VRAISEMBLANCE (n. f.)

LIKELIHOOD (eng.) · WAARSCHIJNLIJKHEID (nld.) · WAHRNEHMUNG (deu.) · WAHRSCHEINLICHKEIT (deu.)
TERM USED IN EARLY TRANSLATIONS
PROBABILITY (eng.) · VERISIMILITY (eng.) · WAARSCHIJNLIJKHEID (nld.)
BECQ, Annie, Genèse de l'esthétique française moderne : de la raison classique à l'imagination créatrice, Paris, Albin Michel, 1994.
BRAY, René, La formation de la doctrine classique en France, Paris, Nizet, 1974.
GRANIER, Patrick, « La notion de vraisemblance chez les théoriciens français du classicisme », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 83/1, 1976, p. 45-70.
HÉNIN, Emmanuelle, Ut pictura theatrum, Genève, Droz, 2003.
HÉNIN, Emmanuelle, « Vérité et vraisemblance dans la théorie de l'art française », dans HECK, Michèle-Caroline, FREYSSINET, Marianne et TROUVÉ, Stéphanie (éd.), Lexicographie artistique : formes, usages et enjeux dans l'Europe moderne, Actes du colloque de Montpellier et Paris, Montpellier, PULM, 2018, p. 245-263 [En ligne : dx.doi.org/10.26530/OAPEN_644313 consulté le 15/03/2018].
KREMER, Nathalie, Vraisemblance et représentation au XVIIIe siècle, Paris, Champion, 2011.
LICHTENSTEIN, Jacqueline, La couleur éloquente  : rhétorique et peinture à l’âge classique, Paris, Flammarion, 1999.
MICHEL, Christian et LICHTENSTEIN, Jacqueline (éd.), Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Les conférences au temps de Guillet de Saint-Georges, 1682-1699, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2008, 6 tomes, tome II, 2 vol.
MICHEL, Christian, LICHTENSTEIN, Jacqueline et CASTEX, Jean-Gérald (éd.), Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Les conférences, 1712-1746, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2010, 6 tomes, tome IV, 2 vol.
MICHEL, Christian, LICHTENSTEIN, Jacqueline, CASTEX, Jean-Gérald, CASTOR, Markus A. et GADY, Bénédicte (éd.), Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Les conférences au temps de Jules Hardouin-Mansart, 1699-1711, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2009, 6 tomes, tome III.
MICHEL, Christian, LICHTENSTEIN, Jacqueline, CASTOR, Markus A., MARTIN, Marie-Pauline, PERRIN KHELISSA, Anne et LAZ, Laurens (éd.), Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Les conférences, 1752-1792, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2015, 6 tomes, tome VI, 3 vol.
MICHEL, Christian, LICHTENSTEIN, Jacqueline, COUSSEAU, Henry-Claude et GAEHTGENS, Thomas W. (éd.), Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Les conférences au temps d’Henry Testelin, 1648-1681, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2006, 6 tomes, tome I, 2 vol.
MICHEL, Christian, LICHTENSTEIN, Jacqueline, HAOUADEG, Karim, MARTIN, Marie-Pauline et PERRIN KHELISSA, Anne (éd.), Conférences de l'Académie royale de peinture et de sculpture. Les conférences au temps de Charles-Antoine Coypel, 1747-1752, Paris, École nationale supérieure des Beaux-Arts, 2012, 6 tomes, tome V, 2 vol.
MORGAN, Janet, « The Meaning of Vraisemblance in French Classical Theory », The Modern Language Review, 82/2, 1986, p. 293-304 [En ligne : http://www.jstor.org/stable/3729696 consulté le 09/04/2018].

FILTERS

LINKED QUOTATIONS

7 sources
13 quotations

Quotation

81. [Que vos Compositions soient conformes au, &c.] Il faut prendre garde que les licences des Peintres soient plûtost pour orner l’Histoire que pour la corrompre. Et si Horace permet aux Peintres & aux Poëtes de tout oser, ce n’est pas pour faire des choses hors de la vraye-semblance […] Traitez donc les Sujets de vos Tableaux avec toute la fidélité possible ; & vous servez hardiment de vos licences, pourveu qu'elles soient ingenieuses, & non pas immoderées & extravagantes. 

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix
L’ARTISTE → qualités

Quotation

J'avouë repartis-je, que la plus grande satisfaction qu'on puisse recevoir en considerant un Tableau, c'est qu'au mesme temps que les yeux voient avec joye le beau mélange des couleurs, & l'artifice du pinceau, l'esprit apprenne quelque chose de nouveau dans l'invention du sujet, & dans la fidelle representation de l'action que le Peintre a prétendu faire voir. Et l'on ne peut bien s'instruire, si l'action n'est représentée avec toute la vraysemblance possible. Or cette vraysemblance consiste à rappeler une idée des choses passées, & en former une image, où tout ce qui se pouvoit rencontrer alors soit exactement observé.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Quotation

Que pensez-vous [ndr : Pymandre] que soient en comparaison du dessein toutes les autres parties, dont vous avez parlé avec tant d’éclat ; comme la bienséance, c’est à dire, la maniére de traitter l’Histoire avec toute la vraysemblance qu’elle demande ; la Perspective mesme, si vous voulez ; & j’y ajousteray encore les couleurs, & la maniere de traitter les jours et les ombres que j’estime beaucoup ? Toutes ces choses ne sont rien au prix du dessein, parce qu’elles ne subsistent que sur cette premiére partie, sans laquelle un Ouvrage ne peut estre plein que de grands défauts.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Quotation

CHOSES
Qui ne s’apprennent point, & qui sont parties essentielles à la Peinture.
PREMIEREMENT pour ce qui est de la matiere, elle doit estre noble, qui n’ait receü aucune qualité de l’ouvrier. Et pour donner lieu au Peintre de montrer son esprit & son industrie, il faut la prendre capable de recevoir la plus excellente forme. Il faut commencer par la disposition, puis par l’ornement, le décore, la beauté, la grace, la vivacité, le costume, la vraysemblance, & le jugement par tout. Ces dernieres parties sont du Peintre, & ne se peuvent enseigner. C’est le rameau d’or de Virgile, que nul ne peut trouver ni cueïllir, s’il n’est conduit par le Destin. Ces neuf parties contiennent plusieurs choses dignes d’estre écrites par de bonnes & sçavantes mains.

Extrait d’une lettre de Poussin à Fréart de Chambray du 7 mars 1665.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Il [ndr : Poussin] sçavoit bien que le merveilleux n’est pas moins propre à la peinture qu’à la poësie : mais il n’ignoroit pas aussi qu’il faut que la vrayssemblance paroisse en toutes choses, comme je vous ay dit qu’il l’écrivit luy-mesme au sieur Stella, en répondant à ceux qui avoient trouvé à redire à son Tableau du frapement du rocher, & qui n’approuvoient pas qu’il y eust marqué une profondeur pour l’écoulement des eaux.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

L’esprit de ce grand Peintre ne paroît pas moins dans le second Tableau [ndr : Raphaël, Sainte Famille avec sainte Élisabeth, le petit saint Jean et deux anges, dite La Grande Sainte Famille], tant pour l’ordonnance que pour l’expression, le judicieux choix des attitudes & des aspects y est admirable, les têtes toutes inclinées vers un même objet de tous les divers endroits du Tableau, en font aisement connoître le Heraut, on remarque une vrai-semblance dans l’air grand & majestueux des actions, & une naiveté si naturelle dans la correspondance de toutes les parties, qu’elles paroissent visiblement ne concourit qu’à l’expression de la principale idée du sujet, qui est le grand amour de la Divinité envers l’humanité, & la respectueuse reconnoissance de celle-ci envers celles-là ; […] en sorte que l’harmonie si exactement caractérisée par toutes ces figures semble faire pour ainsi dire le mariage du Ciel avec la Terre, & former en un mot un veritable Emanuël.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

Quotation

Quelque liberté que les Peintres & les Poètes ayant pris dans leur Art : Il n'est pas permis aux uns ni aux autres, de s'éloigner de la vraisemblance, dont ils doivent indispensablement garder les règles.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

Il nous reste à parler de la convenance, qui est cette partie de la Composition, qui comprend le choix, la vrai-semblance, l’usage, le Decore & l’Ornement. […]
[…] Le choix regarde la matiere ou le sujet de l’ouvrage, comme dans la Poësie, la matiere se prend pour le sujet qu’on traite, qu’on apelle aussi l’argument. Il doit être convenable au lieu, au tems & aux personnes qui le demandent : Il le faut choisir aussi noble qu’on peut quand on est libre, & ensuite le traiter avec des idées qui repondent à sa dignité, & dans les circonstances qui peuvent facilement faire comprendre ce que le Peintre veut representer.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Quotation

On n'examine pas long-temps les ouvrages des grands Maîtres, sans s'appercevoir qu'ils n'ont pas regardé la régularité & les beautez de l'execution comme le dernier but de leur art, mais bien comme les moïens de mettre en œuvre des beautez d'un ordre superieur.
Ils ont observé les regles, afin de gagner notre esprit par une vrai-semblance toujours soutenüe, & capable de lui faire oublier que c'est sur une fiction que notre cœur s'attendrit. Ils ont mis en œuvre les beautez d'exécution, afin de nous prevenir en faveur de leurs personnages, par l'élégance de l'extérieur, ou par l'agrément du langage. Ils ont voulu arrêter nos sens sur les objets destinés à toucher notre ame.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
CONCEPTS ESTHETIQUES → beauté, grâce et perfection

Quotation

Il est deux sortes de vrai-semblance en Peinture, la vrai-semblance poëtique & la vrai-semblance mécanique. La vrai-semblance mécanique consiste à ne rien représenter qui ne soit possible, suivant les loix de la statique, les loix du mouvement, & les loix de l'optique.
Cette vrai-semblance mécanique consiste donc à ne point donner à une lumiere d'autres effets que ceux qu'elle auroit dans la nature : par exemple à ne lui point faire éclairer les corps sur lesquels d'autres corps interposez l'empêchent de tomber. Elle consiste à ne point s'éloigner sensiblement de la proportion naturelle des corps ; à ne point leur donner plus de force qu'il est vrai-semblable qu'ils en puissent avoir. Un Peintre pécheroit contre ces loix, s'il faisoit lever par un homme qui seroit mis dans une attitude, laquelle ne lui laisseroit que la moitié de ses forces, un fardeau qu'un homme, qui peut faire usage de toutes ses forces, auroit peine à ébranler. [...] Je ne parlerai point plus au long de la vrai-semblance mécanique, parce qu'on en trouve des regles très-detaillées dans les livres qui traitent de l'Art de la Peinture.
La vrai-semblance poëtique consiste à donner à ses personnages les passions qui leur conviennent suivant leur âge, leur dignité, suivant le temperament qu'on leur prête, & l'interêt qu'on leur fait prendre dans l'action. Elle consiste à observer dans son tableau ce que les italiens appellent il
Costumé ; c'est-à-dire à s'y conformer à ce que nous sçavons des mœurs, des habits, des bâtimens & des armes particulieres des peuples qu'on veut représenter. La vrai-semblance poëtique consiste enfin à donner aux personnages d'un tableau leur tête & leur caractere connu, quand ils en ont un, soit que ce caractere ait été pris sur des portraits, soit qu'il ait été imaginé.

Du Bos distingue deux types de vraisemblances : une mécanique et une poétique

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → expression des passions
CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Quotation

La vrai-semblance poëtique consiste encore dans l'observation des regles que nous comprenons, ainsi que les Italiens, sous le mot de Costumé : observation qui donne un si grand mérite aux tableaux du Poussin. Suivant ces regles, il faut représenter les lieux où l'action s'est passée tels qu'ils ont été si nous en avons connoissance, & quand il n'en est pas demeuré de notion précise, il faut, en imaginant leur disposition, prendre garde à ne se point trouver en contradiction avec ce qu'on en peut sçavoir. Les mêmes regles veulent encore qu'on donne aux differentes Nations qui paroissent ordinairement sur la scene des tableaux, la couleur de visage & l'habitude de corps que l'histoire a remarqué leur être propres. Il est même beau de pousser la vrai-semblance jusques à suivre ce que nous sçavons de particulier des animaux de chaque païs, quand nous représentons un évenement arrivé dans ce païs-là. Le Poussin qui a traité plusieurs actions, dont la scene est en Egypte, met presque toujours dans ses tableaux des bâtimens, des arbres ou des animaux, qui par differentes raisons, sont regardez comme étant particuliers à ce païs.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Quotation

Enfin la vrai-semblance poëtique demande que le Peintre donne à ses personnages leur air de tête connu, soit que cet air de tête nous ait été transmis par des médailles, des statuës ou par des portraits, soit qu'une tradition dont on ne connoit pas la source, nous l'ait conservé, soit même qu'il soit imaginé. Quoique nous ne sçachions pas bien certainement comment saint Pierre étoit fait, néanmoins les Peintres & les Sculpteurs sont tombez d'accord par une convention tacite de le représenter avec un certain air de tête & une certaine taille qui sont devenus propres à ce Saint. En imitation, l'idée reçue & généralement établie, tient lieu de vérité.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance

Quotation

L'observation de la vrai-semblance me paroît donc après le choix du sujet la chose la plus importante dans le projet d'un poëme ou d'un tableau. La regle qui enjoint aux Peintres comme aux Poëtes de faire un plan judicieux, & d'arranger leurs idées de maniere que les objets se débrouillent sans peine, vient immédiatement après la regle qui enjoint d'observer la vrai-semblance.

Conceptual field(s)

CONCEPTS ESTHETIQUES → convenance, bienséance