VRAI (n.)
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La Platte Peinture. Chapitre XXXIX, p. 314
La façon de parler des beaux Tableaux
1. Cela n'est pas Peinture, mais nature, & ces personnages là regardent tous ceux qui les regardent, mais d'une œillade si naïve, que vous jureriez qu'ils sont en vie.
2. Voyez ces poissons là, si vous versez dessus de l'eau ils nageront, car rien ne leur manque. Et ces oiseaux s'ils n'estoient attachez ils prendroient l'air, & fendroient le Ciel tant ils sont bien faits.
3. Comment est-il possible que le pinceau ait couché tant de douceurs sous des traits si rudes, sous des couleurs si dures, & que parmy tant de nonchalance, on ait caché tant d'attraits.
4. Quand la Peinture était encore au berceau, & à son premier lait, le pinceau estoit si niais, les ouvrages si lourds, qu'il falloit escrire dessus, c'est un bœuf, c'est un Asne, autrement vous eussiez pris cela pour un quartier de veau, maintenant il faut mettre dessous, qu'un tel peignoit, de peur qu'on ne creut que ce sont des morts qu'on a collé sur la toile, & des personnes vivantes sans vie tant le tout est bien fait.
5. Pour parler des riches Peintures il en faut parler comme si les choses estoient vrayes, non pas peintes. […]
6. Apelles peignoit ce qui ne se pouvoit peindre, on oyait craquer les tonnerres, & le tintamarre des nuées esclatantes & toutes trenchées d'esclairs.
7. Voyez comme ce drap est bien plissé, voyez ces mains de neige où les veines s'enflent […] tout le corps est aussi bien fait que si nature l'avoit façonné de ses mains. Mais encore est-ce Peinture ou nature, vérité ou artifice.
8. Mon amy pourquoy avez-vous donné une bride à ce cheval qui court de toute sa puissance, & jette son escume à gros boüillons, & est hors d'haleine ? je l'ay fait à dessein, car en deux bonds il se fut jetté hors de la carrière & hors de la toile, il l'a fallu retenir par force, voyez comme par dépit il s'en cabre.
9. Mon Dieu que ce fonds est haché bien menu, & treillissé de bonne grace, vous jureriez que c'est une chose creuse, & bien profonde.
10. Voyez comme ces fontaines sourdent des crouppes de ces montagnes, comme la main du Peintre meine ces ruisseaux aussi bien que sçauroit faire la nature […]; voyez comme ces canards se coulent parmy ces herbes, & cornillent, voyez-là comme ils se plongent boursoufflans contre-mont de petits brins & filets d'eau, retirez-vous un peu à l'escart de peur qu'ils ne vous aspergent, & moüillent, en frétillant ainsi des pattes & battant l'eau.
11. Philostrate en ses Tableaux est excellent en cecy, & vous fera riche en cette matiere.
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[...] De sorte que voulant representer dans un Tableau l’une d’icelles [ndr : l’une des Nations et époques de l’histoire] en particulier, ou plusieurs ensemble, chacune fust traittée en sa vérité, tant comme j’ay dit en l’air des figures humaines, qu’en leur geste & autres actions dependantes d’icelles, & en leurs vestemens ou draperies, puis en quelque sorte en la forme des terres & lieux, où est leur habitation, & aussi des ustensiles de leur usage ; Car par ce moyen chaque chose representeroit ainsi le vray : Mais d’autant que tout cecy ne suffit pas encore entierement à former un Tableau qui soit ce que les tres-sçavans tiennent pour excellent, qui se nomme à present parmy eux la bonne maniere, autrement le bon ou grand Goust ; à cause que de tous ces corps visibles de la nature, il y en a en divers païs dont la proportion & air, est plus agreable à l’œil de quelques personnes qu’à celuy d’autres, tant des figures humaines que des bestiaux, & partie de la terre, & en suitte des Ouvrages faits par l’industrie des hommes, comme les bastimens, & divers autres, à cette occasion il est à propos de sçavoir faire cette distinction, afin de se servir au besoin de ce qu’on peut nommer beau.
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Des attitudes des figures
Je dis que le peintre doit remarquer les attitudes & mouvements des hommes immediatement aprés qu’ils viennent d’estre produits par quelque accident subit, & il doit les observer sur le champ, & les esquisser sur ses tablettes pour s’en souvenir […] pour en estudier l’expression aprés ce modele, parce qu’une telle action n’ayant point une véritable cause, elle ne sera ny prompte ny naturelle, mais il est bien advantageux de l’avoir auparavant remarquée dans le vray original naturel, & puis faire tenir un modele en ce mesme acte pour s’aider un peu l’imagination, & tascher d’y descouvrir encore quelque chose qui fasse au sujet, & puis peindre aprés.
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Vous sçavez aussi que ce qui doit faire mieux connoistre & entendre le vray d’un Art, fondé sur des principes certains ; c’est d’en rendre raison d’un bout à l’autre ; car pour exemple, lors que je n’avois encore dessiné qu’à veuë d’œil, sans aucun ordre reglé, qui m’eust demandé quelle distance avez vous prise pour coppier vostre Original, & en quel endroit estoit vostre papier ou Toille, puis le placement de vostre œil, & aussi de combien est plus grande ou plus petite vostre coppie
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DE PILES, Roger, De l'art de peinture de Charles Alphonse Dufresnoy, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
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Je [ndr : C.-A. Dufresnoy] ne veux pas non plus étoufer le Genie par un amas de Regles, ny éteindre le feu d’une veine qui est vive & abondante : mais plûtost faire en sorte que l’Art fortifié par la connoissance des choses, passe en nature peu à peu & comme par degrez, & qu’en suite il devienne un pur Genie, capable de bien choisir le Vray, & de sçavoir faire le discernement du beau Naturel d’avec le bas & le mesquin, & que le Genie par l’exercice & par l’habitude s’acquiere parfaitement toutes les regles & tous les secrets de l’Art.
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435. [Aussi bien que les choses paroissent estre faites avec Facilité.] Cette facilité attire d’autant plus nos yeux & nos esprits, qu’il est à presumer qu’un beau travail qui nous paroist facile, vient d’une main sçavante & consommée. […] Mais il est impossible d’avoir cette Facilité, sans posseder parfaitement toutes les Regles de l’Art, & s’en estre fait un habitude : car la Facilité consiste à ne faire precisément que l’Ouvrage qu’il faut, & à mettre chaque chose dans sa place avec promptitude : ce qui ne se peut sans les Regles, qui sont des moyens assurez pour vous conduire, & pour terminer vos Ouvrages avec plaisir. Il est donc certain, contre l’opinion de plusieurs, que les Regles donnent de la Facilité, de la Tranquillité & de la promptitude dans les esprits les plus tardifs, & que ces mesmes Regles augmentent & dirigent cette Facilité dans ceux qui l’ont déja receuë d’une heureuse naissance.
D’où il s’ensuit que l’on peut considerer la Facilité de deux façons, ou simplement, comme une diligence & une promptitude d’esprit & de main, ou comme une disposition dans l’esprit de lever promptement toutes les difficultez qui se peuvent former dans l’Ouvrage. La premiere vient d’un temperament actif & plein de feu, & l’autre d’une veritable Science & d’une possession des Regles infaillibles ; celle-là est agreable, mais elle n’est pas toûjours sans inquietude, parce qu’elle fait égarer souvent ; & celle-cy au contraire fait agir avec un repos d’esprit & une tranquillité merveilleuse : car elle nous asseure de la bonté de nostre Ouvrage : c’est beaucoup que d’avoir la premiere ; mais c’est le comble de la perfection de les avoir l’une & l’autre, telle que les ont possedées Rubens & Vandeik, excepté la Partie du Dessein, qu’ils ont trop negligée. […]
Remarquez, s’il vous plaît, que la Facilité & la Diligence, dont je viens de parler, ne consistent pas à faire ce qu’on appelle des traits hardis, & à donner des coups de pinceau libres, s’ils ne font un grand effet d’une distance éloignée : Cette sorte de liberté est plûtost d’un Maistre à écrire que d’un Peintre. Je dis bien davantage, il est presque impossible que les choses peintes paroissent vrayes & naturelles, quand on y remarque ces sortes de traits hardis : & tous ceux qui ont le plus approché de la Nature, ne se sont pas servis de cette Manière de peindre. Tous ces cheveux filez & ces coups de pinceau qui forment des hachures, sont à la verité admirables : mais ils ne trompent pas la veuë.
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Ajoûtons à tant de preventions que chacun prend de soy-mesme, celles qui viennent du Maistre, de la maniere duquel on retient presque toûjours quelque chose. Sur quoy, nous pouvons remarquer en passant, que ce qu’on appelle maniere, en Peinture, est communément un defaut, n’estant pour l’ordinaire autre chose que quelque trait agreable où l’on s’est tellement pleu qu’on l’a chargé avec excés ; en quoy l’on a passé le juste poinct de ce Vray que tout le monde cherche, & où il est si difficile de parvenir.
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CXXXIII.
N’employez à aucune de ces choses [ndr : les fruits, les poissons, les reptiles, les oiseaux, les animaux, les figures et les fleurs] du Blanc de Plomb, il n’est propre qu’en Huile, & il noircit comme de l’Ancre, n’estant détrempé qu’à la Gomme, partïculierement si vous mettez vostre ouvrage dans un lieu humide ou avec des Parfuns, & la Ceruse de Venise est aussi fine, & d’un aussi grand blanc. De celuy-là, n’en épargnez pas l’usage, sur tout en ébauchant, & faites-en entrer dans tous vos meslanges, afin de leur donner un certain Corps qui empaste vostre ouvrage, & qui le fasse paroistre doux & moileux.
Le goust des Peintres est neanmoins different en ce point, les uns en employent un peu, d’autres point du tout ; mais la maniere de ceux-cy est maigre & seiche, les autres en mettent beaucoup, & c’est sans contredi la meilleure Methode & la plus usitée parmy les habiles Gens ; car outre qu’elle est prompte, c’est que l’on peut en s’en servant (ce qui seroit quasi impossible autrement) copier toutes sortes de Tableaux, nonobstant le sentiment contraire de quelques-uns, qui disent qu’en mignature l’on ne peut donner la Force & toutes les differentes Teintes qu’on void dans les Pieces en Huile, ce qui n’est pas vray, du moins pour les bons Peintres, & les effets le prouvent assez ; car il se void des Figures, des Païsages, des Portraits, & toute autre chose en mignature, touchez d’une aussi grande maniere, aussi vraye & aussi noble, quoy que plus mignonne & delicate qu’en huile.
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la veritable Peinture doit appeller son Spectateur par la force & par la grande verité de son imitation ; & que le Spectateur surpris doit aller à elle, comme pour entrer en conversation avec les figures qu’elle represente. En effet quand elle porte le caractere du Vrai, elle semble ne nous avoir attirez que pour nous divertir, & nous instruire.
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Il faut que tous ses objets peints paroissent vrais, avant que de paroître d’une certaine façon ; parce que le Vrai dans la Peinture est la baze de toutes les autres parties, qui relevent l’excellence de cet Art, comme les sciences & les vertus relevent l’excellence de l’homme qui en est le fondement.
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Le Spectateur n’est pas obligé d’aller chercher du Vrai dans un ouvrage de Peinture : mais le Vrai dans la Peinture doit par son effet appeller les Spectateurs.
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Rien n’est bon, rien ne plaît sans le Vrai ; c’est la raison, c’est l’équité, c’est le bon sens & la base de toutes les perfections, c’est le but des Sciences, & tous les Arts qui ont pour objet l’Imitation ne s’exercent que pour instruire & pour divertir les hommes par une fidelle representation de la Nature.
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Outre ce Vrai général qui doit se trouver par tout, il y a un Vrai dans chacun des beaux Arts, & dans chaque Science en particulier. […] dans l’Imitation en fait de Peinture, il y a à observer que bien que l’objet naturel soit vrai & que l’objet qui est dans le Tableau ne soit que feint, celui-ci neanmoins est appellé Vrai quand il imite parfaitement le caractère de son modele.
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Je trouve trois sortes de Vrai dans la Peinture.
Le Vrai Simple,
Le Vrai Ideal,
Et le Vrai Composé, ou le Vrai Parfait.
Le Vrai Simple que j’appelle le premier Vrai, est une imitation simple & fidelle des mouvemens expressifs de la Nature, & des objets tels que le Peintre les a choisis pour modele, & qu’ils se presentent d’abord à nos yeux, en sorte que les Carnations paroissent de veritables Chairs, […] que par l’intelligence du clair-obscur & de l’union des couleurs, les objets qui sont peints paroissent de relief, & le tout ensemble harmonieux.
Ce Vrai Simple trouve dans toutes sortes de naturels les moyens de conduire le Peintre à sa fin, qui est une sensible & vive imitation de la Nature […].
Le Vrai Ideal est un choix de diverses perfections qui ne se trouvent jamais dans un seul modele ; mais qui se tirent de plusieurs & ordinairement de l’Antique.
Ce Vrai Ideal comprend l’abondance des pensées, la richesse des inventions, la convenance des attitudes, l’élégance des contours, le choix des belles expressions, le beau jet des draperies, enfin tout ce qui peut sans alterer le premier Vrai le rendre plus piquant & plus convenable. Mais toutes ces perfections ne pouvant subsister que dans l’idée par raport à la Peinture, ont besoin d’un sujet légitime qui les conserve & qui les fasse paroître avec avantage ; & ce sujet légitime est le Vrai Simple : […] c’est-à-dire, un sujet bien disposé pour les recevoir & les faire subsister, […]. Il paroît donc que ces deux Vrais, le Vrai Simple & le Vrai Ideal font un composé parfait, dans lequel ils se prêtent un mutuel secours, avec cette particularité, que le premier Vrai perce & se fait sentir au travers de toutes les perfections qui lui sont jointes.
Le troisiéme Vrai qui est composé du Vrai Simple & du Vrai Ideal fait par cette jonction le dernier achevement de l’Art, & la parfaite imitation de la belle Nature. C’est ce beau Vraisemblable qui paroît souvent plus vrai que la verité-même, parce que dans cette jonction le premier Vrai saisit le Spectateur, sauve plusieurs négligences, & se fait sentir le premier sans qu’on y pense. […]
Ce troisiéme Vrai, est un but où personne n’a encore frappé ; on peut dire seulement que ceux qui en ont le plus approché sont les plus habiles. Le Vrai Simple & le Vrai Ideal ont été partagés selon le génie & l’éducation des Peintres, qui les ont possedés. Georgion, Titien, Pordenon, le vieux Palme, les Bassans, & toute l’Ecole Venitienne n’ont point eu d’autre merite que d’avoir possedé le premier Vrai. Et Leonard de Vinci, Raphaël, Jules Romain, Polidore de Caravage, le Poussin, & quelques autres de l’Ecole Romaine, ont établi leur plus grande reputation par le Vrai Ideal ; mais sur-tout Raphaël, qui outre les beautés du Vrai Ideal a possedé une partie considerable du Vrai Simple, & par ce moyen a plus approché du Vrai parfait qu’aucun de sa Nation.
BASSANO, les
DA VINCI, Leonardo
École romaine
École vénitienne
GIORGIONE (Giorgio da Castelfranco)
IL PORDENONE (Giovanni Antonio De' Sacchis)
NEGRETTI, Jacopo d'Antonio (Palma il Vecchio)
POLIDORO DA CARAVAGGIO
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
ROMANO, Giulio
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
Roger de Piles définit trois types de Vrais : le Vrai Simple, le Vrai Idéal et le Vrai parfait, c’est-à-dire composé des deux précédents. Le Vrai Simple est l’imitation fidèle de la nature ; il fut l’apanage de l’école vénitienne. Le Vrai Idéal englobe les perfections choisies dans divers modèles à appliquer au Vrai Simple ; les artistes de l’école romaine l’ont possédé. Le Vrai parfait, ou Vrai composé, ce beau Vraisemblable, est donc la « parfaite imitation de la belle nature » ; Raphaël est l’Italien qui s’en est le plus approché.
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Comme les Peintres appellent du nom de charge & de chargé tout ce qui est outré, & que tout ce qui est outré est hors de la Vraisemblance ; il est certain que tout ce qu’on appelle chargé est hors du Vrai que nous venons d’établir. […] On ne peut néanmoins s’empêcher de louer dans quelques grands Ouvrages les choses chargées, quand une raisonnable distance d’où on les voit les adoucit à nos yeux, ou qu’elles sont employées avec une discretion qui rend plus sensible le caractère de la verité.
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Appelles avoit donc plus de soin d’observer le Vrai dans ses portraits, que de les embellir en les altérant.
En effet le Vrai a tant de charmes en cette occasion, qu’on le doit toujours préferer au secours d’une beauté étrangere. Car sans le Vrai les portraits ne peuvent conserver qu’une idée vague & confuse de nos amis, & non pas un véritable caractere de leur personne.
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L'Enthousiasme est un transport de l'esprit qui fait penser les choses d'une maniere sublime, surprenante, & vraisemblable. […]
[...] Quoique le Vrai plaise toujours, parce qu'il est la base & le fondement de toutes les perfections, il ne laisse pas d'être souvent insipide quand il est tout seul ; mais quand il est joint à l’Enthousiasme, il transporte l'esprit dans une admiration mêlée d'étonnement ; il le ravit avec violence sans lui donner le tems de retourner sur lui-même.
J'ai fait entrer le Sublime dans la définition de l'Enthousiasme, parce que le Sublime est un effet & une production de l'Enthousiasme. […] Mais comme l'Enthousiasme & le Sublime tendent tous deux à élever notre esprit, on peut dire qu'ils sont d'une même nature. La difference neanmoins qui me paroît entre l'un & l'autre, c'est que l'Enthousiasme est une fureur de veine qui porte notre ame encore plus haut que le Sublime, dont il est la source, & qui a son principal effet dans la pensée & dans le Tout ensemble de l'ouvrage ; aulieu que le Sublime se fait sentir également dans le général, & dans le détail de toutes les parties. L'Enthousiasme a encore cela que l'effet en est plus prompt, & que celui du Sublime demande au moins quelques momens de réfléxion pour être vû dans toute sa force.
[…] Il me paroît, en un mot, que l'Enthousiasme nous saisit, & que nous saisissons le Sublime.
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Les plis faits de pratique & sans voir le naturel, ne sont ordinairement bons que pour un Dessein. Mais le Peintre qui veut tendre à la perfection doit toujours consulter les étoffes naturelles : parce que le vrai forme les plis, & fait paroître les lumieres selon la Nature des étoffes.
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Avant que de quitter cet article qui regarde l’harmonie dans le coloris, je dirai que les glacis sont un très-puissant moyen pour arriver à cette suavité de couleurs si nécessaire pour l’expression du Vrai.
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ALCIPE. […] Seriez-vous dans l’erreur de croire, comme beaucoup de gens, que l’on ne sçauroit sentir les beautez d’un ouvrage, que lorsque l’on sçait de quelle main il est sorti ? Detrompez vous de grace.
DAMON. Mais vous conviendrez, que pour voir un tableau avec plaisir, il faut être au fait des principes de l’art, sans quoi…
ALCIPE. Je conviens que celui qui les a étudiés, doit avoir encore plus de plaisir qu’un autre ; mais je ne conviens pas que cela soit absolument necessaire. Selon votre idée on ne pourroit lire des vers avec plaisir, qu’autant qu’on seroit capable d’en faire soi-même, & il ne seroit plus permis qu’à ceux qui savent la musique, d’écouter un concert. Non, mon cher Damon, les beaux arts sont faits pour toutes les personnes de bon sens & d’esprit ; & sur-tout la Peinture, qui n’a d’autre objet que l’imitation du vrai.
Coypel oppose ici l’appréhension sensuelle et intellectuelle de la peinture, compréhension innée et compréhension acquise grâce à la connaissance des règles.
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A l’égard de la couleur, vous êtes à portée de même, & plus encore d’en sentir les beautez, puisqu’il ne s’agit que de comparer le vrai avec l’imitation. Quand vous verrez de la chair qui ressemblera à de la chair, dites hardiment : voilà qui est bien colorié. Lorsqu’au contraire vous verrez dans un tableau de la chair, dans laquelle vous distinguerez le verd, le rouge, le gris ou le jaune ; moquez-vous des grands mots de couleurs brillante, rousse, dorée, suave, precieuse, allez votre chemin : demander la couleur de la chair.
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Are. Il est donc l’essence du peintre de representer par son art toutes choses si semblables aux operations de la nature, qu’elles paroissent vraies, & celui à qui cette faculté manque, n’est nullement peintre.
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Fab. C’est avec justice qu’on a toujours estimé les peintres, parce qu’ils semblent surpasser en esprit, & en courage les autres hommes ; puisqu’ils osent par leur art imiter ce que Dieu a fait, & le representer de maniere qu’il semble vrai : c’est ce qui fait que je ne m’etonne pas que les Grecs, qui connoissoient le sublime de la peinture, deffendissent aux esclaves de la professer. Aussi Aristote se garde bien de confondre cet art parmi les mecaniques, disant qu’on devroit etablir des ecoles publiques dans les villes, ou les enfants allassent apprendre.
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Par un charme secret que nous sentons mieux que nous ne pouvons le définir, la peinture s’empare de nos sens ; elle fait passer pour vrai ce qui est faux, pour vivant ce qui est mort, é nous ne sortons de cette illusion que pour admirer l’art qui la cause. Cet art demande conséquemment un génie fécond & élevé, une imagination vive & brillante, de l’enthousiasme, du sublime, un jugement exquis, un esprit capable de prendre toutes sortes de formes & de les exprimer.
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Ces deux exemples suffisent pour donner, en attendant, une idée claire & distincte de ce qu’on appelle la belle Nature. Ce n’est pas le vrai qui est ; mais le vrai qui peut être, le beau vrai, qui est représenté comme s’il existoit réellement, & avec toutes les perfections qu’il peut recevoir.
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BAILLET DE SAINT-JULIEN, Louis-Guillaume, Lettres sur la peinture à un amateur, Genève, s.n., 1750.
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On ne se familiarise point avec la nature du premier coup : il faut auparavant beaucoup de recherche, une longue application, & une pratique mûre & raisonnée. Il est certain que si cet Auteur peut atteindre à un peu plus de chaleur, il sera encore plus vrai que M. Oudry.