DU FRESNOY, Charles-Alphonse, De arte graphica liber, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
Bien qu'il reste en dehors des cercles officiels de l'Académie, le poème de Du Fresnoy est cependant celui d'un théoricien de la peinture. Le texte rédigé en latin reprend celui d'un manuscrit daté de 1649, déjà mentionné par Denis Mahon, et identifié par Jacques Thuillier comme étant de la main de Dufresnoy (Bibliothèque nationale de France, Ms. Fr. 12346. Voir Denis Mahon, « Poussiniana : Afterthoughts Arising from the Exhibition », Gazette des Beaux-Arts, 60/2 (1962), p. 1-138 ; Jacques Thuillier, « Les “Observations sur la peinture” de Charles-Alphonse Du Fresnoy », dans Walter Friedländer zum 90. Geburtstag : eine Festgabe seiner europäischen Schüler, Freunde und Verehrer, éd. Georg Kaufmann et Willibald Sauerländer, Munich, De Gruyter, 1965, p. 193-210). Félibien et De Piles mentionnent également que Du Fresnoy a commencé à écrire à Rome, dès 1640-1645 (André Félibien, Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes, V, Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1679, vol. 3, p. 283 ; Roger De Piles, Abrégé de la vie des peintres, Paris, François Muguet, 1699, p. 490-491). La pensée qu'il exprime ne révèle donc pas uniquement une conception élaborée à son retour en France, dans le milieu parisien ; elle porte la marque de la vision de la peinture qu’il s’était forgée pendant son long séjour romain. Selon Félibien, il copie en compagnie de son ami Mignard, les œuvres de Raphaël, les antiques, et fréquente les académies d’après le modèle. Mais tous deux étudient également les œuvres de Titien qu'ils copient et tiennent en grande estime au point d'entreprendre en 1653 un voyage à Venise et en Lombardie pour voir les œuvres du maître italien.
Bien que la forme de poème en latin puisse faire croire à un archaïsme, le texte de cet artiste est au contraire novateur. Le rôle de Dufresnoy a été quelque peu occulté par celui de De Piles auquel on a attribué l’inflexion particulière ou la radicalisation du poème de Dufresnoy. En fait, par l’importance qu'il donne, dès le manuscrit de 1649, à la valeur de la couleur et au coloris, Du Fresnoy pose les fondements de l'idée d'union colorée développée et élargie par De Piles (Michèle-Caroline Heck, « Des Observations sur la peinture de Charles-Alphonse Dufresnoy…», dans M.C. Heck, M. Freyssinet, S. Trouvé, Lexicographie artistique : formes, usages et enjeux dans l'Europe moderne, 2018, p. 91-103).
La première édition du poème en latin est éditée en peu d’exemplaires par Pierre Mignard en 1668, quelques temps seulement après la mort de l’artiste théoricien. La même année, une traduction du poème en français est publiée par Roger De Piles, accompagnée de Remarques. Le texte est ensuite largement diffusé avec la traduction qu'en fait Roger De Piles. Le poème en latin continue à être publié dans les différentes éditions de l'Art de peinture, et les différentes traductions du texte de De Piles par DRYDEN en anglais (1695), S.T. Gerike en allemand (1699), anonymement en italien (1713).
.
Dedication
Illustrissimo clarossimoque Domino D. Joanni Baptistae Colbert
Table des préceptes at n.p.
Épître(s) at n.p.
Préface at n.p.
Explication des mots et termes de la peinture at n.p.
ALLEN, Christopher, HASKELL, Yasmin et MURKE, Frances, De Arte Graphica (Paris, 1668), Genève, Droz, 2005.
BOYER, Jean-Claude (éd.), « Les deux premières éditions du De arte graphica », Actes de colloque, Paris, Louvre, Paris, La Documentation française.
THUILLIER, Jacques, « « ‘Les Observations sur la peinture’ de Charles-Alphonse Du Fresnoy », », dans KAUFFMANN, Georg et SAUERLANDER, Willibald (éd.), Walter Friedländer zum 90 Geburtstag : eine Festgabe seiner europäischen Schüler, Freunde und Verehrer, Berlin, De Gruyter, 1965, p. 193-210.
MACE, Dean Tolle, « Ut pictura poesis. Dryden, Poussin and the parallel of poetry and painting in the seventeent century », dans HUNT, John D. (éd.), Encounters. Essays on literature and the visual arts, New York, Norton, 1971, p. 58-81.
DÉMORIS, René (éd.), « Rhétorique de la peinture : Charles-Alphonse Dufresnoy », Hommage à Elizabeth Sophie Chéron : Texte et peinture à l’époque classique, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1992.
BÄTSCHMANN, Oskar, « Die Übersetzung von Charles-Alphonse du Fresnoys " De Arte graphica" durch Samuel Theodore Gericke (1699) », dans FLECKNER, Uwe, SCHIEDER, Martin et ZIMMERMANN, Michael (éd.), Jenseits der Grenzen. Inznenierung der Dynastien, Köln, Du Mont, 2000, p. 84-99.
KEAZOR, Henry, « "Ad artis leges valde proficua" - "Natura" e "Antico" in Dufresnoy e Bellori », dans BONFAIT, Olivier (éd.), L’idéal classique : les échanges artistiques entre Rome et Paris au temps de Bellori, Actes du colloque de Rome, Roma - Paris, Académie de France à Rome - Somogy, 2002, p. 26-45.
HECK, Michèle-Caroline, « Des 'Observations sur la peinture' de Charles-Alphonse Dufresnoy aux 'Remarques' de Roger de Piles : continuité ou rupture ? », dans HECK, Michèle-Caroline, FREYSSINET, Marianne et TROUVÉ, Stéphanie (éd.), Lexicographie artistique : formes, usages et enjeux dans l'Europe moderne, Actes du colloque de Montpellier et Paris, Montpellier, PULM, 2018, p. 91-102 [En ligne : dx.doi.org/10.26530/OAPEN_644313 consulté le 15/03/2018].
HECK, Michèle-Caroline, « Les pérégrinations d'un texte au XVIIème siècle: le De Arte graphica de Charles-Alphonse Dufresnoy », dans GUERDAT, Pamela, HURLEY, Cecilia, KOBI, Valérie et SAGARDOYBURU, Dora (éd.), Pèlerin sans frontières, Mélanges en l'honneur de Pascal Griener. Recueil de travaux publiés par la Faculté des Lettres et Sciences humaines, université de Neuchâtel, vol. 60 , Genève, Droz, 2020.