DUPUY DU GREZ, Bernard, Traité sur la Peinture pour apprendre la Teorie & se perfectionner dans la Pratique, Toulouse, Veuve de J. Pech & A. Pech, 1699.

Bibliothèque Nationale de France Paris V-10320 Images hors-texte Images in-texte 286 quotations 174 terms
Issu d’une famille de juristes, avocat au parlement de Toulouse, puis administrateur de l’Hôtel Dieu de Toulouse, Bernard Dupuy du Grez (Toulouse 1639-1720) s’est intéressé à l’histoire de sa ville et a laissé deux manuscrits dont un sur les mythes fondateurs de Toulouse. Passionné par l’art et l’enseignement artistique, il est surtout connu pour avoir écrit un Traité sur la peinture (1699). Il s’agit d’un ouvrage d’un amateur d’art qui a la volonté ferme de créer à Toulouse une institution pour l’enseignement des beaux-arts, mais qui n’a qu’une pratique ponctuelle de l’art (il est l’auteur de quelques dessins). En effet, Dupuy du Grez milite pour l’ouverture d’une académie d’art à Toulouse et il ouvre en 1693 une école publique et gratuite de dessin d’après le modèle vivant qui est restée ouverte jusqu’en 1720, année de sa mort (Trouvé 2016, p. 203-259).
Le Traité sur la peinture est au cœur de cette démarche et il en est en quelque sorte un outil : il synthétise les connaissances essentielles à propos de l’art de la peinture, de sa théorie et son histoire, des procédés d’atelier, et résume les débats contemporains animés par les artistes et les théoriciens.
L’avocat toulousain construit ses réflexions en s’appuyant sur l’autorité de Vitruve, Pline, Quintilien et sur des auteurs modernes comme Leon Battista Alberti, Albrecht Dürer, Giorgio Vasari, Gian Paolo Lomazzo, Junius et des sources contemporaines (Hilaire Pader, André Félibien et Roger de Piles). Il se montre souvent critique à l’égard de certains de ces auteurs dont il souligne les imprécisions, le caractère lacunaire ou confus de définitions ou bien leur manque de clarté. Cette nécessité d’intelligibilité est en effet l’un des paramètres fondamentaux de son œuvre dans laquelle Dupuy du Grez entend à la fois s’adresser au peintre qui veut progresser dans l’art de la peinture et au curieux qui veut mieux le comprendre et le juger.
Le Traité se compose de quatre parties (les «dissertations »), chacune étant suivie d’un « supplément ». Les premières possèdent un ton ouvertement théorique puisqu’elles s’adressent davantage au curieux, tandis que les secondes insistent sur l’univers de l’atelier.
La première partie porte sur la définition de la peinture et son statut d’art libéral, sur la comparaison entre celle-ci et la sculpture. L’objet de la seconde est le dessin, qui recouvre à la fois l’intention intellectuelle et la délinéation ou le tracé visible : « l’essence du dessin est dans l’application de principes réglés et dans l’unité advenue de l’intention théorique et de l’effectuation pratique du tracé, autrement dit dans la proportion. » (Dauvois, 2011, p. 17). L’intention du « dessein » s’exprime et prend corps dans l’expression graphique du « dessin », une position qui dérive de la théorie de l’art du XVIe siècle en Italie et qui est au cœur de l’Idea de’ pittori, scultori et architetti de Federico Zuccari (1607).
Après le « dessein », Dupuy du Grez traite de la couleur à laquelle est consacrée la troisième partie. Le coloris marque, selon l’auteur, la supériorité des Modernes sur les Anciens grâce à la pratique de la peinture à l’huile qui permet de nuancer le rapport entre lumière et ombre dans l’utilisation des couleurs. Le coloris est alors compris comme une intelligence de l’union et de la convenance des couleurs.
La dernière dissertation du traité est, quant à elle, dédiée à la composition dont Dupuy du Grez distingue trois parties, la faculté inventive, l’ordonnance et la convenance. La première consiste dans l’imitation de la nature mais surtout résulte du choix des attitudes afin que le bon peintre parvienne à cette variété et ce contraste qui engendrent le plaisir de celui qui regarde. La deuxième est la disposition ou ordonnance qui n’est d’autre qu’une théorie des groupes de figures dans l’économie formelle de l’histoire. Enfin, la troisième, la convenance, répond au principe de vraisemblance et concerne le tableau dans sa relation au sujet représenté.
Si Dupuy du Grez dit relativement peu de la perspective au cours des quatre dissertations et notamment dans celle consacrée à la composition, c’est parce que la totalité du supplément de cette dernière partie est un traité d’optique (perspective) qui s’ouvre avec la distinction entre la perspective aérienne, dont traite déjà la troisième dissertation sur le coloris, et la perspective géométrique.

Antonella Fenech Kroke
in-4 french
Structure
Table des matières at 381
Préface at n.p.
Avertissement at n.p.

DUPUY DU GREZ, Bernard, Traité sur la peinture pour en apprendre la théorie, & se perfectionner dans la pratique, Paris, Florentin et Pierre Delaulne, 1700.

DUPUY DU GREZ, Bernard, Traité sur la peinture pour en apprendre la théorie et se perfectionner dans la pratique, DAUVOIS, Daniel (éd.), Paris, J. Vrin, 2011.

CHENNEVIÈRES-POINTEL, Charles-Philippe de, Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l'ancienne France, Paris, Dumoulin, 1847 - 1862, 4 vol., vol. IV [En ligne : http://bibliotheque-numerique.inha.fr/idurl/1/5783 consulté le 04/04/2018].

TEYSSÈDRE, Bernard, Roger de Piles et les débats sur le coloris au siècle de Louis XIV, Paris, La Bibliothèque des arts, 1965.

FONTAINE, André, Les doctrines d'art en France : peintres, amateurs, critiques, de Poussin à Diderot, Genève, Slatkine Reprints, 1989.

TROUVÉ, Stéphanie, Des ténèbres de la matière aux pures lumières de la science : la peinture à Toulouse au XVIIe siècle et ses rapports avec l'art italien, Thèse de doctorat, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, 2004.

TROUVÉ, Stéphanie, Peinture et discours. La construction de l’école de Toulouse XVIIe-XVIIIe siècles, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2016.

FILTERS

QUOTATIONS

La Peinture plaît naturellement à tous les hommes ; elle leur represente la forme, la couleur & l'action de plusieurs choses agréables, ou touchantes.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Tous ceux qui en ont parlé, conviennent que la Peinture, n'est autre chose qu'une imitation, qu'une ressemblance : Mais ils n'ajoutent pas, en quoy consiste cette imitation, cette ressemblance : quoi que ce soit la question principale, & ce que nous desirons particulièrement de savoir […] elle est une imitation de corps naturels, dont elle exprime aussi les passions. La distribution qu'il [ndr : G. P. Lomazzo] fait ensuite des parties de cet Art, me paroit extrêmement vague : car il le divise en Teorie, & en pratique.

ressemblance

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

imitation

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CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Nous aprenons de Felibien dans la vie de Poussin, que ce Peintre consulté sur la Peinture, par un de ses amis, luy avoit écrit, qu'elle est une imitation faite avec lignes & couleurs, en quelque superficie, de tout ce qui se voit sous le Soleil, dont la fin est la delectation.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Nous aprenons de Felibien dans la vie de Poussin, que ce Peintre consulté sur la Peinture, par un de ses amis, luy avoit écrit, qu'elle est une imitation faite avec lignes & couleurs, en quelque superficie, de tout ce qui se voit sous le Soleil, dont la fin est la delectation. Quoique cette définition parte de la main d'un des plus excellens Peintres qui ont paru dans ces derniers siecles : Il semble pourtant qu'on y pourroit ajouter quelque circonstance, pour en faire une description achevée : parce que l'étude des Peintres ne se borne pas seulement à l'imitation des choses visibles : Ils les doivent encore representer, dans la plus parfaite idée qu'elles peuvent donner ; Et la fin de cet Art n'est pas de plaire uniquement aux yeux : Mais d'avertir, d'enseigner, & de plaire à même tems.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

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L’ARTISTE → règles et préceptes

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quelque liberté que les Peintres & les Poètes ayant pris dans leur Art : Il n'est pas permis aux uns ni aux autres, de s'éloigner de la vraisemblance, dont ils doivent indispensablement garder les règles.

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L’ARTISTE → règles et préceptes

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes

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L’ARTISTE → règles et préceptes

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L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

On apelle Dessein la science des proportions, & de la situation des Figures, qui dicerne si elles peuvent faire dans la nature ce qu'elles font dans l'Art.

Le dessin est pour Dupuy du Grez une des parties de la peinture, avec la couleur et la composition.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Je dis donc que cette division se fait plus commodément, en trois principales parties : La première est le Dessein, la Seconde le Coloris, & la troisiéme est la Composition. On apelle Dessein la science des proportions, & de la situation des Figures, qui dicerne si elles peuvent faire dans la nature ce qu'elles font dans l'Art. Le Coloris regarde l'employ, l'usage, l'œconomie & l'efet des couleurs.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Et enfin la Composition comprend la faculté inventive, l'ordonnance des parties, & la Convenance, ou le raport de l'Ouvrage avec le tems, le lieu & le sujet.

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CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Je dis donc que cette division se fait plus commodément, en trois principales parties : La première est le Dessein, la Seconde le Coloris, & la troisiéme est la Composition. On apelle Dessein la science des proportions, & de la situation des Figures, qui dicerne si elles peuvent faire dans la nature ce qu'elles font dans l'Art. Le Coloris regarde l'employ, l'usage, l'œconomie & l'efet des couleurs. Et enfin la Composition comprend la faculté inventive, l'ordonnance des parties, & la Convenance, ou le raport de l'Ouvrage avec le tems, le lieu & le sujet. […] Ces trois choses en éfet, Dessiner, Colorier & Composer, renferment tout ce qui dépend de cet Art, puisqu'il n'y a rien dans les Ouvrages de Peinture, qui ne se réduise à quelqu’une de ces trois parties.

parties

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

division

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

La Peinture, en éfet, a une telle étendue, qu'elle embrasse toutes les connoissances : Il semble que rien ne doive être inconnu à un grand Peintre, & que son imagination n'a point de bornes. […] J'avoue que l'ébauchoir & le cizeau peuvent representer un'infinité de sujets : mais toujours un tableau sur l'histoire, demande plus de capacité qu'un basrelief : On voit dans la Peinture la variété de plusieurs teintes & l'éloignement des objets ; […] le Peintre ne la presente [ndr : la figure] que d'une veûe : […] il [ndr : l’ouvrage] doit être moileux dans les draperies, & naturel en toutes choses, dans la Peinture comme dans la Sculpture. […] le Peintre trouve des dificultez presque insurmontables : Et bien qu'il ne fasse voir sa figure que d'un cote, il doit avoir, à méme-tems, ce qui en est caché, present à son imagination ; puisque les parties qui se voyent, dépendent toujours de celles qui ne paroissent pas.
Quelles finesses ne demande pas la sience [sic] du clair obscur dans les ouvrages de Peinture, que la ronde bosse ni le bas relief ne connoissent pas ? Peut-on assez admirer l'artifice d'un excellent coloris, lorsque le Peintre donne à son ouvrage une couleur naturelle, agréable, en un mot, qui enchante les yeux ?

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

[…] il est indispensable de dessiner à la plume & au crayon, pour devenir Peintre […] pour réüsir à la Peinture […] il faut dessiner incessament au crayon, quoi qu'on puisse commencer par de petits modèles. La sience du dessein a donc précédé la Profession du Peintre & du Statuaire : Ce qui a fait dire joliment à Vazari que la Peinture & la Sculpture sont deux sœurs filles du dessein.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
L’ARTISTE → règles et préceptes

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L’ARTISTE → apprentissage
L’ARTISTE → règles et préceptes

Je finis donc cette dissertation, où je ne me suis proposé d'autre but que de faire connoître la Peinture, par la plus exacte definition, ou plutôt description, qu'on en peut donner : où j'ay fait voir que les meilleurs Auteurs l'ont divisée en trois principales parties, Dessein, Coloris, & Composition : que ceux qui en ont fait la partition d'une autre manière, l'ont considerée, par ce qu'elle a de plus matériel & mécanique : ayant plutôt tiré leur division de la pratique du Peintre, ou de l'ouvrage, lors qu'il est achevé, que de sa Téorie & de son Art.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

partition

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Il y a pourtant quelque distinction parmi les Peintres : ce qui est tres-raisonnable : car ceux qui travaillent d'histoire tiennent le premier rang, les Portraitistes suivent aprés, les Païsagistes, & ceux qui font des fleurs & de fruits, sont les derniers, de tous. Il y a encore de simples Copistes : De là vient la grande diference qu'on fait des originaux d'avec les copies : parce que le prix d'un original se prend de la science, & de la réputation du Peintre, & souvent il est extraordinaire. Au contraire le prix des copies s'estime par le tems qu'il a falu pour le faire, autant que par l'industrie du Copiste.

original

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

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L’ARTISTE → qualités

copie

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
GENRES PICTURAUX → paysage

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L’ARTISTE → qualités
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

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L’ARTISTE → qualités
GENRES PICTURAUX → portrait

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

On ne peut aprendre le Dessein, ou pour mieux dire la sience du Dessein, que par l'exercice, & par l'aplication […]

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L’ARTISTE → apprentissage
L’ARTISTE → règles et préceptes

[…] de la graveure et des Estampes : c’est ainsi que le Peintre, & le Curieux apellent les Tailles-douces, & les Tailles de bois, du terme Italien Stampar, qui signifie imprimer. Il y en a de très-belles, mais peu, en comparaison du nombre prodigieux, qu'on en voit par tout : parce que la plupart étant gravées par des ouvriers peu savans au Dessein : elles n'ont qu'une partie des beautez de leurs originaux. Et quoi qu'on puisse répliquer qu'un Graveur n'a qu'à se servir d'un excellent crayon : qu'il n'a qu'à le transférer si bien sur le cuivre, que les contours, & tous les plus petits traits passent à sa planche : On répond à cela que s'il n'a pas lui-méme assés d'intelligence, & un grand fonds de Dessein, il est impossible que l'Estampe ne dégénère beaucoup de la pièce qu'il a voulu imiter. S'il y a au reste fort peu de Graveurs qui sachent bien cette partie de l'Art : c'est aussi qu'embrassant cette Profession, ils ne pensent qu'à la Graveure, ou la seule esperance du gain les atire : car c'est le peuple qui court aprés les Taille-douces sans aucun dicernement : la plù-part ne considerant que la delicatesse du burin, ou la neteté des hacheures

gravure · taille-douce · taille de bois

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

[…] de la graveure et des Estampes : c’est ainsi que le Peintre, & le Curieux apellent les Tailles-douces, & les Tailles de bois, du terme Italien Stampar, qui signifie imprimer. Il y en a de très-belles, mais peu, en comparaison du nombre prodigieux, qu'on en voit par tout : parce que la plupart étant gravées par des ouvriers peu savans au Dessein : elles n'ont qu'une partie des beautez de leurs originaux. Et quoi qu'on puisse répliquer qu'un Graveur n'a qu'à se servir d'un excellent crayon : qu'il n'a qu'à le transférer si bien sur le cuivre, que les contours, & tous les plus petits traits passent à sa planche : On répond à cela que s'il n'a pas lui-méme assés d'intelligence, & un grand fonds de Dessein, il est impossible que l'Estampe ne dégénère beaucoup de la pièce qu'il a voulu imiter. S'il y a au reste fort peu de Graveurs qui sachent bien cette partie de l'Art : c'est aussi qu'embrassant cette Profession, ils ne pensent qu'à la Graveure, ou la seule esperance du gain les atire : car c'est le peuple qui court aprés les Taille-douces sans aucun dicernement : la plù-part ne considerant que la delicatesse du burin, ou la neteté des hacheures. Il n'y a que les bons connoisseurs, qui s'aperçoivent de l'excellence du Dessein, pour lequel ils les recherchent curieusement.

estampe · taille-douce · taille de bois

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

estampe · gravure · taille-douce

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

estampe · gravure · taille-douce

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la gravure

ce qu’il y a de plus essentiel dans le dessein ne s’y trouve pas, savoir la proportion, qui est l’unique étude du Peintre dans cette partie de son Art. En éfet que peut-on comprendre par de lignes independantes des jours & des ombres, que le seul contour des figures ? Or il est évident que la sience du dessein comprend quelque chose de plus accompli.
[…] Il faut donc convenir que ce que les Peintres entendent par le dessein, c’est la proportion des traits, & la Convenance entr’eux, pour representer les choses visibles, comme elles sont, ou comme elles peuvent être, dans leur plus grande perfection : De sorte que le Dessein est une faculté de l’entendement, qui consiste dans l’intelligence de la belle proportion : ou si vous voulez une sience pratique, qui dirige les operations de la main, lors qu’elle veut imiter les corps visibles dans leur proportion. Et c’est ce qu’on veut faire comprendre, lors qu’on dit qu’il y a beaucoup de dessein dans chaque ouvrage.
[…] Quand je dis que le dessein est une proportion : je pretens qu’elle tient ici le lieu d’une idée généralle, qu’on apelle le genre, parce qu’il y a plusieurs especes de proportion, savoir celle des nombres, celle des tons, & plusieurs autres ; & enfin celle que les Peintres apellent Dessein. [...]
En un mot la proportion est ce qui flate, & ce qui touche les yeux & la raison : Comme dans la Musique, les accords, ou les tons proportionnés les uns aux autres, flatent, & touchent l’oreille, par je ne sai quoi de juste & de piquant.
Enfin il y a dans toutes choses un certain assaisonnement, qui en fait la juste proportion. C’est aussi ce qui flate & touche, le goût dans le mets : et c’est pour cela que les Peintres se servent encore du mot de goût, pour signifier l’éfet que les ouvrages dont dans leur esprit. Ainsi ils disent souvent, qu’un tableau est du bon ou du mauvais goût : dessiner du bon goût, c’est à dire, parmi eux, donner des belles proportions.
Mais quoique nous puissions dire, il seroit impossible de donner la veritable raison de la proportion : On remarque qu’elle plaît par la convenance des parties avec le tout quelles [sic] composent & que les yeux & la raison la sentent & l’aprouvent.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

[…] Le Dessein dont je parle ne se doit pas entendre d’une feuille de papier, où il y a quelque figure, ni de la pensée du Peintre, où de la fin qu’il se propose, bien que tout cela se puisse apeller Dessein. Ce n’est pas non plus ce qu’un Auteur François a voulu dire quand il apelle Dessein, ce qui consiste dans le traits, avec lesquels le Peintre represente les choses, qu’il doit imiter independament des jours et des ombres, & cét assemblage de lignes diversement contournées, par le moyen desquelles on forme les figures : car outre que c’est prendre le dessein trop materiellement, cette longue suite de parole, ne dit rien moins que cela : puisque ce qu’il y a de plus essentiel dans le dessein ne s’y trouve pas, savoir la proportion, qui est l’unique étude du Peintre dans cette partie de son Art. En éfet que peut-on comprendre par de lignes independantes des jours & des ombres, que le seul contour des figures ? Or il est évident que la sience du dessein comprend quelque chose de plus accompli.
[…] Il faut donc convenir que ce que les Peintres entendent par le dessein, c’est la proportion des traits, & la Convenance entr’eux, pour representer les choses visibles, comme elles sont, ou comme elles peuvent être, dans leur plus grande perfection : De sorte que le Dessein est une faculté de l’entendement, qui consiste dans l’intelligence de la belle proportion : ou si vous voulez une sience pratique, qui dirige les operations de la main, lors qu’elle veut imiter les corps visibles dans leur proportion. Et c’est ce qu’on veut faire comprendre, lors qu’on dit qu’il y a beaucoup de dessein dans chaque ouvrage.
[…] Quand je dis que le dessein est une proportion : je pretens qu’elle tient ici le lieu d’une idée généralle, qu’on apelle le genre, parce qu’il y a plusieurs especes de proportion, savoir celle des nombres, celle des tons, & plusieurs autres ; & enfin celle que les Peintres apellent Dessein. [...]

Le teme dessein recouvre à la fois la pratique du dessin, son aspect matériel mais aussi la faculté de conception des proportions

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

[…] Il faut donc convenir que ce que les Peintres entendent par le dessein, c’est la proportion des traits, & la Convenance entr’eux, pour representer les choses visibles, comme elles sont, ou comme elles peuvent être, dans leur plus grande perfection : De sorte que le Dessein est une faculté de l’entendement, qui consiste dans l’intelligence de la belle proportion : ou si vous voulez une sience pratique, qui dirige les operations de la main, lors qu’elle veut imiter les corps visibles dans leur proportion. Et c’est ce qu’on veut faire comprendre, lors qu’on dit qu’il y a beaucoup de dessein dans chaque ouvrage.
[…] Quand je dis que le dessein est une proportion : je pretens qu’elle tient ici le lieu d’une idée généralle, qu’on apelle le genre, parce qu’il y a plusieurs especes de proportion, savoir celle des nombres, celle des tons, & plusieurs autres ; & enfin celle que les Peintres apellent Dessein. [...]
En un mot la proportion est ce qui flate, & ce qui touche les yeux & la raison : Comme dans la Musique, les accords, ou les tons proportionnés les uns aux autres, flatent, & touchent l’oreille, par je ne sai quoi de juste & de piquant.
Enfin il y a dans toutes choses un certain assaisonnement, qui en fait la juste proportion. C’est aussi ce qui flate & touche, le goût dans le mets : et c’est pour cela que les Peintres se servent encore du mot de goût, pour signifier l’éfet que les ouvrages dont dans leur esprit. Ainsi ils disent souvent, qu’un tableau est du bon ou du mauvais goût : dessiner du bon goût, c’est à dire, parmi eux, donner des belles proportions.
Mais quoique nous puissions dire, il seroit impossible de donner la veritable raison de la proportion : On remarque qu’elle plaît par la convenance des parties avec le tout quelles [sic] composent & que les yeux & la raison la sentent & l’aprouvent.

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CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

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L’ARTISTE → qualités

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CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
L’ARTISTE → qualités

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L’ARTISTE → qualités

De sorte que le Dessein est une faculté de l’entendement, qui consiste dans l’intelligence de la belle proportion : ou si vous voulez une sience pratique, qui dirige les operations de la main, lors qu’elle veut imiter les corps visibles dans leur proportion.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
L’ARTISTE → qualités

Enfin il y a dans toutes choses un certain assaisonnement, qui en fait la juste proportion. C’est aussi ce qui flate & touche, le goût dans le mets : et c’est pour cela que les Peintres se servent encore du mot de goût, pour signifier l’éfet que les ouvrages dont dans leur esprit. Ainsi ils disent souvent, qu’un tableau est du bon ou du mauvais goût : dessiner du bon goût, c’est à dire, parmi eux, donner des belles proportions.

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L’ARTISTE → qualités

[…] pour se perfectionner dans le Dessein. Cette seule Téorie ne suffit pas : Il faut ajoûter avec assiduité l’exercice & la pratique, afin que les mesures & les proportions, se puissent peu à peu imbiber dans l’esprit du Peintre : en sorte qu’elle soient incessament sous ses yeux, & dans ses mains, comme dans son imagination.

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L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
L’ARTISTE → apprentissage
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Il n’y a point d'Auteur qui ait plus amplement traité des diverses proportions du corps humain qu'Albert Durer : ni de Peintre qui en ait recherché les mesures avec plus de soin que lui : car il a donné quatre diferentes échelles de la proportion de l'homme, & de la femme : tant pour les hauteurs que pour les largeurs : de sorte que la plupart de ceux qui en ont écrit , comme Jean Paul Lomasse Milanois, & Pader Peintre Tolosain, qui a traduit le premier livre de cet Auteur, semblent avoir puisé toutes leurs règles d'Albert Durer. Mais quoi qu'il soit très - important de les savoir : il ne faut pas qu'on s'imagine, aprés avoir lu attentivement & bien compris ce qu'ils en ont écrit, d'être savant dans le Dessein : Si d'ailleurs on n'en a pas fait une longue étude, en dessinant d'aprés le naturel : & si l'on n'a pas fortement imprimé dans son esprit, ses yeux & ses mains, ce je ne sai quoi qui charme, & les yeux & la raison, par la convenance d'une partie avec un'autre, & de chacune avec le tout qu'elles composent, comme j'ai dit un'autre fois.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
SPECTATEUR → perception et regard

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

[…] On demande encore deux choses aux jeunes enfans que l'on destine, pour être un jour de grands Peintres : qu'ils aient l'imagination vive, la mémoire heureuse, & une grande disposition à la santé : car l'étude du Dessein, & de toute la Peinture est des plus fortes, & qui mérite le plus d'aplication. Il les faut prendre à l'âge de douze à quatorze ans, afin qu'ils soient capables de raisonnement. On commence par leur faire imiter de petites parties du corps humain, qu'on dessine d'invention en leur presence, ou en imitant quelqu'autre Dessein : ce qui est absolument necessaire dans les premières leçons: & il y a des exemples pour cela gravées & mises en estampe.
[…] Aprés qu'ils auront copié, quelque tems, des yeux, des nez, des bouches, & des oreilles, vous leur fairez copier des têtes entières. Aprés cela faites leur faire des mains, des pies, des bras, des jambes, & ensuite des figures entières, de la meilleure main que vous les pourrez avoir. Les figures de Raphaël Santio, prises sèparément une à une, & les antiques de François Perier, sont d'un très bon usage pour cela, ce qu'il faut faire par intervales, sans les acabler, leur faisant bien remarquer la proportion & la beauté de ce qu'ils imitent. Il leur faut aider au comencement à équisser la figure, à la bien asseoir & planter, & ensuite leur donner quelque coup au contour : ce que pourtant il ne faut pas trop afecter, pour ne les pas rebuter.
Mais comme vôtre fin n'est pas seulement de faire de bons copistes : vous devez observer, que vos Eleves doivent par intervales s'exercer à faire d'eux-méme : Premièrement des yeux, & d'autres parties de la face ; Puis des tétes, & ensuite des figures entieres : Car quand ils copient, c’est pour apprendre à connoître les proportions : & quand ils font d’eux-mêmes, c’est pour apprendre à les mettre en pratique sur leur propre idée. […]
Quand vos disciples sont parvenus à ce point [ndr : assembler une figure], […] Il faut donc pour lors, leur faire reprendre des plus beaux Desseins : premierement d’une seule figure […] Aprés celà vous leur fournirez des Desseins ou Estampes, de deux ou plusieurs figures afin qu’ils aprennent à les mettre ensemble […].
Remarquez encore, que toute cette premiere Etude se doit faire aprés de nuditez, & rarement aprés de draperies : C’est pourquoi je vous ay proposé les figures de Michel-Ange, de Raphaël, & les antiques du Perier. On peut encore, se servir des Estampes d'Annibal Carache dont le Dessein a quelque chose de surprenant : ses Galeries sont très utiles sur tout pour l’étude dont je parle de même que les loges de Raphaël dessinées, & gravées par Chaperon.
Au reste banissez de votre école la métode de copier en reticulant ou en calquant, les estampes : méprisez toutes ces inventions mécaniques, qui sont des empêchemens au progrés de la jeunesse. […]
C’est ainsi que vous metrez vôtre Eleve en état de dessiner d’aprés la bosse, qui lui aprendra l’éfet des ombres & des jours, pour donner du relief aux parties, & pour se perfectionner dans le contour des figures. […]
Aprés s’être accoutumé à la bosse, il est absolumment necessaire de dessiner d’aprés modele vivant : & c’est ici que se doit consommer l’étude du jeune Peintre.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
L’ARTISTE → apprentissage

[…] On demande encore deux choses aux jeunes enfans que l'on destine, pour être un jour de grands Peintres : qu'ils aient l'imagination vive, la mémoire heureuse, & une grande disposition à la santé : car l'étude du Dessein, & de toute la Peinture est des plus fortes, & qui mérite le plus d'aplication. Il les faut prendre à l'âge de douze à quatorze ans, afin qu'ils soient capables de raisonnement. On commence par leur faire imiter de petites parties du corps humain, qu'on dessine d'invention en leur presence, ou en imitant quelqu'autre Dessein : ce qui est absolument necessaire dans les premières leçons: & il y a des exemples pour cela gravées & mises en estampe.

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L’ARTISTE → apprentissage

Au reste banissez de votre école la métode de copier en reticulant ou en calquant, les estampes : méprisez toutes ces inventions mécaniques, qui sont des empêchemens au progrés de la jeunesse. […]

copier

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L’ARTISTE → apprentissage

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Il faut ajouter à l’étude du nû, celle des draperies, qui n’est pas si longue ni si dificile, parce qu’il ne fait que couvrir de diverses étofes les figures dont on a dejà fait les parties : mais ces étofes ont des plis plus gros ou plus menus, suivant qu’elles sont legeres ; & l’on doit exactement apprendre les unes & les autres, pour s’en servir à propos. Le moïen donc d’apprendre les draperies, c’est de les étudier aprés les étofes naturelles : mais particulierement de trois sortes, qui sont les étofes de lin, les serges, & le draps de laine bien fins, ou le serge de couleur blanche, ou d’une autre couleur voïante, Lomasse l’apelle Rascia, & nous l’apellons raze à Toulouse […] On la dispose de diverses maniere sur un modele, sur un manequin, ou sur quelqu’autre sujet : & on remarque les acommodemens, les plis & les bords de l’étofes : on en fait divers esquisses & desseins, jusques à ce qu’on a mis assés avant dans sa memoire l’économie naturelle l’ordre, & la suite des draperies, pour en faire de memoire ou d’invention. […] ce que nous avons dit ici des draperies, ne regarde que le Dessein, qui consiste dans la suite des plis, & les bords de l’étofe […].

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis
L’ARTISTE → apprentissage

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L’ARTISTE → règles et préceptes

Les Restaurateurs de la Peinture : ces Heros des derniers siècles : Je veux dire ceux qui ont rétabli la connoissance du Dessein dans la perfection où elle est maintenant […]. Le premier maître qu’on consulte étant à Rome, c’est Raphaël Santio, qui est en possession de la premiere place […] personne ne l’a pû surpasser depuis : En un mot, la Noblesse, les graces, la delicatesse du contour, son le partage de Raphaël. […] Michel-Ange est un oracle : mais un Oracle que peu de Peintres ont seu developper, qui pourtant est très favorable à ceux qui peuvent comprendre. La fierté, la grandeur sont son caractere : les attachemens des os, la fonction & la situation des muscles sa sience. […] Jule Romain au reste a des conceptions surprenantes, & est grand imitateur de l’antiquité. […] Annibal Carache […] on y trouve de la force, de la grace, & tout ce qu’on remarque dans les plus belles antiquité, dont il a donné le caractere à ses ouvrages. […] Un grand nombre d’amateurs de cét Art, particulierement en France regardent nôtre celebre Poussin comme l’Auteur d’une nouvelle école : parce qu’on remarque dans ses ouvrages une belle varieté de proportions, suivant le diferent caractere des personnes, depuis l’enfance jusqu’à la vieillesse.

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MANIÈRE ET STYLE → école
L’ARTISTE → apprentissage

[…] C’est de la sience des proportions du corps humain, que dépend toute la perfection du Dessein.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

Il y a quatre principales divisions dans la hauteur du corps Humain : Elles se prennent, savoir du sommet de la Tête aux Clavicules : de là aux Hanches, des hanches aux Genous, & de là aux Chevilles des Piés.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

La proportion que nous cherchons consiste dans la juste longueur, & grosseur des Membres, & dans le degré naturel de leur mouvement. Pour aprendre le premier, nous nous servons des observations de plusieurs Auteurs qui en ont écrit, ou de nôtre Etude particuliere, en mesurant les Figures antiques qui sont estimées les plus belles, savoir le Laocon, l’Hercule des Farneze, l’Apollon, le Gladiateur, l’Antinoüs, les Enfans de Niobe, la Venus de Médicis, & quelques autres qui sont de la main des plus habiles Grecs. Ceux qui vont étudier à Rome les voïent en marbre : mais on en peut tirer le méme avantage à Paris où elles sont jetées en Plâtre, & par tout ailleurs où il seroit aisé de les faire porter.
Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.

Pour ce qui est des regles du mouvement, & des atitudes naturelles, il y a plusieurs observations, qui ont été faites par des Peintres : mais qui dependent du jugement, & de l’œil : de sorte que le plus seur moïen, c’est de les étudier aprés les modele vivant. C’est n’est pas que les longueurs & largeurs ne dependent aussi du jugement & de l’œil de celuy qui dessine ou qui peint : mais il est bon d’en avoir quelques regles, qu’on peut avoir apris des autres, ou par ses propres lumieres.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
L’ARTISTE → qualités

Albert Durer enseigne les proportions des Figures qu’on apelle de sept Têtes, de huit, de neuf & de dix Tétes.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

Les diferentes proportions, ne consistent pas dans la diferente longueur des figures, comme plusieurs l’ont entendu, qui croïent varier la proportion, lors qu’ils donnent à une Tête de méme grosseur, sept, huit, neuf, ou dix fois autant pour la hauteur de leurs Figures ; Le mistere de la nature, c’est de varier la proportion dans une méme taille comme la tres-bien entendu Albert Durer : Ce qui se fait en grossissant les parties. Ainsi l’on peut tenir la face un peu plus large, quoi qu’elle soit toujours de méme hauteur, qui est la dixiéme partie de la Figure dans toutes les proportions. On peut aussi grossir les Muscles & les Chairs, & tenir de cette maniere les Epaules plus larges, de méme que la Ceinture, les Hanches, les Bras, les Cuisses, les Jambes, & tout le reste, dont la méme Auteur [sic] a donné diverses mesures […]

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion

Il y a, en un mot, des élegances à rechercher, qu’on ne sauroit pas exprimer par le discours : Mais pour les découvrir, on considere souvent les Ouvrages de Michel Ange, pour les atachemens des Membres : De Raphaël pour la Noblesse du contour & pour la grace : Du Carache pour l’excellence de son Dessein. S’il n’est pas possible de voir leurs Ouvrages Originaux : on considere les meilleurs Dessein, fait d’aprés ces grands hommes : Ces Desseins se voïent commodement en Estampe, & on tâche avec cela de se former une idée avantageuse de la belle proportion. On considere aussi les plus belles Antiques, d’où ces grands Maîtres ont tiré leur savoir : Et faute des originaux de Marbres nous avons recours aux Plâtres.
On doit pourtant remarquer, que ce n’est pas le seul moïen de se rentre tres-habile, que de considerer incessament les ouvrages des plus grand Hommes, ou leurs Estampes : On doit avec cela dessiner, & venir à la pratique. Ce n’est pas encore assez de les copier incessement : Il sufit de l’avoir fait dans le commencement, on doit tâcher de les aprocher, ou de les égaler en les imitant sans pourtant les copier toujours.
Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.
Tous les corps en éfet ont du beau dans quelques parties & du Mesquin en quelques autres : La nature ne formant que rarement des ouvrages acomplis. On voit souvent qu’elle ôte à l’un, ce qu’elle donne à l’autre : De sorte qu’il faudroit plusieurs modeles, pour en faire un qui fut parfait : Mais comme j’ay dit, la Sience consiste à supléer, où la nature s’est négligé.
Quand je dis que la nature manque, ou qu’elle se neglige, je ne pretens pas dire qu’elle ne fasse tous ses ouvrages parfait dans leurs proportions, pour toutes les fonctions naturelles : Mais je veux dire, que toutes les parties ne sont pas également bien formée, pour plaire aux Yeux.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
L’ARTISTE → règles et préceptes

Il y a, en un mot, des élegances à rechercher, qu’on ne sauroit pas exprimer par le discours : Mais pour les découvrir, on considere souvent les Ouvrages de Michel Ange, pour les atachemens des Membres : De Raphaël pour la Noblesse du contour & pour la grace : Du Carache pour l’excellence de son Dessein. S’il n’est pas possible de voir leurs Ouvrages Originaux : on considere les meilleurs Dessein, fait d’aprés ces grands hommes : Ces Desseins se voïent commodement en Estampe, & on tâche avec cela de se former une idée avantageuse de la belle proportion. On considere aussi les plus belles Antiques, d’où ces grands Maîtres ont tiré leur savoir : Et faute des originaux de Marbres nous avons recours aux Plâtres.
On doit pourtant remarquer, que ce n’est pas le seul moïen de se rentre tres-habile, que de considerer incessament les ouvrages des plus grand Hommes, ou leurs Estampes : On doit avec cela dessiner, & venir à la pratique. Ce n’est pas encore assez de les copier incessement : Il sufit de l’avoir fait dans le commencement, on doit tâcher de les aprocher, ou de les égaler en les imitant sans pourtant les copier toujours.
Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Il y a, en un mot, des élegances à rechercher, qu’on ne sauroit pas exprimer par le discours : Mais pour les découvrir, on considere souvent les Ouvrages de Michel Ange, pour les atachemens des Membres : De Raphaël pour la Noblesse du contour & pour la grace : Du Carache pour l’excellence de son Dessein. S’il n’est pas possible de voir leurs Ouvrages Originaux : on considere les meilleurs Dessein, fait d’aprés ces grands hommes : Ces Desseins se voïent commodement en Estampe, & on tâche avec cela de se former une idée avantageuse de la belle proportion. On considere aussi les plus belles Antiques, d’où ces grands Maîtres ont tiré leur savoir : Et faute des originaux de Marbres nous avons recours aux Plâtres.

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → statut de l'oeuvre : copie, original...

On doit pourtant remarquer, que ce n’est pas le seul moïen de se rentre tres-habile, que de considerer incessament les ouvrages des plus grand Hommes, ou leurs Estampes : On doit avec cela dessiner, & venir à la pratique. Ce n’est pas encore assez de les copier incessement : Il sufit de l’avoir fait dans le commencement, on doit tâcher de les aprocher, ou de les égaler en les imitant sans pourtant les copier toujours.
Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.
Tous les corps en éfet ont du beau dans quelques parties & du Mesquin en quelques autres : La nature ne formant que rarement des ouvrages acomplis. On voit souvent qu’elle ôte à l’un, ce qu’elle donne à l’autre : De sorte qu’il faudroit plusieurs modeles, pour en faire un qui fut parfait : Mais comme j’ay dit, la Sience consiste à supléer, où la nature s’est négligé.
Quand je dis que la nature manque, ou qu’elle se neglige, je ne pretens pas dire qu’elle ne fasse tous ses ouvrages parfait dans leurs proportions, pour toutes les fonctions naturelles : Mais je veux dire, que toutes les parties ne sont pas également bien formée, pour plaire aux Yeux.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → proportion
L’ARTISTE → règles et préceptes
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.
Tous les corps en éfet ont du beau dans quelques parties & du Mesquin en quelques autres : La nature ne formant que rarement des ouvrages acomplis. On voit souvent qu’elle ôte à l’un, ce qu’elle donne à l’autre : De sorte qu’il faudroit plusieurs modeles, pour en faire un qui fut parfait : Mais comme j’ay dit, la Sience consiste à supléer, où la nature s’est négligé.
Quand je dis que la nature manque, ou qu’elle se neglige, je ne pretens pas dire qu’elle ne fasse tous ses ouvrages parfait dans leurs proportions, pour toutes les fonctions naturelles : Mais je veux dire, que toutes les parties ne sont pas également bien formée, pour plaire aux Yeux.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → figure et corps

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
L’ARTISTE → règles et préceptes

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
L’ARTISTE → règles et préceptes

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

Enfin pour bien reussir, il est absolument necessaire d’étudier le naturel : d’apprendre de la nature méme tous les diferens mouvements, qu’elle peut faire dans le corps d’un homme vivant, & les diferens éfets des Muscles. Il ne s’agit pas pourtant de copier la Nature tantôt seche, tantôt petite, ou grande : Mesquine, ou estravagante : Il faut composer une belle figure sur un corps, qui ne sera pas également beau. Et s’il y a quelque chose de beau, il le faut savoir choisir en supleant au reste, s’il manque.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Il êtoit plus facile aux Anciens d’étudier le nû, qu’à nous […] Au défaut de tout cela, nous avons introduit des Academies du modele vivant, qui se tiennent en particulier, & en presence des Etudians : Ce qui ne choque aucune bien-seance dans les meurs Chrétiennes : non plus que les Anatomies, qui se font parmi les Chirurgiens & les Medecins, où l’honnéteté n’est point interessée. […] Les Peintres, à mon âvis, ne sont pas obligez d’apprendre les Os & les Muscles, par la dissection : Mais il seroit necessaire, qu’il y eut dans toutes les Sales du Modele, des squelettes & des écorchés dessinées de plusieurs côtés d’une grandeur raisonnable, avec le nom des tous les Muscles écrits à côté : Parce qu’en dessinant aprés le Modele, on pourroit voir à méme-tems les causes des diferens Contours, Elevations, & Enfoncemens, qui changent chaque Atitude.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → apprentissage

Ceux qui commencent à dessiner, se servent d’une pierre rouge, qui vient d’Alemagne si je ne me trompe : On l’apelle Sanguine, & se vend chez les Epiciers. […]
Ceux qui sont un peu avancez [ndr : dans le dessin], estompent leurs Desseins, en faisant perdre les clairs & les ombres par le moïen d’un papier roulé, dont ils frotent le Dessein legerement touché avec le Craïon : Ce papier ainsi roulé, s’apelle par consequent un Estompoir. On peut méme prendre de la Poudre de Sanguine, avec le bout de cét Estompoir, & faire des Teintes pour ombrer, comme si c’étoit un pinceau : Puis on peut retoucher avec un Craïon en quelques endroits. […]
D’autres aiment de faire leurs Desseins grainez : Ce qui se fait par le moïen d’un papier bien grainé, sur lequel ils dessinent, & où le craïon ne s’atache qu’au grain du papier.
On peut encore se servir de pierre noire de l’une et de l’autre maniere : Et méme d’un papier terni, dont on releve les clairs avec du blanc de Ceruse ou du Plâtre figé en forme de Craïon ou de Pastel. Neanmoins le blanc épargné est la meilleure, & la plus savante manière, à laquelle il faut accoûtumer les jeunes commençans. La pierre noire au reste se coupe comme la Sanguine.
Ceux qu’on destine à la Graveure font tous leurs Desseins en Hachant, ou avec la plume et l’ancre, ou avec la Sanguine & la pierre noire.
Mais ceux qui veulent faire des Desseins lavez, se servent de l’ancre de la Chine, dont ils font des Lavis de deux ou trois Teintes, ajoûtant méme de l’Ancre à écrire à la plus forte. Premierement ils esquissent avec un petit charbon, pour placer leurs Figures & leurs Groupes : Ils contournent aprés avec la plume, mais fort legerement & d’un trait fort délié : ils apliquent ensuite, & quand le Contour est bien sec une legere teinte d’ancre de la Chine, avec un petit pinceau, & quand elle est bien seche, ce qui arrive bient-tôt, on en met une plus forte, & ensuite la plus noire, è mélant méme de l’ancre à écrire. Remarquez que pour toute sorte de Lavis on se sert d’un papier fort épais.
D’autres contournent avec la plume et hachent un peu les ombres : Puis ils adoucissent cela avec une ou plusieurs Teintes d’ancre de la Chine. Au lieu de l'ancre de la Chine, on se pût servir d'un Lavis de Bistre, qui est de la Suie, ou Broyée, ou bouillie avec de l'eau, dont on fait plusieurs teintes. D'autres encore contournent avec de la Sanguine

pierre rouge

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Ceux qui commencent à dessiner, se servent d’une pierre rouge, qui vient d’Alemagne si je ne me trompe : On l’apelle Sanguine, & se vend chez les Epiciers. […]
Ceux qui sont un peu avancez [ndr : dans le dessin], estompent leurs Desseins, en faisant perdre les clairs & les ombres par le moïen d’un papier roulé, dont ils frotent le Dessein legerement touché avec le Craïon : Ce papier ainsi roulé, s’apelle par consequent un Estompoir. On peut méme prendre de la Poudre de Sanguine, avec le bout de cét Estompoir, & faire des Teintes pour ombrer, comme si c’étoit un pinceau : Puis on peut retoucher avec un Craïon en quelques endroits. […]
D’autres aiment de faire leurs Desseins grainez : Ce qui se fait par le moïen d’un papier bien grainé, sur lequel ils dessinent, & où le craïon ne s’atache qu’au grain du papier.
On peut encore se servir de pierre noire de l’une et de l’autre maniere : Et méme d’un papier terni, dont on releve les clairs avec du blanc de Ceruse ou du Plâtre figé en forme de Craïon ou de Pastel. Neanmoins le blanc épargné est la meilleure, & la plus savante manière, à laquelle il faut accoûtumer les jeunes commençans. La pierre noire au reste se coupe comme la Sanguine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Ceux qui commencent à dessiner, se servent d’une pierre rouge, qui vient d’Alemagne si je ne me trompe : On l’apelle Sanguine, & se vend chez les Epiciers. […]
Ceux qui sont un peu avancez [ndr : dans le dessin], estompent leurs Desseins, en faisant perdre les clairs & les ombres par le moïen d’un papier roulé, dont ils frotent le Dessein legerement touché avec le Craïon : Ce papier ainsi roulé, s’apelle par consequent un Estompoir. On peut méme prendre de la Poudre de Sanguine, avec le bout de cét Estompoir, & faire des Teintes pour ombrer, comme si c’étoit un pinceau : Puis on peut retoucher avec un Craïon en quelques endroits. […]
D’autres aiment de faire leurs Desseins grainez : Ce qui se fait par le moïen d’un papier bien grainé, sur lequel ils dessinent, & où le craïon ne s’atache qu’au grain du papier.
On peut encore se servir de pierre noire de l’une et de l’autre maniere : Et méme d’un papier terni, dont on releve les clairs avec du blanc de Ceruse ou du Plâtre figé en forme de Craïon ou de Pastel. Neanmoins le blanc épargné est la meilleure, & la plus savante manière, à laquelle il faut accoûtumer les jeunes commençans. La pierre noire au reste se coupe comme la Sanguine.
Ceux qu’on destine à la Graveure font tous leurs Desseins en Hachant, ou avec la plume et l’ancre, ou avec la Sanguine & la pierre noire.
Mais ceux qui veulent faire des Desseins lavez, se servent de l’ancre de la Chine, dont ils font des Lavis de deux ou trois Teintes, ajoûtant méme de l’Ancre à écrire à la plus forte. Premierement ils esquissent avec un petit charbon, pour placer leurs Figures & leurs Groupes : Ils contournent aprés avec la plume, mais fort legerement & d’un trait fort délié : ils apliquent ensuite, & quand le Contour est bien sec une legere teinte d’ancre de la Chine, avec un petit pinceau, & quand elle est bien seche, ce qui arrive bient-tôt, on en met une plus forte, & ensuite la plus noire, è mélant méme de l’ancre à écrire. Remarquez que pour toute sorte de Lavis on se sert d’un papier fort épais.
D’autres contournent avec la plume et hachent un peu les ombres : Puis ils adoucissent cela avec une ou plusieurs Teintes d’ancre de la Chine. Au lieu de l'ancre de la Chine, on se pût servir d'un Lavis de Bistre, qui est de la Suie, ou Broyée, ou bouillie avec de l'eau, dont on fait plusieurs teintes. D'autres encore contournent avec de la Sanguine, puis ils ombrent avec du Bistre, ou avec un Lavis de la méme Sanguine. Pour faire le Charbon, dont on se sert pour les Esquisses, on prend de petites branches d'un arbrisseau sauvage qui porte du fruit noir à petis bouquets, on le coupe tout vert par petis bâtons de la longueur de trois pouces, & s'ils sont trop gros, on les refend en deux ou en quatre : Puis on les met dans un bout de canon de fer, bien serrez, & l'on bouche les deux bouts avec de la terre rousse détrempée : il faut le mettre au feu ou sous de bonne braise, jusque à ce que le charbon est fait, ce qu'on connoit, lorsque toute l'humidité du bois s'est évaporée ou consumée, & qu'on juge qu'il est assez cuit : Aprés l'avoir laissé refroidir quelque tems on débouche le fer, & l'on en tire le charbon. Voilà pour ceux qui dessinent sur du papier.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Ceux qui sont un peu avancez [ndr : dans le dessin], estompent leurs Desseins, en faisant perdre les clairs & les ombres par le moïen d’un papier roulé, dont ils frotent le Dessein legerement touché avec le Craïon : Ce papier ainsi roulé, s’apelle par consequent un Estompoir. On peut méme prendre de la Poudre de Sanguine, avec le bout de cét Estompoir, & faire des Teintes pour ombrer, comme si c’étoit un pinceau : Puis on peut retoucher avec un Craïon en quelques endroits. […]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

D’autres aiment de faire leurs Desseins grainez : Ce qui se fait par le moïen d’un papier bien grainé, sur lequel ils dessinent, & où le craïon ne s’atache qu’au grain du papier.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

On peut encore se servir de pierre noire de l’une et de l’autre maniere : Et méme d’un papier terni, dont on releve les clairs avec du blanc de Ceruse ou du Plâtre figé en forme de Craïon ou de Pastel. Neanmoins le blanc épargné est la meilleure, & la plus savante manière, à laquelle il faut accoûtumer les jeunes commençans. La pierre noire au reste se coupe comme la Sanguine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Ceux qu’on destine à la Graveure font tous leurs Desseins en Hachant, ou avec la plume et l’ancre, ou avec la Sanguine & la pierre noire.
Mais ceux qui veulent faire des Desseins lavez, se servent de l’ancre de la Chine, dont ils font des Lavis de deux ou trois Teintes, ajoûtant méme de l’Ancre à écrire à la plus forte. Premierement ils esquissent avec un petit charbon, pour placer leurs Figures & leurs Groupes : Ils contournent aprés avec la plume, mais fort legerement & d’un trait fort délié : ils apliquent ensuite, & quand le Contour est bien sec une legere teinte d’ancre de la Chine, avec un petit pinceau, & quand elle est bien seche, ce qui arrive bient-tôt, on en met une plus forte, & ensuite la plus noire, è mélant méme de l’ancre à écrire. Remarquez que pour toute sorte de Lavis on se sert d’un papier fort épais.
D’autres contournent avec la plume et hachent un peu les ombres : Puis ils adoucissent cela avec une ou plusieurs Teintes d’ancre de la Chine.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Mais ceux qui veulent faire des Desseins lavez, se servent de l’ancre de la Chine, dont ils font des Lavis de deux ou trois Teintes, ajoûtant méme de l’Ancre à écrire à la plus forte. Premierement ils esquissent avec un petit charbon, pour placer leurs Figures & leurs Groupes : Ils contournent aprés avec la plume, mais fort legerement & d’un trait fort délié : ils apliquent ensuite, & quand le Contour est bien sec une legere teinte d’ancre de la Chine, avec un petit pinceau, & quand elle est bien seche, ce qui arrive bient-tôt, on en met une plus forte, & ensuite la plus noire, è mélant méme de l’ancre à écrire. Remarquez que pour toute sorte de Lavis on se sert d’un papier fort épais.
D’autres contournent avec la plume et hachent un peu les ombres : Puis ils adoucissent cela avec une ou plusieurs Teintes d’ancre de la Chine. Au lieu de l'ancre de la Chine, on se pût servir d'un Lavis de Bistre, qui est de la Suie, ou Broyée, ou bouillie avec de l'eau, dont on fait plusieurs teintes. D'autres encore contournent avec de la Sanguine, puis ils ombrent avec du Bistre, ou avec un Lavis de la méme Sanguine.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Mais ceux qui veulent faire des Desseins lavez, se servent de l’ancre de la Chine, dont ils font des Lavis de deux ou trois Teintes, ajoûtant méme de l’Ancre à écrire à la plus forte. Premierement ils esquissent avec un petit charbon, pour placer leurs Figures & leurs Groupes : Ils contournent aprés avec la plume, mais fort legerement & d’un trait fort délié : ils apliquent ensuite, & quand le Contour est bien sec une legere teinte d’ancre de la Chine, avec un petit pinceau, & quand elle est bien seche, ce qui arrive bient-tôt, on en met une plus forte, & ensuite la plus noire, è mélant méme de l’ancre à écrire. Remarquez que pour toute sorte de Lavis on se sert d’un papier fort épais.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Mais ceux qui veulent faire des Desseins lavez, se servent de l’ancre de la Chine, dont ils font des Lavis de deux ou trois Teintes, ajoûtant méme de l’Ancre à écrire à la plus forte. Premierement ils esquissent avec un petit charbon, pour placer leurs Figures & leurs Groupes : Ils contournent aprés avec la plume, mais fort legerement & d’un trait fort délié : ils apliquent ensuite, & quand le Contour est bien sec une legere teinte d’ancre de la Chine, avec un petit pinceau, & quand elle est bien seche, ce qui arrive bient-tôt, on en met une plus forte, & ensuite la plus noire, è mélant méme de l’ancre à écrire. Remarquez que pour toute sorte de Lavis on se sert d’un papier fort épais.
D’autres contournent avec la plume et hachent un peu les ombres : Puis ils adoucissent cela avec une ou plusieurs Teintes d’ancre de la Chine. Au lieu de l'ancre de la Chine, on se pût servir d'un Lavis de Bistre, qui est de la Suie, ou Broyée, ou bouillie avec de l'eau, dont on fait plusieurs teintes. D'autres encore contournent avec de la Sanguine, puis ils ombrent avec du Bistre, ou avec un Lavis de la méme Sanguine. Pour faire le Charbon, dont on se sert pour les Esquisses, on prend de petites branches d'un arbrisseau sauvage qui porte du fruit noir à petis bouquets, on le coupe tout vert par petis bâtons de la longueur de trois pouces, & s'ils sont trop gros, on les refend en deux ou en quatre : Puis on les met dans un bout de canon de fer, bien serrez, & l'on bouche les deux bouts avec de la terre rousse détrempée : il faut le mettre au feu ou sous de bonne braise, jusque à ce que le charbon est fait, ce qu'on connoit, lorsque toute l'humidité du bois s'est évaporée ou consumée, & qu'on juge qu'il est assez cuit : Aprés l'avoir laissé refroidir quelque tems on débouche le fer, & l'on en tire le charbon. Voilà pour ceux qui dessinent sur du papier.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

D’autres contournent avec la plume et hachent un peu les ombres : Puis ils adoucissent cela avec une ou plusieurs Teintes d’ancre de la Chine. Au lieu de l'ancre de la Chine, on se pût servir d'un Lavis de Bistre, qui est de la Suie, ou Broyée, ou bouillie avec de l'eau, dont on fait plusieurs teintes.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Ceux qui modèlent, se servent de terre de potier, qui est bien aprétée & paitrie : D'autres font une composition d'une livre de cire jaune, demi livre de Colophone, & tant soit peu de Terebentine : Ils font fondre tout cela dans d'huile d'olive, & y en metent à proportion qu'ils veulent que leur composition soie mole ou dure. Quelques-uns y mettent du suif [sic] à la place de l'huile, ou de l'un & de l'autre, & pour luy donner un'autre couleur, ils y ajoutent du rouge brun ou du Cinabre bien broïez, ou de l'Ocre. On manie la cire & la terre avec les mains : on en forme le gros de la Figure, & s'il est besoin, on se sert de gros filet d'Archal, pour en soutenir les petites parties : Car quand on met du bois au dedans des modeles, cela les fait souvent crever. Lorsque la Figure est formée avec les mains, on travaille ensuite à l'ébaucher, puis à la finir de toutes parts, avec des Ebauchoirs, qui font de petits instrumens de buis, d'os, ou d'yvoire : Cela se fait sur un'espece d'escabeau, qu'on apelle la Selle. Et si c'est un Bas-relief, on se sert d'un petit Chevalet, qui soutient la planche où l'on a bâti l'ouvrage. La cire pourtant & la terre se doivent manier diferenment: Et la terre est plus aisée que la cire pour ce travail, pourveu qu'on l'empêche de secher promptement : Ce qu'on fait par le moïen de linges trempez dans de l'eau fraîche, lesquels on mouille de tems en tems, & dont on couvre l'ouvrage quand on ne travaille pas.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
L’ARTISTE → règles et préceptes

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

Le Coloris dans la Peinture, n’est pas ce que plusieurs imaginent, lors qu’ils prennent l’éclat & la richesse des couleurs, pour le beau coloris. Les Peintres entendent, par ce terme, l’éfet que les couleurs font ensemble dans un Tableau, pour representer des corps éclairés par le Soleil, ou par quelqu’autre lumiere. Mais comme le jour et la lumiere reçoivent de l’alteration, à mesure qu’il y a quelque changement dans l’air, au travers duquel la vision se fait. Les Peintres voulant imiter la nature, ont pris des routes diverses, pour y parvenir : D’où se sont formées les diferentes manieres du coloris, que nous remarquons, dont l’une tire sur le jaune, l’autre sur le vert, & celle-là sur le bleu, ou sur le rouge. […] Enfin le coloris doit produire dans nos yeux l’éfet de la lumiere, lors qu’elle agit sur les plus beaux corps visibles, qui sont dans la nature : Et c’est la fin que tous les Peintres ont eu en veuë, dépuis qu’on a trouvé l’usage de plusieurs couleurs dans la Peinture.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

jour

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

[…] la Peinture à l’huile surpasse toutes les autres manieres de peindre. Car de l’aveu de tous les Peintres, l’union des couleurs a plus de force : Et comme il n’apartient qu’aux plus acomplis, de bien peindre à fraisque : Lorsque les mémes travaillent à l’huile, leur ouvrage est incomparablement plus achevé & plus parfait.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Ce qu’il y a de plus avantageux dans la Fraisque, c’est la vitesse, avec laquelle, les grands ouvrages se peuvent executer : Car le Peintre ne retouche point à son travail, qu’est obligé d’achever du premier coup, & pendant que l’humidité de l’enduit se peut méler a celle des couleurs. Il a besoin pour cela d’une prompte execution, de beaucoup de pratique, & d’une grande intelligence du Dessein. Aussi doit-il dessiner premierement tout l’ouvrage sur des cartons, qui soient de la grandeur du lieu où l’on veut peindre. […]

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

[…] Les modernes ont encore inventé une nouvelle maniere de peindre, sans huile, & qui surpasse la Fraisque, en ce qu’on y peut toucher & retoucher plusieurs fois : Mais elle se doit considerer de fort prés, & ne se pratique que pour de petis ouvrages, particulierement pour les Portraits : C’est la Miniature, qui est un’espece de Détrempe, qui se travaille sur du Velin avec de couleurs tres-fines, un peu gommées, laquelle on finit en pointillant, ou en hachant.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

[…] le Coloris […] n’est que l’éfet de plusieurs couleurs unies & noyées ensemble, pour representer, sur une superficie, la couleur naturelle de toutes les choses visibles, suivant leur situation & leur distance, dans le plus charmant éclat qu’elles peuvent avoir : De sorte que cette definition, ou description, paroit mieux expliquer la proprieté essentielle du coloris […] & comprend aussi les Figures de clair obscur, dont le coloris represente la Pierre, le Marbre, ou le Bronze.
Quelques-uns s’imaginent que le clair obscur apartient visiblement à la partie du coloris : Mais ils se trompent visiblement, parce que la situation des parties, & leur grandeur, ne se peuvent marquer, que par le moyen du clair & de l’obscur, ce qui est essentiel au Dessein.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

[…] le Coloris […] n’est que l’éfet de plusieurs couleurs unies & noyées ensemble, pour representer, sur une superficie, la couleur naturelle de toutes les choses visibles, suivant leur situation & leur distance, dans le plus charmant éclat qu’elles peuvent avoir : De sorte que cette definition, ou description, paroit mieux expliquer la proprieté essentielle du coloris […] & comprend aussi les Figures de clair obscur, dont le coloris represente la Pierre, le Marbre, ou le Bronze.
Quelques-uns s’imaginent que le clair obscur apartient visiblement à la partie du coloris : Mais ils se trompent visiblement, parce que la situation des parties, & leur grandeur, ne se peuvent marquer, que par le moyen du clair & de l’obscur, ce qui est essentiel au Dessein. Il en est de méme du relief de ces mémes parties, qui se fait par les ombres, qui sont l’obscur, & par les jours qui sont le clair : ainsi quand les jours & les ombres sont distribuez, en sorte que le jour touche toutes les parties qu’il doit toucher, étant porté au travers des Groupes & sur les Objets representez, & que les ombres couvrent tout ce que le jour ne peut éclairer : On ne dit pas que le Coloris est bon : mais on dit plus à propos que le clair obscur y est bien observé & bien entendu, ce qui se raporte au Dessein.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Quelques-uns s’imaginent que le clair obscur apartient visiblement à la partie du coloris : Mais ils se trompent visiblement, parce que la situation des parties, & leur grandeur, ne se peuvent marquer, que par le moyen du clair & de l’obscur, ce qui est essentiel au Dessein. Il en est de méme du relief de ces mémes parties, qui se fait par les ombres, qui sont l’obscur, & par les jours qui sont le clair : ainsi quand les jours & les ombres sont distribuez, en sorte que le jour touche toutes les parties qu’il doit toucher, étant porté au travers des Groupes & sur les Objets representez, & que les ombres couvrent tout ce que le jour ne peut éclairer : On ne dit pas que le Coloris est bon : mais on dit plus à propos que le clair obscur y est bien observé & bien entendu, ce qui se raporte au Dessein.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

clair
ombre

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Pour donner, dit il [G .P. Lomazzo], force & relief à toutes les Figures d’un Tableau, par les moïen du Coloris : il est necessaire de se conduire avec ordre, sous un jour principal, & plus fort que les autres : Lesquels vont aprés se perdant suivant leur éloignement & leur distance. […] Mais pour bien comprendre ce que c’est que ce jour principal, à la faveur duquel le Peintre se doit conduire […] Lomasse supose qu’il y a quatre lignes dans le champ du Tableau, […] c’est sur ces lignes ou espaces, que sont placées les Figures, & les Groupes, qui representent un’Histoire […]
Celle du milieu, qui est la seconde, doit recevoir le plus grand jour : c’est à dire que la principalle lumiere doit frapper directement les objets qui sont reprentés dans cet espace : Et Lomasse apelle cette lumiere
Lume piu acuto. […]
Pour ce qui est de la premiére ligne, qui est la plus proche de nos yeux, les objets qui s’y trouvent palcez, se doivent presenter seulement éclairés d’un jour de reflexion : Parce que le grand jour, ou jour principal, qui agit vivement & directement dans la ligne du milieu, ne peut éclairer les Figures du devant du Tableau, que du côté que nous ne voyons pas […]
Pour mieux comprendre ce jour de reflexion […] la lumiere donc qui part du Soleil, ou de cét endroit où est le Soleil, & qui frape directement sur tous les objects, est le jour principal : Et la lumiere qui part des autres parties du ciel éclairées, qui réfléchissent sur les objets, du côté oposé au jour principal, est la lumiere de réflexion, que nous pouvons aussi apeller principale de reflexion.

lumière

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → perspective

jour

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

lumière

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Expliquons maintenant ce que nous avons dit de Lomasse : Savoir que le Peintre doit étre menager [sic] du plus clair de ses couleurs, & de donner le brillant à propos : Ce qui est si important dans le Coloris, que Leon Baptiste Albert souhaitoit, que le Blanc fut d’un prix extraordinaire, comme les Perles : Afin que les Peintres fussent obligez de le bien melanger. Il faut remarquer pour comprendre ce mistere, que le plus clair des couleurs d’un Tableau ne dois pas étre le Blanc pur, mais le blanc rompu par quelqu’autre couleur, que nous pouvons alors considerer, comme le superlatif dans le Coloris de nôtre ouvrage. Ce brillant, par lequel on releve certains endroits, qui sont frapez de la plus vive lumiere.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

On appelle aussi le Ton dans les couleurs le temperament qu’on leur donne, pour décendre d’un côté aux ombres, & pour monter de l’autre au plus clair de la couleur. Mais tout cela se faisant par le moïen du blanc qui peut étre rompu par toutes les autres couleurs, comme il peut rendre legeres toutes les autres. Le Peintre doit considérer le blanc et le noir purs, comme deux extremitez, qui renferment toutes les couleurs, sans être couleurs eux-mémes : car c’est un Axiome de Peinture, que le blanc pur est la lumiere, comme le noir est une privation de lumiere : et les autres couleurs ne sont que des modifications de cette lumiere sur les corps naturels, qu’on imite par le Coloris. Quand je dis que le ton des couleurs se trouve par le moïen du blanc, je ne pretends pas exclurre les autres couleurs legeres, qui se peuvent aussi rompre d’une infinité de manieres, & produire divers temperamens par leur mélange : j’entens que c’est la seule qui peut exprimer le brillant & la lumière. […]
Qu’est-ce qu’on apelle étre uni de tons & de couleurs ? C’est lors qu’elles sont rompuës au méme degré, ou renduës legeres par la méme proportion : ce qui s’apelle union de ton, union de couleur, est lors que les couleurs s’acordent par leur qualité de couleur.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Le Peintre doit considérer le blanc et le noir purs, comme deux extremitez, qui renferment toutes les couleurs, sans être couleurs eux-mémes : car c’est un Axiome de Peinture, que le blanc pur est la lumiere, comme le noir est une privation de lumiere : et les autres couleurs ne sont que des modifications de cette lumiere sur les corps naturels, qu’on imite par le Coloris.

blanc

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

On appelle aussi le Ton dans les couleurs le temperament qu’on leur donne, pour décendre d’un côté aux ombres, & pour monter de l’autre au plus clair de la couleur. Mais tout cela se faisant par le moïen du blanc qui peut étre rompu par toutes les autres couleurs, comme il peut rendre legeres toutes les autres. Le Peintre doit considérer le blanc et le noir purs, comme deux extremitez, qui renferment toutes les couleurs, sans être couleurs eux-mémes : car c’est un Axiome de Peinture, que le blanc pur est la lumiere, comme le noir est une privation de lumiere : et les autres couleurs ne sont que des modifications de cette lumiere sur les corps naturels, qu’on imite par le Coloris. Quand je dis que le ton des couleurs se trouve par le moïen du blanc, je ne pretends pas exclurre les autres couleurs legeres, qui se peuvent aussi rompre d’une infinité de manieres, & produire divers temperamens par leur mélange : j’entens que c’est la seule qui peut exprimer le brillant & la lumière. […]

lumière
noir

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Qu’est-ce qu’on apelle étre uni de tons & de couleurs ? C’est lors qu’elles sont rompuës au méme degré, ou renduës legeres par la méme proportion : ce qui s’apelle union de ton, union de couleur, est lors que les couleurs s’acordent par leur qualité de couleur.
Mais comme dans les grands ouvrages, les tons et les couleurs s’adoucissent beaucoup par l’éloignement : c’est pour cela qu’on fait cette diference entre les grands & les petis ouvrages. […]
Le Coloris pour être acompli, demande non seulement l’union & l’entente des couleurs, mais encore la Fraischeur & la Vaguesse. […]

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Le Coloris pour être acompli, demande non seulement l’union & l’entente des couleurs, mais encore la Fraischeur & la Vaguesse.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Le Coloris pour être acompli, demande non seulement l’union & l’entente des couleurs, mais encore la Fraischeur & la Vaguesse. […]
L’entente des couleurs s’y trouve [ndr : dans les ouvrages] aussi, lors qu’elles sont placées sans choquer : c’est à dire que rien n’y paroit aigre ou discordant : qu’il y a de l’Harmonie, de la Rupture, comme disent les Italiens, pour temperer les couleurs trop vives : Et voila ce qu’on apelle bien peindre, & savoir l’entente des couleurs.

La Fraîcheur d’un ouvrage paroit, lorsque les couleurs sont employées, de maniere qu’elles conservent tout leur éclat naturel, sans aide de luisant ou de vernis.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

vernis

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

luisant

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

Le Coloris pour être acompli, demande non seulement l’union & l’entente des couleurs, mais encore la Fraischeur & la Vaguesse. […]
L’entente des couleurs s’y trouve [ndr : dans les ouvrages] aussi, lors qu’elles sont placées sans choquer : c’est à dire que rien n’y paroit aigre ou discordant : qu’il y a de l’Harmonie, de la Rupture, comme disent les Italiens, pour temperer les couleurs trop vives : Et voila ce qu’on apelle bien peindre, & savoir l’entente des couleurs.

entente des couleurs

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Le Coloris pour être acompli, demande non seulement l’union & l’entente des couleurs, mais encore la Fraischeur & la Vaguesse. […]
L’entente des couleurs s’y trouve [ndr : dans les ouvrages] aussi, lors qu’elles sont placées sans choquer : c’est à dire que rien n’y paroit aigre ou discordant : qu’il y a de l’Harmonie, de la Rupture, comme disent les Italiens, pour temperer les couleurs trop vives : Et voila ce qu’on apelle bien peindre, & savoir l’entente des couleurs.

La Fraîcheur d’un ouvrage paroit, lorsque les couleurs sont employées, de maniere qu’elles conservent tout leur éclat naturel, sans aide de luisant ou de vernis.
Et lors qu’elles n’ont rien de trop fort, pour fixer la veuë, & l’arréter en certains endroits plus qu’en d’autres, ou que l’ouvrage n’a point de couleur, trop universellement répanduë par tout, mais une varieté agreable de plusieurs teintes, qui s’accordent ensemble, tant dans les jours que dans les ombres : cela s’apelle vague & vaguesse de couleurs, aprés les Italiens.

accord

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Comme l’union des teintes, est une des plus necessaires conditions d’un excellent Coloris : plusieurs Peintres tâchent d’y parvenir, à force de chercher avec le pinceau, plûtôt que par leur intelligence, ou par quelque regle assurée de pratique. Alors on ne dit pas seulement que leur ouvrage a de l’union, mais on ajoûte qu’il est stenté, c’est à dire pené, aprés les mémes Italiens, qui l’apellent Stentato : au contraire la qualité qui plus est oposée s’apelle la liberté du Pinceau.

stenté

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

"Stentato" es tun terme très fréquent dans la littérature artistique italienne du XVIe siècle et en particulier dans les Vite de Vasari

peiné
liberté

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → touche

Il ne nous reste maintenant, qu'à faire l'aplication de toute cette Téorie, sur quelques Ouvrages de Peinture, que nous voyons exposez en public, dans nôtre Ville [Toulouse] : Toute-fois d'une manière qu'on pourra faire la même aplication par tou ailleurs, principalement dans ces climats heureux, où cet Art a fait voir ses plus nobles productions.
Je commenceray par nos Tableaux, qui sont d'une manière obscure & forte. [...]
Les Tableaux de Tournier, sont de la manière du Valentin, sous lequel il avoit apris : Et le Valentin étoit un imitateur ou élève du Caravage : Les plus considerables sont dans la chapelle des Penitents Noirs : Il y en a trois à l’Autel : l’un represente le Crucifix, les autres le portement de Croix & la Sépulture du Sauveur ; Le quatriéme est à un coté de la Nef, & il represente la Bataille de l’Empereur Constantin contre Maxence. Les Figures principalement de ceux de l’Autel, y sont comme dans de niches obscures, & sa Bataille a pour fond quelque bois ou noire terrasse : Car on ne sauroit distinguer ce que c’est, & puis un Ciel bluatre tout uni. Les figures de cette Bataille, ne paroissent pas assez grandes pour ce lieu : & à la reserve de la figure de Constantin, qui petille par sa Draperie rouge, & son Chéval blanc : Ce Tableau est trop uni de tons & de couleurs, & n’a pas d’assez grandes masses de jour & d’ombre : De sorte qu’étant consideré d’un peu loin, il ressemble à quelque espece de Cirage, à quoy les Carnations qui sont fort basanées, contribuent beaucoup.
Au reste, les trois Tableaux de l’Autel, sont les meilleurs dans la maniere de Tournier. La dessente de la Croix qui se voit à coté du Chœur de Saint Etienne, est de méme representée dans une niche tres obscur : Elle est fort estimée, principalement pour le Dessein du Christ. Ce Peintre auroit Peint plus agréablement s’il eut voulu, car on voit à deux ovales de l’Autel des mémes Penitens, du Tafetas changeant, tirant sur la couleur Izabele, qu’il a peint fort naturelle & vague, & avec tant de relief, qu’il y a peu de personnes qui n’y soient trompées. Il y a encore un Tableau de luy, au Mausolée de Saint Thomas, aux Peres Dominicains, où ce Saint est lié d’un Cordon par deux Anges , il est bien peint & le fond n’en est pas noir, comme celui des autres Tableaux : on compte aussi le Crucifix du maître Autel des Peres Minimes, pour un des meilleurs Tableaux de ce Peintre. Tournier du reste copioit bien la couleur naturelle, lors qu’il faisoit des Portraits : Il reüssissoit principalement à des personnes de basse condition.
Après Tournier, le Peintre qui a donné le plus dans le noir, c’est Chalete : Il y a méme de ses ouvrages, qui sont de la maniere du Caravage, comme cette Image de Nôtre-Dame, qui est à l’Hôtel de Ville, sur la porte du grand Consistoire, & le Tableau du Crucifix de la Chapelle, qui sont tres-bien peints. Les deux grands Tableaux de ce Peintre, qu’on voit sous les basses Galeries, & qui representent les deux entrées que fit le Roy LOUIS XIII. dans Toulouse, sont aussi d’un Coloris assez obscur, & le noir y regne beaucoup dans les ombres : Il y a quelques belles Têtes, qui se sont conservées dans leur couleur : Mais on peut remarquer, que celles qui ont de plus grands noirs, n’ont plus la couleur de la chair, que le noir a infecté. Le fond des Tableaux de Chalete, est travaillé, il est plus clair qu’aux ouvrages de Tournier, & la noirceur des ombres, n’empéche pas qu’on n’y distingue tres-bien toutes choses. Ils n’ont pourtant aucune fraîcheur : & comme il a été forcé d’habiller, quelques une de ses principales figures, d’un rouge vif, & d’un noir tres-pur, il lui a été impossible d’unir ces couleurs entre elles, & avec les autres. [...]

Pader avoit apris sous Chalete : Son Coloris pourtant est diferent : il ne peignoit pas ordinairement avec tant d’union & d’entente : Mais son Coloris étoit plus frais & plus riant, principalement au plat fond de la Chapelle du milieu du Cloître Saint Sernin : où l’on voit sept à huit Tableaux de sa main, qui semblent avoir été faits dépuis deux jours. On doit portant juger de son savoir, sur les deux grands Tableaux qu’il a faits, pour la Chapelle des Penitens Noirs, dont l’un represente l’Histoire du Deluge universel, & l’autre le Triomphe de Joseph, dans la Capitale d’Egipte.
Le Deluge est d’un Coloris fort obscur : Il y a au bas du Tableau, deux figures qui embrassent un gros tronc d’Arbre : Mais qui ne semblent pas sortir assez, pour n’avoir pas les ombres plus fortes que les autres, qui sont plus éloignées, & n’ont pas du brillant, où il seroit necessaire, pour faire avancer. On voit plus avant & presque sur la méme ligne à un âile du Tableau, un groupe de figures, sur lesquelles tombe le jour principal, qui ont pourtant les ombres tres fortes. Il y a entre autres figures, trois femmes accompagnées de Draperies fort legeres, sur un fond obscur : Ce qui fait un assez mauvais éfet. On remarque à l’autre âile du Tableau, & sur sa seconde ligne, un groupe de figures, qui grimpes sur une terrasse, ou les jours sont foibles & les ombres fortes : comme si elles étoient sur la premiere ligne. On aperçoit après cela la face des eaux, & l’Arche de Noé à la faveur d’un éclair : Tout le reste ne sont que des Tenebres : comme s’il avoit été necessaire de representer le Deluge dans la nuit, pour n’estre pas veu.
Le Triomphe de Joseph, a un groupe de fames à chaque âile du Tableau, sur la premiere ligne, dont le Coloris est bien entendu, frais & vague, ce qui fairoit un tres bel efet, si le reste suivoit ce ton : Mais on voit dans la seconde ligne, Joseph sur son Char, & des Officiers à Cheval qui le suivent, dont les couleurs sont plus pesantes, & les ombres plus fortes que celles de la premiere ligne : De sorte que cela ne fuit pas assez. Le Coloris de ces Tableaux pris à pieces, & groupe aprés groupe, est tres-bien entendu : Mais on ne peut pas dire que toute l’Histoire ensemble, soit harmonieuse. Au reste je me reserve de dire ailleurs, ce qu’il y a d’excellent dans ces deux Tableaux.

CHALETTE, Jean
PADER, Hilaire

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Je passe presentement au Tableau de la Circoncision, qui est à l'avant Chœur des Peres Chartreux, de la main d'un Peintre qui sapelloit Guide François : C'est un des meilleurs ouvrages qu'il ait fait à Toulouse. On y voit la Sainte Vierge, tenant son enfant entre ses mains, dans un linge, & un Vieillard qui tend les bras pour le recevoir : Une vieille est à côté à genoux, ayant les mains jointes. On voit de l'autre côté de la Vierge, une jeune fame qui porte deux Colombes dans un panier : Saint Joseph est auprés de cette fame, & il y a deux Acolites tenant des Cierges, l'un à la droite du Vieillard, & l'autre un peu derriere lui.
Les Carnations de ces figures sont naturelles & bien variées, le Coloris en est plûtôt vague que fort : Les Draperies sont de couleurs douces, à la réserve de celles de la Vierge, où elles sont rouge & bleuë, ce qui la fait particulièrement distinguer dans ce Tableau, sans causer aucune aigreur. La Perspective Aërienne, ou la diminution des teintes y est merveilleusement observée : Les figures qui sont derrière les premières, sont afoiblies doucement, & cela mérite beaucoup d'atention de la part des jeunes Peintres. Cette Histoire a pour fonds les murailles d'un Temple, d'une couleur grisatre, mais qui sert admirablement à l'union des couleurs : car les figures reculées, ont quelque chose de cette teinte. Cela sapelle donc bien peint, bien entendu assez frais & assez vague.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → perspective

J'en viens au Tableau du Maitre Autel des Peres Carmes Déchaussez, où est peinte l'Histoire des Epousailles de la Vierge. Ce coloris à mon gré, est d'un excellent tempérament : Il y a beaucoup d’intelligence, & une merveilleuse liberté de pinceau : On n’y remarque rien de peiné, & tout y est fait d’un même esprit : Il y a seulement quelques draperies qui sont un peu négligées : mais qui font un effet merveilleux, lorsqu’on n’est pas trop près du tableau. Les deux époux se donnent la main devant le grand Prêtre : Et cette cérémonie se fait dans un endroit du temple, où il y a deux marches pour y monter. Sur la première, on voit une femme assise, tenant son enfant, & sur la seconde, il y a un’autre femme à genoux qui montre ses épaules. Aux deux côtés, on voit des hommes qui accompagnent l’époux, & des femmes qui accompagnent l’épouse d’autres qui regardent la cérémonie, & toutes les figures principales y sont comme le plus beau naturel. Le fond du tableau est composé de la voûte du temple, & des colonnes qui soutiennent cet édifice : Mais il y a un grand rideau rouge retroussé sur le haut du Tableau, qui étant d'une couleur pesante, sert à faire fuir bien loin les ogives de la Voute, qui est de couleur de Pierre blanchatre. Le nom du peintre parait gravé sur une des marches où l’on voit en gros caractère, Antonius Verrius, fecit.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Rentrons encore pour un moment, dans la Chapelle des Peniens Noirs, pour y considérer deux Tableaux de Simon Voüet, dans lesquels nous trouverons de beaux exemples du Coloris frais, riant & vague. Le premier est l'Invention de la Croix du Sauveur, où l'on voit sur la seconde ligne & vers le milieu du Tableau, une fame qui a repris la vie sur la Croix, & qui est à demy envélopée dans son Suaire. Un autre fame qui est à genoux auprès d'elle, leve les yeux & la main vers le Ciel. Non-loin de là, est la Reine Hélène, qui âcourt avec sa suite pour voir ce Miracle : Il y a un Evéque en Rôchet-&-Camail, qui donne sa Benediction à cette femme ressuscitée : Et tout-cela est dans le grand jour. A une des âiles du Tableau & sur la première ligne, il y a un Soldat qui se voit de côté, il tand la main en signe d'admiration, en tournant la Téte pour parler à une figure qui est à ses piez. Ce Soldat est habillé d'un justaucorps à l'antique, & d'une Draperie de rouge brun. Un peu plus avant entre la premiere & seconde ligne, il y a un Pionnier qui tient un Pic à la main, & qui a un genou à terre. Les Carnations du Soldat sont rougeatres dans la demi teinte, où éclairées d'un jour de réflexion, & touchées du brillant en quelques endroits, & les ombres y sont fortes à proportion. Comme ces carnations & les autres couleurs de la première ligne, sont pesantes, cela fait avancer merveilleusement le groupe où est ce Soldat, & fuir la seconde ligne. A l'autre âile du Tableau, il y a une fame avec son enfant, elle est assise sur le lit qui a servi à porter cet autre fame ressuscitée : On y voit aussi quelque figure qui a les Carnations un peu rouges, comme le petit enfant, mais celles de la fame sont belles & fort naturelles, ce groupe est colorié d'un ton moyen, entre la première & seconde ligne.
L'autre represente l'Histoire du Serpent d'Airain : On y voit sur le devant à un'âile du Tableau, un grand groupe de gens, ataqués par des Serpens auprés d'une Tente, & une fame qui leur fait signe de tourner les yeux vers le Serpent d'Airain, pour être délivrez. Remarquez que toutes ces figures de la premiere ligne, sont de couleurs pesantes, rompeuës dans la demy teinte, & éclairées du jour de réflexion : Les Carnations en sont assez variées, mais la plûpart sont rougeatres, où de chirs mortes, dont les ombres sont brunes & pesantes. La seconde ligne est à l'autre âile du Tableau, où il y a huit ou dix figures, qui regardent le Serpent d'Airain, & Moïse au milieu du groupe, qui le leur fait remarquer avec sa Baguette. Ce groupe où est Moise, est dans le plus grand jour principal, & a ses ombres douces à proportion. [...]
Pour moy si j'avois à faire un chois d'un Coloris, je tacherois de me conformer à cette maniere, principalement pour les grandes Ordonnances.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Il semble que les deux Tableaux du Frere Fredeau qui sont à la Sacristie des grands Augustins, ont quelque raport à la maniere de Voüet : Mais ils n'ont ni cette liberté, ni cette fraîcheur, ni cette entente, ni enfin cette vaguesse qu'on remarque à ceux de Voüet : Toute-fois il y a beaucoup de Dessein & de Composition, le clair-obscur y est savamant observé & l'Ordonnance des lumières, imite la maniere de Vouët.

[…] on charge peu les contours, afin qu’ils se confondent plus facilement avec le fond, ou ce qui leur sert de fond. Les Italiens apellent cela Sfumato. Ce qu’il fait particulièrement observer dans les carnations.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

[…] les objets les plus éloignés, se doivent confondre dans la teinte de fond tu Tableau. Que les couleurs les plus pesantes, se doivent presenter les premieres : et c’est ce qui s’apelle la Perspective Aërienne, lors que la couleur des objets vient sensiblement à se confondre avec l’air & la couleur du fond.

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EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Les couleurs qu’on employe à fraisque sont des terres ou couleurs naturelles : On rejete toutes les artificielles & la plû-part des mineraux, parce que ce sont les terres qui peuvent conserver la couleur, & resister long tems à la chaux. Mais il les faut employer avec promptitude, & ne retoucher point l’ouvrage quand il est sec, pour le rehausser avec des couleurs à la cole, à la gomme, ou avec de jaunes d’œufs. Les couleurs propres à ce travail sont : le blanc fait de chaux bien blanche, & éteinte depuis long tems, mélés avec de la poudre de Marbre blanc […]
L’ocre rouge, ou brun rouge, & l’ocre jaune sont aussi des couleurs à fraisque : L’ocre rouge mise au feu, dans une boëte de fer, devient jaune, & la jaune devient rouge. Il y a encore l’ocre de rüe, qui est une terre d’un jaune obscur. On se peut aussi servir du jaune de Naples, qui est une espece de crasse, qui se forme & qui s’amasse auprés des mines de soufre, mais qui n’est jamais si bon, que l’ocre jaune avec du blanc, don le mélange fait la méme couleur.
Le rouge violet est une couleur qui vient d’Angleterre, & qui s’emploïe au lieu de la Laque […]

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

[…] la peinture à fraisque […] se doit faire sur les murailles, & sur les Voutes bâties de brique & de chaux, fraichaiment enduites de bon mortier de chaux & de sable, fait avec beaucoup de soin ; Mais il ne faut pas appliquer cét enduit qu’à mesure qu’on peint, & de jour en jour, afin qu’il soit frais & humide pendant qu’on aplique les couleurs […] On fait premierement les Desseins ou grands Cartons de la grandeur du lieu qui se doit peindre : On les prend partie par partie, on les dessine sur l’enduit en la maniere suivante. Aprés avoir noirci le derriere du Dessein, avec du charbon ou de la poudre de Sanguine : On calque le contour & les autres endroits qu’on veut marquer, on suit tous les traits avec la hampe du pinceau, ou avec quelqu’autre outil preparé pour cela, & le charbon & la Sanguine s’atachent à l’enduit aux endroits, où l’on touche assez ferme. Aprés cela on aplique les couleurs de la droite à la gauche, en decendant. Les couleurs qu’on employe à fraisque sont des terres ou couleurs naturelles : On rejete toutes les artificielles & la plû-part des mineraux, parce que ce sont les terres qui peuvent conserver la couleur, & resister long tems à la chaux. Mais il les faut employer avec promptitude, & ne retoucher point l’ouvrage quand il est sec, pour le rehausser avec des couleurs à la cole, à la gomme, ou avec de jaunes d’œufs. Les couleurs propres à ce travail sont : le blanc fait de chaux bien blanche, & éteinte depuis long tems, mélés avec de la poudre de Marbre blanc […]
L’ocre rouge, ou brun rouge, & l’ocre jaune sont aussi des couleurs à fraisque : L’ocre rouge mise au feu, dans une boëte de fer, devient jaune, & la jaune devient rouge. Il y a encore l’ocre de rüe, qui est une terre d’un jaune obscur. On se peut aussi servir du jaune de Naples, qui est une espece de crasse, qui se forme & qui s’amasse auprés des mines de soufre, mais qui n’est jamais si bon, que l’ocre jaune avec du blanc, don le mélange fait la méme couleur.
Le rouge violet est une couleur qui vient d’Angleterre, & qui s’emploïe au lieu de la Laque […]
Le verd de Veronne, qu’on apelle aussi verd de montagne & qui fait un verd obscur […] on emploie encore l’Outremer dans la fraisque : c’est une couleur bleuë fort pretieuse, mais qui dure long tems […] On se sert aussi de l’Email qui est de méme une couleur bluë, qui veritablement a peu de corps, mais qui subsiste bien à l’air : Elle sert principalement aux grands ouvrages.
La terre d’ombre […] du noir de terre qui vient d’Alemagne, & un autre noir d’Alemagne qui est une terre naturelle, qui fait un noir bleüatre.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Les couleurs qu’on employe à fraisque sont des terres ou couleurs naturelles : On rejete toutes les artificielles & la plû-part des mineraux, parce que ce sont les terres qui peuvent conserver la couleur, & resister long tems à la chaux. Mais il les faut employer avec promptitude, & ne retoucher point l’ouvrage quand il est sec, pour le rehausser avec des couleurs à la cole, à la gomme, ou avec de jaunes d’œufs. Les couleurs propres à ce travail sont : le blanc fait de chaux bien blanche, & éteinte depuis long tems, mélés avec de la poudre de Marbre blanc […]
L’ocre rouge, ou brun rouge, & l’ocre jaune sont aussi des couleurs à fraisque : L’ocre rouge mise au feu, dans une boëte de fer, devient jaune, & la jaune devient rouge. Il y a encore l’ocre de rüe, qui est une terre d’un jaune obscur. On se peut aussi servir du jaune de Naples, qui est une espece de crasse, qui se forme & qui s’amasse auprés des mines de soufre, mais qui n’est jamais si bon, que l’ocre jaune avec du blanc, don le mélange fait la méme couleur.
Le rouge violet est une couleur qui vient d’Angleterre, & qui s’emploïe au lieu de la Laque […]
Le verd de Veronne, qu’on apelle aussi verd de montagne & qui fait un verd obscur […] on emploie encore l’Outremer dans la fraisque : c’est une couleur bleuë fort pretieuse, mais qui dure long tems […] On se sert aussi de l’Email qui est de méme une couleur bluë, qui veritablement a peu de corps, mais qui subsiste bien à l’air : Elle sert principalement aux grands ouvrages.
La terre d’ombre […] du noir de terre qui vient d’Alemagne, & un autre noir d’Alemagne qui est une terre naturelle, qui fait un noir bleüatre.

[…] La Terre d’ombre est une terre de couleur minime obscur, qui devient plus belle lors qu’on la calcine dans une boëte de fer : […] la Terre de Cologne est d’un noir roussatre qui est sujet à rougir en se déchargeant.
Il y a du noir de terre qui vient d’Alemagne, & un autre noir d’Alemagne qui est une terre naturelle, qui fait un noir bleüatre. C’est le méme dont les Imprimeurs font leur noir. Les Italiens se servent encore d’un autre noir fait de lie de vin brûlée.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Les couleurs qu’on employe à fraisque sont des terres ou couleurs naturelles : On rejete toutes les artificielles & la plû-part des mineraux, parce que ce sont les terres qui peuvent conserver la couleur, & resister long tems à la chaux. Mais il les faut employer avec promptitude, & ne retoucher point l’ouvrage quand il est sec, pour le rehausser avec des couleurs à la cole, à la gomme, ou avec de jaunes d’œufs. Les couleurs propres à ce travail sont : le blanc fait de chaux bien blanche, & éteinte depuis long tems, mélés avec de la poudre de Marbre blanc […]
L’ocre rouge, ou brun rouge, & l’ocre jaune sont aussi des couleurs à fraisque : L’ocre rouge mise au feu, dans une boëte de fer, devient jaune, & la jaune devient rouge. Il y a encore l’ocre de rüe, qui est une terre d’un jaune obscur. On se peut aussi servir du jaune de Naples, qui est une espece de crasse, qui se forme & qui s’amasse auprés des mines de soufre, mais qui n’est jamais si bon, que l’ocre jaune avec du blanc, don le mélange fait la méme couleur.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

L’ocre rouge, ou brun rouge, & l’ocre jaune sont aussi des couleurs à fraisque : L’ocre rouge mise au feu, dans une boëte de fer, devient jaune, & la jaune devient rouge. Il y a encore l’ocre de rüe, qui est une terre d’un jaune obscur.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Le verd de Veronne, qu’on apelle aussi verd de montagne & qui fait un verd obscur

vert de montagne

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

on emploie encore l’Outremer dans la fraisque : c’est une couleur bleuë fort pretieuse, mais qui dure long tems

bleu

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

[…] On se sert aussi de l’Email qui est de méme une couleur bluë, qui veritablement a peu de corps, mais qui subsiste bien à l’air : Elle sert principalement aux grands ouvrages.

bleu

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

[…] La Terre d’ombre est une terre de couleur minime obscur, qui devient plus belle lors qu’on la calcine dans une boëte de fer 

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

[…] la Terre de Cologne est d’un noir roussatre qui est sujet à rougir en se déchargeant.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Il y a du noir de terre qui vient d’Alemagne, & un autre noir d’Alemagne qui est une terre naturelle, qui fait un noir bleüatre. C’est le méme dont les Imprimeurs font leur noir. Les Italiens se servent encore d’un autre noir fait de lie de vin brûlée.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Il y a un’autre espece de fraisque, dont parle aussi Vazari, il l’apelle sgrafito ou le gratigné pour le faire, on prend du mortier propre à la fraisque auquel on méle du noir de paille brûlée : On en fait l’enduit qu’on couvre ensuite du blanc à fraisque : On aplique aprés les Cartons là-dessus : on le calque sur ce blanc, puis avec une brochette de fer, on égratigne jusques au mortier en recherchant le contour, & en hachant tout l’ouvrage : de maniere que la muraille semble un Dessein haché sur du papier, & encore pour donner plus de relief aux figures, on passe sur le fond une legere teinte d’eau avec un peu de noir.

gratiné

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

On peint à détrempe sur toute sorte de sujets : sur des murailles bien seiches, sur des planches de bois & sur la toile. […] pour faire l’imprimeure à détrempe sur toute sorte de sujets, on se sert du blanc de craye, ou de plâtre, qui a été fusé [sic], qu’on broïe & qu’on méle en suite avec de la cole. Lorsque la premiere couche est seiche, on en met une seconde, puis on passe encore une couche de cole par dessus, & aprés on forme l’ouvrage.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

On peint à détrempe sur toute sorte de sujets : sur des murailles bien seiches, sur des planches de bois & sur la toile. […] pour faire l’imprimeure à détrempe sur toute sorte de sujets, on se sert du blanc de craye, ou de plâtre, qui a été fusé [sic], qu’on broïe & qu’on méle en suite avec de la cole. Lorsque la premiere couche est seiche, on en met une seconde, puis on passe encore une couche de cole par dessus, & aprés on forme l’ouvrage. Toutes les couleurs sont propres à la détrempe à la reserve du blanc à fraisque, parce qu’il est trop fort : Mais on se sert du blanc de craïe ou du blanc de ceruse. On broïe toutes les couleurs avec de l’eau, chacune à part, & à mesure qu’on en a besoin, on les detrempe avec de la cole. Si on veut se servir de jaunes d’œuf […] gardez-vous d’employer l’Azur, ou l’Outre-mer avec les jaunes d’œuf, parce que cette composition les fait jaunir. Il faut observer, qu’aprés avoir apliqué les diverses teintes à chaque partie de l’ouvrage, […] on unit les teintes en hachant avec une couleur participante, ou tantôt d’une teinte, tantôt d’une autre […] Lors qu’un ouvrage à la détrempe est fini, on y peut passer par dessus un blanc d’œuf bien batu, & ensuite une couche de vernis, si c’est pour le garantir de l’eau. Neanmoins hors de cette necessité, il est mieux de laisser toutes les couleurs mates, parce que la Détrempe ne veut point de luisant […]

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique du dessin
EFFET PICTURAL → qualité du dessin

De la Peinture à l’Huile
Quoique pour peindre à huile, il n’y ait autre chose à faire, que de bien broyer les couleurs avec de l’huile de noix ou de lin bien pures : Ce secret a esté pourtant caché à l’antiquité jusques à Vaneik Peintre Flaman, qui le mit au jour environ en l’an 1380 [sic]. C’est celui que Vazari appelle Jean de Bruges.
On peut peindre à l’huile sur des murailles, sur la pierre & sur le marbre : Sur le bois, sur la toile, & sur toute sorte de metaux […]
Pour faire une bonne imprimeure sur l’enduit […] Il faut […] y donner deux ou trois couches d’huile boüillante, jusques à ce qu’il demeure gras, & qu’il n’enboit plus. On aplique alors de couleurs siccatives, telles que sont le blanc de craïe, l’ocre rouge, & autres terres qu’on broie un peu ferme, & dont on fait une couche sur l’enduit.
Lors qu’elle est seiche, on y dessine dessus, & l’on peint en suite.
On peut méme peindre à l’huile sur toute sorte de pierre […]
Pour la rendre propre à recevoir la Peinture : Il faut qu’elle soit bien polie, & alors on y passe une simple couleur à huile sans cole, & aprés on y peint tout ce qu’on veut. […]
Il n’y a pas tant de soins à prendre pour peindre sur le bois : Il le faut premierement coler avec une brosse, puis il y faut donner une couche de blanc avec la cole, & en suite l’imprimûre à huile […]
Pour peindre sur la toile, on choisit de la toile bien unie, & lors qu’elle est tenduë sur le chassis, on lui donne une couche d’eau de cole […] on l’imprime d’une couleur simple, comme du rouge brun, qui n’ofense pas les autres couleurs, qui a du corps & qui subsiste : On y méle le plus souvent du blanc de plomb pour le faire plûtôt seicher : Ou pour mieux faire on y ajoûte un peu de blanc d’Espagne.
[…] Et lors qu’elle est bien seiche, on peut repasser, si l’on le juge à propos, la pierre ponce pour la rendre plus unie, & encore on y peut mettre une seconde imprimeure de blanc de plomb & du noir de charbon, pour avoir un fond grisâtre […]
[pour peindre] On les [couleurs] doit donc employer proprement & coucher les principales teintes, chacune à sa place, sans les méler avec le pinceau ou la brosse, & en mettre de participantes entre eux, enfin les unir plutôt par aplication que par friction. […]
On contourne les figures sur la toile avec un pastel blanc qui marque sans laisser de la poussier sur l’imprimeure : On recherche les mémes contours avec de la laque où on a mis un peu de terre verte ou terre d’ombre, ou quelqu’autre couleur qui serve à l’union, qui fasse seicher, & qui ne soit pas mal-faisante. C’est pour les carnations.
On recherche pareillement les Contours des draperies avec une de leurs teintes, & ensuite on remplit le vuide avec les autres couleurs, pour faire les jours & les ombres, & finalement on fait le fond du tableau : et tout cela s’apelle l’Ebauche.
Il faut laisser seicher cette Ebauche, & aprés on peut finir avec les mémes teintes, ou plus claire ou plus fortes
 : On commence par le haut du Tableau de la gauche à la droite, comme en écrivant, & on tien la toile roulée, si elle est fort grande.
Ceux qui peignent avec jugement, couchent les couleurs à petits coups, & sans precipitation : Ils le metent plus épaisses, couvrent & recouvrent plusieurs fois leurs carnations ce que le Peintres apellent bien empâter, d’où vient le Morbido & Pastoso que les Italiens demandent tant dans la Peinture : Et quand ils hachent, le dessous est sec ou presque sec.
[…] Pour ce qui est des couleurs, on emploie à huile toutes celles qui sont propres à la Fraisque, excepté le blanc de chaux, & la poudre de marbre

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture
EFFET PICTURAL → touche
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

On peut peindre à l’huile sur des murailles, sur la pierre & sur le marbre : Sur le bois, sur la toile, & sur toute sorte de metaux […]
Pour faire une bonne imprimeure sur l’enduit […] Il faut […] y donner deux ou trois couches d’huile boüillante, jusques à ce qu’il demeure gras, & qu’il n’enboit plus. On aplique alors de couleurs siccatives, telles que sont le blanc de craïe, l’ocre rouge, & autres terres qu’on broie un peu ferme, & dont on fait une couche sur l’enduit.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

[pour peindre] On les [couleurs] doit donc employer proprement & coucher les principales teintes, chacune à sa place, sans les méler avec le pinceau ou la brosse, & en mettre de participantes entre eux, enfin les unir plutôt par aplication que par friction. […]
On contourne les figures sur la toile avec un pastel blanc qui marque sans laisser de la poussier sur l’imprimeure : On recherche les mémes contours avec de la laque où on a mis un peu de terre verte ou terre d’ombre, ou quelqu’autre couleur qui serve à l’union, qui fasse seicher, & qui ne soit pas mal-faisante. C’est pour les carnations.
On recherche pareillement les Contours des draperies avec une de leurs teintes, & ensuite on remplit le vuide avec les autres couleurs, pour faire les jours & les ombres, & finalement on fait le fond du tableau : et tout cela s’apelle l’Ebauche.
Il faut laisser seicher cette Ebauche, & aprés on peut finir avec les mémes teintes, ou plus claire ou plus fortes

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

Ceux qui peignent avec jugement, couchent les couleurs à petits coups, & sans precipitation : Ils le metent plus épaisses, couvrent & recouvrent plusieurs fois leurs carnations ce que le Peintres apellent bien empâter, d’où vient le Morbido & Pastoso que les Italiens demandent tant dans la Peinture : Et quand ils hachent, le dessous est sec ou presque sec.

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

Le terme vient de l'italien morbidezza

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EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → touche

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → touche
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

[…] Pour ce qui est des couleurs, on emploie à huile toutes celles qui sont propres à la Fraisque, excepté le blanc de chaux, & la poudre de marbre : Mais on se sert encore de plusieurs autres, comme du blanc de plomb qui se forme d’un écaille que fait le plomb quand il a demeuré dans quelque lieu humide pendant plusieurs années, coupé à petites lames & suspendu dans un vaisseau, où il y du vinaigre au fond. Ce blanc ne s’emploie point à fraisque, il noircit à la Détrempe : Mais il subsiste à l’huile qui corrige sa mauvaise qualité : C’est au reste le plus beau de tous les blancs. La ceruse est de méme propre à l’huile : Elle se fait de blanc de craïe & de blanc de plomb.
Les Massicots blanc & jaune se font aussi de ceruse ou de blanc de plomb calcinez & font de couleurs propres à peindre à l’huile. L’Orpin s’employe sans le calciner & calciné : Pour le calciner on le met au feu dans une boëte de fer. C’est une couleur dangereuse que peu de Peintres cultivent, parce que sa fumée est mauvaise, & son usage n’est pas frequent.
La mine de plomb qui fait un rouge orengé : Elle est enemie des autres couleurs. […]
Le Cinabre ou Vermillon, qui se tire des mines de vif argent, ne subsiste pas long-tems à l’air […]
La Laque est une couleur qui se fait de la cochenille de la bourre d’Ecarlate, ou du bois de Bresil, & de l’Alun : On pretend que cette couleur ne subsiste pas long-tems à l’air : Neanmoins il y a eu de couleurs dont les Peintres à huile se servent avec plus de succès que de la Laque fine.
Les cendres bleües & les cendres vertes servent particulierement pour les peïsages [sic]. L’Inde est une couleur commune aux Peintres & aux Teinturiers : Elle sert aux Ciels & aux Draperies […]
L’Inde ou Indigo se fait d’une herbe que les Indiens font pourrir dans l’eau de chaux : Elle a fort interrompu le commerce du Pastel, qui est aussi une plante qui se cultive dans nôtre Province de Languedoc, & dont on fait le fond des meilleurs teintures : Cette drogue seule ne fait pas un si beau bleu que l’Indigo : mais la couleur en dure plus long-tems. Philander remarque que la crasse, ou l’écume du pastel qu’il apelle Glastum, laquelle on tire des chaudieres des Teinturiers sert aussi à la Peinture, pour faire du bleu. C’est ce que les Teinturiers & Marchands apellent de la Florée.
Le Stil de grain est une composition de craie ou de blanc d’Espagne, & de la graine d’Avignon, qui sert aux Teinturiers : On méle de l’alum à cette graine, pour conserver sa couleur : Elle fait une espece de jaune.
Le noir de charbon de pierre a beaucoup de cors, les noirs de charbon, de sep de vine, ou de bois de saule sont encore tres-bon. Ce dernier est bleüâtre, & peut servir aux Carnations. Les noirs d’os & d’yvoire brûlez dont Apelle se servoit suivant Pline, font un noir propre à l’huile & à Détrempe. Mais le noir de fumée est une couleur qui nuit aux autres, & qui n’est propres qu’à faire des Draperies noires. Les meilleurs coloristes ne s’en servent jamais.
Le verd de gris que nous apellons Verdet, & les Italiens Verderame, est la peste des autres couleurs, & qui ruineroit un tableau, qu’il en entroit la moindre partie dans l’imprimûre : il fait pourtant un agreable verd. […]
[ndr : De la Miniature]
On se sert dans la miniature des mémes couleurs qu’à fraisque, à Détrempe & à huile, […] hormis le blanc fait de chaux, & de poudre de marbre […]
[…] et encore plusieurs autres […] qui sont particulières à cette sorte de travail.
Une des principales couleurs pour la Miniature est le Carmin, qui est une maniere de Laque de couleur rouge cramoisy. La pierre de fiel, qui fait un jaune obscur, lui est encore [ndr : une couleur] particuliere, de méme que la gomme gutte, qui fait pareillement une couleur jaune.
Le Verd d’Iris qui se fait du jus de certaines plante, le verd de vessie, qui se fait aussi de certaines graines, qu’on fait pourrir dans une vessie, servent à la Miniature : Quoi qu’on puisse faire la méme couleur, en broyant de l’Inde avec de la gomme gutte.
Le bistre n’est que de la suie détrempée avec l’eau commune : mais pour le faire tres-beau & de plusieurs teintes, on prend des écailles de suie de cheminée : On les broye sur un marbre avec de l’eau : puis on met cette couleur dans un pot : Et à mesure qu’on y méle de l’eau, le bistre se fait clair : Et plus il y a du Marc, plus il est noir […]
Il y a aussi le Quermes et le jaune des Isles de France : deux couleurs nouvelles qu’on emploie à l’huile & à la Miniature.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Mais on se sert encore de plusieurs autres, comme du blanc de plomb qui se forme d’un écaille que fait le plomb quand il a demeuré dans quelque lieu humide pendant plusieurs années, coupé à petites lames & suspendu dans un vaisseau, où il y du vinaigre au fond. Ce blanc ne s’emploie point à fraisque, il noircit à la Détrempe : Mais il subsiste à l’huile qui corrige sa mauvaise qualité : C’est au reste le plus beau de tous les blancs.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

La ceruse est de méme propre à l’huile : Elle se fait de blanc de craïe & de blanc de plomb.

blanc de craie · blanc de plomb

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Les Massicots blanc & jaune se font aussi de ceruse ou de blanc de plomb calcinez & font de couleurs propres à peindre à l’huile.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

L’Orpin s’employe sans le calciner & calciné : Pour le calciner on le met au feu dans une boëte de fer. C’est une couleur dangereuse que peu de Peintres cultivent, parce que sa fumée est mauvaise, & son usage n’est pas frequent.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

La mine de plomb qui fait un rouge orengé : Elle est enemie des autres couleurs. […]

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Le Cinabre ou Vermillon, qui se tire des mines de vif argent, ne subsiste pas long-tems à l’air […]

vermillon

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

cinabre

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

La Laque est une couleur qui se fait de la cochenille de la bourre d’Ecarlate, ou du bois de Bresil, & de l’Alun : On pretend que cette couleur ne subsiste pas long-tems à l’air : Neanmoins il y a eu de couleurs dont les Peintres à huile se servent avec plus de succès que de la Laque fine.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

L’Inde ou Indigo se fait d’une herbe que les Indiens font pourrir dans l’eau de chaux : Elle a fort interrompu le commerce du Pastel, qui est aussi une plante qui se cultive dans nôtre Province de Languedoc, & dont on fait le fond des meilleurs teintures : Cette drogue seule ne fait pas un si beau bleu que l’Indigo : mais la couleur en dure plus long-tems.

inde · bleu

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

L’Inde ou Indigo se fait d’une herbe que les Indiens font pourrir dans l’eau de chaux : Elle a fort interrompu le commerce du Pastel, qui est aussi une plante qui se cultive dans nôtre Province de Languedoc, & dont on fait le fond des meilleurs teintures : Cette drogue seule ne fait pas un si beau bleu que l’Indigo : mais la couleur en dure plus long-tems. Philander remarque que la crasse, ou l’écume du pastel qu’il apelle Glastum, laquelle on tire des chaudieres des Teinturiers sert aussi à la Peinture, pour faire du bleu. C’est ce que les Teinturiers & Marchands apellent de la Florée.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Le Stil de grain est une composition de craie ou de blanc d’Espagne, & de la graine d’Avignon, qui sert aux Teinturiers : On méle de l’alum à cette graine, pour conserver sa couleur : Elle fait une espece de jaune.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Le noir de charbon de pierre a beaucoup de cors, les noirs de charbon, de sep de vine, ou de bois de saule sont encore tres-bon. Ce dernier est bleüâtre, & peut servir aux Carnations. Les noirs d’os & d’yvoire brûlez dont Apelle se servoit suivant Pline, font un noir propre à l’huile & à Détrempe. Mais le noir de fumée est une couleur qui nuit aux autres, & qui n’est propres qu’à faire des Draperies noires. Les meilleurs coloristes ne s’en servent jamais.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Le verd de gris que nous apellons Verdet, & les Italiens Verderame, est la peste des autres couleurs, & qui ruineroit un tableau, qu’il en entroit la moindre partie dans l’imprimûre : il fait pourtant un agreable verd.

verdet · verderame

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

On se sert dans la miniature des mémes couleurs qu’à fraisque, à Détrempe & à huile, […] hormis le blanc fait de chaux, & de poudre de marbre […]
[…] et encore plusieurs autres […] qui sont particulières à cette sorte de travail.
Une des principales couleurs pour la Miniature est le Carmin, qui est une maniere de Laque de couleur rouge cramoisy. La pierre de fiel, qui fait un jaune obscur, lui est encore [ndr : une couleur] particuliere, de méme que la gomme gutte, qui fait pareillement une couleur jaune.
Le Verd d’Iris qui se fait du jus de certaines plante, le verd de vessie, qui se fait aussi de certaines graines, qu’on fait pourrir dans une vessie, servent à la Miniature : Quoi qu’on puisse faire la méme couleur, en broyant de l’Inde avec de la gomme gutte.
Le bistre n’est que de la suie détrempée avec l’eau commune : mais pour le faire tres-beau & de plusieurs teintes, on prend des écailles de suie de cheminée : On les broye sur un marbre avec de l’eau : puis on met cette couleur dans un pot : Et à mesure qu’on y méle de l’eau, le bistre se fait clair : Et plus il y a du Marc, plus il est noir […]
Il y a aussi le Quermes et le jaune des Isles de France : deux couleurs nouvelles qu’on emploie à l’huile & à la Miniature.
On ne peut travailler de Miniature que sur du velin, qui est une petite peau blanche, & fort unie, d’une mediocre grandeur, sur laquelle on dessine ce qu’on veut, avec de la pierre d’Alemagne.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → technique de la peinture

Une des principales couleurs pour la Miniature est le Carmin, qui est une maniere de Laque de couleur rouge cramoisy.

laque rouge cramoisie

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

La pierre de fiel, qui fait un jaune obscur, lui est encore [ndr : une couleur] particuliere

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

La pierre de fiel, qui fait un jaune obscur, lui est encore [ndr : une couleur] particuliere, de méme que la gomme gutte, qui fait pareillement une couleur jaune.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Le Verd d’Iris qui se fait du jus de certaines plante, le verd de vessie, qui se fait aussi de certaines graines, qu’on fait pourrir dans une vessie, servent à la Miniature : Quoi qu’on puisse faire la méme couleur, en broyant de l’Inde avec de la gomme gutte.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Il y a aussi le Quermes et le jaune des Isles de France : deux couleurs nouvelles qu’on emploie à l’huile & à la Miniature.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Supplement a la troisieme dissertation. Draperies de diverses couleurs [ndr : titre du chapitre]

Se référer ici au chapitre entier

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Supplement a la troisieme dissertation. Draperies changeantes [ndr : titre du chapitre]

Se référer ici au chapitre entier

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Supplement a la troisieme dissertation. Draperies communes [ndr : titre du chapitre]

Se référer ici au chapitre entier

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis

Pour les chairs apellées carnations : On fait les contours avec un filet de Carmin, comme à l’huile, on le fait avec de la Laque : on couche ensuite les clairs & les ombres. Si c’est pour des femmes ou des enfans ou autres chairs tendres, on couche une teinte faite de blanc, & d’un peu de ce bleu dont j’ay dit la composition ailleurs. Si c’est une Carnation d’homme, on met un peu de vermillon au lieu du blanc, & si c’est un vieux, un peu d’ocre.
Pour les ombres on fait une teinte de vermillon, de carmin & du blanc […]
Après avoir couché les clairs et les ombres, on fait des teintes bleües avec de l’Outremer & beaucoup de blanc sur les parties qui suivent, sur les Temples au dessus & au coin des yeux, aux deux côtés de la bouche […]
Pour finir & bien unir toutes ces teintes on se sert de ce verd […]
Je finirai ces instructions, en ajoûtant deux choses tres-importantes pour juger du coloris & pour faire de belles Carnations en tout genre de peinture. La premiere est que les contours ne soient nullement tranchés : Mais que les chairs süivent si bien dans les extremitez, qu’il paroisse quelque choses de plus qu’on ne voit : Ce que les Italiens appellent Dolce & Sfumato. La seconde est que les chairs soient naturelles avec les reflexions qu’elles font les unes sur les autres ; Car ces reflexions leur donnent quelque transparence, de la tendresse é du relief, & ce que les Italiens apelent Morbidessa […]

chair

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

dolce

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Pour finir & bien unir toutes ces teintes on se sert de ce verd […]
Je finirai ces instructions, en ajoûtant deux choses tres-importantes pour juger du coloris & pour faire de belles Carnations en tout genre de peinture. La premiere est que les contours ne soient nullement tranchés : Mais que les chairs süivent si bien dans les extremitez, qu’il paroisse quelque choses de plus qu’on ne voit : Ce que les Italiens appellent Dolce & Sfumato. La seconde est que les chairs soient naturelles avec les reflexions qu’elles font les unes sur les autres ; Car ces reflexions leur donnent quelque transparence, de la tendresse é du relief, & ce que les Italiens apelent Morbidessa […]

lumière

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Je finirai ces instructions, en ajoûtant deux choses tres-importantes pour juger du coloris & pour faire de belles Carnations en tout genre de peinture. La premiere est que les contours ne soient nullement tranchés : Mais que les chairs süivent si bien dans les extremitez, qu’il paroisse quelque choses de plus qu’on ne voit : Ce que les Italiens appellent Dolce & Sfumato. La seconde est que les chairs soient naturelles avec les reflexions qu’elles font les unes sur les autres ; Car ces reflexions leur donnent quelque transparence, de la tendresse é du relief, & ce que les Italiens apelent Morbidessa […]

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité du dessin
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Il y a un’autre maniere de colorier sur du papier laquel on apelle Pastel […] Pour faire des Pastels, on prend du plâtre bien fin & bien blanc, figé & sec, qui sert pour le banc, on en broïe sur le marbre avec de l’eau tant-soit-peu gommée […] on méle à ce plâtre toutes les couleurs qu’on veut, & on fait toute sorte de teintes […] On en forme des petits craïons longuets & pointus, dont on fait divers ouvrages sur du papier fort grainé, lesquels font un agreable éfet, lors qu’il sont bien entendus.

Conceptual field(s)

MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils

elle [ndr : la Composition dans la peinture] consiste en trois choses, ou trois parties principales, qui sont l’Invention, l’Ordonnance ou Disposition, & la Convenance […]
Je commencerai donc par l’Invention, qui est cette faculté rare, ce talent precieux d’imaginer & de faire à méme-tems élections de plusieurs atitudes ou aparences de divers corps visibles, & de les produire aux yeux par le ministere du craïon, du Pinceau & de l’Ebauchoir, pour exprimer quelqu’une de leurs actions d’une maniere elegante, noble & gracieuse. […]
[…] On doit donc s’acoûtumer de bonne heure à imprimer dans son imagination, ce qu’on a crû digne d’étre observé. C’est là que s’en doit faire la premiere conception, & puis il sera facile de l’enfanter par une Esquisse sur des tabletes, pour y avoir recours, & s’en refraichir la memoire dans les occasions. […] c’est par la facilité de concevoir, & d’imprimer les objets dans leur imagination [ndr : des peintres], & ensuite de les enfanter avec la main, qu’ils aquirent & l’abondance, & la liberté de faire un beau choix.
Il y a plusieurs choses à considérer dans l’Invention, savoir l’action & le mouvement, qu’on apelle aussi le feu, l’expression & quelqu’autres, je ne sai quoi que les Italiens apellent fierté, furie, terribilité : Et enfin la douceur et la grace. Car quoi qu’un Peintre doive parfaitement savoir le Dessein, pour reüssir à ces trois choses : elle dependent pourtant de la faculté qu’on apelle Compositive.

imaginer · exprimer

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination

La belle Composition dans l’art du Peintre, est la partie qui invente, qui dispose, qui embelit, qui donne la grace & l’expression, & qui prononce l’ouvrage. On pourroit apeller cette partie de la Peinture, un assemblage élegant de plusieurs parties qui font un tout, & de plusieurs corps respectez avec leur plan & leur fond sur une superficie, par le concours de plusieurs couleurs. […] c’est à la composition de donner l’elegance à toute sorte d’imitations, comme c’est au Dessein d’en regler la proportion, & au Coloris d’y ajouter la couleur. En un mot c’est la faculté, l’art de se servir du Dessein et du Coloris avec elegance, en imitant les corps visibles tels qu’ils sont ou qu’ils peuvent étre dans leur plus bel agreément.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

La belle Composition dans l’art du Peintre, est la partie qui invente, qui dispose, qui embelit, qui donne la grace & l’expression, & qui prononce l’ouvrage. On pourroit apeller cette partie de la Peinture, un assemblage élegant de plusieurs parties qui font un tout, & de plusieurs corps respectez avec leur plan & leur fond sur une superficie, par le concours de plusieurs couleurs. […] c’est à la composition de donner l’elegance à toute sorte d’imitations, comme c’est au Dessein d’en regler la proportion, & au Coloris d’y ajouter la couleur. En un mot c’est la faculté, l’art de se servir du Dessein et du Coloris avec elegance, en imitant les corps visibles tels qu’ils sont ou qu’ils peuvent étre dans leur plus bel agreément. […]

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → grandeur et noblesse
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

[…] Le Peintre tâche de plaire aux yeux & d’instruire à méme-tems de son sujet […] se sert adroitement de la richesse de ses inventions, de la varieté de ses couleurs, & enfin de la force de ses expressions.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

elle [ndr : la Composition dans la peinture] consiste en trois choses, ou trois parties principales, qui sont l’Invention, l’Ordonnance ou Disposition, & la Convenance […]

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

La belle Composition dans l’art du Peintre, est la partie qui invente, qui dispose, qui embelit, qui donne la grace & l’expression, & qui prononce l’ouvrage. On pourroit apeller cette partie de la Peinture, un assemblage élegant de plusieurs parties qui font un tout, & de plusieurs corps respectez avec leur plan & leur fond sur une superficie, par le concours de plusieurs couleurs. […] c’est à la composition de donner l’elegance à toute sorte d’imitations, comme c’est au Dessein d’en regler la proportion, & au Coloris d’y ajouter la couleur. En un mot c’est la faculté, l’art de se servir du Dessein et du Coloris avec elegance, en imitant les corps visibles tels qu’ils sont ou qu’ils peuvent étre dans leur plus bel agreément. […] Le Peintre tâche de plaire aux yeux & d’instruire à méme-tems de son sujet […] se sert adroitement de la richesse de ses inventions, de la varieté de ses couleurs, & enfin de la force de ses expressions. Il semble méme que la Composition d’une Histoire, dans la Peinture, est quelque chose de plus que la Composition particulière de chaque figure. […] elle [ndr : la Composition dans la peinture] consiste en trois choses, ou trois parties principales, qui sont l’Invention, l’Ordonnance ou Disposition, & la Convenance […]

La composition pour Dupuy du Grez est une des parties de la peinture avec le dessin et la couleur.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

[…] On doit donc s’acoûtumer de bonne heure à imprimer dans son imagination, ce qu’on a crû digne d’étre observé. C’est là que s’en doit faire la premiere conception, & puis il sera facile de l’enfanter par une Esquisse sur des tabletes, pour y avoir recours, & s’en refraichir la memoire dans les occasions. […] c’est par la facilité de concevoir, & d’imprimer les objets dans leur imagination [ndr : des peintres], & ensuite de les enfanter avec la main, qu’ils aquirent & l’abondance, & la liberté de faire un beau choix.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
CONCEPTION DE LA PEINTURE → dessin
MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Il y a plusieurs choses à considérer dans l’Invention, savoir l’action & le mouvement, qu’on apelle aussi le feu, l’expression & quelqu’autres, je ne sai quoi que les Italiens apellent fierté, furie, terribilité : Et enfin la douceur et la grace. Car quoi qu’un Peintre doive parfaitement savoir le Dessein, pour reüssir à ces trois choses : elle dependent pourtant de la faculté qu’on apelle Compositive.
Toutes les Atitudes & les situations des corps naturels, ne sont pas également belles, pour étre representées dans une parfaite Composition de Peinture, quoique d’ailleurs, elles soient tres-naturelles […]
L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.
Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole. […]
[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.
[…] Tant il est vray que l’œil aime la varieté & le Contraste dans cét Art, & que le feu & la grâce ne font qu’un certain assaisonnement qui releve le naturel.

action · mouvement · passion · expression · fierté · furie · terribilité

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Il y a plusieurs choses à considérer dans l’Invention, savoir l’action & le mouvement, qu’on apelle aussi le feu, l’expression & quelqu’autres, je ne sai quoi que les Italiens apellent fierté, furie, terribilité : Et enfin la douceur et la grace.

mouvement · feu · expression

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

feu · action · mouvement · passion · expression · furie · terribilité

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

action · mouvement · expression · fierté · terribilité

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

action · feu · expression · fierté · furie · terribilité

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Le terme vient de l'italien terribilità que Vasari utilise pour définir l'art de Michel Ange. Ce terme se retrouve employé chez Dolce pour condamner l'art de l'artiste florentin.

furie · fierté · expression · mouvement · action
douceur · grâce

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Toutes les Atitudes & les situations des corps naturels, ne sont pas également belles, pour étre representées dans une parfaite Composition de Peinture, quoique d’ailleurs, elles soient tres-naturelles […]
L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

L’excellence de l’Invention consiste donc à trouver facilement, & à savoir à méme-tems choisir ce qu’il y a de plus beau dans la situation de toutes les figures qui doivent composer une Histoire, afin qu’elles se presentent du côté qui les est le plus avantageux.
Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole. […]
[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → génie, esprit, imagination
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Quant à l’Expression & à la fierté, elles resultent du concours de toutes les parties d’une figure, particulièrement du visage, des mains & enfin de tous les membres, pour exprimer une passion, le mouvement intérieur, & l’état où se trouve le corps qu’on represente dans un Tableau, ou dans un Dessein. En éfet ce sont les diverses situations de ces parties qui expriment nos volontés avec autant d’énergie que la parole.

mouvement intérieur · passion · situation

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

passion · état · expression · fierté

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions

mouvement intérieur · état

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions

[…] Lomasse a pretendu nous enseigner une regle pour donner du feu dans l’Invention : C’est de faire les figures serpentantes, comme la flame qui ne monte jamais qu’en serpentant : De sorte qu’il y ait toujours trois lignes, l’une de la téte aux épaules, l’autre des épaules aux hanches, & la troisiéme des hanches aux parties inferieures.

figure serpentante

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Tant il est vray que l’œil aime la varieté & le Contraste dans cét Art, & que le feu & la grace ne sont qu’un certain assaisonnement qui releve le naturel. En éfet ce que l’on apelle la bonne grace consiste principalement en un certain agreément, une certaine Noblesse qu’on trouve dans les yeux, dans les visages, dans l’Atitude, & dans les Contours d’une figure, lorsque la Forme, l’Action, les Draperies, sont decentes & convenables à l’âge, au sexe, & à la personne qu’on veut representer, d’où resulte la beauté et la grace. Enfin cette beauté & cette grace toujours mélées ensemble font la belle composition des figures et le comble de la perfection dans la Peinture.

Le terme d'agrément est utilisé pour signifier la grâce et l'élégance des formes, des attitudes, des actions des figures peintes de manière adéquate à leur âge, sexe etc...

noblesse · grâce

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → grandeur et noblesse
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

grâce

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la composition

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → grandeur et noblesse
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Venons presentement à la seconde partie de la Composition, que nous apellons l’Ordonnance, qui comprend la Disposition & la Perspective. L’arrangement & le bel ordre dependent de l’une : L’autre donne des regles pour la grandeur des objets dans leur éloignement. L’Ordonnance dispose, range les parties d’un Tableau : C’est elle qui place à propos les Groupes de figures des arbres des autres choses qu’on y fait entrer. Elle a soin d’éviter la confusion, en faisant que les yeux se puissent arréter sur tout l’ouvrage avec surprise & admiration, & de considerer toutes les parties distinctement & avec plaisir […]
Au reste ce n’est pas le nombre de figures qui fait la belle Ordonnance, c’est leur disposition & leur situation.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la composition

La disposition est une partie de l'ordonnance et de la composition

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la composition
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe

Venons presentement à la seconde partie de la Composition, que nous apellons l’Ordonnance, qui comprend la Disposition & la Perspective. L’arrangement & le bel ordre dependent de l’une : L’autre donne des regles pour la grandeur des objets dans leur éloignement. L’Ordonnance dispose, range les parties d’un Tableau : C’est elle qui place à propos les Groupes de figures des arbres des autres choses qu’on y fait entrer. Elle a soin d’éviter la confusion, en faisant que les yeux se puissent arréter sur tout l’ouvrage avec surprise & admiration, & de considerer toutes les parties distinctement & avec plaisir […]
Au reste ce n’est pas le nombre de figures qui fait la belle Ordonnance, c’est leur disposition & leur situation.

arrangement

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

C’est elle qui place à propos les Groupes de figures des arbres des autres choses qu’on y fait entrer. Elle a soin d’éviter la confusion, en faisant que les yeux se puissent arréter sur tout l’ouvrage avec surprise & admiration, & de considerer toutes les parties distinctement & avec plaisir […]
Au reste ce n’est pas le nombre de figures qui fait la belle Ordonnance, c’est leur disposition & leur situation.
Il sufit d’en mettre assez pour faire entendre l’Histoire qu’on représente […]
Toutes les figures doivent donc agir conformement au sujet, & marquer une passion qui lui soit propre […]
Un’ordonnance reçoit assez d’expressions differentes & contraires, pourveu qu’elles servent au sujet : Mais elle ne peut soufrir des figures qui ne concourent point à l’action principale, & qui semblent conserver le sang froid, à ce point qu’elles ne prennent pas garde à ce qui se passe.

Les plus grands peintres nous ont montré par leur exemple qu’il vaut mieux disposer une Histoire par deux ou trois groupes, que de n’en faire qu’un de toutes les figures ensemble : Parce que les yeux ont besoin de repos dans l’ordonnance aussi bien que dans le Coloris : Car par ce moïen il parcourent tout leur ouvrage avec & sans aucune confusion. Cela nous aprend aussi que les Groupes ne doivent pas étre fort nombreux : C’est assés qu’il y ait trous ou cinq figures à chacun […]
Ajoûtons qu’il est si important de bien grouper, qu’une ordonnance de Peinture paroit irreguliere lors qu’une figure se trouve seule, & sans être soûtenuë de quelqu’autre : Et si la necessité de l’Histoire nous oblige de la tenir à l’écart, il faut qu’elle soit acompagné de quelque choses qui soulage sa solitude […] Neanmoins les figures qui composent les Groupes, ne doivent pas étre si colées les unes sur les autres, qu’il n’y ait quelque jour entre-deux : Mais non pas si éloingées, ou si détachées, que chacune fasse bande à part.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe

Venons presentement à la seconde partie de la Composition, que nous apellons l’Ordonnance, qui comprend la Disposition & la Perspective. L’arrangement & le bel ordre dependent de l’une : L’autre donne des regles pour la grandeur des objets dans leur éloignement. L’Ordonnance dispose, range les parties d’un Tableau : C’est elle qui place à propos les Groupes de figures des arbres des autres choses qu’on y fait entrer. Elle a soin d’éviter la confusion, en faisant que les yeux se puissent arréter sur tout l’ouvrage avec surprise & admiration, & de considerer toutes les parties distinctement & avec plaisir […]
Au reste ce n’est pas le nombre de figures qui fait la belle Ordonnance, c’est leur disposition & leur situation.
Il sufit d’en mettre assez pour faire entendre l’Histoire qu’on représente […]
Toutes les figures doivent donc agir conformement au sujet, & marquer une passion qui lui soit propre […]
Un’ordonnance reçoit assez d’expressions differentes & contraires, pourveu qu’elles servent au sujet : Mais elle ne peut soufrir des figures qui ne concourent point à l’action principale, & qui semblent conserver le sang froid, à ce point qu’elles ne prennent pas garde à ce qui se passe.

Les plus grands peintres nous ont montré par leur exemple qu’il vaut mieux disposer une Histoire par deux ou trois groupes, que de n’en faire qu’un de toutes les figures ensemble : Parce que les yeux ont besoin de repos dans l’ordonnance aussi bien que dans le Coloris : Car par ce moïen il parcourent tout leur ouvrage avec & sans aucune confusion. Cela nous aprend aussi que les Groupes ne doivent pas étre fort nombreux : C’est assés qu’il y ait trous ou cinq figures à chacun […]
Ajoûtons qu’il est si important de bien grouper, qu’une ordonnance de Peinture paroit irreguliere lors qu’une figure se trouve seule, & sans être soûtenuë de quelqu’autre : Et si la necessité de l’Histoire nous oblige de la tenir à l’écart, il faut qu’elle soit acompagné de quelque choses qui soulage sa solitude […] Neanmoins les figures qui composent les Groupes, ne doivent pas étre si colées les unes sur les autres, qu’il n’y ait quelque jour entre-deux : Mais non pas si éloingées, ou si détachées, que chacune fasse bande à part.

composition
confusion

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

L’Ordonnance dispose, range les parties d’un Tableau : C’est elle qui place à propos les Groupes de figures des arbres des autres choses qu’on y fait entrer. Elle a soin d’éviter la confusion, en faisant que les yeux se puissent arréter sur tout l’ouvrage avec surprise & admiration, & de considerer toutes les parties distinctement & avec plaisir […]
Au reste ce n’est pas le nombre de figures qui fait la belle Ordonnance, c’est leur disposition & leur situation.
Il sufit d’en mettre assez pour faire entendre l’Histoire qu’on représente […]
Toutes les figures doivent donc agir conformement au sujet, & marquer une passion qui lui soit propre […]
Un’ordonnance reçoit assez d’expressions differentes & contraires, pourveu qu’elles servent au sujet : Mais elle ne peut soufrir des figures qui ne concourent point à l’action principale, & qui semblent conserver le sang froid, à ce point qu’elles ne prennent pas garde à ce qui se passe.

Les plus grands peintres nous ont montré par leur exemple qu’il vaut mieux disposer une Histoire par deux ou trois groupes, que de n’en faire qu’un de toutes les figures ensemble : Parce que les yeux ont besoin de repos dans l’ordonnance aussi bien que dans le Coloris : Car par ce moïen il parcourent tout leur ouvrage avec & sans aucune confusion. Cela nous aprend aussi que les Groupes ne doivent pas étre fort nombreux : C’est assés qu’il y ait trous ou cinq figures à chacun […]
Ajoûtons qu’il est si important de bien grouper, qu’une ordonnance de Peinture paroit irreguliere lors qu’une figure se trouve seule, & sans être soûtenuë de quelqu’autre : Et si la necessité de l’Histoire nous oblige de la tenir à l’écart, il faut qu’elle soit acompagné de quelque choses qui soulage sa solitude […] Neanmoins les figures qui composent les Groupes, ne doivent pas étre si colées les unes sur les autres, qu’il n’y ait quelque jour entre-deux : Mais non pas si éloingées, ou si détachées, que chacune fasse bande à part.
[…] La principale beauté d’un groupe consiste dans la varieté des atitudes, & dans la diversité des Contours : Ce que les Peintres apelent Contraste qui veut dire oposition : Car s’il y a une figure qui se presente par le devant, les autres se doivent faire voir de côté ou par derriere, & de differentes manieres.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe

Toutes les figures doivent donc agir conformement au sujet, & marquer une passion qui lui soit propre […]
Un’ordonnance reçoit assez d’expressions differentes & contraires, pourveu qu’elles servent au sujet : Mais elle ne peut soufrir des figures qui ne concourent point à l’action principale, & qui semblent conserver le sang froid, à ce point qu’elles ne prennent pas garde à ce qui se passe.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

La principale beauté d’un groupe consiste dans la varieté des atitudes, & dans la diversité des Contours : Ce que les Peintres apelent Contraste qui veut dire oposition : Car s’il y a une figure qui se presente par le devant, les autres se doivent faire voir de côté ou par derriere, & de differentes manieres.

variété · diversité · opposition

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la composition
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

[…] pour bien disposer les parties d’une Ordonnance, il faut entendre l’Optique ou la Perspective : cette sience a prescrit des regles de cette diminution qui paroît dans les objets éloignés : C’est par elle que nous pouvons corriger les fautes qui surviennent tres-souvent dans la situation des parties d’un Tableau. Elle est diferente de la Perspective aërienne, en ce que l’Aërienne considere la couleur de ces parties dans leur éloignement par l’interposition de l’air : Et l’autre, qu’on peut appeler la Perspective Géometrique, consiste en la grandeur des objets à mesure qu’ils sont éloignés de nos yeux.

perspective · perspective géométrique

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → perspective

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

la Perspective Géometrique, consiste en la grandeur des objets à mesure qu’ils sont éloignés de nos yeux.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Il nous reste à parler de la convenance, qui est cette partie de la Composition, qui comprend le choix, la vrai-semblance, l’usage, le Decore & l’Ornement. […]

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Il nous reste à parler de la convenance, qui est cette partie de la Composition, qui comprend le choix, la vrai-semblance, l’usage, le Decore & l’Ornement. […]
[…] Le choix regarde la matiere ou le sujet de l’ouvrage, comme dans la Poësie, la matiere se prend pour le sujet qu’on traite, qu’on apelle aussi l’argument. Il doit être convenable au lieu, au tems & aux personnes qui le demandent : Il le faut choisir aussi noble qu’on peut quand on est libre, & ensuite le traiter avec des idées qui repondent à sa dignité, & dans les circonstances qui peuvent facilement faire comprendre ce que le Peintre veut representer.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
L’ARTISTE → qualités

sujet

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Ceux qui vouloient orner leur Palais faisoient plutôt peindre des monstres que des choses conformes à la nature : On peignoit -ajoute-t’il [nrd : Pline], des roseaux au lieu de colomnes. On leur faisoit porter des couronnements faits de feüilles frisées retourduës & roulées : On y voïoit des maisons suportées par des chandeliers, d’où il sortoit certaines tiges avec leurs feüilles : Et sur le tout encore des figures assises. Enfin pour comble de bisarrerie, il naissoit de leurs boutons, tantôt la moitié d’une figure humaine, avec la téte d’un animal, des animaux avec la tête d’un homme ou d’une femme. Il est aisé de comprendre que ces sortes de Grottesque representoient des choses qui n’ont jamais été, & qui repugnent si fort à la nature, qu’elles ne seront jamais. Aussi n’avoit-on introduit de ce sorte de Peintures que dans des Grottes, où l’on cherchoit le ridicule & l’extravagant, pour se divertir quelques momens.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → ornement

L’Usage n’est pas moins necessaire dans une parfaite Composition, que le choix & la Vrai-semblance : On entend ici par l’Usage ce que les Italies apellent, il Costume, qui comprend les habits, les cheveux, & la barbe : qui sont des choses dont la mode change dans chaque Nation, & plusieurs fois dans un méme siecle. […] Il faut donc garder ce Costume dans toutes les Composition de Peinture, afin qu’on reconnoisse les personnes representées, par les mémes circonstances que les Poëtes ou les Historiens nous ont remarqué.

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CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Ce que les Italiens apellent Costume & Decore, qui sont des termes dont on se sert en parlant de la convenance, ne consiste pas dans les sentimens de la morale, que la peinture ne peut directement exprimer. Mais dans les actions exterieures, qui ont du raport à la condition, & à la dignité des personnes, qu’on doit toujours reconnoître dans leurs manieres. […] Il paroît, ce Decore, dans la Peinture par plusieurs circonstances exterieures que le Peintre observe dans les figures, à l’égard des cheveux, des habits, de la couleur, de l’Atitude, du geste, & de l’expression : Choses qui dependent d’un grand savoir, & d’un profond jugement.

decore · costume

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CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

convenance

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude
L’ARTISTE → qualités

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités

Nous entendons par l’ornement toutes les choses exterieures à l’Histoire qu’on represente, qui servent neanmoins à la fin que le Peintre se propose : Par exemple, une Louve, qui alaite deux enfans, designe le Tibre : Un cocrodile, des Pyramides dans un Tableau font comprendre que le sujet qu’on traite regarde l’Egypte […] des vases antiques […] plusieurs animaux […] l’Architecture […]

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → ornement
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Nous avons deux grands Tableaux à Toulouse, où l’on voit de beaux ornemens d’Architecture : Je les ai déja remarquez : L’un est de la main de Pader dans la Chapelle des Penitens Noirs, où est peinte l’Histoire de Joseph, lorsque Pharaon le fit promener assis sur un Char dans les ruës de Memphis. On y découvre de superbes Palais, & un Obelisque avec des Hierogliphes, ou Caracteres Egyptiens, qui conviennent tres bien au lieu & au sujet.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

[….] Le Beau […] est un composé d’une proportion juste, d’une chair pleine de suc, d’une couleur vive, d’une grosseur moderée, qui pique le goût des plus delicats, par l’élegance & par la Noblesse des Contours.

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CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection
SPECTATEUR → perception et regard

[...] Il est vrai que venant ensuite à l’examen des uns & des autres : Ils ont tous leur merite particulier. J’ay ouï méme dire à d’habiles Peintres que la Composition de Pader est tres-savante : Que ce qui donne d’abord de l’avantage à Voüet dans ce lieu, ne vient pas seulement de la regularité de son Dessein, & de la grace de ses figures. Mais de la Vaguesse, de la fraicheur de ses couleurs & de la liberté de son Pinceau : Que neanmoins Pader l’a surpassé par les fortes expressions dans la plupart de ses figures : On voit l’horreur du naufrage, & la crainte de la mort dans son deluge : On voit éfectivement rouler le Char de Joseph : On voit marcher les chevaux & sa suite, à travers une nombreuse multitude qui regarde cette Pompe : Au lieu que les expressions de Voüet sont un peu languissantes. Pour ce qui est de Tournier : On tient qu’il a trop imité le naturel dans ses Tableaux, & que sa Composition n’est pas assez noble.
            On pretend que Pader ne devoit pas historier son portrait dans la figure de Joseph, à cause qu’il n’etoit pas assez beau de visage ni de taille pour representer son Héros. Lors qu’il exposa ce Tableau, on murmuroit fort de la liberté qu’il s’étoit donnée : Les Artisans méme & le bas Peuple y trouvoient à redire : Mais l’on ne desaprouva pas le Portrait d’un de ses enfans dans la figure de ce Page qui est à côté du Char : Car sa jeunesse, & le personnage qu’il represente conviennent tres bien à cette Histoire. On remarque aussi une disconvenance assez sensible dans le Tableau du Deluge : Parce qu’on y voit une Tour élevée presque au pié d’une montagne ou haute terrasse, dont elle est dominée. Mais il ne faut pas être surpris à cause que le peintre ne suit souvent que son esprit & sa verve, & la Convenance est un point extremement delicat dans la Composition d’un’Histoire peinte, & qui depend absolument du jugement. Tournier au contraire a autant negligé la belle Composition qu’il a êté merveilleusement exact & correct dans le Dessein : Les fonds de ses Tableaux sont tous obscurs : Sa Bataille de Constantin, n’est qu’un Groupe assez confus : Quoi qu’on y remarque de belles figures à mesure que le naturel dont il s’est servi a été beau. A mon avis, ce Peintre avoit le talent merveilleux pour les Portraits, parce qu’il copioit exactement la nature dans ses figures.

PADER, Hilaire
TOURNIER, Nicolas
VOUET, Aubin

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

Il n’y a rien de plus important dans la Composition d’une Histoire peinte, que d’observer l’Optique, qu’on apelle aussi la Perspective Géometrique.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → perspective

Il n’y a rien de plus important dans la Composition d’une Histoire peinte, que d’observer l’Optique, qu’on apelle aussi la Perspective Géometrique. Elle est diferente de celle que les Peintres apellent Aërienne, en ce que cette dernière consiste dans la fuite successive des Teintes. La premiere c’est celle dont nous traitons ici : Elle enseigne à situer les objets de maniere qu’ils paroissent être à leur place naturelle & d’une grandeur convenable dans leur éloignement. […]
Les Auteurs qui ont donné des regles de Perspective Géometrique aux Peintres posent pour fondement que les yeux sont assujetis à suivre la gradation des lignes parallèles à l’Horizon, & que ces lignes se marquent par le moïen d’une ligne qui se croise, apelée ligne de distance : si bien qu’au lieu que leurs lignes se doivent s’acomoder au plaisir des yeux : Ils ont crû que les yeux devoient suivre les regles de leurs lignes.
Secondement ils suposent que le Peintre doit toujours former sa Perspective sur un plan carré, ou sur un Parallelogramme : Ce qui n’arrive pourtant que lorsque l’Histoire s’est passé dans une chambre, dont il faut représenter le plan necessairement ; Mais on ne se peut servir de cette suposition, lors qu’on represente un’Histoire dans un lieu sans borne. En troisiéme lieu ils disent, & cela est certain, que la ligne d’Horison s’éleve au dessus du plan de la premiere ligne du Tableau, à mesure que l’œil est élevé. L’experience en fait la demonstration, & il n’y a pas lieu d’en douter. Mais ils avancent pour leur principe incontestable, qu’il faut choisir un point sur cette ligne de l’Horison, auquel doivent aboutir les deux côtés du plan representé […] Ils observent la même maxime dans les hauteurs, dont toutes les lignes paralleles au plan representé vont aboutir, par le moïen des lignes Diagonnales, qui se croisent, à ce point qu’on suppose toujours à la Ligne d’Horison.

optique

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Les Auteurs qui ont donné des regles de Perspective Géometrique aux Peintres posent pour fondement que les yeux sont assujetis à suivre la gradation des lignes parallèles à l’Horizon, & que ces lignes se marquent par le moïen d’une ligne qui se croise, apelée ligne de distance : si bien qu’au lieu que leurs lignes se doivent s’acomoder au plaisir des yeux : Ils ont crû que les yeux devoient suivre les regles de leurs lignes.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Les Auteurs qui ont donné des regles de Perspective Géometrique aux Peintres posent pour fondement que les yeux sont assujetis à suivre la gradation des lignes parallèles à l’Horizon, & que ces lignes se marquent par le moïen d’une ligne qui se croise, apelée ligne de distance : si bien qu’au lieu que leurs lignes se doivent s’acomoder au plaisir des yeux : Ils ont crû que les yeux devoient suivre les regles de leurs lignes.
Secondement ils suposent que le Peintre doit toujours former sa Perspective sur un plan carré, ou sur un Parallelogramme : Ce qui n’arrive pourtant que lorsque l’Histoire s’est passé dans une chambre, dont il faut représenter le plan necessairement ; Mais on ne se peut servir de cette suposition, lors qu’on represente un’Histoire dans un lieu sans borne. En troisiéme lieu ils disent, & cela est certain, que la ligne d’Horison s’éleve au dessus du plan de la premiere ligne du Tableau, à mesure que l’œil est élevé. L’experience en fait la demonstration, & il n’y a pas lieu d’en douter. Mais ils avancent pour leur principe incontestable, qu’il faut choisir un point sur cette ligne de l’Horison, auquel doivent aboutir les deux côtés du plan representé […] Ils observent la même maxime dans les hauteurs, dont toutes les lignes paralleles au plan representé vont aboutir, par le moïen des lignes Diagonnales, qui se croisent, à ce point qu’on suppose toujours à la Ligne d’Horison.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

On peut apeller le rayon visuel une Piramide dont l’objet est la base, & si l’objet est rond, le rayon visuel se pourra encore apeller un cone, & la superficie du Tableau faira la section de cette Piramide ou de ce cone.

cône

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Le Champ des figures, c’est à dire l’Aire où elles sont plantées, s’étend dépuis le pié du Tableau jusqu’à la ligne de l’Horison. […] c’est dans cét Aire que se doivent disposer toutes les Figures d’une Histoire.

champ

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe