NATUREL (adj.)
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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 305
6. Faire le pourtrait au naturel ; laisser l'ouvrage à la discretion du pinceau, & au hazard de la main. Rehausser les couleurs, & relever l'ouvrage, c'est donner le lustre & le jour aux couleurs ; Item vernisser la peinture, & coucher du vernix pour faire esclatter.
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Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.
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Mais un autre eloge que Pline donne à Parrhasius, d’avoir le premier enrichy la peinture de la Symmetrie, ou de cette proportion que doivent avoir les parties entr’elles, & eu esgard à leur tout ; me donne un nouveau sujet de dire qu’il n’a point eu de semblables dans le dernier siecle, si nous n’attribuons cét honneur à Albert Durer, & à Michel-Ange Buonarotte. [...] Et qui ne sçait comme tout le monde à reconnu Michel-Ange pour incomparable dans toutes les trois parties, d’Architecture, Sculpture & Peinture ? Et comme personne n’a jamais mieux enseigné que luy à reconnoistre par l’ongle la grandeur du Lion ? Ex ungue Leonem. Il est vray que luy-mesme vouloit ceder la palme à Albert Durer, comme à celuy qui luy avoit tracé le chemin, dans lequel son seul avantage venoit des statuës Grecques & des antiques de Rome, dont il transportoit les ornemens & les artifices sur ses ouvrages, ce que la demeure de l’autre en Allemagne ne luy permettoit pas de faire. Ils ont pourtant esté repris tous deux du mesme deffaut qu’on reprochoit à Demetrius, d’avoir negligé par trop de rendre leurs ouvrages agreables, pourveu qu’ils fussent fort semblables, ne se souciant que d’aller apres le naturel ; nam Demetrius tanquam nimius in eo reprehenditur, & fuit similitudinis quam pulchritudinis amantior.
DÉMÉTRIOS
DÜRER, Albrecht
MICHELANGELO (Michelangelo Buonarroti)
PARRHASIUS (Parrhasios)
PLINIUS, L'Ancien
QUINTILIANUS
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Raphaël d’Urbin est celuy qui a pû de mesme reprendre le soin extréme de ces grands hommes dont nous venons de parler, qui ne sacrifioient pas aux Graces comme luy. Il fut excellent en tout, quoy qu’il changeast par fois de maniere : Il donna l’agrement avec la naturel à la Peinture, proprement prise pour celle qui employe les couleurs […].
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La Peinture a d’autres gayetez permises, & des divertissemens innocens. Il ne peut rien tomber de si bigearre, ny de si ridicule dans l’imagination, que ses grotesques ne representent, & cette sorte de figures qui furent nommez Grylles, depuis qu’Antiphile eut habillé dans un tableau le fils de Xenophon, ou quelqu’autre qui portoit comme luy le nom de Grylle, avec des accoustremens qui faisoient rire de leur extravagance. D’autres se sont pleus, & s’amusent encore tous les jours à charger leur toile de cuisines, remplies, outre la batterie, de toute sorte de viandes. L’on y void des Asnes chargez d’herbages, & mille autres galanteries de basse estoffe, qui acquirent le surnom de Rhyparographe à un ancien du tout addonné à cela. C’est ainsi que les Muses sont icy differentes comme par tout ailleurs, je veux dire les inclinations, qui font que les uns réüscissent à une chose, & les autres à une autre. Le grand talent du Bassan estoit dans la representation naïve des animaux. Le genie d’Antoine Tempesta le portoit à d’escrire parfaictement du pinceau des combats sanglans, & des batailles rangées. Ceux des pays bas, qui contestent avec les Lombards de la beauté du colorit, ne peignent rien si volontiers que des mers couroucées, & des vaisseaux menacez du nauffrage. Bref le naturel est si puissant, que je lisois il n’y a gueres dans une relation des Hurons Sagard. c. 7., qu’encore qu’ils n’ayent ny l’art de la peinture, ny les instrumens propres à l’exercer tels que nous les avons, ils ne laissent pas de rencontrer admirablement en des figures qu’ils font à leur mode, en se laissant aller à la force de leur imagination.
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La finalité de la peinture et de la sculpture est la représentation de la ntaure. L’adjectif naturel se réfère ainsi aux choses présentes dans la nature ; mais la notion de naturel est aussi associée à la science et la beauté (decoro dans le texte de Lomazzo) de la figure et aux caractéristiques de celle-ci (mouvement, action, actitude).
Quotation
[…] la Peinture et la Sculpture ne se peuvent dire essentiellement differentes, parce que l’une et l’autre tendent à une mesme fin, qui est de representer à nos yeux les substances individuelles, & toutes deux le font egalement, suivant la quantité Geometrique des individus ; & ainsi l’une & l’autre s’estudient également à representer la beauté, l’ornement, le mouvement, & le contour des choses : & finalement elles n’ont autre visée que de portraire & demonstrer les choses le plus au naturel qu’il leur est possible.
Terme traduit par NATURALE dans Lomazzo, 1585, p. 8.
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Le genre donc de la Peinture est l’Art : & qu’elle soit Art, il se prouve par la definition d’iceluy, lequel n’est autre, en un mot, qu’une raison droite & bien reglée des choses qui se doivent faire. De plus, il se prouve encore, parce que toutes les choses naturelles sont la regle & la mesure de la pluspart des Sciences & des Arts qui sont au monde […] ; C’est pourquoy elles peuvent estre la droite regle des choses artificielles. D’où s’ensuit que la Peinture est Art, puis qu’elle prend pour sa regle les susdites choses naturelles, & qu’elle est imitatrice, ou pour mieux dire, singe de la mesme nature, taschant tousjours d’imiter sa quantité, relief, & couleur. Ce qu’elle fait par l’ayde de la Geometrie, Arithmetique, Perspective, & Philosophie naturelle, avec une si grande & parfaite raison, qu’il ne se peut davantage.
Terme traduit par NATURALE dans Lomazzo, 1585, p. 19.
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Le mouvement, action, ou actitude, est appellée par les Peintres l'ornement & la grace de la figure en sa position ou situation. De plus, elle est dite la fureur, l’esprit, ou l’ame de la figure. Cette beauté ou bien situation se divise en naturelle ou artificielle : j’appelle cette beauté naturelle en cette matiere, celle qui est propre à l'homme que l'on veut representer. […] La beauté artificielle est, lors que le prudent Peintre peignant un Roy ou Empereur fait leur portrait grave & plein de Majesté, quoy que possible ils ne l'ayent pas naturellement, ou quand il peint un Soldat plus remply de fureur & d'indignation qu'il n'estoit pas dans la meslée. […] c'est en cela que le Peintre fait voir l'excellence de son Art, representant non l'action que possible cét Empereur ou ce Pape faisoient ; mais bien celle qu'ils devoient faire, eu esgard à la Majesté & à la bien-sceance de leur condition.
Terme traduit par DECORO NATURALE dans Lomazzo, 1585, p. 30.
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Marianne Le Banc souligne le sens que revêt le naturel dans l'ouvrage de Bosse : les critiques du théoricien tiennent au non respect de la perspective, empêchant qu'un ouvrage fasse le même effet que le naturel. Le dessin comme le coloris se doivent aussi d'offrir le même effet que la vision du naturel.
Quotation
Il se rencontre des Peintres, qui de volonté délibérée estans sortis de leurs premiers preceptes de l’Art de la Pourtraiture & Peinture, s’attachent d’ordinaire à quelques unes des manieres de divers Peintres, dont les ouvrages ont reputation, & s’y tiennent si inviolablement attachez, qu’ils ne l’abandonnent point qu’ils ne s’en soient faite une, laquelle quoy qu’elle ne leur soit entierement semblable, neantmoins elle en tiendra beaucoup.
D’autres, se portent de pareille affection à imiter le naturel, & de telle sorte, qu’ils ne considerent pas bien souvent qu’il est tres deffectieux & mal proportionné, [...]
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Si tous ceux qui pratiquent ainsi à veuë d’œil cét Art, copioient les mesmes Corps visibles de la Nature en sorte que leurs Ouvrages fissent aux yeux la mesme Sensation ou Vision que feroit le Naturel, il y a apparence que lon ne discerneroit en aucuns d’eux des manieres differentes, ains au contraire une seule qui seroit celle du Naturel.
De plus si de mesme arrivoit à tous ceux qui pratiquent la mesme chose par la regle & mesure Perspective, il n’y auroit non plus de Manieres qu’en celles des autres ; Mais il y a en cela une difference qui est, que deux Peintres estans doüez d’un pareil Esprit, bon Œil, & bonne Main, si l’un venoit à s’exercer de Copier toutes choses par la regle, & l’autre à veuë d’œil, il est très asseuré que le premier fera bien plustot, asseurement, & precisement ses Ouvrages, que l’autre.
Cecy soit dit pour expliquer en gros, que le Naturel estant ainsi bien Copié, il n’y auroit point tant de diverses manieres, car ainsi faisant plusieurs qui Copieroient d’apres Nature une mesme teste communement nommée Pourtrait, & d’une mesme position & distance, il arriveroit que tous ces divers Pourtraits seroient entierement semblables, & qu’on ne pourroit pas dire celuy-là est de la maniere d’un tel, ou d’un tel, & ainsi le mesme des autres Corps visibles de la Nature.
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Or, comme le Peintre qui imite le Naturel, ne vient jamais à la mesme perfection d’iceluy ; ainsi le Copiste ne rend jamais sa Copie à la perfection de son Original.
Ceux qui font leurs Ouvrages d’apres le relief ou Naturel, & aussi par les regles, taschent de faire paroistre de relief le relief, tendre le tendre, dur le dur, molet le molet, & ainsi du reste.
Ceux qui Copient lesdits Ouvrages, taschent bien d’en faire le mesme, mais comme le Naturel & relief est d’ordinaire de beaucoup plus parfait que l’ouvrage fait sur iceluy, de mesme l’Original est-il plus parfait & complet en ces choses que sa Copie.
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[...] Ainsi lors que l’Ouvrage d’un Peintre qui est imité sur des corps humains, soit vivans, soit morts, quoy que Coloriez, paroissent tels, c’est manque d’avoir fait reflexion à ces choses, & qu’il faut pour bien faire que la chair paroisse chair, la pierre pierre, le bois bois, & ainsi semblablement toutes les autres matieres ; Or comme la pluspart des Copistes n’ont pas fait toutes ses remarques, & mesme qu’il y en a qui ne se sont que tres-peu adonnez à faire d’invention ou imiter le naturel, ils n’expriment pas bien ces choses, quoy qu’ils les voyent toutes faites sur la pluspart de leurs Originaux. Il se rencontre aussi que plusieurs qui Copient d’apres le naturel ou de ressouvenir, ne sachans point ces particularitez, ne font pas faire tout l’effect desiré sur cela, leurs yeux n’estans pas d’ordinaire si bons pour les bien discerner, le mesme font divers Copistes encore que leurs Originaux ou Patrons expriment bien en quelque façon ces choses ; davantage il est comme impossible que l’Art puisse de tout point imiter la nature, le mesme arrive aux Copistes, laissant tousjours quantité de perfections à faire en leurs Copies, qui se trouvent en leurs Originaux, de façon que la pluspart des Copies qu’on voit outre ce qui a esté cy-devant dit, lon les reconnoist telles par cette derniere particularité. Car ces choses qui y doivent ainsi bien faire paroistre leur relief & tournant, & sembler bien perduës & meslées ensemble dans une union & Couleur des airs qui les environnent, & le tout franchement fait, semblent plustost en quelque sorte plattes, & les Couleurs Teintes & Ombres distinctes & separées les unes des autres, comme des pieces de diverses Couleurs rapportées ou cousuës ensemble, & le tout semblant attaché au fonds, & finalement tout le reste du travail sentant sa peine & sueur, ou pour mieux dire son incertitude. Or ces choses ainsi mal executées paroissent dures, seiches & tranchées, & c’est ce qui arrive d’ordinaire aux copies ; aux mauvaises davantage, & aux bonnes moins.
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Quelle est la première estude que doit faire un jeune peintre,
Le jeune peintre doit premierement apprendre la perspective, pour sçavoir donner à chaque chose sa juste mesure ; Aprés il faut qu’il se place chez quelque bon maistre, sous la main duquel il puisse faire habitude à une bonne manière de desseigner, & à connaistre les beaux contours des figures ; Ensuitte il verra le naturel, pour se confirmer en la raison de ce qui luy aura esté enseigné ; Puis après il employera quelque temps à considérer & imiter les ouvrages des divers maistres, afin d’acquérir une pratique de peindre, avec laquelle il mette en execution les choses qu’il aura apprises.
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Que le peintre ne doit pas tant se fier à son idée, qu’il néglige de voir le naturel,.
Celuy qui se donne la presomption de se pouvoir bien ressouvenir de tous les effets de la nature, il s'abuse : parce que nostre memoire n'en est pas capable ; il est donc plus seur de faire tout sur le naturel.
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A quelle hauteur on doit prendre son poinct de lumiere pour desseigner sur le naturel
Le vray jour à travailler sur le naturel doit estre pris du costé du septentrion, afin qu’il ne change point. […] La hauteur de la lumière doit ester prise de telle sorte, que la longueur de la projection des ombres de chaque corps sur le plan soit égale à leur hauteur.
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Moyen pour se souvenir de la forme d’un visage
Si vous voulez retenir sans peine l’air d’un visage, apprenez premierement à bien desseignez plusieurs testes, bousches, nez, mentons, encolleures & espaules ; […] & ainsi vous trouverez quelques particularitéz aux moindres parties, toutes lesquelles il faudra que vous observiez sur le naturel pour les mettre en vostre imagination ; ou bien lors que vous aurez à peindre un visage ou quelqu’une de ses parties, portez des tablettes avec vous où vous ayez desseigné de telles remarques & observations, & apres avoir jetté une œillade sur le visage de la personne, vous irez examiner en vostre recueil à quelle sorte de nez ou de bouche celle-là ressemble, & y marquerez legerement quelque signe pour le reconnoistre, & puis estant au logis le mettre en œuvre.
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Des attitudes des figures
Je dis que le peintre doit remarquer les attitudes & mouvements des hommes immediatement aprés qu’ils viennent d’estre produits par quelque accident subit, & il doit les observer sur le champ, & les esquisser sur ses tablettes pour s’en souvenir […] pour en estudier l’expression aprés ce modele, parce qu’une telle action n’ayant point une véritable cause, elle ne sera ny prompte ny naturelle, mais il est bien advantageux de l’avoir auparavant remarquée dans le vray original naturel, & puis faire tenir un modele en ce mesme acte pour s’aider un peu l’imagination, & tascher d’y descouvrir encore quelque chose qui fasse au sujet, & puis peindre aprés.
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De la pratique que le peintre doit rechercher avec tous le soin possible
Et vous peintre qui désirez acquerir une tres-grande pratique ; Je vous advertis, que si l’estude que vous ferez pour y parvenir n’est bien fondée sur la connaissance du naturel, vostre travail vous reüssira avec peu d’honneur & moins de profit ; & si vous prenez le bon chemin vos ouvrages seront en grand nombre & loüables, avec grand honneur & utilité.
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Comment un peintre doit examiner & juger luy-mesme de son propre ouvrage
Il est certain qu’on remarque mieux les fautes d’autruy que les siennes propres ; c’est pourquoy le peintre doit commencer par se rendre bon perspectif , & puis s’acquerir une connaissance entière des mesures du corps humain : Il doit estre encore un bon Architecte, pour le moins en ce qui concerne la regularité exterieure d’un edifice & de toutes ses parties, & aux choses dont il n’a pas la pratique, il ne faut point qu’il neglige d’aller voir & desseigner sur le naturel, mais en travaillant il doit tenir devant lui un miroir plat, & considerer souvent son ouvrage dans ce miroir, qui le luy representera tout au rebours, & semblera de la main d’un autre maistre ; de sorte que par ce moyen il pourra mieux remarquer ses fautes : il sera utile encore de quitter souvent son travail, & de s’aller divertir un peu, parce qu’au retour on aura le jugement plus degagé & plus net, comme au contraire la trop grande attache & la contension trop assiduë hebete l’esprit, & le fait tomber en de lourdes fautes.
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Comme le miroir et le vray maistre des peintres
Quand vous voulez voir si vostre peinture toute ensemble a de la conformité avec les choses que vous avez imitées du naturel, prenez un miroir, & faites que la chose vive se mire dedans, & puis comparez l’image qui paroist dans le miroir à vostre peinture, considerant bien l’object réel & le conferant avec l’une & l’autre : vous voyez sur un miroir plat des representations qui paroissent de relief, & la peinture fait aussi le mesme : & le miroir & la peinture font la mesme representation des choses environnées d’ombres et de lumieres, & l’une & l’autre paroist beaucoup esloignée au-delà de sa superficie ; & puis que vous reconnaissez que le miroir par le moyen des lineaments & des ombres vous fait sembler que les choses ont du relief, & vous ayant aussi entre vos couleurs des ombres & des lumieres plus puissantes que celles de ce miroir, il est certain que si vous sçavez les employer selon l’art, vostre peinture semblera aussi une chose naturelle représentée dans un grand miroir ; vostre maistre (qui est ce miroir) vous monstera le clair & l’obscur de quelque object que ce soit, & vos couleurs en ont une qui est plus claire que les parties les plus esclairées de votre modele, & semblablement entre ces mesmes couleurs, il s’en trouve aussi quelqu’une qui est plus obscure que la plus obscure du mesme modele ; d’où il arrive que le peintre ne fait pas tousjours toutes ses peintures semblables aux representations de ce miroir quand il regarde l’object qu’il peint avec un seul œil, parce que les deux yeux voyent davantage de l’objet , & l’environnent, lors qu’il est moindre que la distance d’un œil à l’autre.
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Quelle peinture est la plus parfaite
La plus excellente maniere de peindre est celle qui imite mieux, & qui a plus de conformité au naturel qu’on represente, & ce parangon se fait souvent à la honte de certains peintres qui semblent vouloir reformer les ouvrages de la nature […] & ces ignorants ont tant de fois pratiqué et veu pratiquer ces fautes qu'ils ont fait habitude, laquelle leur a passé si avant, & s'est tellement enracinée en leur jugement corrompu, qu'ils se persuadent eux-mesmes que la nature, ou ceux qui l'imitent sont fort abusez de suivre un autre chemin que celuy qu'ils tiennent.
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Pourquoy les choses imitées parfaittement sur le naturel ne paroissent pas de mesme relief que le veritable naturel
Il n’est pas possible que la peinture, quoy qu’imitée avec une tres-exacte perfection & precision de contours, d’ombres, de lumieres, & de couleurs, puisse monstrer autant de relief que le naturel, si ce n’est qu’elle soit veuë avec un seul œil : cela se demonstre ainsi […]
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Pour bien Peindre il te faut suivre le naturel
Marchant sur un chemin droit et continuel.
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Et comme il n'y a rien dans la nature qu'il [ndr : le peintre] ne doive quelquefois representer, il faut aussi qu'il ait une connoissance parfaite de tous les corps naturels avant que d'entreprendre d'en faire l'image. Mais il doit se souvenir qu'encore que l'art de portraire s'étende sur tous les sujets naturels tant beaux que difformes ; Toutefois quand il viendra à l'execution s'il veut tenir rang entre les plus habiles ; il est obligé de faire choix de ce qu'il y a de plus beau, parce qu'encore que les corps naturels luy servent de modele, neanmoins comme ils ne sont pas tous également beaux, il ne doit considerer que ceux qui sont les plus parfaits.
Mais parce que souvent on peut se tromper dans ce choix de belles choses ; il me semble qu'il faudroit dire en premier lieu ce que c'est que la Beauté, & en quoy elle consiste, principalement dans le Corps humain, qui est le plus parfait ouvrage que Dieu ait fait sur la terre. Et comme il est constant qu'elle procede de la proportion des parties comme je vous disois tantost, il faudroit parler ensuite de ce qui est necessaire dans chacune de ces parties pour produire cette Proportion admirable, afin que le Peintre en ayant une exacte connoissance, puisse égaler à son sujet la beauté de ses Figures lors qu'il viendra à desseigner sur le naturel : Et l'on se reserveroit à traiter des mesures dans la seconde partie, où l'on parleroit du Dessein.
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LE DISCIPLE.
Au lieu de m’étendre pour cela sur les bons bas Reliefs & rondes Bosses, je le feray sur le naturel ; duquel je ne diray autre chose, sinon que l’on m’a averty qu’ayant fort pratiqué d’aprés ces Sculptures, c’estoit avoir tres-bien fait, puis que cela me rendoit bien plus pratique & plus prompt à dessiner le naturel, d’autant qu’il ne demeure pas long-temps sans changer & s’apesantir.
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LE DISCIPLE.
[...]
Premierement je dis, au sujet de dessiner correctement à veuë d’œil d’aprés le naturel, une chose que vous sçavez ne devoir estre contestée, (qui est) que les parties d’un objet élevé ou abaissé au dessus de nostre œil ou horizon, & mesme scituées d’un & d’autre costé d’iceluy, apparoissent à l’œil plus petites, & aussi plus foibles en leur force de couleur, d’où resulte que celuy qui n’a eu aucune instruction ny avis, qu’il ne les faut pas ainsi diminuer, ne manquera pas de les diminuer & affoiblir, & ainsi faisant, sa coppie ne luy fera pas la mesme vision que son Naturel ou Original ; Qui est ce que l’on pretend qu’elle fasse ; car au contraire elle sera differente, à cause de cette diminution qu’il ne falloit pas faire, puisque n’ayant rien diminué à la coppie, cette diminution se fera de l’œil à elle mesme, ainsi que de l’œil au naturel, qui n’est pas non plus diminué
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LE DISCIPLE.
Vous [ndr : le disciple s’adresse ici au peintre] devez donc en cela demeurer, s’il vous plaist, d’accord, qu’il ne faut pas dessiner le relief ou naturel comme l’œil le voit, & ce qui le confirmera encore mieux, c’est la pratique de representer le relief & naturel par mesures perspectives ; car vous avez témoigné en sçavoir les Regles.
Mais permettez-moy à present de douter si vous les entendez universellement ; qui est d’en sçavoir premierement faire le geometral de la distribution par devis ou autrement, d’un ample nombre des differents objets, composez de superficies plattes & courbes, & en suitte de la place de leurs jours ombres & ombrages, à quelque jour ou lumiere que ce soit, pour ensuitte faire une dégradation Perspective de leurs plans & élevations, & en traiter encore par cette mesme regle Perspective, l’affoiblissement de leurs touches, teintes ou couleurs ; afin de leur faire faire par ce moyen le veritable effet de relief.
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[ndr : LE PEINTRE]
Mais pour en revenir à ces merveilleux Antiques, ce qui y est de tres-considerable à mon sens, c'est, que toute cette diversité de divinitez feintes & autres Statuës à plaisir, ou pour honnorer la memoire de quelques hommes Illustres, tout ne laisse pas d'en estre tres-beau & tres-agreable en leurs varietez.
J’ay autefois pris plaisir, de confronter ou opposer nostre naturel contre ces belles Sculptures [ndr : antiques], mais en verité, j’estois étonné d’y voir une si grande dissemblance.
Je remarqué bien aussi, qu’une partie de la diformité de ce naturel, venoit soit de l’un ou de l’autre Sexe, par le serrement de leurs Habits, Ceinture, Jartieres, Chausses & Souliers ; lesquelles sans contredit corrompent fort le naturel.
Le "naturel" est employé en comparaison avec les antiques au sujet de la question des proportions et de l'anatomie.
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LE DISCIPLE.
Monsieur, je vous prie de me dire, ce que vous entendez par ce mot de Manieriste.
LE PEINTRE.
C’est que plusieurs Etudians, qui ayant pris ou la maniere de leurs Maistres, ou celle des Peintres, dont nous avons parlé, va tout premierement ou à une composition & proportion ou à un agencement de Drapperies, & Coloris composé contre l’ordre de cette nature ; & de plus, qui font que la pluspart de leurs figures se ressemblent en proportion de corps, les unes estant courtes & les autres trop Gresles, & toûjours d’un mesme Coloris, soit aussi des ombres trop foibles, & d’autres trop fortes ou brunes, bref en une infinité de manieres, qui font dire, voilà de la maniere d’un tel, & d’un tel.
Car à bien le prendre, lors qu’il ne s’agit que de representer purement en Peinture un objet naturel, au point que cette representation fasse à l’œil toute la mesme vision que luy, on n’en doit point connoistre la maniere.
Je sçay que plusieurs contesteront cette proposition, mais je sçay bien aussi, que ce sera contre justice ; car j’ay veu trois ou quatre Pourtraits de personnes differentes que nombre de Peintres n’ont pas creu estre d’une mesme main ou maniere, au contraire ont demandé de qui est celuy-cy, puis celuy-là ; mais la cause venoit de ce que ce Peintre avoit tellement imité corectement le naturel d’un châcun, qu’il n’y avoit laissé sur sa Toile aucune trace & maniement de Peinceau qui y formast maniere.
Et comme sur châque naturel qui a servy de modelle à faire ces Pourtraits, il n’y a point de maniere qu’à châcun la sienne (s’il faut parler ainsi) le mesme en doit-il estre de chacune de leurs representations si elles sont bien.
Je puis donc conclure avec raison, que sur un Pourtrait bien fait, il ne s’y doit trouver d’autres manieres que celles de son Naturel ou Original, & ainsi que tant plus il y en a moins, mieux luy doit-il ressembler.
Mais comme il est à propos de parler un peu de la maniere de Peindre & de Colorer, je serois bien content de voir quelque chose de ce que vous en avez fait.
"Naturel" est ici utilisé au sujet des portraits et de la ressemblance entre le modèle et sa représentation
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DE PILES, Roger, De l'art de peinture de Charles Alphonse Dufresnoy, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
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Vous donnerez le relief & la rondeur aux corps *de la mesme façon que le Miroir convexe vous le montre, dans lequel nous voyons les Figures & toutes les autres choses qui avancent plus fortes & plus vives que le Naturel mesme, *& que celles qui tournent, sont de couleurs rompuës, comme estant moins distinguées & plus proches des bords.
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39. [Dont le choix s’en doit faire selon le goust & la maniere des Anciens.] C’est à dire, selon les Statües, les Bas-reliefs, & selon les autres Ouvrages Antiques, tant des Grecs que des Romains. On appelle Antique ce qui a esté fait depuis Alexandre le Grand jusqu’à l’Empereur Phocas, sous l’Empire duquel les Arts furent ruïnez par la guerre. Ces Ouvrages Antiques ont toûjours esté depuis leur naissance, la Regle de la Beauté. Et en effet, leurs Auteurs ont pris un tel soin de les mettre dans la perfection où nous les voyons, qu’ils se servoient, non pas d’un seul Naturel, mais de plusieurs dont ils prenoient les parties les plus regulieres pour en faire un beau Tout […]
Antiques (les)
DU FRESNOY, Charles-Alphonse
L'édition anglaise ne fait pas référence à la notion de naturel, mais renvoie à celle de modèles différentes, faisant ainsi allusion aux Filles de Crotone.
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282. [Que vous fassiez paroistre les Corps éclairez par des Ombres qui arrestent vostre veuë, &c.] C’est à dire proprement, qu’apres de grands Clairs il faut de grandes Ombres, qu’on appelle des Repos ; parce que effectivement la veuë seroit fatiguée, si elle estoit attirée par une continuité d’objets petillans. Les Clairs peuvent servir de repos aux Bruns, comme les Bruns en servent aux Clairs. […]
Ces Repos se font de deux manieres, dont l’une est Naturelle, & l’autre Artificielle : La Naturelle se fait par une étenduë de Clairs ou d’Ombres, qui suivent naturellement & necessairement les Corps solides, ou les Masses de plusieurs Figures agrouppées lors que le jour vient à frapper dessus : Et l’Artificielle consiste dans les Corps des Couleurs que le Peintre donne à de certaines choses telles qu’il luy plaist, & les compose de telle sorte, qu’elles ne fassent point de tort aux Objets qui sont auprés d’elles. Une Draperie par exemple que l’on aura fait jaune ou rouge en certain endroit, pourra estre dans un autre de Couleur brune, & y conviendra mieux pour produire l’effet que l’on demande. L’on doit prendre occasion autant qu’il est possible de se servir de la premiere Maniere, & de trouver les Repos dont nous parlons par le Clair ou par l’Ombre, qui accompagnent naturellement les Corps solides […]
Ainsi le Peintre qui a de l'intelligence prendra ses avantages de l'une & de l'autre Maniere ; & s'il fait un Dessein qui doive estre gravé, il se souviendra que les Graveurs ne disposent pas des Couleurs, comme font les Peintres, & que par consequent il doit prendre occasion de trouver les Repos de son Dessein dans les Ombres naturelles des Figures, qu'il aura disposées à cet effet. Rubens en donne une parfaite connoissance dans les Estampes qu'il a fait graver ; & je ne croy pas que l'on puisse rien voir de plus beau en ce genre : Toute l'intelligence des Grouppes, du Clair-Obscur & de ces Masses que le Titien appelloit la Grappe de Raisin, y est si nettement exposée, que la veüe de ces Estampes & l'attention que l'on y apporterait contribueraient beaucoup à faire un Habile-homme. […]
Ce n'est pas que les Graveurs ne puissent & ne doivent imiter les Corps des Couleurs par les degrez du Clair-Obscur, autant qu'ils jugeront que cela doit produire un bel effet ; au contraire il est à mon avis, impossible de donner beaucoup de force à tout ce que l'on gravera d'après les Ouvrages de l'Ecole de Venise, & de tous ceux qui ont eu l'intelligence des Couleurs & du Contraste du Clair-Obscur, sans imiter en quelque façon la Couleur des Objets selon le rapport qu'elle a aux degrez du Blanc & du Noir. […]
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435. [Aussi bien que les choses paroissent estre faites avec Facilité.] Cette facilité attire d’autant plus nos yeux & nos esprits, qu’il est à presumer qu’un beau travail qui nous paroist facile, vient d’une main sçavante & consommée. […] Mais il est impossible d’avoir cette Facilité, sans posseder parfaitement toutes les Regles de l’Art, & s’en estre fait un habitude : car la Facilité consiste à ne faire precisément que l’Ouvrage qu’il faut, & à mettre chaque chose dans sa place avec promptitude : ce qui ne se peut sans les Regles, qui sont des moyens assurez pour vous conduire, & pour terminer vos Ouvrages avec plaisir. Il est donc certain, contre l’opinion de plusieurs, que les Regles donnent de la Facilité, de la Tranquillité & de la promptitude dans les esprits les plus tardifs, & que ces mesmes Regles augmentent & dirigent cette Facilité dans ceux qui l’ont déja receuë d’une heureuse naissance.
D’où il s’ensuit que l’on peut considerer la Facilité de deux façons, ou simplement, comme une diligence & une promptitude d’esprit & de main, ou comme une disposition dans l’esprit de lever promptement toutes les difficultez qui se peuvent former dans l’Ouvrage. La premiere vient d’un temperament actif & plein de feu, & l’autre d’une veritable Science & d’une possession des Regles infaillibles ; celle-là est agreable, mais elle n’est pas toûjours sans inquietude, parce qu’elle fait égarer souvent ; & celle-cy au contraire fait agir avec un repos d’esprit & une tranquillité merveilleuse : car elle nous asseure de la bonté de nostre Ouvrage : c’est beaucoup que d’avoir la premiere ; mais c’est le comble de la perfection de les avoir l’une & l’autre, telle que les ont possedées Rubens & Vandeik, excepté la Partie du Dessein, qu’ils ont trop negligée. […]
Remarquez, s’il vous plaît, que la Facilité & la Diligence, dont je viens de parler, ne consistent pas à faire ce qu’on appelle des traits hardis, & à donner des coups de pinceau libres, s’ils ne font un grand effet d’une distance éloignée : Cette sorte de liberté est plûtost d’un Maistre à écrire que d’un Peintre. Je dis bien davantage, il est presque impossible que les choses peintes paroissent vrayes & naturelles, quand on y remarque ces sortes de traits hardis : & tous ceux qui ont le plus approché de la Nature, ne se sont pas servis de cette Manière de peindre. Tous ces cheveux filez & ces coups de pinceau qui forment des hachures, sont à la verité admirables : mais ils ne trompent pas la veuë.
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Au reste vous devez sçavoir que les Images dans la Rhetorique, ont tout un autre usage que parmi les Poëtes. En effet le but qu’on s’y propose dans la Poësie, c’est l’estonnement & la surprise : au lieu que dans la prose c’est de bien peindre les choses, & de les faire voir clairement. Il y a pourtant cela de commun, qu’on tend à emouvoir en l’une & en l’autre rencontre. [...] Et veritablement je ne sçaurois pas bien dire si Euripide est aussi heureux à exprimer les autres passions ; mais pour ce qui regarde l’amour & la fureur, c’est à quoi il s’est estudié particulierement, & il y a fort bien reussi. Et mesme en d’autres rencontres il ne manque pas quelque-fois de hardiesse à peindre les choses. Car bien que son esprit de lui-mesme ne soit pas porté au Grand, il corrige son naturel, & le force d’estre tragique & relevé, principalement dans les grands Sujets.
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[...] s'il [ndr : Rubens] ne s'est pas si fort arresté au goust de l'Antique, ce n'est point par impuissance, c'est qu'il n'y trouvoit pas assez la vérité du naturel dont il vouloir estre un parfait imitateur : Il estoit bien persuadé, comme il est vray, que la diversité de la Nature est une de ses plus grandes beautez, & il ne trouvoit pas qu'en s'attachant aux Statües & aux Bas-reliefs, il pût se satisfaire assez pleinement.
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S'estant donc proposé la Nature comme l'objet de ses [ndr : Rubens] études & de ses reflexions, il a observé exactement & avec un jugement admirable le véritable caractère des choses, ce qui les distingue les unes des autres, & qui les fait paroistre ce qu'elles sont à nos yeux : Et il a poussé cette connoissance si loin, qu'avec une hardie, mais sage & sçavante exagération de ce caractere, il a rendu la Peinture plus vivante & plus naturelle, pour ainsi dire, que le Naturel mesme. C'est dans la veuë de cet heureux succès qu'il ne s'est pas mis si fort en peine de se remplir l'idée des contours Antiques, dont la pluspart estant imitez avec trop d'affectation, portent avec eux une idée de pierre qu'ils communiquent infailliblement aux Ouvrages de ceux qui s'y sont trop attachez, au lieu que les contours de Rubens donnent au nud un véritable caractère de chair, telle qu'il l'a voulu representer selon les âges, les sexes & les conditions. Car on voit cette diversité dans les sujets qui la demandent ; [...].
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L'oppinion opposée qu'on appelle naturaliste, parce que qu'ils estiment necessaire l'imitation exacte du naturel en toutes choses, étoit d'assujettir le Dessignateur à imiter les objets avec simplicité & pressisement comme ils sont. Leurs raisons à l'égard des Etudians étoit pour les dresser à une habitude de justesse & de precision ; & pour les avancés une expression nayve & convenable à toute sorte de sujets [...].
[...] l'étude des belles figures Antiques étoit très necessaire dans le commencement, & même plus avantageuse que le naturel, mais l'on assura qu'en l'un & en l'autre on étoit obligé de s'assujettir à imiter exactement son objet pour en receuillir le fruit qu'on en desire, & s'habituer l'oeil & la main à la justesse & precision, ce qui est le fondement de la Pratique de la Peinture [...]. [...] Quant à l'imitation precise des modelles, l'on avoüa enfin que même les plus habiles hommes doivent observer cette regle de dessigner le naturel justement & precisement, comme ils le voient pour ne s'écarter point de la verité, quand ils étudient leurs morceaux sur le naturel ; afin que s'en voulant servir en l'execution de l'Ouvrage, ses Desseins representent la verité du naturel, les laissant dans la liberté de donner à leurs figures tels caracteres de force ou de foiblesse convenables à leurs sujets, ce qui est la principale fin à laquelle toutes leurs études ce doivent raporter.
TESTELIN, Henry, Exemple touchant les Proportions et les Contours, estampe, dans TESTELIN, Henry, Sentimens des plus habiles peintres du tems, sur la pratique de la peinture et sculpture, Recueillis & mis en Tables de Preceptes. Avec six discours academiques, Extraits des Conferences tenuës en l’Académie Royale desdits Arts & prononcés en presence de deffunt Monsieur Colbert, Conseiller du Roi en tous ses Conseils, Controleur General des Finances, Surintendant & Ordonnateur des Bâtiments du Roi, Jardins, Arts & Manufactures de France, protecteur de ladite Academie, assemblée generalement en des jours solemnels pour la delivrance du Prix Royal, par Henry Testelin, Peintre du Roi, Professeur & Secretaire en ladite Academie, La Haye, Matthieu Rogguet, s.d. [1693 ou 1694], n.p. [après p. 12].
TESTELIN, Henry, Table première des préceptes de la peinture sur le traict, estampe, dans TESTELIN, Henry, Sentimens des plus habiles peintres du tems, sur la pratique de la peinture et sculpture, Recueillis & mis en Tables de Preceptes. Avec six discours academiques, Extraits des Conferences tenuës en l’Académie Royale desdits Arts & prononcés en presence de deffunt Monsieur Colbert, Conseiller du Roi en tous ses Conseils, Controleur General des Finances, Surintendant & Ordonnateur des Bâtiments du Roi, Jardins, Arts & Manufactures de France, protecteur de ladite Academie, assemblée generalement en des jours solemnels pour la delivrance du Prix Royal, par Henry Testelin, Peintre du Roi, Professeur & Secretaire en ladite Academie, La Haye, Matthieu Rogguet, s.d. [1693 ou 1694], n.p. [après la dédicace à Le Brun].
Anciens (les)
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[…] car communement on considere la lumiere par oppostion au tenebres, & ainsi successivement l’un à l’autre. Mais l’Academie a regardé ces deux opposez relativement & proportionnellement dans un seule vûë. C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […] [...] Car en voyant ainsi les objets d’un seul coup d’œil, la partie ombrée ne paroît que comme une masse d’obscurité, dans laquelle on ne discerne pas les choses qui y peuvent être, de même il faut dans un Tableau négligé ce qui n’est pas éclairé, en imitant le naturel sans trop penetrer les choses qui demeurent cachées par les ombres, ou effacées par leurs éloignement.
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Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.
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La seconde chose étoit de bien sçavoir menager leur diminution, pour faire enfoncer les objets dans le Tableau, & imiter le plus qu’il est possible, les beaux effets du naturel.
En parlant de la degradation des Couleurs ou Perspectives aërées, on dit que s’il étoit possible d’en fixer ou déterminer un degré principal de lumiere sur la Couleur, on pouvoit venir à donner quelques régles de degrés fuyants, mais qu’outre les difficultés qu’il y a pour atteindre à cette exactitude cela empêcheroit les beaux effets de l’Art ; qui ne se rencontrent jamais si agreablement par une dégradation de couleur suivie, que par les éclats que produisent le different rencontre des choses opposées, que le naturel ne nous paroît si égal que tres rarement, à cause des differants rencontres des nuages opposez qui forment des effets de lumiere differants, mais que le Peintre peut poser sur la premiere ligne de son Tableau une couleur dans son plus parfait éclat, & dans l’éloignement placer de distance en distance, de semblables couleurs diminuées proportionnement selon la perspective du Trait.
Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément à la page 69 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc). Le Comte reprend également la Table des Préceptes sur la Couleur aux pages 50-53.
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enfin que dans cette partie de la couleur, l’on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller, la belle oeconomie des couleurs, la propreté dans leur mêlange & application, & la liberté du Pinceau ; ces trois choses (qui bien souvent font chacune tout le talant d’un homme) ne se doivent jamais separer, encore qu’ils requierent chacun un soin particulier pour imiter la beauté du naturel.
Quelqu’un de l’Academie prit de là occasion de proposer une question de sçavoir, ce que l’on doit entendre par le beau naturel, & en quoi consiste cette beauté, laquelle le Peintre doit imiter, disant que si l’on en devoit croire le sens naturel & commun, (les choses étant ordonnées dans une reguliere Cimetrie,) un air serein, des arbres fort bien dressés, un terrain uni, & des objets plaisants, lui paroissoient d’une très agreable beauté, qu’il pensoit que l’on devoit du moins approprier les choses à la nature des sujets, pour former la beauté d’un Tableau, par une convenance raisonnable, & que neantmoins il avoit remarqué dans les ouvrages de tres-habilles hommes une affectation de faire paroître les choses dans l’irregularité, le désordre & l’obscurité, comme l’on voyoit en beaucoup d’endroits des Bacchanalles representées en des lieux sombres & mal plaisants, contre l’usage ordinairement pratiqué par tout de chercher des lieux agreables pour les rejouissances [...] que l’on ne devoit pas juger de la beauté des objets, par ce qu’ils ont de surprenant, n’y sur des opinions singulieres, mais suivant le sentiment universel des Esprits les plus éclairés & l’approbation la plus generale, qu’en la Peinture l’on devoit tenir pour beau ce qui imitoit le mieux le naturel dans un choix raisonnable, que dans les choses naturelles il falloit distinguer le naturel simple, d’avec un naturel composé, & entre ces derniers de reguliers & d’autres Rustiques ; dans le regulier, que la beauté consiste en la Cimetrië, & en la belle ordonnance de l’art & dans le rustique, l’irregularité champestre.
Le tableau tout comme le nom de Véronèse ne sont pas explicitement précisés par Testelin, mais le rapprochement avec le Persée délivrant Andromède a été fait par Christian Michel et Jacqueline Lichtenstein dans les Conférences de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture. Tome 1, Les Conférences au temps d'Henry Testelin 1648-1681, vol. 2. p. 614-615. Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément aux pages 69-71 puis 73-75 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc). Le Comte reprend également la Table des Préceptes sur la Couleur aux pages 50-53.
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Qu’un Peintre judicieux devoit former son génië, sur les Idées du naturel avec un esprit libre & dégagé, de toute affectation, sans entreprendre d’en vouloir charger les effets pour avantager son ouvrage par des oppositions extravagentes, & par des obscurités excessives en quoi quelques avoient voulu faire conzister la beauté du pinceau.
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Des Carnations.
LXVI.
Il y a dans les Carnations tant de differens coloris qu’il seroit mal-aisé de donner sur des sujets si particuliers des regles generales, aussi n’en garde-t’on point quand on a acquis par l’usage d’habitude de travailler aisément, & ceux qui sont arrivez à ce degré s’attachent à copier leurs Originaux, où bien ils travaillent sur leurs idées sans sçavoir comment ; De sorte que les plus habiles qui le font avec moins de reflexion & de peine que les autres, en auroient aussi d’avantage à rendre raison de leur Doctrine eu fait de Peinture, si on leur demandoit de quelles couleurs ils se servent pour faire un tel ou un tel Coloris, une Teinte icy, & là une autre.
Cependant comme les commençans à qui je destine ce petit Ouvrage ont besoin de quelque instruction d’abord. Je dirai icy en general de quelle maniere il faut faire diverses carnations.
LXVII.
Premierement aprés avoir desseigné sa Figure avec du Carmin, & ordonné sa piece, l’on applique pour les Femmes, les Enfans, & generalement pour tous les coloris tendres, une couche de blanc, meslé avec tant soit peu de ce bleu fait pour les visages dont j’ay dit la composition ; mais qu’il ne paroisse quasi pas.
LXVIII.
Et pour les Hommes, au lieu de bleu on met dans cette premiere couche un peu de Vermillon, & lors qu’ils sont vieux on y méle de l’Occre.
LXIX.
En suite on recherche tous les traits avec du Vermillon, du Carmin, & du blanc, mélez ensemble, & l’on ébauche toutes les ombres de ce mélange, ajoûtant du blanc à proportion qu’ils sont foibles, & n’en mettant guere aux plus bruns […].
LXX.
Après avoir ébauché de rouge, l’on fait des teintes bleuës avec de l’Outremer & beaucoup de blanc, sur les parties qui fuïent, c’est à dire, sur les tempes, au dessous, & aux coins des yeux, […] & aux autres endroits où la chair a je ne sçay quel œil bleu.
L’on fait encore des teintes jaunâtres avec de l’Occre, ou de l’Orpin, & un peu de Vermillon meslé de blanc au dessus des soucis, aux costez du nez vers le bas, un peu au dessous des joües, & sur les autres parties qui approchent.
C’est particulierement pour ces Teintes qu’ils faut observer le naturel, afin de le prendre, car la peinture estant une imitation de la Nature, la perfection de l’Art consiste en la justesse & en la naïveté de cette representation, sur tout pour le portrait.
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Des Fleurs.
LXXXXIII.
Il est agreable de peindre des Fleurs, non seulement par l’éclat de leurs differentes couleurs, mais aussi par le peu de temps & de peine qu’on employe à les faire, il n’y a que du plaisir, & quasi point d’application, vous estropiez un visage si vous faites un œil plus haut ou plus bas que l’autre, un petit nez, avec une grande bouche, & ainsi des autres parties : mais la crainte de ces disproportions ne gesne point l’esprit pour les Fleurs, car à moins qu’elles ne fussent tout à fait remarquables, elles ne gastent rien Aussi la plus grande partie des Personnes de qualité qui se divertissent à peindre, s’en tiennent aux Fleurs : Il faut neanmoins s’attacher à copier juste : & pour cette partie de la Mignature comme le reste, je vous renvoye au naturel, car c’est le meilleur modelle que vous puissiez vous proposer. Travaillez-donc aprés les Fleurs naturelles, & cherchez-en les Teintes, & les diverses couleurs sur vostre palette, un peu d’usage vous les fera trouver aisément, & pour vous le faciliter d’abord, je diray, en continüant mon dessein, la maniere d’en faire quelques-unes, aussi bien ne peut-on pas toûjours avoir des Fleurs naturelles & l’on n’est souvent obligé de travailler d’aprés des Estampes, où l’on ne void que la gravûre. En ce cas servez-vous de celles de Nicolas Guillaume la Fleur, & de Messieurs Robert & Baptiste, elles sont toutes tres-bonnes.
Le traducteur ne mentionne pas les artistes cités dans la version française.
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Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.
Tous les corps en éfet ont du beau dans quelques parties & du Mesquin en quelques autres : La nature ne formant que rarement des ouvrages acomplis. On voit souvent qu’elle ôte à l’un, ce qu’elle donne à l’autre : De sorte qu’il faudroit plusieurs modeles, pour en faire un qui fut parfait : Mais comme j’ay dit, la Sience consiste à supléer, où la nature s’est négligé.
Quand je dis que la nature manque, ou qu’elle se neglige, je ne pretens pas dire qu’elle ne fasse tous ses ouvrages parfait dans leurs proportions, pour toutes les fonctions naturelles : Mais je veux dire, que toutes les parties ne sont pas également bien formée, pour plaire aux Yeux.
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Tant il est vray que l’œil aime la varieté & le Contraste dans cét Art, & que le feu & la grace ne sont qu’un certain assaisonnement qui releve le naturel. En éfet ce que l’on apelle la bonne grace consiste principalement en un certain agreément, une certaine Noblesse qu’on trouve dans les yeux, dans les visages, dans l’Atitude, & dans les Contours d’une figure, lorsque la Forme, l’Action, les Draperies, sont decentes & convenables à l’âge, au sexe, & à la personne qu’on veut representer, d’où resulte la beauté et la grace. Enfin cette beauté & cette grace toujours mélées ensemble font la belle composition des figures et le comble de la perfection dans la Peinture.
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D. Mais comment connoître ce BEAU NATUREL ?
R. Je vous diray que dans la Peinture l’on doit tenir pour beau, ce qui imite le mieux le naturel dans un choix raisonnable ; que dans les choses naturelles, il faut distinguer le naturel simple d’avec le naturel composé, & dans ce dernier, faire distinction du regulier, ou de celuy qui peut être rustique ; parce que dans le regulier, la beauté consiste en la symetrie & la belle ordonnance de l’Art, & quant au rustique sa beauté consiste dans l’irrégularité champêtre.
Dans les objets naturellement simples à l’égard des choses inanimées, la beauté se rencontre dans les bizarres productions d’une terre inculte, qui forme toutes choses irrégulièrement, dont les aspects se rencontrent plaisans, selon les accidens de lumiere & autres choses qui y surviennent, & qui sont des effets admirables & charmans.
Mais la veritable beauté d’un Tableau consiste en la conformité de toutes les parties qui entrent en la composition & ordonnance, avec une judicieuse expression.
Quant à ce qui est du corps humain, chacun sçait que sa beauté n’est que dans la régularité de ses parties, & dans la précision de ses proportions, selon l’expression & le caractere des vertus & des fonctions qui luy sont appropriées. Il faut dire aussi que l’on trouve ordinairement les choses belles & estimables en quatre manieres ; PREMIEREMENT à cause de la commodité, SECONDEMENT de l’utilité, TROISIEMEMENT de la nouveauté ; & en dernier lieu à cause de leur rareté. Or comme l’utilité de la Peinture est de plaire aux yeux, & de satisfaire à l’esprit par la representation des choses absentes ; le Peintre ne peut avoir trop de soin d’imiter le naturel dans sa verité, & de choisir les plus agréables aspects.
Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Florent Le Comte est tiré de l'ouvrage "Les Sentimens (...)" de Testelin, plus précisément à la page 40 de l'édition de La Haye (Matthieu Rogguet, vers 1693-1694).
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Ce Vrai Simple trouve dans toutes sortes de naturels les moyens de conduire le Peintre à sa fin, qui est une sensible & vive imitation de la Nature […].
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Les plis faits de pratique & sans voir le naturel, ne sont ordinairement bons que pour un Dessein. Mais le Peintre qui veut tendre à la perfection doit toujours consulter les étoffes naturelles : parce que le vrai forme les plis, & fait paroître les lumieres selon la Nature des étoffes.
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Pour bien imiter le vrai, il est nécessaire de jetter les draperies, ou sur un manequin de la grandeur du naturel, ou sur le naturel même. Mais il faut extrémement prendre garde que la draperie ne conserve rien de l’immobilité qu’elle a sur le manequin.
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Vous observerez que les Fleurs & les Oiseaux se peignent d’une maniere differente, & que pour bien peindre les Oiseaux, il faut, avec le pinceau par petits traits du sens qui sont marquez dans l’estempe que vous copiez, imiter le naturel de votre oiseau, & par votre soin & l’imitation de votre dessein, le rendre conforme à l’original, en quoi vous réüssirez, si après votre ébauche faite de votre premiere couleur qui doit être fort tendre en rembrunissant & formant les ombres de l’oiseau que vous copiez, vous observez tous les traits de la maniere qu’ils sont formez ; pour representer au naturel votre oiseau, c’est-à-dire, qu’il paroisse plumé & colorié, de la maniere qu’il est naturellement ; cette observation doit servir d’instruction pour la maniere de peindre les autres oiseaux.
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Depuis Rubens jusqu'à Coypel, le sujet du crucifiment a été traité plusieurs fois. Cependant ce dernier Peintre a rendu sa composition nouvelle. Son tableau représente le moment où la nature s'émut d'horreur à la mort de J. C. le moment où le Soleil s'éclipsa sans l'interposition de la lune, & où les morts sortirent de leurs sépulcres. Dans l'un des côtez du tableau l'on voit des hommes saisis d'une peur mêlée d'étonnement à l'aspect du désordre nouveau, où paroît le Ciel, sur lequel leurs regards sont attachez. Leur épouvante fait un contraste avec une crainte mêlée d'horreur, dont sont frappez d'autres spectateurs, au milieu desquels un mort sort tout-à-coup de son tombeau. Cette pensée très-convenable à la situation des personnages, et qui montre des accidens differens de la même passion, va jusques au sublime ; mais elle paroît si naturelle en même-tems, que chacun s'imagine qu'il l'auroit trouvée, s'il eût traité le même sujet. La Bible qui est celui de tous les livres qu'on lit le plus, ne nous apprend-elle pas que la nature s'émût d'horreur à la mort de Jesus-Christ, & que les morts sortirent de leurs tombeaux ? Comment, dirions-nous, a-t-on pû faire un seul tableau du crucifiment, sans y emploïer ces accidens terribles, & capables de produire un si grand effet ? Cependant le Poussin introduit dans son tableau du crucifiment un mort sortant du sepulchre, sans tirer de l'apparition de ce mort le trait de poësie, que Monsieur Coypel en a tiré. Mais c'est le caractere propre de ces inventions sublimes que le génie seul fait trouver, que de paroître tellement liées avec le sujet, qu'il semble qu'elles aïent dû être les premieres idées qui se soient présentées aux Artisans, qui ont traité ce sujet. On suë vainement, dit Horace, quand on veut trouver des inventions du même genre sans avoir un génie pareil à celui du Poëte, dont on veut imiter le naturel et la simplicité.
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NATURE, NATUREL. On dit peindre sur le naturel, dessiner sur le naturel, figures grandes comme le naturel, plus grandes que le naturel, peindre d’après nature.