont imité autant que le burin le peut faire, ce désordre pittoresque & ce mélange de travail que l’eau forte produit avec tant de succès. 

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → genres (généralités)
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

On remarquera à cette occasion que plusieurs Graveurs au burin très-habiles, entr’autres Bolswert, ayant à graver des sujets d’histoire, ont imité autant que le burin le peut faire, ce désordre pittoresque & ce mélange de travail que l’eau forte produit avec tant de succès.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Laissons donc la Gravûre au Burin briller dans l’exécution des portraits où l’eau forte n’est pas si heureuse, & réservons-la pour les morceaux d’histoire où elle répand plus de goût & de facilité, & pour le petit à qui elle donne un esprit & un caractere de dessein que le Burin auroit bien de la peine à imiter.

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → genres (généralités)
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Laissons donc la Gravûre au Burin briller dans l’exécution des portraits où l’eau forte n’est pas si heureuse, & réservons-la pour les morceaux d’histoire où elle répand plus de goût & de facilité, & pour le petit à qui elle donne un esprit & un caractere de dessein que le Burin auroit bien de la peine à imiter. Au lieu de nous proposer pour modéle, en gravant à l’eau forte, des Estampes gravées au burin avec une grande pureté, (comme le conseille le M. Bosse) ce qui ne nous inspireroit que de la froideur ; mettons-nous plûtôt devant les yeux des morceaux des excellens Maîtres dont on vient de parler, ou même des eaux fortes pures des Peintres qui ont gravé, comme Benedette de Castillionne, Rimbrant, Berghem, &c. ou encore de nos Peintres modernes dont plusieurs ont gravé avec un esprit que les plus habiles Graveurs auroient peine à égaler.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire

Car quoique le Graveur doive garder beaucoup plus d’ordre qu’il n’y en a dans ces sortes d’ouvrages à cause de la nécessité où il est de terminer ses eaux fortes avec le Burin ; néanmoins la hardiesse qu’il y apperçoit peut quelquefois l’échauffer & lui faire produire des saillies heureuses que les bons connoisseurs préfèrent infiniment à une propreté sans goût. L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.

On constate ici une connotation positive du terme "moëlleux" associé à la "manière excellente"

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités

néanmoins la hardiesse qu’il y apperçoit peut quelquefois l’échauffer & lui faire produire des saillies heureuses que les bons connoisseurs préfèrent infiniment à une propreté sans goût. L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Au lieu de nous proposer pour modéle, en gravant à l’eau forte, des Estampes gravées au burin avec une grande pureté, (comme le conseille le M. Bosse) ce qui ne nous inspireroit que de la froideur ; mettons-nous plûtôt devant les yeux des morceaux des excellens Maîtres dont on vient de parler, ou même des eaux fortes pures des Peintres qui ont gravé, comme Benedette de Castillionne, Rimbrant, Berghem, &c. ou encore de nos Peintres modernes dont plusieurs ont gravé avec un esprit que les plus habiles Graveurs auroient peine à égaler. Car quoique le Graveur doive garder beaucoup plus d’ordre qu’il n’y en a dans ces sortes d’ouvrages à cause de la nécessité où il est de terminer ses eaux fortes avec le Burin ; néanmoins la hardiesse qu’il y apperçoit peut quelquefois l’échauffer & lui faire produire des saillies heureuses que les bons connoisseurs préfèrent infiniment à une propreté sans goût. L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

L’arrangement & l’égalité des tailles est ce qu’on apprend le plus vîte & ce qui est le moins important dans la Gravûre : mais le plus difficile & ce qu’on ne sçait jamais assez, c’est le bon goût d’une gravûre moëlleuse & la correction des formes. 

Cochin évoque ici l'arrangement des tailles

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

REMARQUE
Le Vernis dur n’est plus en usage ; on l’a abandonné tout-à-fait pour se servir du Vernis mol sur lequel M. Bosse s’est contenté de dire très-peu de chose, comme n’étant pas beaucoup usité de son tems : c’est sur ce Vernis mol qu’on s’est principalement étendu dans cette nouvelle édition ; on y trouvera la maniere de s’en servir pour graver à l’Eau forte, détaillée avec autant de soin que M. Bosse avoit fait celle au Vernis dur, & outre cela des principes de la gravûre pour les Commençans, qui leur faciliteront les moyens de se perfectionner dans la Pratique de ce bel Art.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

REMARQUE
(...)
Vernis dur dont Callot se servoit, appellé communement Vernis de Florence. (...)

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

[n.d.r. voir ce passage dans son ensemble]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

M. Langlois, faiseur d’instrumens de Mathématiques, célébre par sa grande capacité, a inventé & perfectionné une espece de machine extrêmement commode pour réduire les desseins de grand en petit, & de petit en grand, & pour les copier sans sçavoir dessiner. Cet instrument s’appelle le Singe, à cause de la propriété qu’il a d’imiter toutes sortes de tableaux & desseins ; ceux qui ne sçavent pas beaucoup dessiner se serviront avec succès de cet instrument.
On peut aussi avoir recours au Livre intitulé les Régles du Dessein & du Lavis, où l’on trouvera plusieurs inventions pour copier & réduire des desseins, & beaucoup de détails sur le dessein, les crayons, & les couleurs, qui ne seront point inutils [sic] [p. 61 115] aux Artistes. On en vient de faire une nouvelle édition augmentée considérablement, qui se vend chez le même Libraire qui a imprimé celui-ci.

Cochin évoque ici la manière de réduire un tableau, ou un dessin pour une meilleure représentation en gravure. Pour cela, il préconise l'utilisation d'un singe ou d'un compas mathématique. Il fait par ailleurs référence à l'ouvrage : Les Régles du Dessein & du Lavis, où l’on trouvera plusieurs inventions pour copier & réduire des desseins, & beaucoup de détails sur le dessein, les crayons, & les couleurs, afin de réaliser au mieux cette méthode.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Cochin évoque ici la manière de réduire un tableau, ou un dessin pour une meilleure représentation en gravure. Pour cela, il préconise l'utilisation d'un singe ou d'un compas mathématique. Il fait par ailleurs référence à l'ouvrage : Les Régles du Dessein & du Lavis, où l’on trouvera plusieurs inventions pour copier & réduire des desseins, & beaucoup de détails sur le dessein, les crayons, & les couleurs, afin de réaliser au mieux cette méthode.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

S’il est nécessaire que l’estampe vienne du même sens que le tableau ou dessein original, ce qu’on est obligé de faire quand il y a des actions qui doivent se faire quand il y a des actions qui doivent se faire de la main droite & qui viendroient à gauche sur l’estampe, si l’on gravoit sur le cuivre du même sens que l’original, alors il faut contr’épreuver tout de suite son trait sur le cuivre sans le faire d’abord décalquer sur le papier blanc, comme on l’a dit ci-dessus, & l’on peut en ce cas dessiner ce trait avec de la mine de plomb qui marquera assez sur le vernis, mais qui ne le feroit pas si bien sur le papier, & qui d’ailleurs ne pourroit contr’épreuver deux fois. De cette façon l’estampe viendra du même sens que le tableau, mais on est obligé alors de graver au miroir, comme nous l’expliquerons ci-après. Si l’on veut faire le même en calquant son trait sur la planche sans être obligé de la contr’épreuver, il faut le dessiner sur le papier verni & retourner ce papier de façon que le côté dessiné regarde la planche, & ayant mis entre deux, comme ci-dessus, un papier rougi par derriere avec de la sanguine, on calque son trait ainsi retourné dans le sens contraire, afin qu’il vienne du bon sens sur l’estampe.
Pour graver au miroir, quand le trait est décalqué sur le cuivre dans le sens opposé à l’original, il faut présenter le tableau ou dessein devant un miroir, & le placer entre vous & le miroir de façon qu’il vous tourne le dos, & qu’il regarde la glace, alors vous l’y verrez du même sens qu’il est marqué sur le cuivre. Au surplus ceci ne se pratique que quand on grave du petit, car cela deviendroit [p. 62 112] trop incommode quand il s’agit de quelque tableau ou dessein un peu grand.

De quelque façon qu’on s’y soit pris, d’abord que le trait est marqué sur le vernis, il faut le
refondre pour empêcher que ce trait ne s’efface. [...]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

De cette façon l’estampe viendra du même sens que le tableau, mais on est obligé alors de graver au miroir, comme nous l’expliquerons ci-après. Si l’on veut faire le même en calquant son trait sur la planche sans être obligé de la contr’épreuver, il faut le dessiner sur le papier verni & retourner ce papier de façon que le côté dessiné regarde la planche, & ayant mis entre deux, comme ci-dessus, un papier rougi par derriere avec de la sanguine, on calque son trait ainsi retourné dans le sens contraire, afin qu’il vienne du bon sens sur l’estampe.
Pour graver au miroir, quand le trait est décalqué sur le cuivre dans le sens opposé à l’original, il faut présenter le tableau ou dessein devant un miroir, & le placer entre vous & le miroir de façon qu’il vous tourne le dos, & qu’il regarde la glace, alors vous l’y verrez du même sens qu’il est marqué sur le cuivre. Au surplus ceci ne se pratique que quand on grave du petit, car cela deviendroit [p. 62 112] trop incommode quand il s’agit de quelque tableau ou dessein un peu grand.

La méthode consiste à graver en utilisant un miroir (lié aux techniques de report d’un dessin sur la plaque à graver)

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

SECONDE PARTIE, Principes de la Gravûre à l’Eau Forte, nécessaires à ceux qui veulent se perfectionner dans cet Art

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Après tous les préparatifs que le sieur Bosse vient de détailler sur la maniere de graver au vernis dur, & au vernis mol qui est présentement le plus en usage, il ne sera pas hors de propos d’y ajouter une espece de théorie qui puisse faciliter aux Commençans les moyens de se perfectionner dans cet Art. C’est ce qui nous a engagé à joindre ici quelques principes nécessaires à ceux qui désirent faire leur talent principal de la Gravûre, & apprendre à préparer une Eau forte avec goût & de façon qu’elle se puisse aisément retoucher au Burin : ceux qui ne sont point à portée d’avoir facilement de bons Maîtres trouverons ici dequoi y suppléer, & ceux qui en ont, liront avec fruit cet ouvrage qui leur remettra devant les yeux les leçons qu’on leurs aura données, & qui s’échappent aisément de la mémoire. A l’égard de ceux qui gravent pour leur [p. 68 122] plaisir & qui veulent laisser leur planches [sic] dans l’état ou l’Eau forte les met, quoiqu’il semble qu’ils puissent graver avec plus de licence, ils y trouveront néanmoins des régles générales, qu’il leur est essentiel de sçavoir, & dont il est bon de ne se point écarter.
Nous supposons que la planche est toute préparée & que l’on a eu soin de calquer son trait sur le vernis, & d’y marquer aussi la terminaison des ombres & des demi-teintes :
il ne faut pas négliger de faire ce calque soi-même, afin qu’il soit le plus correct possible. Car quoiqu’il soit facile de le corriger en gravant, il vaut beaucoup mieux en être sûr, pour ne point avoir à tâtonner : d’ailleurs n’échappe-t’il pas assez de fautes involontaires malgré les soins que l’on prend, sans s’exposer encore à en faire par sa négligence ?

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

il ne faut pas négliger de faire ce calque soi-même, afin qu’il soit le plus correct possible. Car quoiqu’il soit facile de le corriger en gravant, il vaut beaucoup mieux en être sûr, pour ne point avoir à tâtonner

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

La Gravûre differe du Dessein, en ce que dans celui-ci on commence par préparer des ombres douces, & frapper ensuite les touches par dessus : au lieu que dans la Gravûre on met les touches d’abord, après quoi on les accompagne d’ombres, par ce qu’on ne rentre point les tailles au vernis mol qui n’a point assez de résistance pour assûrer la pointe & faire qu’elle ne sorte point du trait déjà fait.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

[...] Il faut aussi accompagner ces traits, soit de quelques points si c’est de la chair, soit de quelques tailles ou hâchures si ce sont des draperies, afin qu’ils ne soit point maigres & secs étans tout seuls. La Gravûre n’est déjà que trop séche par elle même à cause de la nécessité où l’on est de laisser du blanc entre les tailles

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

[...] Il faut aussi accompagner ces traits, soit de quelques points si c’est de la chair, soit de quelques tailles ou hâchures si ce sont des draperies, afin qu’ils ne soit point maigres & secs étans tout seuls. La Gravûre n’est déjà que trop séche par elle même à cause de la nécessité où l’on est de laisser du blanc entre les tailles : c’est pourquoi il faut toujours avoir dans l’esprit de chercher la maniere la plus grasse qu’il est possible. Comme on ne peut pas faire un trait gras & épais qui ne soit en méme tems très-noir, pour imiter le moëlleux du pinceau ou crayon qui les fait larges & neanmoins tendres, on est obligé de se servir de plusieurs traits legers l’un à côté de l’autre, ou de points tendres pour accompagner ce qui est tracé d’une petite épaisseur d’ombre qui l’adoucisse. Il faut observer la même chose dans les touches des ombres, & avoir soin que les tailles du milieu d’une touche soyent plus appuyées que celles des extrémités ; on gravera ensuite les ombres par des hachûres rangées avec égalité.

Manière grasse

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

La Gravûre n’est déjà que trop séche par elle même à cause de la nécessité où l’on est de laisser du blanc entre les tailles : c’est pourquoi il faut toujours avoir dans l’esprit de chercher la maniere la plus grasse qu’il est possible. Comme on ne peut pas faire un trait gras & épais qui ne soit en méme tems très-noir, pour imiter le moëlleux du pinceau ou crayon qui les fait larges & neanmoins tendres, on est obligé de se servir de plusieurs traits legers l’un à côté de l’autre, ou de points tendres pour accompagner ce qui est tracé d’une petite épaisseur d’ombre qui l’adoucisse. Il faut observer la même chose dans les touches des ombres, & avoir soin que les tailles du milieu d’une touche soyent plus appuyées que celles des extrémités ; on gravera ensuite les ombres par des hachûres rangées avec égalité.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

La Gravure pouvant être regardée comme une façon de peindre ou dessiner avec des hachûres, la meilleure maniere & la plus naturelle de prendre ses tailles est d’imiter la touche du pinceau, si c’est un tableau que l’on copie :

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

La Gravure pouvant être regardée comme une façon de peindre ou dessiner avec des hachûres, la meilleure maniere & la plus naturelle de prendre ses tailles est d’imiter la touche du pinceau, si c’est un tableau que l’on copie : or il n’y a gueres de tableau qui soit fait avec art, où l’on ne découvre le maniement du pinceau.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

La Gravure pouvant être regardée comme une façon de peindre ou dessiner avec des hachûres, la meilleure maniere & la plus naturelle de prendre ses tailles est d’imiter la touche du pinceau, si c’est un tableau que l’on copie : or il n’y a gueres de tableau qui soit fait avec art, où l’on ne découvre le maniement du pinceau. Si c’est un dessein, il faut les prendre du sens dont on hacheroit si on le copioit au crayon.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Ceci est seulement pour la premiere taille : à l’égard de la seconde, il faut la passer par dessus de maniere qu’elle assure bien les formes conjointement avec la premiere, & par son secours fortifier les ombres & en arrêter les bords d’une maniere un peu méplate, c’est-à-dire, un peu tranchée [p. 70 124] & sans adoucissement.

Manière méplate La gravure comme manière de peindre ou dessiner avec des hachures : imiter la touche du pinceau par des tailles

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Il ne faut point la continuer [n.d.r. la seconde taille] dans les reflets, lorsqu’ils sont tendres, mais les laisser un peu plus clairs qu’ils ne doivent être lorsque la planche sera finie, réservant au Burin qui doit terminer l’ouvrage le soin d’allonger cette taille pour assourdir les reflets, & leur ôter le transparent qui les rendroit trop semblables aux Ouvrages qui font dans les lumieres ; Si l’ombre étoit très-forte & le reflet aussi, alors il faudroit la graver à deux tailles avec une grosse pointe, & le reflet de même à deux tailles, mais avec une pointe plus fine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

La Gravure pouvant être regardée comme une façon de peindre ou dessiner avec des hachûres, la meilleure maniere & la plus naturelle de prendre ses tailles est d’imiter la touche du pinceau, si c’est un tableau que l’on copie : or il n’y a gueres de tableau qui soit fait avec art, où l’on ne découvre le maniement du pinceau. Si c’est un dessein, il faut les prendre du sens dont on hacheroit si on le copioit au crayon. Ceci est seulement pour la premiere taille : à l’égard de la seconde, il faut la passer par dessus de maniere qu’elle assure bien les formes conjointement avec la premiere, & par son secours fortifier les ombres & en arrêter les bords d’une maniere un peu méplate, c’est-à-dire, un peu tranchée [p. 70 124] & sans adoucissement. Il ne faut point la continuer [n.d.r. la seconde taille] dans les reflets, lorsqu’ils sont tendres, mais les laisser un peu plus clairs qu’ils ne doivent être lorsque la planche sera finie, réservant au Burin qui doit terminer l’ouvrage le soin d’allonger cette taille pour assourdir les reflets, & leur ôter le transparent qui les rendroit trop semblables aux Ouvrages qui font dans les lumieres ; Si l’ombre étoit très-forte & le reflet aussi, alors il faudroit la graver à deux tailles avec une grosse pointe, & le reflet de même à deux tailles, mais avec une pointe plus fine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

On doit observer de faire la premiere taille forte & nourrie & serrée, la seconde un peu plus déliée, & plus écartée, & la troisième encore plus fine & plus large ou écartée, ce qui se peut faire avec la même pointe en appuyant plus ou moins, ou bien en changeant de pointes de différentes grosseur, si la partie que l’on grave doit être d’un ouvrage pur & d’une belle couleur.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Des Chairs d’hommes & de femmes.
Il faut passer la seconde taille plus ou moins lozange sur la premiere selon la nature & le caractere des choses que l’on grave ; les chairs, par exemple, doivent être demi lozange, afin que la troisiéme venant à les terminer, y fasse un heureux effet, ce qu’elle ne feroit pas sur des hachûres quarrées. On ne doit pas cependant y outrer le lozange, parce que les angles ou ils se joignent deviendroient trop noirs, leau forte y agissant plus qu’ailleurs ; cela produiroit une Gravûre brute & trop salie par la quantité de toisiémes ou de points qu’il faudroit y mettre dans les carreaux pour en faire des tons unis. Car en gravant [p. 72 126] à l’Eau forte, on ne doit jamais perdre de vûe la façon dont le Burin doit terminer, & il faut prévoir dès le commencement l’effet que fera le travail qu’on a dessein d’y joindre. Au reste le plus ou moins lozange dépend du caractere des chairs que l’on a traiter : si ce sont des chairs d’hommes musclés, & qui soient peintes d’une maniere peu frappée, il n’y a point de danger de les ébaucher par couches méplates un peu lozanges, au lieu que les chairs de femmes demandent un travail plus uni qui puisse représenter la douceur de leur peau, ce qu’un trop grand lozange interromperoit. Il y a cependant d’habiles gens qui soutiennent au contraire que le lozange est moins à craindre dans les chairs délicates que dans celles qui demandent plus de couleur, ayant éprouvés lorsqu’ils vouloient pousser des tons un peu vigoureux, que le trop grand lozange devenoit incommode.
Quoiqu’il en soit, il faut y éviter surtout les hachûres quarrées qui ne sont bonnes que pour représenter le bois ou la pierre. Il est vrai qu’il se trouve d’excellens morceaux de gravûre ou l’on voit beaucoup de quarré, mais cela n’empêche point que ce ne soit une mauvaise maniere, & ce n’est assurément pas en cela qu’ils sont admirables, car la maniere lozange est beaucoup plus moëlleuse. Les plus beaux exemples que l’on puisse en donner sont les Estampes de Corneille Vischer, dont le goût de gravûre est sans contredit le meilleur que l’on puisse imiter.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Quoiqu’il en soit, il faut y éviter surtout les hachûres quarrées qui ne sont bonnes que pour représenter le bois ou la pierre.

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EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Il ne seroit cependant pas à propos de se servir de sens de tailles diamétralement opposés dans le même morceau de draperie, lorsque les séparations causées par le jeu de plis ne sont pas extrêmement sensibles, car cela pourroit faire une draperie qui paroîtroit composée de différentes pieces, qui n’auroient aucune liaison l’une avec l’autre. C’est même cette opposition de travail jointe aux différens dégrés de couleur qu’inspire le tableau ou dessein original qui sert à détacher deux différentes draperies, & à faire [p. 74 128] connoître qu’elle ne dépendent point l’une de l’autre. C’est pourquoi l’on prendra à peu près de même façon, pourvû que cela se puisse sans contrainte, les différens sens de tailles qui servent à former les plis d’une même draperie, réservant à les prendre dans un sens contraire lorsque le jeu des draperies fera découvrir la doublûre de l’étoffe, car alors cette différence de tailles servira à faire distinguer plus facilement le dessus ou le dessous de ces draperies. 
Les tailles doivent serpenter d’une façon souple suivant les saillies & la profondeur des plis :

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Les draperies doivent être gravées suivant les mêmes principes : il faut prendre les tailles de maniere qu’elles en dessinent bien les plis, & pour cet effet ne point se gêner pour continuer une taille qui avoit servi à bien former une chose, lorsqu’elle n’est pas si propre à bien rendre la suivante ;

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Les draperies doivent être gravées suivant les mêmes principes : il faut prendre les tailles de maniere qu’elles en dessinent bien les plis, & pour cet effet ne point se gêner pour continuer une taille qui avoit servi à bien former une chose, lorsqu’elle n’est pas si propre à bien rendre la suivante ; il vaut beaucoup mieux la quitter, & en prendre une autre plus convenable, observant néanmoins qu’elles puissent se servir de seconde l’une de l’autre, ou du moins de troisiéme.

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Les draperies doivent être gravées suivant les mêmes principes : il faut prendre les tailles de maniere qu’elles en dessinent bien les plis, & pour cet effet ne point se gêner pour continuer une taille qui avoit servi à bien former une chose, lorsqu’elle n’est pas si propre à bien rendre la suivante ; il vaut beaucoup mieux la quitter, & en prendre une autre plus convenable, observant néanmoins qu’elles puissent se servir de seconde l’une de l’autre, ou du moins de troisiéme. Si elle peut produire heureusement une seconde, on peut la passer pardessus l’autre avec une pointe plus fine : si elle n’est propre qu’à une troisiéme, alors il faut laisser au Burin le soin de l’allonger & de la perdre doucement parmi les autres. Enfin il ne faut rien dans ce genre de gravûre qui sente l’esclavage ; cette continuation de la même taille n’est d’usage que dans les ouvrages purement au Burin, encore n’y est-elle pas fort nécessaire. Bolswert y étoit si habile, ne s’en est jamais embarrassé. Il ne seroit cependant pas à propos de se servir de sens de tailles diamétralement opposés dans le même morceau de draperie, lorsque les séparations causées par le jeu de plis ne sont pas extrêmement sensibles, car cela pourroit faire une draperie qui paroîtroit composée de différentes pieces, qui n’auroient aucune liaison l’une avec l’autre. C’est même cette opposition de travail jointe aux différens dégrés de couleur qu’inspire le tableau ou dessein original qui sert à détacher deux différentes draperies, & à faire [p. 74 128] connoître qu’elle ne dépendent point l’une de l’autre. C’est pourquoi l’on prendra à peu près de même façon, pourvû que cela se puisse sans contrainte, les différens sens de tailles qui servent à former les plis d’une même draperie, réservant à les prendre dans un sens contraire lorsque le jeu des draperies fera découvrir la doublûre de l’étoffe, car alors cette différence de tailles servira à faire distinguer plus facilement le dessus ou le dessous de ces draperies. 
Les tailles doivent serpenter d’une façon souple suivant les saillies & la profondeur des plis : ce seroit une mauvaise méthode que de former avec une seule taille, & en passer ensuite une roide & sans fléxibilité par dessus tout, seulement pour faire un ton plus noir ; il faut au contraire que tout le travail qu’on y met ait son intention & serve à assurer les formes de ce qu’on veut représenter, à moins que ce ne soit de certaines choses qu’on voudroit laisser indéterminées ou indécises pour faire du repos à côté de quelques autres, comme ne devant point attirer l’attention du spectateur. On doit éviter que les tailles qui vont se terminer au contour soit des plis, soit des membres, y finissent en faisant avec lui un angle droit, ni même rien d’aprochant, mais il faut qu’elles s’y perdent en lozange, & d’une maniere qui serve à le rendre moins sensible & plus moëlleux. À l’égard des tailles qui forment les racourcis, à moins que de sçavoir un peu de Perspective pour les bien ressentir, on court grand risque de les prendre souvent à contre-sens.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On doit éviter que les tailles qui vont se terminer au contour soit des plis, soit des membres, y finissent en faisant avec lui un angle droit, ni même rien d’aprochant, mais il faut qu’elles s’y perdent en lozange, & d’une maniere qui serve à le rendre moins sensible & plus moëlleux.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Les tailles doivent serpenter d’une façon souple suivant les saillies & la profondeur des plis : ce seroit une mauvaise méthode que de former avec une seule taille, & en passer ensuite une roide & sans fléxibilité par dessus tout, seulement pour faire un ton plus noir ; il faut au contraire que tout le travail qu’on y met ait son intention & serve à assurer les formes de ce qu’on veut représenter, à moins que ce ne soit de certaines choses qu’on voudroit laisser indéterminées ou indécises pour faire du repos à côté de quelques autres, comme ne devant point attirer l’attention du spectateur. On doit éviter que les tailles qui vont se terminer au contour soit des plis, soit des membres, y finissent en faisant avec lui un angle droit, ni même rien d’aprochant, mais il faut qu’elles s’y perdent en lozange, & d’une maniere qui serve à le rendre moins sensible & plus moëlleux. À l’égard des tailles qui forment les racourcis, à moins que de sçavoir un peu de Perspective pour les bien ressentir, on court grand risque de les prendre souvent à contre-sens.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

À l’égard des tailles qui forment les racourcis, à moins que de sçavoir un peu de Perspective pour les bien ressentir, on court grand risque de les prendre souvent à contre-sens.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Après avoir arrêté fermement la fin des ombres & d’une façon un peu tranchée, on arrangera les tailles qui doivent faire les demi-teintes avec une pointe plus fine, observant de ne mettre que fort peu d’ouvrage ou du moins très-tendre dans les masse de lumiere, afin de n’en point interrompre l’effet par des travaux trop noirs ou inutiles qui saliroient les parties qui demandent de la pureté. Ces tailles doivent être prises de façon qu’elles se lient avec une de celles des ombres, & si c’est une demi-teinte fort colorée qui demande deux-hachûres, quand on ne peut joindre la seconde avec aucune de celles de l’ombre, il est bon qu’elle puisse du moins d’y perdre, ou y servir de troisiéme. Au reste il n’est pas nécessaire de se gêner à joindre dès l’Eau forte celles qui sont susceptibles de liaison, on risqueroit de ne pas faire assez proprement, & les tailles ne se trouvans pas rapportées parfaitement juste, feroient un sillon plus noir qu’il ne faudroit, il vaut mieux réserver cela pour le Burin qui les unira mieux & ne les arrondira peut-être que trop.
On peut hazarder avec la pointe quelque tailles fines proche de la lumiere, mais il faut qu’elles soient plus larges, c’est-à-dire, plus écartées les unes des autres, que celles des ombres. En général on doit tenir les lumieres grandes & peu approchées à l’Eau forte, afin de laisser quelque chose à faire à la douceur du Burin. Les linges & autres étoffes fines & claires se préparent avec une seule taille, afin de pouvoir y passer par endroits avec le Burin une seconde très-légère & très-déliée.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

De la façon de pointiller les Chairs.
Les points que l’on met à l’Eau forte pour faire les demi-teintes des chairs, peuvent se mettre de différentes façons, qui toutes sont un effet assez heureux quand ils sont empâtés avec goût. On en met dans les chairs d’homme de long au bout ou entre les tailles, ou de ronds qu’on allonge ensuite au Burin, ou bien l’on se contente quand on retouche de les entre-mêler avec des longs. Dans les chairs de femme, on n’en met à l’Eau forte que de ronds ; les longs feroient un travail trop brut : mais afin qu’ils ne soient pas parfaitement ronds ce qui feroit une régularité froide & sans goût, on tient sa pointe un peu couchée en les piquant. Si l’on grave de grandes figures on se servira d’une grosse pointe qui rendra les points plus nourris.
Au reste les points ronds doivent être mis dès l’Eau forte, cela leur donne un certain brut pittoresque qui mêlé avec la propreté des points longs que l’on ajoûte au Burin, fait un meilleur effet que ne feroient ces mêmes points ronds mis simplement à la pointe séche. C’est pourquoi dans les belles têtes gravées purement au Burin, l’on n’en voit que de longs, les ronds n’étant beaux que quand ils sont préparés à l’Eau forte. On les arrange à peu près comme les briques d’un mur, plein sur joint ; surtout il faut y garder beaucoup d’ordre ; car soit que l’épaisseur du verni trompe, ou que cela vienne de quelqu’autre cause, il arrive lorsque la planche [p. 77 131] est mordue que malgré toute la régularité qu’on y avoit observé, ils sont encore mal arrangés ; & si l’on n’avoit soind d’y remedier en les rentrant au Burin, cela feroit une chair qui sembleroit galeuse. On ne doit point approcher les points à l’Eau forte trop près de la lumiere, mais on laisse de la place pour en mettre au Burin ou à la pointe seche de plus tendres qui conduisent insensiblement jusqu’au blanc. On met aussi quelquefois des points longs, ou plutôt de petits bouts de tailles extrêmement courtes, dans les draperies lorsqu’on veut représenter des étoffes très-grossieres : & pour leur donner ce brut pittoresque qui les distingue des autres ouvrages plus unis, on tremblotte un peu la main en conduisant sa taille, ce qui donne un grignotis qui fait fort bien, mais il faut que cela se fasse sans affectation.
On prendra bien garde quand on gravera quelque chose de grand, de ne point former les touches des chairs soit dans les têtes, les mains ou ailleurs, avec des tailles si proches l’une de l’autre que l’Eau forte puisse les faire crevasser, & n’en faire qu’une de plusieurs : cela produiroit un noir aigre & poché qu’on a bien la peine de raccommoder, c’est pourquoi on préparera les chairs tendrement, & on les laissera mordre fort peu, pour pouvoir les finir facilement & d’une maniere douce & aimable avec le burin.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

On met aussi quelquefois des points longs, ou plutôt de petits bouts de tailles extrêmement courtes, dans les draperies lorsqu’on veut représenter des étoffes très-grossieres : & pour leur donner ce brut pittoresque qui les distingue des autres ouvrages plus unis, on tremblotte un peu la main en conduisant sa taille, ce qui donne un grignotis qui fait fort bien, mais il faut que cela se fasse sans affectation.

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Au reste les points ronds doivent être mis dès l’Eau forte, cela leur donne un certain brut pittoresque qui mêlé avec la propreté des points longs que l’on ajoûte au Burin, fait un meilleur effet que ne feroient ces mêmes points ronds mis simplement à la pointe séche. C’est pourquoi dans les belles têtes gravées purement au Burin, l’on n’en voit que de longs, les ronds n’étant beaux que quand ils sont préparés à l’Eau forte. On les arrange à peu près comme les briques d’un mur, plein sur joint ; surtout il faut y garder beaucoup d’ordre ; car soit que l’épaisseur du verni trompe, ou que cela vienne de quelqu’autre cause, il arrive lorsque la planche [p. 77 131] est mordue que malgré toute la régularité qu’on y avoit observé, ils sont encore mal arrangés ; & si l’on n’avoit soind d’y remedier en les rentrant au Burin, cela feroit une chair qui sembleroit galeuse. On ne doit point approcher les points à l’Eau forte trop près de la lumiere, mais on laisse de la place pour en mettre au Burin ou à la pointe seche de plus tendres qui conduisent insensiblement jusqu’au blanc. On met aussi quelquefois des points longs, ou plutôt de petits bouts de tailles extrêmement courtes, dans les draperies lorsqu’on veut représenter des étoffes très-grossieres : & pour leur donner ce brut pittoresque qui les distingue des autres ouvrages plus unis, on tremblotte un peu la main en conduisant sa taille, ce qui donne un grignotis qui fait fort bien, mais il faut que cela se fasse sans affectation.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

De la dégradation des objets.
UNE regle générale fondée sur le bon sens & la perspective, c’est de resserrer ses tailles de plus en plus, suivant la dégradation des objets ; c’est-à-dire, qu’ayant gravé les figures qui sont sur le devant du Tableau avec une grosse pointe & des tailles nourries & raisonnablement écartées, on gravera celles qui sont sur un plan plus éloigné & plus enfoncées dans le Tableau avec une pointe moins grosse, & des tailles moins écartées les unes des autres

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

De la dégradation des objets.
UNE regle générale fondée sur le bon sens & la perspective, c’est de resserrer ses tailles de plus en plus, suivant la dégradation des objets ; c’est-à-dire, qu’ayant gravé les figures qui sont sur le devant du Tableau avec une grosse pointe & des tailles nourries & raisonnablement écartées, on gravera celles qui sont sur un plan plus éloigné & plus enfoncées dans le Tableau avec une pointe moins grosse, & des tailles moins écartées les unes des autres
 : s’il s’en trouve encore plus loin sur un troisiéme plan, on les fera de même avec une pointe plus fine & des tailles plus serrées, & ainsi de suite jusqu’à l’horizon, & toujours suivant cette idée de dégradation. 
[...] On grave encore les devants avec des tailles de différentes largeur, suivant que le cas l’exige ; les étoffes fines se gravent plus près, à moins qu’on ne les destine à recevoir des entretailles, qui sont très-propres à représenter les étoffes de soye, les eaux, les métaux & autres corps polis : les étoffes [p. 79 133] plus épaisses se gravent plus larges ; ce qui doit être sourd & brun, plus serré que ce qui est vague, & par conséquent les ombres plus serrées que les jours. Cette attention ne doit pourtant pa paroître trop sensible, de peur que quelque chose des ouvrages du devant ne ressemble à ceux du fonds.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

De la dégradation des objets.
UNE regle générale fondée sur le bon sens & la perspective, c’est de resserrer ses tailles de plus en plus, suivant la dégradation des objets ; c’est-à-dire, qu’ayant gravé les figures qui sont sur le devant du Tableau avec une grosse pointe & des tailles nourries & raisonnablement écartées, on gravera celles qui sont sur un plan plus éloigné & plus enfoncées dans le Tableau avec une pointe moins grosse, & des tailles moins écartées les unes des autres
 : s’il s’en trouve encore plus loin sur un troisiéme plan, on les fera de même avec une pointe plus fine & des tailles plus serrées, & ainsi de suite jusqu’à l’horizon, & toujours suivant cette idée de dégradation.

La perspective est liée au traitement des tailles pour la dégradation des objets

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

[...] On grave encore les devants avec des tailles de différentes largeur, suivant que le cas l’exige ; les étoffes fines se gravent plus près, à moins qu’on ne les destine à recevoir des entretailles, qui sont très-propres à représenter les étoffes de soye, les eaux, les métaux & autres corps polis : les étoffes [p. 79 133] plus épaisses se gravent plus larges ; ce qui doit être sourd & brun, plus serré que ce qui est vague, & par conséquent les ombres plus serrées que les jours. Cette attention ne doit pourtant pa paroître trop sensible, de peur que quelque chose des ouvrages du devant ne ressemble à ceux du fonds.

entretaille

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

entre-deux

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Un effet remarquable de la Perspective, c’est que plus les objets paroissent éloignés, moins ils doivent être finis : c’est ce qui arrive dans la Nature quand on regarde un objet éloigné, par exemple une figure vêtüe : on n’y distingue plus que les masses générales, & l’on perd tous les détails, soit des têtes, soit des plis de vêtemens, & même leurs différentes couleurs ; la Gravûre qui n’est qu’une imitation de la Nature doit la suivre dans tous ses effets, & rendre les objets qu’elle représente de plus en plus informes à proportion de leur éloignement.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

a Gravûre qui n’est qu’une imitation de la Nature doit la suivre dans tous ses effets, & rendre les objets qu’elle représente de plus en plus informes à proportion de leur éloignement.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Un effet remarquable de la Perspective, c’est que plus les objets paroissent éloignés, moins ils doivent être finis : c’est ce qui arrive dans la Nature quand on regarde un objet éloigné, par exemple une figure vêtüe : on n’y distingue plus que les masses générales, & l’on perd tous les détails, soit des têtes, soit des plis de vêtemens, & même leurs différentes couleurs ; la Gravûre qui n’est qu’une imitation de la Nature doit la suivre dans tous ses effets, & rendre les objets qu’elle représente de plus en plus informes à proportion de leur éloignement. C’est pourquoi l’on évitera en gravant les figures éloignées d’en dessiner les formes avec des contours bien marqués & ressentis en beaucoup d’endroits qui les détermineroient trop ; mais il faut les tracer par grandes parties & comme un croquis, & les ombrer par couches plates à peu près de la même façon qu’un Sculpteur ébauche une figure de terre. Le fameux Gerard Audran en a donné des exemples inimitables dans tous ses ouvrages, comme on le peut voir entr’autres dans l’Estampe de Pyrrhus sauvé, qu’il a gravé d’après le Poussin, où il a rendu d’une manière digne d’admiration la touche large & plate du pinceau [p. 80 134] dans les lointains & dans les fonds.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Il arrive que trop souvent que le Graveur séduit par le plaisir de faire un morceau qui paroisse fort soigné, s’amuse à finir la tête d’une figure éloignée avec des beaux petits points arrangés avec beaucoup de propreté ; mais il prodigue sa peine bien mal-à-propos, car cet ouvrage qui placé ailleurs pourroit avoir son mérite, lui fait commettre une lourde faute contre le sens commun & le bon goût du dessein.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Un effet remarquable de la Perspective, c’est que plus les objets paroissent éloignés, moins ils doivent être finis : c’est ce qui arrive dans la Nature quand on regarde un objet éloigné, par exemple une figure vêtüe : on n’y distingue plus que les masses générales, & l’on perd tous les détails, soit des têtes, soit des plis de vêtemens, & même leurs différentes couleurs ; la Gravûre qui n’est qu’une imitation de la Nature doit la suivre dans tous ses effets, & rendre les objets qu’elle représente de plus en plus informes à proportion de leur éloignement. C’est pourquoi l’on évitera en gravant les figures éloignées d’en dessiner les formes avec des contours bien marqués & ressentis en beaucoup d’endroits qui les détermineroient trop ; mais il faut les tracer par grandes parties & comme un croquis, & les ombrer par couches plates à peu près de la même façon qu’un Sculpteur ébauche une figure de terre. Le fameux Gerard Audran en a donné des exemples inimitables dans tous ses ouvrages, comme on le peut voir entr’autres dans l’Estampe de Pyrrhus sauvé, qu’il a gravé d’après le Poussin, où il a rendu d’une manière digne d’admiration la touche large & plate du pinceau [p. 80 134] dans les lointains & dans les fonds. Cela semble assez facile, & ne se trouve cependant bien rendu que dans les ouvrages de ceux qui sont consommés dans cet Art ; c’est que la plus grande difficulté des Arts dont le Dessein est la base, n’est pas de finir & détailler beaucoup, mais de sçavoir supprimer à propos le travail superflu pour ne laisser que le nécessaire. Il arrive que trop souvent que le Graveur séduit par le plaisir de faire un morceau qui paroisse fort soigné, s’amuse à finir la tête d’une figure éloignée avec des beaux petits points arrangés avec beaucoup de propreté ; mais il prodigue sa peine bien mal-à-propos, car cet ouvrage qui placé ailleurs pourroit avoir son mérite, lui fait commettre une lourde faute contre le sens commun & le bon goût du dessein.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Les terreins, murailles, troncs d’arbres & paysages doivent se graver d’une maniere extrêmement grignoteuse : c’est-là qu’on peut mêler avec succès le quarrée avec l’extrême lozange, & se servir de l’échoppe par le côté le plus large. Le Paysage doit être préparé très-lozange afin que les tailles accompagnent plus moëlleusement les traits qui les dessinent, & laissent moins sentir la maigreur des contours qui en forment les feuilles. Les terreins se peuvent graver par de petites tailles courtes & fort lozanges, afin que les crevasses de leurs angles les rendent brutes & formés par routes sortes de travaux libres qui y sont fort convenables. Les pointes émoussées sont plus propres à graver le Paysage [p. 81 PDF 134] que celles qui sont coupantes, parce que ces dernieres s’engagent dans le cuivre, ne laissent point à la main la liberté de les consuire en tous sens comme il est nécessaire surtout quand on grave des arbres.

Au sujet du traitement des tailles pour les paysages et architectures

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
GENRES PICTURAUX → paysage

[...] Les pointes émoussées sont plus propres à graver le Paysage que celles qui sont coupantes, parce que ces dernieres s’engagent dans le cuivre, ne laissent point à la main la liberté de les consuire en tous sens comme il est nécessaire surtout quand on grave des arbres.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On grave ordinairement l’Architecture quarrée & à la régle, cependant lorsqu’elle n’est qu’accessoire, comme dans un sujet d’histoire, où elle est faite pour les figures, il vaut mieux la graver à la main afin qu’elle ne soit point d’une propreté qui le dispute aux figures. Il faut aussi un peu grignoter ses tailles, mais toujours avec ordre ; car en général quelque chose que l’on grave, & même celles qui sont les moins susceptibles de propreté, on doit toujours les préparer avec égalité & avec arrangement, pourvû que cela soit sans affectation, afin qu’il n’y ait point de traits qui puissent crevasser ensemble & interrompre le repos des masses par des pochis de noir aigre.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Car on ne peut faire de l’effet que par de grandes masses unies, soit d’ombre soit de lumiere, réveillées pourtant de quelques touches aux endroits indiqués dans l’original qu’on doit suivre.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On grave ordinairement l’Architecture quarrée & à la régle, cependant lorsqu’elle n’est qu’accessoire, comme dans un sujet d’histoire, où elle est faite pour les figures, il vaut mieux la graver à la main afin qu’elle ne soit point d’une propreté qui le dispute aux figures. Il faut aussi un peu grignoter ses tailles, mais toujours avec ordre ; car en général quelque chose que l’on grave, & même celles qui sont les moins susceptibles de propreté, on doit toujours les préparer avec égalité & avec arrangement, pourvû que cela soit sans affectation, afin qu’il n’y ait point de traits qui puissent crevasser ensemble & interrompre le repos des masses par des pochis de noir aigre. Car on ne peut faire de l’effet que par de grandes masses unies, soit d’ombre soit de lumiere, réveillées pourtant de quelques touches aux endroits indiqués dans l’original qu’on doit suivre. La Gravûre n’est déjà que trop opposée à ce repos qui doit regner dans les masses, par les petits blancs qu’elle laisse dans les carreaux, sans ajoûter encore des aigreurs & des trous de noir par l’inégalité des tailles, & même l’on est souvent obligé de boucher tous les carreaux avec des points pour parvenir à faire un ton sourd.

Conceptual field(s)

GENRES PICTURAUX → peinture d’histoire
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Il faut aussi un peu grignoter ses tailles, mais toujours avec ordre ; car en général quelque chose que l’on grave, & même celles qui sont les moins susceptibles de propreté, on doit toujours les préparer avec égalité & avec arrangement, pourvû que cela soit sans affectation, afin qu’il n’y ait point de traits qui puissent crevasser ensemble & interrompre le repos des masses par des pochis de noir aigre. Car on ne peut faire de l’effet que par de grandes masses unies, soit d’ombre soit de lumiere, réveillées pourtant de quelques touches aux endroits indiqués dans l’original qu’on doit suivre. La Gravûre n’est déjà que trop opposée à ce repos qui doit regner dans les masses, par les petits blancs qu’elle laisse dans les carreaux, sans ajoûter encore des aigreurs & des trous de noir par l’inégalité des tailles, & même l’on est souvent obligé de boucher tous les carreaux avec des points pour parvenir à faire un ton sourd.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

La Gravûre n’est déjà que trop opposée à ce repos qui doit regner dans les masses, par les petits blancs qu’elle laisse dans les carreaux, sans ajoûter encore des aigreurs & des trous de noir par l’inégalité des tailles, & même l’on est souvent obligé de boucher tous les carreaux avec des points pour parvenir à faire un ton sourd.

Index : "Pour faire un ton sourd en gravûre, on bouche avec des points les petits blancs, qui restent dans les carreaux des hachûres"

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Quoique l’usage le plus ancien & le plus ordinaire soit de graver à l’Eau forte avec des pointes coupantes & qui ouvrent un peu le cuivre, il y a neanmoins de très-habiles Graveurs qui se servent de pointes qui ne coupent pas : cet usage paroît même avoir un avantage par rapport à l’effet que fait l’Eau forte sur le vernis : car il arrive souvent quand on trace quelque contour ou que l’on arrête quelque touche avec une pointe coupante, que la justesse avec laquelle on tâche de le faire est cause que sans s’en appercevoir on appuye davantage la pointe, & qu’elle entre plus profondément dans le cuivre en ces endroits que partout ailleurs, ce qui fait qu’ils mordent avant le reste, &, comme on vient de le dire, causent des aigreurs.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Quoique l’usage le plus ancien & le plus ordinaire soit de graver à l’Eau forte avec des pointes coupantes & qui ouvrent un peu le cuivre, il y a neanmoins de très-habiles Graveurs qui se servent de pointes qui ne coupent pas : cet usage paroît même avoir un avantage par rapport à l’effet que fait l’Eau forte sur le vernis : car il arrive souvent quand on trace quelque contour ou que l’on arrête quelque touche avec une pointe coupante, que la justesse avec laquelle on tâche de le faire est cause que sans s’en appercevoir on appuye davantage la pointe, & qu’elle entre plus profondément dans le cuivre en ces endroits que partout ailleurs, ce qui fait qu’ils mordent avant le reste, &, comme on vient de le dire, causent des aigreurs.
[p. 83 137]
Au lieu que les pointes émoussées ne creusans gueres plus le cuivre en un endroit qu’en l’autre, laissent mordre tout l’ouvrage à peu près également, selon la proportion des pointes dont on s’est servi, & par conséquent produisent un ton gris assez avantageux pour pouvoir retoucher proprement.
D’un autre côté l’on pourroit dire, que d’entrer un peu dans le cuivre cela donne plus d’esprit & de fermeté que lorsque la pointe glisse & n’a rien qui l’assure, c’est pourquoi il est à propos lorsqu’on prépare une planche de grand & où il doit entrer beaucoup de Burin de se servir de pointes émoussées, & de réserver les pointes coupantes pour le petit qui doit être préparé différemment comme on va le voir. Il est à remarquer lorsque les pointes coupent, qu’il faut beaucoup appuyer les hachûres qui forment les masses d’ombre, sans cela elles pourroient devenir maigres, car pour que le trait participe de la grosseur de la pointe avec laquelle il est fait, il faut que presque toute la partie qui en fait l’aigu soit engagée dans le cuivre : autrement une grosse pointe & une fine feroient à peu près un trait aussi délié l’une que l’autre.
Il est bon aussi de mettre beaucoup de secondes dans les corps d’ombre, afin qu’ils ayent déjà pris une couleur suffisante avant que les touches soient crevassées, & qu’on puisse tirer de l’Eau forte tout l’avantage possible pour le prompt avancement de sa planche ; car une taille toute seule ne prend pas beaucoup de force, & est long-tems à mordre avant d’acquerir un ton un peu vigoureux. Au reste on peut se livrer indifféremment à la maniere la plus conforme à son goût naturel, persuadé que ce n’est pas l’outil qui donne le mérite à l’ouvrage, mais l’intelligence de l’artiste qui le conduit.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Il est bon aussi de mettre beaucoup de secondes dans les corps d’ombre, afin qu’ils ayent déjà pris une couleur suffisante avant que les touches soient crevassées, & qu’on puisse tirer de l’Eau forte tout l’avantage possible pour le prompt avancement de sa planche ; car une taille toute seule ne prend pas beaucoup de force, & est long-tems à mordre avant d’acquerir un ton un peu vigoureux.

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Au reste on peut se livrer indifféremment à la maniere la plus conforme à son goût naturel, persuadé que ce n’est pas l’outil qui donne le mérite à l’ouvrage, mais l’intelligence de l’artiste qui le conduit.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités

De la Gravûre en petit
On doit traiter la Gravûre en petit différemment de celle en grand. Comme son principal mérite est d’être dessinée & touchée avec beaucoup d’esprit, il faut frapper son trait avec plus de force & de hardiesse, & que le travail qu’on y met soit fait avec une pointe plus badine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

On doit traiter la Gravûre en petit différemment de celle en grand. Comme son principal mérite est d’être dessinée & touchée avec beaucoup d’esprit, il faut frapper son trait avec plus de force & de hardiesse, & que le travail qu’on y met soit fait avec une pointe plus badine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On doit traiter la Gravûre en petit différemment de celle en grand. Comme son principal mérite est d’être dessinée & touchée avec beaucoup d’esprit, il faut frapper son trait avec plus de force & de hardiesse, & que le travail qu’on y met soit fait avec une pointe plus badine. Les touches qui pourroient ôter le repos dans le grand font toute l’ame du petit, en conservant toujours les masses de lumiere tendres & larges. Toute son excellence dépend de l’Eau forte, & le Burin n’y doit ajoûter que des masses un peu plus fortes & quelques adoucissemens.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On doit traiter la Gravûre en petit différemment de celle en grand. Comme son principal mérite est d’être dessinée & touchée avec beaucoup d’esprit, il faut frapper son trait avec plus de force & de hardiesse, & que le travail qu’on y met soit fait avec une pointe plus badine. Les touches qui pourroient ôter le repos dans le grand font toute l’ame du petit, en conservant toujours les masses de lumiere tendres & larges. Toute son excellence dépend de l’Eau forte, & le Burin n’y doit ajoûter que des masses un peu plus fortes & quelques adoucissemens.
Comme le Burin est un outil qui travaille lentement & avec froideur, il est bien difficile qu’il ne diminue ou qu’il n’ôte même tout-à-fait l’ame & la légerté que la pointe d’un Graveur un peu versé dans le dessein y a mis : c’est pourquoi l’on ne s’en servira qu’avec discretion, & seulement pour donner un peu plus d’effet & d’accord. Il faut donc que l’Eau forte avance beaucoup plus & morde davantage dans les petits ouvrages que dans les grands, que dès cette ébauche elle paroisse assez faite au gré des gens de goût, & que le Burin n’y soit employé que pour la rendre plus agréable aux yeux du Public, dont la plus grande partie n’a point assez de connoissance dans le dessein pour sentir ce que c’est que cet esprit.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Ses productions [n.d.r. M. Picart] si long-tems admirées du vulgaire, (quoique d’ailleurs assez estimables par la beauté & l’étendue de son génie) ne seront jamais comparables à l’aimable négligence de La Belle, à la touche spirituelle de Le Clerc, ni à la pointe badinée & pittoresque de Gillot.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Ses productions [n.d.r. M. Picart] si long-tems admirées du vulgaire, (quoique d’ailleurs assez estimables par la beauté & l’étendue de son génie) ne seront jamais comparables à l’aimable négligence de La Belle, à la touche spirituelle de Le Clerc, ni à la pointe badinée & pittoresque de Gillot.
Si l’on veut donc faire une eau Forte spirituelle & avancée, on doit souvent changer de pointe sur les devants, & pour donner plus de caractere aux choses qui en sont susceptibles, il faut les graver par des tailles courtes, méplates, & arrêtées fermement le long des muscles ou des draperies qu’elles forment ; car les tailles longues et unies produisent un fini froid & sans goût.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Si l’on veut donc faire une eau Forte spirituelle & avancée, on doit souvent changer de pointe sur les devants, & pour donner plus de caractere aux choses qui en sont susceptibles, il faut les graver par des tailles courtes, méplates, & arrêtées fermement le long des muscles ou des draperies qu’elles forment ; car les tailles longues et unies produisent un fini froid & sans goût. 
Plus les tailles sont serrées & plus la Gravûre paroît précieuse, pourvû que cela soit fait avec intelligence, en observant la dégradation des choses avancées à celles qui sont plus éloignés, & des objets qui se détachent à ceux qui leur servent de fonds.

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Si l’on veut donc faire une eau Forte spirituelle & avancée, on doit souvent changer de pointe sur les devants, & pour donner plus de caractere aux choses qui en sont susceptibles, il faut les graver par des tailles courtes, méplates, & arrêtées fermement le long des muscles ou des draperies qu’elles forment ; car les tailles longues et unies produisent un fini froid & sans goût.

Eau-forte Spirituelle

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Plus les tailles sont serrées & plus la Gravûre paroît précieuse, pourvû que cela soit fait avec intelligence, en observant la dégradation des choses avancées à celles qui sont plus éloignés, & des objets qui se détachent à ceux qui leur servent de fonds.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Plus les tailles sont serrées & plus la Gravûre paroît précieuse, pourvû que cela soit fait avec intelligence, en observant la dégradation des choses avancées à celles qui sont plus éloignés, & des objets qui se détachent à ceux qui leur servent de fonds. C’est pourquoi on gravera fin & serré pour faire un ouvrage qui plaise, ou du moins pour se conformer au goût présent de ce siécle [sic], où l’on n’estime la gravûre en petit qu’autant qu’elle paroît gravée finement, comme si le vrai mérite consistoit à avoir la vûe extrêmement bonne, & beaucoup de patience.
Les contours seront dessinés d’une maniere un peu quarrée ; ils ne doivent être équivoques, mais il faut qu’ils soient ressentis ; on se gardera bien [p. 86 139] de ne les former qu’avec les tailles qui les approchent, cette maniere peut être bonne dans le grand, au lieu qu’elle est vitieuse dans le petit, parce qu’elle en amollit trop les contours. Je répéterai encore en dépit de la mode, & du mauvais goût d’aujourd’hui, que la Gravûre en petit doit conserver une idée d’ébauche, & que plus on la fini plus on lui ôte son principal mérite, qui consiste dans l’esprit & la hardiesse de la touche.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Je répéterai encore en dépit de la mode, & du mauvais goût d’aujourd’hui, que la Gravûre en petit doit conserver une idée d’ébauche, & que plus on la finit, plus on lui ôte son principal mérite, qui consiste dans l’esprit & la hardiesse de la touche.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
SPECTATEUR → perception et regard

Il faut peu de points pour terminer les chairs : il y a des ouvrages en petit qui ont du mérite d’ailleurs, mais dont les chairs sont chargées de points si près les uns des autres que les lumieres en paroissent luisantes comme du bronze, ce qui fait que les draperies qui sont d’un autre travail paroissent trop négligées.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On ne doit point non plus s’amuser dans le petit à rendre tous les détails des têtes comme dans le grand ; quelques petits coups touchés artistement forment de jolies têtes, & même des passions, mieux que tous les soins qu’on pourroit prendre de marquer les prunelles, les paupieres, les narines, & autres minuties. Il est vrai que cela attire plus l’admiration de la multitude, ou de ces Sçavans dont l’habileté dans d’autres sciences fait regarder les décisions comme fort importante dans un Art où ils n’endendent rien ; mais cet extrême fini n’est qu’une servitude dont un habile Artiste doit se dégager, & qui n’est bonne que pour des gens médiocres & incapables de faire [p. 87 141] les choses à moins de frais.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Il est vrai que cela attire plus l’admiration de la multitude, ou de ces Sçavans dont l’habileté dans d’autres sciences fait regarder les décisions comme fort importante dans un Art où ils n’endendent rien ; mais cet extrême fini n’est qu’une servitude dont un habile Artiste doit se dégager, & qui n’est bonne que pour des gens médiocres & incapables de faire [p. 87 141] les choses à moins de frais.

Le fini concerne ici "le petit" / la gravure en petit

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
L’ARTISTE → qualités

Lorsque l’on termine les chairs au Burin, il est difficile de se servir avec succès de points longs, à moins qu’on ne les fasse extrêmement cours, autrement ils feroient une chair qui sembleroit couverte de poils. On ne se serts gueres que de points ronds en préparant l’eau Forte, si ce n’est dans les ombres des chairs qu’on peut graver par une taille ou deux de points longs.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Lorsque l’on termine les chairs au Burin, il est difficile de se servir avec succès de points longs, à moins qu’on ne les fasse extrêmement cours, autrement ils feroient une chair qui sembleroit couverte de poils. On ne se serts gueres que de points ronds en préparant l’eau Forte, si ce n’est dans les ombres des chairs qu’on peut graver par une taille ou deux de points longs. On peut aussi hazarder quelque-fois des troisiémes tailles dans des choses qui doivent être brouillées comme nuages, terreins & autres endroits que l’on tient très-sourds pour servir de fonds à d’autres, mais il faut les graver avec une pointe extrêmement fine, afin qu’ils mordent moins que les autres.
[...] Enfin on doit faire ensorte que la planche soit entierement faite à l’eau forte, s’il est possible, afin de conserver tout l’esprit du dessein : car plus on mettra d’ouvrage dès l’eau Forte, & plus on sera sûr de réussir, pourvû que cela soit fait à propos & avec goût, & qu’on ne le laisse point trop mordre. C’est le moyen de plaire aux habiles gens & aux vrais connoisseurs dont les suffrages sont seuls flatteurs & à désirer pour ceux qui veulent se perfectionner & acquérir une réputation solide.

Conceptual field(s)

SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard

On ne se serts gueres que de points ronds en préparant l’eau Forte, si ce n’est dans les ombres des chairs qu’on peut graver par une taille ou deux de points longs. On peut aussi hazarder quelque-fois des troisiémes tailles dans des choses qui doivent être brouillées comme nuages, terreins & autres endroits que l’on tient très-sourds pour servir de fonds à d’autres, mais il faut les graver avec une pointe extrêmement fine, afin qu’ils mordent moins que les autres.

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

[...] Enfin on doit faire ensorte que la planche soit entierement faite à l’eau forte, s’il est possible, afin de conserver tout l’esprit du dessein : car plus on mettra d’ouvrage dès l’eau Forte, & plus on sera sûr de réussir, pourvû que cela soit fait à propos & avec goût, & qu’on ne le laisse point trop mordre. C’est le moyen de plaire aux habiles gens & aux vrais connoisseurs dont les suffrages sont seuls flatteurs & à désirer pour ceux qui veulent se perfectionner & acquérir une réputation solide.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
SPECTATEUR → jugement
SPECTATEUR → perception et regard
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Au reste ce qui a été dit jusqu’ici ne regarde [p. 88 142] que les commençans : on a tâché de leur montrer la route la plus sûre & la plus abrégée pour conduire à la perfection leur Art. Ceux qui par des talens supérieurs ou par une expérience consommée ont acquis la réputation d’habiles gens, sont au-dessus de ces règles. Leur génie est en quelque façon leur seule loi : toute sorte de travail est bon sous leur main, & le goût avec lequel ils le placent le rend toujours excellent, quelqu’éloignés qu’ils soient des principes avec lesquels on grave ordinairement ;

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

Selon Cochin les habiles gens (graveurs), sont au-dessus des règles, ils ont leur génie comme seule loi et un goût toujours excellent quels que soient leurs principes

Conceptual field(s)

MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités
L’ARTISTE → règles et préceptes

Au reste ce qui a été dit jusqu’ici ne regarde [p. 88 142] que les commençans : on a tâché de leur montrer la route la plus sûre & la plus abrégée pour conduire à la perfection leur Art. Ceux qui par des talens supérieurs ou par une expérience consommée ont acquis la réputation d’habiles gens, sont au-dessus de ces règles. Leur génie est en quelque façon leur seule loi : toute sorte de travail est bon sous leur main, & le goût avec lequel ils le placent le rend toujours excellent, quelqu’éloignés qu’ils soient des principes avec lesquels on grave ordinairement ; Mais ces manieres sont quelque-fois de nature à n’être point susceptibles d’imitation, & pourroient perdre plûtôt que de perfectionner ceux qui voudroient les suivre, parce qu’en dégénerant elles n’ont plus aucun merite, & qu’un servile imitateur, n’y mettant pas la même science, & n’en taisant pour ainsi dire que la charge, peut prendre une mauvaise maniere en suivant un bon original. C’est pourquoi l’on ne sçauroit trop faire d’attention, à en chercher une qui ne soit point vicieuse quand on commence à graver. Telle est par exemple celle de Corneille Vischer, & quoique l’on soit bien éloigné d’atteindre à la perfection des ouvrages de ce grand homme, cependant son imitation conduit toujours à un goût moëlleux & à une maniere excellente.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

C’est pourquoi l’on ne sçauroit trop faire d’attention, à en chercher une qui ne soit point vicieuse quand on commence à graver. Telle est par exemple celle de Corneille Vischer, & quoique l’on soit bien éloigné d’atteindre à la perfection des ouvrages de ce grand homme, cependant son imitation conduit toujours à un goût moëlleux & à une maniere excellente.

On constate ici une connotation positive du terme "moëlleux" associé à la "manière excellente"

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
L’ARTISTE → qualités

Mais ces manieres sont quelque-fois de nature à n’être point susceptibles d’imitation, & pourroient perdre plûtôt que de perfectionner ceux qui voudroient les suivre, parce qu’en dégénerant elles n’ont plus aucun merite, & qu’un servile imitateur, n’y mettant pas la même science, & n’en taisant pour ainsi dire que la charge, peut prendre une mauvaise maniere en suivant un bon original. C’est pourquoi l’on ne sçauroit trop faire d’attention, à en chercher une qui ne soit point vicieuse quand on commence à graver. Telle est par exemple celle de Corneille Vischer, & quoique l’on soit bien éloigné d’atteindre à la perfection des ouvrages de ce grand homme, cependant son imitation conduit toujours à un goût moëlleux & à une maniere excellente.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Principes de la Gravûre au Burin.
Il est inutile de dire que le Dessein est le fondement de cet Art, & qu’il est nécessaire qu’un Graveur sache dessiner correctement, car sans cela il ne pourra jamais bien imiter aucun Tableau ni Dessein, parce que son [p. 98 152] ouvrage ne sera fait qu’en tâtonnant : il pourra même être fait avec soin & d’une gravûre fort douce, mais sans esprit, sans art & sans intelligence.
On passe sous silence la maniere de dessiner du Graveur, qui doit être la même que celle du Peintre : on dira seulement qu’il doit s’appliquer fortement à dessiner long-tems des pieds & des mains d’après l’antique, sur le naturel, & d’après les Tableaux & les Desseins d’habiles gens, & qu’il ne doit point négliger de voir les Estampes gravées d’Augustin Carrache, & de Villamene, qui ont parfaitement & facilement dessiné ces extrémités.
Je dis ceci afin que le Graveur se donne par ce moyen une liberté de les faire de bon goût pour s’en servir dans des occasions qui se rencontrent quelquefois de travailler d’après des Peintres médiocres, ou des Desseins qui ne sont pas finis.
Mais lorsqu’il s’agit de copier les Tableaux des grands Maîtres, il faut que le Graveur se détache entierement de la propre maniere qu’il pourroit avoir de dessiner, pour se conformer à celle des ouvrages qu’il veut imiter & s’y conserver le caractere qui fait distinguer les manieres les unes des autres : & pour cet effet l’on doit beaucoup dessiner & bien du soin d’après les peintures de Rapahaël, des Carraches, du Dominiquain, du Poussin, &c. que si l’occasion ne se présente pas de pouvoir copier ces ouvrages, & qu’on ne puisse que les voir, il faut en remarquer toutes les beautés & les saisir dans la mémoire par une forte application d’esprit, & s’efforcer de reconnoître la différence de chacun dans la manière de tracer les contours.

Selon Cochin, le graveur doit répondre à certains pré-requis; avant tout, savoir dessiner correctement. Mais aussi, pour graver d’après/copier les tableaux des grands Maître, le graveur doit se détacher de sa propre manière et beaucoup étudier d'après Augustin Carrache, les Carraches, Villamene, Rapahaël, Dominiquain, Poussin, etc.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Il est inutile de dire que le Dessein est le fondement de cet Art, & qu’il est nécessaire qu’un Graveur sache dessiner correctement, car sans cela il ne pourra jamais bien imiter aucun Tableau ni Dessein, parce que son [p. 98 152] ouvrage ne sera fait qu’en tâtonnant : il pourra même être fait avec soin & d’une gravûre fort douce, mais sans esprit, sans art & sans intelligence.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’ARTISTE → règles et préceptes
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

Il est inutile de dire que le Dessein est le fondement de cet Art, & qu’il est nécessaire qu’un Graveur sache dessiner correctement, car sans cela il ne pourra jamais bien imiter aucun Tableau ni Dessein, parce que son [p. 98 152] ouvrage ne sera fait qu’en tâtonnant : il pourra même être fait avec soin & d’une gravûre fort douce, mais sans esprit, sans art & sans intelligence.
On passe sous silence la maniere de dessiner du Graveur, qui doit être la même que celle du Peintre : on dira seulement qu’il doit s’appliquer fortement à dessiner long-tems des pieds & des mains d’après l’antique, sur le naturel, & d’après les Tableaux & les Desseins d’habiles gens, & qu’il ne doit point négliger de voir les Estampes gravées d’Augustin Carrache, & de Villamene, qui ont parfaitement & facilement dessiné ces extrémités.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Mais lorsqu’il s’agit de copier les Tableaux des grands Maîtres, il faut que le Graveur se détache entierement de la propre maniere qu’il pourroit avoir de dessiner, pour se conformer à celle des ouvrages qu’il veut imiter & s’y conserver le caractere qui fait distinguer les manieres les unes des autres : & pour cet effet l’on doit beaucoup dessiner & bien du soin d’après les peintures de Rapahaël, des Carraches, du Dominiquain, du Poussin, &c. que si l’occasion ne se présente pas de pouvoir copier ces ouvrages, & qu’on ne puisse que les voir, il faut en remarquer toutes les beautés & les saisir dans la mémoire par une forte application d’esprit, & s’efforcer de reconnoître la différence de chacun dans la manière de tracer les contours.
Il est très-nécessaire qu’un Graveur sache l’Architecture & la Perspective. L’Architecture pour [p. 99 153] garder les proportions que les habiles Peintres quelquefois ne se donnent pas la peine de terminer dans leurs desseins ; surtout quand on grave d’après des croquis ou des tableaux peu finis. La Perspective, par les dégradations du fort au foible, lui donnera beaucoup de facilité pour faire fuir ou avancer les figures & autres corps représentés dans le Tableau qu’il doit imiter.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Mais lorsqu’il s’agit de copier les Tableaux des grands Maîtres, il faut que le Graveur se détache entierement de la propre maniere qu’il pourroit avoir de dessiner, pour se conformer à celle des ouvrages qu’il veut imiter & s’y conserver le caractere qui fait distinguer les manieres les unes des autres : & pour cet effet l’on doit beaucoup dessiner & bien du soin d’après les peintures de Rapahaël, des Carraches, du Dominiquain, du Poussin, &c. que si l’occasion ne se présente pas de pouvoir copier ces ouvrages, & qu’on ne puisse que les voir, il faut en remarquer toutes les beautés & les saisir dans la mémoire par une forte application d’esprit, & s’efforcer de reconnoître la différence de chacun dans la manière de tracer les contours.

Cochin évoque ici la manière de copier des tableaux de grands maîtres en gravure, soit la nécessité que le graveur se détache de sa propre manière (gravure d’interprétation)

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Il est très-nécessaire qu’un Graveur sache l’Architecture & la Perspective. L’Architecture pour [p. 99 153] garder les proportions que les habiles Peintres quelquefois ne se donnent pas la peine de terminer dans leurs desseins ; surtout quand on grave d’après des croquis ou des tableaux peu finis. La Perspective, par les dégradations du fort au foible, lui donnera beaucoup de facilité pour faire fuir ou avancer les figures & autres corps représentés dans le Tableau qu’il doit imiter.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Des différentes manieres de Graver.
Il y en a qui montrent une grande facilité de Burin, les autres ont une maniere fatiguée ; on en voit qui affectent de croiser leurs tailles fort en lozange, & d’autres les font toutes quarrées. Ces manieres faciles dont j’entends parler, sont celles de Goltzius, Muller, Lucas Kilian, Mellan, & quelques autres, qui semblent en plusieurs recontres ne s’être attachés qu’à faire voir par un tournoyement de tailles, qu’ils étoient maîtres de leur Burin, sans se mettre en peine de la justesse des contours, des expressions, ni de l’effet de clair-obscur qui se trouve dans les desseins & les Tableaux que l’on veut représenter.
Celles que je trouve fatiguées le sont par une infinité de traits et de points confondus les uns dans les autres & sans aucun ordre, qui ressemblent plutôt à un dessein qu’à de la gravûre.
Il ne faut jamais croiser les tailles trop lozanges particulierement dans les chairs, parce qu’elles forment des angles aigus, qui font une piece de treillis tabizé fort désagréable, ce qui ôte à la vûe le repros qu’elle souhaite sur toute sorte d’ouvrages.
On ne doit croiser les tailles si fort en lozange que dans quelques nuages, dans des tempêtes, pour représenter les vagues de la mer, dans les peaux des animaux velus, & cela fait aussi fort bien dans les feuilles des arbres.
La maniere entre quarré & lozange est me semble plus utile & plus agréable aux yeux : aussi est-elle plus difficile à cause que l’inégalité des traits [p. 107 160] s’en remarque davantage, & quand je dis de faire entre les deux, je ne dis point de faire tout à fait quarré, parce que cela tient trop de la pierre.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
L’ARTISTE → qualités

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

De la façon de conduire les Tailles.
Premierement on doit regarder l’action des Figures & de toutes leurs parties, avec leur rondeur, observer comme elles avancent ou reculent à nos yeux, & conduire son Burin suivant les hauteurs & cavités des muscles ou des plis, élargissant les tailles sur les jours, les resserrant dans les ombres, & aussi à l’extrémité des contours, jusqu’où il faut pousser les coups de Burin pour ne les pas faire
machonés, & soulageant sa main, de sorte que les contours soient formés & conclus, sans être tranchés ni durs. On en peut voir des exemples dans les ouvrages du fameux Edelinck qui a bien possedé cette partie.
Quoique l’on quitte des tailles à l’endroit des muscles soit par nécessité, ou pour les former & en faire l’effet plus commodément, il faut qu’elles ayent toujours certaine liaison & enchaînement de l’une à l’autre : que la premiere taille serve souvent par ses retours à faire les secondes : cela marque une liberté, & ce que l’on grave est d’autant plus beau qu’il paroît fait avec plus de facilité.
Que les tailles soient néanmoins toujours coulées fort naturellement, fuyant les tournoyemens bizarres qui tiennent plus du caprice que de la raison. Mais en même tems on prendra garde de ne pas tomber dans cette droiture, comme beaucoup de jeunes gens font lorsqu’ils veulent graver proprement, parce qu’il leur est plus facile de pousser des coups de Burin peu tournés, que de les conduire suivant ces [p. 108 161] hauteurs & cavités des muscles, qu’ils n’entendent pas, parce qu’ils ne sçavent point assez dessiner.
[n. d. r. : voir également les paragraphes qui suivent, au sujet de la façon de conduire les tailles au burin en fonction des différents sujets :
Du poil, des cheveux, et de la barbe, p. 108 ; De la Sculpture, p. 108-109 ; Des Étoffes, p. 109-110 ; De l'Architecture et du Paysage, p. 110-111 ; Des montagnes, et des eaux, p. 111-112 ; Des nuages, p. 112-113.]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Du poil, des cheveux, & de la barbe.
On doit commencer par faire le tour des principales touches, puis ébaucher les principales ombres, laissant de grands jours, d’autant qu’en achevant l’on couvre si l’on veut jusqu’à l’extrémité. Il faut que cette maniere d’ébauche soit comme négligée, c’est-à-dire, faite avec peu de traits, & même qu’ils soient inégaux entr’eux, pour avoir lieu en finissant d’y mêler dans les vuides [sic] qui produiront ces inégalités, quelques traits plus déliés.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Si l’on veut représenter de la sculpture, l’on ne doit jamais faire l’ouvrage fort noir, parce que comme ces ouvrages sont ordinairement construits de pierre ou de marbre blanc, la couleur réfléchissant de tous côtés ne produit pas des bruns comme en d’autres matieres. Il ne faut pas mettre de points blancs dans la prunelle des yeux des Figures, comme si c’étoit d’après de la peinture, ni représenter les cheveux & la barbe comme le naturel, qui fait voir des [p. 109 163] poils échapés & en l’air : ce seroit faire les choses contre la vérité, parce que la sculpture ne le peut faire.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Des Etoffes.
Le linge doit être gravé plus délié & pressé que les autres étoffes, il peut être tout d’une taille ; si l’on y met deux, il faut que ce soit en quelques petits endroits seulement, & dans les ombres, pour donner de l’union, & empêcher une âcreté que cela pourroit faire se trouvant opposé contre ou sur des draperies & autres corps bruns croisés de plusieurs tailles.
Si c’est du drap blanc il doit être gravé de largeur, selon que l’étoffe en sera grosse ou fine, mais de deux tailles seulement. On peut m’objecter que l’o, en a vû, où il y en avoit trois : je répondrai que ces personnes là cherchoient l’expédition. Si l’on peut mettre de la différence dans les étoffes cette différence rend l’ouvrage plus agréable : mais à la vérité les fatigues en sont bien plus grandes, & le travail beaucoup plus long.
Il est a remarquer qu’en tout rencontre, lorsqu’on est obligé de croiser des tailles, il faut que la seconde soit plus déliée que la premiere, & la troisième, que la seconde ; l’ouvrage en a plus de douceur. Voyez ce qu’on en a ditt ci-devant, p. 70.
Les étoffes luisantes doivent etre gravées plus roides & plus droites que les autres, parce que comme ordinairement elles sont de soye, elles produisent des plis cassés & plats, particulierement si c’est du satin qui est dur à cause de sa gomme : ces étoffes seront exprimées par une ou deux tailles, selon que les couleurs en seront claires ou brunes : entre les premieres tailles, il en faut joindre d’autres [p. 110 164] plus déliées que nous appellons entre-deux.
Le velours & la panne s’expriment de la même façon avec des entre-deux ; la différence qu’il y a, c’est que les premieres tailles doivent être beaucoup plus grosses & plus nourries qu’aux autres étoffes, & les secondes tailles plus déliées, mais tenant de la nourriture des premieres.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Les étoffes luisantes doivent etre gravées plus roides & plus droites que les autres, parce que comme ordinairement elles sont de soye, elles produisent des plis cassés & plats, particulierement si c’est du satin qui est dur à cause de sa gomme : ces étoffes seront exprimées par une ou deux tailles, selon que les couleurs en seront claires ou brunes : entre les premieres tailles, il en faut joindre d’autres [p. 110 164] plus déliées que nous appellons entre-deux.
Le velours & la panne s’expriment de la même façon avec des entre-deux ; la différence qu’il y a, c’est que les premieres tailles doivent être beaucoup plus grosses & plus nourries qu’aux autres étoffes, & les secondes tailles plus déliées, mais tenant de la nourriture des premieres.

entretaille

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → ornement

Du Paysage.
Ceux qui ont la pratique de l’eau forte peuvent en faire le contour, particulierement du feuillage des arbres : cela est un peu plus prompt, & ne fait pas plus mal, pourvû qu’on ait la discrétion de ne le pas faire trop fort, & qu’en l’achevant avec le Burin,  l’Eau Forte ne s’en remarque pas, d’autant qu’il n’auroit pas la même douceur.
[p. 111 165]
Pour le bien faire, je tiens qu’il faut se conformer à la maniere d’Augustin Carrache, qui le touchoit merveilleusement bien : mais on peut le finir davantage suivant l’occasion. Villamene & Jean Sadeler l’ont aussi fort bien touché, ainsi que Corneille Cort qui en a gravé plusieurs d’après le Mutian qui sont très-beaux, & dont on peut se sevir pour guide.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Maximes générales pour la Gravûre au Burin.
Pour conserver de l’égalité & de l’union dans ses ouvrages, il faut ébaucher de grandes parties avant que les finir, par exemple, une, deux ou trois figures, si c’est de l’histoire & que les Figures soient groupées : & que dès cette ébauche le dessein y soit si fort établi que l’on y connoisse toutes choses à la réserve de la force qui y manque, comme si on vouloit que l’ouvrage restât de la sorte : parce que si l’on attend à faire le dessein en finissant, bien souvent l’on s’y trouve trompé, & même l’on n’y peut plus revenir à moins que d’effacer, ce que bien des gens ne veulent pas faire, de crainte de gâter la netteté de leur Burin, où ils ont mis tout leur soin, croyant que tout le sçavoir d’un Graveur ne dépend que de-là : c’est ce qui fait qu’on voit quantité d’Estampes où le cuivre est bien coupé, mais sans aucun art.

Si quel qu’un conclud de-là qu’il est donc inutile de bien graver, je répondrai qu’il faut autant qu’il se peut joindre à la correction & à la justesse du dessein, [p. 114 168] la beauté du Burin ; mais non pas de l’abandonner entierement pour celle-ci, & faire son capital de ces derniers allechemens, qui rendent souvent les ouvrages noirs, fades, & sans vie.
Je ne prétens pas pour cela que l’on tombe à faire ses ouvrages gris : je souhaite au contraire qu’ils ayent de la force : car la force d’une Estampe ne consiste pas dans la noirceur, mais dans diminution ou dégradation des clairs aux bruns, que l’on doit faire plus ou moins vifs, selon qu’ils seront proches ou éloignés de la vûe, & même si l’on examine les ouvrages des grands Maîtres l’on trouvera qu’ils ne sont pas noirs, à moins qu’ils ne le soient devenus par le tems. Ils ont particulierement imité la nature qui ne l’est point, principalement dans les chairs, à moins qu’ils n’ayent voulu représenter quelque sujet de nuit, éclairé d’un flambeau ou d’une lampe.
Les petits ouvrages demandent d’être gravés plûtôt déliés que gros, & avec des Burins un peu lozanges, mais que la taille n’en soit point aride & maigre, quoique les Figures soient petites ; Si l’ouvrage requeroit d’être extrêmement fini, il ne faut pas pour cela qu’il paroisse fatigué & tué de travail, mais au contraire qu’il soit touché avec art, de sorte qu’on le croye fait promptement & sans peine, quoique travaillé en effet avec beaucoup de soin.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Maximes générales pour la Gravûre au Burin.
Pour conserver de l’égalité & de l’union dans ses ouvrages, il faut ébaucher de grandes parties avant que les finir, par exemple, une, deux ou trois figures, si c’est de l’histoire & que les Figures soient groupées : & que dès cette ébauche le dessein y soit si fort établi que l’on y connoisse toutes choses à la réserve de la force qui y manque, comme si on vouloit que l’ouvrage restât de la sorte : parce que si l’on attend à faire le dessein en finissant, bien souvent l’on s’y trouve trompé, & même l’on n’y peut plus revenir à moins que d’effacer, ce que bien des gens ne veulent pas faire, de crainte de gâter la netteté de leur Burin, où ils ont mis tout leur soin, croyant que tout le sçavoir d’un Graveur ne dépend que de-là : c’est ce qui fait qu’on voit quantité d’Estampes où le cuivre est bien coupé, mais sans aucun art.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Je ne prétens pas pour cela que l’on tombe à faire ses ouvrages gris : je souhaite au contraire qu’ils ayent de la force : car la force d’une Estampe ne consiste pas dans la noirceur, mais dans diminution ou dégradation des clairs aux bruns, que l’on doit faire plus ou moins vifs, selon qu’ils seront proches ou éloignés de la vûe, & même si l’on examine les ouvrages des grands Maîtres l’on trouvera qu’ils ne sont pas noirs, à moins qu’ils ne le soient devenus par le tems. Ils ont particulierement imité la nature qui ne l’est point, principalement dans les chairs, à moins qu’ils n’ayent voulu représenter quelque sujet de nuit, éclairé d’un flambeau ou d’une lampe.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure

Les petits ouvrages demandent d’être gravés plûtôt déliés que gros, & avec des Burins un peu lozanges, mais que la taille n’en soit point aride & maigre, quoique les Figures soient petites ; Si l’ouvrage requeroit d’être extrêmement fini, il ne faut pas pour cela qu’il paroisse fatigué & tué de travail, mais au contraire qu’il soit touché avec art, de sorte qu’on le croye fait promptement & sans peine, quoique travaillé en effet avec beaucoup de soin.

Petit ouvrage

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Pour les grands ouvrages, c’est-à-dire, quand les Figures sont puissantes on les doit graver un peu larges ; il faut que les tailles en soient fermes & nourries, grandes & continuées autant qu’il se pourra ; c’est-à-dire, qu’elles ne soient quittées qu’aux endroits des muscles ou plis qui le demanderont précisément : l’on doit s’efforcer de même qu’aux petits ouvrages à persuader que le travail est fait facilement & sans beaucoup de peine, comme j’ai dit ci-devant. S’il faut rentrer dans les tailles, ce qu’on ne peut éviter de faire en beaucoup d’endroits, principalement dans les ombres, si l’on veut bien rendre l’effet d’un Tableau dans sa force & dans son union, on les rentrera au contraire du sens qu’on les a ébauchées, & avec un Burin plus lozange : cela contribue beaucoup à la vivacité & à la netteté de l’ouvrage [...].

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Si l’on travaille d’après des desseins originaux, ils doivent plutôt être gravés avec de grands jours & de grandes ombres, d’autant que quelque [p. 116 169] finis qu’ils puissent être, il n’y a jamais tant de détail que dans des Tableaux peints, qui requierent aussi beaucoup plus de soin & de travail à cause des différentes couleurs.
L’on m’objectera peut-être qu’il est impossible d’imiter les couleurs, vû que l’on n’a que du blanc & du noir. Mais quand je parle de les imiter, je ne prétens [sic] pas faire une distinction du vert au bleu, du jaune au rouge, & ainsi des autres couleurs, mais seulement en imiter les masses comme ont fait avec succès Wostermans, Bolswert, & quelques autres lorsqu’ils ont gravé d’après Rubens.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Si l’on travaille d’après des desseins originaux, ils doivent plutôt être gravés avec de grands jours & de grandes ombres, d’autant que quelque [p. 116 169] finis qu’ils puissent être, il n’y a jamais tant de détail que dans des Tableaux peints, qui requierent aussi beaucoup plus de soin & de travail à cause des différentes couleurs.
L’on m’objectera peut-être qu’il est impossible d’imiter les couleurs, vû que l’on n’a que du blanc & du noir. Mais quand je parle de les imiter, je ne prétens [sic] pas faire une distinction du vert au bleu, du jaune au rouge, & ainsi des autres couleurs, mais seulement en imiter les masses comme ont fait avec succès Wostermans, Bolswert, & quelques autres lorsqu’ils ont gravé d’après Rubens.
Il est certain que les ouvrages où cette partie sera traitée par un Graveur sçavant & entendu seront bien plus agréables & feront un plus bel effet. Il faut donc, comme je viens de le dire, que le graveur soit intelligent & habile homme, parce qu’il se rencontre quelquefois des couleurs claires sur d’autres claires, qui ne font d’effet que par leur différence, & qui causent ce que nous appellons un corps percé, accident fort à éviter, parce qu’il ruine l’intelligence du clair-obscur. Il faut aussi prendre garde à ne pas exterminer les principales lumieres, en affectant par trop d’imiter les couleurs, surtout aux Figures de devant, car cela les empêcheroit d’avancer, & romproit entierement l’intention du Peintre.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur cette partie de la Gravûre qui elle seule demanderoit un Traité entier, si l’on vouloit entrer dans le détail de toutes ses parties & rendre compte de toutes ses circonstances, mais ce que nous venons d’en dire peut suffire à un homme intelligent, & avec le secours des Estampes des grands Maîtres que nous avons cités dans cet ouvrage, un peu de pratique [p. 117 170] poura le conduire à une plus grande perfection.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

On ne doit point faire trop de travail sur les jours, mais les passer légerement & avec peu de traits, c’est-à-dire, que les jours soient vagues & que les demi-teintes, si l’on veut finir jusqu’à l’extrême, soient fort claires ; au contraire, si elles étoient trop noires, elles extermineroient & empêcheroient l’effet, parce qu’on ne pourroit que très-difficilement trouver dans les ombres, des bruns pour soutenir & donner de la force & de la rondeur. Si l’on travaille d’après des desseins originaux, ils doivent plutôt être gravés avec de grands jours & de grandes ombres, d’autant que quelque [p. 116 169] finis qu’ils puissent être, il n’y a jamais tant de détail que dans des Tableaux peints, qui requierent aussi beaucoup plus de soin & de travail à cause des différentes couleurs.

jour

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

illuminé

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Il faut donc, comme je viens de le dire, que le graveur soit intelligent & habile homme, parce qu’il se rencontre quelquefois des couleurs claires sur d’autres claires, qui ne font d’effet que par leur différence, & qui causent ce que nous appellons un corps percé, accident fort à éviter, parce qu’il ruine l’intelligence du clair-obscur.

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L’ARTISTE → qualités
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

De la Gravûre en manière noire

[n. d. r. voir les pages suivantes dans leur ensemble, p. 117 à 128 : De la Gravûre en maniere noire, p. 117 De la préparation du cuivre, p. 118-120 Des outils qui servent à graver en maniere noire, p. 121-122 [n.d.r. : illustration en rapport : planche no. 12] [voir à : berceau, racloir, grattoir, brunissoir] De la facon d'imprimer les planches, p. 123 De l'Impression en plusieurs couleurs, p. 123-125 Principes de la Gravûre et de l'Impression qui imite la Peinture, p. 126-128] Jacques Christoph Le Blond, auteur du livre intitulé Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence, cité p. 126 ; p. 126-128 : « Principes de la Gravûre & de l’Impression qui imite la Peinture. (...) » Dans l’ensemble, le jugement porté par Cochin sur cette technique est plutôt négatif. Cochin insiste notamment sur les possibilités qu’offre la manière noire d’imiter la peinture, soit pour rendre des effets de nuit, soit en imprimant en plusieurs couleurs selon la pratique de Jacques Christoph Le Blond

De la Gravûre en manière noire
Nous finirons ce Traité par une façon de graver particuliere, appellée
en maniere noire, qui est devenue fort à la mode depuis quelque tems, surtout dans les Pays Etrangers, & dont personne jusqu’ici, n’a encore parlé, & nous ferons voir ensuite le moyen de contrefaire avec cette espece de Gravûre les Tableaux des grands Maîtres, par une nouvelle maniere d’imprimer en plusieurs couleurs, qui imite beaucoup la peinture. M. le Blon, Anglois, passe pour l’Inventeur de cette découverte, & a gravé plusieurs portraits en grand qui ont fort bien réussi, tels que celui du Roi, du Cardinal Fleuri, de Vandeick, & quelques têtes gravées en petit, qui sont touchées avec beaucoup d’intention & de goût : ce sont sans contredits les meilleurs morceaux qui ayent paru en ce genre de Gravûre.

Manière Noire : technique de gravure à la mode, en particulier à l’étranger

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

De la Préparation du Cuivre.
Ayant donc un cuivre bien poli & bruni, comme on l’a dit ci-devant page 12, on se sert pour le préparer d’un outil d’acier appellé
Berceau : on le voit représenté sur la Planche 12. Fig A & B. Cet outil a d’un côté un bizeau c sur lequel on grave des traits droits a fort près les uns des autres, & très-égalemet : ensuite on le fait tremper par le Coûtelier. Il faut que la partie de l’outil qui doit travailler sur le cuivre soit d’une forme circulaire, afin qu’on puisse le conduire sur la planche sans qu’il s’y engage, & surtout que les coins en soient bien relevés : autrement ils marqueroient plus que le milieu & feroient des taches ou des endroits plus noirs que le reste. On l’éguise sur la pierre en arrondissant toujours les coins, par le côté d où il n’y a point de traits gravés : cela donne un fil très-aigu aux petites dents b formées par les hachûres ; ensuite on conduit ce Berceau sur le cuivre le long des lignes que l’on a tracé, en le balançant sans appuyer beaucoup. Voici l’ordre qu’il faut tenir pour préparer également son cuivre.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Des outils qui servent à graver en maniere noire.
On se sert d’un outil appellé
racloir, (Planche 12. Figure D & E.) [...]. On se sert aussi de grattoirs, & de brunissoirs, ainsi que dans la Gravûre en Taille-douce, mais ils sont plus petits afin de n’effacer que ce qu’il faut précisément, & de former des coups de lumiere étroits sans toucher à ce qui est à côté.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Index, p. 191-192 "Grattoirs et Brunissoirs nécessaires pour graver en taille-douce; ils servent aussi pour la Gravûre en maniere noire"

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Toutes sortes de sujets ne sont pas également propres à ce genre de Gravûre : ceux qui demandent de l’obscurité comme les effets de nuit, ou les tableaux où il y a beaucoup de brun comme ceux de Rimbrandt, de Benedette, quelques Tenieres, &c. sont les plus faciles à traiter, & font le plus d’effet.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Toutes sortes de sujets ne sont pas également propres à ce genre de Gravûre : ceux qui demandent de l’obscurité comme les effets de nuit, ou les tableaux où il y a beaucoup de brun comme ceux de Rimbrandt, de Benedette, quelques Tenieres, &c. sont les plus faciles à traiter, & font le plus d’effet. Les portraits y réussissent encore assez bien, comme on le peut voir par les beaux morceaux de Smith & de G. White, qui sont les plus habiles Graveurs que nous ayons eu en ce genre.

SMITH, John
WHITE, G.

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GENRES PICTURAUX → portrait
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Toutes sortes de sujets ne sont pas également propres à ce genre de Gravûre : ceux qui demandent de l’obscurité comme les effets de nuit, ou les tableaux où il y a beaucoup de brun comme ceux de Rimbrandt, de Benedette, quelques Tenieres, &c. sont les plus faciles à traiter, & font le plus d’effet. Les portraits y réussissent encore assez bien, comme on le peut voir par les beaux morceaux de Smith & de G. White, qui sont les plus habiles Graveurs que nous ayons eu en ce genre. Les Paysages n’y sont pas propres, & en général les sujets clairs & larges les plus difficiles de tous, & ne tirent presque point, parce qu’il a fallu beaucoup user la planche pour en venir à l’effet qu’ils demandent.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

La maniere noire a donné occasion d’inventer une sorte de Gravûre colorée qui imite beaucoup la Peinture. Elle se fait avec plusieurs Planches qui doivent représenter un seul sujet, & qu’on imprime chacune avec sa couleur particuliere, sur le même papier. Ces couleurs par leur différens degrés & leur mélange, produisent des tons approchans des tableaux qui servent d’originaux.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

La maniere noire a donné occasion d’inventer une sorte de Gravûre colorée qui imite beaucoup la Peinture. Elle se fait avec plusieurs Planches qui doivent représenter un seul sujet, & qu’on imprime chacune avec sa couleur particuliere, sur le même papier. Ces couleurs par leur différens degrés & leur mélange, produisent des tons approchans des tableaux qui servent d’originaux. On a [p. 124 178] pour cet effet trois planches de cuivre de même grandeur bien égalisées & limées de façon qu’elles se rapportent exactement l’une sur l’autre. Ces trois cuivres sont gravés & préparés comme pour la maniere noire, & l’on calque sur chacun le même dessein. Chaque planche est destinée, comme on vient de le dire, à être imprimée d’une seule couleur : il y en a une pour le rouge, l’autre pour le bleu, & la derniere pour le jaune. On efface sur celle qui doit être imprimée en rouge, toutes les parties où il ne doit point entrer de rouge, comme par exemple la prunelle de l’oeil, ou des étoffes d’une autre couleur, &c. On y forme seulement les parties où le rouge domine comme les lévres, les joues, &c. & dans les autres parties qui ne demandent qu’un oeil roussâtre, comme les masses d’ombre, & en général toute la peau qui doit être vermeille, on y laisse un petit grain tendre, & seulement capable de faire étant imprimée avec les autres couleurs un ton mêlé tel qu’on le désire.

Dans cet ensemble d'extraits (p. 123-128), Charles-Nicolas Cochin évoque la couleur comme effet pictural de l'oeuvre. Pour cela, il cite certains auteurs à l'instar de Le Blon et son ouvrage Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence) ; mais également Newton et son Traité d’Optique.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Cochin prend pour exemple l'ouvrage de l'artiste et l'auteur Monsieur Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence, ainsi que celui de Newton : Traité d'optique

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Toutes les couleurs qu’on empoye pour cette impression doivent être transparentes, ensorte que paroissans sur l’épreuve l’un au travers de l’autre, il en résulte un mélange qui imite plus parfaitement le coloris d’un Tableau. Pour conserver plus long-tems ces épreuves & les faire mieux ressembler à la Peinture, on les colle sur toile, & on les tend sur un chassis, pour les encadrer dans une bordure, ensuite l’on passe par-dessus cette impression un beau vernis pareil à celui que l’on met sur les Tableaux.
Au reste cette espece de Peinture réussit assez bien à imiter les choses qui sont de couleur entiere comme les Plantes, les Fruits, & les Anatomies : mais pour les tons de chairs ils sont composés d’un mélange trop difficile pour qu’on puisse en attendre un grand succès. Il en est de même des Paysages & des sujets d’histoire qui ne sont pas propres à être exécutés par ce genre de gravûre.
Cette invention pourroit être portée à un certain degré de perfection, si d’habiles gens vouloient s’y exercer & y mettre leurs soins : cependant elle n’a pas encore produit jusqu’ici que des choses au-dessous du médiocre, excepé quelques portraits gravés par M. le Blon, dont on a parlé ci-dessus. Le deffaut général de presque toutes les Productions de cette espece, qui ont paru depuis la mort de cet Auteur, est qu’elles sont trop bleuës, & que cette couleur y domine de façon à effacer toutes les autres.

Cochin prend pour exemple l'ouvrage de l'artiste et l'auteur Monsieur Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence, ainsi que celui de Newton : Traité d'optique

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts

Sur la Planche qui doit être tirée en bleu on efface tout-à-fait les choses qui sont rouges, & l’on ne fait qu’attendrir celles qui doivent participer de ces deux couleurs ; on laisse entierement celles où le bleu doit dominer. On en fait de même sur la planche destinée pour le jaune. L’on imprime ensuite chacue de ces planches sur le même papier avec la couleur qui lui convient. A l’égard de l’ordre que l’on doit suivre pour l’impression de ces trois couleurs, il varie suivant que l’exigent les sujets que l’on veut représenter. On sçaura seulement en général qu’il faut commencer par la couleur qui est la moins apparente dans le Tableau, & réserver la couleur dominante pour être imprimée la derniere. Quelquefois même on est obligé de graver deux [p. 125 179] planches pour la même couleur, pour faire un plus grand effet, & alors la seconde planche de la même couleur, s’imprime la derniere & ne sert qu’à attendrir & glacer les autres couleurs. On se sert aussi de terre d’ombre & même de noir pour former des masses d’ombre & leur donner plus de vigueur. Toutes les couleurs qu’on empoye pour cette impression doivent être transparentes, ensorte que paroissans sur l’épreuve l’un au travers de l’autre, il en résulte un mélange qui imite plus parfaitement le coloris d’un Tableau. Pour conserver plus long-tems ces épreuves & les faire mieux ressembler à la Peinture, on les colle sur toile, & on les tend sur un chassis, pour les encadrer dans une bordure, ensuite l’on passe par-dessus cette impression un beau vernis pareil à celui que l’on met sur les Tableaux.
Au reste cette espece de Peinture réussit assez bien à imiter les choses qui sont de couleur entiere comme les Plantes, les Fruits, & les Anatomies : mais pour les tons de chairs ils sont composés d’un mélange trop difficile pour qu’on puisse en attendre un grand succès. Il en est de même des Paysages & des sujets d’histoire qui ne sont pas propres à être exécutés par ce genre de gravûre.
Cette invention pourroit être portée à un certain degré de perfection, si d’habiles gens vouloient s’y exercer & y mettre leurs soins : cependant elle n’a pas encore produit jusqu’ici que des choses au-dessous du médiocre, excepé quelques portraits gravés par M. le Blon, dont on a parlé ci-dessus. Le deffaut général de presque toutes les Productions de cette espece, qui ont paru depuis la mort de cet Auteur, est qu’elles sont trop bleuës, & que cette couleur y domine de façon à effacer toutes les autres.

Dans cet ensemble d'extraits (p. 123-128), Charles-Nicolas Cochin évoque la couleur comme effet pictural de l'oeuvre. Pour cela, il cite certains auteurs à l'instar de Le Blon et son ouvrage Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence) ; mais également Newton et son Traité d’Optique.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Toutes les couleurs qu’on empoye pour cette impression doivent être transparentes, ensorte que paroissans sur l’épreuve l’un au travers de l’autre, il en résulte un mélange qui imite plus parfaitement le coloris d’un Tableau. Pour conserver plus long-tems ces épreuves & les faire mieux ressembler à la Peinture, on les colle sur toile, & on les tend sur un chassis, pour les encadrer dans une bordure, ensuite l’on passe par-dessus cette impression un beau vernis pareil à celui que l’on met sur les Tableaux.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Cette invention pourroit être portée à un certain degré de perfection, si d’habiles gens vouloient s’y exercer & y mettre leurs soins : cependant elle n’a pas encore produit jusqu’ici que des choses au-dessous du médiocre, excepé quelques portraits gravés par M. le Blon, dont on a parlé ci-dessus. Le deffaut général de presque toutes les Productions de cette espece, qui ont paru depuis la mort de cet Auteur, est qu’elles sont trop bleuës, & que cette couleur y domine de façon à effacer toutes les autres.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
GENRES PICTURAUX → portrait

Principes de la Gravûre & de l’Impression qui imite la Peinture.
Pour dire quelque chose de plus précis & de raisonné sur ce nouvel Art, nous rapporterons ici un extrait d’un Livre devenu extrêmement rare, composé par M. le Blon, & imprimé à Londres, il y a environ quinze ans, en Anglois & en François ; il a pour titre
Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence. Par Jacques Christophe le Blon ; in quarto, orné de cinq planches.
M. le blon voulant fixer la véritable harmonie des couleurs dans la Peinture, prouve dans ce Livre que tous les objets peuvent être représentés par trois couleurs primitives, sçavoir le rouge, le jaune, & le bleu. Qu’avec le mêlange de ces trois couleurs on peut composer toutes les autres, & même le noir ; ce qui s’entend des couleurs matérielles dont on se sert dans la Peinture. Car le mélange des couleurs primitives contenues dans les rayons du Soleil, (qu’il appelle couleurs impalpables) produisent au contraire le blanc ; comme M. Newton l’a démontré dans son Traité d’Optique. Ainsi, suivant ce principe, le blanc résulte du mélange des couleurs impalpables & n’est qu’une concentration ou excès de lumiere ; le noir au contraire est une privation ou défaut de lumiere, & est causé par le mélange des couleurs matérielles.

Dans cet ensemble d'extraits (p. 123-128), Charles-Nicolas Cochin évoque la couleur comme effet pictural de l'oeuvre. Pour cela, il cite certains auteurs à l'instar de Le Blon et son ouvrage Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence) ; mais également Newton et son Traité d’Optique.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Ces réflexions ont conduit naturellement cet Auteur à la maniere de représenter tous les objets
[p. 127 181] avec leur couleur naturelle, par le moyen de trois planches gravées comme on vient de le dire, & des trois couleurs primitives. C’est ainsi qu’il a fait cette belle découverte, quoique depuis la naissance de l’Impression en Taille-douce on eut fait plusieurs tentatives inutiles pour réussir dans cette pratique ; on l’avoit même estimée impossible, jusqu’à ce que M. le Blon eut trouvé le moyen de la rendre publique il y a près de trente ans, par quelques morceaux de sa façon qu’il fit paroître alors.
Pour cet effet, après avoir déterminé le sujet qu’on veut représenter & avoir distribué les desseins sur chaque planche suivant l’effet qu’elle doit faire étant tirée avec les autres sur le même papier, on grave ces planches presqu’entierement en maniere noire, excepté les ombres un peu fortes & quelquefois les contours qui sont gravés au Burin, à la maniere ordinaire, lorsque la touche en doit être ferme. On ne grave point entierement le sujet sur chaque planche, mais on n’y marque que l’étendue de couleur que chacune doit recevoir pour s’accorder avec les deux autres, & rendre avec elles la Peinture complette.

Dans cet ensemble d'extraits (p. 123-128), Charles-Nicolas Cochin évoque la couleur comme effet pictural de l'oeuvre. Pour cela, il cite certains auteurs à l'instar de Le Blon et son ouvrage Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence) ; mais également Newton et son Traité d’Optique.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

L’Art d’imprimer en couleur se réduit donc I°. A représenter un objet quelconque avec trois couleurs & par le moyen de trois planches qui doivent se rapporter sur le même papier. 2°. A faire les desseins sur chacune des trois planches, de façon que les trois desseins s’accordent exactement. 3°. A graver les trois planches de façon qu’elles ne puissent manquer de se rapporter ensemble. 4°. A trouver les trois vrayes couleurs matérielles primitives, & les préparer de maniere qu’elles puissent s’imprimer, être belles & durer long-tems. 5°. Enfin à tirer les trois planches avec assez d’adresse pour [p. 128 182] qu’on ne s’apperçoive point après l’Impression de la façon dont elles sont tirées.
Le premier de ces articles, qui est le plus considérable, appartient à la théorie de l’invention, & les autres sont absolument nécessaires pour la pratique mécanique ; ils sont même d’une telle importance que si la moindre chose vient à manquer, l’exécution n’a aucun succès. Quelquefois on put employer plus de trois planches, quand la beauté ou la difficulté du sujet l’exige.

Cochin cite l'ouvrage de Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence ; et celui de Newton : Traité d'optique

Cochin cite l'ouvrage de Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence ; et celui de Newton : Traité d'optique

Cochin cite l'ouvrage de Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence ; et celui de Newton : Traité d'optique

L’Art d’imprimer en couleur se réduit donc I°. A représenter un objet quelconque avec trois couleurs & par le moyen de trois planches qui doivent se rapporter sur le même papier. 2°. A faire les desseins sur chacune des trois planches, de façon que les trois desseins s’accordent exactement. 3°. A graver les trois planches de façon qu’elles ne puissent manquer de se rapporter ensemble. 4°. A trouver les trois vrayes couleurs matérielles primitives, & les préparer de maniere qu’elles puissent s’imprimer, être belles & durer long-tems. 5°. Enfin à tirer les trois planches avec assez d’adresse pour [p. 128 182] qu’on ne s’apperçoive point après l’Impression de la façon dont elles sont tirées.

Cochin prend pour exemple l'ouvrage de l'artiste et l'auteur Monsieur Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence, ainsi que celui de Newton : Traité d'optique

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la gravure
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → comparaison entre les arts

L’Art d’imprimer en couleur se réduit donc I°. A représenter un objet quelconque avec trois couleurs & par le moyen de trois planches qui doivent se rapporter sur le même papier. 2°. A faire les desseins sur chacune des trois planches, de façon que les trois desseins s’accordent exactement. 3°. A graver les trois planches de façon qu’elles ne puissent manquer de se rapporter ensemble. 4°. A trouver les trois vrayes couleurs matérielles primitives, & les préparer de maniere qu’elles puissent s’imprimer, être belles & durer long-tems. 5°. Enfin à tirer les trois planches avec assez d’adresse pour [p. 128 182] qu’on ne s’apperçoive point après l’Impression de la façon dont elles sont tirées.
Le premier de ces articles, qui est le plus considérable, appartient à la théorie de l’invention, & les autres sont absolument nécessaires pour la pratique mécanique ; ils sont même d’une telle importance que si la moindre chose vient à manquer, l’exécution n’a aucun succès. Quelquefois on put employer plus de trois planches, quand la beauté ou la difficulté du sujet l’exige.

Voilà à peu près tout le fin de cet Art, qu’il seroit facile de perfectionner si des personnes sçavantes dans le dessein & dans la Peinture daignoient en prendre la peine ; car sans se restraindre aux trois couleurs primitives que M. le Blon indique, on pourroit y employer différentes terres brunes pour faire des masses d’ombre, comme l’ocre, le brun rouge, la terre d’ombre, le bistre, &c. & les encrer dans l’endroit où il en seroit besoin sur chaque planche, avec un petit tampon fait exprès, & qui ne serviroit que pour cette couleur. Par ce moyen on imiteroit beaucoup mieux la peinture que par le mélange dur & mal entendu de ces trois couleurs employées pures & toutes seules, comme on le fait ordinairement dans ces sortes d’ouvrages.

Dans cet ensemble d'extraits (p. 123-128), Charles-Nicolas Cochin évoque la couleur comme effet pictural de l'oeuvre. Pour cela, il cite certains auteurs à l'instar de Le Blon et son ouvrage Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence) ; mais également Newton et son Traité d’Optique.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Cochin cite l'ouvrage de Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Voilà à peu près tout le fin de cet Art, qu’il seroit facile de perfectionner si des personnes sçavantes dans le dessein & dans la Peinture daignoient en prendre la peine ; car sans se restraindre aux trois couleurs primitives que M. le Blon indique, on pourroit y employer différentes terres brunes pour faire des masses d’ombre, comme l’ocre, le brun rouge, la terre d’ombre, le bistre, &c. & les encrer dans l’endroit où il en seroit besoin sur chaque planche, avec un petit tampon fait exprès, & qui ne serviroit que pour cette couleur. Par ce moyen on imiteroit beaucoup mieux la peinture que par le mélange dur & mal entendu de ces trois couleurs employées pures & toutes seules, comme on le fait ordinairement dans ces sortes d’ouvrages.

Cochin cite l'ouvrage de Le Blon : Il Coloritto, ou l’Harmonie du Coloris dans la Peinture, réduite à des principes infaillibles, & à une pratique méchanique, avec des figures imprimées en couleur pour en faciliter l’intelligence

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

[...] Ce fut vers le commencement du seizième siécle on imagina en Italie & en Allemagne l’art d’imiter en estampes les desseins lavés, & l’espece de peinture à une seule couleur, que les Italiens appellent Chiaro-Scuro, & que nous connoissons sous le nom de Camayeux : avec le secours de cette invention on exprima le passage des ombres aux lumieres, & les différentes teintes du Lavis. Cela pourroit faire croire que feu M. le Blond, Anglois, Auteur de l’Impression qui imite la Peinture, dont nous avons parlé à la fin de la troisiéme Partie de cet Ouvrage, n’a fait que perfectionner cet Art en l’étendant à la Peinture en différentes couleurs, puisque sa méthode a pour objet d’imiter le coloris des tableaux, & les différentes teintes que le Peintre forme sur sa palette. Celui qui fit cette découverte en Italie se nomme Hugo da Carpi ; on voit de lui de fort belles choses en ce genre, qu’il a exécutées d’après les desseins de Raphaël, & du Parmesan. François Perrier, Peintre originaire de Franche-Comté, connu par quantité de beaux ouvrages, & surtout par le recueil des Statues antiques qu’il a gravées à Rome d’après les originaux : donna aussi au Public, il y a environ cent ans des Estampes tirées sur du papier gris un peu brun, dont les contours & hachûres étoient imprimées de noir, & les rehauts de blancs, le tout en forme de Camayeux, ce qui parût, au rapport de M. Bosse, non-seulement nouveau, mais encore si beau qu’il en rechercha l’invention, & voici la maniere qu’il enseigne. [...]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Contours, doivent être dessinés d'une maniere quarrée & ressentie. Ils ne doivent point être équivoques, 85. Les tailles qui en approchent doivent s'y perdre en lozange, & ne doivent jamais s'y terminer à angles droits, 74. La maniere de ne les former qu'avec les tailles qui les approchent est vicieuse, & trop molle pour le petit, 86.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Croquis à l'eau forte: ce qui les rend estimables. Il seroit à propos que tous les Peintres s'exerçassent à ce genre de Gravûre libre, Avant-propos, p. xvi, Préf. xxiv.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Ebaucher. Il faut ébaucher sa planche par grandes parties avant que de rien finir, 68, 113. Et que dès cette ébauche le dessein soit entierement rendu, 84, 113.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Entre-deux, ou entre-tailles, propres à rendre le luisant des étoffes de soyes, des eaux, des métaux, &c., 78,110.

entretaille

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

entre-deux

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Gillot : excellent Graveur en petit, connu par ses fables & ses ornemens & autres ouvrages grotesques, 85

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
GENRES PICTURAUX → genres (généralités)

Gravûre en grand, le Burin y est nécessaire. Il faut éviter d'appuyer les touches & les contours
Gravûre en grand, Accidens qui en arrivent. On ne doit les laisser mordre que très-peu afin de pouvoir les rectifier plus aisément au Burin.
[...]
Gravûre en petit doit être différemment traitée que celle en grand. Le trait doit en être frappé ave force & hardiesse. Les touches font toute l'ame du petit, 84.
Gravûre en petit Elle doit conserver une idée d'ébauche. Plus on la finit & plus on lui ôte de l'esprit, en quoi consiste son mérite, 86.
[...]
Gravûre fine & serrée plaît beaucoup au public. Ridicule du mauvais goût moderne, 85

Typologie de la gravure

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

Grignotis dans les ouvrages bruts, se fait en tremblottant un peu la main qui conduit la pointe sur le vernis, 77

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Index, p. 201
PDF 279
[...]
Repos nécessaire dans une Estampe pour faire valoir le principal sujet, 74.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

Premiere taille doit être forte & serrée. Elle ne doit point roide, parce qu'elle est pour former, 70
Secondes tailles, servent à peindre & à interrompre la premiere. Elles doivent être plus déliées & plus écartées que les premieres, 70
Secondes tailles, Elles sont nécessaires dans les corps d'ombre pour avancer une planche à l'eau forte, 83
Troisièmes tailles doivent être plus fines & plus écartées que la seconde, 70, 109
Troisièmes tailles Elles servent à salir & à sacrifier certaines choses pour laisser du repos, 71
Troisièmes tailles Il faut les faire toûjours lozange sur l'une & quarrée sur l'autre. Elles ne se mettent gueres à l'eau forte, on les réserve à faire au Burin, 71
Troisièmes tailles Elles se peuvent hazarder cependant pour des choses qui doivent être brouillées, mais il faut les graver avec une pointe très-fine, 87
Tailles. La premiere doit suivre la touche du pinceau. La seconde doit être passée par-dessus dans l'intention d'en assurer les formes, 69
Tailles. Tailles ou hachûres mal rangées, comment les réparer, 65
Tailles. Ne se rentrent point au vernis mol. Tailles inégales valent mieux, & font un plus beau travail que quand elles sont d'une égale grosseur, 70
Tailles. Tailles se doivent quitter lorsqu'elles ne sont pas propres à bien rendre le sens d'une draperie, 73
Tailles. Tailles diamétralement opposées ne valent rien dans une même draperie, 73
Tailles. Taille roide passée par-dessus toute une draperie pour faire un ton plus noir, est de très-mauvais goût, 74
Tailles. Tailles doivent être resserrées de plus en plus suivant la dégradation des objets, 78
Tailles. Tailles seules sont long-tems à mordre avant de prendre un ton vigoureux, 83
Tailles. Tailles courtes & méplates donnent plus de caractere & valent beaucoup mieux que les Tailles longues & unies, 85
Tailles. Tailles, plus elles sont serrées, plus la Gravûre paroit précieuse & finie, 85
Tailles. Tailles courtes ou points longs, bons pour les ombres dans les chairs, 87
Tailles. Tailles, de la façon de les conduire au Burin, 107
Tailles. Il faut les rentrer dans un sens contraire à l'ébauche, 115

Le terme « taille » renvoie au sillon gravé dans la planche (qui reçoit l’encre, etc.). Il est relativement peu utilisé dans le traité de Bosse, 1645, ce dernier emploie davantage les termes « hachure », « contrehachure », « croisure », « trait » ou « ligne », lorsqu’il s’agit de décrire le langage graphique. Au contraire, Cochin donne une description précise des différentes tailles possibles, en fonction du sujet représenté. Pour cela, il est nécessaire de se reporter à l’index que l’auteur propose dans son ouvrage de 1745.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure
EFFET PICTURAL → qualité du dessin