MARSY, François-Marie de, Dictionnaire abrégé de peinture et d'architecture où l'on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres & des architectes célèbres, & une description succinte des plus beaux ouvrages de peinture, d'architecture & de sculpture, soit antiques, soit modernes, Paris - Nevers, Nyon fils - Barrois, 1746, 2 vol., vol. II.
Après avoir quitté l'ordre jésuite en 1738, de Marsy oriente complètement son activité vers la compilation, la traduction et l'édition dans des domaines très divers.
En 1746, il publie en deux volumes un Dictionnaire abrégé de peinture et d'architecture. Cet ouvrage devient ainsi le premier véritable dictionnaire du XVIIIe siècle, consacré exclusivement aux arts, avant ceux de Jacques Lacombe (Dictionnaire portatif des beaux-arts ou abrégé de ce qui concerne l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie et la musique, avec La définition de ces Arts, l'explication des Termes & des choses qui leur appartiennent, Paris, Estienne, Herissant, 1752), d'Antoine-Joseph Pernety (Dictionnaire portatif de peinture, sculpture, gravure, avec un Traité pratique des différentes manières de peindre, Paris, Bauche, 1757) et bien sûr l'encyclopédie de Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque (Encyclopédie méthodique des Beaux-Arts, Paris, Panckoucke, 1788-1791).
Le Dictionnaire de Marsy (en deux volumes) fait ainsi directement suite au dictionnaire que Félibien publie dans ses Principes de l'Architecture, de la Sculpture et la Peinture (Paris, Coignard, 1676), mais en développant considérablement le nombre de termes. De Marsy prend d'ailleurs de la distance par rapport à ce premier dictionnaire, dont il souligne les erreurs à de nombreuses reprises. En revanche, comme on pouvait s'y attendre, il fait très fréquemment référence à Dufresnoy et à son De Arte graphica, à De Piles (sans citer sa source avec précision) et à son poème, le Pictura Carmen, rédigé peu d'années auparavant.
Son éloge est publiée en 1768 par Guillaume Nicolas Desprez (1713-1795).
Michèle-Caroline Heck
MARSY, François-Marie de, Dictionnaire abregé de peinture et d'architecture où l'on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres & des architectes célèbres, & une description succinte des plus beaux ouvrages de peinture, d'architecture & de sculpture, soit antiques, soit modernes, Genève, Minkoff Reprint, 1972, 2 vol..
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QUOTATIONS
NATURE, NATUREL. On dit peindre sur le naturel, dessiner sur le naturel, figures grandes comme le naturel, plus grandes que le naturel, peindre d’après nature.
NOIR, couleur pésante, terrestre & fort sensible. Les noirs dispensés à propos, font un bel effet sur le devant du tableau, & donnent beaucoup de relief aux figures.
Le noir de fumée est le plus beau noir que les Peintres puissent employer.
On en fait avec de la térebentine, de la poix résine, du charbon de terre, & d’autres matieres semblables, que l’on brûle sur un fourneau, au-dessus duquel il y a un vaisseau en forme d’entonnoir renversé & sans tuyau, dont les parois, qui sont tapissés d’une peau de mouton, reçoivent la fumée.
Le noir est une couleur artificielle. Les Peintres & les Teinturiers n’en ont point encore trouvé de naturel.
NUANCE, NUANCER, NUER.
On appelle nuances ces dégrés presqu’imperceptibles d’augmentation ou de diminution qu’a une couleur, ces passages du clair à l’obscur, & de l’obsur au clair.
Nuancer ou nuer, c’est imiter avec la laine ou avec la soie ces degrés & ces passages.
Nuance signifie encore mêlange & assortiment de couleurs.
Nuancer & nuer signifient aussi quelquefois mêler & assortir. Ils ne se disent que des tapisseries & des autres ouvrages de laine ou de soie. Le mot de nuance est même assez peu usité chez les Peintres. On ne dit guéres les nuances d’un tableau, les nuances des couleurs. Il est beaucoup plus pittoresque de dire, le ton des couleurs.
NUD, NUDITÉ, le premier est substantif comme le second, dessiner sur le nud.
Le nud des figures : les draperies doivent suivre le nud ; on entend par ce mot les parties nües qui representent la forme & les contours du corps humain.
On appelle nudités la representation de certaines parties que la modestie doit tenir cachées.
Les nudités de l’Albane.
OCRE. Terre jaune qu’on tire des mines de cuivre & de plomb.
L’ocre jaune calcinée au feu devient rouge. On trouve aussi dans certaines mines une ocre rouge naturelle : on en apporte d’Angleterre, & on l’appelle rouge brun ou rouge d’Angleterre.
L’ocre de rut est d’un jaune plus foncé que l’ocre ordinaire : on la tire des mines de fer. C’est une couleur fort terrestre & fort pesantes ; elle rougit aussi au feu.
OMBRE, (Terre d’) c’est le nom d’une couleur fort brune dont les Peintres se servent principalement pour faire des ombres.
ORDONNANCE, se dit en Architecture comme en Peinture, de la disposition des parties. Une belle ordonnance ; une mauvaise ordonnance.
Raphaël & le Poussin, avoient dans leurs tableaux la plus belle ordonnance.
ORIGINAL, son opposé est copie.
Tableau original ; un original : il peut y avoir deux ou trois originaux sur un même sujet. Les Peintres ont souvent répété leurs ouvrages : le Titien a répété jusqu’à huit fois le méme tableau.
Mr de Piles s’est servi du mot d’originalité dans cette phrase : il y a des choses qui semblent favoriser l’originalité d’un ouvrage.
ORNEMENT. En Peinture on appelle ornemens, tout ce qui sert à donner du relief à un tableau, à l’embellir, à le faire valoir.
Les ornemens doivent être semés avec discrétion, & avec une sorte d’économie ; sans cela un Peintre mériteroit le reproche qu’Apelle fit un jour à un de ses disciples, qui ayant fait un tableau d’Helene, l’avoit chargée d’or & de pierreries ; n’ayant pû la faire belle, lui dit Apelle, vous l’avez fait fait riche.
ORPIMENT ou ORPIN, en latin auripigmentum, est un minéral qui donne un très-beau jaune ; il se trouve dans les mines d’or ou d’argent : c’est un poison très subtil.
L’orpiment rougit au feu, & se change en sandaraque.
Le plus bel orpiment est celui dont la couleur tire sur l’or, [...]
L’orpiment rouge ou sandaraque est onctueux, & est de la moindre espéce : on croit qu’il y a des parties d’or dans l’orpin, & qu’il y a des parties d’or dans l’orpin, & qu’il y a des mines d’or dans les lieux où il se trouve : il y aussi de l’orpin blanc, qu’on appelle autrement arsenic.
On fait de l’orpin blanc artificiel, en mêlant du sel dans l’orpin naturel, & en le cuisant & le sublimant.
OUTREMER, bleu d’azur, qu’on fait avec le lapis lazuli, infusé dans du vinaigre blanc, & mêlé avec de l’huile de lin, de la cire blanche vierge, de la poix grecque, du mastic pulvérisé, & de la térébentine : on fait bouillir le tout. Il y a plusieurs autres façons de faire l’outremer.
L’outremer est une couleur très douce & très fuyante, & par cette raison très propre pour la mignature. Elle est très nécessaire pour toute sorte de Peinture : l’outremer est for cher. Dans le Salon d’Hercule, peint à Versailles par le Moine, il est entré pour le plafond seul, pour dix mille livres d’outremer.
Entre plusieurs manieres de faire l’outremer, voici une des meilleures recettes. [...]
PAISAGE, PAISAGISTE. Le païsage est un des principaux genres de Peinture, & renferme en racourci tous les autres.
On appelle païsages, le tableau qui représente un païsage.
L’art de faire ces représentations s’appelle encore païsage, & celui qui les fait se nomme Païsagiste.
Dans le païsage on distingue deux sortes de genres : le genre héroïque, & le genre pastoral.
Le païsage du genre heroïque est une composition formée sur ce que l’art & la nature offrent de plus majestueux, de plus rare & de plus frappant. Les sites en sont recherchés & surprenans, les fabriques grandes & magnifiques : ce ne sont que Temples, que Pyramides, & Obélisques, &c.
Le beau païsage du Poussin, connu sous le nom d’Arcadie, est un modéle en ce genre.
Le païsage du genre pastoral, est une représentation de la simple nature, telle qu’elle se montre sans fard, sans artifice, abandonnée pour ainsi dire à elle même ; on n’y voit que des objets communs, des troupeaux, des bergers, des arbres, des rochers, &c.
Pingit oves alius sata læta, virentia musco,
Gramina, pendentes summâ de rupe capellas,
Saltantes Dryadas, redeuntem ex urbe Nexram
Et vacuam Læta referenten vertice testam.
Pictura.
Les païsages ordinaires sont dans le genre pastoral.
PALETTE. Instrument de bois, de forme ovale avec une ouverture par le haut, pour y passer le pouce. Les Peintres mettent sur cet instrument les couleurs toutes préparées.
On dit de certains tableaux, qu’ils sentent la palette c’est-à-dire, que les couleurs n’en sont point assez vraies, que la nature y est mal caracterisée, & que l’on n’y trouve point cette parfaite imitation, seule capable de séduire & tromper les yeux, Ce qui doit être le premier but des Peintres.
Mr de Piles a dit en parlant de le Brun, « ses couleurs locales sont mauvaises, & il n’a point fait assez d’attention à donner par cette partie le véritable caractère à chaque objet : ce qui est la seule cause pour laquelle ses tableaux sentent toujours comme on dit la palette, & ne font point cette fidele sensation de la nature. »
PASSAGE. Les dégrés par lesquels on passe d’une teinte, d’une couleur à l’autre, s’appellent passages en terme de Peinture.
Les passages douvent être imperceptibles, & ménagés avec tant d’adresse, que les couleurs se perdent insensiblement l’une dans l’autre, & qu’il y ait entr’elles une espéce de milieu, qui participe également des deux couleurs.
Transitus umbrarum ad lucem, vel lucis ad umbras.
Dissimilandus erit, quiddam connectat utrumque
Participans ab utroque : diem noctem que tabellæ
Commissuræ habiles, & amæna crepuscula jungant.
Pictura Carmen.
Mr du Fresnoy a dit la même chose en des vers fort durs.
Non prœcipiti labentur in umbram
Clara gradu : nec adumbrata in clara alta repentè
Prorumpant : sed erit sensim hinc atque inde meatus
Lucis & umbrarum ...................
PASSION. Passion en Peinture se dit d’un mouvement du corps, accompagné de certains traits sur le visage qui marquent une agitation de l’ame. Il est des passions dont les mouvemens sont tendres, il en est d’autres dont les mouvemens sont violens.
Le Brun qui a excellé dans cette partie, a fait un traité des passions, avec des démonstrations des principaux traits qui servent à les caracteriser.
Chaque passion a ses caracteres : c’est au Peintre à choisir parmi ces divers caracteres, ceux qui sont les plus propres à toucher & à émouvoir les Spectateurs. Dans une même passion, il faut observer des différences ; la douleur d’un Roi, ne doit pas être la même que celle d’un homme de la lie du peuple, ni la fierté d’un soldat la même que celle d’un Général : c’est dans ces différences que consiste le vrai discernement des passions.
PASTEL, c’est une pâte qui se fait avec des couleurs broyées : on en compose des crayons de toute espéce, dont on se sert pour peindre sur de gros papier. Il ne faut pas confondre les crayons de pastel, avec les crayons ordinaires. Peindre en pastel ; portrait de pastel.
On appelle pastel l’ouvrage même qui est peint en pastel.
Un beau pastel ; un pastel de la Tour.
Comme les tableaux ont plus de sécheresse que les Peintures ordinaires, on les couvre ordinairement d’un verre pour attendrir les parties.
Il est une autre espéce de pastel dont les Teinturiers se servent.
Conceptual field(s)
PASTICHE. On appelle pastiches certains tableaux d’imitation dans lesquels l’Auteur a contrefait la maniere de quelque Peintre, ses touches, son goût de dessein, son coloris.
Les Italiens appellent ces ouvrages pastici, d’où nous avons fait pastiches : ces tableaux ne sont proprement ni originaux ni copies.
Lucas Jordans, & David Teniers, excelloient si parfaitement dans ce genre de peinture, que leurs ouvrages en ont imposé aux plus habiles connoisseurs. Charle II. Roi d’Espagne, qui avoit attiré Jordans à la Cour, lui montrant un jour un tableau de Jâque Bassan, parut être fâché de n’en avoir pas le pendant : Jordans en fit un, où il imita si parfaitement la maniere de ce Peintre, qu’on le prit pour un ouvrage du Bassan.
BASSANO, Jacopo
École italienne
GIORDANO, Luca
TENIERS, David
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BASSANO, Jacopo
École italienne
GIORDANO, Luca
TENIERS, David
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PASTEUX, nourri, moëleux ; un pinceau, ferme & pâteux. Voyez EMPASTÉ.
PEINDRE, PEINTRE, PEINTURE. Peindre, c’est representer une chose avec des couleurs ; la Peinture est cette représentation ; le Peintre est celui qui la fait. Peindre en huile ; peindre en détrempe ; peindre à fraisque ; peindre en pastel ; peindre en miniature ; peindre en émail ; peindre sur verre, sur bois, sur cuivre, &c. Peindre l’Histoire, le Païsage, le Portrait, les Animaux, les Fleurs, les Grotesques, &c.
M. de Piles définit ainsi la peinture.
C’est un Art, dit-il, qui par le moyen du dessein & la couleur, imite sur une superficie plate tous les objets visibles.
La Peinture, suivant la division commune, renferme trois parties, la composition, le dessein & le coloris.
On peut, comme je l’ai remarqué, y ajouter l’expression. Voyez EXPRESSION.
Il est naturel de penser que l’ombre de l’homme a fait naître la premiere idée de la Peinture. [...]
Felibien ne nous apprend rien de nouveau lorsqu’il dit dans son Vocabulaire [car c’est tout le nom que mérite son dictionnaire imparfait, où il a obmis les trois quarts des termes de l’Art] qu’il faut dire peindre, & non pas peinturer.
Peinturer est un mot barbare que Menage a essayé en vain de soutenir, & que l’usage, l’arbitre souverain des langues a proscrit. On est surpris de le trouver dans les Dictionnaires estimés, & de n’y point trouver d’autres termes qui sont dans la bouche de tous les Peintres.
Les meilleurs Auteurs qui ayent écrit sur la Peinture, sont Leonard de Vinci, M. de Chambrai, Vazari, Felibien, de Piles, & M. Coypel.
Nous avons deux Poëmes latins sur la Peinture, l’un d’Alphonse du Fresnoy, intitulé, de Arte Graphica l’autre de Mr l’Abbé de M. qui a pour titre Pictura : l’un & l’autre ont été traduits en François, & imprimés plusieurs fois.
Nous avons aussi deux Poëmes François sur le même sujet, l’un de Perrault & l’autre de Moliere. Celui de Perrault n’a pas fait plus de fortune que ses paralleles.
COYPEL, Charles-Antoine
DA VINCI, Leonardo
DE PILES, Roger
DU FRESNOY, Charles-Alphonse
FÉLIBIEN, André
FRÉART de CHAMBRAY, Roland
PERRAULT, Claude
POQUELIN, Jean-Baptiste, dit Molière
VASARI, Giorgio
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COYPEL, Charles-Antoine
DA VINCI, Leonardo
DE PILES, Roger
DU FRESNOY, Charles-Alphonse
FÉLIBIEN, André
FRÉART de CHAMBRAY, Roland
PERRAULT, Claude
POQUELIN, Jean-Baptiste, dit Molière
VASARI, Giorgio
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COYPEL, Charles-Antoine
DA VINCI, Leonardo
DE PILES, Roger
DU FRESNOY, Charles-Alphonse
FÉLIBIEN, André
FRÉART de CHAMBRAY, Roland
PERRAULT, Claude
POQUELIN, Jean-Baptiste, dit Molière
VASARI, Giorgio
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PENSÉE, terme de Peinture, se dit de la premiere idée que le Peintre jette sur le papier, pour l’exécution de l’ouvrage qu’il se propose. On dit dans le même sens esquisse, croquis. « Ces desseins, dit un Auteur moderne, heurtés & faits avec beaucoup de vitesse, ne sont souvent pas extrêmement corrects, & peuvent manquer pour la perspective & les autres parties de l’art ; mais ce ne sont point des défauts dans une esquisse, dont tout le but est de representer une pensée executée avec beaucoup d’esprit, ou bien des figures détachées & imparfaites, qui doivent entrer dans quelque composition dont elles font parties. » Abregé de la vie des plus fameux Peintres.
PERSPECTIVE. C’est l’Art de réprésenter les objets selon les diférences qu’y cause l’éloignement, soit par la couleur, soit pour la figure. [...]
On appelle encore perspective une Peinture qui représente des objets dans l’éloignement, comme des forêts, des bâtimens, des mers.
[...]
La Perspective Aërienne est celui qui represente les objets selon les diférences qu’y cause l’interposition de l’air plus ou moins épais.
A mesure que les objets s’enfoncent dans l’air, ils s’éloignent de nos yeux, & paroissent moins colorés. De même que dans l’eau les poissons qui nagent le plus près de la superficie se voient plus distinctement, ceux qui nagent plus bas paroissent moins, & disparoissent enfin à mesure qu’ils s’enfoncent : ainsi quand les images des objets passent par le milieu de l’air, ils diminuent, ils s’affoiblissent, ils se perdent, ils se confondent avec l’air même. Félibien.
Ainsi la Perspective Aërienne, est la diminution des teintes & des couleurs, selon que l’air est plus ou moins chargé.
La Perspective lineale est la diminution des lignes, suivant les distances.
On distingue dans la perspective ordinaire trois lignes principales : la premiere est la ligne de terre, la seconde est la ligne horisontale, la troisiéme est la ligne de distance qui est toujours parallele à la ligne horisontale
La perspective Aërienne est d’une grande pratique dans les Paysages.
Le Poussin avoit une profonde connoissance de cette perspective.
PINCEAU, instrument garni de poils qui vont en diminuant par l’extrêmité, & qui se terminent en pointe : les Peintres s’en servent pour appliquer les couleurs.
Pinceau se prend au figuré pour la manière de peindre.
Un pinceau hardi, délicat, moëleux, sec.
[...]
PITTORESQUE, propre de la Peinture.
On entend plus ordinairement par le mot de pittoresque, certaines expressions singulieres & originales qu’on remarque dans un tableau. On dit, cela est beau, cela est pittoresque : attitude pittoresque.
Conceptual field(s)
[...]
PLANCHE de Graveur, c’est une feuille de cuivre, ou une table de bois sur laquelle on grave.
Conceptual field(s)
[...]
POINTILLER, terme de Peinture.
Les ouvrages de Mignature se font en pointillant, c’est-à-dire en travaillant avec la pointe du pinceau : mais il y a differentes manieres de pointiller.
Les uns font des points tout ronds, d’autres un peu plus longs, & d’autres hachent par petits traits, en croisant plusieurs fois dans tous sens, jusqu’à ce que tout cela paroisse, comme si l’on avoit pointillé ou travaillé par points ; cette derniere méthode est la meilleure, la plus hardie & la plus courte : c’est pourquoi l’on conseille à ceux qui voudront peindre en miniature de s’en servir, & de s’accoutumer d’abord à faire gras, moëleux & doux, c’est-à-dire que les points se perdent dans le fond sur lequel on travaille, & qu’ils ne paroissent qu’autant qu’il faut pour l’on voie que l’ouvrage est pointillé.
Dur & sec est tout le contraire, & dont il faut bien se garder : cela se fait en pointillant d’une couleur beaucoup plus brune que n’est le fond, & lorsque le pinceau n’est pas assez humecté de couleur, ce qui fait paroître l’ouvrage rude.
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[...]
PONCER, c’est passer sur un dessein piqué, de la poudre de charbon enveloppée dans un linge, pour contretirer le dessein sur du papier, ou sur quelqu’autre matiere.
Poncer un dessein ; poncer sur la toile, sur le bois, sur le vélin.
Le dessein piqué, & qui sert de modèle, s’appelle poncis.
PONDÉRATION, terme de Peinture. On entend par-là le juste équilibre des corps : cet équilibre étant nécessaire pour le mouvement, les Peintres ne peuvent donner d’attitudes, ni de mouvemens véritables à leurs figures, sans observer les régles prescrites par la nature. Leonard de Vinci, & quelques autres Peintres qui ont le plus réfléchi sur cette partie essentielle du dessein, ont fait les remarques suivantes, qui passent pour autant d’axiomes, reçus dans la Peinture. Ils ont observé que la tête doit être tournée du côté du pied qui soutient le corps : qu’en se tournant elle ne doit jamais passer les épaules : que les mains ne doivent pas s’élever plus haut que la tête, le poignet plus haut que l’épaule, le pied plus haut que le genou : qu’un pied ne doit être distant de l’autre que de sa longueur : que lorsque l’on représente une figure qui éléve un bras, toutes les parties de ce côté-là doivent suivre le même mouvement ; que la cuisse par exemple doit s’allonger, & le talon du pied s’élever ; que dans les actions violentes & forcées ces mouvemens à la vérité ne sont pas tout-à-fait si compassés, mais que l’équilibre ne doit se perdre jamais : qu’enfin sans cette juste pondération les corps ne peuvent agir comme il faut, ni même se mouvoir.
« Les mouvemens, dit Mr de Piles, ne sont jamais naturels, si les membres ne sont également balancés sur leur centre, & ils ne peuvent être balancés sur leur centre dans une égalité de poids, qu’ils ne se contrastent les uns les autres. Un homme qui danse sur la corde, fait voir clairement cette vérité. Le corps est un poids balancé sur ses pieds, comme sur deux pivots : s’il n’y a en a qu’un qui porte, comme il arrive le plus souvent, vous voyez que tout le poids est retiré dessus centralement, ensorte que si, par exemple, le bras avance, il faut de nécessité, ou que l’autre bras, ou que la jambe aille en arriere, ou que le corps soit tant soit peu courbé du côté contraire pour être dans son équilibre, & dans une situation hors de contrainte. Il se peut faire, mais rarement, si ce n’est dans les vieillards que les deux pieds portent également, & pour lors il n’y a qu’à distribuer la moitié du poids sur chaque pied. Vous userez de la même prudence si l’un des pieds portoit les trois quarts du fardeau, & que l’autre pied portât le reste. »
Personne n’a mieux écrit sur la pondération des corps, que Leonard de Vinci dans son Traité de Peinture.
[...]
PORTRAIT. Tableau qui contient la représentation lineale du corps humain.
Portrait en grand, en petit : portrait en pastel, en miniature : portrait à la plume, au crayon.
Portrait chargé, voyez CHARGE.
Peintre pour le portrait.
L’essence du portrait, consiste moins à attraper une grossiere ressemblance, ce que font les Peintres les plus mediocres, qu’à exprimer le véritable temperament, le caractère, & l’air de Physionomie des personne qu’on représente.
« Si la personne que vous peignez est naturellement triste, dit Mr. de Piles, il le faudra bien garder de lui donner de la gayeté, qui seroit toujours quelque chose d’étranger sur son visage : si elle est enjouée, il faut faire paroître cette belle humeur par l’expression des parties où elle agit, & où elle se montre, si elle est grave & majestueuse, les ris fort sensibles rendront cette majesté fade & niaise. »
Pline raconte d’après Appien le grammairien, qu’Apelle faisoit ses portraits si ressemblans, & marquoit avec tant de fidélité les traits des personnes qu’il peignoit, que sur l’inspection des tableaux les Astrologues tiroient l’horoscope de la vie & de la mort des personnes.
Dufresnoy conseille aux faiseurs de portraits de travailler en même tems les parties doubles de la tête, comme les yeux, les oreilles, les narines, les jouës & les levres, c’est-à-dire de passer continuellement de l’une à l’autre, de les retoucher & de les finir ensemble, de peur que l’interruption ne fasse perdre l’idée de ces parties.
PORTRAIRE & PORTAITURE, ne se disent plus : cependant ce dernier mot s’est maintenu dans une des anciennes acceptions qu’il avoir, & l’on dit livre de portraiture, pour signifier un livre de desseins, contenant la représentation lineale des corps.
[...]
POURPRE, teinture précieuse, que les anciens tiroient d’un poisson appellé Murex. Ce poisson qui vivoit dans une coquille, avoit dans son gosier une veine blance qui enfermoit cette précieuse liqueur. Aujourd’hui l’on n’en fait plus guéres d’usage, parce qu’on tire de la cochenille avec beaucoup moins de frais une tenture, pour le moins aussi belle. [...]
[...]
PRÉCIEUX se dit en parlant du coloris, & se prend toujours en bonne part.
Un coloris précieux.
Le Titien étoit précieux dans son coloris ; « on trouve dans les tableaux du Titien, dit Felibien, de la vivacité, de la force, & je ne sçai quoi de précieux que l’on y admire. »
Les exemples que je viens de citer expliqueront mieux ce mot, que toutes les définitions auroit pû donner.
[...]
PRINCIPALE [figure] On appelle figure principale celle qui est le sujet d’un tableau. Cette figure doit tenir la premiere place dans une composition, & ne doit être éteinte, ni même obscurcie par aucune autre figure. Elle doit être plus touchée, plus terminée que toutes les autres. Elle doit se faire remarquer, dit M. de Piles, comme un Roi au milieu de la Cour.
Prima figurarum, seu Princeps dramatis, ultrò
Prosiliat mediâ in tabulâ, sub lumine primo,
Pulchrior ante alias, reliquis nec operta figuris. Du Fresnoy
In medio, reliquas inter Spectanda figuras, Contemplantum oculos Princeps persona moretur.
finibus extremis, longinquâ in parte tabellæ
Abjice vulgares, ingloria corpora, formas.
Marsy.
[...]
PROFIL se dit en peinture du contour d’une figure regardée de côté. Une tête de profil, c’est une tête qui n’a qu’un côté du visage, qu’un œil, qu’une joue.
Une vûe de profil, faire un profil, dessiner de profil, profiler. [...]
[...]
PRONONCER. « Prononcer, dit Mr de Piles, se dit en Peinture des parties du corps, comme dans le langage ordinaire il se dit des paroles articulées. Les parties d’un tableau lorsqu’elles sont bien liées, expriment les sentimens & les idées, de même que font les paroles quand elles sont jointes. Prononcer une main, un bras, un pied, ou une tout autre partie, c’est la bien marquer, la specifier, la faire connoître clairement, comme prononcer une parole, c’est l’articuler & la faire entendre distinctement. » On ne peut rien ajouter à la précision & à la clarté de cette définition.
PROPORTION, signifie quelque fois mesure, comme dans cette phrase.
Un Peintre doit connoître les proportions de chaque partie du corps humain.
Proportion signifie plus ordinairement rapport & convenance des parties entre elles, & rélativement au tout.
On dit, toutes les proportions sont bien observées dans cette figure.
Proportion & symétrie, sont les choses fort différentes. Je suppose 2 statuës, dont l'une a 8 pieds de haut, & la tête d’un pied, & ainsi des autres parties à proportion, & dont l’autre a huit pouces, & la tête d’un pouce, & ainsi du reste : on dira : on dira que ces deux statuës sont de même proportion, mais non pas de même symétrie.
On dit aussi, un bâtiment, une statuë de belle proportion, c’est-à-dire, où les proportions que toutes les parties d’un corps doivent avoir les unes à l’égard des autres.
Voyez FACE.
RACCOURCI, terme de Peinture, se dit de la diminution des objets selon les régles de la perspective.
RÉDUIRE, RÉDUCTION, c’est une maniere de copier une estampe ou un dessein, un peu différente de la maniere de calquer : elle se fait ainsi.
On divise l’estampe en plusieurs parties égales, par petits carreaux que l’on marque avec le fusin, si elle est claire, & que le noir y puisse parître, ou avec de la craye blanche si elle est trop brune, après quoi on trace les mêmes compartimens sur un papier bien blanc, ou sur du vélin. Quand l’originall & le vélin sont ainsi réglés, on copie sur chaque compartiment du vélin tout ce qui est tracé dans chaque carreau de l’estampe : toutes les parties se trouvent placées naturellement, & il ne s’agit que de les bien former, & de les bien unir. On peut de cette maniere réduire en grand ou en petit toutes sortes de desseins, observant de faire les carreaux de la copie plus grands ou plus petits que ceux de l’original, mais en nombre égal : il y a encore quelqu’autres manieres de réduire.
Réduire en grand ; réduire en petit ; réduire au petit pied.
Les Peintres disent dans le même sens graticuler, de l’Italien graticola qui signifie gril. Graticuler un dessein, c’est le diviser en petits carreaux égaux, tracés avec du crayon pour le réduire du grand au petit, ou du petit au grand, sur un autre papier sur lequel on trace les mêmes compartimens.
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REFLETS [Felibien écrit reflais, & se trompe] Lumieres fortes refléchies d’un tableau.
Les reflets doivent être plus ou moins forts selon la densité & le poliment des corps d’où ils partent. Dans un tableau il y a des parties qui ne sont éclairées que par des reflets.
REHAUTS. En terme de Peinture on appelle rehauts les extrêmités des jours.
Dans les ouvrages de lavis le fonds du papier sert de rehauts. Quelquefois cependant lorsqu’on lave tout l’ouvrage, on fait des les rehauts de la couleur qu’on jette sur le tout, mais en observant toutefois de les caractériser par des lumieres fortes.
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[...]
REPOS. On appelle repos dans un tableau, certains endroits où les grandes lumieres sont rompües par de grandes ombres qui délassent la vûe, & qui lui servent en quelque sorte de repos.
« Ces repos, dit Mr de Piles, se font de deux manieres, dont l’une est naturelle, & l’autre artificielle. La naturelle se fait par une étenduë de clairs & d’ombres, qui suivent naturellement & nécessairement les corps solides, ou les masses de plusieurs figures agroupées, lorsque le jour vient à frapper dessus. L’artificielle consiste dans les corps des couleurs que le Peintre donne à de certaines choses, telles qu’il lui plaît, & les compose de sorte qu’elles ne fassent point de tort aux objets qui sont auprès d’elles. Une draperie par exemple que l’on aura faite jaune ou rouge en certains endroits, pourra être dans un autre de couleur brune, & y conviendra mieux pour produire l’effet que l’on demande. »
La Peinture comme la Musique doit avoir des repos.
Les figures jettées en trop grand nombre, ou représentées sous des attitudes trop vives, & trop bruyantes, étourdissent la vûe & troublent ce repos, ce silence qui doit régner dans une belle composition.
Arcenda tabellis
Turba figurarum, nimio confusa tumultu,
Indiscreta locis, ubi concurrentia passim
Corpora corporibus, quase mutua bella lacessunt,
Et malè contiguis sibi frangrunt artubus artus.
Sit procul iste fragor, placido sed in œquore telæ
Serpat amœna quies & docta silentia regnent.
Pictura.
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REPOUSSOIR, terme de Peinture, se dit d’un groupe, ou d’une masse d’ombre, placés sur le devant du tableau, qui sert à faire fuir, & à repousser en arriere les parties éclairées.
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REPRÉSENTATION, Image, Peinture de quelque chose, qui sert à en rappeller l’idée.
La représentation du Jugement dernier, par Michel-Ange.
Représentation, dans ce sens, signifie la même chose que tableau.
Représentations du Chevalier Servandoni. Voyez DÉCORATION.
REPRÉSENTER, faire l’Image ou la Peinture de quelque chose.
La fameuse statuë du Rotateur, représente un Esclave qui aiguise un fer.
Raphaël dans son fameux tableau de la Transfiguration, représente en trois groupes ; I°. J.C. qui s’éléve dans les airs tout environné de gloire ; 2°, les deux Disciples au-haut du Thabor, éblouis de la Majesté de leur Maître ; 3°. le Démoniaque au bas de la montagne, au milieu des autres Apôtres.
Le Rotateur, sculpture antique
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio) , La Transfiguration, 1516 - 1520, huile sur bois, 410 x 279, Vatican, Pinacoteca Vaticana, 40333.
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RESSEMBLANCE, rapport d’une copie avec l’original. Attraper la ressemblance.
Les Peintres médiocres saisissent la ressemblance.
Les grands Peintres la manquent quelquefois : Voyez ce que dit Felibien à ce sujet. Entretiens sur les vies des Peintres.
Tom. III. pag. 453.
[...]
RICHE. On dit, une composition riche, des ornemens riches, de riches accommodemens.
Felibien a dit : le Titien !avoit vêtir ses figures d’une maniere riche & avantageuse.
[...]
ROMPUE [couleur] « On appelle couleur rompuë, dit Mr. de Piles, celle qui est diminuée & corrompuë par le mélange d’une autre [excepté du blanc qui ne pas corrompre, mais qui peut être corrompu.] On peut dire, par exemple qu’un tel azur d’outremer est rompu de laque, & d’ocre jaune , quand il y entre un peu de ces deux dernieres couleurs, & ainsi des autres.
Les couleurs rompuës, ajoute-t-il, servent à l’union & à l’accord des couleurs, soit dans les tournans des corps & dans leurs ombres, soit dans toute leur masse.
Titien, Paul Veronese, le Rimbrant ont employé avec beaucoup d’art les couleurs rompuës.
Couleur rompuë & couleur composée sont mots synonimes ; en parlant d’une draperie d’un jaune clair qui est ombrée d’une laque obscure, quelques uns disent que cette draperie est rompuë de rouge : ce n’est pas parler correctement : il faut dire : cette draperie est ombrée de laque, parce que ces deux couleurs sont séparées. Or le mot de rompu ne se dit au sens propre que de deux couleurs mêlées l’une dans l’autre.
Les Italiens disent rottura de colori.
DE PILES, Roger
REMBRANDT (Rembrandt Harmensz van Rijn)
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
VERONESE, Paolo (Paolo Caliari)
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DE PILES, Roger
REMBRANDT (Rembrandt Harmensz van Rijn)
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
VERONESE, Paolo (Paolo Caliari)
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ROUGE BRUN. Voyez OCRE.
[...]
SAFFRAN. Fleur que tout le monde connoît. On la détrempe dans de l’eau gommée, & l’on en tire une couleur jaune, qui d’abord paroît fort éclatante, mais qui dégénere & se ternit peu de temps après.
[...]
SANGUINE. Mineral, ou pierre solide, dont les Peintres font des crayons & des couleurs : on en tire un rouge pâle, qui est d’un grand usage : les Orfévres s’en servent pour brunir l’or.
[...]
SEC. Un pinceau sec, faire sec ; faire sec & dur : c’est peindre séchement & durement.
Bellin peignoit extrêment sec.
On le dit d’un tableau dont les clairs sont trop près des bruns, & dont les contours ne sont pas assez mêlés.
Tendre & moëleux s’opposent à sec.
Un ouvrage sec est donc celui qui n’a point de tendresse, soit dans les carnations, soit dans les draperies, & qui a quelque chose qui tranche, soit dans le dessein, soit dans les couleurs. [...]
[...]
SITE. Signifie en Peinture la situation, l’assiette d’un lieu. Les Italiens disent SITO dans le même sens. Ces deux mots viennent originairement du mot latin SITUS.
Site s’entend particulierement du païsage : il y a des Sites de plusieurs genres, bornes ou étendus, montueux, plats, aquatiques, cultivés ou incultes, habités ou déserts.
Sites insipides : ce sont des Sites dont le choix est trivial. Claude le Lorrain n’a introduit dans ses païsages que des sites insipides : mais cela est bien reparé par les graces du coloris, & par la beauté de l’éxécution.
Les Sites doivent être d’un beau choix, il faut qu’ils soient bien liés & bien débrouillés par leurs formes : ils doivent avoir quelque chose de nouveau & de piquant. Le moyen de les varier à l’infini, dit monsieur de Piles, est d’y faire survenir quelques-uns de ces accidens qu’arrivent si communément, & qui repandenttant de varieté dans la nature ; par exemple l’interposition de quelques nuages qui cause de l’interruption dans la lumiere : ensorte qu’il y ait des endroits éclairés sur la terre, & d’autres ombres, qui selon le mouvement des nuages se succédent les uns aux autres, & font des effets merveilleux, & des changemens de clair obscur qui semblent produire autant de nouveaux sites.
Les païsages du Poussin sont remarquables par l’agrément, la nouveauté, la richesse & l’ingénieuse diversité des sites.
DE PILES, Roger
École italienne
LE LORRAIN (Claude Gellée)
POUSSIN, Nicolas
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DE PILES, Roger
École italienne
LE LORRAIN (Claude Gellée)
POUSSIN, Nicolas
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DE PILES, Roger
École italienne
LE LORRAIN (Claude Gellée)
POUSSIN, Nicolas
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[...]
STANTÉ, terme de Peinture, se dit d’un tableau peiné, & qui ne paroît pas sortir d’une main libre.
Les tableaux doivent être finis, mais il ne faut pas qu’ils paroissent Stantés.
[...]
STIL de grain, ou de grun : c’est une couleur jaune qui se fait avec du blanc de plomb & de la décoction de graines d’Avignon, faite dans de l’eau & de l’alun : c’est une couleur assez indifferente, & qui par le mélange est fort susceptible des qualités des autres couleurs.
Quand on le mêle du brun rouge, on en fait une couleur des plus terrestres, mais si on la joint avec du blanc ou du bleu, on en tire une couleur des plus fuiantes.
Le stil de grain se fait communément avec du blanc de Troïe, & de la graine d’Avignon, mais l’espéce en est mauvaise, & il change. Il est mieux de le faire avec du blanc de plomb ou de ceruse, [...].
[...]
STRAPASSER, STRAPASSONNER, estropier, un dessein strapassé, strapassonner des figures. Du Fresnoi a dit, Tentoret étoit quelquefois un grand Strapasson : mais ce dernier mot est peu usité.
[...]
SVELTE. Agile, degagé : figure svelte. Les Italiens disent Svelto.
Felibien, ou son imprimeur, écrit suelte par un u voyelle, c’est une faute.
[...]
SYMETRIE, rapport parfait ; convenance exacte, égalité. [...]
Proportion & Symetrie sont des choses differentes. Voyez le mot PROPORTION, où cette difference est expliquée.
Trop de symetrie seroit un grand défaut dans un tableau.
[...]
TENDRESSE, TENDREMENT, peindre avec tendresse.
Peindre tendrement, c’est peindre d’une maniere onctueuse & moëleuse : sécheresse est l’opposé de tendresse.
On dit aussi une statuë travaillée avec tendresse.
[...]
TERRASSE, par rapport à la Peinture, s’entend d’un espace de terre dénué ou peu chargé d’herbes & de plantes, comme sont les grands chemins, & d’autres lieux forts fréquentés.
« On n’employe gueres les terrasses, dit Mr de Piles, que sur le devant du tableau ; elles doivent être spacieuses & bien ouvertes, accompagnées si l’on veut de quelque verdure, qui s’y trouve comme par accident, aussi bien que de quelques cailloutages, qui étant jettés avec prudence, rendent la terrasse plus vrai-semblable. » [...].
[...]
TESTE, c’est la premiere & la plus noble partie du corps humain, & celle qui veut être touchée avec plus de soin : voici en quoi consiste sa beauté. Sa forme doit être presque ronde, le front ne doit être ni trop grand, ni trop petit, ni trop plat, ni trop relevé, mais s’arrondir doucement du côté des tempes, ensorte qu’il paroisse uni & sans tache. Les yeux doivent être grands, bien fendus, vifs & doux, placés à fleur de tête, couverts d’un sourcil noir, qui commençant auprès du nez, vienne à se courber doucement en forme d’un demi-cercle, jusqu’à l’angle extérieur de l’œil. Les jouës doivent avoir un embonpoint convenable, une fermeté délicate, de l’incarnat & de la blancheur, de la gayeté, de l’éclat & de la fraîcheur. Les oreilles, que les habiles Peintres ont coutume de laisser découvertes, doivent être petites, vermeilles, arrondies, avec ces tours & ces repris qui en font l’ornement. Le nez doit être un peu aquilin, & taillé de telle sorte que s’élevant un peu vers le milieu, il divise le visage en deux parties égales. Il faut que la bouche soit petite, les lévres vermeilles, délicates, & fermées, le menton bien arrondi, le cou blanc & poli , bien droit, & plutôt long que court, principalement dans les femmes. Félibien.
[...]
TON. Dans la Peinture, on distingue différens modes comme dans la Musique.
Ces modes qui ne sont autre chose que les differentes espéces de couleurs considerées selon l’amitié ou l’antipatie qu’elles ont entr’elles, s’appellent tons.
« Il y a une harmonie & une dissonance dans les espéces de couleurs, dit Mr. de Piles. ... Comme les instrumens de Musique, ne conviennent pas toujours les uns aux autres, par exemple le Luth avec le Haut-bois, ni Clavecin avec la Musette, de la même matiere, il y a des couleurs qui ne peuvent demeurer ensemble sans offenser la vûe, comme le vermillon avec les verds, les bleus, & les jaunes. »
Conceptual field(s)
[...]
TOUCHE, TOUCHER, se dit du maniment du pinceau ; une touche délicate ; les touches admirables du Correge, du Titien ; un bras, une tête, un portrait bien touchez ; le toucher du pinceau : la force, la franchise, la délicatesse du toucher.
[...]
TOURMENTER. On dit tourmenter des couleurs : c’est les remanier & les frotter après les avoir couchées sur la toile, ce qui en ternit l’éclat. Quand on les a une fois placées le mieux seroit de n’y point toucher du tout, si la chose étoit possible. Mais comme il n’arrive guéres qu’elles fassent leur effet du premier coup, il faut du moins en les retouchant les épargner le plus que l’on peut, & éviter de les tracasser & de les tourmenter. De Piles a dit : la fraîcheur des couleurs se ternit & se perd à force de les tourmenter en peignant.
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[...]
TRAIT, terme de Peinture. C’est la ligne que décrit la plume ou le pinceau.
Faire une tête d’un seul trait, les traits du visage.
Félibien remarque que le mot trait est plus pittoresque que Lineament.
On dit former, ébaucher les traits d’un visage, d’une figure, le trait d’une perspective.
Dans la voûte de l’Eglise des Carmelites de St. Jaques, il y a un morceau de perspective admirable, dont Desargues a donné le trait à Champagne.
Donner le trait d’une perspective, c’est en réduire les proportions rélativement à l’effet qu’elle doit produire.
[...]
TUER, éteindre, détruire. On dit cette figure en tuë une autre : une couleur tuë une autre couleur.
Felibien a dit, « Il faut imprimer sa toile de couleurs qui ne viennent pas à tuer celles qu’on y mettra ensuite, comme seroit la terre d’ombre.
[...]
VERD, couleur très-douce & très amie de l’oeil.
Verd d’Iris. C’est un des plus beauc verds que les Peintres puissent employer.
[...]
VERITÉ. On entend par ce mot l’expression propre du caractère de chaque chose.
Il y a beaucoup de verité dans les tableaux du Titien : toutes ses expressions sont pleines de verité.
[...]
VERNIS. Les Peintres se servent de différens vernis pour donner du lustre à leurs tableaux. Les uns le font avec la therébentine & la sandaraque, les autres avec l’esprit de vin, le mastic, la gomme laque, la sandaraque, ou l’ambre blanc.
On se sert de ce dernier pour l’appliquer sur les mignatures, & sur les estampes.
Mais c’est une fort mauvaise pratique de vernir les estampes. La seule maniere de les conserver est de ne les point exposer à l’air, à moins de les bien couvrir d’un verre ou d’une glace.
Le vernis le plus prompt à sécher est celui qui se fait avec la therébentine & l’esprit de vin, quantité égale.
[...]
On se sert pour les estampes à l’eau forte de deux sortes de vernis : du vernis dur, & du vernis mol. Callot fut le premier qui employa le vernis dur, & il trouva qu’il étoit beaucoup plus propre pour les ouvrages qu’il faisoit, que le vernis mol ; en effet l’aiguille & l’échope gravent plus nettement sur le vernis dur, & d’ailleurs celui-ci est moins sujet à se gâter, lorsqu’en travaillant on passe la main dessus. Outre cela on a l’avantahe de n’y mettre point l’eau forte que quand on veut, & l’on peut laisser un an tout entier une planche avec le vernis dessus, sans y toucher, ce qui ne se peut faire avec le vernis mol sur lequel l’eau forte ne mord pas, à moins qu’on ne la mette aussi-tôt qu’on a gravé. Félibien.
Vernis d’Estampe, c’est un vernis blanc qu’on met sur les estampes, pour les conserver : le meilleur qu’on puisse employer, est celui dont je vais donner la recette [...]
On se servira de ce vernis pour mettre des couches sur des estampes, observant de laisser sécher la premiere, avant d’en mettre une deuxiéme : on en mettra deux seulement par jour ; après que l’on en aura mis dix ou douze cela suffira, & l’on aura des estampes d’une blancheur & d’une beauté extraordinaire. Lorsque vos couches seront séches vous pourrez encadrer vos estampes avec un verre blanc par dessus, afin de les préserver de la poussiere & du mauvais air. Au reste je ne conseille point, ainsi que je l’ai dit, d’appliquer aucun vernis sur les estampes.