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Ceux qui Gravent sur le Bois commencent par faire preparer une planche de la grandeur, & espaisseur qu’ils desirent, & fort unie du costé qu’on veut graver. L’on prend ordinairement pour cela du bois de poirier, ou du buis : le dernier est meilleur par ce qu’il est plus solide, & moins sujet à estre percé des vers. Sur cette Planche, ils desseignent leur sujet à la plume de la mesme sorte qu’ils veulent qu’il soit imprimé. Ceux qui ne sçavent pas bien desseigner, comme il s’en rencontre assez, se servent du mesme dessein qu’on leur donne, qu’ils collent sur la Planche, avec de la colle faite de bonne farine, d’eau, & d’un peu de vinaigre. Il faut que les traits soient collez contre le bois, & lors que le papier est bien sec, ils le lavent doucement, & avec de l’eau, & le bout du doigt l’ostent peu à peu, en sorte qu’il ne reste plus sur le bois que les traits d’encre qui forment le dessein, lesquels marquent sur la Planche tout ce qui doit estre espargné ; & pour le reste ils le coupent, & l’enlevent délicatement avec des pointes de Canifs bien tranchans, ou de petits Ciselets, ou des Gouges, selon la grandeur, & la delicatesse du travail, car ils n’ont pas besoin d’autres Outils.
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Pour graver sur le Cuivre avec le Burin, il n’est pas non plus necessaire de grands apprests. Quand la Planche qui doit estre de Cuivre rouge est bien polie, & que l’on a desseigné dessus avec la pierre de mine, une pointe, ou autrement, ce que l’on veut representer, il n’est plus besoin que de Burins bien acerez, & de bonne trempe pour graver & donner plus ou moins de force selon le travail que l’on fait, & les Figures que l’on represente.
On a aussi un Outil d’Acier d’environ six pouces de long, dont un des bouts qu’on appelle qu’on appelle Gratoir est formé en triangle, tranchant des trois costez, pour ratisser sur le cuivre, quand il est necessaire : Et l’autre bout qu’on nomme Brunissoir, a la figure d’un cœur dont la pointe est alongée, ronde, & fort mince ; il sert à polir le Cuivre, reparer les fautes, & adoucir les traits. Pour connoistre, & mieux voir ce que l’on fait, on a un Tempon de feustre noircy, dont on frotte la Planche, & dont l’on remplit les traits à mesure que l’on grave. On a aussi un petit Coussinet de cuir, sur lequel on appuye le cuivre en travaillant.
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Quant à la Graveure à l’Eau-forte, il y a plus de sujettion. Il est necessaire que la Planche soit bien polie & bien nette, après quoy on la chauffe sur le feu, on la couvre d’un Vernix sec, ou liquide ; car il y en a de deux façons. Ensuite l’on noircit ce Vernix par le moyen d’une chandelle allumée au dessus de laquelle on met la Planche du costé du Vernix.
Cela estant fait, il n’est plus question que de Calquer son dessein sur cette Planche, ce qui est bien plus facile que pour graver au burin ; car en frottant le dessous du dessein avec de la sanguine, ou autrement, & le posant ensuite sur le cuivre pour le Calquer avec une pointe d’éguille, la sanguine qui est derriere le dessein, marquant aisément sur le Vernix, fait que l’on suit bien mieux dans cette sorte de travail, les mesmes traits du dessein, & qu’on est beaucoup plus correct dans les contours, & les expressions de toutes les Figures. Ce qui est cause que les Peintres qui font graver eux-mesmes leurs Ouvrages, travaillent souvent à former les premiers traits des Figures pour conserver la force, & la beauté du dessein. Aussi dans les pieces faites à l’Eau forte, on y voit plus d’art que dans les autres qui sont gravées au burin, ou quelquefois on se sert aussi de l’Eau-forte pour former legerement les contours des Figures, afin de les avoir plus correctes.
Ce qu’il y a d’avantageux dans la graveure à l’Eau-forte, est que non seulement la maniere en est beaucoup plus expeditive, qu’au burin ; mais le travail en est encore ordinairement plus beau dans les païsages, dont les arbres & les terrasses estant touchées avec plus de facilité, paroissent plus naturelles.
Il est vray aussi qu’il est quelquefois besoin de retoucher au burin certaines parties qui n’ont pas assez de force, ou bien que l’eau-forte n’a pas assez mangées ; car il est mal-aisé que dans une grande Planche toutes les parties viennent à estre penetrées avec une si grande égalité qu’il n’y ait quelque chose à redire.
Il ne suffit pas que le Graveur travaille avec la pointe de son Eguille, ou de son Eschope dans tous les endroits de son Ouvrage avec la force, & la tendresse necessaire à faire paroistre les parties éloignées, & les plus proches. Il faut encore qu’il prenne garde, quand il vient à mettre l’eau-forte sur la Planche, qu’elle ne morde pas également par tout ; ce qu’il se fait avec une mixion d’huile, & de suif de chandelle.
Pour cet effet, il a une espece de quaisse de bois, poissée, contre laquelle il attache sa planche un peu inclinée, & jette l’Eau-forte dessus, en sorte qu’elle n’y fait que couler, & retomber aussi-tost dans un vase de terre qui est dessous. Il prend garde lors que les parties qui ne doivent pas estre si mangées ont assez receu de cette eau, & ostant la planche, il la lave bien avec de l’eau claire qu’il jette dessus, la fait seicher doucement auprés du feu, puis il couvre les parties les plus éloignées, & les hacheures qu’on veut laisser les plus foibles, avec de cette mixtion d’huile & de suif, dont j’ay parlé, afin que l’eau forte n’y penetre pas davantage ; & ainsi couvrante à diverses fois, & autant qu’il veut les endroits qui doivent estre les moins forts, il fait que les Figures qui sont devant, sont toujours lavées de l’eau-forte, qui les penetre, jusques à ce qu’il voye qu’elles sont assez gravées suivant la force qu’il desire leur donner.
L’on se sert de deux sortes de Vernix, l’un que l’on appelle mol, & l’autre dur ; il y a aussi deux sortes d’Eau-forte, l’une d’Affineur, qu’on appelle Eau blanche, & l’autre qu’on nomme de l’Eau verte qui se fait avec du vinaigre, du sel commun, du sel armoniac, & du vert de gris. Celle-cy se coule sur les planches, comme j’ay dit, & l’on peut s’en servir avec les deux vernix. L’autre au contraire n’est bonne que pour le vernix mol, & ne se jette pas comme l’autre, on met la planche sur une table tout à plat, & après l’avoir bordée de cire, on la couvre de cette Eau blanche que l’on tempere plus ou moins avec de l’eau commune.
Au regard des Pointes ou Echopes, dont l’on travaille, l’on prend de grosses ou moyennes éguilles, dont l’on fait les unes en pointes, & les autres plus grosses que l’on coupe d’une maniere qui forme une ovalle, comme les Echopes des Orfevres Ces sortes d’outils que l’on a de plusieurs façons, & de differentes grosseurs, sont les seuls necessaires pour cette maniere de travail. L’on a une Pierre pour les aiguiser, & un gros pinceau de Poil de gris, ou une plume pour servir d’Espousettes, afin d’oster de dessus la planche, les ordures, ou le vernix qui s’enleve à mesure qu’on grave.
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Les principaux Outils necessaires aux Peintres sont une Pierre à broyer avec sa Molette. Les pierres de Porphyre ou d’Escaille de mer sont les meilleures. Un Coûteau, une Palette, l’Appuy-main, ou Baguette ; le Chevalet, les Pinceaux, un Pincelier, qui est une boëte de fer blanc ou l’on met de l’huile pour nettoyer les Pinceaux.
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Au reste on peut se livrer indifféremment à la maniere la plus conforme à son goût naturel, persuadé que ce n’est pas l’outil qui donne le mérite à l’ouvrage, mais l’intelligence de l’artiste qui le conduit.