PERSPECTIVE AÉRIENNE (n. f.)

LUFT PERSPECTIV (deu.) · PERSPECTIVE AERIAL (eng.) · PROSPETTIVA AEREA (ita.)
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HELDERE DOORZIGTEN (nld.) · LUFT PERSPECTIV (deu.) · PERSPECTIVE AERIAL (eng.) · PROSPETTIVA AEREA (ita.)
HEINICH, Nathalie, « La perspective académique. Peinture et tradition lettrée : la référence aux mathématiques dans les théories de l'art au XVIIe siècle », Actes de la recherche en sciences sociales, La peinture et son public, 49, 1983, p. 47-70 [En ligne : www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1983_num_49_1_2198 consulté le 10/02/2016].

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Quotation

[...] Comme de bien placer sur lesdits Corps, & avec raison, la place du Jour, des Ombres, & Ombrages, ensemble celle de Touches, Teintes ou Couleurs, selon leur degré de force ou d’affoiblissement, qui est ce que j’ay ouy nommer à ce grand Peintre dit, N. Poussin, La Perspective Aerienne, ou de L’air. 
A cette occasion diverses personnes ont dit, & d’autres écrit, qu’il estoit impossible de donner une regle dudit affoiblissement & fortifiement autre que par le moyen de la veuë ; Il en est bien quelque chose, Mais je nie absolument qu’on aye jamais trouvé que la seule veuë aye determiné une telle Couleur, devoir estre moins forte de tant ou de tant à l’égard d’une autre plus ou moins éloignées de la baze ou bas du Tableau, ou selon la distance dudit œil à iceluy.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

De la perpective aërée
Il y a une autre espece de perspective qu’on nomme aërée, qui par la diverse gradation des teintes de l’air, peut faire connoistre la difference des esloignements des divers objects, quoy que bornez en leur naissance d’une seule ligne […], & par cette regle on viendra à faire que les edifices qui sont sur la mesme ligne, sembleront esgaux en grandeur, & neantmoins on connoistra visiblement lequel sera le plus esloigné, & plus grand que l’autre. 

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Quotation

Il faudroit traiter de cette Perspective qu’on appelle aërienne, qui n’est autre chose que l’affoiblissement des couleurs par l’interposition de l’air […].

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Quotation

[...] c’est improprement que l’on appelle Perspective aërienne ce qui regarde la diminution des couleurs, & ce n’est que par analogie qu’on la nomme ainsi ; parce que la vraye Perspective pratique n’est que des figures dont la grandeur diminuë selon l’éloignement, & se represente par des lignes que l’on tire : au lieu que la diminution des couleurs ne va que dans le plus ou le moins de la lumiere, dont l’on ne peut donner de regles.
 
[...] Pour la bien pratiquer on doit prendre garde qu’encore que l’air soit un corps diaphane, au travers duquel la lumière du Soleil passe avant que de se repandre sur les autres corps, on ne peut considerer les effets de la lumière du Soleil, sans concevoir l’impression qu’elle reçoit en passant au travers de l’air, qui est susceptible de plusieurs changemens, estant plus épais dans des temps & dans des lieux qu’en d’autres.
 
[…] Pour ce qui est de la Perspective aërienne il faut concevoir que l’air est comme je viens de dire un corps diaphane, parce qu’il est coloré, au travers duquel on voit les objets, qui prenant davantage de la couleur de ce corps à mesure qu’ils s’éloignent, viennent peu à peu à se perdre & à se confondre. Je ne puis me servir d’un exemple plus propre à ce sujet que ce qui nous paroist tous les jours dans l’eau. Si nous jettons les yeux sur quelque lac ou sur quelque riviere pour regarder au fond ; & qu’il y ait des poissons qui nagent, alors nous voyons distinctement dans ceux qui s’approchent le plus prés de la surface de l’eau, leur forme & la couleur de leurs écailles. Ceux qui seront plus bas nous sembleront moins colorez ; & à mesure qu’ils s’enfoncent plus avant & qu’ils s’éloigneront de nous, ils prendront davantage de la couleur de l’eau, jusques-là qu’on en verra quelques-uns qui ne paroistront que des ombres, d’autres qui seront comme l’eau mesme ; enfin quoy qu’il y en ait, nous ne verrons plus rien, si ce n’est qu’il nous semblera qu’il doit y en avoir encore. Tout de mesme quand les images des objets passent au travers de l’air, ils diminuent & s’affoiblissent à proportion de la quantité d’air qui est entre eux & l’œil qui les voit.
Mais parce que l’air n’est pas toujours également pur par tout :
qu’il peut recevoir des lumières particulières, comme quand on voit une tour qui paroist le matin au lever du soleil environnée d’une legere vapeur dans la partie la plus proche de la terre, & dont le haut au contraire est éclairé du Soleil, ce que le Poussin & Claude le Lorrain ont parfaitement bien représenté dans des païsages. Et parce encore que les objets peuvent aussi estre plus ou moins susceptibles de la couleur de l’air, & d’eux-mesmes plus sensibles à la veuë les uns que les autres, il y a diverses choses qu’il faut observer dans la Nature, & dont l’on ne peut faire des regles assurées.
Par exemple le vert & le rouge mis dans une mesme distance feront une sensation differente à nostre veuë, non seulement par les qualitez propres de ces deux couleurs ; mais parce que le vert estant plus capable de prendre la couleur de l’air, qui est bleuë, que non pas le rouge, il paroistra plus éloigné, puisqu’il pert davantage de se veritable couleur, qui se confond plus aisément que le rouge avec celles de l’air.
Voilà quant à la qualité des couleurs dans un mesme air & dans une mesme distance. Voyons ce que fait une mesme couleur dans une mesme distance, mais dans deux situations differentes où l’air soit plus espais en l’une qu’en l’autre. Si une personne vestuë de blanc ou une figure de marbre ou de plastre, si vous voulez, est posée dans un lieu où l’air soit purifié, il est certain qu’elle paroistra plus blanche & plus proche qu’une autre qui sera dans un air plus épais, quoy qu’elles soient dans une égale distance, & de pareille grandeur & blancheur, parce que la grande épaisseur de l’air où elle se trouve esteindra son blanc, & la fera paroistre plus bluastre. C’est pourquoi il est fort difficile de donner des moyens asseurez pour affoiblir les couleurs selon la perspective, puisque cela dépend de la disposition de l’air, de la lumiere qui les éclaire, & encore de la force mesme des couleurs.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

Il est vray, luy repliquay-je, & c’est dont nous avons tantost parlé sur le sujet de la perspective de l’air, Leon Baptiste Albert appelle cette coupe Il taglio. J’avouë que dans la speculation l’on peut comprendre de quelle sorte les objets doivent diminuer de couleur par ces differentes coupes. Mais quand on vient à la pratique, cette speculation, ou le raisonnement qui fait juger combien un corps doit perdre de sa couleur lors qu’on le veut faire paroistre enfoncé dans le tableau dix ou douze pieds plus qu’un autre, ne peut apprendre précisément comment il faut diminuer la teinte de cette couleur, & la proportionner à son éloignement. Avez-vous jamais remarqué un maistre de Musique qui accorde un luth ou une harpe, il vous fera bien connoistre quel ton la premiere corde doit avoir avec la seconde, & ainsi des autres : mais il ne peut vous enseigner à les accorder, en vous disant qu’il faut tourner les chevilles un certain nombre de tours. Il faut que ce soit l’oreille qui juge de l’harmonie lors qu’on les touche. De mesme dans les couleurs on peut dire qu’il en faut diminuer ou augmenter la teinte à mesure qu’elles s’éloignent ou s’approchent ; ou qu’elles reçoivent divers accidents d’ombres & de lumieres : mais c’est à l’œil à juger du plus ou du moins de force qu’on leur donne en les meslant.
Cependant, interrompit Pymandre, si un grand ouvrage est traité avec le mesme art qu’un plus petit, le plus grand ne doit-il pas estre plus estimé ?
Il est vray, répondis-je ; mais c’est en quoy ils trouvoient de la difficulté, demeurant quasi tous d’accord qu’on ne peut faire paroistre tant de force dans une grande disposition d’ouvrage que dans un tableau qui est composé de peu de figures ; & la raison qu’ils en apportoient, est que la Peinture a ses bornes & ses limites […].
Cependant, dit Pymandre, il me semble qu’il faut bien plus de science pour traitter un grand ouvrage, pour le bien disposer, pour le remplir d’une infinité de differentes figures, d’habits, d’accomodemens, & pour y faire paroistre toutes ces parties dont vous m’avez parlé, que pour peindre seulement trois ou quatre figures ensemble.
Je vous avouë, repartis-je, que pour bien representer un grand sujet, il faut beaucoup plus de science, plus de travail, & que c’est-là qu’un Peintre a toute l’estendüe necessaire pour donner des marques de son sçavoir. Mais il y en a qui vous diront que ce n’est pas dans ces rencontres que l’art peut faire paroistre davantage sa puissance & la force de ses charmes.

 
[...] De sorte, dist Pymandre, que je puis sur cela vous faire une question, & vous demander ce que l’on doit le plus estimer dans un tableau ou le genie du Peintre, ou la force de l’Art.
Comme l’esprit du Peintre paroist dans tout ce qu’il fait, repartis-je, vous pourriez plustost demander lequel est le plus digne d’estime, ou celuy qui sçait tromper par la force de son Art, ou celuy qui montre beaucoup d’invention & de feu dans de grands ouvrages, mais qui ne trompent point comme les autres.


[…] Car c’est ainsi qu’ils jugent en deux manieres de l’obligation du Peintre ; l’une qui est de sçavoir comment les choses doivent estre historiées ; & l’autre de les sçavoir bien peindre. Or comme la derniere est sans doute tres-difficile, puis qu’en cet art, comme dans plusieurs autres, l’execution est au dessus de la theorie, il est toujours plus avantageux de pouvoir faire que de sçavoir simplement ce qu’il faut faire, ils trouvent qu’il est plus glorieux au Titien d’avoir exécuté ses ouvrages dans la perfection des couleurs où elles se voyent, que s’il n’eust sceu, comme quantité d’autres Peintres, qu’inventer de grands sujets qui n’eussent pas esté peints avec cette beauté que l’on admire dans ses ouvrages.

Pour moy, respondit Pymandre, je ne voudrois pas donner mon jugement là dessus ;
mais j'ay leu que Zeuxis ayant peint une Centaure, se fascha voyant que l’on en estimoit plustost la nouvelle invention, que l’art qu’il avoit employé à la bien representer, estimant davantage cette derniere partie que la premiere. Et j’ay encore remarqué que les Anciens ont fait beaucoup de cas de plusieurs tableaux qui n’estoient que de peu de figures.
C’est pourquoy, repris-je, ceux qui ont une inclination particuliere pour les Ouvrages du Titien, & des autres Peintres de Lombardie, disent que si les Anciens ont receu beaucoup de loüanges pour des sujets de peu de figures, l’on ne doit pas trouver à redire si le Titien pour les imiter a plustost tasché d’acquerir la partie de bien peindre, que celle qui regarde les grandes dispositions, & la connoissance particuliere de l’Histoire & des Coustumes. Car c’est ainsi qu’ils jugent en deux manieres de l’obligation du Peintre ; l’une qui est de sçavoir comment les choses doivent estre historiées ; & l’autre de les sçavoir bien peindre. Or comme la derniere est sans doute tres-difficile, puis qu’en cet art, comme dans plusieurs autres, l’execution est au dessus de la theorie, il est toujours plus avantageux de pouvoir faire que de sçavoir simplement ce qu’il faut faire, ils trouvent qu’il est plus glorieux au Titien d’avoir executé ses ouvrages dans la perfection des couleurs où elles voyent, que s’il n’eust sceu, comme quantité d’autres Peintres, qu’inventer de grands sujets qui n’eussent pas esté peints avec cette beauté que l’on admire dans ses ouvrages.
 
[...] Il gardoit parfaitement, luy repondis-je, cette maxime, dont je croy avoir déjà parlé sur le sujet de l’ordonnance, qui est de ne pas remplir ses tableaux de quantité de petites choses, mais d’éviter le deffaut où tombent plusieurs Peintres, qui par la quantité excessive des parties dont ils composent leurs ouvrages les rendent, petits & plains de ce que les Italiens appellent Triterie.
 
[…]
Car encore que la perspective de l’air, & l’affoiblissement des couleurs, par cette coupe dont je viens de parler, soit en effet dans les tableaux, ce qui fait fuir ou avancer les corps ; le Peintre neanmoins qui doit toujours chercher à se prevaloir de toutes sortes des moyens & des secrets de son art quand il veut imiter la force de la Nature, est d’autant plus digne d’estime qu’il sçait découvrir des chemins comme inconnus, pour arriver à son but. C’est pourquoy le Titien sçavoit qu’outre l’affoiblissement que les couleurs reçoivent par les coupes de l’air, & par les differens éloignemens, il y a encore dans les mesmes couleurs, ou une force ou une foiblesse essentielle à leur nature laquelle rend à la veuë les unes plus sensibles que les autres, comme nous avons déjà remarqué ; il sçavoit, dis-je, tout cela, & c’est pourquoy il a toujours observé autant qu’il a pu de les ranger les unes auprès des autres, en sorte que les plus fortes fussent sur les plus foibles.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
L’ARTISTE → règles et préceptes
L’ARTISTE → qualités

Quotation

LE PRESIDENT. Vous passez donc condamnation pour ces deux tableaux ; & voila le siecle de Raphaël au dessus du nôtre.
L' ABBE. Cela ne conclut pas. Je demeure d'accord que ces deux tableaux, & plusieurs autres Maistres anciens, excellent tellement dans les parties principales de la peinture, qu'à tout prendre ils peuvent estre preferez à ceux d'aujourd'huy, mais je soutiens que ces grands hommes ont tous manqué en de certaines parties, où nos excellens Maistres ne manquent plus. Raphaël par exemple a si peu connu la degradation des lumieres, & cet affoiblissement des couleurs que cause l'interposition de l’air en un mot ce qu'on appelle la perspective aérienne, que les figures du fond du tableau sont presque aussi marquées que celles du devant, […].

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

Quotation

La seconde chose étoit de bien sçavoir menager leur diminution, pour faire enfoncer les objets dans le Tableau, & imiter le plus qu’il est possible, les beaux effets du naturel.
En parlant de la degradation des Couleurs ou Perspectives aërées, on dit que s’il étoit possible d’en fixer ou déterminer un degré principal de lumiere sur la Couleur, on pouvoit venir à donner quelques régles de degrés fuyants, mais qu’outre les difficultés qu’il y a pour atteindre à cette exactitude cela empêcheroit les beaux effets de l’Art ; qui ne se rencontrent jamais si agreablement par une dégradation de couleur suivie, que par les éclats que produisent le different rencontre des choses opposées, que le naturel ne nous paroît si égal que tres rarement, à cause des differants rencontres des nuages opposez qui forment des effets de lumiere differants, mais que le Peintre peut poser sur la premiere ligne de son Tableau une couleur dans son plus parfait éclat, & dans l’éloignement placer de distance en distance, de semblables couleurs diminuées proportionnement selon la perspective du Trait. De plus on doit observer que dans la distance de laquelle on regarde le Tableau, il y a beaucoup d’air qui efface la force & vivacité des couleurs, ce qui oblige le Peintre à les fortifier plus qu’elle ne devroient être si l’Ouvrage étoit regardé de prés ; c’est pourquoi il importe necessairement d’observer la position du Tableau, & de quelle lumiere il doit être éclairé, pour aproprier la douceur ou la force des couleurs.

Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Testelin est repris par Florent Le Comte dans son Cabinet des singularitez (...), plus précisément à la page 69 de son édition de 1699-1700 (Paris, Etienne Picart & Nicolas Le Clerc). Le Comte reprend également la Table des Préceptes sur la Couleur aux pages 50-53.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → perspective
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

Je passe presentement au Tableau de la Circoncision, qui est à l'avant Chœur des Peres Chartreux, de la main d'un Peintre qui sapelloit Guide François : C'est un des meilleurs ouvrages qu'il ait fait à Toulouse. On y voit la Sainte Vierge, tenant son enfant entre ses mains, dans un linge, & un Vieillard qui tend les bras pour le recevoir : Une vieille est à côté à genoux, ayant les mains jointes. On voit de l'autre côté de la Vierge, une jeune fame qui porte deux Colombes dans un panier : Saint Joseph est auprés de cette fame, & il y a deux Acolites tenant des Cierges, l'un à la droite du Vieillard, & l'autre un peu derriere lui.
Les Carnations de ces figures sont naturelles & bien variées, le Coloris en est plûtôt vague que fort : Les Draperies sont de couleurs douces, à la réserve de celles de la Vierge, où elles sont rouge & bleuë, ce qui la fait particulièrement distinguer dans ce Tableau, sans causer aucune aigreur. La Perspective Aërienne, ou la diminution des teintes y est merveilleusement observée : Les figures qui sont derrière les premières, sont afoiblies doucement, & cela mérite beaucoup d'atention de la part des jeunes Peintres. Cette Histoire a pour fonds les murailles d'un Temple, d'une couleur grisatre, mais qui sert admirablement à l'union des couleurs : car les figures reculées, ont quelque chose de cette teinte. Cela sapelle donc bien peint, bien entendu assez frais & assez vague.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → perspective

Quotation

[…] les objets les plus éloignés, se doivent confondre dans la teinte de fond tu Tableau. Que les couleurs les plus pesantes, se doivent presenter les premieres : et c’est ce qui s’apelle la Perspective Aërienne, lors que la couleur des objets vient sensiblement à se confondre avec l’air & la couleur du fond.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

[…] pour bien disposer les parties d’une Ordonnance, il faut entendre l’Optique ou la Perspective : cette sience a prescrit des regles de cette diminution qui paroît dans les objets éloignés : C’est par elle que nous pouvons corriger les fautes qui surviennent tres-souvent dans la situation des parties d’un Tableau. Elle est diferente de la Perspective aërienne, en ce que l’Aërienne considere la couleur de ces parties dans leur éloignement par l’interposition de l’air : Et l’autre, qu’on peut appeler la Perspective Géometrique, consiste en la grandeur des objets à mesure qu’ils sont éloignés de nos yeux.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Quotation

On pourroit parler ensuite de la dégradation des couleurs ou perspectives aëriennes, & qu’il importe beaucoup d’observer la position du Tableau, de quelle lumiere il doit être éclairé pour approprier la douceur ou la force des couleurs.

Comme de nombreuses autres parties de texte, ce passage de Florent Lecomte est tiré de l'ouvrage Les Sentimens (...) de Testelin, plus précisément à la page 38 de l'édition de La Haye (Matthieu Rogguet, vers 1693-1694).

dégradation

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective

Quotation

PERSPECTIVE. C’est l’Art de réprésenter les objets selon les diférences qu’y cause l’éloignement, soit par la couleur, soit pour la figure. [...]
On appelle encore
perspective une Peinture qui représente des objets dans l’éloignement, comme des forêts, des bâtimens, des mers. 
[...]
La
Perspective Aërienne est celui qui represente les objets selon les diférences qu’y cause l’interposition de l’air plus ou moins épais.
A mesure que les objets s’enfoncent dans l’air, ils s’éloignent de nos yeux, & paroissent moins colorés. De même que dans l’eau les poissons qui nagent le plus près de la superficie se voient plus distinctement, ceux qui nagent plus bas paroissent moins, & disparoissent enfin à mesure qu’ils s’enfoncent : ainsi quand les images des objets passent par le milieu de l’air, ils diminuent, ils s’affoiblissent, ils se perdent, ils se confondent avec l’air même.
Félibien. 
Ainsi la
Perspective Aërienne, est la diminution des teintes & des couleurs, selon que l’air est plus ou moins chargé. 
La
Perspective lineale est la diminution des lignes, suivant les distances. 
On distingue dans la
perspective ordinaire trois lignes principales : la premiere est la ligne de terre, la seconde est la ligne horisontale, la troisiéme est la ligne de distance qui est toujours parallele à la ligne horisontale
La
perspective Aërienne est d’une grande pratique dans les Paysages. 
Le Poussin avoit une profonde connoissance de cette
perspective.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → perspective