ROMANO, Giulio ( v. 1499-1546 )

ISNI:0000000121023744 Getty:500115304
Peintre et architecte italien

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{Hoemen het Model wel stellen sal.} Men sal oock een goede manniere soecken, om ’t Model wel te stellen, en goede Actien te verkiesen, dat doet (om alle Wan-order te verhouden) by om-gaende beurten: En laet die, die het sijne beurt valt, te vooren een Actie by gedachte op Papier Geschetst hebben, om in ’t stellen dentijdt niet ydel te laten passeeren; het zy dan dat het eene Actie is die bedachte, ofte na de Inventy van een goet Meester komt, gelijck dat by Memory uyt aensien van Print-Konst, of Teyckeningen kan geschieden; {Hoemen oock wel eenige Actie na andere komt te volgen.} gelijckmen veel fraye, zedige, en wonderlijcke aendachtige Actien, ende Beelden siet, onder de dingen van Raphel, Primaticcio, Carats, Iulio Romano, Polydoor, Testa, en menighte andere verstandighe, soo Oude als hedendaeghse Meesters; daer in dat yder sijnen vryen wil, en lustighen Geest in navolgen mach. {Natuerlijcke gevallige Actien, dickwils best.} Oock salmen acht geven op de Natuerlijcke Actien, die by wijlen uyt eygene beweging van u Model komen te vallen, welcke somtijdts veel grootser, werckelijcker en aendachtiger komen te zijn dan die met voordacht gestelt ofte bedacht konnen worden;

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Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches

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ESLEVE
Ce mot d’Esleve est particulièrement affecté aux Apprentys ou Disciples des Peintres tres fameux : comme Raphael a eu pour Esleve Jules Romain : Hannibal Carace a eu le Guïde, le Dominiquin, et plusieurs autres. Le mot italien est
Allievo : et mesme en François on dit assez ordinairement, qu’un jeune homme a esté bien eslevé, pour dire qu’il a esté bien instruit.

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Eleve, pour dire disciple : ce mot est particuliérement affecté aux apprentifs ou disciples des Peintres fameux ; comme Raphaël a eu pour éleve Jules Romain : Hannibal Carache a eu le Guide, le Dominiquin, & plusieurs autres : le mot Italien est Allievo, […].

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The Ancients possess’d Both the excellent Qualities I have been treating of [ndr : Grace et Greatness], among whom Apelles is distinguish’d for Grace. Rafaëlle was the Modern Apelles, not however without a prodigious Degree of Greatness. His Style is not Perfectly Antique, but seems to be the effect of a Fine Genius accomplish’d by Study in that excellent School ; ‘Tis not Antique, but (may I dare to say it) ‘tis Better, and that by Choice, and Judgment. Giulio Romano had Grace, and Greatness, more upon the Antique Taste, but not without a great Mixture of what is peculiarly his Own, and admirably Good, but never to be imitated. Polydore in his best things was altogether Antique. […] His Style [ndr : de Michel-Ange] is his Own, not Antique, but He had a sort of Greatness in the utmost Degree, which sometimes ran into the Extream of Terrible ;

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There are an Infinity of Artifices to Hide Defects, or Give Advantages, which come under this Head of Invention ; as does all Caprices, Grotesque, and other Ornaments, Masks, &c. together with all Uncommon, and Delicate Thoughts : such as the Cherubims attending on God when he appeared to Moses in the Burning Bush, which Rafaëlle has painted with Flames about them instead of Wings ;

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Cette distribution des objets en général regarde les Grouppes, & les Grouppes resultent de la liaison des objets. Or cette liaison se doit considerer de deux manieres : ou, par rapport au Dessein seulement, ou par rapport au Clair-obscur. L'une & l'autre maniere concourent à empêcher la dissipation des yeux, & à les fixer agreablement.
La liaison des objets par rapport seulement au Dessein, & sans avoir égard au Clair-obscur, regarde principalement les figures humaines, dont les actions, les conversations & les affinités exigent souvent qu'elles soient proches les unes des autres.
[…] il est bon d'être averti que les liaisons dont nous avons parlé, tirent leurs meilleurs principes du choix des Attitudes & du Contraste.

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The Contours must be Large, Square, and Boldly pronounc’d to produce Greatness ; and Delicate, and finely Waved, and Contrasted to be Gracious. There is a Beauty in a Line. in the Shape of a Finger, or Toe, even in that of a Reed, or Leaf, or the most inconsiderable things in Nature : I have Drawings of Guilio Romano of something of this Kind ; his Insects, and Vegetables are Natural, but as much above those of other Painters as his Men are : There is that in these things which Common Eyes see not, but which the Great Masters know how to give, and They Only.

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[....] La Place estoit ornée tout au tour de Statuës, que les Cabalistes avoient fait ériger à leurs Princes, entre lesquelles celle de Michelange occupoit le premier lieu, accompagné de celles du Titien, du Georgion, de Paul Veronese, du Tintoret, des Bassans, du Correge, du Guide, de Rubens, Vandick, Zuccaro, Lanfranc, Joseph Pin, Maistre Rousse, Saint Martin, Ribera, Pietre Teste, Freminet, Tempeste, Blœmaret, P. ….. V ….. B. …. V. … &c toutes posées sur leurs piedestaux, avec chacune une Inscription à leur loüange.
On ne voyait là ny les Apelles, ny les Timanthes, ny les Raphaëls, ny les Poussins, ny les Leonards de Vincy, ny les Jules Romains, ny les autres de ce merite, dont on ne se doit pas étonner, veu qu’ayans tous esté les Antagonistes de ces faux Peintres, les Cabalistes n’avoient garde de leur donner place parmi ceux dont ils ont méprisé les ouvrages & les maximes.

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There are an Infinity of Artifices to Hide Defects, or Give Advantages, which come under this Head of Invention ; as does all Caprices, Grotesque, and other Ornaments, Masks, &c. together with all Uncommon, and Delicate Thoughts : such as the Cherubims attending on God when he appeared to Moses in the Burning Bush, which Rafaëlle has painted with Flames about them instead of Wings ;

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CARTON. On appelle cartons certains desseins de tapisseries, que les Peintres sont pour servir de modéles aux ouvriers. On dit : les tapisseries de Flandres, des Gobelins, sont faites sur les cartons de Rubens, de Jule Romain. Le Brun en a fait les cartons. Les cartons sont de Raphaël. Dans cette acception, il ne se dit jamais qu’au pluriel. Le Dictionnaire de l’Academie, à oublié ce mot pris dans l’acception dont je viens de parler. 
On appelle encore
cartons, certaines esquisses en grand, tracées sur du carton, d’après lesquelles les Peintres peignent à fraisque.

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Cette distribution des objets en général regarde les Grouppes, & les Grouppes resultent de la liaison des objets. Or cette liaison se doit considerer de deux manieres : ou, par rapport au Dessein seulement, ou par rapport au Clair-obscur. L'une & l'autre maniere concourent à empêcher la dissipation des yeux, & à les fixer agreablement.
La liaison des objets par rapport seulement au Dessein, & sans avoir égard au Clair-obscur, regarde principalement les figures humaines, dont les actions, les conversations & les affinités exigent souvent qu'elles soient proches les unes des autres.
[…] il est bon d'être averti que les liaisons dont nous avons parlé, tirent leurs meilleurs principes du choix des Attitudes & du Contraste.

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Of EXPRESSION
Whatever the general Character of the Story is, the Picture must discover it throughout, whether it be Joyous, Melancholy, Grave, Terrible, &c. The Nativity, Resurrection, and Ascension ought to have the General Colouring, the Ornaments, Background, and every thing in them Riant, and Joyous, and the contrary in a Crucifixion, Interment, or a Pietà. [The Blessed Virgin with the dead Christ].
But a Distinction must be made between Grave, and Melancholy, as in a Holy Family (of
Rafaëlle’s Design at least) which I have, and has been mention’d already ; the Colouring is Brown, and Solemn, but yet all together the Picture has not a Dismal Air, but quite otherwise. […] There are certain Sentiments of Awe, and Devotion which ought to be rais’d by the first Sight of Pictures of that Subject, which that Solemn Colouring contributes very much to, but not the more Bright, though upon other Occasions preferable.
I have seen a fine Instance of a Colouring proper for Melancholy Subjects in a Pietà of Van-Dyck : That alone would make one not only Grave, but sad at first Sight ; And a Colour’d Drawing that I have of the Fall of Phaëton after Giulio Romano, shews how much This contributes to the Expression. ‘Tis different from any Colouring that ever I saw, and admirably adapted to the Subject, there is a Reddish Purple Tinct spread throughout, as if the World was all invelopp’d in Smould’ring Fire.

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Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie

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The Contours must be Large, Square, and Boldly pronounc’d to produce Greatness ; and Delicate, and finely Waved, and Contrasted to be Gracious. There is a Beauty in a Line. in the Shape of a Finger, or Toe, even in that of a Reed, or Leaf, or the most inconsiderable things in Nature : I have Drawings of Guilio Romano of something of this Kind ; his Insects, and Vegetables are Natural, but as much above those of other Painters as his Men are : There is that in these things which Common Eyes see not, but which the Great Masters know how to give, and They Only.

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Cette distribution des objets en général regarde les Grouppes, & les Grouppes resultent de la liaison des objets. Or cette liaison se doit considerer de deux manieres : ou, par rapport au Dessein seulement, ou par rapport au Clair-obscur. L'une & l'autre maniere concourent à empêcher la dissipation des yeux, & à les fixer agreablement.
La liaison des objets par rapport seulement au Dessein, & sans avoir égard au Clair-obscur, regarde principalement les figures humaines, dont les actions, les conversations & les affinités exigent souvent qu'elles soient proches les unes des autres.
[…] il est bon d'être averti que les liaisons dont nous avons parlé, tirent leurs meilleurs principes du choix des Attitudes & du Contraste.

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Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches

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On sçait que plusieurs Peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, & qu'ils ont pris quelquefois une copie pour l'original qu'eux-mêmes ils avoient peint. Vasari raconte, comme témoin oculaire, que Jules Romain, après avoir fait lui-même la draperie dans un tableau que peignoit Raphaël, reconnut pour son original la copie qu'André Del Sarte avoit faite de ce tableau.

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Pour l’autre Composition, qui est de nostre Moderne Jules Romain, elle nous monstre en effet, qu’une Imitation ingenieuse peut egaler et mesme passer encore au-dessus de l’Original, et que par consequent, il n’est pas moins glorieux d’imiter ainsi par concurrence d’esprit, la pensée d’un autre, et de l’enrichir comme il a fait, qu’il est honteux à un Peintre de copier mechaniquement figure à figure tout un Tableau, sans y apporter du sien autre chose que la peine et la sujetion d’un simple Ouvrier ; ce travail n’estant pas tant reputé l’Ouvrage d’un peintre, que l’estude d’un apprenty.

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There are some Pictures, and Drawings which are neither Coppies, nor Originals, as being partly One, and partly t’other. If in a History, or large Composition, or even a Single Figure, a Face, or more is incerted, Coppied from what has been done from the Life, such Picture is not intirely Original. Neither is that So, nor Intirely Coppy where the Whole Thought is taken, but the Manner of the Coppier used as to the Colouring, and Handling. A Coppy Retouch’d in Some places by Invention, or the Life is of this Æquivocal kind. I have several Drawings first coppied after Old Masters (Guilio Romano for example,) and then Heightned, and endeavour’d to be improved by Rubens ; So far as His hand has gone is therefore Original, the rest remains pure Coppy. But when he has thus wrought upon Original Drawings (of which I have also many Instances,) the Drawing looses not its first Denomination, ‘tis an Original still, made by two several Masters.
The Ideas of Better, and Worse are generally attached to the Terms Original, and Coppy ; and that with good reason ; not only because Coppies are usually made by Inferiour Hands ; but because tho’ he that makees the Coppy is as Good, or even a Better Master than he that made the Original whatever may happen Rarely, and by Accident, Ordinarily the Coppy will fall short : Our Hands cannot reach what our Minds have conceiv’d ; ‘tis God alone whose works answer to his Ideas. In making an Original our Ideas are taken from Nature ; which the Works of Art cannot equal : When we Coppy ‘tis these Defective Works of Art we take our Ideas from ; Those are the utmost we endeavour to arrive at ; and these lower Ideas too our Hands fail of executing perfectly : An Original is the Eccho of the Voice of Nature, a Coppy is the Eccho of that Eccho.

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on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage ; Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches ; enfin que dans cette partie de la couleur, l’on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller, la belle oeconomie des couleurs, la propreté dans leur mêlange & application, & la liberté du Pinceau ; ces trois choses (qui bien souvent font chacune tout le talant d’un homme) ne se doivent jamais separer, encore qu’ils requierent chacun un soin particulier pour imiter la beauté du naturel.

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on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage ; Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches ; enfin que dans cette partie de la couleur, l’on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller, la belle oeconomie des couleurs, la propreté dans leur mêlange & application, & la liberté du Pinceau ; ces trois choses (qui bien souvent font chacune tout le talant d’un homme) ne se doivent jamais separer, encore qu’ils requierent chacun un soin particulier pour imiter la beauté du naturel.

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Cette distribution des objets en général regarde les Grouppes, & les Grouppes resultent de la liaison des objets. Or cette liaison se doit considerer de deux manieres : ou, par rapport au Dessein seulement, ou par rapport au Clair-obscur. L'une & l'autre maniere concourent à empêcher la dissipation des yeux, & à les fixer agreablement.
La liaison des objets par rapport seulement au Dessein, & sans avoir égard au Clair-obscur, regarde principalement les figures humaines, dont les actions, les conversations & les affinités exigent souvent qu'elles soient proches les unes des autres.
[…] il est bon d'être averti que les liaisons dont nous avons parlé, tirent leurs meilleurs principes du choix des Attitudes & du Contraste.

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L’autre question fut de sçavoir si l’idée que l’on concevoit du Peintre n’étoit que dans le coloris, & si il étoit inutile de chercher ailleurs cette idée en telle sorte que toute son étude se dût arrêter en cette partie là ; il fut dit là-dessus, qu’à parler proprement, la Peinture comprend tout ce qui se peut representer par le Dessein en quelque maniere que ce soit, & que le coloris n’en est qu’une partie, ce que l’on prouva par divers exemples, & particulierement par la Musique, dont les Compositeurs sont appellés Musiciens, encore qu’ils n’ayent ni Voix ni Instrumens, car comme le Musicien sans la Voix peut avec les Instrumens émouvoir les passions qu’il veut toucher, de même que le Peintre a besoin de la couleur quand il veut rendre ses representations completes & achevées, le Musicien qui chante juste & correct avec une voix mediocre, doit être plus estimé que celui qui chante faux avec une belle voix, de même le Peintre bon dessignateur & correct, qui colorie mediocrement est plus estimable que celui qui avec un beau coloris designe mal. Enfin la belle voix peut charmer les ignorants, quoi qu’elle ne soit pas soûtenuë de la justesse, comme le bel éclat de la couleur peut faire la même chose, encore que le Dessein en soit mauvais. Cette contestation fut terminée par un discours auquel on representa pour encourager ceux qui aspirent à l’universalité des parties de la Peinture, & de leur faire connoître toute l’étenduë de l’empire du Dessein ; que c’est par lui que l’Architecture met au jour ses plus belles idées, […].

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chacune de ses manieres de peindre ont leur proprieté & leur advantage, qu’à la verité la détrempe conserve la beauté des couleurs dans sa pureté & que leur matte imite mieux les apparences des choses naturelles, mais qu’il faut aussi tomber d’accord, que la Peinture à l’huile a generalement plus d’avantage pour donner de la force & de l’union & même pour prendre la teinte des objets dans tous les divers effets des lumieres differentes sur les objets éloignés de la vuë, ces considerations contenterent les deux Aveugles, qui s’en retournerent satisfaits, & le Professeur en ayant fait le recit en une assemblée de conference donna par ce moyen occasion de parler sur la couleur, on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage

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The Goût is a mixture of Poussin’s usual Manner [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin], and (what is very rare) a great deal of Guilio, particulary in the Head, and Attitude of the Lady, and both the Horses ; Tancred is naked to the Wast having been stripp’d by Erminia and his ’Squire to search for his Wounds, he has a piece of loose Drapery which is Yellow, bearing upon the Red in the Middle Tincts, and Shadows, this is thrown over his Belly, and Thighs, and lyes a good length upon the ground ; ’twas doubtless painted by the Life, and is intirely of a Modern Taste. And that nothing might be shocking, or disagreeable, the wounds are much hid, nor is his Body, or Garment stain’d with Blood, only some appears here, and there upon the ground just below the Drapery, as if it flow’d from some Wounds which That cover’d ;

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Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie

Quotation

Cette distribution des objets en général regarde les Grouppes, & les Grouppes resultent de la liaison des objets. Or cette liaison se doit considerer de deux manieres : ou, par rapport au Dessein seulement, ou par rapport au Clair-obscur. L'une & l'autre maniere concourent à empêcher la dissipation des yeux, & à les fixer agreablement.
La liaison des objets par rapport seulement au Dessein, & sans avoir égard au Clair-obscur, regarde principalement les figures humaines, dont les actions, les conversations & les affinités exigent souvent qu'elles soient proches les unes des autres.
[…] il est bon d'être averti que les liaisons dont nous avons parlé, tirent leurs meilleurs principes du choix des Attitudes & du Contraste.

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The Thoughts, and Finishings are in a great Measure seen in the Prints of such Works of which Prints are made, nor is a Drawing destitute of Colouring absolutely ; on the contrary, one frequently sees beautiful Tints in the Paper, Washes, Ink, and Chalks of Drawings ; But what is wanting in some respects is abundantly recompenc’d in Others, for in These Works the Masters not being embarrass’d with Colours have had a full Scope, and perfect Liberty, which is a very considerable Advantage, especially to some of them. There is a Spirit, a Fire, a Freedom, and Delicacy in the Drawings of Giulio Romano, Polydoro, Parmeggiano, Battista Franco, &c. which are not to be seen in their Paintings : A Pen, or Chalk will perform what cannot possibly be done with a Pencil ; and a Pencil with a thin Liquid only what cannot be done when one has a Variety of Colours to manage, especially in Oil.

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on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage ; Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches

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on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage ; Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches ; enfin que dans cette partie de la couleur, l’on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller, la belle oeconomie des couleurs, la propreté dans leur mêlange & application, & la liberté du Pinceau ; ces trois choses (qui bien souvent font chacune tout le talant d’un homme) ne se doivent jamais separer, encore qu’ils requierent chacun un soin particulier pour imiter la beauté du naturel.

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ESLEVE
Ce mot d’Esleve est particulièrement affecté aux Apprentys ou Disciples des Peintres tres fameux : comme Raphael a eu pour Esleve Jules Romain : Hannibal Carace a eu le Guïde, le Dominiquin, et plusieurs autres. Le mot italien est
Allievo : et mesme en François on dit assez ordinairement, qu’un jeune homme a esté bien eslevé, pour dire qu’il a esté bien instruit.

Quotation

Eleve, pour dire disciple : ce mot est particuliérement affecté aux apprentifs ou disciples des Peintres fameux ; comme Raphaël a eu pour éleve Jules Romain : Hannibal Carache a eu le Guide, le Dominiquin, & plusieurs autres : le mot Italien est Allievo, […].

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Voyla une espece d’imitation si rare et si spirituelle, qu’elle peut aller en concurrence avec l’original mesme ; et je m’asseure que si Timanthe l’eust veüe, au lieu de prendre de la jalousie de cette galante emulation, il eust estimé la gentillesse d’esprit de nostre moderne, et fait grand estat de son ouvrage.

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Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

ESQUISSE, ESQUISSER. L’esquisse est le premier crayon d’un ouvrage que l’on médite. Les Italiens disent schizzo
« Les Peintres, dit Félibien, ne dessinent pas d’abord avec justesse toutes les parties, ils en font une légère
esquisse, où ils établissent l’ordre de leurs pensées. » Esquisser un bras, une tête, une pensée, un dessein ; son opposé est arrêter, finir, terminer. Les Sculpteurs ont emprunté ce terme, & ils appellent esquisse les premiers modéles de terre ou de cire qu’ils font. 
Ebauche &
esquisse ne sont pas des mots tout-à-fait synonimes. L’esquisse est proprement la premiere pensée d’un tableau que l’on jette rapidement sur un papier, sur un carton séparé. L’ébauche est le commencement du tableau même, dont on trace les premieres lignes sur la toile. L’esquisse est séparée du tableau. L’ébauche se fait sur le tableau même. Nous avons les esquisses de Raphaël, de Jules Romain : Nous ne sçaurions avoir leurs ébauches : cependant ces deux mots se confondent dans le langage ordinaire ; mais c’est aux Léxicographes à marquer exactement leur signification propre, & c’est ce que la plûpart des Dictionnaires n’ont pas fait, nommément le Trévoux.
Mr de Piles a fait ce mot masculin. 
Il a dit des es
quisses légers.

Quotation

Of EXPRESSION
Whatever the general Character of the Story is, the Picture must discover it throughout, whether it be Joyous, Melancholy, Grave, Terrible, &c. The Nativity, Resurrection, and Ascension ought to have the General Colouring, the Ornaments, Background, and every thing in them Riant, and Joyous, and the contrary in a Crucifixion, Interment, or a Pietà. [The Blessed Virgin with the dead Christ].
But a Distinction must be made between Grave, and Melancholy, as in a Holy Family (of
Rafaëlle’s Design at least) which I have, and has been mention’d already ; the Colouring is Brown, and Solemn, but yet all together the Picture has not a Dismal Air, but quite otherwise. […] There are certain Sentiments of Awe, and Devotion which ought to be rais’d by the first Sight of Pictures of that Subject, which that Solemn Colouring contributes very much to, but not the more Bright, though upon other Occasions preferable.
I have seen a fine Instance of a Colouring proper for Melancholy Subjects in a Pietà of Van-Dyck : That alone would make one not only Grave, but sad at first Sight ; And a Colour’d Drawing that I have of the Fall of Phaëton after Giulio Romano, shews how much This contributes to the Expression. ‘Tis different from any Colouring that ever I saw, and admirably adapted to the Subject, there is a Reddish Purple Tinct spread throughout, as if the World was all invelopp’d in Smould’ring Fire.

Quotation

EXPRESSION. Dans la division ordinaire, l’expression est comprise dans le dessein ; mais il me semble qu’on devroit en faire une partie séparée. Dessiner & exprimer sont des choses différentes. L’expression est la représentation véritable & naturelle des choses, surtout des mouvemens de l’âme & des passions. 
On dit communément que le dessein & le coloris, sont le corps de la Peinture, & que l’
expression en est l’âme. 
Membris addenda est ignea virtus
Scilicet, atque hebetes anima infundenda per artus.
Singula vitali Spirent animata colore,
Gestus ubique micet vivax, vultusque loquaces
Spiritus intus alat.
Pictura Carmen.
L’
expression, dit Mr de Piles, est la pierre de touche de l’esprit du Peintre. 
Raphaël, Jules Romain, & le Dominiquin ont excellé dans l’
expression, sont la justesse & la vérité, le naturel, la noblesse, la vivacité, la finesse.

Quotation

Tenir du Fier & du Terrible,
S’attribuë à des manieres de Desseigner & Peindre, dont les Figures ou autres Corps ayant vie ou autrement, paroissent en leurs Regards, Ports et Actions, Fieres, Cruelles et Affreuses, ainsi que cela se voit ordinairement en diverses rondes Bosses & bas Reliefs Antiques, & en plusieurs Tableaux, Desseins & Stampes de Jules Romain, et mesme en quelques unes de Raphaël d’Urbin.

Quotation

FIER, FIERTÉ, FIEREMENT. On appelle couleurs fieres, les couleurs vives, éclatantes : le blanc est une couleur fiere. Peindre fiérement, c’est employer des couleurs fort vives, ou plutôt les couchers fort vives, ou plutôt les coucher hardiment, & à grands coups. Fierté de coloris : Jules Romain donnoit beaucoup de force & de fierté à ses tableaux. La maniére de Michel-Ange est fiere & terrible.

Quotation

FIER, FIERTÉ, FIEREMENT. On appelle couleurs fieres, les couleurs vives, éclatantes : le blanc est une couleur fiere. Peindre fiérement, c’est employer des couleurs fort vives, ou plutôt les couchers fort vives, ou plutôt les coucher hardiment, & à grands coups. Fierté de coloris : Jules Romain donnoit beaucoup de force & de fierté à ses tableaux. La maniére de Michel-Ange est fiere & terrible.

Quotation

FIER, FIERTÉ, FIEREMENT. On appelle couleurs fieres, les couleurs vives, éclatantes : le blanc est une couleur fiere. Peindre fiérement, c’est employer des couleurs fort vives, ou plutôt les couchers fort vives, ou plutôt les coucher hardiment, & à grands coups. Fierté de coloris : Jules Romain donnoit beaucoup de force & de fierté à ses tableaux. La maniére de Michel-Ange est fiere & terrible.

Quotation

The Habits are not those of the Age in which the Scene of the Fable is laid, These must have been Gothick, and Disagreeable, it being at the latter end of the 11th, or the beginning of the 12th Century [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin]. Erminia is clad in Blue, admirably folded, and in a great Style, something like that of Giulio, but more upon the Antique, or, Raffaelle ;

Quotation

Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches

Quotation

Of Fresco.
{Of Fresco what it is.} There is a Painting upon Walls called
Fresco : It was the ancient Græcians Noble way of Painting, and since much used by the Romans. […]..
[…].
{Whole Towns of this worke.} There have been
PAINTINGS of this worke, in severall Towns of GERMANY, rarely done ; but now ruined by Warre.
{Three Chambers in
Rome.} At Rome ; there are three Chambers, in the Popes Pallace, of Frescoe ; done by Raphael Urbin, and Julio Romano, (his disciple,) who finished his Master’s worke, and are yet called, Raphaells designes […].

Quotation

Je me représente la Peinture comme un long pèlerinage, ou comme un lieu fort éloigné, & pour y arriver le Peintre se doit servir de son Génie comme d'une monture. II est vray, interrompit Damon, que pour faire un long voyage il faut estre bien monté, & qui n'a qu'une rosse est souvent contraint de demeurer en chemin, mais aussi un cheval trop fringant est toujours à craindre. [...] On va viste quand on est bien monté, dit Damon, & quelques-uns de ceux que vous me nommez [ndr : Jules Romain, Paul Veronese, Tintoret, & Rubens] ont souvent exécuté leurs pensées trop légèrement. Ce Genie de feu, cette rapidité de veine, & cette facilité d'inventer les choses, ne permettent pas ordinairement de les achever.

Quotation

The Goût is a mixture of Poussin’s usual Manner [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin], and (what is very rare) a great deal of Guilio, particulary in the Head, and Attitude of the Lady, and both the Horses ; Tancred is naked to the Wast having been stripp’d by Erminia and his ’Squire to search for his Wounds, he has a piece of loose Drapery which is Yellow, bearing upon the Red in the Middle Tincts, and Shadows, this is thrown over his Belly, and Thighs, and lyes a good length upon the ground ; ’twas doubtless painted by the Life, and is intirely of a Modern Taste. And that nothing might be shocking, or disagreeable, the wounds are much hid, nor is his Body, or Garment stain’d with Blood, only some appears here, and there upon the ground just below the Drapery, as if it flow’d from some Wounds which That cover’d ;

Quotation

Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie ; Je sçay bien que cette Vérité ainsi ingenuëment dite, pourra déplaire à quelques uns desdits Interessez, mais l’approbation des Sçavants & des Curieux raisonnables me suffit.

Quotation

Davantage plusieurs Excellents Peintres, quoy qu’ils n’ayent entierement eu la connoissance de ce qu’on appelle forte ou grande maniere, où ce grand Goust de l’air & de proportion des beaux Antiques, ont fait des Ouvrages qui peuvent passer en quelques particularitez au delà de celles des Peintres ci-devant nommez [ndr : Titien, Raphaël, Jules Romain] , principalement quand ils ont choisi dans la nature & dans leur imagination, les plus belles Figures humaines & mieux proportionnées qu'ils avoient peu, ainsi qu'on fait les Carraces entr'autres principalement Annibal, duquel on voit entre diverses Tailles Douces ou Stampes à l'eau forte, une d'une Aumosne de Sainct Roc, & une petite Descente de Croix qui veritablement meritent d'estre estimées, & de plus aussi sa maniere de peindre, laquelle est à mes yeux extremement franche, pleine & libre, faisant expression d'une chair ferme, mais non à la vérité si tendre, fraiche, vermeille & delicate, que celle du Titian.

Quotation

There are an Infinity of Artifices to Hide Defects, or Give Advantages, which come under this Head of Invention ; as does all Caprices, Grotesque, and other Ornaments, Masks, &c. together with all Uncommon, and Delicate Thoughts : such as the Cherubims attending on God when he appeared to Moses in the Burning Bush, which Rafaëlle has painted with Flames about them instead of Wings ;

Quotation

Cette distribution des objets en général regarde les Grouppes, & les Grouppes resultent de la liaison des objets. Or cette liaison se doit considerer de deux manieres : ou, par rapport au Dessein seulement, ou par rapport au Clair-obscur. L'une & l'autre maniere concourent à empêcher la dissipation des yeux, & à les fixer agreablement.
La liaison des objets par rapport seulement au Dessein, & sans avoir égard au Clair-obscur, regarde principalement les figures humaines, dont les actions, les conversations & les affinités exigent souvent qu'elles soient proches les unes des autres.
[…] il est bon d'être averti que les liaisons dont nous avons parlé, tirent leurs meilleurs principes du choix des Attitudes & du Contraste.

Quotation

[ndr : LE PEINTRE]
[...] outre ces beaux & divers airs & proportions de ces figures & Bas-reliefs antiques, qu’il faut bien sinculquer dans l’imagination ou dans l’esprit, qu’il y a encore celles de l’agencement de leurs Drapperies ou vestemens, & autre choses d’usage.
Mais sur cela, il y a à mon avis plusieurs particularitez à décider, afin que le Peintre soit pleinement assuré de ce qu’il doit faire, depuis le commencement jusques à la fin : Premierement de considerer ou sçavoir, que tout ce que l’on fait du Travail de Peinture & tel autre, est de sujettion ou de volonté, de sorte que si on prescrit à un Dessinateur & à un Peintre, le sujet où [ndr : sic] l’histoire qu’il doit faire, & toutes les dépendances d’icelle, jusques aux vestemens ou drapperies des figures, forme de Bastimens, Païsages, Animaux, &c. il est obligé de suivre cette prescription
 : Si il a aussi à faire un autre sujet, & qu’on luy en laisse la pleine liberté sans aucune contrainte, il en peut user comme il luy plaira ; toutefois si c’est une Histoire Romaine ou Grecque ou d’autre nation, il me semble que ce que luy doit estre en quelque sorte une sujettion, puisque sans contredit il doit rechercher de donner à ces figures l’air de la Nation, leurs formes de vestemens & autres choses de leur mode ou usage, & mesme de leurs Bastimens & Païsages, en cas que l’action se soit passée en leur mesme pays.
Car si ce sont des actions, des Faits, ou des Exploits de Conquerans, ce sera un mélange de plusieurs figures & vestemens, mais non de Païsage & Bastimens ; & comme souvent il arrive, que les Peintres prenent des sujets si anciens ou éloignez de nous, qu’ils ne peuvent avoir aucuns memoires ny vestiges des airs de Testes, Figures, Coloris, Vestemens, & choses d’usages, & de sorte qu’ils tombent dans les fautes de ceux dont nous avons parlé, qui donnent des airs à leurs figures de Venitiens & Venitiennes, ou de Flamans & Flamandes, &c. à des histoires anciennes, saintes, profanes, & autres.

Mais les judicieux & bien avisez, qui ont leu les Histoires, tâchent de tout leur pouvoir de les suivre ponctuellement, ou si ils ne le peuvent ainsi que j’ay dit, à cause qu’ils n’en ont aucuns vestiges, enseignemens, ny memoires, ils se doivent détacher de toutes ces idées, qui leur peuvent venir dans l’esprit, qui ressemblent non seulement aux modernes, mais aux Grecques, aux Romains & autres, qui ne leur conviennent pas.
C’est en quoy a parfaitement bien reüssi le grand Raphaël, & son éleve Jules Romain & tels autres, & sur tout depuis peu nostre merveilleux & universel Peintre feu Monsieur le Poussin, ainsi que je l’ay dit cy devant.

Quotation

Je trouve trois sortes de Vrai dans la Peinture.
Le Vrai Simple,
Le Vrai Ideal,
Et le Vrai Composé, ou le Vrai Parfait.
Le Vrai Simple que j’appelle le premier Vrai, est une imitation simple & fidelle des mouvemens expressifs de la Nature, & des objets tels que le Peintre les a choisis pour modele, & qu’ils se presentent d’abord à nos yeux, en sorte que les Carnations paroissent de veritables Chairs, […] que par l’intelligence du clair-obscur & de l’union des couleurs, les objets qui sont peints paroissent de relief, & le tout ensemble harmonieux.
Ce Vrai Simple trouve dans toutes sortes de naturels les moyens de conduire le Peintre à sa fin, qui est une sensible & vive imitation de la Nature […].
Le Vrai Ideal est un choix de diverses perfections qui ne se trouvent jamais dans un seul modele ; mais qui se tirent de plusieurs & ordinairement de l’Antique.
Ce Vrai Ideal comprend l’abondance des pensées, la richesse des inventions, la convenance des attitudes, l’élégance des contours, le choix des belles expressions, le beau jet des draperies, enfin tout ce qui peut sans alterer le premier Vrai le rendre plus piquant & plus convenable. Mais toutes ces perfections ne pouvant subsister que dans l’idée par raport à la Peinture, ont besoin d’un sujet légitime qui les conserve & qui les fasse paroître avec avantage ; & ce sujet légitime est le Vrai Simple : […] c’est-à-dire, un sujet bien disposé pour les recevoir & les faire subsister, […]. Il paroît donc que ces deux Vrais, le Vrai Simple & le Vrai Ideal font un composé parfait, dans lequel ils se prêtent un mutuel secours, avec cette particularité, que le premier Vrai perce & se fait sentir au travers de toutes les perfections qui lui sont jointes.
Le troisiéme Vrai qui est composé du Vrai Simple & du Vrai Ideal fait par cette jonction le dernier achevement de l’Art, & la parfaite imitation de la belle Nature. C’est ce beau Vraisemblable qui paroît souvent plus vrai que la verité-même, parce que dans cette jonction le premier Vrai saisit le Spectateur, sauve plusieurs négligences, & se fait sentir le premier sans qu’on y pense. […]
Ce troisiéme Vrai, est un but où personne n’a encore frappé ; on peut dire seulement que ceux qui en ont le plus approché sont les plus habiles. Le Vrai Simple & le Vrai Ideal ont été partagés selon le génie & l’éducation des Peintres, qui les ont possedés. Georgion, Titien, Pordenon, le vieux Palme, les Bassans, & toute l’Ecole Venitienne n’ont point eu d’autre merite que d’avoir possedé le premier Vrai. Et Leonard de Vinci, Raphaël, Jules Romain, Polidore de Caravage, le Poussin, & quelques autres de l’Ecole Romaine, ont établi leur plus grande reputation par le Vrai Ideal ; mais sur-tout Raphaël, qui outre les beautés du Vrai Ideal a possedé une partie considerable du Vrai Simple, & par ce moyen a plus approché du Vrai parfait qu’aucun de sa Nation.

Quotation

Il me souvient d’avoir veu à Rome, dans le Palais de Vigna Madama, ce mesme Sujet  [Grand Cyclope de Timanthe] traitté d’une autre manière aussi fort galante, quoy que la pensée n’en soit proprement qu’une imitation de celle-cy, mais elle a pourtant je ne sçay quoy de particulier, qui semble encore enchérir en quelque façon sur l’Original : [...]

Quotation

Pour l’autre Composition, qui est de nostre Moderne Jules Romain, elle nous monstre en effet, qu’une Imitation ingenieuse peut egaler et mesme passer encore au-dessus de l’Original, et que par consequent, il n’est pas moins glorieux d’imiter ainsi par concurrence d’esprit, la pensée d’un autre, et de l’enrichir comme il a fait, qu’il est honteux à un Peintre de copier mechaniquement figure à figure tout un Tableau, sans y apporter du sien autre chose que la peine et la sujetion d’un simple Ouvrier ; ce travail n’estant pas tant reputé l’Ouvrage d’un peintre, que l’estude d’un apprenty.

Quotation

Ce seul exemple de Jules Romain pourra servir de boussole à ceux qui ayant déjà fait habitude au Dessein et au Coloris, n’ont plus besoin que de s’embarquer dans le droit chemin de l’Art, et d’esveiller leur Genïe à l’Invention : Car il leur suffit de considerer les compositions des Maistres auxquels ils ont de l’Inclination, et d’en estudier les pensées et l’Intention, sans s’amuser à prendre chaque figure piece par piece dans un Ouvrage, comme sont tous ces Copistes, qui, ne voyant que l’escorce de la Peinture, auront toûjours cette disgrace dans leur travail, qu’ils ne sçauroient jamais parvenir à egaler leur original : au lieu que dans les operations de l’esprit, et dans l’Invention, la Nature est tellement infinie, que l’Imitateur a presque toûjours de l’avantage sur le premier.

Quotation

There are an Infinity of Artifices to Hide Defects, or Give Advantages, which come under this Head of Invention ; as does all Caprices, Grotesque, and other Ornaments, Masks, &c. together with all Uncommon, and Delicate Thoughts : such as the Cherubims attending on God when he appeared to Moses in the Burning Bush, which Rafaëlle has painted with Flames about them instead of Wings ;

Quotation

Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

The Contours must be Large, Square, and Boldly pronounc’d to produce Greatness ; and Delicate, and finely Waved, and Contrasted to be Gracious. There is a Beauty in a Line. in the Shape of a Finger, or Toe, even in that of a Reed, or Leaf, or the most inconsiderable things in Nature : I have Drawings of Guilio Romano of something of this Kind ; his Insects, and Vegetables are Natural, but as much above those of other Painters as his Men are : There is that in these things which Common Eyes see not, but which the Great Masters know how to give, and They Only.

Quotation

Les Restaurateurs de la Peinture : ces Heros des derniers siècles : Je veux dire ceux qui ont rétabli la connoissance du Dessein dans la perfection où elle est maintenant […]. Le premier maître qu’on consulte étant à Rome, c’est Raphaël Santio, qui est en possession de la premiere place […] personne ne l’a pû surpasser depuis : En un mot, la Noblesse, les graces, la delicatesse du contour, son le partage de Raphaël. […] Michel-Ange est un oracle : mais un Oracle que peu de Peintres ont seu developper, qui pourtant est très favorable à ceux qui peuvent comprendre. La fierté, la grandeur sont son caractere : les attachemens des os, la fonction & la situation des muscles sa sience. […] Jule Romain au reste a des conceptions surprenantes, & est grand imitateur de l’antiquité. […] Annibal Carache […] on y trouve de la force, de la grace, & tout ce qu’on remarque dans les plus belles antiquité, dont il a donné le caractere à ses ouvrages. […] Un grand nombre d’amateurs de cét Art, particulierement en France regardent nôtre celebre Poussin comme l’Auteur d’une nouvelle école : parce qu’on remarque dans ses ouvrages une belle varieté de proportions, suivant le diferent caractere des personnes, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse.

Quotation

Davantage plusieurs Excellents Peintres, quoy qu’ils n’ayent entierement eu la connoissance de ce qu’on appelle forte ou grande maniere, où ce grand Goust de l’air & de proportion des beaux Antiques, ont fait des Ouvrages qui peuvent passer en quelques particularitez au delà de celles des Peintres ci-devant nommez [ndr : Titien, Raphaël, Jules Romain] , principalement quand ils ont choisi dans la nature & dans leur imagination, les plus belles Figures humaines & mieux proportionnées qu'ils avoient peu, ainsi qu'on fait les Carraces entr'autres principalement Annibal, duquel on voit entre diverses Tailles Douces ou Stampes à l'eau forte, une d'une Aumosne de Sainct Roc, & une petite Descente de Croix qui veritablement meritent d'estre estimées, & de plus aussi sa maniere de peindre, laquelle est à mes yeux extremement franche, pleine & libre, faisant expression d'une chair ferme, mais non à la vérité si tendre, fraiche, vermeille & delicate, que celle du Titian.

Quotation

[...] En Italie il y avoit entre plusieurs autres ; Leonard Davinci, André Manteigne, Jean Belin, Correge, Giorgion, Michel Ange, Bonarroti, tres-excellent Sculpteur, mais non si bon Peintre, Polidore de Carravage, André Del Sarte, Le Titian, RAPHAËL D’URBIN, & Jules Romain, la plupart d’iceux & principalement en leurs commencemens avoient des manieres de Peindre fort finies, & souvent de telle sorte que la plus grande partie paroist seiche, dure, tranchée & maigre, causée comme je croy par avoir voulu trop finir & achever, comme si l’on eust deû regarder desdits Ouvrages chaque partie à part, & non le tout d’une seule œillade & d’une raisonnable distance ainsi qu’il se doit.
Leonard Davinci, avoit une maniere de Peindre tres-finie, & les couleurs appliquées & estenduës fort uniement, & tiens avec plusieurs qu’elle luy estoit toute particuliere ; Car à ce que j’en ay peu voir, il semble que les Jours & Ombres, soient par maniere de dire comme souflez, noyez, fondus ou perdus ensemble, & grande partie des Eminences des Corps tres-arrondis, principalement les petites parties, ainsi que cela se peut voir en divers Tableaux qu’il a faits, & mesme en deux, l’un de la Gioconde qui est à Fontainebelle-eau, l’autre d’une Flora qui estoit jadis au Cabinet de la feuë Reyne Mere Marie de Medicis, Toutefois une partie des œuvres que j’ay veuës de luy, tiennent tousjours en quelque sorte de la maniere de P. Perrugin, Jean Bellin, & de plusieurs de ces Anciens cy-devant nommez, neantmoins bien plus excellentes à mon gré. 

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[...] ayans affection de Peindre d’une manière Croquée & non finie, & ou quasi tous les coups de Pinceau paroissent en quelque façon separez les uns des autres, ce qui se nomme communement Peindre artistement ; Or sur cela je n’ay rien à dire, si l’intention d’un tel Peintre a esté d’en user de la sorte, comme il arrive assez souvent lors qu’on veut faire un exquisse, Ordonnance ou premier Esbauche d’un Tableau, sinon qu’il voulust faire passer ses œuvres pour estre en toutes leurs parties & dependances bien exécutées, & representant ce qu’elles doivent ; [...] [...] il est impossible qu’une maniere de Peindre artiste ou Croquée, fasse à l’œil de ceux qui la regarderont, l’effect que lui feroit le naturel ainsi present ; Ainsi au contraire, tous ces coups de Pinceau, & de plus les rehauts sur les jours, & les Teintes, Ombres & Ombrages, ne luy representeront que de taches claires & brunes, comme un Ouvrage de Marquetterie ou de Mosaïque ; [...]
Il y a eu, & encore y a-t-il des Peintres en tres-grand nombre, qui ont été évité & évitent grande partie de ces deffauts en leurs manieres de peindre, & en telle façon que ceux qui n’ont point de connoissance en cét Art y trouveront grande satisfaction & Agreément ; comme entr’autres és œuvres du Titian & autres de son temps, mais d’y vouloir trouver la mesme proportion, l’air, la forme & agencement des Draperies, & autres dependances des corps qui composent leurs Tableaux, à celle des belles figures Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain, & divers de ce Goust, Ceux qui ont connoisance declarent ouvertement que cela ne se peut.

Quotation

Davantage plusieurs Excellents Peintres, quoy qu’ils n’ayent entierement eu la connoissance de ce qu’on appelle forte ou grande maniere, où ce grand Goust de l’air & de proportion des beaux Antiques, ont fait des Ouvrages qui peuvent passer en quelques particularitez au delà de celles des Peintres ci-devant nommez [ndr : Titien, Raphaël, Jules Romain] , principalement quand ils ont choisi dans la nature & dans leur imagination, les plus belles Figures humaines & mieux proportionnées qu'ils avoient peu, ainsi qu'on fait les Carraces entr'autres principalement Annibal, duquel on voit entre diverses Tailles Douces ou Stampes à l'eau forte, une d'une Aumosne de Sainct Roc, & une petite Descente de Croix qui veritablement meritent d'estre estimées, & de plus aussi sa maniere de peindre, laquelle est à mes yeux extremement franche, pleine & libre, faisant expression d'une chair ferme, mais non à la vérité si tendre, fraiche, vermeille & delicate, que celle du Titian.

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Davantage plusieurs Excellents Peintres, quoy qu’ils n’ayent entierement eu la connoissance de ce qu’on appelle forte ou grande maniere, où ce grand Goust de l’air & de proportion des beaux Antiques, ont fait des Ouvrages qui peuvent passer en quelques particularitez au delà de celles des Peintres ci-devant nommez [ndr : Titien, Raphaël, Jules Romain] , principalement quand ils ont choisi dans la nature & dans leur imagination, les plus belles Figures humaines & mieux proportionnées qu'ils avoient peu, ainsi qu'on fait les Carraces entr'autres principalement Annibal, duquel on voit entre diverses Tailles Douces ou Stampes à l'eau forte, une d'une Aumosne de Sainct Roc, & une petite Descente de Croix qui veritablement meritent d'estre estimées, & de plus aussi sa maniere de peindre, laquelle est à mes yeux extremement franche, pleine & libre, faisant expression d'une chair ferme, mais non à la vérité si tendre, fraiche, vermeille & delicate, que celle du Titian.

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There are such Peculiarities in the turn of Thought, and Hand to be seen in Some of the Masters (in Some of their Works especially) that ‘tis the easiest thing in the World to know them at first Sight ; such as Leonardo da Vinci, Michelangelo Buonarotti, Guilio Romano, Battista Franco, Parmeggiano, Paolo Farinati, Cangiagio, Rubens, Castiglione, and some others ; And in the Divine Raffaelle one often sees such a Transcendent Excellence that cannot be found in any other Man, and assures us this must be the Hand of him who was what Shakespear calls Julius Cæsar. The foremost Man of all the World.
There are several others, who by imitating other Masters, or being of the same School, or from whatsoever other Cause have had such a Resemblance in their Manners as not to be so easily distinguish’d,
Timoteo d’Urbino, & Pellegrino da Modena, imitated Raffaelle ; Cæsare da Sesto, Leonardo da Vinci ; Schidone, Lanfranco, and others imitated Corregio ; Titian’s first Manner was a close imitation of that of Giorgione ;

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Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches ; enfin que dans cette partie de la couleur, l’on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller, la belle oeconomie des couleurs, la propreté dans leur mêlange & application, & la liberté du Pinceau ; ces trois choses (qui bien souvent font chacune tout le talant d’un homme) ne se doivent jamais separer, encore qu’ils requierent chacun un soin particulier pour imiter la beauté du naturel.

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{Hoemen het Model wel stellen sal.} Men sal oock een goede manniere soecken, om ’t Model wel te stellen, en goede Actien te verkiesen, dat doet (om alle Wan-order te verhouden) by om-gaende beurten: En laet die, die het sijne beurt valt, te vooren een Actie by gedachte op Papier Geschetst hebben, om in ’t stellen dentijdt niet ydel te laten passeeren; het zy dan dat het eene Actie is die bedachte, ofte na de Inventy van een goet Meester komt, gelijck dat by Memory uyt aensien van Print-Konst, of Teyckeningen kan geschieden; {Hoemen oock wel eenige Actie na andere komt te volgen.} gelijckmen veel fraye, zedige, en wonderlijcke aendachtige Actien, ende Beelden siet, onder de dingen van Raphel, Primaticcio, Carats, Iulio Romano, Polydoor, Testa, en menighte andere verstandighe, soo Oude als hedendaeghse Meesters; daer in dat yder sijnen vryen wil, en lustighen Geest in navolgen mach. {Natuerlijcke gevallige Actien, dickwils best.} Oock salmen acht geven op de Natuerlijcke Actien, die by wijlen uyt eygene beweging van u Model komen te vallen, welcke somtijdts veel grootser, werckelijcker en aendachtiger komen te zijn dan die met voordacht gestelt ofte bedacht konnen worden;

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The Goût is a mixture of Poussin’s usual Manner [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin], and (what is very rare) a great deal of Guilio, particulary in the Head, and Attitude of the Lady, and both the Horses ; Tancred is naked to the Wast having been stripp’d by Erminia and his ’Squire to search for his Wounds, he has a piece of loose Drapery which is Yellow, bearing upon the Red in the Middle Tincts, and Shadows, this is thrown over his Belly, and Thighs, and lyes a good length upon the ground ; ’twas doubtless painted by the Life, and is intirely of a Modern Taste. And that nothing might be shocking, or disagreeable, the wounds are much hid, nor is his Body, or Garment stain’d with Blood, only some appears here, and there upon the ground just below the Drapery, as if it flow’d from some Wounds which That cover’d ;

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{Hoemen het Model wel stellen sal.} Men sal oock een goede manniere soecken, om ’t Model wel te stellen, en goede Actien te verkiesen, dat doet (om alle Wan-order te verhouden) by om-gaende beurten: En laet die, die het sijne beurt valt, te vooren een Actie by gedachte op Papier Geschetst hebben, om in ’t stellen dentijdt niet ydel te laten passeeren; het zy dan dat het eene Actie is die bedachte, ofte na de Inventy van een goet Meester komt, gelijck dat by Memory uyt aensien van Print-Konst, of Teyckeningen kan geschieden; {Hoemen oock wel eenige Actie na andere komt te volgen.} gelijckmen veel fraye, zedige, en wonderlijcke aendachtige Actien, ende Beelden siet, onder de dingen van Raphel, Primaticcio, Carats, Iulio Romano, Polydoor, Testa, en menighte andere verstandighe, soo Oude als hedendaeghse Meesters; daer in dat yder sijnen vryen wil, en lustighen Geest in navolgen mach. {Natuerlijcke gevallige Actien, dickwils best.} Oock salmen acht geven op de Natuerlijcke Actien, die by wijlen uyt eygene beweging van u Model komen te vallen, welcke somtijdts veel grootser, werckelijcker en aendachtiger komen te zijn dan die met voordacht gestelt ofte bedacht konnen worden;

Quotation

Il me souvient d’avoir veu à Rome, dans le Palais de Vigna Madama, ce mesme Sujet  [Grand Cyclope de Timanthe] traitté d’une autre manière aussi fort galante, quoy que la pensée n’en soit proprement qu’une imitation de celle-cy, mais elle a pourtant je ne sçay quoy de particulier, qui semble encore enchérir en quelque façon sur l’Original : [...]

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On sçait que plusieurs Peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, & qu'ils ont pris quelquefois une copie pour l'original qu'eux-mêmes ils avoient peint. Vasari raconte, comme témoin oculaire, que Jules Romain, après avoir fait lui-même la draperie dans un tableau que peignoit Raphaël, reconnut pour son original la copie qu'André Del Sarte avoit faite de ce tableau.

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There are an Infinity of Artifices to Hide Defects, or Give Advantages, which come under this Head of Invention ; as does all Caprices, Grotesque, and other Ornaments, Masks, &c. together with all Uncommon, and Delicate Thoughts : such as the Cherubims attending on God when he appeared to Moses in the Burning Bush, which Rafaëlle has painted with Flames about them instead of Wings ;

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Pour l’autre Composition, qui est de nostre Moderne Jules Romain, elle nous monstre en effet, qu’une Imitation ingenieuse peut egaler et mesme passer encore au-dessus de l’Original, et que par consequent, il n’est pas moins glorieux d’imiter ainsi par concurrence d’esprit, la pensée d’un autre, et de l’enrichir comme il a fait, qu’il est honteux à un Peintre de copier mechaniquement figure à figure tout un Tableau, sans y apporter du sien autre chose que la peine et la sujetion d’un simple Ouvrier ; ce travail n’estant pas tant reputé l’Ouvrage d’un peintre, que l’estude d’un apprenty.

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Pour l’autre Composition, qui est de nostre Moderne Jules Romain, elle nous monstre en effet, qu’une Imitation ingenieuse peut egaler et mesme passer encore au-dessus de l’Original, et que par consequent, il n’est pas moins glorieux d’imiter ainsi par concurrence d’esprit, la pensée d’un autre, et de l’enrichir comme il a fait, qu’il est honteux à un Peintre de copier mechaniquement figure à figure tout un Tableau, sans y apporter du sien autre chose que la peine et la sujetion d’un simple Ouvrier ; ce travail n’estant pas tant reputé l’Ouvrage d’un peintre, que l’estude d’un apprenty.

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[....] La Place estoit ornée tout au tour de Statuës, que les Cabalistes avoient fait ériger à leurs Princes, entre lesquelles celle de Michelange occupoit le premier lieu, accompagné de celles du Titien, du Georgion, de Paul Veronese, du Tintoret, des Bassans, du Correge, du Guide, de Rubens, Vandick, Zuccaro, Lanfranc, Joseph Pin, Maistre Rousse, Saint Martin, Ribera, Pietre Teste, Freminet, Tempeste, Blœmaret, P. ….. V ….. B. …. V. … &c toutes posées sur leurs piedestaux, avec chacune une Inscription à leur loüange.
On ne voyait là ny les Apelles, ny les Timanthes, ny les Raphaëls, ny les Poussins, ny les Leonards de Vincy, ny les Jules Romains, ny les autres de ce merite, dont on ne se doit pas étonner, veu qu’ayans tous esté les Antagonistes de ces faux Peintres, les Cabalistes n’avoient garde de leur donner place parmi ceux dont ils ont méprisé les ouvrages & les maximes.

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La Peinture, luy repartis-je, embrasse, comme je vous ay dit plusieurs fois, tant de parties, dont la moindre demanderoit la vie d’un homme pour la bien étudier, qu’il ne faut pas estre surpris si les plus grands Peintres ne les ont jamais possédées toutes dans une égale perfection. Cependant comme la fin principale du Peintre est de representer la Nature sur une superficie plate ; & que cela ne se fait bien que par le moyen des couleurs, des ombres & des jours conduits judicieusement avec l’aide du dessein, qui doit estre toujours le guide & comme le maistre dans les ateliers des Peintres. Il est certain que ceux qui se sont rendus bons coloristes ont fait un grand progrez, & sont entrez bien avant, s’il faut ainsi dire, dans ce qu’il y a de plus secret & de plus beau dans cet art. C’est ce qui est arrivé au Titien & à ceux de son Escole, & qui leur a fait mériter une gloire toute particuliere.

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L’autre question fut de sçavoir si l’idée que l’on concevoit du Peintre n’étoit que dans le coloris, & si il étoit inutile de chercher ailleurs cette idée en telle sorte que toute son étude se dût arrêter en cette partie là ; il fut dit là-dessus, qu’à parler proprement, la Peinture comprend tout ce qui se peut representer par le Dessein en quelque maniere que ce soit, & que le coloris n’en est qu’une partie, ce que l’on prouva par divers exemples, & particulierement par la Musique, dont les Compositeurs sont appellés Musiciens, encore qu’ils n’ayent ni Voix ni Instrumens, car comme le Musicien sans la Voix peut avec les Instrumens émouvoir les passions qu’il veut toucher, de même que le Peintre a besoin de la couleur quand il veut rendre ses representations completes & achevées, le Musicien qui chante juste & correct avec une voix mediocre, doit être plus estimé que celui qui chante faux avec une belle voix, de même le Peintre bon dessignateur & correct, qui colorie mediocrement est plus estimable que celui qui avec un beau coloris designe mal. Enfin la belle voix peut charmer les ignorants, quoi qu’elle ne soit pas soûtenuë de la justesse, comme le bel éclat de la couleur peut faire la même chose, encore que le Dessein en soit mauvais. Cette contestation fut terminée par un discours auquel on representa pour encourager ceux qui aspirent à l’universalité des parties de la Peinture, & de leur faire connoître toute l’étenduë de l’empire du Dessein ; que c’est par lui que l’Architecture met au jour ses plus belles idées, […].

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La Peinture, luy repartis-je, embrasse, comme je vous ay dit plusieurs fois, tant de parties, dont la moindre demanderoit la vie d’un homme pour la bien étudier, qu’il ne faut pas estre surpris si les plus grands Peintres ne les ont jamais possédées toutes dans une égale perfection. Cependant comme la fin principale du Peintre est de representer la Nature sur une superficie plate ; & que cela ne se fait bien que par le moyen des couleurs, des ombres & des jours conduits judicieusement avec l’aide du dessein, qui doit estre toujours le guide & comme le maistre dans les ateliers des Peintres. Il est certain que ceux qui se sont rendus bons coloristes ont fait un grand progrez, & sont entrez bien avant, s’il faut ainsi dire, dans ce qu’il y a de plus secret & de plus beau dans cet art.

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chacune de ses manieres de peindre ont leur proprieté & leur advantage, qu’à la verité la détrempe conserve la beauté des couleurs dans sa pureté & que leur matte imite mieux les apparences des choses naturelles, mais qu’il faut aussi tomber d’accord, que la Peinture à l’huile a generalement plus d’avantage pour donner de la force & de l’union & même pour prendre la teinte des objets dans tous les divers effets des lumieres differentes sur les objets éloignés de la vuë, ces considerations contenterent les deux Aveugles, qui s’en retournerent satisfaits, & le Professeur en ayant fait le recit en une assemblée de conference donna par ce moyen occasion de parler sur la couleur, on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage

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Il me souvient d’avoir veu à Rome, dans le Palais de Vigna Madama, ce mesme Sujet  [Grand Cyclope de Timanthe] traitté d’une autre manière aussi fort galante, quoy que la pensée n’en soit proprement qu’une imitation de celle-cy, mais elle a pourtant je ne sçay quoy de particulier, qui semble encore enchérir en quelque façon sur l’Original : [...]

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Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

Quoy-que la représentation d’un visage ne soit, s’il faut dire, que la moindre partie de tant de choses qu’embrasse la Peinture ; il me semble pourtant que celuy qui réüssit le mieux à exprimer sur une toile la ressemblance des hommes, entre bien avant dans ce qui regarde la science de son Art.
Il est vray, repartis-je, que si l’on s’attache à cette quantité de connoissances qu’ont euës Raphaël & Jules Romain, on pourra dire que l’ouvrage d’une teste n’en est que la moindre partie. Mais si l’on veut bien se renfermer dans la considération particulière des choses necessaires à bien faire un portrait, on verra pourtant que pour y reüssir comme a fait Vandéik, il y a bien des observations à faire, & des connoissances à acquérir.
Le visage de l’homme est composé de tant de parties différentes les unes des autres, qu’il n’est pas aisé qu’on pourroit croire, de bien faire un portrait. Ces parties, quoy-que petites chacunes à part, ne laissent pas d’estre difficiles à bien desseigner. L’œil qui tient si peu d’espace dans le visage est si mal-aisé à bien représenter, que le Guide disoit autrefois à un de ses amis, qu’encore qu’il en eût desseigné des millions, il estoit neammoins obligé d’avouër qu’il ne sçavoit pas encore les faire parfaitement. […]
Jugez donc, je vous prie, si un Peintre qui veut bien faire un portrait, n’est pas obligé, non seulement de sçavoir desseigner fort correctement ; mais de placer avec justesse toutes les parties d’une teste, les unes auprés des autres ; d’observer mille différences de contours dans leur forme, dans leurs couleurs, dans les ombres & dans les jours : & cependant, si bien joindre toutes ces diverses parties les unes avec les autres, qu’il semble que ce ne soit qu’une seule masse & une mesme couleur ; & que ce que ce mesme Peintre représente avec une infinité de teintes différentes, & plusieurs coups de pinceau, paroisse une seule couleur, & comme si l’ouvrage estoit, s’il faut ainsi dire, souflé & fait tout d’un coup & toutes les couleurs fondües ensemble. C’est alors, je vous avouë, que l’on connoist la difficulté du travail, & l’esprit du Peintre. Aussi vous pouvez observer, que toute l’intelligence d’un habile homme qui fait un portrait, consiste à la travailler également par tout en mesme temps, afin que toutes les parties naissent sous sa main s’il faut ainsi dire, toutes à la fois, imitant en cela la nature, qui lorsqu’elle a donné la premiére forme au corps de l’homme, travaille également dans tous les membres, jusques à ce qu’elle ait perfectionné son ouvrage.
Si l’on veut ajoûter à ce que je viens de dire, l’art avec lequel un sçavant Peintre conduit & répand les lumiéres & les ombres sur un portrait ; l’affoiblissement qu’il fait des unes & des autres, pour arondir & donner du relief à toutes les parties ; les reflais plus foibles ou plus forts qu’il observe, pour leur donner plus de force ou plus de grace ; l’esprit & la vie qu’il inspire sur ce visage qu’il peint ; les inclinations & les affections de l’ame qu’il y fait voir ; l’action & les mouvemens necessaires pour l’expression des passions les plus fortes : si, dis-je, l’on considére sérieusement, & avec attention tant de choses si differentes ; que peut on dire d’un homme qui les sçait si parfaitement, que sur la surface d’une toile il représente des visages qui paroissent animez ? C’est ce qu’a fait Vandéik ; & ce luy est une grande gloire, d’avoir fait que tant de grands hommes, morts il y a si long-temps, soient encore comme vivans dans leurs portraits ; & de s’estre immortalisé luy-mesme par ses ouvrages.

Quotation

Quoy-que la représentation d’un visage ne soit, s’il faut dire, que la moindre partie de tant de choses qu’embrasse la Peinture ; il me semble pourtant que celuy qui réüssit le mieux à exprimer sur une toile la ressemblance des hommes, entre bien avant dans ce qui regarde la science de son Art.
Il est vray, repartis-je, que si l’on s’attache à cette quantité de connoissances qu’ont euës Raphaël & Jules Romain, on pourra dire que l’ouvrage d’une teste n’en est que la moindre partie. Mais si l’on veut bien se renfermer dans la considération particulière des choses necessaires à bien faire un portrait, on verra pourtant que pour y reüssir comme a fait Vandéik, il y a bien des observations à faire, & des connoissances à acquérir.
Le visage de l’homme est composé de tant de parties différentes les unes des autres, qu’il n’est pas aisé qu’on pourroit croire, de bien faire un portrait. Ces parties, quoy-que petites chacunes à part, ne laissent pas d’estre difficiles à bien desseigner. L’œil qui tient si peu d’espace dans le visage est si mal-aisé à bien représenter, que le Guide disoit autrefois à un de ses amis, qu’encore qu’il en eût desseigné des millions, il estoit neammoins obligé d’avouër qu’il ne sçavoit pas encore les faire parfaitement. […]
Jugez donc, je vous prie, si un Peintre qui veut bien faire un portrait, n’est pas obligé, non seulement de sçavoir desseigner fort correctement ; mais de placer avec justesse toutes les parties d’une teste, les unes auprés des autres ; d’observer mille différences de contours dans leur forme, dans leurs couleurs, dans les ombres & dans les jours : & cependant, si bien joindre toutes ces diverses parties les unes avec les autres, qu’il semble que ce ne soit qu’une seule masse & une mesme couleur ; & que ce que ce mesme Peintre représente avec une infinité de teintes différentes, & plusieurs coups de pinceau, paroisse une seule couleur, & comme si l’ouvrage estoit, s’il faut ainsi dire, souflé & fait tout d’un coup & toutes les couleurs fondües ensemble. C’est alors, je vous avouë, que l’on connoist la difficulté du travail, & l’esprit du Peintre. Aussi vous pouvez observer, que toute l’intelligence d’un habile homme qui fait un portrait, consiste à la travailler également par tout en mesme temps, afin que toutes les parties naissent sous sa main s’il faut ainsi dire, toutes à la fois, imitant en cela la nature, qui lorsqu’elle a donné la premiére forme au corps de l’homme, travaille également dans tous les membres, jusques à ce qu’elle ait perfectionné son ouvrage.
Si l’on veut ajoûter à ce que je viens de dire, l’art avec lequel un sçavant Peintre conduit & répand les lumiéres & les ombres sur un portrait ; l’affoiblissement qu’il fait des unes & des autres, pour arondir & donner du relief à toutes les parties ; les reflais plus foibles ou plus forts qu’il observe, pour leur donner plus de force ou plus de grace ; l’esprit & la vie qu’il inspire sur ce visage qu’il peint ; les inclinations & les affections de l’ame qu’il y fait voir ; l’action & les mouvemens necessaires pour l’expression des passions les plus fortes : si, dis-je, l’on considére sérieusement, & avec attention tant de choses si differentes ; que peut on dire d’un homme qui les sçait si parfaitement, que sur la surface d’une toile il représente des visages qui paroissent animez ? C’est ce qu’a fait Vandéik ; & ce luy est une grande gloire, d’avoir fait que tant de grands hommes, morts il y a si long-temps, soient encore comme vivans dans leurs portraits ; & de s’estre immortalisé luy-mesme par ses ouvrages.

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Of EXPRESSION
Whatever the general Character of the Story is, the Picture must discover it throughout, whether it be Joyous, Melancholy, Grave, Terrible, &c. The Nativity, Resurrection, and Ascension ought to have the General Colouring, the Ornaments, Background, and every thing in them Riant, and Joyous, and the contrary in a Crucifixion, Interment, or a Pietà. [The Blessed Virgin with the dead Christ]. [...] I have seen a fine Instance of a Colouring proper for Melancholy Subjects in a Pietà of Van-Dyck : That alone would make one not only Grave, but sad at first Sight ; And a Colour’d Drawing that I have of the Fall of Phaëton after Giulio Romano, shews how much This contributes to the Expression. ‘Tis different from any Colouring that ever I saw, and admirably adapted to the Subject, there is a Reddish Purple Tinct spread throughout, as if the World was all invelopp’d in Smould’ring Fire.

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Of EXPRESSION
Whatever the general Character of the Story is, the Picture must discover it throughout, whether it be Joyous, Melancholy, Grave, Terrible, &c. The Nativity, Resurrection, and Ascension ought to have the General Colouring, the Ornaments, Background, and every thing in them Riant, and Joyous, and the contrary in a Crucifixion, Interment, or a Pietà. [The Blessed Virgin with the dead Christ]. [...] I have seen a fine Instance of a Colouring proper for Melancholy Subjects in a Pietà of Van-Dyck : That alone would make one not only Grave, but sad at first Sight ; And a Colour’d Drawing that I have of the Fall of Phaëton after Giulio Romano, shews how much This contributes to the Expression. ‘Tis different from any Colouring that ever I saw, and admirably adapted to the Subject, there is a Reddish Purple Tinct spread throughout, as if the World was all invelopp’d in Smould’ring Fire.

Quotation

on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage

Quotation

A l’occasion des couleurs, ou à l’huile, ou à détrempe, je pourrois vous dire que les Anciens, au sortir de la pratique de peindre en détrempe, tomberent en quelque sorte en dureté, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Raphaël, Jule-Romain & autres de l’Ecole Romaine & Lombarde, où l’usage des reflex n’étoit point encore venu quoyque fort utile pour produire de l’union dans les couleurs, parce qu’ils portent quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent ; ce qui est l’avantage des Siecles suivans, où les habiles hommes se sont étudiez à la belle œconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable assemblage.

Quotation

Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

The Habits are not those of the Age in which the Scene of the Fable is laid, These must have been Gothick, and Disagreeable, it being at the latter end of the 11th, or the beginning of the 12th Century [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin]. Erminia is clad in Blue, admirably folded, and in a great Style, something like that of Giulio, but more upon the Antique, or, Raffaelle ;

Quotation

The Ancients possess’d Both the excellent Qualities I have been treating of [ndr : Grace et Greatness], among whom Apelles is distinguish’d for Grace. Rafaëlle was the Modern Apelles, not however without a prodigious Degree of Greatness. His Style is not Perfectly Antique, but seems to be the effect of a Fine Genius accomplish’d by Study in that excellent School ; ‘Tis not Antique, but (may I dare to say it) ‘tis Better, and that by Choice, and Judgment. Giulio Romano had Grace, and Greatness, more upon the Antique Taste, but not without a great Mixture of what is peculiarly his Own, and admirably Good, but never to be imitated. Polydore in his best things was altogether Antique. […] His Style [ndr : de Michel-Ange] is his Own, not Antique, but He had a sort of Greatness in the utmost Degree, which sometimes ran into the Extream of Terrible ;

Quotation

on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage ; Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches

Quotation

A l’occasion des couleurs, ou à l’huile, ou à détrempe, je pourrois vous dire que les Anciens, au sortir de la pratique de peindre en détrempe, tomberent en quelque sorte en dureté, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Raphaël, Jule-Romain & autres de l’Ecole Romaine & Lombarde, où l’usage des reflex n’étoit point encore venu quoyque fort utile pour produire de l’union dans les couleurs, parce qu’ils portent quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent ; ce qui est l’avantage des Siecles suivans, où les habiles hommes se sont étudiez à la belle œconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable assemblage.
Il faut encore vous dire comme on en doit considerer la valeur, & comme elles [ndr : les couleurs] se peuvent mutuellement entr’aider & se faire valoir par un judicieux contraste ; leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancez & reculez ; & leur union pour les associer en une agreable correspondance. Pour y parvenir, l’on ne doit negliger ni le bon choix des matieres ni leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures. Il faut appliquer proprement chaque teinte en sa place, ne les broüillant & tourmentant que le moins qu’il est possible sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage & l’éclat.

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Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

Quotation

Dergleichen Unterschiedlichkeit [ndr: im gerecht-mahlen] ware auch und ist noch bey den Italiänern/ Hoch-und Nieder-Teutschen zu finden/ und zwar mit größerer Vollkommenheit/ sonderlich im gerecht-mahlen/ und darzu gehörenden Kräften der Farben: welches aus der natürlichen applicirung/ vollkommenen Erhebung und sonderbaren Geschwindigkeit der Mahler von unsern Zeiten abzunehmen. {Die alte und neue Italiäner.} Solche waren/ Cimabue der große Wieder-Erfinder dieser Kunst/ Gaddo sein Nachfolger/ und Giotto. Also waren fürtreflich/ Giovan Bellini, in Sauberkeit; Michaël Angelo in Bildern und hohem Verstand; Leonardo da Vinci, in vernünftigen affecten; Andrea del Sarto, in Angenemheit; Raphaël d'Urbino in meisterlicher invention ; Julius Romanus, in ungemeinen Gedanken;Titian, in Anmutigkeit/ sonderlich der Coloriten; Corregio , in gratiositeten; Verones in reichen Gedanken; Tintoreti, in Seltsamkeit; Carazo, in fresco; Caravaggio und Manfredo , in Lebhaftigkeit ; Guido Bolognse in Holdseligkeit; Albano in zierlicher invention; Bernini Bernini in der Bild- und Bau Kunst; Francisco du Quesnoy, in scultur-Warheit; Algardon,in Geschicklichkeit; Peter Corton in fresco; La Franch in Geschwindigkeit; Domenicho in Tieffsinnigkeit; Claudio Gilli in Landschaften.
{Die alte Hoch-Teutschen} Nächst diesen/ machten sich auch verwunderbar unsere Teutschen: als Martin Schön/ im hochsteigen; Matthias von Aschaffenburg/ in zierlichem Geist; Albrecht Dürer/ im universal-Verstand; Hans Holbein/ in glückseliger Hand; Amberger/ in der Warheit; Pocksberger/ im Geistreichtum; Schwarz/ in Erfahrenheit; Adam Elzheimer/ in verwunderlichem Verstand.
{und Nieder-Teutschen} Gleichfalls waren fürberühmt die Niederländer/ in Erfindung der Oelfarben/ Johann und Hubert von Eyk; Lucas von Leyden/ im Fleiß; der alte Bruegel, im Verstand; also auch Sotte Clef und Johann von Calcar/ in der Hand; Floris, in der Meisterschaft; Brauer/ in bildung der Bauren; Fochiers, in Landschaft-Bäumen; Rubens in Geistreichheit; der von Dick/ in Zierlichkeit; Hundhorst in Wolgemälden; Rembrand/ in Arbeitsamkeit; Perselles in Schiffahrten und Wassern; Pulenburg/ in kleinen Bildlein; Bambotio, in Bildung der Bettler ; Botte, in Landschaften; auch der Gerhart Daro und, Mires hoch-preiswürdig in kleinen Oelfarben.
{Von des Autoris [ndr: Joachim von Sandrart ] Werken/ in dieser Kunst.} […]

Quotation

Je trouve trois sortes de Vrai dans la Peinture.
Le Vrai Simple,
Le Vrai Ideal,
Et le Vrai Composé, ou le Vrai Parfait.
Le Vrai Simple que j’appelle le premier Vrai, est une imitation simple & fidelle des mouvemens expressifs de la Nature, & des objets tels que le Peintre les a choisis pour modele, & qu’ils se presentent d’abord à nos yeux, en sorte que les Carnations paroissent de veritables Chairs, […] que par l’intelligence du clair-obscur & de l’union des couleurs, les objets qui sont peints paroissent de relief, & le tout ensemble harmonieux.
Ce Vrai Simple trouve dans toutes sortes de naturels les moyens de conduire le Peintre à sa fin, qui est une sensible & vive imitation de la Nature […].
Le Vrai Ideal est un choix de diverses perfections qui ne se trouvent jamais dans un seul modele ; mais qui se tirent de plusieurs & ordinairement de l’Antique.
Ce Vrai Ideal comprend l’abondance des pensées, la richesse des inventions, la convenance des attitudes, l’élégance des contours, le choix des belles expressions, le beau jet des draperies, enfin tout ce qui peut sans alterer le premier Vrai le rendre plus piquant & plus convenable. Mais toutes ces perfections ne pouvant subsister que dans l’idée par raport à la Peinture, ont besoin d’un sujet légitime qui les conserve & qui les fasse paroître avec avantage ; & ce sujet légitime est le Vrai Simple : […] c’est-à-dire, un sujet bien disposé pour les recevoir & les faire subsister, […]. Il paroît donc que ces deux Vrais, le Vrai Simple & le Vrai Ideal font un composé parfait, dans lequel ils se prêtent un mutuel secours, avec cette particularité, que le premier Vrai perce & se fait sentir au travers de toutes les perfections qui lui sont jointes.
Le troisiéme Vrai qui est composé du Vrai Simple & du Vrai Ideal fait par cette jonction le dernier achevement de l’Art, & la parfaite imitation de la belle Nature. C’est ce beau Vraisemblable qui paroît souvent plus vrai que la verité-même, parce que dans cette jonction le premier Vrai saisit le Spectateur, sauve plusieurs négligences, & se fait sentir le premier sans qu’on y pense. […]
Ce troisiéme Vrai, est un but où personne n’a encore frappé ; on peut dire seulement que ceux qui en ont le plus approché sont les plus habiles. Le Vrai Simple & le Vrai Ideal ont été partagés selon le génie & l’éducation des Peintres, qui les ont possedés. Georgion, Titien, Pordenon, le vieux Palme, les Bassans, & toute l’Ecole Venitienne n’ont point eu d’autre merite que d’avoir possedé le premier Vrai. Et Leonard de Vinci, Raphaël, Jules Romain, Polidore de Caravage, le Poussin, & quelques autres de l’Ecole Romaine, ont établi leur plus grande reputation par le Vrai Ideal ; mais sur-tout Raphaël, qui outre les beautés du Vrai Ideal a possedé une partie considerable du Vrai Simple, & par ce moyen a plus approché du Vrai parfait qu’aucun de sa Nation.

Quotation

Tenir du Fier & du Terrible,
S’attribuë à des manieres de Desseigner & Peindre, dont les Figures ou autres Corps ayant vie ou autrement, paroissent en leurs Regards, Ports et Actions, Fieres, Cruelles et Affreuses, ainsi que cela se voit ordinairement en diverses rondes Bosses & bas Reliefs Antiques, & en plusieurs Tableaux, Desseins & Stampes de Jules Romain, et mesme en quelques unes de Raphaël d’Urbin.

Quotation

Je sçay bien que plusieurs diront que chacun a son goust, & c’est ce que j’avouë, mais je croy aussi que celuy qui est le mieux receu & reconnu des Sçavants en cét Art, doit estre tenu pour le meilleur, principalement quand on ne peut pas dire que dans le Temps qu’on fait ce discernement, l’on soit privé d’excellens hommes ainsi qu’en celuy-cy, duquel le grand nombre a fait, que la connaissance & curiosité de ces choses, a augmenté au point que les plus excellens Ouvrages de Peinture, qui n’estoient tenus pour tels que de peu de personnes, le sont à présent de la plus grande partie, & que ce qui venoit que tres-rarement à la connaissance de peu de Praticiens assez avancez, commence à present de ce faire connoistre & gouster aux petits Disciples, qui est ce grand Goust cy-devant dit, pris ou tiré des beaux Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain & autres, sur les manieres desquels je m’estendray icy de suite le trouvant à propos, pour faire voir aux Curieux & autres, que la connoissance que les excellens Praticiens ont de ses choses à comparaison des autres Manieres, est fondée sur quelque sorte de raison, & ne doit pas estre appelée une manie ; Je sçay bien que cette Vérité ainsi ingenuëment dite, pourra déplaire à quelques uns desdits Interessez, mais l’approbation des Sçavants & des Curieux raisonnables me suffit.

Quotation

[...] ayans affection de Peindre d’une manière Croquée & non finie, & ou quasi tous les coups de Pinceau paroissent en quelque façon separez les uns des autres, ce qui se nomme communement Peindre artistement ; Or sur cela je n’ay rien à dire, si l’intention d’un tel Peintre a esté d’en user de la sorte, comme il arrive assez souvent lors qu’on veut faire un exquisse, Ordonnance ou premier Esbauche d’un Tableau, sinon qu’il voulust faire passer ses œuvres pour estre en toutes leurs parties & dependances bien exécutées, & representant ce qu’elles doivent ; [...] [...] il est impossible qu’une maniere de Peindre artiste ou Croquée, fasse à l’œil de ceux qui la regarderont, l’effect que lui feroit le naturel ainsi present ; Ainsi au contraire, tous ces coups de Pinceau, & de plus les rehauts sur les jours, & les Teintes, Ombres & Ombrages, ne luy representeront que de taches claires & brunes, comme un Ouvrage de Marquetterie ou de Mosaïque ; [...]
Il y a eu, & encore y a-t-il des Peintres en tres-grand nombre, qui ont été évité & évitent grande partie de ces deffauts en leurs manieres de peindre, & en telle façon que ceux qui n’ont point de connoissance en cét Art y trouveront grande satisfaction & Agreément ; comme entr’autres és œuvres du Titian & autres de son temps, mais d’y vouloir trouver la mesme proportion, l’air, la forme & agencement des Draperies, & autres dependances des corps qui composent leurs Tableaux, à celle des belles figures Antiques, & de Raphaël d’Urbin, Jules Romain, & divers de ce Goust, Ceux qui ont connoisance declarent ouvertement que cela ne se peut.

Quotation

Davantage plusieurs Excellents Peintres, quoy qu’ils n’ayent entierement eu la connoissance de ce qu’on appelle forte ou grande maniere, où ce grand Goust de l’air & de proportion des beaux Antiques, ont fait des Ouvrages qui peuvent passer en quelques particularitez au delà de celles des Peintres ci-devant nommez [ndr : Titien, Raphaël, Jules Romain] , principalement quand ils ont choisi dans la nature & dans leur imagination, les plus belles Figures humaines & mieux proportionnées qu'ils avoient peu, ainsi qu'on fait les Carraces entr'autres principalement Annibal, duquel on voit entre diverses Tailles Douces ou Stampes à l'eau forte, une d'une Aumosne de Sainct Roc, & une petite Descente de Croix qui veritablement meritent d'estre estimées, & de plus aussi sa maniere de peindre, laquelle est à mes yeux extremement franche, pleine & libre, faisant expression d'une chair ferme, mais non à la vérité si tendre, fraiche, vermeille & delicate, que celle du Titian.

Quotation

[...] En Italie il y avoit entre plusieurs autres ; Leonard Davinci, André Manteigne, Jean Belin, Correge, Giorgion, Michel Ange, Bonarroti, tres-excellent Sculpteur, mais non si bon Peintre, Polidore de Carravage, André Del Sarte, Le Titian, RAPHAËL D’URBIN, & Jules Romain, la plupart d’iceux & principalement en leurs commencemens avoient des manieres de Peindre fort finies, & souvent de telle sorte que la plus grande partie paroist seiche, dure, tranchée & maigre, causée comme je croy par avoir voulu trop finir & achever, comme si l’on eust deû regarder desdits Ouvrages chaque partie à part, & non le tout d’une seule œillade & d’une raisonnable distance ainsi qu’il se doit.
Leonard Davinci, avoit une maniere de Peindre tres-finie, & les couleurs appliquées & estenduës fort uniement, & tiens avec plusieurs qu’elle luy estoit toute particuliere ; Car à ce que j’en ay peu voir, il semble que les Jours & Ombres, soient par maniere de dire comme souflez, noyez, fondus ou perdus ensemble, & grande partie des Eminences des Corps tres-arrondis, principalement les petites parties, ainsi que cela se peut voir en divers Tableaux qu’il a faits, & mesme en deux, l’un de la Gioconde qui est à Fontainebelle-eau, l’autre d’une Flora qui estoit jadis au Cabinet de la feuë Reyne Mere Marie de Medicis, Toutefois une partie des œuvres que j’ay veuës de luy, tiennent tousjours en quelque sorte de la maniere de P. Perrugin, Jean Bellin, & de plusieurs de ces Anciens cy-devant nommez, neantmoins bien plus excellentes à mon gré. 

Quotation

Of Fresco.
{Of Fresco what it is.} There is a Painting upon Walls called
Fresco : It was the ancient Græcians Noble way of Painting, and since much used by the Romans. […]..
[…].
{Whole Towns of this worke.} There have been
PAINTINGS of this worke, in severall Towns of GERMANY, rarely done ; but now ruined by Warre.
{Three Chambers in
Rome.} At Rome ; there are three Chambers, in the Popes Pallace, of Frescoe ; done by Raphael Urbin, and Julio Romano, (his disciple,) who finished his Master’s worke, and are yet called, Raphaells designes […].

Quotation

ESLEVE
Ce mot d’Esleve est particulièrement affecté aux Apprentys ou Disciples des Peintres tres fameux : comme Raphael a eu pour Esleve Jules Romain : Hannibal Carace a eu le Guïde, le Dominiquin, et plusieurs autres. Le mot italien est
Allievo : et mesme en François on dit assez ordinairement, qu’un jeune homme a esté bien eslevé, pour dire qu’il a esté bien instruit.

Quotation

Il me souvient d’avoir veu à Rome, dans le Palais de Vigna Madama, ce mesme Sujet  [Grand Cyclope de Timanthe] traitté d’une autre manière aussi fort galante, quoy que la pensée n’en soit proprement qu’une imitation de celle-cy, mais elle a pourtant je ne sçay quoy de particulier, qui semble encore enchérir en quelque façon sur l’Original : [...]

Quotation

Voyla une espece d’imitation si rare et si spirituelle, qu’elle peut aller en concurrence avec l’original mesme ; et je m’asseure que si Timanthe l’eust veüe, au lieu de prendre de la jalousie de cette galante emulation, il eust estimé la gentillesse d’esprit de nostre moderne, et fait grand estat de son ouvrage.

Quotation

Ce seul exemple de Jules Romain pourra servir de boussole à ceux qui ayant déjà fait habitude au Dessein et au Coloris, n’ont plus besoin que de s’embarquer dans le droit chemin de l’Art, et d’esveiller leur Genïe à l’Invention : Car il leur suffit de considerer les compositions des Maistres auxquels ils ont de l’Inclination, et d’en estudier les pensées et l’Intention, sans s’amuser à prendre chaque figure piece par piece dans un Ouvrage, comme sont tous ces Copistes, qui, ne voyant que l’escorce de la Peinture, auront toûjours cette disgrace dans leur travail, qu’ils ne sçauroient jamais parvenir à egaler leur original : au lieu que dans les operations de l’esprit, et dans l’Invention, la Nature est tellement infinie, que l’Imitateur a presque toûjours de l’avantage sur le premier.

Quotation

Pour l’autre Composition, qui est de nostre Moderne Jules Romain, elle nous monstre en effet, qu’une Imitation ingenieuse peut egaler et mesme passer encore au-dessus de l’Original, et que par consequent, il n’est pas moins glorieux d’imiter ainsi par concurrence d’esprit, la pensée d’un autre, et de l’enrichir comme il a fait, qu’il est honteux à un Peintre de copier mechaniquement figure à figure tout un Tableau, sans y apporter du sien autre chose que la peine et la sujetion d’un simple Ouvrier ; ce travail n’estant pas tant reputé l’Ouvrage d’un peintre, que l’estude d’un apprenty.

Quotation

[ndr : LE PEINTRE]
[...] outre ces beaux & divers airs & proportions de ces figures & Bas-reliefs antiques, qu’il faut bien sinculquer dans l’imagination ou dans l’esprit, qu’il y a encore celles de l’agencement de leurs Drapperies ou vestemens, & autre choses d’usage.
Mais sur cela, il y a à mon avis plusieurs particularitez à décider, afin que le Peintre soit pleinement assuré de ce qu’il doit faire, depuis le commencement jusques à la fin : Premierement de considerer ou sçavoir, que tout ce que l’on fait du Travail de Peinture & tel autre, est de sujettion ou de volonté, de sorte que si on prescrit à un Dessinateur & à un Peintre, le sujet où [ndr : sic] l’histoire qu’il doit faire, & toutes les dépendances d’icelle, jusques aux vestemens ou drapperies des figures, forme de Bastimens, Païsages, Animaux, &c. il est obligé de suivre cette prescription
 : Si il a aussi à faire un autre sujet, & qu’on luy en laisse la pleine liberté sans aucune contrainte, il en peut user comme il luy plaira ; toutefois si c’est une Histoire Romaine ou Grecque ou d’autre nation, il me semble que ce que luy doit estre en quelque sorte une sujettion, puisque sans contredit il doit rechercher de donner à ces figures l’air de la Nation, leurs formes de vestemens & autres choses de leur mode ou usage, & mesme de leurs Bastimens & Païsages, en cas que l’action se soit passée en leur mesme pays.
Car si ce sont des actions, des Faits, ou des Exploits de Conquerans, ce sera un mélange de plusieurs figures & vestemens, mais non de Païsage & Bastimens ; & comme souvent il arrive, que les Peintres prenent des sujets si anciens ou éloignez de nous, qu’ils ne peuvent avoir aucuns memoires ny vestiges des airs de Testes, Figures, Coloris, Vestemens, & choses d’usages, & de sorte qu’ils tombent dans les fautes de ceux dont nous avons parlé, qui donnent des airs à leurs figures de Venitiens & Venitiennes, ou de Flamans & Flamandes, &c. à des histoires anciennes, saintes, profanes, & autres.

Mais les judicieux & bien avisez, qui ont leu les Histoires, tâchent de tout leur pouvoir de les suivre ponctuellement, ou si ils ne le peuvent ainsi que j’ay dit, à cause qu’ils n’en ont aucuns vestiges, enseignemens, ny memoires, ils se doivent détacher de toutes ces idées, qui leur peuvent venir dans l’esprit, qui ressemblent non seulement aux modernes, mais aux Grecques, aux Romains & autres, qui ne leur conviennent pas.
C’est en quoy a parfaitement bien reüssi le grand Raphaël, & son éleve Jules Romain & tels autres, & sur tout depuis peu nostre merveilleux & universel Peintre feu Monsieur le Poussin, ainsi que je l’ay dit cy devant.

Quotation

{Hoemen het Model wel stellen sal.} Men sal oock een goede manniere soecken, om ’t Model wel te stellen, en goede Actien te verkiesen, dat doet (om alle Wan-order te verhouden) by om-gaende beurten: En laet die, die het sijne beurt valt, te vooren een Actie by gedachte op Papier Geschetst hebben, om in ’t stellen dentijdt niet ydel te laten passeeren; het zy dan dat het eene Actie is die bedachte, ofte na de Inventy van een goet Meester komt, gelijck dat by Memory uyt aensien van Print-Konst, of Teyckeningen kan geschieden; {Hoemen oock wel eenige Actie na andere komt te volgen.} gelijckmen veel fraye, zedige, en wonderlijcke aendachtige Actien, ende Beelden siet, onder de dingen van Raphel, Primaticcio, Carats, Iulio Romano, Polydoor, Testa, en menighte andere verstandighe, soo Oude als hedendaeghse Meesters; daer in dat yder sijnen vryen wil, en lustighen Geest in navolgen mach. {Natuerlijcke gevallige Actien, dickwils best.} Oock salmen acht geven op de Natuerlijcke Actien, die by wijlen uyt eygene beweging van u Model komen te vallen, welcke somtijdts veel grootser, werckelijcker en aendachtiger komen te zijn dan die met voordacht gestelt ofte bedacht konnen worden;

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Es wird auch ihr Vorzug behauptet/ durch die sonderbare Remuneration und Belohnung/ welche unserer Pictura widerfahren. […]

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Dergleichen Unterschiedlichkeit [ndr: im gerecht-mahlen] ware auch und ist noch bey den Italiänern/ Hoch-und Nieder-Teutschen zu finden/ und zwar mit größerer Vollkommenheit/ sonderlich im gerecht-mahlen/ und darzu gehörenden Kräften der Farben: welches aus der natürlichen applicirung/ vollkommenen Erhebung und sonderbaren Geschwindigkeit der Mahler von unsern Zeiten abzunehmen. {Die alte und neue Italiäner.} Solche waren/ Cimabue der große Wieder-Erfinder dieser Kunst/ Gaddo sein Nachfolger/ und Giotto. Also waren fürtreflich/ Giovan Bellini, in Sauberkeit; Michaël Angelo in Bildern und hohem Verstand; Leonardo da Vinci, in vernünftigen affecten; Andrea del Sarto, in Angenemheit; Raphaël d'Urbino in meisterlicher invention ; Julius Romanus, in ungemeinen Gedanken;Titian, in Anmutigkeit/ sonderlich der Coloriten; Corregio , in gratiositeten; Verones in reichen Gedanken; Tintoreti, in Seltsamkeit; Carazo, in fresco; Caravaggio und Manfredo , in Lebhaftigkeit ; Guido Bolognse in Holdseligkeit; Albano in zierlicher invention; Bernini Bernini in der Bild- und Bau Kunst; Francisco du Quesnoy, in scultur-Warheit; Algardon,in Geschicklichkeit; Peter Corton in fresco; La Franch in Geschwindigkeit; Domenicho in Tieffsinnigkeit; Claudio Gilli in Landschaften.
{Die alte Hoch-Teutschen} Nächst diesen/ machten sich auch verwunderbar unsere Teutschen: als Martin Schön/ im hochsteigen; Matthias von Aschaffenburg/ in zierlichem Geist; Albrecht Dürer/ im universal-Verstand; Hans Holbein/ in glückseliger Hand; Amberger/ in der Warheit; Pocksberger/ im Geistreichtum; Schwarz/ in Erfahrenheit; Adam Elzheimer/ in verwunderlichem Verstand.
{und Nieder-Teutschen} Gleichfalls waren fürberühmt die Niederländer/ in Erfindung der Oelfarben/ Johann und Hubert von Eyk; Lucas von Leyden/ im Fleiß; der alte Bruegel, im Verstand; also auch Sotte Clef und Johann von Calcar/ in der Hand; Floris, in der Meisterschaft; Brauer/ in bildung der Bauren; Fochiers, in Landschaft-Bäumen; Rubens in Geistreichheit; der von Dick/ in Zierlichkeit; Hundhorst in Wolgemälden; Rembrand/ in Arbeitsamkeit; Perselles in Schiffahrten und Wassern; Pulenburg/ in kleinen Bildlein; Bambotio, in Bildung der Bettler ; Botte, in Landschaften; auch der Gerhart Daro und, Mires hoch-preiswürdig in kleinen Oelfarben.
{Von des Autoris [ndr: Joachim von Sandrart ] Werken/ in dieser Kunst.} […]

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Esleve, ce mot est particulier aux Apprentifs & Disciples des Peintres. Ainsi Jules Romain, Perin, del Vague, &c. estoient Esleves de Raphaël. Il vient de l’ital. Allievo.

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Je me représente la Peinture comme un long pèlerinage, ou comme un lieu fort éloigné, & pour y arriver le Peintre se doit servir de son Génie comme d'une monture. II est vray, interrompit Damon, que pour faire un long voyage il faut estre bien monté, & qui n'a qu'une rosse est souvent contraint de demeurer en chemin, mais aussi un cheval trop fringant est toujours à craindre. [...] On va viste quand on est bien monté, dit Damon, & quelques-uns de ceux que vous me nommez [ndr : Jules Romain, Paul Veronese, Tintoret, & Rubens] ont souvent exécuté leurs pensées trop légèrement. Ce Genie de feu, cette rapidité de veine, & cette facilité d'inventer les choses, ne permettent pas ordinairement de les achever.

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La Peinture, luy repartis-je, embrasse, comme je vous ay dit plusieurs fois, tant de parties, dont la moindre demanderoit la vie d’un homme pour la bien étudier, qu’il ne faut pas estre surpris si les plus grands Peintres ne les ont jamais possédées toutes dans une égale perfection. Cependant comme la fin principale du Peintre est de representer la Nature sur une superficie plate ; & que cela ne se fait bien que par le moyen des couleurs, des ombres & des jours conduits judicieusement avec l’aide du dessein, qui doit estre toujours le guide & comme le maistre dans les ateliers des Peintres. Il est certain que ceux qui se sont rendus bons coloristes ont fait un grand progrez, & sont entrez bien avant, s’il faut ainsi dire, dans ce qu’il y a de plus secret & de plus beau dans cet art. C’est ce qui est arrivé au Titien & à ceux de son Escole, & qui leur a fait mériter une gloire toute particuliere.

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[....] La Place estoit ornée tout au tour de Statuës, que les Cabalistes avoient fait ériger à leurs Princes, entre lesquelles celle de Michelange occupoit le premier lieu, accompagné de celles du Titien, du Georgion, de Paul Veronese, du Tintoret, des Bassans, du Correge, du Guide, de Rubens, Vandick, Zuccaro, Lanfranc, Joseph Pin, Maistre Rousse, Saint Martin, Ribera, Pietre Teste, Freminet, Tempeste, Blœmaret, P. ….. V ….. B. …. V. … &c toutes posées sur leurs piedestaux, avec chacune une Inscription à leur loüange.
On ne voyait là ny les Apelles, ny les Timanthes, ny les Raphaëls, ny les Poussins, ny les Leonards de Vincy, ny les Jules Romains, ny les autres de ce merite, dont on ne se doit pas étonner, veu qu’ayans tous esté les Antagonistes de ces faux Peintres, les Cabalistes n’avoient garde de leur donner place parmi ceux dont ils ont méprisé les ouvrages & les maximes.

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Quoy-que la représentation d’un visage ne soit, s’il faut dire, que la moindre partie de tant de choses qu’embrasse la Peinture ; il me semble pourtant que celuy qui réüssit le mieux à exprimer sur une toile la ressemblance des hommes, entre bien avant dans ce qui regarde la science de son Art.
Il est vray, repartis-je, que si l’on s’attache à cette quantité de connoissances qu’ont euës Raphaël & Jules Romain, on pourra dire que l’ouvrage d’une teste n’en est que la moindre partie. Mais si l’on veut bien se renfermer dans la considération particulière des choses necessaires à bien faire un portrait, on verra pourtant que pour y reüssir comme a fait Vandéik, il y a bien des observations à faire, & des connoissances à acquérir.
Le visage de l’homme est composé de tant de parties différentes les unes des autres, qu’il n’est pas aisé qu’on pourroit croire, de bien faire un portrait. Ces parties, quoy-que petites chacunes à part, ne laissent pas d’estre difficiles à bien desseigner. L’œil qui tient si peu d’espace dans le visage est si mal-aisé à bien représenter, que le Guide disoit autrefois à un de ses amis, qu’encore qu’il en eût desseigné des millions, il estoit neammoins obligé d’avouër qu’il ne sçavoit pas encore les faire parfaitement. […]
Jugez donc, je vous prie, si un Peintre qui veut bien faire un portrait, n’est pas obligé, non seulement de sçavoir desseigner fort correctement ; mais de placer avec justesse toutes les parties d’une teste, les unes auprés des autres ; d’observer mille différences de contours dans leur forme, dans leurs couleurs, dans les ombres & dans les jours : & cependant, si bien joindre toutes ces diverses parties les unes avec les autres, qu’il semble que ce ne soit qu’une seule masse & une mesme couleur ; & que ce que ce mesme Peintre représente avec une infinité de teintes différentes, & plusieurs coups de pinceau, paroisse une seule couleur, & comme si l’ouvrage estoit, s’il faut ainsi dire, souflé & fait tout d’un coup & toutes les couleurs fondües ensemble. C’est alors, je vous avouë, que l’on connoist la difficulté du travail, & l’esprit du Peintre. Aussi vous pouvez observer, que toute l’intelligence d’un habile homme qui fait un portrait, consiste à la travailler également par tout en mesme temps, afin que toutes les parties naissent sous sa main s’il faut ainsi dire, toutes à la fois, imitant en cela la nature, qui lorsqu’elle a donné la premiére forme au corps de l’homme, travaille également dans tous les membres, jusques à ce qu’elle ait perfectionné son ouvrage.
Si l’on veut ajoûter à ce que je viens de dire, l’art avec lequel un sçavant Peintre conduit & répand les lumiéres & les ombres sur un portrait ; l’affoiblissement qu’il fait des unes & des autres, pour arondir & donner du relief à toutes les parties ; les reflais plus foibles ou plus forts qu’il observe, pour leur donner plus de force ou plus de grace ; l’esprit & la vie qu’il inspire sur ce visage qu’il peint ; les inclinations & les affections de l’ame qu’il y fait voir ; l’action & les mouvemens necessaires pour l’expression des passions les plus fortes : si, dis-je, l’on considére sérieusement, & avec attention tant de choses si differentes ; que peut on dire d’un homme qui les sçait si parfaitement, que sur la surface d’une toile il représente des visages qui paroissent animez ? C’est ce qu’a fait Vandéik ; & ce luy est une grande gloire, d’avoir fait que tant de grands hommes, morts il y a si long-temps, soient encore comme vivans dans leurs portraits ; & de s’estre immortalisé luy-mesme par ses ouvrages.

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L’autre question fut de sçavoir si l’idée que l’on concevoit du Peintre n’étoit que dans le coloris, & si il étoit inutile de chercher ailleurs cette idée en telle sorte que toute son étude se dût arrêter en cette partie là ; il fut dit là-dessus, qu’à parler proprement, la Peinture comprend tout ce qui se peut representer par le Dessein en quelque maniere que ce soit, & que le coloris n’en est qu’une partie, ce que l’on prouva par divers exemples, & particulierement par la Musique, dont les Compositeurs sont appellés Musiciens, encore qu’ils n’ayent ni Voix ni Instrumens, car comme le Musicien sans la Voix peut avec les Instrumens émouvoir les passions qu’il veut toucher, de même que le Peintre a besoin de la couleur quand il veut rendre ses representations completes & achevées, le Musicien qui chante juste & correct avec une voix mediocre, doit être plus estimé que celui qui chante faux avec une belle voix, de même le Peintre bon dessignateur & correct, qui colorie mediocrement est plus estimable que celui qui avec un beau coloris designe mal. Enfin la belle voix peut charmer les ignorants, quoi qu’elle ne soit pas soûtenuë de la justesse, comme le bel éclat de la couleur peut faire la même chose, encore que le Dessein en soit mauvais. Cette contestation fut terminée par un discours auquel on representa pour encourager ceux qui aspirent à l’universalité des parties de la Peinture, & de leur faire connoître toute l’étenduë de l’empire du Dessein ; que c’est par lui que l’Architecture met au jour ses plus belles idées, […].

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on representa, que les anciens au sortir de la pratique de peindre à détrempe tomberent en quelque sorte de dureté par la grande force des ombres, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Jule Romain, de Raphael, & autres, tant de l’École des Romains, que celles des Lombards qui ont travaille dans ces premiers tems là, où l’usage des reflexs, n’étoit point encore connu, que les reflexs sont d’une grande utilité pour produire l’union dans les couleurs, portants quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent, ce qui est l’avantage des siecles suivants où les habilles hommes se sont étudiés à la belle oeconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable mariage ; Il faut de plus considerer leur valeur pour les ranger en sorte qu’elles puissent mutuellement s’entre-aider & se faire valoir par un judicieux contraste, leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancés ou reculées, & leur union pour les associer en une agreable correspondance ; mais on considera aussi qu’en s’attachant à ce menagement harmonieux des couleurs, on ne devoit pas negliger le bon choix des matieres & leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures, & l’avoisinement de celles qui peuvent causer quelque aigreur ou dureté à la vuë & sur tout dans leur Emploi, les appliquer proprement, chaque teinte en sa place ne les brouillant & tourmentant que le moins qu’il est possible, sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage, & l’éclat, en n’y approchant que des couleurs sales pour les faire paroître d’autant plus vives & plus fraiches ; enfin que dans cette partie de la couleur, l’on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller, la belle oeconomie des couleurs, la propreté dans leur mêlange & application, & la liberté du Pinceau ; ces trois choses (qui bien souvent font chacune tout le talant d’un homme) ne se doivent jamais separer, encore qu’ils requierent chacun un soin particulier pour imiter la beauté du naturel.

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Les Restaurateurs de la Peinture : ces Heros des derniers siècles : Je veux dire ceux qui ont rétabli la connoissance du Dessein dans la perfection où elle est maintenant […]. Le premier maître qu’on consulte étant à Rome, c’est Raphaël Santio, qui est en possession de la premiere place […] personne ne l’a pû surpasser depuis : En un mot, la Noblesse, les graces, la delicatesse du contour, son le partage de Raphaël. […] Michel-Ange est un oracle : mais un Oracle que peu de Peintres ont seu developper, qui pourtant est très favorable à ceux qui peuvent comprendre. La fierté, la grandeur sont son caractere : les attachemens des os, la fonction & la situation des muscles sa sience. […] Jule Romain au reste a des conceptions surprenantes, & est grand imitateur de l’antiquité. […] Annibal Carache […] on y trouve de la force, de la grace, & tout ce qu’on remarque dans les plus belles antiquité, dont il a donné le caractere à ses ouvrages. […] Un grand nombre d’amateurs de cét Art, particulierement en France regardent nôtre celebre Poussin comme l’Auteur d’une nouvelle école : parce qu’on remarque dans ses ouvrages une belle varieté de proportions, suivant le diferent caractere des personnes, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse.

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A l’occasion des couleurs, ou à l’huile, ou à détrempe, je pourrois vous dire que les Anciens, au sortir de la pratique de peindre en détrempe, tomberent en quelque sorte en dureté, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Raphaël, Jule-Romain & autres de l’Ecole Romaine & Lombarde, où l’usage des reflex n’étoit point encore venu quoyque fort utile pour produire de l’union dans les couleurs, parce qu’ils portent quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent ; ce qui est l’avantage des Siecles suivans, où les habiles hommes se sont étudiez à la belle œconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable assemblage.

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A l’occasion des couleurs, ou à l’huile, ou à détrempe, je pourrois vous dire que les Anciens, au sortir de la pratique de peindre en détrempe, tomberent en quelque sorte en dureté, comme on le peut remarquer en quelques ouvrages de Raphaël, Jule-Romain & autres de l’Ecole Romaine & Lombarde, où l’usage des reflex n’étoit point encore venu quoyque fort utile pour produire de l’union dans les couleurs, parce qu’ils portent quelque chose des couleurs voisines dans l’ombre des corps, sur lesquels ils rejalissent ; ce qui est l’avantage des Siecles suivans, où les habiles hommes se sont étudiez à la belle œconomie & dispensation des couleurs, qui est le plus bel effet que peut produire leur raisonnable assemblage.
Il faut encore vous dire comme on en doit considerer la valeur, & comme elles [ndr : les couleurs] se peuvent mutuellement entr’aider & se faire valoir par un judicieux contraste ; leur force, pour les placer aux endroits que l’on veut faire paroître avancez & reculez ; & leur union pour les associer en une agreable correspondance. Pour y parvenir, l’on ne doit negliger ni le bon choix des matieres ni leur application, évitant le mélange de celles qui sont corruptibles avec celles qui sont pures. Il faut appliquer proprement chaque teinte en sa place, ne les broüillant & tourmentant que le moins qu’il est possible sur tout dans les carnations, où à l’imitation du Titien, on doit donner tout l’avantage & l’éclat.

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Het is myn vast gevoelen dat de Oeffening der plooijen niet volkomen geleerd kan worden, zonder de Leeman te gebruiken; Want wat baat het dat men zich uitmergeld met kleêren uit de Geest te Teikenen als wy ’t leeven voor ons kunnen hebben, zonder welke het onmogelyk is de natuur der Stoffe te doorgronden: daar zich, in tegendeel, veele niet anders oeffenen dan naar de Statuaas en fraaiste printen der beroemste meesters, welke hier in uitgemunt hebben: als Raphaël, Barotius, Guido, Albaan, Pousyn &c; denkende uit dezelfde reeds een gebaande weg te hebben gevonden, om tot genoegzame volkomentheid te geraken, en hun oogmerk te bereiken. Daar men nochtans weet, dat Raphaël voornaamentlyk, die gelegentheid niet gehad hebbende, echter in zyn tyd, de fraayste dingen voor den dag gekomen zyn. Nu zoude men mogen vragen, waarom eenige andere vermaarde Meesters, als Titiaan, Tintoret, Paulo Veronees, Julio Romano, Michel Angelo, Dominiquin, Bassan &c, zo goed daar in niet geoordeeld werden? de reeden is deeze, dat Raphaël het leeven gebruikt heeft, wel te verstaan een Leeman, waar door hy de natuur en eigenschap der Stoffe grondig heeft leeren onderzoeken: alhoewel men hem nogtans zou kunnen beschuldigen dat hy zyn beelden de meesten tyd met eenderly Stoffe kleeden, in voorvallen, daar de verandering genoegzaam verschillende kon geweest hebben. Evenwel moet men bekennen dat ‘er voor, noch naderhand, geen zo ervaren en Konstryk in dezelve geweest is, dan een alleen, te weten Nikolas Poussyn; echter is dit geen wonder; dewyl hy het Natuurlyke leeven onderzocht en gebruikten gelyk hem bewust was dat Raphaël gedaan had, en niet gelyk anderen die alleen zyn werk navolgden: daarom zyn zy ook slegter geweest, hebben minder kennis gehad, en meenigmaal niet van de natuur der stoffe of plooijen geweeten.

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Je trouve trois sortes de Vrai dans la Peinture.
Le Vrai Simple,
Le Vrai Ideal,
Et le Vrai Composé, ou le Vrai Parfait.
Le Vrai Simple que j’appelle le premier Vrai, est une imitation simple & fidelle des mouvemens expressifs de la Nature, & des objets tels que le Peintre les a choisis pour modele, & qu’ils se presentent d’abord à nos yeux, en sorte que les Carnations paroissent de veritables Chairs, […] que par l’intelligence du clair-obscur & de l’union des couleurs, les objets qui sont peints paroissent de relief, & le tout ensemble harmonieux.
Ce Vrai Simple trouve dans toutes sortes de naturels les moyens de conduire le Peintre à sa fin, qui est une sensible & vive imitation de la Nature […].
Le Vrai Ideal est un choix de diverses perfections qui ne se trouvent jamais dans un seul modele ; mais qui se tirent de plusieurs & ordinairement de l’Antique.
Ce Vrai Ideal comprend l’abondance des pensées, la richesse des inventions, la convenance des attitudes, l’élégance des contours, le choix des belles expressions, le beau jet des draperies, enfin tout ce qui peut sans alterer le premier Vrai le rendre plus piquant & plus convenable. Mais toutes ces perfections ne pouvant subsister que dans l’idée par raport à la Peinture, ont besoin d’un sujet légitime qui les conserve & qui les fasse paroître avec avantage ; & ce sujet légitime est le Vrai Simple : […] c’est-à-dire, un sujet bien disposé pour les recevoir & les faire subsister, […]. Il paroît donc que ces deux Vrais, le Vrai Simple & le Vrai Ideal font un composé parfait, dans lequel ils se prêtent un mutuel secours, avec cette particularité, que le premier Vrai perce & se fait sentir au travers de toutes les perfections qui lui sont jointes.
Le troisiéme Vrai qui est composé du Vrai Simple & du Vrai Ideal fait par cette jonction le dernier achevement de l’Art, & la parfaite imitation de la belle Nature. C’est ce beau Vraisemblable qui paroît souvent plus vrai que la verité-même, parce que dans cette jonction le premier Vrai saisit le Spectateur, sauve plusieurs négligences, & se fait sentir le premier sans qu’on y pense. […]
Ce troisiéme Vrai, est un but où personne n’a encore frappé ; on peut dire seulement que ceux qui en ont le plus approché sont les plus habiles. Le Vrai Simple & le Vrai Ideal ont été partagés selon le génie & l’éducation des Peintres, qui les ont possedés. Georgion, Titien, Pordenon, le vieux Palme, les Bassans, & toute l’Ecole Venitienne n’ont point eu d’autre merite que d’avoir possedé le premier Vrai. Et Leonard de Vinci, Raphaël, Jules Romain, Polidore de Caravage, le Poussin, & quelques autres de l’Ecole Romaine, ont établi leur plus grande reputation par le Vrai Ideal ; mais sur-tout Raphaël, qui outre les beautés du Vrai Ideal a possedé une partie considerable du Vrai Simple, & par ce moyen a plus approché du Vrai parfait qu’aucun de sa Nation.

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The Goût is a mixture of Poussin’s usual Manner [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin], and (what is very rare) a great deal of Guilio, particulary in the Head, and Attitude of the Lady, and both the Horses ; Tancred is naked to the Wast having been stripp’d by Erminia and his ’Squire to search for his Wounds, he has a piece of loose Drapery which is Yellow, bearing upon the Red in the Middle Tincts, and Shadows, this is thrown over his Belly, and Thighs, and lyes a good length upon the ground ; ’twas doubtless painted by the Life, and is intirely of a Modern Taste. And that nothing might be shocking, or disagreeable, the wounds are much hid, nor is his Body, or Garment stain’d with Blood, only some appears here, and there upon the ground just below the Drapery, as if it flow’d from some Wounds which That cover’d ;

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The Habits are not those of the Age in which the Scene of the Fable is laid, These must have been Gothick, and Disagreeable, it being at the latter end of the 11th, or the beginning of the 12th Century [ndr : il s’agit ici du Tancrède et Herminie, réalisé par Poussin]. Erminia is clad in Blue, admirably folded, and in a great Style, something like that of Giulio, but more upon the Antique, or, Raffaelle ;

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There are such Peculiarities in the turn of Thought, and Hand to be seen in Some of the Masters (in Some of their Works especially) that ‘tis the easiest thing in the World to know them at first Sight ; such as Leonardo da Vinci, Michelangelo Buonarotti, Guilio Romano, Battista Franco, Parmeggiano, Paolo Farinati, Cangiagio, Rubens, Castiglione, and some others ; And in the Divine Raffaelle one often sees such a Transcendent Excellence that cannot be found in any other Man, and assures us this must be the Hand of him who was what Shakespear calls Julius Cæsar. The foremost Man of all the World.
There are several others, who by imitating other Masters, or being of the same School, or from whatsoever other Cause have had such a Resemblance in their Manners as not to be so easily distinguish’d,
Timoteo d’Urbino, & Pellegrino da Modena, imitated Raffaelle ; Cæsare da Sesto, Leonardo da Vinci ; Schidone, Lanfranco, and others imitated Corregio ; Titian’s first Manner was a close imitation of that of Giorgione ;

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There are some Pictures, and Drawings which are neither Coppies, nor Originals, as being partly One, and partly t’other. If in a History, or large Composition, or even a Single Figure, a Face, or more is incerted, Coppied from what has been done from the Life, such Picture is not intirely Original. Neither is that So, nor Intirely Coppy where the Whole Thought is taken, but the Manner of the Coppier used as to the Colouring, and Handling. A Coppy Retouch’d in Some places by Invention, or the Life is of this Æquivocal kind. I have several Drawings first coppied after Old Masters (Guilio Romano for example,) and then Heightned, and endeavour’d to be improved by Rubens ; So far as His hand has gone is therefore Original, the rest remains pure Coppy. But when he has thus wrought upon Original Drawings (of which I have also many Instances,) the Drawing looses not its first Denomination, ‘tis an Original still, made by two several Masters.
The Ideas of Better, and Worse are generally attached to the Terms Original, and Coppy ; and that with good reason ; not only because Coppies are usually made by Inferiour Hands ; but because tho’ he that makees the Coppy is as Good, or even a Better Master than he that made the Original whatever may happen Rarely, and by Accident, Ordinarily the Coppy will fall short : Our Hands cannot reach what our Minds have conceiv’d ; ‘tis God alone whose works answer to his Ideas. In making an Original our Ideas are taken from Nature ; which the Works of Art cannot equal : When we Coppy ‘tis these Defective Works of Art we take our Ideas from ; Those are the utmost we endeavour to arrive at ; and these lower Ideas too our Hands fail of executing perfectly : An Original is the Eccho of the Voice of Nature, a Coppy is the Eccho of that Eccho.

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There are an Infinity of Artifices to Hide Defects, or Give Advantages, which come under this Head of Invention ; as does all Caprices, Grotesque, and other Ornaments, Masks, &c. together with all Uncommon, and Delicate Thoughts : such as the Cherubims attending on God when he appeared to Moses in the Burning Bush, which Rafaëlle has painted with Flames about them instead of Wings ;

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Of EXPRESSION
Whatever the general Character of the Story is, the Picture must discover it throughout, whether it be Joyous, Melancholy, Grave, Terrible, &c. The Nativity, Resurrection, and Ascension ought to have the General Colouring, the Ornaments, Background, and every thing in them Riant, and Joyous, and the contrary in a Crucifixion, Interment, or a Pietà. [The Blessed Virgin with the dead Christ].
But a Distinction must be made between Grave, and Melancholy, as in a Holy Family (of
Rafaëlle’s Design at least) which I have, and has been mention’d already ; the Colouring is Brown, and Solemn, but yet all together the Picture has not a Dismal Air, but quite otherwise. […] There are certain Sentiments of Awe, and Devotion which ought to be rais’d by the first Sight of Pictures of that Subject, which that Solemn Colouring contributes very much to, but not the more Bright, though upon other Occasions preferable.
I have seen a fine Instance of a Colouring proper for Melancholy Subjects in a Pietà of Van-Dyck : That alone would make one not only Grave, but sad at first Sight ; And a Colour’d Drawing that I have of the Fall of Phaëton after Giulio Romano, shews how much This contributes to the Expression. ‘Tis different from any Colouring that ever I saw, and admirably adapted to the Subject, there is a Reddish Purple Tinct spread throughout, as if the World was all invelopp’d in Smould’ring Fire.

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The Thoughts, and Finishings are in a great Measure seen in the Prints of such Works of which Prints are made, nor is a Drawing destitute of Colouring absolutely ; on the contrary, one frequently sees beautiful Tints in the Paper, Washes, Ink, and Chalks of Drawings ; But what is wanting in some respects is abundantly recompenc’d in Others, for in These Works the Masters not being embarrass’d with Colours have had a full Scope, and perfect Liberty, which is a very considerable Advantage, especially to some of them. There is a Spirit, a Fire, a Freedom, and Delicacy in the Drawings of Giulio Romano, Polydoro, Parmeggiano, Battista Franco, &c. which are not to be seen in their Paintings : A Pen, or Chalk will perform what cannot possibly be done with a Pencil ; and a Pencil with a thin Liquid only what cannot be done when one has a Variety of Colours to manage, especially in Oil.

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The Contours must be Large, Square, and Boldly pronounc’d to produce Greatness ; and Delicate, and finely Waved, and Contrasted to be Gracious. There is a Beauty in a Line. in the Shape of a Finger, or Toe, even in that of a Reed, or Leaf, or the most inconsiderable things in Nature : I have Drawings of Guilio Romano of something of this Kind ; his Insects, and Vegetables are Natural, but as much above those of other Painters as his Men are : There is that in these things which Common Eyes see not, but which the Great Masters know how to give, and They Only.

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The Ancients possess’d Both the excellent Qualities I have been treating of [ndr : Grace et Greatness], among whom Apelles is distinguish’d for Grace. Rafaëlle was the Modern Apelles, not however without a prodigious Degree of Greatness. His Style is not Perfectly Antique, but seems to be the effect of a Fine Genius accomplish’d by Study in that excellent School ; ‘Tis not Antique, but (may I dare to say it) ‘tis Better, and that by Choice, and Judgment. Giulio Romano had Grace, and Greatness, more upon the Antique Taste, but not without a great Mixture of what is peculiarly his Own, and admirably Good, but never to be imitated. Polydore in his best things was altogether Antique. […] His Style [ndr : de Michel-Ange] is his Own, not Antique, but He had a sort of Greatness in the utmost Degree, which sometimes ran into the Extream of Terrible ;

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Eleve, pour dire disciple : ce mot est particuliérement affecté aux apprentifs ou disciples des Peintres fameux ; comme Raphaël a eu pour éleve Jules Romain : Hannibal Carache a eu le Guide, le Dominiquin, & plusieurs autres : le mot Italien est Allievo, […].

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On sçait que plusieurs Peintres se sont trompez sur leurs propres ouvrages, & qu'ils ont pris quelquefois une copie pour l'original qu'eux-mêmes ils avoient peint. Vasari raconte, comme témoin oculaire, que Jules Romain, après avoir fait lui-même la draperie dans un tableau que peignoit Raphaël, reconnut pour son original la copie qu'André Del Sarte avoit faite de ce tableau.

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On peut appeler des desseins équivoques, quelques morceaux de Raphaël, de Jules Romain, & autres qui n’étant pas finis, ont été achevés ou retouchés par Rubens selon son goût. Alors ces desseins sont originaux de deux maîtres & ne peuvent passer pour des copies.

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CARTON. On appelle cartons certains desseins de tapisseries, que les Peintres sont pour servir de modéles aux ouvriers. On dit : les tapisseries de Flandres, des Gobelins, sont faites sur les cartons de Rubens, de Jule Romain. Le Brun en a fait les cartons. Les cartons sont de Raphaël. Dans cette acception, il ne se dit jamais qu’au pluriel. Le Dictionnaire de l’Academie, à oublié ce mot pris dans l’acception dont je viens de parler. 
On appelle encore
cartons, certaines esquisses en grand, tracées sur du carton, d’après lesquelles les Peintres peignent à fraisque.

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COPIE. On appelle copie, l’imitation d’un tableau original. Il n’est pas toujours aisé de distinguer la copie de l’original. André Delsarte copia un tableau de Raphael qui trompa Jule Romain lui-même, qui avoit travaillé à ce tableau.

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ESQUISSE, ESQUISSER. L’esquisse est le premier crayon d’un ouvrage que l’on médite. Les Italiens disent schizzo
« Les Peintres, dit Félibien, ne dessinent pas d’abord avec justesse toutes les parties, ils en font une légère
esquisse, où ils établissent l’ordre de leurs pensées. » Esquisser un bras, une tête, une pensée, un dessein ; son opposé est arrêter, finir, terminer. Les Sculpteurs ont emprunté ce terme, & ils appellent esquisse les premiers modéles de terre ou de cire qu’ils font. 
Ebauche &
esquisse ne sont pas des mots tout-à-fait synonimes. L’esquisse est proprement la premiere pensée d’un tableau que l’on jette rapidement sur un papier, sur un carton séparé. L’ébauche est le commencement du tableau même, dont on trace les premieres lignes sur la toile. L’esquisse est séparée du tableau. L’ébauche se fait sur le tableau même. Nous avons les esquisses de Raphaël, de Jules Romain : Nous ne sçaurions avoir leurs ébauches : cependant ces deux mots se confondent dans le langage ordinaire ; mais c’est aux Léxicographes à marquer exactement leur signification propre, & c’est ce que la plûpart des Dictionnaires n’ont pas fait, nommément le Trévoux.
Mr de Piles a fait ce mot masculin. 
Il a dit des es
quisses légers.

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EXPRESSION. Dans la division ordinaire, l’expression est comprise dans le dessein ; mais il me semble qu’on devroit en faire une partie séparée. Dessiner & exprimer sont des choses différentes. L’expression est la représentation véritable & naturelle des choses, surtout des mouvemens de l’âme & des passions. 
On dit communément que le dessein & le coloris, sont le corps de la Peinture, & que l’
expression en est l’âme. 
Membris addenda est ignea virtus
Scilicet, atque hebetes anima infundenda per artus.
Singula vitali Spirent animata colore,
Gestus ubique micet vivax, vultusque loquaces
Spiritus intus alat.
Pictura Carmen.
L’
expression, dit Mr de Piles, est la pierre de touche de l’esprit du Peintre. 
Raphaël, Jules Romain, & le Dominiquin ont excellé dans l’
expression, sont la justesse & la vérité, le naturel, la noblesse, la vivacité, la finesse.

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FIER, FIERTÉ, FIEREMENT. On appelle couleurs fieres, les couleurs vives, éclatantes : le blanc est une couleur fiere. Peindre fiérement, c’est employer des couleurs fort vives, ou plutôt les couchers fort vives, ou plutôt les coucher hardiment, & à grands coups. Fierté de coloris : Jules Romain donnoit beaucoup de force & de fierté à ses tableaux. La maniére de Michel-Ange est fiere & terrible.