PLAIRE (v.)
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Comment un peintre doit se rendre universel
Le peintre qui veut paroistre universel, & plaire à plusieurs personnes de différents gousts, doit introduire en une mesme composition des choses qui soient touchées d’ombres fortes & d’autres plus douces, mais en sorte neantmoins que l’on connaisse les causes d’où procedent les differences de la force et de la douceur de ces ombres.
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DE PILES, Roger, De l'art de peinture de Charles Alphonse Dufresnoy, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
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{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point.
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145. [Que l’un des costez du Tableau, &c.] Cette espece de Symetrie, quand elle ne paroist point affectée, remplit agreablement le Tableau, le tient comme dans l’équilibre, & plaist infiniment aux yeux, qui en embrassent l’ouvrage avec plus de repos.
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que de dire que la fin de la Peinture est d’imiter la nature, ce n’est pas assez, puisque plusieurs autres arts se proposent la même chose ; de dire que ce soit pour tromper les yeux, cela ne suffiroit pas encore, si on y ajoutoit que cela se fait par le moyen des couleurs. Puis qu’il n y a que cette seule difference qui rende la fin du Peintre particuliere & qui le distingue d’avec les autres arts : car de pretendre que la fin du Peintre soit de plaire & de tromper, en feignant du relief sur une superficie plate, à quoi le dessein juste, & correct, pourroit réussir simplement avec du crayon sans la couleur, s’étoit se tromper sois-même, puisque, si le but est de plaire, c’étoit à la couleur qu’appartient cet avantage ; que le dessein avec toute sa justesse n’étoit connu que de trés peu de personnes, au lieu que la couleur charme tout le monde : que c’étoit peu de chose de plaire aux ignorants, que c’étoit beaucoup de ne plaire qu’aux sçavants ; mais que c’étoit une perfection consommée de plaire à tous universellement
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La Peinture plaît naturellement à tous les hommes ; elle leur represente la forme, la couleur & l'action de plusieurs choses agréables, ou touchantes.
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[…] Il faut donc convenir que ce que les Peintres entendent par le dessein, c’est la proportion des traits, & la Convenance entr’eux, pour representer les choses visibles, comme elles sont, ou comme elles peuvent être, dans leur plus grande perfection : De sorte que le Dessein est une faculté de l’entendement, qui consiste dans l’intelligence de la belle proportion : ou si vous voulez une sience pratique, qui dirige les operations de la main, lors qu’elle veut imiter les corps visibles dans leur proportion. Et c’est ce qu’on veut faire comprendre, lors qu’on dit qu’il y a beaucoup de dessein dans chaque ouvrage.
[…] Quand je dis que le dessein est une proportion : je pretens qu’elle tient ici le lieu d’une idée généralle, qu’on apelle le genre, parce qu’il y a plusieurs especes de proportion, savoir celle des nombres, celle des tons, & plusieurs autres ; & enfin celle que les Peintres apellent Dessein. [...] En un mot la proportion est ce qui flate, & ce qui touche les yeux & la raison : Comme dans la Musique, les accords, ou les tons proportionnés les uns aux autres, flatent, & touchent l’oreille, par je ne sai quoi de juste & de piquant.
Enfin il y a dans toutes choses un certain assaisonnement, qui en fait la juste proportion. C’est aussi ce qui flate & touche, le goût dans le mets : et c’est pour cela que les Peintres se servent encore du mot de goût, pour signifier l’éfet que les ouvrages dont dans leur esprit. Ainsi ils disent souvent, qu’un tableau est du bon ou du mauvais goût : dessiner du bon goût, c’est à dire, parmi eux, donner des belles proportions.
Mais quoique nous puissions dire, il seroit impossible de donner la veritable raison de la proportion : On remarque qu’elle plaît par la convenance des parties avec le tout quelles [sic] composent & que les yeux & la raison la sentent & l’aprouvent.
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Si le mérite le plus important des poëmes & des tableaux étoit d'être conforme aux regles rédigées par écrit, on pourroit dire que la meilleure maniere de juger de leur excellence, comme du rang qu'ils doivent tenir dans l'estime des hommes, seroit la voïe de discussion et d'analyse. Mais le mérite le plus important des poëmes & des tableaux est de nous plaire. C'est le dernier but que les Peintres & les Poëtes se proposent, quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art. On connoît donc suffisamment s'ils ont bien réussi, quand on connoît si l'ouvrage touche ou s'il ne touche pas. Il est vrai de dire qu'un ouvrage où les regles essentielles seroient violées, ne sçauroit plaire. Mais c'est ce qu'on reconnoît mieux en jugeant par l'impression que fait l'ouvrage qu'en jugeant de cet ouvrage sur les dissertations des Critiques, qui conviennent rarement touchant l'importance de chaque regle. Ainsi le public est capable de bien juger des vers & des tableaux sans sçavoir les regles de la Poësie & de la Peinture, car, comme le dit Ciceron (a) Omnes tacito quodam sensu sine ulla arte aut ratione, quæ sint in artibus ac rationibus prava aut recta dijudicant. Tous les hommes, à l'aide du sentiment intérieur qui est en eux, connoissent sans sçavoir les regles, si les productions des arts sont de bons ou de mauvais ouvrages, & si le raisonnement qu'ils entendent conclut bien.
(a) De Orat. lib. 3.
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L'art de Peinture est si difficile, il nous attaque par un sens, dont l'empire sur notre ame est si grand qu'un tableau peut plaire par les seuls charmes de l'exécution, indépendamment de l'objet qu'il représente : mais je l'ai déjà dit, notre attention & notre estime sont alors uniquement pour l'art de l'imitateur qui sçait nous plaire, même sans nous toucher. Nous admirons le pinceau qui a sçu contrefaire si bien la nature. Nous examinons comment l'Artisan a fait pour tromper nos yeux, au point de leur faire prendre des couleurs couchées sur une superficie pour de véritables fruits. Un Peintre peut donc passer pour un grand Artisan, en qualité de dessinateur élégant, ou de coloriste rival de la nature, quand même il ne sçauroit pas faire usage de ses talents pour représenter des objets touchans & pour mettre ses tableaux dans l'ame & la vraisemblance qui se font sentir dans ceux de Raphaël et de Poussin. […]