MARSY, François-Marie de, Dictionnaire abregé de peinture et d'architecture où l'on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres & des architectes célèbres, & une description succinte des plus beaux ouvrages de peinture, d'architecture & de sculpture, soit antiques, soit modernes, Paris - Nevers, Nyon fils - Barrois, 1746, 2 vol., vol. I.
Après avoir quitté l'ordre jésuite en 1738, de Marsy oriente complètement son activité vers la compilation, la traduction et l'édition dans des domaines très divers.
En 1746, il publie en deux volumes un Dictionnaire abrégé de peinture et d'architecture. Cet ouvrage devient ainsi le premier véritable dictionnaire du XVIIIe siècle, consacré exclusivement aux arts, avant ceux de Jacques Lacombe (Dictionnaire portatif des beaux-arts ou abrégé de ce qui concerne l’architecture, la sculpture, la peinture, la gravure, la poésie et la musique, avec La définition de ces Arts, l'explication des Termes & des choses qui leur appartiennent, Paris, Estienne, Herissant, 1752), d'Antoine-Joseph Pernety (Dictionnaire portatif de peinture, sculpture, gravure, avec un Traité pratique des différentes manières de peindre, Paris, Bauche, 1757) et bien sûr l'encyclopédie de Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque (Encyclopédie méthodique des Beaux-Arts, Paris, Panckoucke, 1788-1791).
Le Dictionnaire de Marsy (en deux volumes) fait ainsi directement suite au dictionnaire que Félibien publie dans ses Principes de l'Architecture, de la Sculpture et la Peinture (Paris, Coignard, 1676), mais en développant considérablement le nombre de termes. De Marsy prend d'ailleurs de la distance par rapport à ce premier dictionnaire, dont il souligne les erreurs à de nombreuses reprises. En revanche, comme on pouvait s'y attendre, il fait très fréquemment référence à Dufresnoy et à son De Arte graphica, à De Piles (sans citer sa source avec précision) et à son poème, le Pictura Carmen, rédigé peu d'années auparavant.
Son éloge est publiée en 1768 par Guillaume Nicolas Desprez (1713-1795).
Michèle-Caroline Heck
MARSY, François-Marie de, Dictionnaire abregé de peinture et d'architecture où l'on trouvera les principaux termes de ces deux arts avec leur explication, la vie abrégée des grands peintres & des architectes célèbres, & une description succinte des plus beaux ouvrages de peinture, d'architecture & de sculpture, soit antiques, soit modernes, Genève, Minkoff Reprint, 1972, 2 vol..
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QUOTATIONS
ACADEMIE. Dessein fait au craïon d’après le modéle. Voyez Etude.
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ACADEMIE, Ecole publique. Academie de Peinture, d’Architecture.
L’ACADEMIE Romaine de Peinture, autrement appellée l’Academie de S. Luc, est la plus célébre de toutes les Academies de Peinture. Elle fut fondée par Grégoire XIII, à la sollicitation du Mutian, Peintre fameux, qui lui légua deux maisons, & qui l’institua son heritiere supposé que ses enfans ne laissassent point de postérité.
En 1676 l’Academie Romaine désira de s’unir avec l’Academie des Peintres François, & lui proposa de faire une aggrégation mutuelle des deux compagnies. [...]
Pour commencer cette union, l’Academie Romaine choisit le Brun pour son Prince, honneur qui n’avoit jamais été accordé aux Etrangers.
LOUIS XIV fonda à Rome en 1665 une Academie pour les Peintres François, dont Errard fut le premier Directeur.
L’ACADEMIE de Peinture & de Sculpture de Paris, dut sa naissance aux demêlés qui survinrent entre les Maîtres Peintres & Sculpteurs de Paris, & les Peintres Privilegiés du Roi, que la Communauté des Peintres voulut inquieter. Le Brun, Sarrazin, Corneille, & les autres Peintres du Roi formerent le projet d’une Academie particuliere, & ayant présenté à ce sujet une Requête au Conseil, ils obtinrent un Arrêt, tel qu’ils le demandoient, datté du 20 janvier 1648. [...] Les premiers membres de cette Academie furent le Brun, Errard, Bourdon, la Hire, Sarrazin, Corneille, Perrier, Beaubrun, le Sueur, d’Egmont, Vanobstat, Guillin &c. Description de Paris par Mr Pig.
[...] Il y a aussi en France une Academie Royale d’Architecture : elle fut fondée en 1671, & eut pour premiers membres, le Vau, Gitard, le Pautre, d’Orbay &c.
BEAUBRUN, les
BOURDON, Sébastien
CORNEILLE, Michel (dit Michel Corneille l'Ancien ou le Père)
D'ORBAY, François II
EGMONT, Juste d'
ERRARD, Charles
GUILLAIN, Simon
GUITTARD, Daniel
LA HYRE, Laurent de
LE BRUN, Charles
LEPAUTRE, Antoine
LE SUEUR, Eustache
LE VAU, François
MUZIANO, Girolamo
PERRIER, François
SARRAZIN, Jacques
VAN OPSTAL, Gérard
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ACCOMMODEMENT, terme de peinture, qui signifie ajustement, manière d’àrranger, d’Accommoder. Il ne se dit que des draperies : mais il comprend tout ce qui concerne leur ajustement, le choix des étoffes, & l’agencement des plis. On dit : les Accommodemens des draperies, un bel Accommodement.
ADOUCIR, terme de peinture. On adoucit les couleurs en affoiblissant les teintes.
On adoucit les traits en les marquant moins.
On adoucit un visage en lui donnant plus de douceur, & en corrigeant la rudesse des traits qui tranchent trop.
AGENCEMENT, AGENCE, termes de peinture. Agencement & arrangement sont des mots à peu près sinonymes. Agencement des parties: Agencement des plis : un bel agencement : des plus bien agencés.
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AIR, ce mot est terme de peinture dans les phrases suivantes, de beaux airs de tête. Le Guide donne de beaux airs de tête à ses figures.
AMATEUR, c’est un terme particulierement consacré à la Peinture. Il se dit de tout homme qui aime cet Art, & qui à un goût décidé pour les Tableaux. Les italiens disent Virtuoso.
AMATEUR, c’est un terme particulierement consacré à la Peinture. Il se dit de tout homme qui aime cet Art, & qui à un goût décidé pour les Tableaux. Les italiens disent Virtuoso.
ANTIPATHIE, se dit des couleurs mal assorties, & dont le mélange est désagréable : on l’oppose à amitié. Voyez ennemi.
ANTIQUE, on appelle Antique, les statues, les bas reliefs, les vases, les Tableaux, & les autres monumens curieux qui nous sont restés de l’Antiquité. Dessiner sur l’Antique, d’après l’Antique. L’Antique à toujours été la règle de la beauté.
APRE’S, [d’] dessiner d’après nature, d’après l’Antique, d’après Michel-Ange.
ARDOISE, espece de pierre que tout le monde connoît, & dont les Architectes se servent principalement pour la couverture des maisons. Les Dessinateurs s’en servent quelquefois pour y tracer leurs esquisses, & elle entre dans la composition de quelques couleurs.
ASSEOIR ; asseoir une figure. Une figure bien assise. Un corps est mal assis, lorsqu’il n’est pas en équilibre, qu’il ne se soutient pas sur son centre, & qu’il semble prêt à tomber.
ASSORTIMENT, terme de Peinture, Proportion & Convenance entre les parties. Un bel assortiment, un mauvais assortiment.
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ATTELIER. C’est ainsi qu’on appelle le Laboratoire d’un Peintre ; être à son Attelier, travailler à son Attelier.
ATTITUDE ; c’est l’action & la posture où l’on met les figures qu’on représente. Il vient du mot Italien Attitudine. « c’est dans le goût antique, dit M. du Fresnoy, qu’il faut choisir les Attitudes. »
Le moyen de les rendre belles, est de choisir les plus simples ou les plus nobles selon le sujet, les plus variées, les plus expressives, & les plus naturelles ; de bien prononcer les membres, de faire paroître les Grands, plûtôt que les petits, de les faire contraster dans leur position.
ATTRAPER, atteindre, saisir, exprimer. Ce Peintre attrape bien les ressemblances, les caractéres ; il attrape la manière du Correge.
AUSTERE, terme de Peinture, signifie la même chose que rude, sec & dur.
Une maniere austere, un coloris austere. Le Perugin peignoit austerement, d’une maniere seche & austere.
BAMBOCHADE, on appelle bambochades certains petits tableaux qui représentent des sujets champêtres & grotesques. L’étimologie de ce mot vient de Bamboche, fameux Peintre Flamand qui s’est particulièrement adonné à ce genre ; son nom de famille étoit Pierre de Laar : mais les Italiens lui donnerent le nom de Bambozo, à cause de la singularité de sa taille [...]
BARBOUILLER, BARBOUILLEUR : Ce premier mot ne se prend pas toujours en mauvaise part. Barbouiller une toile, une muraille, c’est l’enduire avec la brosse d’une premiere couche. Barbouiller une figure, ne signifie pas toujours la peindre mal : c’est quelque fois la dessiner ou la peindre légérement, y jetter rapidement les premiers traits, les premieres teintes ; dans ce sens il signifie la même chose qu’ébaucher. Barbouilleur est toujours un terme de mépris.
BEAU [Le] le beau en peinture, est la connoissance & le choix de ce que la nature a fait de plus beau, de plus exquis, de plus pittoresque. Ce n’est pas assez de considérer la nature en général, & de la connoître telle qu’elle se montre fortuitement dans son négligé ; il faut la débarrasser de beaucoup de choses communes & triviales, ou plutôt l’étudier dans ses ouvrages les plus accomplis ; la considerer dans sa perfection & telle qu’elle doit être. C’est où échouent la plûpart des Peintres de l’Ecole Flamande. Ils imitent fort bien la nature, mais ils la choisissent mal.
Semper in eximio quidquid prœftantius orbe
Luminibus natura tuis Spectabilis offert,
Carpere ama, Studioqie Sagax imitare fideli.
Naturam pinxisse parum est, nifi picta venustè.
Rideat, & pulchros ostendat Splendida vultus.
Pictura carmen.
BISTRE, composition dont les Dessinateurs se servent pour les lavis ; on l’emploie aussi dans la miniature : il se fait de la suie cuite & broyée dans de l’eau gommée, ou dans le vinaigre.
BLANC de plomb, c’est le plus beau blanc que nous ayons.
BLANC des Carmes. Ces Peres veulent nous faire un secret d’une chose que tout le monde peut faire aussi bien qu’eux.
Ce blanc n’est autre chose que de la chaux de senlis fort blanche, & passée dans un tamis très fin ; quand elle est claire comme du lait, on en met cinq ou six couches : mais il faut que chacune des couches soit bien séche, avant que d’en appliquer une nouvelle. Il faut aussi les bien frotter avec la brosse ; après cela on frotte l’ouvrage avec une brosse de poil de sanglier, ou avec la paume de la main ; c’est ce qui lui donne ce luisant qui en fait tout le prix.
On fait dans les Indes un blanc plus pur encore, & plus luisant avec de la chaux vive, mêlée avec du lait & du sucre, dont on enduit les murailles, que l’on polit avec une pierre d’agathe. Cet enduit les rend d’un poli qui imite la glace, & dont le plus beau blanc des Carmes n’approche pas.
BLANC d’Espagne. Il se fait avec l’étain de glace qu’on dissout dans du nitre. Les Peintres s’en servent pour leurs esquisses.
BLANC de perle. Voyez BISMUTH
BLEU, couleur très-douce & très-fuiante, qui se fait avec l’Azur ou l’Outremer, avec l’Indigot, & plusieurs autres compositions telles que le sable, le sel, le nitre & la limaille de cuivre fondus & broyés ensemble. On peint ordinairement d’outremer, les ciels, les nuages, la mer, &c.
On distingue différentes nuances de bleu.
BLEU blanc.
BLEU mourant.
BLEU céleste/
BLEU Turquin, [foncé.]
BLEU Pers, [entre le verd & le bleu, c’est la couleur de certains yeux. ]
BLEU d’enfer, ou noirâtre, &c.
BLOND, couleur entre le blanc & le roux.
BLOND doré.
BLOND ardent.
BLOND fade.
BLOND de filasse.
BLOND cendré, c’est le plus beau.
Ce n’est pas une chose aussi infifférente pour les Peintres qu’on le croirait, de charger ou d’éclaircir le teint de leurs Dieux ou de leurs Héros, & de faire de leurs Déesses des blondes ou des brunes. Ce seroit une faute de donner un visage brun & des cheveux noirs, à Apollon ou à l’Aurore, oude peindre Mars & Jupiter en Blondins.
BORDURE, ce qui borde un tableau, une riche bordure, une bordure commune, une bordure d’or bruni, d’or bronzé « Les bordures dorées, dit, Mr l’Abbé du Bos, jettent un nouvel éclat sur les couleurs, & semblent, en détachant les tableaux des objets voisins, réunit mieux entr’elles les parties dont ils sont composés. » réfl. sur la peinture.
BROYER, BROYEMENT, BROYEUR
BROYER des couleurs sèches, c’est les casser, les piler, les réduire en poussiere, ce qui se fait avec le pilon, avec la pierre ou quelqu’autre instrument semblable.
BROYER & mêler, sont des mots qu’il ne faut pas confondre. On broye les couleurs sèches sur le marbre. On mêle les couleurs liquides sur la palette.
On appelle broyement l’action de broyer, & broyeur celui broye. Le peintre peut faire broyer ses couleurs ; mais il doit les mêler lui-même. Les couleurs bien ou mal mêlées, sont en partie le bon ou le mauvais coloris.
BRUN-ROUGE, c’est ainsi qu’on appelle une espéce d’ocre d’un rouge foncé.
BURIN, instrument d’acier, dont la pointe se termine en lozange, & avec lequel on grave sur le cuivre & sur d’autres metaux.
Les Estampes gravées au burin, sont beaucoup plus douces que celles que l’on grave à l’eau forte : c’est ce qu’on appelle les premieres, tailles douces.
CABINET. On appelle cabinets les lieux ornés de tableaux, d’estampes, de desseins, de modèles, de pierres gravées, & d’autres curiosités de cette nature. Le cabinet de M. Crozat étoit un des plus riches de l’Europe, sur-tout pour la collection des desseins. Il en avoit rassemblé jusqu’à dix-neuf mille.
CALQUER, c’est imprimer sur du vélin, ou sur quelqu’autre matiére, les principaux traits d’un dessein ou d’une estampe, en posant le vélin sous l’estampe, & en passant légérement une pointe fort douce sur chaque trait du dessein, dont l’image s’imprime sur le vélin, au moyen d’un papier craionné de rouge ou de noir, qu’on met entre l’estampe & le vélin, en sorte que le côté craionné regarde le vélin.
Quand au lieu de passer la pointe sur le dessein, on le pique, & qu’ensuite on le frotte avec du noir, cela s’appelle poncer. Voyez PONCER.
CAMAYEU. On appelle ainsi certains desseins & tableaux de clair-obscur. On s’en sert pour représenter en Peinture toutes les figures de marbre ou de métal, aussi bien que les bas-reliefs. Les Lapidaires appellent camayeux certains morceaux de marbre, d’agathe, & d’autres pierres, qui par les veines qui s’y trouvent naturellement, représentent des figures d’hommes, d’animaux, d’arbres, &c. C’est là l’origine la plus naturelle du mot camayeu, pris comme terme de Peinture. On dit : peindre en camayeu, un plafond orné de camayeux, de beaux camayeux.
CAPITAL, terme de peinture, se dit en parlant du dessein. Un dessein Capital, est un dessein qui renferme une composition de quelque importance, & qui pourroit faire la matiere d’un tableau. L’esquisse d’un pied, d’un bras, d’une tête, d’une figure même, à moins que cette figure n’exprime une action sensible & remarquable, ne peut être appellée dessin Capital. Les Curieux font grand cas des desseins Capitaux.
CARACTERE. Les Peintres entendent par ce mot, les qualités qui constituent l’essence d’une chose, & qui la distinguent d’une autre. Caractere des objets, caractere des passions.
Chaque espéce d’objet demande une marque différente de distinction, la pierre, les eaux, les arbres, la plume, &c.
Chaque animal demande une touche différente, qui exprime fidélement sont caractere ; le nud même des figures humaines a ses marques de distinction. De Piles, cours de Peint.
CARMIN, couleur rouge, fort éclatante. Rouge de carmin. Le carmin se fait de plusieurs matiéres, mais plus ordinairement avec la graine de cohan, avec la cochenille & le rocourt : on les pulvérise, & on les fait bouillir dans de l’eau de riviere, y ajoutant un peu d’alun de roche. L’écume qui en sort compose un fort beau carmin, on la laisse dessécher, ensuite on la broye, & on la conserve dans des godets. Lorsqu’on s’en sert, il faut la délayer dans de l’eau gommée. On employe le carmin dans les enluminures, pour les lavis, & sur-tout dans la mignature. On dit enluminer de carmin, laver de carmin, tremper de carmin. [...]
CARNATION, se dit des chairs & des parties nues d’un tableau, prises ordinairement dans leur totalité, de belles carnations. La fraîcheur des carnations. Les carnations du Titien. On ne le dit gueres des parties solides & charnues considérées séparément. On ne dit pas, ce bras, cette cuisse est bien de chair : mais en parlant des parties plus délicates, & plus colorées, comme les jouës & la bouche, on peut, & même il faut dire ces jouës, cette bouche, sont d’une belle carnation, & non pas cette bouche & ces jouës sont bien de chair.
CARTON. On appelle cartons certains desseins de tapisseries, que les Peintres sont pour servir de modéles aux ouvriers. On dit : les tapisseries de Flandres, des Gobelins, sont faites sur les cartons de Rubens, de Jule Romain. Le Brun en a fait les cartons. Les cartons sont de Raphaël. Dans cette acception, il ne se dit jamais qu’au pluriel. Le Dictionnaire de l’Academie, à oublié ce mot pris dans l’acception dont je viens de parler.
On appelle encore cartons, certaines esquisses en grand, tracées sur du carton, d’après lesquelles les Peintres peignent à fraisque.
CATOPTRIQUE, science qui enseigne & qui explique les effets de la lumiere réfléchie ; c’est une des parties de l’Optique, dont la connoissance est la plus essentielle aux Peintres.
CENDRE d’azur, ou cendre bleuë. c’est de l’azur broyé, lavé, & pulvérisé.
CENDRE verte. C’est une poudre bleuë qui vient de Flandre, & dont les Peintres se servent pour les païsages, & pour les lavis. Elle est sujette à se décharger, & elle devient verdâtre, c’est ce qui fait que les Peintres la nomment cendre verte.
CERUSE. Voyez BLANC DE PLOMB.
CHAIR [couleur de] on appelle couleur de chair, le blanc nuancé de rouge. Chair, se prend aussi quelquefois pour carnation. Voyez carnation.
CHAMP, terme de Peinture. Dans le sens propre, on appelle champ du tableau, le fond du tableau même ; dans le figuré on appelle champ, toute partie qui en soutient une autre, ou qui est placée derriere elle. On dit cette partie sert de champ à un bras, une terrasse sert de champ à une figure, une figure sert de champ à une autre, un ciel sert de champ à un arbre. On employe aussi le terme de fond dans cette seconde acception, & M. de Piles prétend qu’il est mieux de s’en servir en parlant des objets particuliers. Une draperie fait fond à un bras, une terrasse fait fond à une figure.
CHARBON, CHARBONNER. Charbonner une figure, une esquisse, une muraille ; c’est y tracer des figures avec du charbon.
Le charbon & la craye ont été vraisemblablement les premiers crayons des Peintres.
Pallida signabant cretâ simulachra tenaci,
Fingebant-ve rudes bruto carbone figuras.
Pictura.
Ils emploient aujourd’hui le charbon de saule pour leurs esquisses.
CHARGE, CHARGER. On appelle proprement charges ou tableaux chargés, des représentations où l’on exagére les choses en bien ou en mal, mais plûtôt ordinairement en mal.
Un Peintre satyrique en trois ou quatre coups de pinceau, fait un portrait ridicule, mais fort ressemblant, quoiqu’en laid, en exagérant la difformité de la personne qu’il représente.
On appelle encore charges certains caprices, & certaines figures grotesques : par éxemple, des animaux avec une figure humaine, des hommes avec des pieds d’animaux, des femmes sous la figure d’un pot ou de quelqu’autre vase.
C’est une espéce de genre burlesque que le mauvais goût, qui corrompt tous les Arts, a introduit dans la Peinture.
[...] Il est une troisième espéce de charges, qui sont à la vérité contre l’éxactitude du dessein, mais ce sont des licences permises aux Peintres, & même nécessaires en certains cas. Dans certaines distances, il faut nécessairement charger les objets : c’est la premiere régle de la perspective. « Il y a des contours chargés, qui plaisent, dit Mr de Piles... On ne peut s’empêcher de louer dans quelques grands ouvrages les choses chargées, quand une raisonnable distance, d’où on les voit les adoucit à nos yeux. »
On dit charger un portrait, faire des charges, charger des contours ; les charges d’Annibal Carache, de Callot, &c.
Une belle charge, une charge ridicule.
CHEVALET, machine de bois, espéce de pupitre, sur quoi les Peintres posent leurs tableaux, dans le tems qu’ils y travaillent. Tous les ouvrages de moyenne grandeur, s’appellent tableaux de chevalet. Le Poussin n’a guéres fait que des ouvrages de chevalet.
CHOIX, terme de Peinture.
Sujet d’un beau choix. Un beau choix d’attitudes, de draperies.
Pour qu’un choix soit beau en fait d’ouvrage de peinture, il faut le faire sur ce qu’il y a de plus délicat, de plus accompli, de plus excellent, & de plus pittoresque dans la nature. Voyez l’article BEAU.
Vouet en peignant les avantures d’Ulisse dans une des galeries de l’Hôtel de Bullion n’a pas pris un sujet d’un beau choix, en représentant dans le troisiéme tableau, d’Ulisse qui scie une planche de navire en présence de Calypso.
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CHROMATIQUE, c’est la toisiéme partie de la Peinture, autrement appelée coloris ; elle comprend tout ce qui regarde la nature, le broyement, le mélange, le maniment, l’emploi, la valeur, l’union, & l’harmonie des couleurs, le clair obscur, la perspective, les réflets, & la dégradation des jours & des ombres. Voyez COLORIS.
CINABRE, c’est une espéce de vermillon.
Le Cinabre naturel est un minéral ou fossile qu’on trouve dans la terre. Il est d’un fort beau rouge. L’artificiel se fait avec du mercure, & du souffre.
Le Cinabre se broye & se prépare dans de l’urine d’enfant, que l’on renouvelle trois ou quatre fois ; lorsqu’on l’employe, on le lave dans de l’eau gommée.
CLAIR-OBSCUR, c’est un seul mot, il répond au chiaro-scuro des Italiens. On entend en général par clair-obscur, l’opposition & le contraste des parties claires, & des parties obscures du tableau. L’Artifice du clair-obscur consiste à distribuer sçavamment les jours& les ombres, à les faire contraster agréablement, à choisir une lumiere avantageuse, à placer de grandes masses d’ombres à côté des grandes masses de lumieres.
On entend aussi par clair-obscur, le mélange de deux seules couleurs, l’une blanche, l’autre brune, dont on peint certains tableaux sans y employer d’autres couleurs. Le blanc marque les jours ou les clairs, & le brun marque les ombres, c’est ce qu’on appelle peindre de clair-obscur.
La plûpart des tableaux & des fraisques du Caravage, sont de clair-obscur.
Les premiers Peintres avant l’invention des autres couleurs, ne peignoient que de clair-obscur.
Les desseins à la plume, au pinceau, où au crayon, dont les jours sont marqués par le blanc du papier, & les ombres par une couleur brune ou noire, s’appellent aussi desseins de clair-obscur. Dessiner de clair obscur, laver de clair-obscur.
Les desseins à la plume, au pinceau, où au crayon, dont les jours sont marqués par le blanc du papier, & les ombres par une couleur brune ou noire, s’appellent aussi desseins de clair-obscur. Dessiner de clair obscur, laver de clair-obscur.
COLLE. Les Peintres emploient plusieurs espéces de colles ; les plus usitées sont la colle forte, la colle de gand, la colle de poisson.
COLORIER, c’est employer des couleurs, c’est proprement peindre : dans ce sens il faut dire colorier, & non pas colorer. Le Soleil colore les objets, mais le Peintre les colorie Colorier se dit donc de la couleur adherante qu’un Peintre imprime sur un tableau.
Mr Mariette, d’ailleurs homme de goût, s’est servi improprement du mot colorer dans plusieurs endroits de son catalogue raisonné du Cabinet de Mr Crozat, entr’autres pag. 92 ligne 30. « Ce sujet est peint à l’huile, & coloré sur un carton, & page 93, ligne 29. des desseins agréablement colorés, il falloit dire coloriés. »
LE COLORIS n’est autre chose que les couleurs employées, considérées dans leur totalité.
Tout l’artifice du coloris, consiste à imiter les couleurs apparentes des objets naturels, & à donner aux objets artificiels la couleur la plus avantageuse, & la plus propre pour tromper la vûe. De Piles
COLORIs précieux.
COLORIS fier : fierté de coloris.
COLORIS qui sent la farine. Voyez FARINE.
LE COLORIS du Titien du Corrége.
COLORISTE se dit de tout Peintre qui employe des couleurs, bien ou mal. & non pas uniquement ou même par préférence, de celui qui les employe bien, comme le Dictionnaire de l’Académie l’insinue, voici sa définition. Coloriste, Peintre qui entend bien le coloris.
Coloriste est un terme indifférent, qui se prend en bonne & en mauvaise part, bon coloriste, méchant coloriste. Le Brun n’étoit pas un bon coloriste : je ne sçai cependant si l’on ne pourroit pas dire, le Brun n’étoit pas coloriste, & dans cette phrase, supposé qu’elle fut bien Françoise, je conviens que le mot de coloriste sans être déterminé par aucune épithete, se prendroit en bonne part ; mais cela ne prouveroit rien. On dit dans le même sens Mr de S. Evremont n’étoit pas Poëte, quoique le mot de Poëte soit un terme indifférent, & qu’il s’entende dans le langage ordinaire de tout homme qui fait des vers, bien ou mal.
COMPOSITION. Mr de Piles est le premier qui ait donné ce nom à cette partie de la Peinture, que tous les Peintres jusqu’à lui étoient convenus d’appeler INVENTION « On ne s’est servi jusqu’ici, dit-il, que du mot d’invention pour signifier la premiere partie de la Peinture. J’ai cru que pour en donner une idée nette, il falloit l’appeller composition, & la diviser en deux, l’invention & la disposition. »
CONDUIRE, CONDUITE.
Conduire signifie diriger, ménager, distribuer.
Des jours & des ombres conduits judicieusement. Felibien a dit ; un tableau bien conduit de couleurs, c’est-à-dire, où les couleurs sont ménagées, & distribuées avec Art. Il y a beaucoup de conduite dans les compositions du Poussin, c’est-à-dire, beaucoup d’entente & d’ordonnance.
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CONNOISSEUR. Connoisseur n’est pas tout-à-fait la même chose qu’Amateur. Connoisseur en fait d’ouvrages de Peintures, renferme moins l’idée d’un goût décidé pour cet Art, que d’une connoissance fine, & d’un discernement exquis & délicat. On n’est guéres connoisseur, sans être Amateur, mais on peut être Amateur, sans être Connoisseur. Bon Connoisseur, fin Connoisseur. La connoissance des tableaux consiste à sçavoir distinguer ; 1°. si un tableau est bon ou mauvais ; 2°. s’il est original, ou non ; 3°. de quel maître il est.
CONSERVÉ, CONSERVATION.
On dit un tableau, un dessein bien conservé : ce mot s’explique de lui-même. On dit aussi un dessein d’une grande conservation, c’est-à-dire, bien entier, bien conservé.
CONTOUR. On appelle contour, les extrêmités d’une figure, ou les lignes qui l’entourent & qui la terminent en tout sens : il ne se dit que des figures.
Les contours pour avoir de la grace, doivent être arrondis, & bien prononcés, c’est-à-dire, dessinés avec science & avec justesse. Du Fresnoy recommande qu’ils soient polis, grands, coulants, sans cavités, ondoyans, semblables à la flâme ou au serpent.
. . . . Ignis flammantis ad instar,
Serpenti undantes flexu. . . . . .
CONTRASTE, CONTRASTER. En Peinture on entend par contraste, l’opposition réciproque des parties par laquelle elles se font valoir les unes les autres ; le contraste consiste donc dans la position diverse des objets : lorsque les membres par éxemple, se traversent & se portent d’un côté directement opposé. Les figures contrastent entr’elles, lorsqu’elles se regardent dans une attitude différente : une figure contraste avec elle-même, lorsque ses membres sont opposés les uns aux autres, ou lorsqu’ils se croisent avec quelque différence d’attitude. Tout doit contraster dans un tableau, les jours avec les ombres, les membres avec les membres, les figures avec les figures, les groupes avec les groupes ; c’est ainsi que les parties d’une composition se font valoir les unes les autres.
CONTRE-TIRER : voyez CALQUER.
COPIE. On appelle copie, l’imitation d’un tableau original. Il n’est pas toujours aisé de distinguer la copie de l’original. André Delsarte copia un tableau de Raphael qui trompa Jule Romain lui-même, qui avoit travaillé à ce tableau.
CORRECT, CORRECTION, CORRECTEMENT, se disent en parlant du dessein.
Un dessein correct, bien arrêté. Le Titien n’étoit pas toujours correct dans les desseins. Le Poussin dessinoit correctement. Aucun Peintre n’étoit comparable à Raphael pour la correction du dessein.
La correction du dessein dépend de la justesse des proportions, & cette justesse dépend principalement de la connoissance de l’Anatomie, & du corps humain.
COSTUMÉ, ce mot est tout Italien ; il signifie proprement usage, coutume.
On l’entend ; 1°. de tout ce qui concerne les usages, les mœurs, les habillemens, les armes, la physionomie, & la façon de vivre de chaque peuple : ainsi c’est pécher contre le costumé, que d’habiller ou d’armer des grecs, comme des Perses, des Romains, comme des François, de représenter César avec un chapeau, des gans une perruque ; 2°. on entend par Costumé, tout ce qui regarde la chronologie, l’ordre des temps, & la vérité de certains faits connus de tout le monde.
Raphaël a péché contre le costumé, lorsqu’il a représenté les modestes Archidiacres de l’Eglise Romaine du temps de S. Leon, avec tout l’éclat & tout le faste que la Cour de Rome avoit du temps de Leon X.
Paul Veronese a péché contre le costumé en plaçant des Bénédictins au festin de Cana ; 3°. on entend par costumé tout ce qui concerne les bienséances, le caractére & les convenances propres de chaque âge & de chaque condition : ainsi c’est pécher contre le costumé que de mettre la tête d’un jeune homme sur le corps d’un vieillard, ou une main blanche sur un corps halé, d’habiller un Hercule d’une étoffé légére, & un Apollon d’une grosse étoffe.
4°. Enfin l’on entend par costumé tout ce qui regarde la nature, la qualité & la propriété esentielle des élémens, des corps & de toutes les choses naturelles.
Ne pas observer toutes ces choses, c’est pécher contre le costumé. Telle est la véritable signification du mot costumé, que les Auteurs du Dictionnaire de Trévoux ont bien mal entendu. Il seroit difficile de le définir plus mal qu’ils n’ont fait. Voici cet article tel que je l’ai trouvé dans l’Edition en 5 volumes de l’année 1721.
« Costume, terme de Peinture. Delineatio. Les grands Peintres Lombards se sont plus attachés à ce qui regarde la couleur, qu’à ce qui regarde le dessein, & à ce qu’on appelle costumé. »
Felibien
Il seroit inutile de relever l’erreur visible de ces lexicographes, qui ont confondu le costumé avec le dessein, Delineatio, comme si c’étoient des mots synonimes. Je remarquerai seulement que ce qui a occasionné cette erreur, c’est la passage même de Felibien qu’ils ont cité, & qu’il n’ont pas compris. Ils ont cru que ces derniéres paroles à ce qui est du dessein, & à ce qu’on appelle costumé, renfermoient précisément la même idée, & que par le mot de dessein & de costumé, Félibien n’entendoit qu’une même chose.
COUCHE. COUCHER. En terme de Peinture couche, ou enduit de couleurs, sont des mots synonimes. Premiere couche, seconde couche, derniére couche.
On dit : coucher des couleurs, coucher du vernis : coucher légérement, coucher à grands coups.
COULER [le] subs. Les Peintres appellent le couler, la premiere couche de couleur, ou la premiere teinte que l’on donne aux objets.
Pour donner du corps au couler, c’est-à-dire, pour fortifier cette premiere teinte, il faut employer des couleurs épaisses, & les coucher à grands coups.
COULEUR, drogue dont se sert pour peindre. On trouvera dans ce Dictionnaire selon leur rang, le nom des plus communes & des plus usitées. Il y a des couleurs naturelles, il y en a de factices. Il faut préparer les couleurs, les tremper, les broyer, les mêler.
Il y a une grande différence entre couleur, & coloris : les couleurs sont, comme je l’ai dit, ces matiéres molles & liquides, jaunes, vertes, rouges, bleues, qu’on emploie pour peindre ; le coloris est l’effet qui résulte des couleurs lorsqu’elles sont employées.
Couleurs tendres.
Couleurs amies.
Couleurs fiéres.
Couleurs fondues.
Le ton, l’harmonie, l’union & l’amitié des couleurs. Voyez COLORIS.
CRAYE, terre bitumeuse fort blanche, assez dure pour servir dans les constructions. La ville de Rheims n’est presque bâtie que de pierre de craye.
Il est une autre espéce de craye, fort blanche aussi, & quelquefois rouge, dont les artisans se servent comme de crayons ; elle est beaucoup moins dure que l’autre.
CRAYON, CRAYONNER. Le crayon est une espéce de pierre tendre dont se servent les Peintres pour dessiner, ou pour esquisser. Il y a des crayons naturels, & des crayons factices, de toutes les couleurs.
Les crayons naturels, sont la pierre sanguine, le charbon de saule, la mine de plomb, &c.
Les crayons artificiels, sont des mélanges de certaines poudres qu’on détrempe, qu’on pétrit & qu’on réduit en bâtons, & quelquefois en petits pains, qui s’appellent Pastels. Voyez PASTEL.
CRAYONNER, c’est tracer des lignes avec le crayon.
Dans le sens figuré, on appelle crayons les desseins & les esquisses qui se font au crayon : dans ce sens crayonner, signifie esquisser, dessiner.
CURIEUX, CURIOSITÉ. Un curieux en Peinture, est un homme qui amasse avec choix tout ce qu’il y a de plus rare en desseins & en tableaux : ces raretés s’appellent curiosités.
Curiosités en Peinture, Cabinet curieux, Piéces rares & curieuses.
Curieux signifie quelquefois recherché.
Le Titien étoit curieux dans son coloris ; Raphaël étoit curieux dans le choix & dans les accomodemens des Draperies.
Quelques modernes se sont servis du mot de curiosité, dans une acception des plus nouvelles.
Mr Mariette a dit : le nom de Mr Jubach substitera long-temps dans la curiosité, c’est-à-dire, parmi les curieux. Descript. du Cabinet de Mr Crozat.
De Marsy cite Everhardt Jabach ( 1610-1695) comme exemple exemple de curieux-collectionneur.
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De Marsy cite Everhardt Jabach (1610-1695) comme exemple de curieux.
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DÉLICAT, DÉLICATESSE, DÉLICATEMENT.
Un pinceau délicat. Le Correge étoit un Peintre délicat, ses païsages sont touchés délicatement, il avoit une grande délicatesse d’expression.
DÉLINEATION, description qui se fait qui se fait par lignes. Voyez l’article DESSEIN.
DESSEIN, DESSINATEUR, DESSINER.
I°. On entend par le mot de dessein, tout ce qui regarde l’attitude, le mouvement, l’équilibre & la pondération des corps, la configuration des parties, la proportion & la simétrie des membres.
2°. On appelle plus particuliérement desseins certaines représentations de figures, de païsages, de morceaux d’Architecture, &c. qui se font à la plume, au crayon, ou même au pinceau, mais sans autre couleur que le crayon, ou l’encre de la Chine, ou quelqu’autre composition semblable.
Desseins à la plume.
Desseins au crayon.
Desseins lavés.
Desseins en grisailles.
3° On appelle dessein, la pensée ou le plan d’un tableau que le Peintre jette rapidement sur le papier pour juger de l’effet du tableau qu’il médite ; dans ce sens esquisse & dessein, sont des mots presque sinonimes.
4°. On appelle encore dessein, la représentation de certaines parties détachées ; par exemple d’un bras, d’une tête, d’un pied, d’une main que les Peintres font pour leur usage, ou pour l’instruction de leurs éléves : dans ce sens, dessein & étude, signifient une même chose ; cependant il est mieux dans cette occasion de se servir du mot d’étude.
5°. Enfin l’on appelle desseins certains modéles que les Peintres font pour les ouvriers, pour les Manufactures d’Etoffes & de Tapisseries.
Ceux qui les font & qui se bornent à ces sortes d’ouvrages, s’appellent Dessinateurs.
Dessinateur pour des ouvrages de Menuiserie ou d’Orfévrerie.
Dessinateur pour les Etoffes.
Dessinateur des Gobelins.
Le mot de dessinateur s’étend aussi en général à toutes les personnes qui dessinent : Raphaël & Michel Ange, ont été les plus grands dessinateurs qui ayent paru depuis le renouvellement des Arts.
DESSINER, c’est tracer au crayon, ou à la plume, ou bien au pinceau, mais sans autre couleur, des figures, des païsages, ou d’autres représentations.
Dessiner d’après nature, d’après le naturel, d’après l’antique : dessiner de fantaisie.
DÉTACHÉ. On dit d’un tableau que les figures sont bien détachées lorsqu’il n’y a point de confusion, qu’elles sont bien démêlée, & qu’il semble qu’on peut tourner au tour. Un bras bien détaché. Dans un païsage les objets doivent être extrêmement détachés.
DÉTREMPE. On appelle ainsi les couleurs délayées avec de l’eau, de la colle, ou de la gomme sans huile. Peindre en détrempe.
La détrempe a ses avantages aussi bien que la Peinture à l’huile. Sa plus grande utilité est de n’avoir point de luisant & de tenir les couleurs mattes, de telle maniére qu’on les voit dans toutes sortes de jours : avantage que n’ont pas les couleurs à l’huile.
DIOPTIQUE, c’est la partie de l’Optique qui explique les effets de la réfraction de la lumiére.
DISPOSITION. Voyez ORDONNANCE.
DISTRIBUER, DISTRIBUTION, termes de Peinture. Des jours ou des ombres bien distribués.
Une belle distribution, une belle ordonnance. Un ouvrage bien distribué.
DRAPER, DRAPERIE. Draper signifie en peinture habiller d’une Draperie, draper une figure. Draper se dit aussi absolument & sans y joindre de régime. M. de Piles a dit : l’Art de draper consiste principalement, &c.
On appelle draperies les vêtements dont on habille les figures.
Jetter une draperie.
Draperies légères & volantes.
Draperies majestueuses.
Draperies pauvres.
Draperies qui sentent le mannequin ; ce sont celles dont les plis sont durs & plein de roideur. Voyez MANNEQUIN.
Les plis des draperies doivent être coulans, faciles, amples en petit nombre.
Ils doivent être ondoians & voltigeans, en sorte que par leurs sinuosité & par leur mollesse, ils semblent en quelque sorte caresser les figures.
Sint faciles pannis flexus, sit grande volumen,
Sublimes amplique sinus, vaga lintea, parci
Anfractus : ut flamma volent, ut lympha dehiscant
Molliter, ut serpens sinuoso tramite currant,
Ac teretes palpent tactu leviore figuras.
Pictura Carmen.
Draperies de linge mouillé ; ce sont des Etoffes colées & ad’hérentes, que les anciens Sculpteurs employoient, & dont quelques Peintres, comme le Perugin, se sont servi pour draper ; mais elles n’ont jamais plû dans la Peinture ; au contraire elles font un fort bel effet dans la Sculpture : par-là on évite la grandeur & la dureté des plis, on rend les figures plus tendres, & les contours plus marqués. Dans l’orangerie d’Anet il y a une belle fontaine, où l’on voit une statuë de femme, dont la draperie est de linge mouillé, & ressemble si parfaitement à la chemise mouillée d’une femme qui sort du bain, que l’œil y est trompé.
EBAUCHE, EBAUCHER. L’ébauche est la premiere pensée du Peintre, le premier crayon, les premiers traits d’un ouvrage. Une premiere ébauche, une légére ébauche : ébaucher une tête, une figure, un païsage : son opposé est finir. Le Titien ébauchoit plusieurs tableaux, le Tintoret les finissoit.
ECLAT. L’éclat du coloris : l’éclat & la vivacité des couleurs. Les tableaux de Rubens ont beaucoup d’éclat.
ECOLE. On distingue cinq Ecoles ou cinq Classes de Peintres.
L’Ecole Romaine ou Florentine.
L’Ecole Venitienne.
L’Ecole de Lombardie.
L’Ecole Flamande & Allemande
L’Ecole Françoise.
On entend par ces noms les peintres Romains, Venitiens, Lombards, Flamands & François,
Les autres nations n’ont point d’Ecole qui porte leur nom ; ainsi l’on ne doit pas l’Ecole d’Espagne, l’Ecole d’Angleterre.
[...]
L’Ecole de Rome s’est principalement attachée au dessein.
L’Ecole de Venise au coloris.
L’Ecole de Lombardie à l’expression.
Et l’Ecole Flamande au naturel.
L’Ecole Françoise a varié dans ses principes.
Plusieurs Peintres célébres ont fondé des Ecoles particulieres qui portent leur nom : l’Ecole de Raphaël, l’Ecole des Carraches, l’Ecole du Titien.
On entend par-là, les Peintres qui ont été les éléves de ces grands hommes, ou qui ont travaillé dans leur maniére.
CARRACCI, les
École allemande
École flamande
École florentine
École française
École lombarde
École romaine
École vénitienne
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
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ECONOMIE, disposition, ordonnance, harmonie des parties.
L’économie d’un tableau.
Economie du dessein.
Une belle économie.
EFFET, ce qui est produit, ce qui résulte. Un bel effet de lumiére. Les grands plis font un bel effet dans les draperies. un bel effet de clair obscur.
ELÉGANCE, ELÉGANT : élégance du dessein. Peintre élégant, contours élégans, bâtiment élégant.
En fait de Peinture, l’élégance est l’Art de représenter les choses avec choix, d’une maniere polie, & avec agrément : avec choix, en se mettant au-dessus de ce que la nature & les Peintres sont ordinairement : avec politesse, en donnant aux choses un tour délicat qui frappe les gens de goût, & avec agrément, en répandant sur tout l’ouvrage ces graces naturelles & piquantes, qui plaisent à tous les hommes. De Piles.
ELÉVE, disciple : c’est un terme particulierement consacré à la Peinture. Les Italiens disent Allievo. Avant l’institution des Académies, & des Ecoles publiques, les jeunes gens qui se destinoient à la Peinture, s’attachoient à des Maîtres particuliers dont ils suivaient les leçons, & qu’ils aidoient ensuite dans leurs ouvrages. Ils prenoient leur maniere, & souvent leurs défauts. Le Perugin pensa gâter Raphaël, qui étoit son éléve, & qui suivit pendant quelque temps la maniere séche & rude de son maître.
ELOIGNEMENT, se dit principalement de certains objets de perspective qui semblent fuir & s’éloigner considérablement. Dans l’éloignement de ce tableau, on voit une riviere, des montagnes. La Forêt de Dodone, peinte par Servandoni, présentoit un bel éloignement : on se sert aussi du mot lointain.
Nunc œquora pingit,
Luminibus fictas procul ostendentia rupes :
Sive recedenti fugitiva palatia Saxe,
Insidias factura oculis.
Pictura Carmen.
EMBLEME, EMBLEMATIQUE, l’emblême est un tableau enigmatique, qui sous une ou plusieurs figures, renferme une allégorie, tantôt morale, tantôt galante, tantôt historique, tantôt dévote, tantôt satyrique, dont le sens est ordinairement déterminé par des paroles.
Tableau emblêmatique : figure emblêmatique.
Voici la définition de Trévoux, Edit. 1721. Espéce d’énigme en tableau, qui en représentant quelque Histoire connuë, avec quelques paroles au bas, nous apprend quelque moralité, ou nous donne quelqu’autre connoissance.
Il y a autant de fautes que de lignes dans cet article.
1°. Il n’est point de l’essence de l’emblême de représenter un sujet historique. Toutes sortes de sujets romanesques, fabuleux, galans, satyriques, peuvent être représentés par l’emblême.
2°. Les paroles peuvent au haut & au milieu, comme au bas de l’emblême.
3°. Il est des emblêmes qui ne contiennent point de moralité, ni rien qui mérite le nom de connoissance, tels que les emblêmes satyrique, & les emblêmes de galanterie ; ainsi la définition est fausse dans tous ses points.
EMBOIRE, EMBU, on dit que les couleurs s’emboivent, qu’un tableau est embu, lorsque les couleurs n’en paroissent pas bien, & qu’elles ont un certain mat, qui leur ôte leur luisant, ce qui arrive quand les couleurs sont trop noyées, quand on y met trop d’huile, ou quand on les applique sur une couche qui n’est pas encore séche.
On fait revenir les couleurs le vernis ou du blanc d’œuf battu.
EMPASTER, EMPASTÉ, empâter un tableau, c’est y coucher des couleurs épaisses, le bien nourrir de couleurs. Empâter s’oppose à épargner. Voyez ce dernier mot.
Empâter des couleurs, c’est les faire épaisses. Un tableau bien empâté. Je crois qu’on pourroit aussi se servir du mot empâtement. L’empâtement d’un tableau, l’empâtement des couleurs.
ENCRE, liqueur dont les Dessinateurs se servent.
Encre noire.
Encre verte.
Encre rouge.
Encre bleue.
Desseins à l’encre, desseins à l’encre de la Chine.
La meilleure encre après celle de la Chine qu’on puisse employer pour les desseins, se fait de la maniere suivante. Prenez du noir de fumée, que vous broyerez long-tems sur le marbre, avec de l’eau bien gommée ; vous y mêlerez un peu d’indigo bien broyé ; vous broyerez encore le tout pendant deux heures, après quoi vous le réduirés en bâtons de la hauteur de que vous voudrez. Les ayant taillés avec un couteau, vous les marquerez si vous voulez avec un moule de fer ou de bois froté de noir, afin que la gomme ne les attache pas contre les parois du moule. On peut se servir de noir de noyaux de pêche, ou de noir d’os, ou d’ivoire, au défaut de noir de fumée, en brûlant les matieres dans un creuset étouffé d’une brique, qui en bouche bien l’ouverture.
ENDUIT, en terme de Peinture se dit ; 1°. des couches de stuc qu’on applique sur les murailles que l’on peint à fraisque ; 2°. des couches de couleurs. Enduire de couleurs. Un enduit de couleurs. Enduit de stuc.
ENFUMER, noircir. Un tableau enfumé, est un tableau fort vieux que le temps à noirci ; quelquefois on enfume des tableaux modernes, pour leur donner un air d’antiquité.
ENLUMINER, ENLUMINEUR, ENLUMINURE, se dit proprement des estampes. Enluminer une estampe, c’est la colorier, la laver avec des couleurs gommées.
L’enluminure est l’Art d’enluminer. Cet Art est très-facile, & demande au plus cinq ou six leçons ; voici en quoi il consiste. On colle sur une toile, ou sur une planche, l’estampe que l’on veut enluminer : on y jette une couche de colle d’amidon le plus blanc que l’on peut trouver. Quand la colle est séche, on étend sur l’estampe avec le pinceau des couleurs en détrempe ; ensuite on passe dessus un vernis de colophane, de therébentine, ou de quelqu’autre composition. Ces ouvrages sont de peu de durée, & jaunissent au bout de cinq ou
six mois.
On appelle encore enluminure, l’estampe même enluminée.
On appelle Enlumineur celui qui enlumine.
Enlumineur d’estampes.
Enlumineur de cartes.
ENNEMI. On appelle couleurs ennemies, celles qui s’accordent mal ; & qui ne peuvent subsister ensemble sans offenser la vûe. Le bleu & le vermillon, sont des couleurs ennemies, leur mélange produit une couleur aigre, rude & désagréable.
ENSEMBLE, ce qui résulte de l’union des différentes parties d’un tableau, s’appelle, l’ensemble, ou le tout ensemble du tableau.
[...] « Le tout ensemble, dit, Mr de Piles, est une subordination générale des objets, les uns aux autres, qui les fait concourir tous ensemble à n’en faire qu’un. C’est un résultat, dit-il encore, des parties qui composent le tableau. L’effet qui en résulte, consiste dans une subordination générale où les bruns font valoir les bruns, & où le mérite de chaque chose n’est fondé que sur une naturelle dépendance. L’Art du tout ensemble, consiste à fixer agréablement les yeux par des liaisons de lumières et d’ombres, par des unions de couleurs, & par des oppositions d’une étendue suffisante pour soutenir les groupes, & leur servir de repos. Ce n’est point assez, ajoute-t-il, que les parties d’un tableau ayent leur arrangement & leur justesse en particulier ; il faut encore qu’elles s’accordent toutes ensemble, & qu’elles ne fassent qu’un tout harmonieux : de même qu’il ne suffit pas pour un concert de musique, que chaque partie ne fasse entendre avec justesse, & demeure dans l’arrangement particulier de ses notes : il faut encore qu’elles conviennent d’une harmonie qui les rassemble, & qui de plusieurs tons particuliers, n’en fasse qu’un. »
Conceptual field(s)
ENTENTE, intelligence. Il y a beaucoup d’entente dans ce tableau. Il y a bien peu d’entente dans cet autre. Une belle entente de lumiéres & d’ombres. Félibien a dit : Un tableau bien conduit d’ententes de lumiéres. Mais cette phrase me paroit barbare.
ENTOILER, coler sur une toile. Entoiler une estampe, these, un dessein.
Conceptual field(s)
EPARGNER, terme de Peinture. Ne point toucher à une chose. Les endroits d’un païsage ou l’on peint un ciel & des nuages, doivent être épargnés, c’est-à-dire, qu’il faut épargner les figures, les maisons, les arbre, &c.
EPISODE, en matiére de Peinture comme de Poëte, on appelle épisode toute action accessoire qu’on ajoute à l’action principale, pour l’étendre ou pour l’embellir. Le démoniaque qui compose un des groupes du tableau de la Transfiguration, peut passer pour un Episode.
EPITHALAME. Les Graveurs de Hollande appellent ainsi certaines estampes, faites en l’honneur de quelques nouveaux mariés, dans lesquelles on les représentes avec des attributs allégoriques, convenables à leur état, & à leur qualité. Il n’y a que les personnes riches qui fassent cette dépense, & l’on ne tire qu’un très-petit nombre de ces estampes, pour les distribuer aux parens & aux amis des mariés. Quand ce nombre est tiré on dore la planche, que l’on met ensuite en bordure, ce qui rend ces sortes de piéces fort rares.
Personne n’a mieux réussi dans ce genre, que Bernard Picart. Ses épithalames sont les morceaux les plus gracieux, & les plus recherchés de ce maître.
ESQUISSE, ESQUISSER. L’esquisse est le premier crayon d’un ouvrage que l’on médite. Les Italiens disent schizzo.
« Les Peintres, dit Félibien, ne dessinent pas d’abord avec justesse toutes les parties, ils en font une légère esquisse, où ils établissent l’ordre de leurs pensées. » Esquisser un bras, une tête, une pensée, un dessein ; son opposé est arrêter, finir, terminer. Les Sculpteurs ont emprunté ce terme, & ils appellent esquisse les premiers modéles de terre ou de cire qu’ils font.
Ebauche & esquisse ne sont pas des mots tout-à-fait synonimes. L’esquisse est proprement la premiere pensée d’un tableau que l’on jette rapidement sur un papier, sur un carton séparé. L’ébauche est le commencement du tableau même, dont on trace les premieres lignes sur la toile. L’esquisse est séparée du tableau. L’ébauche se fait sur le tableau même. Nous avons les esquisses de Raphaël, de Jules Romain : Nous ne sçaurions avoir leurs ébauches : cependant ces deux mots se confondent dans le langage ordinaire ; mais c’est aux Léxicographes à marquer exactement leur signification propre, & c’est ce que la plûpart des Dictionnaires n’ont pas fait, nommément le Trévoux.
Mr de Piles a fait ce mot masculin.
Il a dit des esquisses légers.
DE PILES, Roger
FÉLIBIEN, André
Jésuites de TRÉVOUX
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
ROMANO, Giulio
Conceptual field(s)
ESTAMPE, image qui se tire d’une planche gravée.
[...]
Estampes en taille douce, ce sont ceilent qui se tirent d’une planche gravée au burin : ce furent les premieres estampes.
Estampes à l’eau forte : Leur invention suivit de près l’origine de la Gravüre.
Les estampes à l’eau forte, se gravent avec l’aiguille & avec l’échoppe.
Marsy reprend l'idée de l'origine italienne de cette technique.
Conceptual field(s)
ESTOMPER, c’est dessiner avec des couleurs en poudre qu’on applique par le moyen d’un rouleau de papier, dont le bout sert de pinceau.
ESTROPIER se dit d’une figure, d’un membre dessiné sans justesse, & sans proportions. On estropie une figure, lorsque qu’on fait un pied plus long que l’autre, de petits doigts avec une grande main, un bras trop court, &c. Estropier un bras. Un dessein estropiê.
ÉTUDE. On appelle étude en matiére de Peinture, des desseins particuliers des grands Maîtres, qui ont représenté d’après nature certaines parties qui peuvent entrer dans une composition, des têtes, des bras, des mains, des figures sous différentes attitudes, des animaux, &c. Etudes de Raphaël, d’Annibal Carrache.
EXPOSÉ, EXPOSITION. Tableaux exposés à la vûe, exposés en vente. L’exposition des tableaux à la S. Louis.
EXPRESSION. Dans la division ordinaire, l’expression est comprise dans le dessein ; mais il me semble qu’on devroit en faire une partie séparée. Dessiner & exprimer sont des choses différentes. L’expression est la représentation véritable & naturelle des choses, surtout des mouvemens de l’âme & des passions.
On dit communément que le dessein & le coloris, sont le corps de la Peinture, & que l’expression en est l’âme.
Membris addenda est ignea virtus
Scilicet, atque hebetes anima infundenda per artus.
Singula vitali Spirent animata colore,
Gestus ubique micet vivax, vultusque loquaces
Spiritus intus alat.
Pictura Carmen.
L’expression, dit Mr de Piles, est la pierre de touche de l’esprit du Peintre.
Raphaël, Jules Romain, & le Dominiquin ont excellé dans l’expression, sont la justesse & la vérité, le naturel, la noblesse, la vivacité, la finesse.
EXTREMITÉS. Les extrêmités d’un tableau, sont les parties qui le terminent.
Ces extrêmités doivent être remarquables.
Sint tabulae fines ac certo limite totum
Includatur opus, visis nec plura figuris
Luminibus mendax simulet promittere tela.
Les extrêmités des figures sont la tête, les pieds, les mains, les épaules, les coudes, les genoux, & les autres emmanchemens des membres.
Ces extrêmités doivent être plus travaillées & plus recherchées que tout le reste.
Les extrêmités des jointures doivent être rarement cachées ; si elles étoient couvertes d’une draperie, il est de la science de les marquer par des plis : les pieds doivent toujours être vûs.
Prœcipua extrêmis raro internodia membris
Abdita sint : sed summa pedum vestigianumquam.
Du Fresnoy.
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FABRIQUE, construction, maniére de construire. Cet édifice est d’une belle fabrique.
Fabrique se dit aussi en terme de Peinture, de tous les bâtiments en général que les Peintres représentent, mais plus particulierement de ceux qui ont plus d’apparence.
Ces fabriques sont d’un grand ornement dans les païsages Le Poussin a peint des fabriques Romaines d’un grand goût.
FACE, visage. La face se divise en trois parties égales : La premiere comprend le front : La seconde le nez : Et la troisiéme la bouche & le menton.
Ordinairement les Peintres divisent la figure en dix faces, de cette maniere. [...]
FAIRE, se prend en terme de Peinture, en diverses acceptions. On dit un païsage d’un beau faire, c’est un païsage bien touché, dont les touches sont spirituelles.
Faire signifie quelquefois peindre. Faire l’histoire, faire les animaux : c’est-à-dire, peindre l’histoire, &c.
Faire sec & dur, c’est peindre séchement, & durement.
FANTAISIE, peindre de fantaisie. Les fantaisies de Callot.
FARINE, employer des couleurs claires & fades tout ensemble, faire les carnations trop blanches, & les ombres trop grises, c’est ce que les Peintres appellent donner dans la farine.
FECE, FECER. On appelle du mot latin fœx, la lie qui reflete aux couleurs lorsqu’elles sont mal broyées. Les couleurs de terre fecent beaucoup. Les Auteurs du Dictionnaire de Trévoux, écrivent fesser : on devroit écrire fecer, remarquent-ils, mais on trouve fesser. On peut leur répondre que ceux qui ont écrit ce mot par deux ss ont fait une faute, & que ces Lexicographes en ont fait une seconde en les suivant.
Frictu color unus quisque terendus
Assiduo : quidquam ne faecis adhœreat ollis
Efficiet tritura frequens.
Pictura.
FIAMMETTE, couleur de feu clair. Les Italiens disent fiametta, & les Latins, flammula.
FIER, FIERTÉ, FIEREMENT. On appelle couleurs fieres, les couleurs vives, éclatantes : le blanc est une couleur fiere. Peindre fiérement, c’est employer des couleurs fort vives, ou plutôt les couchers fort vives, ou plutôt les coucher hardiment, & à grands coups. Fierté de coloris : Jules Romain donnoit beaucoup de force & de fierté à ses tableaux. La maniére de Michel-Ange est fiere & terrible.
FIGURE. Quoique ce mot soit fort général, dit Mr de Piles, & qu’il signifie tout ce qui peut être décrit par plusieurs lignes, néanmoins en Peinture, on l’entend ordinairement des figures humaines. Peindre la figure, faire la figure.
Annibal Carrache ne croyait pas qu’on dût faire entrer plus de douze figures dans un tableau : Il exceptoit apparamment certains sujets qui en demandent nécessairement un plus grand nombre ; comme un Jugement universel, un massacre des Innocens, une bataille, une peste. Aristide, un des plus fameux Peintre de la Gréce, a fait entrer cent figures dans le tableau de l’expédition d’Alexandre.
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FINIMENT, FINIR. Finir, c’est achever avec soin, perfectionner. Ce tableau est bien fini. Finiment ne se dit gueres que des petits ouvrages de portraiture, ou de miniature, qui sont travaillés avec beaucoup d’exactitude & de délicatesse. Felibien a dit : il y a un grand finiment dans cet ouvrage.
FLEUR. Les fleurs sont un genre de Peinture, comme les portraits, les païsages, l’histoire. Daniel Segre, Jesuite d’Anvers, s’est borné a peindre des fleurs : il s’est mis en grande estime par la fraîcheur et la légereté dont il les faisoit.
FLOU, terme de Peinture. On dit peindre à flou : c’est peindre avec légéreté, avec tendresse en noyant bien les teintes. C’est le contraire de faire sec, ou de peindre durement, & séchement.
On peint à flou, en repassant légérement sur les traits exécutés par le pinceau, avec une petite brosse de poils plus légers, & plus unis que ceux du pinceau ordinaire.
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FOND. Voyez CHAMP. Fond & champ ne sont pourtant pas des mots absolument synonimes : on dit des fonds blancs, un fond brun, & l’on ne dit pas un champ blanc, des champs bruns. Les fonds blancs donnent une vivacité merveilleuse à un tableau.
FRAISQUE, quelques-uns écrivent fresque, & les Italiens disent fresco.
Peindre à fraisque, c’est peindre sur un enduit encore frais.
Ces Peintures se sont très-rapidement, car en même-temps que le maçon applique le mortier, le Peintre couche dessus ses couleurs, tandis que l’enduit est encore humide, & il ne peut revenir sur ses traits.
On appelle fraisque, non-seulement cette maniere de peindre, mais l’ouvrage même qui est peint de la sorte.
La coupe du Val-de-Grace, est le plus grand morceau de fraisque qui soit dans le monde.
On n’employe pour la fraisque, que des couleurs en détrempe : les principales sont le blanc de plomb, le massicot jaune & blanc, l’orpin, la mine de plomb, le cinabre, la laque, les cendres bleues, le stile de grun, le noir de fumée, le blanc de chaux, &c.
FUIR, FUITE, se dit principalement des objets de la perspective.
La perspective fait fuir les objets. De belles fuites. Couleur fuyantes, ce sont les couleurs les plus légéres, comme le blanc, & le bleu céleste. Draperies fuyantes.
FUSIN, c’est une espéce de crayon fait avec du charbon de l’arbre, qu’on nomme fusin.
GALERIE, piéce longue, voûtée ou plafonnée. Galerie des Peintures. La galerie du Palais Farnese, la galerie du Luxembourg : ce sont d’excellens morceaux de Peinture.
GENIE. Mr de Piles a défini le genie une lumiére de l’esprit, laquelle conduit à la fin par des moyens faciles.
Le genie est ce qui distingue les grands Peintres d’avec les Peintres médiocres ; le genie ne s’acquiert point.
Nascitur, ut vates, naturæ munere Pictor.
Ne quisquam attrectans calamos obstante Minervâ.
Audeat ad sacros picturæ accedere fontes,
Ni Deus ex alto nascenti afflaverit ignes
Ætherios : ni vena fluat pollentibus undis :
Ni menti porrò insideat vis illa creatrix
Atque opifex rerum, quœ, Numinis œmula summi,
Indigesta prius socians elementa colorum,
Et rudibus vitam succis, animum que ministans,
Vertit in effigiem rerum : telâque potenti
Nunc homines spirare jubet, nunc prata vivere,
Ire amnes.
Pictura.
GEOMETRIE. La Geometrie, dit M. de Piles, est le fondement de la perspective & de l’architecture pittoresque. Elle sert aussi pour trouver les justes proportions des membres & des figures. Mais il faut prendre garde de pousser l’exactitude de trop loin, & l’esprit Geométrique peut tout gâter dans la Peinture comme dans la Poësie ; on doit éviter toute affection, des contours trop égaux, des lignes paralléles, & tout ce qui a l’air de figures Geométrales, comme des quarrés & des triangles ; enfin tout arrangement méthodique, d’où résulte, dit du Fresnoy, une ingrate symétrie.
Sive parallelos plures simul, & vel acutas,
Vel Geometrales (ut quadra triangula) formas :
Ingratamque parisognorum ex ordine quandam
Simmetriam.
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GLACIS, est aussi un terme de Peinture : c’est une préparation de couleurs légéres & fuyantes, qu’on applique avec un pinceau fort délié sur un enduit de couleurs encore plus claires. Les glacis contribuent à l’union & à l’harmonie des couleurs.
GOMME, matiere gluante, dont on se sert pour broyer les couleurs en détrempe : On employe ordinairement la gomme d’Arabie. Les couleurs plus épaisses, ont le plus besoin d’être gommées, sans quoi elle s’attachent difficilement.
La gomme gutte ou gutta gamba, est une gomme des Indes dont on fait un très beau jaune, dont on se sert pour la mignature, & pour les lavis ; c’est une couleur fort aisée à employer.
GOUACHE, terme de Peinture. On appelle ainsi une Peinture à l’eau délayée avec de la gomme, où les couleurs sont couchées à plat, en quoi elle différe de la mignature, qui se fait en pointillant.
GOUST, terme qui se prend en différentes acceptions. On dit, un ouvrage de bon goût, de mauvais goût, d’un goût trivial, de grand goût.
On entend par grand goût, quelque chose de grand, de piquant, d’extraordinaire, de sublime même, & de merveilleux. Bon goût, dit quelque chose de moins que grand goût. Un tableau peut être de bon goût, sans être de grand goût. Le goût trivial s’oppose au grand goût, & le mauvais goût au bon goût. Un ouvrage peut être de mauvais goût, & avoir cependant quelque chose de sublime & de merveilleux : tels sont les ouvrages de plusieurs Peintres Flamands.
Goût naturel, c’est celui qui se forme dans l’esprit à la vûe de la simple nature.
Goût artificiel, c’est celui qui s’acquiert par la vûe des ouvrages d’autrui, par la réflexion, par l’étude.
Goût de Nation, c’est celui qui domine chez chaque peuple.
Les différents goûts de Nation peuvent se réduire à cinq.
Le goût Romain, le goût Vénitien, le goût Lombard, le goût Flamand, & le goût François, c’est-à-dire, qu’il y a autant de goûts que d’écoles.
Le goût Romain est plus grand, plus sçavant ; le goût Vénitien plus naturel ; le goût Lombard plus moëleux & plus coulant : le goût Flamand plus simple, & souvent trop simple.
Le goût François tient beaucoup du goût Romain. Voyez ECOLE.
GRACE, grace & beauté, sont des choses fort différentes en Peinture.
LA grace est un certain tour que l’on donne aux choses qui les rend agréables. Une figure peut être dessinée parfaitement, & admirablement coloriée sans avoir cette grace dont nous parlons. Elle sera belle, elle ne sera sera pas gracieuse ; vultu pulchro magis quam venusto, comme Suetone le disoit de Neron : c’est cette grace qui a mis Apelle au dessus de tous les Peintres de l’antiquité, & qui fait préférer Raphaël à tous les Peintres modernes. De Piles.
Cette grace doit se trouver dans tous les sujets, dans les plus tristes, comme dans les plus gais, dans les plus terribles, comme dans les plus agréables, dans les vieillards & dans les soldats, comme dans les femmes & dans les enfans.
Gratia cum primis, decor & nativa venustas
Eniteant tabulis, & Spiret amabile tela,
Nescio quid.
Pictura Carmen.
GRAPPE de raisin, terme de Peinture, dont on se sert pour exprimer l’effet des grands groupes d’ombres & de lumiéres : c’est ainsi que le Titien disoit que dans la distribution des jours & des ombres, il prenoit pour régle la grappe de raisin, c’est-à-dire, qu’il tâchoit de disposer les objets, de telle maniere que les grandes lumieres se trouvassent ensemble & que les grandes ombres fussent pareillement liées entr’elles, comme on le voit dans la grappe de raisin, dont les grains du côté de la lumiere font une masse de clair, & les grains du côté opposé, font une masse d’ombre. Cette comparaison familiere a passé en proverbe chez les Peintres, qui ont depuis appellé ces grands groupes séparés d’ombres & de lumieres, la grappe de raisin.
Fertur Titianus ubique
Lucis & umbrarum normam appellasse racemum.
Du Fresnoy
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GRATICULER. Voyez RÉDUIRE.
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GRAVURE s’entend & de l’Art de graver, & de l’ouvrage même de gravure.
Il est étonnant que le secret de la gravûre sur les cornalines, sur les agathes, & les autres pierres précieuses, secret que possédoient les anciens, ne les ait pas conduits à l’invention de la grâvure sur cuivre ; & qu’ils n’ayent pas imaginé que de même qu’on tiroit sur la cire & sur d’autres matiéres molles, des empreintes des pierres gravées, on pourroit aussi en tirer de pareilles des planches de cuivre : ce dernier secret n’a été connu que vers le milieu du quinziéme siécle. Il n’est pas vrai, comme le dit Felibien, que les Graveurs en pierre ayent été les Inventeurs. Il faut avouer que cette invention à l’autre, le trajet étoit court ; cependant on a été plus de deux mille ans à le faire.
L’invention des estampes est dûe à Manso Finiguerra, où plutôt au hazard, puisque cet Orfévre Florentin rencontra ce secret sans la chercher. Voyez ESTAMPE.
On grave sur différentes matiéres, mais plus ordinairement sur le bois & sur le cuivre. Pour graver sur le bois, on à une planche de poirier ou de buis fort unie, on dessine son sujet sur cette planche, ensuite on évide le bois, en épargnant soigneusement les traits du dessein qui restent de relief. Les instrumens dont on se sert pour ce travail, sont le canif & le cizelet.
Pour graver en cuivre, on a une planche de cuivre rouge, bien battu & bien poli. On dessine son sujet sur cette planche, & on le grave avec le burin. Il faut que le burin soit bien acéré, & de bonne trempe.
La gravûre à l’eau forte demande plus de préparatifs : il faut d’abord chauffer la planche de cuivre sur le feu, ensuite on y étend un vernis que l’on noircit, en exposant la planche à une chandelle, du côté que l’on a appliqué le vernis : après cela on calque sur cette planche un dessein qu’on a fait à part, & que l’on a bien frotté de sanguine, ou d’une autre composition. Par ce moyen la sanguine s’imprime aisément sur le vernis, & y marque tous les traits du dessein.
L’outil dont on se sert pour graver est l’échoppe. C’est une espece d’aiguille ovale le plus ou moins grosse selon la nature du travail. Quand les traits sont bien formés, on coule l’eau forte sur la planche, qu’on a eu soin de border de cire, ensorte que ses petits parois retiennent l’eau forte : on a aussi l’attention de prendre garde que l’eau ne morde pas également tout. Pour cela lorsque certaines parties qui doivent être plus épargnées, ont assez reçû de cette eau, on les frotte d’une composition d’huile & de suif, pour empêcher l’eau forte de pénétrer plus avant.
La gravure au burin est plus tendre & plus délicate.
La gravure à l’eau forte est plus mâle, plus expressive, & plus propre aux grandes ordonnances.
La gravure en bois, quoique susceptible de beauté, est fort négligée aujourd’hui.
Un certain Hugo de Carpi inventa une maniere de graver en bois qui paroissoient lavées de clair obscur.
Il faisoit pour cet effet trois planches différentes pour la même estampe ; l’une servoit pour les jours & les grandes lumiéres, l’autre pour les demi-teintes, & la troisiéme pour les jours & les ombres fortes : ce secret a été renouvellé de nos jours par M..... dont les estampes coloriées ont causé plus de surprise que de plaisir : je dis renouvellé, car son secret pour imprimer des petits tableaux de clair obscur, ne différe de celui de Hugo Carpi, qu’en ce qu’il frotte ses planches de deux ou trois couleurs au lieu d’encre, ce qui forme ces ouvrages amphibies, qu’on ne peut appeller ni tableaux ni estampes.
Gravure à la maniére noire : c’est une maniere de graver, dont l’invention est assez nouvelle : on l’appelle ainsi parce qu’au lieu de préparer la planche en polissant, on la prépare par une gravure fine, croisée dans tous les sens & uniforme, qui l’occupe entierement, ensorte que si on l’imprimoit après la préparation, on en tireroit une empreinte très forte, & également noire par tout.
La gravure noire est donc celle qui au lieu de burin pour former les traits & les ombres, se sert de brunissoir pour tirer les objets de l’obscurité, en leur distribuant peu à peu les lumieres qui leur conviennent.
Marsy reprend l’idée de l’origine italienne de cette technique.
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Marsy reprend l’idée de l’origine italienne de cette technique.
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GRISAILLE, Peinture où l’on n’employe qu’une seule couleur, qui est blanchâtre, ou grisâtre.
Travailler de grisaille : on dit aussi grisailler.
GROUPE, GROUPER. On appelle groupe, l’amas de plusieurs choses accouplées, & assemblées en peloton.
Groupe de figures, groupe d’animaux, groupe d’arbres, de fleurs & de fruits : ces choses font groupe avec ces autres.
Les Italiens disent groppo, qui pourroit bien être dérivé du mot latin globus.
Des figures bien groupées, bien agroupées, ingénieusement groupées. Des membres qui se groupent, & qui se contrastent.
Il peut y avoir plusieurs groupes dans un tableau.
Annibal Carrache ne vouloit pas qu’il y en eût plus de trois grands.
les groupes dit du Fresnoy, doivent être détachés les uns des autres, & séparés par des vuides, pour éviter la confusion.
Agglomerata simul sint membra, ipsœque figuræ
Stipentur, circumque globos locus usque vacabit.
Ne mâle dispersis dum visus ubique figuris
Dividitur, cunctisque operis, fervente tumultu,
Partibus implicitis, crepitans consusio surgat.
Mr l’Abbé de M... dit dans son Poëme de la Peinture :
Acenda tabellis
Turba figurarum nimio confusa tumultu,
Indiscreta locis, ubi concurrentia passim
Corpora corporibus, quasi mutua bella lacessunt,
Et malè contiguis sibi frangunt artubus artus.
Sit procul iste fragor, placido sed in œquore telœ
Serpat amena quies, & docta silentia regnent.
HACHURE. Les Graveurs appellent hachures, certaines lignes fort serrées qui se croisent transversalement les une les autres, & qui servent à marquer les ombres : on en trace de pareilles à la plume & au crayon, & en terme de dessein on les nomme aussi hachures. Quelques Graveurs ont eu le secret d’ombrer leurs estampes, sans le secours de ces hachures.
HARMONIE, union. L’harmonie d’un tableau, harmonie des couleurs : ces groupes font une belle harmonie.
[...] Le Pere Castel prétend que l’harmonie des couleurs, vient des mêmes proportions que l’harmonie des sens ; c’est ce qui a donné lieu à son systême du clavessin oculaire : au reste Mr de la Chambre avoit eu la même idée avant lui. Il dit que le verd qui est la plus agréable des couleurs répond à l’octave, le rouge à la quinte, le jaune à la quarte, voyez son traité des couleurs de l’Iris.
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HEURTE, se dit en Peinture en parlant du dessein. Un dessein heurté est un dessein fait avec une grande liberte, & qui n’est touché que de coups hardis, & peu prononcés.
HISTOIRE. De tous les genres de Peinture, l’histoire est le plus noble & le plus difficile. Peintre d’histoire.
Faire l’histoire, se dit dans le même sens que faire les animaux ; faire le païsage, c’est-à-dire peindre des sujets d’histoire, peindre des animaux, &c.
HUILE. L’invention de peindre à l’huile est du quinziéme siécle. Jean de Bruges Peintre Flamand, en est l’auteur. Cette Peinture consiste à employer des couleurs broyées & détrempées avec de l’huile : elle a plusieurs avantages sur la détrempe : elle est plus douce, elle imite mieux le naturel, elle marque plus fortement les ombres, & elle peut se remanier. On ne s’en sert communément que dans les tableaux de moyenne grandeur : cependant il y a de grands ouvrages comme des voûtes d’Eglise & des galeries qui sont peintes à l’huile ; mais outre que le grand air les noircit ou les jaunit, souvent la moindre humidité en détache la Peinture, ce qui n’arrive point à la fraisque, qui ne tombe qu’avec la muraille même sur laquelle on l’applique.
Les meilleurs huiles qu’on puisse employer, sont l’huile de lin, & de noix.
Pour fondre les couleurs, & pour les adoucir sur la toile, on employe l’huile d’aspic, qui ôte le luisant des Peintures : on s’en sert aussi pour nettoyer les tableaux : mais il faut prendre garde qu’elle n’emporte la couleur.
JAUNE de Naples : c’est une couleur très-propre pour les ouvrages de mignature.
ICONOGRAPHIE, ce mot qui est tout Grec, signifie la même chose que Description d’Images.
L’iconographie en général, est la connoissance des images ou statuës, des vases, des bronzes, des bustes, des bas-reliefs, des Peinture, &c.
On l’entend plus particulierement de la connoissance des morceaux de l’antique.
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ICONOLOGIE, Science qui regarde les figures & les représentations, tant des hommes que des Dieux.
Elle assigne à chacun les attributs qui leur sont propres, & qui servent à les diférencier : [...].
Comme les Payens avoient multiplié leurs divinités à l’infini ; les Poëtes & les Peintres après eux se sont exercés à revêtir d’une figure apparente des Etres purement chimériques, ou à donner une espéce de corps aux Attributs divins, aux Saisons, aux Provinces, aux Fleuves, aux Arts, aux Sciences, aux Vertus, aux Vices, aux Passions, aux Maladies, &c. [...]
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JET, JETTER, termes de Peinture.
On dit jetter une draperie, le jet des draperies, draperies d’un beau jet.
Ce mot de jetter, dit Mr de Piles, est d’autant plus expressif, que les draperies, ne doivent pas être arrangées comme les habits dont on se sert dans le monde ; mais qu’en suivant le caractere de la pure nature, laquelle est éloignée affection, les plis se trouvent comme par hazard autour des membres.
IMAGE, IMAGER. On entend par le mot d’image, quelque chose de sacré, comme la représentation de Dieu, de la Vierge & des Saints. On dit l’image d’un Saint, & le portrait d’un Roi.
Image de papier, image en taille douce, image en taille de bois.
Imager, Imagere, est celui ou celle qui vend des Images.
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IMPRIMER, IMPRIMURE. En terme de Peinture on appelle une toile imprimée, une muraille imprimée, la toile ou la muraille sur laquelle on a mis les premieres couches pour la préparer à recevoir les couleurs qui doivent former le tableau. Imprimure est l’action d’imprimer : le moins qu’on peut mettre d’imprimure sur une toile, est toujours le meilleur. [...]
INVENTION. Voyez COMPOSITION.
JOUR, terme de Peinture. Les jours d’un tableau : ce sont les parties les plus éclairées.
Jours de reflets : ce sont des lumieres refléchies.
Jours naturels : ce sont les lumieres directes.
Tableau dans son jour, dans un faux jour. Voyez FAUX-JOUR.
IRIS (Verd d’) couleur des plus tendres, & qui fait un très-beau verd : voici comme cette couleur se peut faire [...]
LAQUE couleur rougeâtre, qui tire sur le pourpre : ce mot est féminin.
La laque Colombine ; la laque de Venise ; la laque du Levant.
La Laque fine de Venise & du Levant se fait de cette maniere.
[...]
La laque de la Chine n’est autre chose que ce beau vernis qui vient de ce païs. On a inventé en France des Vernis qui approchent beaucoup de celui de la Chine. Voyez VERNIS.
LARGE, LARGEMENT, terme de Peinture. Lumiéres larges, c’est-à-dire étendues & grandes : peindre largement, c’est donner de grands coups de pinceau, & distribuer les objets par grandes masses. C’est en vain que vous travaillez, dit Mr de Piles, si vous ne conservez vos lumieres larges, puisque sans elles votre ouvrage ne fera jamais un bon effet de loin.
LAVER, LAVIS, se dit en parlant des desseins & des plans, dont les espaces sont ombrés ou coloriés : cette maniere de peindre s’appelle lavis.
La différence de la mignature & du lavis, consiste principalement en ce que la mignature se travaille en pointillant, au lieu que dans les lavis, les couleurs se couchent avec le pinceau : il y a encore plusieurs autres différences.
Dans les lavis, on doit se servir des couleurs les plus approchantes du naturel. Les espaces qui marquent l’endroit d’un fossé rempli d’eau, doivent se laver d’un bleu clair, les briques & les tuiles de rouge, les chemins de terre d’ombre, les arbres & les gazons de verd, &c.
Les lavis se font par teintes égales, ou adoucies sur les jours par de l’eau clair, & fortifiées de couleurs plus chargées dans les ombres.
Les couleurs les plus usitées pour les lavis, sont le noir de fumée, l’encre de la Chine, qu’on employe quelquefois seule ; l’encre commune, la céruse, l’indigot, l’orpiment, le massicot, l’ocre, la gutta gamba, l’outremer, le cinabre, la laque, le carmin, la terre d’ombre, & le bistre.
Lavis à l’encre de la Chine. Dessein lavé ; lavé de brun ; lavé de rouge.
Lorsque les desseins sont lavés d’une seule couleur, les jours se marquent par des teintes plus légéres, & les ombres par des teintes plus fortes & plus chargées.
LECHER, travailler & finir avec beaucoup de soin. Tableau léché. Leonard de Vinci lêchoit tous les ouvrages. Il faut soigner, mais il ne faut pas trop lêcher.
LEGER, LÉGERETÉ, pinceau léger, légéreté de pinceau. Les bords & les extrêmités d’un tableau doivent être legers d’ouvrage. [...]
LIBERTE, facilité, aisance, légereté. Liberté & franchise de burin, liberté de pinceau.
La liberté n’est autre chose qu’une habitude que la main a contractée pour exprimer promptement & hardiment l’idée que le Peintre a dans l’esprit. Il y a une liberté délicate presqu’imperceptible, & qui n’est bien sensible qu’aux yeux sçavans. Il est rare de concilier la liberté & la correction.
LOCALE. (Couleur) On appelle couleur locale, la couleur propre & naturelle de chaque objet qui le distingue des autres, & qu’il conserve toujours en quelque lieu qu’il se trouve.
Les couleurs locales d’un tableau sont bonnes lorsqu’elles expriment fidélement la nature : elles sont mauvaises quand elles s’en écartent.
Les couleurs locales de le Brun, sont mauvaises : les Peintres Venitiens ont excellé dans les couleurs locales.
LOINTAIN, se dit en Peinture des parties d’un tableau qui paroissent dans l’éloignement.
Les lointains sont ordinairement bleus à cause de l’interposition de l’air qui est entre nous & ces parties éloignées, mais à mesure qu’ils s’approchent de nous, ils quittent cette couleur chargée, & ils s’éclaircissent.
Au reste c’est le Ciel qui détermine la force ou la foiblesse des lointains, ils sont plus obscurs, quand il est plus chargé, & plus clairs, quand il est plus serain.
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LOUAGE. On appelle dans un tableau figures de louage, ou figures à louer, certains personnages inutiles, & destinés uniquement à faire nombre.
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MANGANESE, c’est une pierre qui ressemble beaucoup à l’aiman pour la couleur & pour la pésanteut : c’est pourquoi on l’appelle en Latin maganesia. Lorsqu’on la mêle avec du safre, elle fait une couleur de pourpre, fort utile pour peindre le verre & les Emaux. On trouve cette pierre en Allemagne, dans le Piedmont, & en Italie aux environs de Viterbe : il y en a aussi en France dans le Perigord, c’est ce qui fait que nos ouvrier l’appellent communément, Périgueux : la meilleure est celle qui vient de Piedmont.
MANIER, MANIMENT. Manier le pinceau, le maniment des couleurs. Couleurs aisées ou difficiles à manier.
MANIERE, MANIERISTE, MANIERÉ. Maniere en terme de Peinture est la même chose que style en terme de littérature : ainsi la maniere d’un Peintre est la façon particuliere de dessiner, de colorier, de composer, d’exprimer ; selon que cette maniere approche plus ou moins de la nature & du beau : on l’appelle bonne ou mauvaise maniere.
C’est à la maniere qu’on reconnoît les ouvrages d’un Peintre, dont on aura déja vû quelque tableau.
La maniere dégénere en défaut lorsqu’elle est trop uniforme, & qu’un Peintre se copie continuellement lui-même, dans ses attitudes, dans les airs de tête, dans les autres expressions : c’est ce que les Peintres appellent tomber dans la maniere.
Ceux qui tombent dans ce défaut, s’appellent manieristes. Un dessein manieré.
Les desseins du Teste sont manierés.
On distingue ordinairement trois manieres dans un même Peintre. La premiere, qu’il s’est formée sur le goût de son maître : ainsi Raphaël travailla d’abord dans la maniere du Perugin son maître, & s’abandonna à son propre génie. La troisiéme qui dégénere ordinairement dans ce qu’on appelle proprement maniere, c’est le défaut dont je viens de parler, & c’est celui de presque tous les Peintres, qui par sterilité, ou par paresse, contractent la mauvaise habitude de se répéter. De Piles.
Maniere ne se dit qu’au singulier. La maniere du Poussin, & non pas les manieres du Poussin. Il faut en excepter deux cas : 1°. lorsqu’on parle de plusieurs Peintres : connoître les manieres, c’est distinguer parmi plusieurs tableaux, l’Auteur de chacun en particulier. 2°. Lorsqu’on parle des différentes manieres d’un Peintre ; Raphaël a eu plusieurs manieres.
DE PILES, Roger
PERUGINO, Pietro (Pietro di Cristoforo Vannucci)
POUSSIN, Nicolas
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TESTA, Pietro
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DE PILES, Roger
PERUGINO, Pietro (Pietro di Cristoforo Vannucci)
POUSSIN, Nicolas
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TESTA, Pietro
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DE PILES, Roger
PERUGINO, Pietro (Pietro di Cristoforo Vannucci)
POUSSIN, Nicolas
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TESTA, Pietro
Marsy reprend pour le terme "maniériste", la définition de De Piles dans: L'Art de la Peinture de Charles-Alphonse Dufresnoy, 1668, p. 113
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MANNEQUIN, figure factice de bois ou d’ozier, dont les membres sont mobiles, & souples à tous les mouvemens que le Peintre veut leur donner ; on s’en sert pour disposer les draperies, & pour accommoder les différens plis. Il ne faut pas que les draperies sentent trop le mannequin, c’est-à-dire, qu’on doit éviter la rudesse & la dureté des plis, tels que ceux des étoffes qu’on arrange sur le mannequin.
Il est une autre espéce de mannequins ou de modéles, qui servent aux Peintres non seulement pour les draperies, mais pour toutes sortes d’attitudes, principalement pour celles qui sont difficiles à soutenir long-temps.
Ce sont des figures de cire ou de carton de grandeur naturelle, qui représentent des hommes, des femmes, des enfans, des animaux.
Ces mannequins, se disposent, tantôt sur des plans inclinés ou sur des tables qui se haussent & qui se baissent, tantôt sous des plafonds, où on les couche sur des grilles ou sur des treillages, tantôt en l’air, suspendus par des cordons.
Le Tentoret imagina de petites chambres d’ais ou de carton, dans lesquelles il disposoit ses mannequins avec des portes & des fenêtres, par où il distribuoit des lumieres artificielles sur les figures.
MARINE. Les Peintres appellent marines, certains tableaux où ils représentent des mers, des vaisseaux, des Ports de mer, des tempêtes, & d’autres sujets marins.
Philippe de Liano, surnommé le Napolitain, a fait d’excellentes marines.
MAROUFLER, terme de Peinture : c’est coller un tableau peint sur toile avec de la colle forte, ou des couleurs grasses, en l’appliquant sur du bois, ou sur un enduit de plâtre.
MASSICOT, c’est de la ceruse brûlée, & calcinée.
Massicot blanc ; massicot citron ; massicot doré.
Le dégré de cuisson & de calcination détermine la couleur du massicot.
Le massicot est une couleur terrestre & crasse fort difficile à manier.
MESLER, MESLANGE. On mêle les couleurs : on fait des mélanges de couleurs ; d’agréables mélanges ; de mauvais mélanges. Une seule couleur est souvent le composé de plusieurs mélanges : Une seule couleur est souvent le composé de plusieurs mélanges : en mêlant les couleurs, il faut prendre garde de les trop tourmenter.
MINIATURE, on prononce Mignature, & quelques-uns même l’écrivent, c’est une Peinture fort délicate, qui se fait à petits points.
Il y a plusieurs manieres de pointiller : les uns sont des points tous ronds, d’autres un peu plus longs : d’autres hachent par petits traits, en croisant plusieurs fois en tout sens : cette derniere maniere est la meilleure, c’est la plus hardie, & la moins longue.
Le grand Art de la Miniature, est que les points se perdent insensiblement dans le fond sur lequel on travaille, que les couleurs se noyent tendrement les une dans les autres, & que rien ne tranche trop.
On n’employe pour la Miniature que des couleurs en détrempe, & l’on peint ordinairement sur le velin. On se sert des couleurs les plus fines, & les plus légeres, telles que le carmin, l’outremer, la laque de Venise, l’ocre, le vermillon, l’orpin, le massicot, le blanc de céruse, le bistre, &c.
MODELE. Les Dessinateurs, les Peintres & les Sculpteurs, appellent modele en général tout ce qu’ils se proposent à imiter.
Les Sculpteurs font de petits modéles de cire, de terre cuite, & d’autres matières, pour les guider dans les grandes compositions.
On conserve dans les cabinets des curieux des modéles de cette nature. On voyoit dans celui de Mr Crosat, des modéles en terre cuite, de Michel-Ange, du Bernin, de le Gros, & d’autres célébres Sculpteurs.
Poser le modéle, c’est en terme de Peinture exposer une figure naturelle toute nuë, qu’on présente sous différentes postures, afin de la faire dessiner par les Eléves.
C’est le Professeur en mois qui pose le modéle dans l’Académie de Peinture.
BERNINI, Gian Lorenzo
LE GROS, Pierre, dit l'aîné
MICHELANGELO (Michelangelo Buonarroti)
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MŒLEUX, c’est ainsi qu’il faut l’écrire, & non pas mouelleux, comme a fait Felibien dans son Dictionaire. On dit des plis moëleux, un pinceau moëleux. Faire gras & moëleux, c’est l’opposé de faire sec.
MORDRE, MORDANT ; on dit de certaines couleurs qu’elles mordent, c’est-à-dire, qu’elles s’attachent à la toile. Les couleurs à huile mordent plus que les couleurs en détrempe. Couleur mordante.