COPIE (n. f.)
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Quotation
Mais son principal usage [ndr : la peinture] n’est pas seulement en de semblables observations, ny, comme dit Aristote {L. 8. Polit. c. 3.}, à donner une si parfaite connoissance des tableaus qu’on n’y puisse jamais estre trompé, soit pour la main ou la maniere des grands maistres, soit pour le fin discernement des copies d’avec les originaux, soit pour le prix qui depend presque tousjours de la fantaisie.
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Chez Bosse, la distinction entre original et copie s’entend comme une capacité des « connaissans » et clairvoyants, mais aussi des praticiens. Il différencie plusieurs types de copies : les copies d’après nature (la copie comme tableau ou représentation plates des corps visibles de la nature), les copies d’après un tableau, les copies d’après une estampe et les copies de copies. Au regard de l’original, la copie peut perdre ce que Bosse désigne « l’inimitable ». [FH]
Quotation
Je tiens donc qu’à toute rigueur lon ne peut donner le titre d’Original qu’à une chose de laquelle on ne puisse trouver le semblable dans la nature, ainsi qu’un Tableau representant divers Corps & dont la forme ne soit connuë qu’à celuy qui la fait, car de faire la Representation ou Pourtrait d’une chose connuë, quoy que naturelle, elle ne peut prendre que le nom de Coppie d’après cette naturelle ; Mais lorsqu’on fera une Coppie dudit Tableau, il se peut nommer Original d’iceluy.
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Quotation
Il y a des Copies qui ne se peuvent gueres remarquer telles, que par des Praticiens bien versez en cette connoissance, à cause qu’elles auront esté executées par de bons Copistes, & dans le mesme temps des Originaux, & qui mesme les aura retouchez en divers endroits.
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Quotation
Et touchant la distinction des Copies de toutes les Stampes Originales, il faut avouër qu’elles sont bien plus faciles à bien imiter ou copier, que les Tableaux, quand ce ne seroit qu’à cause que les traits ou hacheures des unes & des autres se sont faites & se font par des Outils nommés Burins, qui sont tous en quelque sorte de pareille forme, & que pour faire un trait ou hacheure grosse & déliée, il n’y a qu’à plus ou moins faire entrer ou enfoncer dans le Cuivre lesdits Burins, qui est quasi la mesme chose que d’imiter une escriture.
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Quotation
Toutefois il arrive de toutes ces choses quasi de mesme qu’aux Tableaux, qui est que tant bien soient-elles Copiées, les Copistes n’estant point capables de Desseigner d’Invention, ou du moins de Graver [d’] après des Tableaux ou Desseins lavez, où par consequent les hacheures ne sont pas exprimées, font que leursdites Copies paroissent dures, seiches, & bien souvent plus noires que leurs Originaux, quand mesme ils conteroient le nombre des hacheures ; De plus comme aux Tableaux, les Copistes ont peine de toucher avec Art, les touches qui forment les yeux, nez, bouches, pieds, mains, & autres telles parties ; le mesme arrive ausdits Copistes Graveures, ne les formant point avec art & liberté, ains au contraire avec peine, & par ainsi en corrompent souvent la forme.
Pour connoistre une Copie d’une Stampe ou Taille Douce Originale, cette seule particularité suffiroit, sans avoir aucune connoissance de l’Art ; qui est de remarquer soit en l’une ou en l’autre, quelque trait ou hacheure, plus grosse ou déliée, ou bien plus pressée ou eslargie en quelque endroit [...].
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Quotation
[...] Mais pour les retouchées [ndr : les estampes retouchées] elles sont beaucoup moins estimées ; puis les Copies encore moins, chacune suivant qu’elles sont, plus ou moins mal Copiées.
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Quotation
sa coppie ne luy fera pas la mesme vision que son Naturel ou Original ; Qui est ce que l’on pretend qu’elle fasse
Le terme "copie" se rapporte ici à "copier d'après le naturel".
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DE PILES, Roger, De l'art de peinture de Charles Alphonse Dufresnoy, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
1 quotationsQuotation
{LXI. L’Original dans la Teste, & la Copie sur la Toile.}
Ne donnez jamais aucun coup de Pinceau, qu’auparavant vous n'ayez bien examiné vostre Dessein, arresté vos Contours, *& que vous n'ayez present dans l'Esprit l'Effet de vostre Ouvrage. […]
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Quotation
Si vous voulez avoir la satisfaction en peignant vostre ouvrage, qu’il soit entierement fait & disposé dans vostre teste avant qu’il soit commencé sur le Tableau, prévoyant l’effet des grouppes, le Fond & le Clairobscur de chaque chose, l’armonie [sic] des couleurs, & l’intelligence de tout le sujet : En sorte que ce que vous mettez sur la Toile, ne soit que la copie de ce que vous avez dans l’esprit.
Si vous vous servez de cette conduite, vous n’aurez pas la peine de changer & rechanger vos ouvrages.
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Quotation
Le Peintre allant à la campagne, doit estre fourny de Tablettes & de Crayon, pour remarquer les choses qu’il voit estre dignes, comme ont fait le Titien, les Caraches, & autres bons Maistres, comme il se voit entre les mains des Curieux de Peinture, quantité d’Estudes & Remarques que ses grands Hommes ont faites sur des fuëilles [sic] & sur des Livres en tablettes qu’ils portoient toûjours sur eux.
Je ne parle point icy des premiers commencemens du dessein, comme du maniement du Crayon, du juste rapport que doit avoir la copie avec son original.
Je suppose avant que de commencer ses Estudes, que l’on doit avoir une facilité dans la main, pour imiter les beaux Desseins, les beau [sic] Tableaux & la Ronde-bosse : Que l’on doit enfin avoir la Clef du dessein, pour en profiter selon nos soins & nostre genie.
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Quotation
De là ma curiosité me fist approcher d’une autre troupe, que je vis attentive à considérer de fort prés quelques Tableaux du Bassan, que les uns vouloient estre originaux, les autres copies seulement ; sur quoy je croy qu’ils en fussent venus aux mains, si un grand Seigneur chef de cette troupe ne les eust accordés ; car en regardant ces Tableaux par derriere, & disant qu’il les croyoit originaux, parce qu’ils estoient peints sur de la toile d’Italie, il termina tout le different.
Question de la distinction entre un original et une copie. Restout critique la méthode d’identification d’un tableau qui consiste à regarder l’origine de la toile
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Quotation
Le Crayon est plus facile à manier & plus propre à finir, & par consequent plus convenable à ceux qui commencent ; il a cela de commode, qu’il s’efface quand on veut en le frottant legerement avec un peu de mie de pain : de cette façon, l’on peut facilement corriger ou changer son ouvrage. Pour s’avancer en cette pratique & prendre une bonne maniere, il faut copier d’abord des desseins faits de cette sorte, c’est-à-dire avec du crayon, & qui soient maniez proprement & hardiment tout ensemble. Les bons crayons contribüent beaucoup à dessiner avec plaisir. L’on se sert ordinairement de trois sortes de pierres pour faire du crayon, l’une est rouge appellée sanguine, l’autre noire & la troisième, dite Pierre de Mine. La Bonté des unes & des autres consiste à estre tendre & douce : on en vend des crayons tout faits.
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Quotation
Il n’y a presque personne qui n’aime la Peinture : mais il y en a tres-peu qui soient nez avec les talens necessaires pour y réussir. Ceux qui commencent à dessiner, & qui n’ont point de genie, imitent servilement leur original sans y mettre l’esprit, & sans songer à l’effet de l’ouvrage, soit pour la rondeur, soit pour l’expression, s’attachant seulement à une fidelité extérieure dont on les peut veritablement loüer par dessus les autres. Mais ceux qui ont du genie, estant frappez d’abord par l’effet de l’ouvrage qui est devant leurs yeux, ne manquent jamais de répandre dans leurs copies cet esprit dont ils sont animez eux-mesmes.
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Quotation
[…] On demande encore deux choses aux jeunes enfans que l'on destine, pour être un jour de grands Peintres : qu'ils aient l'imagination vive, la mémoire heureuse, & une grande disposition à la santé : car l'étude du Dessein, & de toute la Peinture est des plus fortes, & qui mérite le plus d'aplication. Il les faut prendre à l'âge de douze à quatorze ans, afin qu'ils soient capables de raisonnement. On commence par leur faire imiter de petites parties du corps humain, qu'on dessine d'invention en leur presence, ou en imitant quelqu'autre Dessein : ce qui est absolument necessaire dans les premières leçons: & il y a des exemples pour cela gravées & mises en estampe.
[…] Aprés qu'ils auront copié, quelque tems, des yeux, des nez, des bouches, & des oreilles, vous leur fairez copier des têtes entières. Aprés cela faites leur faire des mains, des pies, des bras, des jambes, & ensuite des figures entières, de la meilleure main que vous les pourrez avoir. Les figures de Raphaël Santio, prises sèparément une à une, & les antiques de François Perier, sont d'un très bon usage pour cela, ce qu'il faut faire par intervales, sans les acabler, leur faisant bien remarquer la proportion & la beauté de ce qu'ils imitent. Il leur faut aider au comencement à équisser la figure, à la bien asseoir & planter, & ensuite leur donner quelque coup au contour : ce que pourtant il ne faut pas trop afecter, pour ne les pas rebuter.
Mais comme vôtre fin n'est pas seulement de faire de bons copistes : vous devez observer, que vos Eleves doivent par intervales s'exercer à faire d'eux-méme : Premièrement des yeux, & d'autres parties de la face ; Puis des tétes, & ensuite des figures entieres : Car quand ils copient, c’est pour apprendre à connoître les proportions : & quand ils font d’eux-mêmes, c’est pour apprendre à les mettre en pratique sur leur propre idée. […]
Quand vos disciples sont parvenus à ce point [ndr : assembler une figure], […] Il faut donc pour lors, leur faire reprendre des plus beaux Desseins : premierement d’une seule figure […] Aprés celà vous leur fournirez des Desseins ou Estampes, de deux ou plusieurs figures afin qu’ils aprennent à les mettre ensemble […].
Remarquez encore, que toute cette premiere Etude se doit faire aprés de nuditez, & rarement aprés de draperies : C’est pourquoi je vous ay proposé les figures de Michel-Ange, de Raphaël, & les antiques du Perier. On peut encore, se servir des Estampes d'Annibal Carache dont le Dessein a quelque chose de surprenant : ses Galeries sont très utiles sur tout pour l’étude dont je parle de même que les loges de Raphaël dessinées, & gravées par Chaperon. Au reste banissez de votre école la métode de copier en reticulant ou en calquant, les estampes : méprisez toutes ces inventions mécaniques, qui sont des empêchemens au progrés de la jeunesse. […]
C’est ainsi que vous metrez vôtre Eleve en état de dessiner d’aprés la bosse, qui lui aprendra l’éfet des ombres & des jours, pour donner du relief aux parties, & pour se perfectionner dans le contour des figures. […]
Aprés s’être accoutumé à la bosse, il est absolumment necessaire de dessiner d’aprés modele vivant : & c’est ici que se doit consommer l’étude du jeune Peintre.
CARRACCI, les, Fresques de la galerie Farnèse, 1597 - 1607, fresque, Roma, Palazzo Farnese.
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio) , Chambres du Vatican, 1508 - 1524, fresque, Vatican, Musei Vaticani.
CARRACCI, Annibale
CHAPERON, Nicolas
MICHELANGELO (Michelangelo Buonarroti)
PERRIER, François
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
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Quotation
Il y a, en un mot, des élegances à rechercher, qu’on ne sauroit pas exprimer par le discours : Mais pour les découvrir, on considere souvent les Ouvrages de Michel Ange, pour les atachemens des Membres : De Raphaël pour la Noblesse du contour & pour la grace : Du Carache pour l’excellence de son Dessein. S’il n’est pas possible de voir leurs Ouvrages Originaux : on considere les meilleurs Dessein, fait d’aprés ces grands hommes : Ces Desseins se voïent commodement en Estampe, & on tâche avec cela de se former une idée avantageuse de la belle proportion. On considere aussi les plus belles Antiques, d’où ces grands Maîtres ont tiré leur savoir : Et faute des originaux de Marbres nous avons recours aux Plâtres.
On doit pourtant remarquer, que ce n’est pas le seul moïen de se rentre tres-habile, que de considerer incessament les ouvrages des plus grand Hommes, ou leurs Estampes : On doit avec cela dessiner, & venir à la pratique. Ce n’est pas encore assez de les copier incessement : Il sufit de l’avoir fait dans le commencement, on doit tâcher de les aprocher, ou de les égaler en les imitant sans pourtant les copier toujours.
Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.
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Mon intention n’est pas de parler ici des Copies médiocres, qui sont d’abord connues de tous les Curieux, encore moins des mauvaises qui passent pour telles aux yeux de tout le monde. Je suppose une Copie faite par un bon Peintre, laquelle merite une serieuse reflexion, & mettre en suspend, au moins durant quelques tems, la décision des connoisseurs les plus habiles. Et de ces Copies, j’en trouve de trois sortes.
La première est faite fidèlement, mais servilement. La seconde est legere, facile, & non fidelle. Et la troisième est fidelle, & facile.
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Quotation
On sçait que plusieurs Peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, & qu'ils ont pris quelquefois une copie pour l'original qu'eux-mêmes ils avoient peint. Vasari raconte, comme témoin oculaire, que Jules Romain, après avoir fait lui-même la draperie dans un tableau que peignoit Raphaël, reconnut pour son original la copie qu'André Del Sarte avoit faite de ce tableau.
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Les Peintres & les Poëtes excitent en nous ces passions artificielles, en nous présentant les imitations des objets capables d'exciter en nous des passions veritables.
Comme l'impression que ces imitations font sur nous est du même genre que l'impression que l'objet imité par le Peintre ou par le Poëte feroit sur nous : comme l'impression que l'imitation fait n'est differente de l'impression que l'objet imité feroit, qu'en ce qu'elle est moins forte, elle doit exciter dans notre ame une passion qui ressemble à celle que l'objet imité y auroit pu exciter. La copie de l'objet doit, pour ainsi dire, exciter en nous une copie de la passion que l'objet y auroit excitée. Mais comme l'impression que l'imitation fait n'est pas aussi profonde que l'impression que l'objet même auroit faite ; comme l'impression faite par l'imitation n'est pas serieuse, d'autant qu'elle ne va point jusqu'à l'ame pour laquelle il n'y a pas d'illusion dans ces sensations, ainsi que nous l'expliquerons tantôt plus au long ; enfin comme l'impression faite par l'imitation n'affecte que l'ame sensitive, elle s'efface bientôt. Cette impression superficielle faite par une imitation, disparoît sans avoir des suites durables, comme en auroit une impression faite par l'objet même que le Peintre ou le Poëte ont imité.
On conçoit facilement la raison de la difference qui se trouve entre l'impression faite par l'objet même & l'impression faite par l'imitation. L'imitation la plus parfaite n'a qu'un être artificiel, elle n'a qu'une vie empruntée, au lieu que la force & l'activité de la nature se trouve dans l'objet imité. C'est en vertu du pouvoir qu'il tient de la nature même que l'objet réel agit sur nous.
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Il est incontestable qu'il y a des marques certaines pour établir l'originalité ; un dessein peiné, fait lourdement, incorrect, sans esprit & sans touche, est sûrement une copie.
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Les premieres pensées, les esquisses faites d’un trait de plume ou de crayon, par la franchise de la main peuvent être regardées comme originales ; les Italiens les appellent Macchia. Ces traits simples & francs sont difficiles à imiter ; ils sont si spirituels, qu’il manque toujours quelque chose aux copies que l’on en fait, il y a un certain mélange de manieres qui en fait connoître la fausseté ; c’est ce qu’on observe dans les desseins supposés du Guerchin & de Rembrant.
La franchise de la main & la correction d’un dessein ne sont pas les seules marques de son originalité ; on y doit y trouver une belle touche, beaucoup d’esprit, du feu, & certains coups de maître jettés au hazard, qui se manifestent rarement dans des copies, dont la froideur glace le spectateur attentif.
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Voici l’article le plus essentiel de la connoissance des tableaux ; c’est la distinction des copies d’avec les originaux. On peut envisager six sortes de copies : les copies serviles, les copies faciles qui ne sont pas fidèles, les copies fidèles, les copies un peu retouchées du maître, les copies entierement retouchées du maître, & celles qui sont toutes de sa main.
Les copies faites servilement & d’une main lourde & appésantie, quoique fidèles, paroissent telles aux yeux de tout le monde : il n’est pas difficile de se garantir contre leur incorrection, leur mauvais goût, & le froid qui y est répandu.
Les copies faciles, mais qui ne sont pas suivies fidèlement, par les traits de feu qui seront échappés au peintre, qui souvent dans l’exécution a conservé sa manière ordinaire, portent avec elles des preuves manifestes de leur fausseté ; les deux manieres ne se peuvent méconnoître, elles forment un ouvrage composé, c’est ce qu’on remarque dans les copies de Raphaël faites par Rubens.
Les copies fidéles qui partent d’une main facile & légére sont plus embarrassantes, & demandent une vraie connoissance. L’élégance de la touche d’un maître, sa vraie manière qu’il faut sçavoir par cœur, un certain esprit qui peut y manquer, doit vous conduire à décider ; celui qui a fait la copie y a sûrement mis du sien & cela suffit.
Les copies faites dans l’école d’un maître, & sous sa conduite ne sont pas les plus mauvaises. Ordinairement ils les retouchent en quelques endroits essentiels. Alors ces mêmes endroits font reconnoître le tableau pour ce qu’il est. Ce sont les copies les plus aisées à distinguer, elles se manifestent pas des touches élégantes qui brillent à travers le reste du tableau, & qui par la comparaison en devient plus froid.
Les copies entierement retouchées par le maître doivent être regardées comme de seconds originaux, moins beaux à la vérité que s’ils étoient entierement de sa main ; c’est ainsi que travailloient le Titien, les Bassan, Paul Veronese, Rubens, Vandick, Vouët & la plûpart des grands peintres. Lorsque plusieurs personnes leur demandent des copies d’un de leurs tableaux qui leur plaît, ils les font faire par leurs meilleurs éléves, ils les conduisent dans l’exécution, & comme ces copies sont faites dans leur attelier, ils les repassent par tout & souvent les repeignent entierement ; de cette manière l’ouvrage de l’éléve est tout recouvert, & comme on n’en apperçoit aucun vestige, il n’est pas aisé de décider la question. Ces copies alors ne servent au maître que comme des tableaux ébauchés qu’il veut terminer. Si l’on pouvoit confronter ces belles copies avec les premiers originaux, il n’y a aucun doute que ces derniers ne l’emportassent sur les autres.
Il y a encore des copies plus parfaites que ces dernieres, ce sont celles qui sont entierement faites de la main du maître, alors il n’est pas possible de les distinguer, le maître seul peut en décider s’il est vivant, ce sont de seconds originaux dont ne peut juger que par comparaison. Il est certain que dans une confrontation, les premiers originaux se distingueront par beaucoup plus de délicatesse, plus d’esprit, plus de finesse, une touche plus franche dans les contours & dans la premiere ébauche dont on entrevoit toujours quelque chose, en un mot un certain je ne sçai quoi qu’on apperçoit & où le maître ne peut jamais revenir du second coup. Hyacinthe Rigaud, par exemple, a fait de nos jours tout de sa main de celles copies des grands portraits de Louis XIV & de Philippe V qui sans contredit sont de seconds originaux, mais moins précieux que les premiers.
Les copies faites d’après d’autres copies que l’on nomme ici copies de copies, ne doivent trouver ici aucune place : on sent bien de quelle valeur peut être un ouvrage fait d’après un médiocre, ouvrage dont tout le mérite consiste à avoir bien imité les défauts d’un autre, & à les reproduire.
On ne doit point oublier ici les sujets répétés qui ne sont point des copies, & qui ne laissent pas d’être originaux. Souvent on demande à un maître qu’il recommence le même sujet sans y rien changer ; alors ce second tableau est original & pourra fort embarrasser le meilleur connoisseur. Il y a trois crucifix de Michel-Ange qui existent, l’un à Florence chez le Grand Duc, l’autre à Rome chez le Prince Borghese, & le troisiéme à Naples chez le Prieur des Chartreux. Comment juger de ces trois tableaux éloignés chacun de cinquante lieuës, comment les pouvoir comparer ?
RIGAUD, Hyacinthe, Portrait de Louis XIV, 1701, huile sur toile, 277 x 194, Paris, Musée du Louvre, INV. 7492.
RIGAUD, Hyacinthe, Portrait de Philippe V, roi d'Espagne, 1700, huile sur toile, 230 x 194, Versailles, Château de Versailles, VM 8493.
BASSANO, Francesco
BASSANO, Jacopo
MICHELANGELO (Michelangelo Buonarroti)
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
RIGAUD, Hyacinthe
RUBENS, Peter Paul
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
VAN DYCK, Antoon
VERONESE, Paolo (Paolo Caliari)
VOUET, Simon
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Quotation
COPIE. On appelle copie, l’imitation d’un tableau original. Il n’est pas toujours aisé de distinguer la copie de l’original. André Delsarte copia un tableau de Raphael qui trompa Jule Romain lui-même, qui avoit travaillé à ce tableau.
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Quotation
Le Génie doit donc avoir un appui pour s’élever & se soutenir, & cet appui est la nature. Il ne peut la créer, il ne doit point la détruire ; il ne peut donc que la suivre & l’imiter, & par conséquent tout ce qu’il produit ne peut être qu’imitation.
Imiter, c’est copier un modèle. Ce terme contient deux idées. I° le Prototype qui porte les traits qu’on veut imiter. 2° la Copie qui les représente. La Nature, c’est-à-dire tout ce qui est, ou comme nous concevons aisément comme possible, voilà le prototype ou le modèle des Arts. Il faut, comme nous venons de le dire, que l’industrieux imitateur ait toujours les yeux attachés sur elle, qu’il la contemple sans cesse : Pourquoi ? C’est qu’elle renferme tous les plans des ouvrages réguliers, & les desseins de tous les ornemens qui peuvent nous plaire. Les Arts ne créent point leurs règles : elles sont indépendants de leur caprice, & invariablement tracées dans l’exemple de la Nature.
Quelles sont donc les fonctions des Arts ? C’est de transposer les traits qui sont dans la Nature, & de les présenter dans des objets à qui ils ne sont point naturels. C’est ainsi que le ciseau du statuaire montre un héros dans un bloc de marbre. Le peintre par ses couleurs, fait sortir de la toile tous les objets visibles.