BEQUAAMHEID (n. f.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
APTITUDE (fra.)APTITUDE
Il est donc également important aux nobles Artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie & de peinture leurs talens les destinent, & de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres. L'art ne sçauroit faire autre chose que de perfectionner l'aptitude ou le talent que nous avons apporté en naissant ; mais l'art ne sçauroit nous donner le talent que la nature nous a refusé. L'art ajoûte beaucoup aux talens naturels, mais c'est quand on étudie un art pour lequel on est né. [...] Tel Peintre demeure confondu dans la foule qui seroit au rang des Peintres illustres, s'il ne se fût point laissé entraîner par une émulation aveugle, qui lui a fait entreprendre de se rendre habile dans des genres de la Peinture, pour lesquels il n'étoit point né, & qui lui a fait négliger les genres de la peinture ausquels il étoit propre. Les ouvrages qu'il a tenté de faire sont, si l'on veut, d'une classe supérieure. Mais ne vaut-il pas mieux être un des premiers parmi les Païsagistes que le dernier des peintres d'histoire ? Ne vaut-il pas mieux être cité pour un des premiers faiseurs de portraits de son temps, que pour un miserable arrangeur de figures ignobles & estropiées.
Section VII. Que les génies sont limitez. p. 72-73TALENT
Enfin dans cette partie de la Couleur, on doit considerer ces trois choses conjointement pour y exceller. La belle œconomie des couleurs, la propreté dans leur mélange & dans leur application, & la liberté du Pinceau. Ces trois choses qui bien souvent font tout le talent d’un Peintre, chacune en particulier, ne se doivent neanmoins jamais separer, puisqu’elles contribuent également à imiter avec succés la beauté du naturel.
Le cabinet des tableaux, des statues et des estampes ou l’introduction à la connoissance des arts d’architecture, de peinture, de sculpture et de graveure, p. 70-71
C'est en vain qu'un pareil sujet fait son apprentissage sous le meilleur maître, il ne sçauroit faire dans une pareille école les mêmes progrès qu'un homme de génie fait dans l'école d'un maître médiocre. Celui qui enseigne, comme le dit Quintilien, ne sçauroit communiquer à son disciple le talent de produire & l'art d'inventer, qui font le plus grand mérite des Peintres & des Orateurs. [...] Le Peintre peut donc faire part des secrets de sa pratique, mais il ne sçauroit faire part de ses talens pour la composition & pour l'expression. Souvent même l'Eleve dépourvu du génie, ne peut atteindre la perfection où son maître est parvenu dans la mécanique de l'art. L'imitateur servile doit demeurer au-dessous de son modele, parce qu'il joint ses propres défauts aux défauts de celui qu'il imite. D'ailleurs si le maître est homme de génie, il se dégoûte bien-tôt d'enseigner un pareil sujet. Il est au supplice quand il voit que son éleve n'entend qu'avec peine ce qu'il comprenoit d'abord, lorsque lui-même il étoit Eleve. [...]
On ne trouve rien de nouveau dans les compositions des peintres sans génie, on ne voit rien de singulier dans leurs expressions. Ils sont si stériles qu'après avoir long-temps copié les autres, ils en viennent enfin à se copier eux-mêmes ; & quand on sçait le tableau qu'ils ont promis, on devine la plus grande partie des figures de l'ouvrage.