BASSANO, Jacopo ( v. 1518-1592 )

ISNI:0000000374441987 Getty:500003126

Quotation

Tho’ a Mass may consist of a Number of Little Parts, there ought to be one, or more, Larger, and as it were governing the rest, and this is another sort of Contrast. My Lord Burlington has a Good Samaritan by Bassau, which is a fine Instance of This. In the same Picture, there are two knees of two several Figures, pretty near together, and the Legs and Thighs of which make Angles too much alike, but this is contracted by one being Naked, and the other Clad, and over the latter, a little sort of Sash falls, which is an additional Expedient.

Quotation

Voici l’article le plus essentiel de la connoissance des tableaux ; c’est la distinction des copies d’avec les originaux. On peut envisager six sortes de copies : les copies serviles, les copies faciles qui ne sont pas fidèles, les copies fidèles, les copies un peu retouchées du maître, les copies entierement retouchées du maître, & celles qui sont toutes de sa main.
Les copies faites servilement & d’une main lourde & appésantie, quoique fidèles, paroissent telles aux yeux de tout le monde : il n’est pas difficile de se garantir contre leur incorrection, leur mauvais goût, & le froid qui y est répandu.
Les copies faciles, mais qui ne sont pas suivies fidèlement, par les traits de feu qui seront échappés au peintre, qui souvent dans l’exécution a conservé sa manière ordinaire, portent avec elles des preuves manifestes de leur fausseté ; les deux manieres ne se peuvent méconnoître, elles forment un ouvrage composé, c’est ce qu’on remarque dans les copies de Raphaël faites par Rubens.
Les copies fidéles qui partent d’une main facile & légére sont plus embarrassantes, & demandent une vraie connoissance. L’élégance de la touche d’un maître, sa vraie manière qu’il faut sçavoir par cœur, un certain esprit qui peut y manquer, doit vous conduire à décider ; celui qui a fait la copie y a sûrement mis du sien & cela suffit.
Les copies faites dans l’école d’un maître, & sous sa conduite ne sont pas les plus mauvaises. Ordinairement ils les retouchent en quelques endroits essentiels. Alors ces mêmes endroits font reconnoître le tableau pour ce qu’il est. Ce sont les copies les plus aisées à distinguer, elles se manifestent pas des touches élégantes qui brillent à travers le reste du tableau, & qui par la comparaison en devient plus froid.
Les copies entierement retouchées par le maître doivent être regardées comme de seconds originaux, moins beaux à la vérité que s’ils étoient entierement de sa main ; c’est ainsi que travailloient le Titien, les Bassan, Paul Veronese, Rubens, Vandick, Vouët & la plûpart des grands peintres. Lorsque plusieurs personnes leur demandent des copies d’un de leurs tableaux qui leur plaît, ils les font faire par leurs meilleurs éléves, ils les conduisent dans l’exécution, & comme ces copies sont faites dans leur attelier, ils les repassent par tout & souvent les repeignent entierement ; de cette manière l’ouvrage de l’éléve est tout recouvert, & comme on n’en apperçoit aucun vestige, il n’est pas aisé de décider la question. Ces copies alors ne servent au maître que comme des tableaux ébauchés qu’il veut terminer. Si l’on pouvoit confronter ces belles copies avec les premiers originaux, il n’y a aucun doute que ces derniers ne l’emportassent sur les autres.

Il y a encore des copies plus parfaites que ces dernieres, ce sont celles qui sont entierement faites de la main du maître, alors il n’est pas possible de les distinguer, le maître seul peut en décider s’il est vivant, ce sont de seconds originaux dont ne peut juger que par comparaison.
Il est certain que dans une confrontation, les premiers originaux se distingueront par beaucoup plus de délicatesse, plus d’esprit, plus de finesse, une touche plus franche dans les contours & dans la premiere ébauche dont on entrevoit toujours quelque chose, en un mot un certain je ne sçai quoi qu’on apperçoit & où le maître ne peut jamais revenir du second coup. Hyacinthe Rigaud, par exemple, a fait de nos jours tout de sa main de celles copies des grands portraits de Louis XIV & de Philippe V qui sans contredit sont de seconds originaux, mais moins précieux que les premiers.
Les copies faites d’après d’autres copies que l’on nomme ici copies de copies, ne doivent trouver ici aucune place : on sent bien de quelle valeur peut être un ouvrage fait d’après un médiocre, ouvrage dont tout le mérite consiste à avoir bien imité les défauts d’un autre, & à les reproduire.
On ne doit point oublier ici les sujets répétés qui ne sont point des copies, & qui ne laissent pas d’être originaux. Souvent on demande à un maître qu’il recommence le même sujet sans y rien changer ; alors ce second tableau est original & pourra fort embarrasser le meilleur connoisseur. Il y a trois crucifix de Michel-Ange qui existent, l’un à Florence chez le Grand Duc, l’autre à Rome chez le Prince Borghese, & le troisiéme à Naples chez le Prieur des Chartreux. Comment juger de ces trois tableaux éloignés chacun de cinquante lieuës, comment les pouvoir comparer ?

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Dans l’Allemagne du temps de l’Empereur Rodolphe, il y a eu des Sadelers, Gille, Jean, & Raphaël,  tous trois bons Graveurs, lesquels ont fait de si beaux Ouvrages, qu’il reste un regret en les voyans, qu’ils n’ayent esté du temps de Raphaël d’Urbin, car ils estoient à mon sens tres-capables de copier ou imiter ponctuellement toutes sortes de manieres, & d’exprimer és Tableaux la pluspart des tendresses du Colory, & aussi avec grande justesse & Art, les testes, pieds, mains, & autres petites parties qui y sont comprises, tesmoins de Jean & de Raphaël en ce qu’ils ont executé d’après M. de Vos, le Bassan & autres ; [...] & quantité d’autres [ndr : d’autres graveurs], lesquelles on peut dire estre merveilleusement bien gravée, & avec grande netteté, jugement & Art.

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L'habitude d'imiter les autres, nous conduit à nous copier nous-mêmes. L'idée de ce que nous avons peint, est toujours plus présente à notre esprit que l'idée de ce qu'ont peint les autres. C'est la première qui s'offre  aux Peintres qui cherchent la composition, & les figures des tableaux qu'ils ont entrepris plutôt dans leur mémoire que dans leur imagination. Les uns, comme le Bassan, se livrent de bonne foi à une répétition sincere de leurs ouvrages. Les autres, en voulant cacher les larcins qu'ils se font à eux-mêmes, reproduisent sur la Scene leur personnages déguisez, mais non pas méconnaissables, & ils rendent ainsi leurs larçins encore plus odieux. […]

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CXXXIII.
N’employez à aucune de ces choses [ndr : les fruits, les poissons, les reptiles, les oiseaux, les animaux, les figures et les fleurs] du Blanc de Plomb, il n’est propre qu’en Huile, & il noircit comme de l’Ancre, n’estant détrempé qu’à la Gomme, partïculierement si vous mettez vostre ouvrage dans un lieu humide ou avec des Parfuns, & la Ceruse de Venise est aussi fine, & d’un aussi grand blanc. De celuy-là, n’en épargnez pas l’usage, sur tout en ébauchant, & faites-en entrer dans tous vos meslanges, afin de leur donner un certain Corps qui empaste vostre ouvrage, & qui le fasse paroistre doux & moileux.

Le goust des Peintres est neanmoins different en ce point, les uns en employent un peu, d’autres point du tout ; mais la maniere de ceux-cy est maigre & seiche, les autres en mettent beaucoup, & c’est sans contredi la meilleure Methode & la plus usitée parmy les habiles Gens ; car outre qu’elle est prompte, c’est que l’on peut en s’en servant (ce qui seroit quasi impossible autrement) copier toutes sortes de Tableaux, nonobstant le sentiment contraire de quelques-uns, qui disent qu’en mignature l’on ne peut donner la Force & toutes les differentes Teintes qu’on void dans les Pieces en Huile, ce qui n’est pas vray, du moins pour les bons Peintres, & les effets le prouvent assez ; car il se void des Figures, des Païsages, des Portraits, & toute autre chose en mignature, touchez d’une aussi grande maniere, aussi vraye & aussi noble, quoy que plus mignonne & delicate qu’en huile.

Je sçay pourtant que cette Peinture a ses avantages, quand ce ne seroit que celuy de rendre plus d’ouvrage, & de consommer moins de temps, elle se deffend mieux aussi contre ses injures, & il faut encore luy ceder le droit d’Ainesse & la gloire de l’Antiquité.
Mais aussi la Mignature a les siens, & sans repeter ceux que j’ay déja montrez, elle est plus propre & plus commode, l’on porte aisément tout son Attirail dans sa poche, vous travaillez par tout quand il vous plaist, sans tant de preparatifs, vous pouvez la quitter & la reprendre quand & autant de fois que vous voulez, ce qui ne se fait pas à la premiere, où l’on ne doit guere travailler à sec.
Mais remarquez qu’il est de l’une & de l’autre, comme de la Comedie, dans laquelle la plus grande ou la moindre perfection des Acteurs ne consiste pas à faire les hauts ou les bas Rolles, mais à faire extremement bien ceux qu’ils font, car si celuy qui aura le dernier personnage, s’en acquitte mieux qu’un autre de celuy de Heraut, il meritera sans doute plus d’approbation & de loüange.
C’est la mesme chose dans l’Art de Peindre, son excellence n’est pas attachée à la Noblesse d’un sujet ; mais à la maniere dont on le traite, avez-vous talent pour celuy-cy, ne vous jettez pas inconsiderément dans celuy-là, & si vous avez receu du Ciel quelque étincelle de ce beau Feu, connoissez pourquoy il vous est donné, & faites-vous-y un chemin facile ; les uns prendront bien les differens airs du Teste, les autres réussiront mieux en Païsages, ceux-cy travaillent en petit, qui ne le pourroient faire en grand, ceux-là sont bons Coloristes, & ne possedent pas le Dessein, d’autres enfin n’ont du Genie que pour les Fleurs : Et les Bassans mémes, se sont acquis un nom par les Animaux, qu’ils ont touchez de tres-bonne maniere, & mieux que toute autre chose.
C’est pour dire que chacun se doit contenter de sa Verve, sans vouloir se revétir du talent d’autruy, […].

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Apres a paru le Tintoret, Paul Veronnoze, le Bassan, & plusieurs autres, tant à Venise, Florence, Rome, qu’en divers lieux de l’Italie ; Ceux-cy ou du moins une bonne partie, ne se sont pas tant attachez au naturel, & à des manieres de Peindre si finies, mais au contraire à des Croquées ou artistement touchées.

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Tho’ a Mass may consist of a Number of Little Parts, there ought to be one, or more, Larger, and as it were governing the rest, and this is another sort of Contrast. My Lord Burlington has a Good Samaritan by Bassau, which is a fine Instance of This. In the same Picture, there are two knees of two several Figures, pretty near together, and the Legs and Thighs of which make Angles too much alike, but this is contracted by one being Naked, and the other Clad, and over the latter, a little sort of Sash falls, which is an additional Expedient.

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36 Wat helpet, of ick u altijt nae steenen
Oft coper wou wijsen te conterfeyten,
Den const-rijcken Bassaen, die den alleenen {’T Beest schilderen van Bassano tot Exempel gepresen.}
Voorgangh heeft in Beesten, en wien dat gheenen
Hier in beneven is in digniteyten,
Zijn ghelockte Schapen, en ruyghe Geyten,
Voghels, Visschen, Fruyten, materialen,
Deed’ hy nae t’leven, want hier ist te halen.

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39 Onder al die nachten pleghen te stichten
Van verwen op Tafereelen figuerlijck,
Met stralighe wederglansende lichten,
Con den ouden Bassano de ghesichten {Den ouden Bassan was uytnemende van nachten te schilderen, en aerdich te reflexeren.}
Wtnemende wel bedrieghen natuerlijck :
Want het schijnt datmen siet voor ooghen puerlijck
Vlammen, Toortsen, brandende lampen hanghen,
En Potten en Ketels t’weerschijn ontfanghen.

 
40 Coperen, Tennen, Yseren gheruchten,
Ghelockte Schapen, en alderley Dieren,
De boodtschap der Herders, Egyptsche vluchten,
Verscheyden nacht-stucken, aerdighe cluchten
Van Beelden, die t’werck oock gracy toestieren,
Olyverwe doecken, vreemt om versieren,
Sietmen wel ghedaen veerdich, als in spele,
Van desen wel verwenden Dorpman vele.

 
41 Summa hoe hoogh desen Man is gaen stappen
Om constich Reflexy wel uyt te drucken
Ten heeft niet alleen faem in veel Landschappen,
Maer oock den goudt-proever Battus gaen clappen:
Want in ’t hooft der steden ick by ghelucken
{Dese stuckskens sach ick te Room, en waren gheschildert op platen van soetsteen.}
Quam te sien eenighe Passy nacht-stucken
Waer in t’steens grondt t’diepsel was menichvuldich
En des lichts stralen van een stecksken guldich.

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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 313
39. Le profil de Michel-Ange, le coloris de Raphaël, l'invention et la hardiesse du Parmesan, & les nuits du Bassan font un Peintre l'Idée des bons Peintres. Ce sont les quatre elements d'un parfait Peintre.

Quotation

Les copies entierement retouchées par le maître doivent être regardées comme de seconds originaux, moins beaux à la vérité que s’ils étoient entierement de sa main ; c’est ainsi que travailloient le Titien, les Bassan, Paul Veronese, Rubens, Vandick, Vouët & la plûpart des grands peintres. Lorsque plusieurs personnes leur demandent des copies d’un de leurs tableaux qui leur plaît, ils les font faire par leurs meilleurs éléves, ils les conduisent dans l’exécution, & comme ces copies sont faites dans leur attelier, ils les repassent par tout & souvent les repeignent entierement ; de cette manière l’ouvrage de l’éléve est tout recouvert, & comme on n’en apperçoit aucun vestige, il n’est pas aisé de décider la question. Ces copies alors ne servent au maître que comme des tableaux ébauchés qu’il veut terminer. Si l’on pouvoit confronter ces belles copies avec les premiers originaux, il n’y a aucun doute que ces derniers ne l’emportassent sur les autres.

Il y a encore des copies plus parfaites que ces dernieres, ce sont celles qui sont entierement faites de la main du maître, alors il n’est pas possible de les distinguer, le maître seul peut en décider s’il est vivant, ce sont de seconds originaux dont ne peut juger que par comparaison.
Il est certain que dans une confrontation, les premiers originaux se distingueront par beaucoup plus de délicatesse, plus d’esprit, plus de finesse, une touche plus franche dans les contours & dans la premiere ébauche dont on entrevoit toujours quelque chose, en un mot un certain je ne sçai quoi qu’on apperçoit & où le maître ne peut jamais revenir du second coup. Hyacinthe Rigaud, par exemple, a fait de nos jours tout de sa main de celles copies des grands portraits de Louis XIV & de Philippe V qui sans contredit sont de seconds originaux, mais moins précieux que les premiers. [...] On ne doit point oublier ici les sujets répétés qui ne sont point des copies, & qui ne laissent pas d’être originaux. Souvent on demande à un maître qu’il recommence le même sujet sans y rien changer ; alors ce second tableau est original & pourra fort embarrasser le meilleur connoisseur. Il y a trois crucifix de Michel-Ange qui existent, l’un à Florence chez le Grand Duc, l’autre à Rome chez le Prince Borghese, & le troisiéme à Naples chez le Prieur des Chartreux. Comment juger de ces trois tableaux éloignés chacun de cinquante lieuës, comment les pouvoir comparer ?

Quotation

La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 313
39. Le profil de Michel-Ange, le coloris de Raphaël, l'invention et la hardiesse du Parmesan, & les nuits du Bassan font un Peintre l'Idée des bons Peintres. Ce sont les quatre elements d'un parfait Peintre.

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PASTICHE. On appelle pastiches certains tableaux d’imitation dans lesquels l’Auteur a contrefait la maniere de quelque Peintre, ses touches, son goût de dessein, son coloris. 
Les Italiens appellent ces ouvrages
pastici, d’où nous avons fait pastiches : ces tableaux ne sont proprement ni originaux ni copies. 
Lucas Jordans, & David Teniers, excelloient si parfaitement dans ce genre de peinture, que leurs ouvrages en ont imposé aux plus habiles connoisseurs. Charle II. Roi d’Espagne, qui avoit attiré Jordans à la Cour, lui montrant un jour un tableau de Jâque Bassan, parut être fâché de n’en avoir pas le pendant : Jordans en fit un, où il imita si parfaitement la maniere de ce Peintre, qu’on le prit pour un ouvrage du Bassan.

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PASTICHE. On appelle pastiches certains tableaux d’imitation dans lesquels l’Auteur a contrefait la maniere de quelque Peintre, ses touches, son goût de dessein, son coloris. 
Les Italiens appellent ces ouvrages
pastici, d’où nous avons fait pastiches : ces tableaux ne sont proprement ni originaux ni copies. 
Lucas Jordans, & David Teniers, excelloient si parfaitement dans ce genre de peinture, que leurs ouvrages en ont imposé aux plus habiles connoisseurs. Charle II. Roi d’Espagne, qui avoit attiré Jordans à la Cour, lui montrant un jour un tableau de Jâque Bassan, parut être fâché de n’en avoir pas le pendant : Jordans en fit un, où il imita si parfaitement la maniere de ce Peintre, qu’on le prit pour un ouvrage du Bassan.

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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 313
39. Le profil de Michel-Ange, le coloris de Raphaël, l'invention et la hardiesse du Parmesan, & les nuits du Bassan font un Peintre l'Idée des bons Peintres. Ce sont les quatre elements d'un parfait Peintre.

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39 Onder al die nachten pleghen te stichten
Van verwen op Tafereelen figuerlijck,
Met stralighe wederglansende lichten,
Con den ouden Bassano de ghesichten {Den ouden Bassan was uytnemende van nachten te schilderen, en aerdich te reflexeren.}
Wtnemende wel bedrieghen natuerlijck :
Want het schijnt datmen siet voor ooghen puerlijck
Vlammen, Toortsen, brandende lampen hanghen,
En Potten en Ketels t’weerschijn ontfanghen.

 
40 Coperen, Tennen, Yseren gheruchten,
Ghelockte Schapen, en alderley Dieren,
De boodtschap der Herders, Egyptsche vluchten,
Verscheyden nacht-stucken, aerdighe cluchten
Van Beelden, die t’werck oock gracy toestieren,
Olyverwe doecken, vreemt om versieren,
Sietmen wel ghedaen veerdich, als in spele,
Van desen wel verwenden Dorpman vele.

Quotation

39 Onder al die nachten pleghen te stichten
Van verwen op Tafereelen figuerlijck,
Met stralighe wederglansende lichten,
Con den ouden Bassano de ghesichten {Den ouden Bassan was uytnemende van nachten te schilderen, en aerdich te reflexeren.}
Wtnemende wel bedrieghen natuerlijck :
Want het schijnt datmen siet voor ooghen puerlijck
Vlammen, Toortsen, brandende lampen hanghen,
En Potten en Ketels t’weerschijn ontfanghen.

 
40 Coperen, Tennen, Yseren gheruchten,
Ghelockte Schapen, en alderley Dieren,
De boodtschap der Herders, Egyptsche vluchten,
Verscheyden nacht-stucken, aerdighe cluchten
Van Beelden, die t’werck oock gracy toestieren,
Olyverwe doecken, vreemt om versieren,
Sietmen wel ghedaen veerdich, als in spele,
Van desen wel verwenden Dorpman vele.

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39 Onder al die nachten pleghen te stichten
Van verwen op Tafereelen figuerlijck,
Met stralighe wederglansende lichten,
Con den ouden Bassano de ghesichten {Den ouden Bassan was uytnemende van nachten te schilderen, en aerdich te reflexeren.}
Wtnemende wel bedrieghen natuerlijck :
Want het schijnt datmen siet voor ooghen puerlijck
Vlammen, Toortsen, brandende lampen hanghen,
En Potten en Ketels t’weerschijn ontfanghen.

Quotation

39 Onder al die nachten pleghen te stichten
Van verwen op Tafereelen figuerlijck,
Met stralighe wederglansende lichten,
Con den ouden Bassano de ghesichten {Den ouden Bassan was uytnemende van nachten te schilderen, en aerdich te reflexeren.}
Wtnemende wel bedrieghen natuerlijck :
Want het schijnt datmen siet voor ooghen puerlijck
Vlammen, Toortsen, brandende lampen hanghen,
En Potten en Ketels t’weerschijn ontfanghen.

 
40 Coperen, Tennen, Yseren gheruchten,
Ghelockte Schapen, en alderley Dieren,
De boodtschap der Herders, Egyptsche vluchten,
Verscheyden nacht-stucken, aerdighe cluchten
Van Beelden, die t’werck oock gracy toestieren,
Olyverwe doecken, vreemt om versieren,
Sietmen wel ghedaen veerdich, als in spele,
Van desen wel verwenden Dorpman vele.

Quotation

39 Onder al die nachten pleghen te stichten
Van verwen op Tafereelen figuerlijck,
Met stralighe wederglansende lichten,
Con den ouden Bassano de ghesichten {Den ouden Bassan was uytnemende van nachten te schilderen, en aerdich te reflexeren.}
Wtnemende wel bedrieghen natuerlijck :
Want het schijnt datmen siet voor ooghen puerlijck
Vlammen, Toortsen, brandende lampen hanghen,
En Potten en Ketels t’weerschijn ontfanghen.

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36 Wat helpet, of ick u altijt nae steenen
Oft coper wou wijsen te conterfeyten,
Den const-rijcken Bassaen, die den alleenen {’T Beest schilderen van Bassano tot Exempel gepresen.}
Voorgangh heeft in Beesten, en wien dat gheenen
Hier in beneven is in digniteyten,
Zijn ghelockte Schapen, en ruyghe Geyten,
Voghels, Visschen, Fruyten, materialen,
Deed’ hy nae t’leven, want hier ist te halen.

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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 313
39. Le profil de Michel-Ange, le coloris de Raphaël, l'invention et la hardiesse du Parmesan, & les nuits du Bassan font un Peintre l'Idée des bons Peintres. Ce sont les quatre elements d'un parfait Peintre.

Quotation

Apres a paru le Tintoret, Paul Veronnoze, le Bassan, & plusieurs autres, tant à Venise, Florence, Rome, qu’en divers lieux de l’Italie ; Ceux-cy ou du moins une bonne partie, ne se sont pas tant attachez au naturel, & à des manieres de Peindre si finies, mais au contraire à des Croquées ou artistement touchées.

Quotation

Dans l’Allemagne du temps de l’Empereur Rodolphe, il y a eu des Sadelers, Gille, Jean, & Raphaël,  tous trois bons Graveurs, lesquels ont fait de si beaux Ouvrages, qu’il reste un regret en les voyans, qu’ils n’ayent esté du temps de Raphaël d’Urbin, car ils estoient à mon sens tres-capables de copier ou imiter ponctuellement toutes sortes de manieres, & d’exprimer és Tableaux la pluspart des tendresses du Colory, & aussi avec grande justesse & Art, les testes, pieds, mains, & autres petites parties qui y sont comprises, tesmoins de Jean & de Raphaël en ce qu’ils ont executé d’après M. de Vos, le Bassan & autres ; [...] & quantité d’autres [ndr : d’autres graveurs], lesquelles on peut dire estre merveilleusement bien gravée, & avec grande netteté, jugement & Art.

Quotation

CXXXIII.
N’employez à aucune de ces choses [ndr : les fruits, les poissons, les reptiles, les oiseaux, les animaux, les figures et les fleurs] du Blanc de Plomb, il n’est propre qu’en Huile, & il noircit comme de l’Ancre, n’estant détrempé qu’à la Gomme, partïculierement si vous mettez vostre ouvrage dans un lieu humide ou avec des Parfuns, & la Ceruse de Venise est aussi fine, & d’un aussi grand blanc. De celuy-là, n’en épargnez pas l’usage, sur tout en ébauchant, & faites-en entrer dans tous vos meslanges, afin de leur donner un certain Corps qui empaste vostre ouvrage, & qui le fasse paroistre doux & moileux.

Le goust des Peintres est neanmoins different en ce point, les uns en employent un peu, d’autres point du tout ; mais la maniere de ceux-cy est maigre & seiche, les autres en mettent beaucoup, & c’est sans contredi la meilleure Methode & la plus usitée parmy les habiles Gens ; car outre qu’elle est prompte, c’est que l’on peut en s’en servant (ce qui seroit quasi impossible autrement) copier toutes sortes de Tableaux, nonobstant le sentiment contraire de quelques-uns, qui disent qu’en mignature l’on ne peut donner la Force & toutes les differentes Teintes qu’on void dans les Pieces en Huile, ce qui n’est pas vray, du moins pour les bons Peintres, & les effets le prouvent assez ; car il se void des Figures, des Païsages, des Portraits, & toute autre chose en mignature, touchez d’une aussi grande maniere, aussi vraye & aussi noble, quoy que plus mignonne & delicate qu’en huile.

Je sçay pourtant que cette Peinture a ses avantages, quand ce ne seroit que celuy de rendre plus d’ouvrage, & de consommer moins de temps, elle se deffend mieux aussi contre ses injures, & il faut encore luy ceder le droit d’Ainesse & la gloire de l’Antiquité.
Mais aussi la Mignature a les siens, & sans repeter ceux que j’ay déja montrez, elle est plus propre & plus commode, l’on porte aisément tout son Attirail dans sa poche, vous travaillez par tout quand il vous plaist, sans tant de preparatifs, vous pouvez la quitter & la reprendre quand & autant de fois que vous voulez, ce qui ne se fait pas à la premiere, où l’on ne doit guere travailler à sec.
Mais remarquez qu’il est de l’une & de l’autre, comme de la Comedie, dans laquelle la plus grande ou la moindre perfection des Acteurs ne consiste pas à faire les hauts ou les bas Rolles, mais à faire extremement bien ceux qu’ils font, car si celuy qui aura le dernier personnage, s’en acquitte mieux qu’un autre de celuy de Heraut, il meritera sans doute plus d’approbation & de loüange.
C’est la mesme chose dans l’Art de Peindre, son excellence n’est pas attachée à la Noblesse d’un sujet ; mais à la maniere dont on le traite, avez-vous talent pour celuy-cy, ne vous jettez pas inconsiderément dans celuy-là, & si vous avez receu du Ciel quelque étincelle de ce beau Feu, connoissez pourquoy il vous est donné, & faites-vous-y un chemin facile ; les uns prendront bien les differens airs du Teste, les autres réussiront mieux en Païsages, ceux-cy travaillent en petit, qui ne le pourroient faire en grand, ceux-là sont bons Coloristes, & ne possedent pas le Dessein, d’autres enfin n’ont du Genie que pour les Fleurs : Et les Bassans mémes, se sont acquis un nom par les Animaux, qu’ils ont touchez de tres-bonne maniere, & mieux que toute autre chose.
C’est pour dire que chacun se doit contenter de sa Verve, sans vouloir se revétir du talent d’autruy, […].

Quotation

Tho’ a Mass may consist of a Number of Little Parts, there ought to be one, or more, Larger, and as it were governing the rest, and this is another sort of Contrast. My Lord Burlington has a Good Samaritan by Bassau, which is a fine Instance of This. In the same Picture, there are two knees of two several Figures, pretty near together, and the Legs and Thighs of which make Angles too much alike, but this is contracted by one being Naked, and the other Clad, and over the latter, a little sort of Sash falls, which is an additional Expedient.

Quotation

L'habitude d'imiter les autres, nous conduit à nous copier nous-mêmes. L'idée de ce que nous avons peint, est toujours plus présente à notre esprit que l'idée de ce qu'ont peint les autres. C'est la première qui s'offre  aux Peintres qui cherchent la composition, & les figures des tableaux qu'ils ont entrepris plutôt dans leur mémoire que dans leur imagination. Les uns, comme le Bassan, se livrent de bonne foi à une répétition sincere de leurs ouvrages. Les autres, en voulant cacher les larcins qu'ils se font à eux-mêmes, reproduisent sur la Scene leur personnages déguisez, mais non pas méconnaissables, & ils rendent ainsi leurs larçins encore plus odieux. […]

Quotation

Voici l’article le plus essentiel de la connoissance des tableaux ; c’est la distinction des copies d’avec les originaux. On peut envisager six sortes de copies : les copies serviles, les copies faciles qui ne sont pas fidèles, les copies fidèles, les copies un peu retouchées du maître, les copies entierement retouchées du maître, & celles qui sont toutes de sa main.
Les copies faites servilement & d’une main lourde & appésantie, quoique fidèles, paroissent telles aux yeux de tout le monde : il n’est pas difficile de se garantir contre leur incorrection, leur mauvais goût, & le froid qui y est répandu.
Les copies faciles, mais qui ne sont pas suivies fidèlement, par les traits de feu qui seront échappés au peintre, qui souvent dans l’exécution a conservé sa manière ordinaire, portent avec elles des preuves manifestes de leur fausseté ; les deux manieres ne se peuvent méconnoître, elles forment un ouvrage composé, c’est ce qu’on remarque dans les copies de Raphaël faites par Rubens.
Les copies fidéles qui partent d’une main facile & légére sont plus embarrassantes, & demandent une vraie connoissance. L’élégance de la touche d’un maître, sa vraie manière qu’il faut sçavoir par cœur, un certain esprit qui peut y manquer, doit vous conduire à décider ; celui qui a fait la copie y a sûrement mis du sien & cela suffit.
Les copies faites dans l’école d’un maître, & sous sa conduite ne sont pas les plus mauvaises. Ordinairement ils les retouchent en quelques endroits essentiels. Alors ces mêmes endroits font reconnoître le tableau pour ce qu’il est. Ce sont les copies les plus aisées à distinguer, elles se manifestent pas des touches élégantes qui brillent à travers le reste du tableau, & qui par la comparaison en devient plus froid.
Les copies entierement retouchées par le maître doivent être regardées comme de seconds originaux, moins beaux à la vérité que s’ils étoient entierement de sa main ; c’est ainsi que travailloient le Titien, les Bassan, Paul Veronese, Rubens, Vandick, Vouët & la plûpart des grands peintres. Lorsque plusieurs personnes leur demandent des copies d’un de leurs tableaux qui leur plaît, ils les font faire par leurs meilleurs éléves, ils les conduisent dans l’exécution, & comme ces copies sont faites dans leur attelier, ils les repassent par tout & souvent les repeignent entierement ; de cette manière l’ouvrage de l’éléve est tout recouvert, & comme on n’en apperçoit aucun vestige, il n’est pas aisé de décider la question. Ces copies alors ne servent au maître que comme des tableaux ébauchés qu’il veut terminer. Si l’on pouvoit confronter ces belles copies avec les premiers originaux, il n’y a aucun doute que ces derniers ne l’emportassent sur les autres.

Il y a encore des copies plus parfaites que ces dernieres, ce sont celles qui sont entierement faites de la main du maître, alors il n’est pas possible de les distinguer, le maître seul peut en décider s’il est vivant, ce sont de seconds originaux dont ne peut juger que par comparaison.
Il est certain que dans une confrontation, les premiers originaux se distingueront par beaucoup plus de délicatesse, plus d’esprit, plus de finesse, une touche plus franche dans les contours & dans la premiere ébauche dont on entrevoit toujours quelque chose, en un mot un certain je ne sçai quoi qu’on apperçoit & où le maître ne peut jamais revenir du second coup. Hyacinthe Rigaud, par exemple, a fait de nos jours tout de sa main de celles copies des grands portraits de Louis XIV & de Philippe V qui sans contredit sont de seconds originaux, mais moins précieux que les premiers.
Les copies faites d’après d’autres copies que l’on nomme ici copies de copies, ne doivent trouver ici aucune place : on sent bien de quelle valeur peut être un ouvrage fait d’après un médiocre, ouvrage dont tout le mérite consiste à avoir bien imité les défauts d’un autre, & à les reproduire.
On ne doit point oublier ici les sujets répétés qui ne sont point des copies, & qui ne laissent pas d’être originaux. Souvent on demande à un maître qu’il recommence le même sujet sans y rien changer ; alors ce second tableau est original & pourra fort embarrasser le meilleur connoisseur. Il y a trois crucifix de Michel-Ange qui existent, l’un à Florence chez le Grand Duc, l’autre à Rome chez le Prince Borghese, & le troisiéme à Naples chez le Prieur des Chartreux. Comment juger de ces trois tableaux éloignés chacun de cinquante lieuës, comment les pouvoir comparer ?

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Les copies entierement retouchées par le maître doivent être regardées comme de seconds originaux, moins beaux à la vérité que s’ils étoient entierement de sa main ; c’est ainsi que travailloient le Titien, les Bassan, Paul Veronese, Rubens, Vandick, Vouët & la plûpart des grands peintres. Lorsque plusieurs personnes leur demandent des copies d’un de leurs tableaux qui leur plaît, ils les font faire par leurs meilleurs éléves, ils les conduisent dans l’exécution, & comme ces copies sont faites dans leur attelier, ils les repassent par tout & souvent les repeignent entierement ; de cette manière l’ouvrage de l’éléve est tout recouvert, & comme on n’en apperçoit aucun vestige, il n’est pas aisé de décider la question. Ces copies alors ne servent au maître que comme des tableaux ébauchés qu’il veut terminer. Si l’on pouvoit confronter ces belles copies avec les premiers originaux, il n’y a aucun doute que ces derniers ne l’emportassent sur les autres.

Il y a encore des copies plus parfaites que ces dernieres, ce sont celles qui sont entierement faites de la main du maître, alors il n’est pas possible de les distinguer, le maître seul peut en décider s’il est vivant, ce sont de seconds originaux dont ne peut juger que par comparaison.
Il est certain que dans une confrontation, les premiers originaux se distingueront par beaucoup plus de délicatesse, plus d’esprit, plus de finesse, une touche plus franche dans les contours & dans la premiere ébauche dont on entrevoit toujours quelque chose, en un mot un certain je ne sçai quoi qu’on apperçoit & où le maître ne peut jamais revenir du second coup. Hyacinthe Rigaud, par exemple, a fait de nos jours tout de sa main de celles copies des grands portraits de Louis XIV & de Philippe V qui sans contredit sont de seconds originaux, mais moins précieux que les premiers. [...] On ne doit point oublier ici les sujets répétés qui ne sont point des copies, & qui ne laissent pas d’être originaux. Souvent on demande à un maître qu’il recommence le même sujet sans y rien changer ; alors ce second tableau est original & pourra fort embarrasser le meilleur connoisseur. Il y a trois crucifix de Michel-Ange qui existent, l’un à Florence chez le Grand Duc, l’autre à Rome chez le Prince Borghese, & le troisiéme à Naples chez le Prieur des Chartreux. Comment juger de ces trois tableaux éloignés chacun de cinquante lieuës, comment les pouvoir comparer ?

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PASTICHE. On appelle pastiches certains tableaux d’imitation dans lesquels l’Auteur a contrefait la maniere de quelque Peintre, ses touches, son goût de dessein, son coloris. 
Les Italiens appellent ces ouvrages
pastici, d’où nous avons fait pastiches : ces tableaux ne sont proprement ni originaux ni copies. 
Lucas Jordans, & David Teniers, excelloient si parfaitement dans ce genre de peinture, que leurs ouvrages en ont imposé aux plus habiles connoisseurs. Charle II. Roi d’Espagne, qui avoit attiré Jordans à la Cour, lui montrant un jour un tableau de Jâque Bassan, parut être fâché de n’en avoir pas le pendant : Jordans en fit un, où il imita si parfaitement la maniere de ce Peintre, qu’on le prit pour un ouvrage du Bassan.