CARAVAGGIO (Michelangelo Merisi da Caravaggio) ( 1571-1610 )

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Traveller,
           
Design is the Expressing with a Pen, or Pencil, or other Instrument, the Likeness of any Object by its out Lines, or Contours ; and he that Understands and Mannages well these first Lines, working after Nature still, and using extream Diligence, and skill may with Practice and Judgment, arrive to an Excellency in the Art.
                        Friend,
            Me thinks that should be no difficult Matter, for we see many whose Inclination carys them to Draw any thing they see, and they perform it with ease.
                       
Traveller,
            I grant you, Inclination goes a great way in disposing the Hand, but a strong Imagination only, will not carry a Painter through ; For when he compares his Work to
Nature, he will soon find, that great Judgment is requisite, as well as a Lively Fancy ; and particularly when he comes to place many Objects together in one Piece or Story, which are all to have a just relation to one another. There he will find that not only the habit of the Hand but the strength of the Mind is requisite ; therefore all the Eminent Painters that ever were, spent more time in Designing after the Life, and after the Statues of the Antients, then ever did in learning how to colour their Works ; that so they might be Masters of Design, and be able to place readily every Object in its true situation.
                        Friend,
            Now you talk of Nature and Statues, I have heard Painters blam’d for working after both.
                        Traveller,
            It is very true, and justly ; but less for working after Nature than otherwise. Caravaggio a famous Painter is blam’d for having meerly imitated Nature as he found her, without any correction of Forms. And Perugin, another Painter is blam’d for having wrought so much after Statues, that his Works never had that lively easiness which accompanies Nature ; and of this fault Raphael his Scholar was a long time guilty, till he Reform’d it by imitating Nature.

Quotation

Au contraire les Peintres qui travaillent aujourd'hui, tirent plus de secours de l'Art, que Raphaël & ses contemporains n'en pouvoient tirer. Depuis Raphaël, l'art & la nature se sont perfectionnez, […]. L'Ecole Lombarde a apporté le coloris à une perfection où il n'avoit pas encore atteint du vivant de Raphaël. L'Ecole d'Anvers a fait encore depuis lui plusieurs découvertes sur la magie du clair-obscur. Michel-Ange de Caravage & ses imitateurs ont aussi fait sur cette partie de la Peinture, des découvertes excellentes, quoiqu'on puisse leur reprocher d'en avoir été trop amoureux. Enfin depuis Raphaël, la nature s'est embellie. Expliquons ce Paradoxe. 
Nos Peintres connoissent présentement une nature d'arbres & une nature d'animaux plus belle & plus parfaite que celle qui fut connuë aux devanciers de Raphaël et à Raphaël lui-même. […] Ce n'est qu'après lui que ces parties du monde [ndr : Asie orientale, Amérique, Brésil] ont été découvertes pour les Peintres, & qu'on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits & des animaux rares qui s'y trouvent, & qui peuvent servir à l'embellissement des tableaux.
[…]
Il est vrai que Raphaël & ses contemporains n'étudioient pas la nature seulement dans la nature elle-même. Ils l'étudiaient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres [ndr.: des Pays-Bas] et les animaux [ndr.: d'Angleterre]. L'idée de belle nature que les anciens s'étaient formée sur certains arbres & sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres & les animaux de la Grece et de l'Italie, n'approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d'autres contrées.
[…]
Il faudrait connoître le monde presqu'aussi bien que l'intelligence qui l'a créé, & qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d'arriver. […] Les connaissances des hommes sur la conformation de l'Univers, étant aussi bornées qu'elles le sont, ils ne peuvent, en prêtant à la nature les beautés qu'ils imaginent, l'annoblir dans leurs inventions, autant qu'elle sçait l'annoblir elle-même à la faveur de certaines conjectures. Souvent leur imagination la gâte au lieu de la perfectionner.

Quotation

Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

Quotation

CLAIR-OBSCUR, c’est un seul mot, il répond au chiaro-scuro des Italiens. On entend en général par clair-obscur, l’opposition & le contraste des parties claires, & des parties obscures du tableau. L’Artifice du clair-obscur consiste à distribuer sçavamment les jours& les ombres, à les faire contraster agréablement, à choisir une lumiere avantageuse, à placer de grandes masses d’ombres à côté des grandes masses de lumieres. 
On entend aussi par
clair-obscur, le mélange de deux seules couleurs, l’une blanche, l’autre brune, dont on peint certains tableaux sans y employer d’autres couleurs. Le blanc marque les jours ou les clairs, & le brun marque les ombres, c’est ce qu’on appelle peindre de clair-obscur
La plûpart des tableaux & des fraisques du Caravage, sont de
clair-obscur
Les premiers Peintres avant l’invention des autres couleurs, ne peignoient que de
clair-obscur
Les desseins à la plume, au pinceau, où au crayon, dont les jours sont marqués par le blanc du papier, & les ombres par une couleur brune ou noire, s’appellent aussi desseins de clair-obscur. Dessiner de clair obscur, laver de clair-obscur.

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CLAIR-OBSCUR, c’est un seul mot, il répond au chiaro-scuro des Italiens. On entend en général par clair-obscur, l’opposition & le contraste des parties claires, & des parties obscures du tableau. L’Artifice du clair-obscur consiste à distribuer sçavamment les jours& les ombres, à les faire contraster agréablement, à choisir une lumiere avantageuse, à placer de grandes masses d’ombres à côté des grandes masses de lumieres. 
On entend aussi par
clair-obscur, le mélange de deux seules couleurs, l’une blanche, l’autre brune, dont on peint certains tableaux sans y employer d’autres couleurs. Le blanc marque les jours ou les clairs, & le brun marque les ombres, c’est ce qu’on appelle peindre de clair-obscur
La plûpart des tableaux & des fraisques du Caravage, sont de
clair-obscur
Les premiers Peintres avant l’invention des autres couleurs, ne peignoient que de
clair-obscur
Les desseins à la plume, au pinceau, où au crayon, dont les jours sont marqués par le blanc du papier, & les ombres par une couleur brune ou noire, s’appellent aussi desseins de clair-obscur. Dessiner de clair obscur, laver de clair-obscur.

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Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

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Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

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Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Ceux, comme je vous ait dit, qui ne regardoient dans la peinture qu’une sorte & naturelle representation des choses, prenoient plaisir à considerer dans les Tableaux du Caravage, cette simple & vile, s’il faut ainsi dire, imitation de la Nature, sans faire aucun discernement du beau d’avec le laid. Et ceux au contraire qui, sans s’attacher à la Nature, se plaisent à voir de grandes imaginations bien représentées, admiroient cette abondance, cette facilité, & ce que les Italiens appellent la furia, qui se remarquent dans les compositions de Joseph Pin.

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Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

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Tout devient palettes & pinceaux entre les mains d'un enfant doüé du génie de la Peinture. Ils fait connoître aux autres pour ce qu'il est, quand lui-même ne le sçait pas encore. Les Annalistes de la Peinture rapportent une infinité de faits qui confirment ce que j'avance. La plûpart des grands Peintres ne sont pas nez dans les atteliers. Très-peu sont des fils de Peintres, qui, suivant l'usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres. Parmi les Artisans illustres qui font tant d'honneur aux deux derniers siècles, le seul Raphaël, autant qu'il m'en souvient, fut le fils d'un Peintre. Le pere du Georgeon & celui du Titien, ne manierent jamais ni pinceaux ni cizeaux, Leonard De Vinci, & Paul Veronése, n'eurent point de Peintres pour peres. Les parens de Michel-Ange vivoient, comme on dit, noblement, c'est-à-dire, sans exercer aucune profession lucrative. André Del Sarte étoit fils d'un Tailleur, & Le Tintoret d'un Tinturier. Le pere des Caraches, n'étoit pas d'une profession où l'on manie le craïon. Michel-Ange De Caravage étoit fils d'un Masson, & Le Correge fils d'un Laboureur. Le Guide étoit fils d'un Musicien, Le Dominiquin d'un Cordonnier, & L'Albane d'un Marchand de Soïe. Lanfranc étoit un enfant trouvé, à qui son génie enseigna la peinture, à peu près comme le génie de M Pascal lui enseigna les Mathématiques. Le pere de Rubens, qui étoit dans la Magistrature d'Anvers, n'avoit ni attelier ni boutique dans sa maison. Le pere de Vandick n'étoit ni Peintre ni Sculpteur. Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la Peinture, qui a mérité d'être traduit & commenté par M. De Piles, & dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être Médecin. Les peres des quatre meilleurs Peintres François du dernier siècle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin & Le Brun, n'étoient pas des peintres. C'est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les Peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les Poëtes.

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Les autres, comme les Carraces, Barroche, le Carravage, & plusieurs cy devant nommez, sont aussi tous differens en gousts, toutefois leurs desseins, ordonnances, expressions, & manieres de Peindre, beaucoup moins artistes ou croquées, que celles de ceux [ndr : Le Tintoret, Veronèse, Bassan] dont je viens de parler ; Le Carravage imitoit la Nature en son air & en son trait, telle qu’il en avoit le goust ; [...]

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Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

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Il y a dans la Peinture differens genres d'harmonie. Il y en a de douce & de moderée, comme l'ont ordinairement pratiqué le Correge & le Guide. Il y en a de forte & d'élevée, comme celle du Giorgion, du Titien & du Caravage : & il y en peut avoir en differens degrés, selon la supposition des lieux, des tems, de la lumiere & des heures du jour.

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Au contraire les Peintres qui travaillent aujourd'hui, tirent plus de secours de l'Art, que Raphaël & ses contemporains n'en pouvoient tirer. Depuis Raphaël, l'art & la nature se sont perfectionnez, […]. L'Ecole Lombarde a apporté le coloris à une perfection où il n'avoit pas encore atteint du vivant de Raphaël. L'Ecole d'Anvers a fait encore depuis lui plusieurs découvertes sur la magie du clair-obscur. Michel-Ange de Caravage & ses imitateurs ont aussi fait sur cette partie de la Peinture, des découvertes excellentes, quoiqu'on puisse leur reprocher d'en avoir été trop amoureux. Enfin depuis Raphaël, la nature s'est embellie. Expliquons ce Paradoxe. 
Nos Peintres connoissent présentement une nature d'arbres & une nature d'animaux plus belle & plus parfaite que celle qui fut connuë aux devanciers de Raphaël et à Raphaël lui-même. […] Ce n'est qu'après lui que ces parties du monde [ndr : Asie orientale, Amérique, Brésil] ont été découvertes pour les Peintres, & qu'on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits & des animaux rares qui s'y trouvent, & qui peuvent servir à l'embellissement des tableaux.
[…]
Il est vrai que Raphaël & ses contemporains n'étudioient pas la nature seulement dans la nature elle-même. Ils l'étudiaient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres [ndr.: des Pays-Bas] et les animaux [ndr.: d'Angleterre]. L'idée de belle nature que les anciens s'étaient formée sur certains arbres & sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres & les animaux de la Grece et de l'Italie, n'approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d'autres contrées.
[…]
Il faudrait connoître le monde presqu'aussi bien que l'intelligence qui l'a créé, & qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d'arriver. […] Les connaissances des hommes sur la conformation de l'Univers, étant aussi bornées qu'elles le sont, ils ne peuvent, en prêtant à la nature les beautés qu'ils imaginent, l'annoblir dans leurs inventions, autant qu'elle sçait l'annoblir elle-même à la faveur de certaines conjectures. Souvent leur imagination la gâte au lieu de la perfectionner.

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Il y a dans la Peinture differens genres d'harmonie. Il y en a de douce & de moderée, comme l'ont ordinairement pratiqué le Correge & le Guide. Il y en a de forte & d'élevée, comme celle du Giorgion, du Titien & du Caravage : & il y en peut avoir en differens degrés, selon la supposition des lieux, des tems, de la lumiere & des heures du jour.

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Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

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Il ne nous reste maintenant, qu'à faire l'aplication de toute cette Téorie, sur quelques Ouvrages de Peinture, que nous voyons exposez en public, dans nôtre Ville [Toulouse] : Toute-fois d'une manière qu'on pourra faire la même aplication par tou ailleurs, principalement dans ces climats heureux, où cet Art a fait voir ses plus nobles productions.
Je commenceray par nos Tableaux, qui sont d'une manière obscure & forte. [...]
Les Tableaux de Tournier, sont de la manière du Valentin, sous lequel il avoit apris : Et le Valentin étoit un imitateur ou élève du Caravage : Les plus considerables sont dans la chapelle des Penitents Noirs : Il y en a trois à l’Autel : l’un represente le Crucifix, les autres le portement de Croix & la Sépulture du Sauveur ; Le quatriéme est à un coté de la Nef, & il represente la Bataille de l’Empereur Constantin contre Maxence. Les Figures principalement de ceux de l’Autel, y sont comme dans de niches obscures, & sa Bataille a pour fond quelque bois ou noire terrasse : Car on ne sauroit distinguer ce que c’est, & puis un Ciel bluatre tout uni. Les figures de cette Bataille, ne paroissent pas assez grandes pour ce lieu : & à la reserve de la figure de Constantin, qui petille par sa Draperie rouge, & son Chéval blanc : Ce Tableau est trop uni de tons & de couleurs, & n’a pas d’assez grandes masses de jour & d’ombre : De sorte qu’étant consideré d’un peu loin, il ressemble à quelque espece de Cirage, à quoy les Carnations qui sont fort basanées, contribuent beaucoup.
Au reste, les trois Tableaux de l’Autel, sont les meilleurs dans la maniere de Tournier. La dessente de la Croix qui se voit à coté du Chœur de Saint Etienne, est de méme representée dans une niche tres obscur : Elle est fort estimée, principalement pour le Dessein du Christ. Ce Peintre auroit Peint plus agréablement s’il eut voulu, car on voit à deux ovales de l’Autel des mémes Penitens, du Tafetas changeant, tirant sur la couleur Izabele, qu’il a peint fort naturelle & vague, & avec tant de relief, qu’il y a peu de personnes qui n’y soient trompées. Il y a encore un Tableau de luy, au Mausolée de Saint Thomas, aux Peres Dominicains, où ce Saint est lié d’un Cordon par deux Anges , il est bien peint & le fond n’en est pas noir, comme celui des autres Tableaux : on compte aussi le Crucifix du maître Autel des Peres Minimes, pour un des meilleurs Tableaux de ce Peintre. Tournier du reste copioit bien la couleur naturelle, lors qu’il faisoit des Portraits : Il reüssissoit principalement à des personnes de basse condition.
Après Tournier, le Peintre qui a donné le plus dans le noir, c’est Chalete : Il y a méme de ses ouvrages, qui sont de la maniere du Caravage, comme cette Image de Nôtre-Dame, qui est à l’Hôtel de Ville, sur la porte du grand Consistoire, & le Tableau du Crucifix de la Chapelle, qui sont tres-bien peints. Les deux grands Tableaux de ce Peintre, qu’on voit sous les basses Galeries, & qui representent les deux entrées que fit le Roy LOUIS XIII. dans Toulouse, sont aussi d’un Coloris assez obscur, & le noir y regne beaucoup dans les ombres : Il y a quelques belles Têtes, qui se sont conservées dans leur couleur : Mais on peut remarquer, que celles qui ont de plus grands noirs, n’ont plus la couleur de la chair, que le noir a infecté. Le fond des Tableaux de Chalete, est travaillé, il est plus clair qu’aux ouvrages de Tournier, & la noirceur des ombres, n’empéche pas qu’on n’y distingue tres-bien toutes choses. Ils n’ont pourtant aucune fraîcheur : & comme il a été forcé d’habiller, quelques une de ses principales figures, d’un rouge vif, & d’un noir tres-pur, il lui a été impossible d’unir ces couleurs entre elles, & avec les autres. [...]

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En suitte nous avons eu les Carraces principalement Anibal ; Puis le Barroche, le Carravage, l’Espagnolet, Guide Bollognez, le Valentin, & bon nombre d’autres, lesquels quoy que differents en manieres ont toujours esté en grande estime, & dont la pluspart ont tres-bien Peint & d’une maniere franche, libre, & agreable.

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Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

Quotation

Au contraire les Peintres qui travaillent aujourd'hui, tirent plus de secours de l'Art, que Raphaël & ses contemporains n'en pouvoient tirer. Depuis Raphaël, l'art & la nature se sont perfectionnez, […]. L'Ecole Lombarde a apporté le coloris à une perfection où il n'avoit pas encore atteint du vivant de Raphaël. L'Ecole d'Anvers a fait encore depuis lui plusieurs découvertes sur la magie du clair-obscur. Michel-Ange de Caravage & ses imitateurs ont aussi fait sur cette partie de la Peinture, des découvertes excellentes, quoiqu'on puisse leur reprocher d'en avoir été trop amoureux. Enfin depuis Raphaël, la nature s'est embellie. Expliquons ce Paradoxe. 
Nos Peintres connoissent présentement une nature d'arbres & une nature d'animaux plus belle & plus parfaite que celle qui fut connuë aux devanciers de Raphaël et à Raphaël lui-même. […] Ce n'est qu'après lui que ces parties du monde [ndr : Asie orientale, Amérique, Brésil] ont été découvertes pour les Peintres, & qu'on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits & des animaux rares qui s'y trouvent, & qui peuvent servir à l'embellissement des tableaux.
[…]
Il est vrai que Raphaël & ses contemporains n'étudioient pas la nature seulement dans la nature elle-même. Ils l'étudiaient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres [ndr.: des Pays-Bas] et les animaux [ndr.: d'Angleterre]. L'idée de belle nature que les anciens s'étaient formée sur certains arbres & sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres & les animaux de la Grece et de l'Italie, n'approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d'autres contrées.
[…]
Il faudrait connoître le monde presqu'aussi bien que l'intelligence qui l'a créé, & qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d'arriver. […] Les connaissances des hommes sur la conformation de l'Univers, étant aussi bornées qu'elles le sont, ils ne peuvent, en prêtant à la nature les beautés qu'ils imaginent, l'annoblir dans leurs inventions, autant qu'elle sçait l'annoblir elle-même à la faveur de certaines conjectures. Souvent leur imagination la gâte au lieu de la perfectionner.

Quotation

Traveller,
           
Design is the Expressing with a Pen, or Pencil, or other Instrument, the Likeness of any Object by its out Lines, or Contours ; and he that Understands and Mannages well these first Lines, working after Nature still, and using extream Diligence, and skill may with Practice and Judgment, arrive to an Excellency in the Art.
                        Friend,
            Me thinks that should be no difficult Matter, for we see many whose Inclination carys them to Draw any thing they see, and they perform it with ease.
                       
Traveller,
            I grant you, Inclination goes a great way in disposing the Hand, but a strong Imagination only, will not carry a Painter through ; For when he compares his Work to
Nature, he will soon find, that great Judgment is requisite, as well as a Lively Fancy ; and particularly when he comes to place many Objects together in one Piece or Story, which are all to have a just relation to one another. There he will find that not only the habit of the Hand but the strength of the Mind is requisite ; therefore all the Eminent Painters that ever were, spent more time in Designing after the Life, and after the Statues of the Antients, then ever did in learning how to colour their Works ; that so they might be Masters of Design, and be able to place readily every Object in its true situation.
                        Friend,
            Now you talk of Nature and Statues, I have heard Painters blam’d for working after both.
                        Traveller,
            It is very true, and justly ; but less for working after Nature than otherwise. Caravaggio a famous Painter is blam’d for having meerly imitated Nature as he found her, without any correction of Forms. And Perugin, another Painter is blam’d for having wrought so much after Statues, that his Works never had that lively easiness which accompanies Nature ; and of this fault Raphael his Scholar was a long time guilty, till he Reform’d it by imitating Nature.

                        Friend,
            How is it possible to erre in imitating Nature ?
                        Traveller,
           
Though Nature be the Rule, yet Art has the Priviledge of Perfecting it ; for you must know that there are few Objects made naturally so entirely Beautiful as they might be, no one Man or Woman possesses all the Advantages of Feature, Proportion and Colour due to each Sence. Therefore the Antients, when they had any Great Work to do, upon which they would Value themselves did use to take several of the Beautifullest Objects they designed to Paint, and out of each of them, Draw what was most Perfect to make up One exquisite Figure ; Thus Zeuxis being imployed by the Inhabitants of Crotona, a City of Calabria, to make for their Temple of Juno, a Female Figure, Naked ; He desired the Liberty of seeing their Hansomest Virgins, out of whom he chose Five, from whose several Excellencies he fram’d a most Perfect Figure, both in Features, Shape and Colouring, calling it Helena.

Quotation

Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

Quotation

Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

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Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

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Il ne nous reste maintenant, qu'à faire l'aplication de toute cette Téorie, sur quelques Ouvrages de Peinture, que nous voyons exposez en public, dans nôtre Ville [Toulouse] : Toute-fois d'une manière qu'on pourra faire la même aplication par tou ailleurs, principalement dans ces climats heureux, où cet Art a fait voir ses plus nobles productions.
Je commenceray par nos Tableaux, qui sont d'une manière obscure & forte. [...]
Les Tableaux de Tournier, sont de la manière du Valentin, sous lequel il avoit apris : Et le Valentin étoit un imitateur ou élève du Caravage : Les plus considerables sont dans la chapelle des Penitents Noirs : Il y en a trois à l’Autel : l’un represente le Crucifix, les autres le portement de Croix & la Sépulture du Sauveur ; Le quatriéme est à un coté de la Nef, & il represente la Bataille de l’Empereur Constantin contre Maxence. Les Figures principalement de ceux de l’Autel, y sont comme dans de niches obscures, & sa Bataille a pour fond quelque bois ou noire terrasse : Car on ne sauroit distinguer ce que c’est, & puis un Ciel bluatre tout uni. Les figures de cette Bataille, ne paroissent pas assez grandes pour ce lieu : & à la reserve de la figure de Constantin, qui petille par sa Draperie rouge, & son Chéval blanc : Ce Tableau est trop uni de tons & de couleurs, & n’a pas d’assez grandes masses de jour & d’ombre : De sorte qu’étant consideré d’un peu loin, il ressemble à quelque espece de Cirage, à quoy les Carnations qui sont fort basanées, contribuent beaucoup.
Au reste, les trois Tableaux de l’Autel, sont les meilleurs dans la maniere de Tournier. La dessente de la Croix qui se voit à coté du Chœur de Saint Etienne, est de méme representée dans une niche tres obscur : Elle est fort estimée, principalement pour le Dessein du Christ. Ce Peintre auroit Peint plus agréablement s’il eut voulu, car on voit à deux ovales de l’Autel des mémes Penitens, du Tafetas changeant, tirant sur la couleur Izabele, qu’il a peint fort naturelle & vague, & avec tant de relief, qu’il y a peu de personnes qui n’y soient trompées. Il y a encore un Tableau de luy, au Mausolée de Saint Thomas, aux Peres Dominicains, où ce Saint est lié d’un Cordon par deux Anges , il est bien peint & le fond n’en est pas noir, comme celui des autres Tableaux : on compte aussi le Crucifix du maître Autel des Peres Minimes, pour un des meilleurs Tableaux de ce Peintre. Tournier du reste copioit bien la couleur naturelle, lors qu’il faisoit des Portraits : Il reüssissoit principalement à des personnes de basse condition.
Après Tournier, le Peintre qui a donné le plus dans le noir, c’est Chalete : Il y a méme de ses ouvrages, qui sont de la maniere du Caravage, comme cette Image de Nôtre-Dame, qui est à l’Hôtel de Ville, sur la porte du grand Consistoire, & le Tableau du Crucifix de la Chapelle, qui sont tres-bien peints. Les deux grands Tableaux de ce Peintre, qu’on voit sous les basses Galeries, & qui representent les deux entrées que fit le Roy LOUIS XIII. dans Toulouse, sont aussi d’un Coloris assez obscur, & le noir y regne beaucoup dans les ombres : Il y a quelques belles Têtes, qui se sont conservées dans leur couleur : Mais on peut remarquer, que celles qui ont de plus grands noirs, n’ont plus la couleur de la chair, que le noir a infecté. Le fond des Tableaux de Chalete, est travaillé, il est plus clair qu’aux ouvrages de Tournier, & la noirceur des ombres, n’empéche pas qu’on n’y distingue tres-bien toutes choses. Ils n’ont pourtant aucune fraîcheur : & comme il a été forcé d’habiller, quelques une de ses principales figures, d’un rouge vif, & d’un noir tres-pur, il lui a été impossible d’unir ces couleurs entre elles, & avec les autres. [...]

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Tout devient palettes & pinceaux entre les mains d'un enfant doüé du génie de la Peinture. Ils fait connoître aux autres pour ce qu'il est, quand lui-même ne le sçait pas encore. Les Annalistes de la Peinture rapportent une infinité de faits qui confirment ce que j'avance. La plûpart des grands Peintres ne sont pas nez dans les atteliers. Très-peu sont des fils de Peintres, qui, suivant l'usage ordinaire, auroient été élevez dans la profession de leurs peres. Parmi les Artisans illustres qui font tant d'honneur aux deux derniers siècles, le seul Raphaël, autant qu'il m'en souvient, fut le fils d'un Peintre. Le pere du Georgeon & celui du Titien, ne manierent jamais ni pinceaux ni cizeaux, Leonard De Vinci, & Paul Veronése, n'eurent point de Peintres pour peres. Les parens de Michel-Ange vivoient, comme on dit, noblement, c'est-à-dire, sans exercer aucune profession lucrative. André Del Sarte étoit fils d'un Tailleur, & Le Tintoret d'un Tinturier. Le pere des Caraches, n'étoit pas d'une profession où l'on manie le craïon. Michel-Ange De Caravage étoit fils d'un Masson, & Le Correge fils d'un Laboureur. Le Guide étoit fils d'un Musicien, Le Dominiquin d'un Cordonnier, & L'Albane d'un Marchand de Soïe. Lanfranc étoit un enfant trouvé, à qui son génie enseigna la peinture, à peu près comme le génie de M Pascal lui enseigna les Mathématiques. Le pere de Rubens, qui étoit dans la Magistrature d'Anvers, n'avoit ni attelier ni boutique dans sa maison. Le pere de Vandick n'étoit ni Peintre ni Sculpteur. Du Fresnoy, dont nous avons un poëme sur la Peinture, qui a mérité d'être traduit & commenté par M. De Piles, & dont nous avons aussi des tableaux au-dessus du médiocre, avoit étudié pour être Médecin. Les peres des quatre meilleurs Peintres François du dernier siècle, Le Valentin, Le Sueur, Le Poussin & Le Brun, n'étoient pas des peintres. C'est le génie de ces grands hommes qui les a été chercher, pour ainsi dire, dans la maison de leurs parens, afin de les conduire sur le Parnasse. Les Peintres montent sur le Parnasse, aussi-bien que les Poëtes.

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Au contraire les Peintres qui travaillent aujourd'hui, tirent plus de secours de l'Art, que Raphaël & ses contemporains n'en pouvoient tirer. Depuis Raphaël, l'art & la nature se sont perfectionnez, […]. L'Ecole Lombarde a apporté le coloris à une perfection où il n'avoit pas encore atteint du vivant de Raphaël. L'Ecole d'Anvers a fait encore depuis lui plusieurs découvertes sur la magie du clair-obscur. Michel-Ange de Caravage & ses imitateurs ont aussi fait sur cette partie de la Peinture, des découvertes excellentes, quoiqu'on puisse leur reprocher d'en avoir été trop amoureux. Enfin depuis Raphaël, la nature s'est embellie. Expliquons ce Paradoxe. 
Nos Peintres connoissent présentement une nature d'arbres & une nature d'animaux plus belle & plus parfaite que celle qui fut connuë aux devanciers de Raphaël et à Raphaël lui-même. […] Ce n'est qu'après lui que ces parties du monde [ndr : Asie orientale, Amérique, Brésil] ont été découvertes pour les Peintres, & qu'on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits & des animaux rares qui s'y trouvent, & qui peuvent servir à l'embellissement des tableaux.
[…]
Il est vrai que Raphaël & ses contemporains n'étudioient pas la nature seulement dans la nature elle-même. Ils l'étudiaient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres [ndr.: des Pays-Bas] et les animaux [ndr.: d'Angleterre]. L'idée de belle nature que les anciens s'étaient formée sur certains arbres & sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres & les animaux de la Grece et de l'Italie, n'approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d'autres contrées.
[…]
Il faudrait connoître le monde presqu'aussi bien que l'intelligence qui l'a créé, & qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d'arriver. […] Les connaissances des hommes sur la conformation de l'Univers, étant aussi bornées qu'elles le sont, ils ne peuvent, en prêtant à la nature les beautés qu'ils imaginent, l'annoblir dans leurs inventions, autant qu'elle sçait l'annoblir elle-même à la faveur de certaines conjectures. Souvent leur imagination la gâte au lieu de la perfectionner.

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Dergleichen Unterschiedlichkeit [ndr: im gerecht-mahlen] ware auch und ist noch bey den Italiänern/ Hoch-und Nieder-Teutschen zu finden/ und zwar mit größerer Vollkommenheit/ sonderlich im gerecht-mahlen/ und darzu gehörenden Kräften der Farben: welches aus der natürlichen applicirung/ vollkommenen Erhebung und sonderbaren Geschwindigkeit der Mahler von unsern Zeiten abzunehmen. {Die alte und neue Italiäner.} Solche waren/ Cimabue der große Wieder-Erfinder dieser Kunst/ Gaddo sein Nachfolger/ und Giotto. Also waren fürtreflich/ Giovan Bellini, in Sauberkeit; Michaël Angelo in Bildern und hohem Verstand; Leonardo da Vinci, in vernünftigen affecten; Andrea del Sarto, in Angenemheit; Raphaël d'Urbino in meisterlicher invention ; Julius Romanus, in ungemeinen Gedanken;Titian, in Anmutigkeit/ sonderlich der Coloriten; Corregio , in gratiositeten; Verones in reichen Gedanken; Tintoreti, in Seltsamkeit; Carazo, in fresco; Caravaggio und Manfredo , in Lebhaftigkeit ; Guido Bolognse in Holdseligkeit; Albano in zierlicher invention; Bernini Bernini in der Bild- und Bau Kunst; Francisco du Quesnoy, in scultur-Warheit; Algardon,in Geschicklichkeit; Peter Corton in fresco; La Franch in Geschwindigkeit; Domenicho in Tieffsinnigkeit; Claudio Gilli in Landschaften.
{Die alte Hoch-Teutschen} Nächst diesen/ machten sich auch verwunderbar unsere Teutschen: als Martin Schön/ im hochsteigen; Matthias von Aschaffenburg/ in zierlichem Geist; Albrecht Dürer/ im universal-Verstand; Hans Holbein/ in glückseliger Hand; Amberger/ in der Warheit; Pocksberger/ im Geistreichtum; Schwarz/ in Erfahrenheit; Adam Elzheimer/ in verwunderlichem Verstand.
{und Nieder-Teutschen} Gleichfalls waren fürberühmt die Niederländer/ in Erfindung der Oelfarben/ Johann und Hubert von Eyk; Lucas von Leyden/ im Fleiß; der alte Bruegel, im Verstand; also auch Sotte Clef und Johann von Calcar/ in der Hand; Floris, in der Meisterschaft; Brauer/ in bildung der Bauren; Fochiers, in Landschaft-Bäumen; Rubens in Geistreichheit; der von Dick/ in Zierlichkeit; Hundhorst in Wolgemälden; Rembrand/ in Arbeitsamkeit; Perselles in Schiffahrten und Wassern; Pulenburg/ in kleinen Bildlein; Bambotio, in Bildung der Bettler ; Botte, in Landschaften; auch der Gerhart Daro und, Mires hoch-preiswürdig in kleinen Oelfarben.
{Von des Autoris [ndr: Joachim von Sandrart ] Werken/ in dieser Kunst.} […]

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Le merite du Caravaggio à faire apres le naturel, ny son artifice dans l’obscur et le lumineux, ny les graces qu’il mettoit aux derniers traits de sa besongne, ne m’obligent pas tant à tirer quelque parallele entre luy & Parrhasius, que cette humeur fiere qui le dominoit, & qui luy faisoit mespriser avec ceux de son temps tous les anciens.

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En suitte nous avons eu les Carraces principalement Anibal ; Puis le Barroche, le Carravage, l’Espagnolet, Guide Bollognez, le Valentin, & bon nombre d’autres, lesquels quoy que differents en manieres ont toujours esté en grande estime, & dont la pluspart ont tres-bien Peint & d’une maniere franche, libre, & agreable.

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Les autres, comme les Carraces, Barroche, le Carravage, & plusieurs cy devant nommez, sont aussi tous differens en gousts, toutefois leurs desseins, ordonnances, expressions, & manieres de Peindre, beaucoup moins artistes ou croquées, que celles de ceux [ndr : Le Tintoret, Veronèse, Bassan] dont je viens de parler ; Le Carravage imitoit la Nature en son air & en son trait, telle qu’il en avoit le goust ; [...]

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Dergleichen Unterschiedlichkeit [ndr: im gerecht-mahlen] ware auch und ist noch bey den Italiänern/ Hoch-und Nieder-Teutschen zu finden/ und zwar mit größerer Vollkommenheit/ sonderlich im gerecht-mahlen/ und darzu gehörenden Kräften der Farben: welches aus der natürlichen applicirung/ vollkommenen Erhebung und sonderbaren Geschwindigkeit der Mahler von unsern Zeiten abzunehmen. {Die alte und neue Italiäner.} Solche waren/ Cimabue der große Wieder-Erfinder dieser Kunst/ Gaddo sein Nachfolger/ und Giotto. Also waren fürtreflich/ Giovan Bellini, in Sauberkeit; Michaël Angelo in Bildern und hohem Verstand; Leonardo da Vinci, in vernünftigen affecten; Andrea del Sarto, in Angenemheit; Raphaël d'Urbino in meisterlicher invention ; Julius Romanus, in ungemeinen Gedanken;Titian, in Anmutigkeit/ sonderlich der Coloriten; Corregio , in gratiositeten; Verones in reichen Gedanken; Tintoreti, in Seltsamkeit; Carazo, in fresco; Caravaggio und Manfredo , in Lebhaftigkeit ; Guido Bolognse in Holdseligkeit; Albano in zierlicher invention; Bernini Bernini in der Bild- und Bau Kunst; Francisco du Quesnoy, in scultur-Warheit; Algardon,in Geschicklichkeit; Peter Corton in fresco; La Franch in Geschwindigkeit; Domenicho in Tieffsinnigkeit; Claudio Gilli in Landschaften.
{Die alte Hoch-Teutschen} Nächst diesen/ machten sich auch verwunderbar unsere Teutschen: als Martin Schön/ im hochsteigen; Matthias von Aschaffenburg/ in zierlichem Geist; Albrecht Dürer/ im universal-Verstand; Hans Holbein/ in glückseliger Hand; Amberger/ in der Warheit; Pocksberger/ im Geistreichtum; Schwarz/ in Erfahrenheit; Adam Elzheimer/ in verwunderlichem Verstand.
{und Nieder-Teutschen} Gleichfalls waren fürberühmt die Niederländer/ in Erfindung der Oelfarben/ Johann und Hubert von Eyk; Lucas von Leyden/ im Fleiß; der alte Bruegel, im Verstand; also auch Sotte Clef und Johann von Calcar/ in der Hand; Floris, in der Meisterschaft; Brauer/ in bildung der Bauren; Fochiers, in Landschaft-Bäumen; Rubens in Geistreichheit; der von Dick/ in Zierlichkeit; Hundhorst in Wolgemälden; Rembrand/ in Arbeitsamkeit; Perselles in Schiffahrten und Wassern; Pulenburg/ in kleinen Bildlein; Bambotio, in Bildung der Bettler ; Botte, in Landschaften; auch der Gerhart Daro und, Mires hoch-preiswürdig in kleinen Oelfarben.
{Von des Autoris [ndr: Joachim von Sandrart ] Werken/ in dieser Kunst.} […]

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Ceux, comme je vous ait dit, qui ne regardoient dans la peinture qu’une sorte & naturelle representation des choses, prenoient plaisir à considerer dans les Tableaux du Caravage, cette simple & vile, s’il faut ainsi dire, imitation de la Nature, sans faire aucun discernement du beau d’avec le laid. Et ceux au contraire qui, sans s’attacher à la Nature, se plaisent à voir de grandes imaginations bien représentées, admiroient cette abondance, cette facilité, & ce que les Italiens appellent la furia, qui se remarquent dans les compositions de Joseph Pin.

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Traveller,
           
Design is the Expressing with a Pen, or Pencil, or other Instrument, the Likeness of any Object by its out Lines, or Contours ; and he that Understands and Mannages well these first Lines, working after Nature still, and using extream Diligence, and skill may with Practice and Judgment, arrive to an Excellency in the Art.
                        Friend,
            Me thinks that should be no difficult Matter, for we see many whose Inclination carys them to Draw any thing they see, and they perform it with ease.
                       
Traveller,
            I grant you, Inclination goes a great way in disposing the Hand, but a strong Imagination only, will not carry a Painter through ; For when he compares his Work to
Nature, he will soon find, that great Judgment is requisite, as well as a Lively Fancy ; and particularly when he comes to place many Objects together in one Piece or Story, which are all to have a just relation to one another. There he will find that not only the habit of the Hand but the strength of the Mind is requisite ; therefore all the Eminent Painters that ever were, spent more time in Designing after the Life, and after the Statues of the Antients, then ever did in learning how to colour their Works ; that so they might be Masters of Design, and be able to place readily every Object in its true situation.
                        Friend,
            Now you talk of Nature and Statues, I have heard Painters blam’d for working after both.
                        Traveller,
            It is very true, and justly ; but less for working after Nature than otherwise. Caravaggio a famous Painter is blam’d for having meerly imitated Nature as he found her, without any correction of Forms. And Perugin, another Painter is blam’d for having wrought so much after Statues, that his Works never had that lively easiness which accompanies Nature ; and of this fault Raphael his Scholar was a long time guilty, till he Reform’d it by imitating Nature.

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Traveller,
           
Design is the Expressing with a Pen, or Pencil, or other Instrument, the Likeness of any Object by its out Lines, or Contours ; and he that Understands and Mannages well these first Lines, working after Nature still, and using extream Diligence, and skill may with Practice and Judgment, arrive to an Excellency in the Art.
                        Friend,
            Me thinks that should be no difficult Matter, for we see many whose Inclination carys them to Draw any thing they see, and they perform it with ease.
                       
Traveller,
            I grant you, Inclination goes a great way in disposing the Hand, but a strong Imagination only, will not carry a Painter through ; For when he compares his Work to
Nature, he will soon find, that great Judgment is requisite, as well as a Lively Fancy ; and particularly when he comes to place many Objects together in one Piece or Story, which are all to have a just relation to one another. There he will find that not only the habit of the Hand but the strength of the Mind is requisite ; therefore all the Eminent Painters that ever were, spent more time in Designing after the Life, and after the Statues of the Antients, then ever did in learning how to colour their Works ; that so they might be Masters of Design, and be able to place readily every Object in its true situation.
                        Friend,
            Now you talk of Nature and Statues, I have heard Painters blam’d for working after both.
                        Traveller,
            It is very true, and justly ; but less for working after Nature than otherwise. Caravaggio a famous Painter is blam’d for having meerly imitated Nature as he found her, without any correction of Forms. And Perugin, another Painter is blam’d for having wrought so much after Statues, that his Works never had that lively easiness which accompanies Nature ; and of this fault Raphael his Scholar was a long time guilty, till he Reform’d it by imitating Nature.

                        Friend,
            How is it possible to erre in imitating Nature ?
                        Traveller,
           
Though Nature be the Rule, yet Art has the Priviledge of Perfecting it ; for you must know that there are few Objects made naturally so entirely Beautiful as they might be, no one Man or Woman possesses all the Advantages of Feature, Proportion and Colour due to each Sence. Therefore the Antients, when they had any Great Work to do, upon which they would Value themselves did use to take several of the Beautifullest Objects they designed to Paint, and out of each of them, Draw what was most Perfect to make up One exquisite Figure ; Thus Zeuxis being imployed by the Inhabitants of Crotona, a City of Calabria, to make for their Temple of Juno, a Female Figure, Naked ; He desired the Liberty of seeing their Hansomest Virgins, out of whom he chose Five, from whose several Excellencies he fram’d a most Perfect Figure, both in Features, Shape and Colouring, calling it Helena.

Quotation

Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

Quotation

Traveller.
           
After the Death of Raphael and his Schollars (for, as for Michael Angelo he made no School) Painting seemed to be Decaying ; and for some Years, there was hardly a Master of any Repute all over Italy. The two best at Rome were Joseph Arpino and Michael Angelo da Caravaggio, but both guilty of great Mistakes in their Art : the first followed purely his Fancy, or rather Humour, which was neither founded upon Nature nor Art, but had for Ground a certain Practical, Fantastical Idea which he had framed to himself. The other was a pure Naturalist, Copying Nature without distinction or discretion ; he understood little of Composition or Decorum, but was an admirable Colourer.

Quotation

Il ne nous reste maintenant, qu'à faire l'aplication de toute cette Téorie, sur quelques Ouvrages de Peinture, que nous voyons exposez en public, dans nôtre Ville [Toulouse] : Toute-fois d'une manière qu'on pourra faire la même aplication par tou ailleurs, principalement dans ces climats heureux, où cet Art a fait voir ses plus nobles productions.
Je commenceray par nos Tableaux, qui sont d'une manière obscure & forte. [...]
Les Tableaux de Tournier, sont de la manière du Valentin, sous lequel il avoit apris : Et le Valentin étoit un imitateur ou élève du Caravage : Les plus considerables sont dans la chapelle des Penitents Noirs : Il y en a trois à l’Autel : l’un represente le Crucifix, les autres le portement de Croix & la Sépulture du Sauveur ; Le quatriéme est à un coté de la Nef, & il represente la Bataille de l’Empereur Constantin contre Maxence. Les Figures principalement de ceux de l’Autel, y sont comme dans de niches obscures, & sa Bataille a pour fond quelque bois ou noire terrasse : Car on ne sauroit distinguer ce que c’est, & puis un Ciel bluatre tout uni. Les figures de cette Bataille, ne paroissent pas assez grandes pour ce lieu : & à la reserve de la figure de Constantin, qui petille par sa Draperie rouge, & son Chéval blanc : Ce Tableau est trop uni de tons & de couleurs, & n’a pas d’assez grandes masses de jour & d’ombre : De sorte qu’étant consideré d’un peu loin, il ressemble à quelque espece de Cirage, à quoy les Carnations qui sont fort basanées, contribuent beaucoup.
Au reste, les trois Tableaux de l’Autel, sont les meilleurs dans la maniere de Tournier. La dessente de la Croix qui se voit à coté du Chœur de Saint Etienne, est de méme representée dans une niche tres obscur : Elle est fort estimée, principalement pour le Dessein du Christ. Ce Peintre auroit Peint plus agréablement s’il eut voulu, car on voit à deux ovales de l’Autel des mémes Penitens, du Tafetas changeant, tirant sur la couleur Izabele, qu’il a peint fort naturelle & vague, & avec tant de relief, qu’il y a peu de personnes qui n’y soient trompées. Il y a encore un Tableau de luy, au Mausolée de Saint Thomas, aux Peres Dominicains, où ce Saint est lié d’un Cordon par deux Anges , il est bien peint & le fond n’en est pas noir, comme celui des autres Tableaux : on compte aussi le Crucifix du maître Autel des Peres Minimes, pour un des meilleurs Tableaux de ce Peintre. Tournier du reste copioit bien la couleur naturelle, lors qu’il faisoit des Portraits : Il reüssissoit principalement à des personnes de basse condition.
Après Tournier, le Peintre qui a donné le plus dans le noir, c’est Chalete : Il y a méme de ses ouvrages, qui sont de la maniere du Caravage, comme cette Image de Nôtre-Dame, qui est à l’Hôtel de Ville, sur la porte du grand Consistoire, & le Tableau du Crucifix de la Chapelle, qui sont tres-bien peints. Les deux grands Tableaux de ce Peintre, qu’on voit sous les basses Galeries, & qui representent les deux entrées que fit le Roy LOUIS XIII. dans Toulouse, sont aussi d’un Coloris assez obscur, & le noir y regne beaucoup dans les ombres : Il y a quelques belles Têtes, qui se sont conservées dans leur couleur : Mais on peut remarquer, que celles qui ont de plus grands noirs, n’ont plus la couleur de la chair, que le noir a infecté. Le fond des Tableaux de Chalete, est travaillé, il est plus clair qu’aux ouvrages de Tournier, & la noirceur des ombres, n’empéche pas qu’on n’y distingue tres-bien toutes choses. Ils n’ont pourtant aucune fraîcheur : & comme il a été forcé d’habiller, quelques une de ses principales figures, d’un rouge vif, & d’un noir tres-pur, il lui a été impossible d’unir ces couleurs entre elles, & avec les autres. [...]

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Il y a dans la Peinture differens genres d'harmonie. Il y en a de douce & de moderée, comme l'ont ordinairement pratiqué le Correge & le Guide. Il y en a de forte & d'élevée, comme celle du Giorgion, du Titien & du Caravage : & il y en peut avoir en differens degrés, selon la supposition des lieux, des tems, de la lumiere & des heures du jour.

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Das 13. Capitel. Von der Beschaffenheit des Zimmers/ so zum Mahlen erfordert wird.
Was die Beschaffenheit des Zimmers, darinen man mahlen will, so muß es zu Bildern und Historien hoch und groß seyn und in er Länge zumwenigsten 30. Schuhe, in der Breite aber eben so viel haben, auch das Licht recht von oben des Zimmers empfahen. Ein Zimmer aber, worinnen ein Conterfaiter sein Werk verfertigen will,  muß ein helles Licht haben, daß ihm nicht das Licht von andern dabey stehenden Häusern oder Gebäuden benommen werde, doch daß auch die Sonne nicht den ganzen Tag auf der Stuben liege, so auch wegen allzustarcken Sonnen-Licht nicht passiren kan. Ein solch Gemach aber soll nur ein Fenster haben, den die vielfensterichen Gemächer fallen den Mahler hinderlich, sowohl in Unterscheidung der Schatten, als auch Erhöhung oder Lichter. Hat aber ein solches Gemach mehr als ein Fenster, so sollen dieselben mit Fürhängen wohl fest gemachet werden, und nur ein Fenster offen bleiben. Die Staffeley muß sodenn im Stehen also gestellt werden, daß das Licht allein von der lincken Hand auf das Gemählde falle, und nicht von der rechten oder von vorne. Derjenige aber, der nichts wichtiges zu mahlen hat, kan solches allwege thun, wenn es nur nicht ein staubichter Ort ist, ja auch unter freyen Himmel bey trockenen Wetter. Sonst erwehlen etliche Mahler wegen der Sonnen gerne eine Stube so frey Licht hat, und gegen Norden oder Mitternacht lieget, oder gar ein dunckel Gewölbe, da von oben das Licht durch ein rund Loch auf die Taffel, worauf man mahlen will, falle. Wie denn der berühmte Mahler Michael Angelonon Carravagio, damit er in seinen Gemälden eine vollkommene Rundirung und natürliche Erhebung desto besser hervorbringen könte, sich solcher dunckeln Gewölber, da durch ein kleines Loch das Licht auf seine Bilder fiel, und er also eine schöne Rundung heben möchte, bedienet hat. 

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Au contraire les Peintres qui travaillent aujourd'hui, tirent plus de secours de l'Art, que Raphaël & ses contemporains n'en pouvoient tirer. Depuis Raphaël, l'art & la nature se sont perfectionnez, […]. L'Ecole Lombarde a apporté le coloris à une perfection où il n'avoit pas encore atteint du vivant de Raphaël. L'Ecole d'Anvers a fait encore depuis lui plusieurs découvertes sur la magie du clair-obscur. Michel-Ange de Caravage & ses imitateurs ont aussi fait sur cette partie de la Peinture, des découvertes excellentes, quoiqu'on puisse leur reprocher d'en avoir été trop amoureux. Enfin depuis Raphaël, la nature s'est embellie. Expliquons ce Paradoxe. 
Nos Peintres connoissent présentement une nature d'arbres & une nature d'animaux plus belle & plus parfaite que celle qui fut connuë aux devanciers de Raphaël et à Raphaël lui-même. […] Ce n'est qu'après lui que ces parties du monde [ndr : Asie orientale, Amérique, Brésil] ont été découvertes pour les Peintres, & qu'on en a rapporté les desseins des plantes, des fruits & des animaux rares qui s'y trouvent, & qui peuvent servir à l'embellissement des tableaux.
[…]
Il est vrai que Raphaël & ses contemporains n'étudioient pas la nature seulement dans la nature elle-même. Ils l'étudiaient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres [ndr.: des Pays-Bas] et les animaux [ndr.: d'Angleterre]. L'idée de belle nature que les anciens s'étaient formée sur certains arbres & sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres & les animaux de la Grece et de l'Italie, n'approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d'autres contrées.
[…]
Il faudrait connoître le monde presqu'aussi bien que l'intelligence qui l'a créé, & qui a décidé de son arrangement, pour imaginer la perfection où la nature est capable d'arriver. […] Les connaissances des hommes sur la conformation de l'Univers, étant aussi bornées qu'elles le sont, ils ne peuvent, en prêtant à la nature les beautés qu'ils imaginent, l'annoblir dans leurs inventions, autant qu'elle sçait l'annoblir elle-même à la faveur de certaines conjectures. Souvent leur imagination la gâte au lieu de la perfectionner.

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CLAIR-OBSCUR, c’est un seul mot, il répond au chiaro-scuro des Italiens. On entend en général par clair-obscur, l’opposition & le contraste des parties claires, & des parties obscures du tableau. L’Artifice du clair-obscur consiste à distribuer sçavamment les jours& les ombres, à les faire contraster agréablement, à choisir une lumiere avantageuse, à placer de grandes masses d’ombres à côté des grandes masses de lumieres. 
On entend aussi par
clair-obscur, le mélange de deux seules couleurs, l’une blanche, l’autre brune, dont on peint certains tableaux sans y employer d’autres couleurs. Le blanc marque les jours ou les clairs, & le brun marque les ombres, c’est ce qu’on appelle peindre de clair-obscur
La plûpart des tableaux & des fraisques du Caravage, sont de
clair-obscur
Les premiers Peintres avant l’invention des autres couleurs, ne peignoient que de
clair-obscur
Les desseins à la plume, au pinceau, où au crayon, dont les jours sont marqués par le blanc du papier, & les ombres par une couleur brune ou noire, s’appellent aussi desseins de clair-obscur. Dessiner de clair obscur, laver de clair-obscur.