LE COMTE, Florent, Het konst-cabinet der bouw- schilder- beeldhouw- en graveerkunde, of inleiding tot de kennis dier fraaije weetenschappen, vervat in der schilderyen, stand-beelden en prenten, trad. par LOBEDANIUS, Arnoldus, Utrecht, Arnoldus Lobedanius - 1745, 2 vol.

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Peu d’éléments sur la vie de Florent Le Comte sont aujourd’hui connus. Plusieurs biographes du XIXe siècle lui consacrent de succinctes notices où ne sont données que quelques maigres informations, non documentées. Le dictionnaire de Michaud le présente d’abord comme « blanchisseur et brocanteur de tableau »[1]. Sa qualité de marchand d’art peut être confirmée par l’avertissement de son ouvrage qui précise qu’il « vendra séparément au Public […] un recueil de catalogues de ce qui se voit de gravé des plus grans maîtres. Il fait & vend aussi des bordures de toutes les grandeurs, ovales, rondes ou carrées, dorées ou non, garnies de leurs Tableaux, ou séparément, il colle Estampes sur toile & entreprend generalement ce qui concerne la Peinture, la Sculpture, & la Dorure. Il achète, vend ou échange des Estampes, Desseins, Tableaux, & autres curiositez »[2]. Le Comte apparait comme une figure ambivalente, d’un côté marchand d’art, d’un autre artiste. Bien qu’il se définisse lui-même comme « sculpteur et peintre à Paris, rue Saint Jacques »[3], aucune de ses œuvres n’est répertoriée à ce jour. Il pourrait toutefois faire partie de l’Académie de Saint-Luc (communauté des maîtres peintres et sculpteurs parisiens), une liste des membres datée de 1697 faisant mention d’un « Florent Le Conte (sic), sculpteur » reçu le 15 juin 1685[4].
Il acquiert une certaine réputation après la publication de son seul ouvrage, Le cabinet des singularitez d’architecture, peinture, sculpture et graveure ou introduction à la connoissance des plus beaux Arts, figurés sous les Tableaux, les Statuës et les Estampes, en trois volumes parus entre 1699 et 1700, chez Nicolas Le Clerc, qui avait épousé l’une de ses sœurs[5]. Chaque volume adopte une organisation similaire sur le principe de la compilation comprenant une première partie plus théorique ou historique, puis une seconde partie marquée par une nouvelle pagination, présentant différents catalogues. Le premier volume de l’ouvrage présente d’abord une histoire de l’architecture, puis des chapitres théoriques sur la peinture, la sculpture et la gravure. Une deuxième partie de l’ouvrage, offrant une pagination distincte, regroupe différents catalogues, soit dédiés aux œuvres de différents artistes, soit typologiques. L’un est ainsi consacré aux estampes du roi, un autre aux Mays des orfèvres ou encore, aux portraits présentés dans la galerie du Palais Royal. Le second volume adopte une organisation similaire, une première partie de l’ouvrage étant consacrée à une histoire de la peinture et de la vie de quelques peintres, une seconde partie, marquée par une nouvelle pagination, présentant des catalogues d’œuvres de différents peintres. Le troisième volume est également éclectique, les premiers chapitres traitant de la peinture française, entre approche historique et biographique, la seconde partie de l’ouvrage étant dédiée à la gravure et aux catalogues des œuvres de Le Brun et de Raphaël. Est inséré dans ce volume un catalogue des peintures, sculptures et estampes exposées au Salon en 1699, destiné à « faire part à tous les absents de ce qu’ils n’ont point vu », lequel est considéré comme l’un des premiers du genre, entre description et forme primitive de critique d’art[6].
Dédié à Mansart, alors protecteur de l’Académie, l’ouvrage s’adresse aux amateurs, Le Comte revendiquant « une lecture utile aux curieux »[7], offrant, comme le sous-titre le précise, une Introduction à la connoissance des plus beaux arts, figurés sous les Tableaux, les Statues,  les Estampes. Cette portée pratique de l’ouvrage se traduit aussi dans l’organisation, les trois volumes comprenant tables des sujets, tables des noms ainsi que plusieurs planches synthétiques présentant les marques des graveurs. L’établissement de ces tables et des catalogues des graveurs amène l’auteur à être considéré comme continuateur de l’œuvre de Michel de Marolles[8] dans l’étude de la gravure[9]. Le Comte y fait plusieurs fois références, mais s’appuie aussi sur d’autres auteurs qu’il liste dans sa préface, tels que Pline, Junius, Isaac Bullart, Félibien, Monier[10]. Mais c’est surtout aux Sentimens d’Henri Testelin[11] que Le Comte fait le plus souvent référence, de manière explicite ou de manière implicite. En effet, l’étude comparée des deux textes a montré qu’une grande partie de la théorie de Florent Le Comte sur la peinture est une reprise stricte de l’ouvrage de Testelin.
Le cabinet des singularitez connaît un certain succès comme en témoigne sa réédition à Bruxelles seulement deux ans après la parution du dernier tome[12]. Son travail a été largement utilisé et en particulier celui sur les notices biographiques et les catalogues d’artistes. Dubois de Saint‑Gelais[13], Descamps[14], Dezallier d’Argenville[15] le citent à plusieurs reprises. Il est également diffusé au‑delà des frontières du royaume, étant utilisé par des auteurs anglais[16] et hollandais[17], les trois volumes faisant même l’objet d’une traduction en néerlandais dès 1744[18], elle-même rééditée en 1761[19]. Mais l’ouvrage de Le Comte est aussi largement critiqué, et ce, dès la parution du premier tome. Dans l’introduction du second volume, l’auteur se défend ainsi des critiques faites à son égard. Il n’en demeure pas moins qu’il reste le premier biographe de plusieurs artistes, comme Puget[20].

Flore César
 
[1] Biographie universelle, Paris, Michaud, 1842, vol. 71, p. 101-102
[2] LE COMTE, Florent, Le cabinet des singularitez d’architecture, peinture, sculpture et graveure, Paris, Estienne Picard et Nicolas Le Clerc, 1699-1700, 3 vol.
[3] Ibid., tome III, Avertissement, n.p.
[4] « Histoire de l’Académie de Saint Luc »,  Archives de l’art français, 1915, tome IX, p. 352.
[5] JAL, Augustin, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire, Paris, Henri Plon, 1867, p. 756.
[6] COURDE DE MONTAIGLON, Antoine, GUIZOT François Pierre, Critique faites sur les salons depuis 1699 et du salon de 1810, Paris, J.-B. Dumoulin, 1852, p. 4.
[7] LE COMTE, op. cit., préface, n.p.
[8] DE MAROLLES, Michel, Catalogue des livres d’estampes et de figures en taille-douce, Paris, Frédéric Leonard, 1666.
[9] HEINECKEN, Karl-Heinrich, Dictionnaire des artistes dont nous avons des estampes, Leipzig, Jean Gottlob, Immanuel Breitkopf, 1778, 4 vol., tome I, p. XII.
[10] LE COMTE, op. cit., tome I, n.p.
[11] TESTELIN, Henry, Sentimens des plus habiles peintres du tems, La Haye, Matthieu Rogguet, vers 1693-1694.
[12] LE COMTE, Florent, Le cabinet des singularitez d’architecture, peinture, sculpture et graveure, Bruxelles, Lambert Marchant, 1702.
[13] Conférences, tome IV, vol. I, p. 19-20.
[14] DESCAMPS, Jean-Baptiste, La vie des peintres flamands, allemands et hollandois, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1753, tome I, p. VIII.
[15] DEZALLIER D’ARGENVILLE, Antoine-Joseph, Abrégé de la vie des peintres, Paris, de Bure l’Aîné, 1745-1755, 3 vol.
[16] Sculptura Historico-technica : or the history and art of engraving, London, 1747
[17] CORNELIS, Bart, « A reassessment of Arnold Houbraken’s Groote schouburgh”, Simiolus : Netherlands Quarterly for the History of art, 1995, vol 23, n°2/3, p. 163-180.
[18] LE COMTE, Florent, Het konst-cabinet der bouw- schilder- beeldhouw- en graveerkunde, of inleiding tot de kennis dier fraaije weetenschappen, vervat in der schilderyen, stand-beelden en prenten, Utrecht, Arnoldus Lobedanius, 1744-1745, 2 vol.
[19] LE COMTE, Florent, Het konst-cabinet …, Dortrecht, Abraham Blussé, 1761, 2 vol.
[20] GRELL, Chantal et STANIC Milovan (dir.), Le Bernin et l’Europe : du baroque triomphant à l’âge romantique, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2002, p. 305.
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Dedication
Martin Copius, directeur van's Lands Loteryen

Structure
2 volumes.
Volume 1:
Dédicace
Avant-propos de l'auteur

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