ANCIEN (n. m.)
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DE PILES, Roger, De l'art de peinture de Charles Alphonse Dufresnoy, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
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{I. Precepte. Du Beau}
*La principale & la plus importante partie de la Peinture, est de sçavoir connoistre ce que la Nature a fait de plus beau & de plus convenable à cet Art ; *dont le choix s’en doit faire selon le Goust & la Maniere des Anciens […]
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Ce fut assez qu’une chose eust esté faite ou dite par ces grands hommes pour estre incomparable, & c’est mesme encore aujourd’huy une espece de Religion parmy quelques Sçavans de preferer la moindre production des anciens aux plus beaux Ouvrages de tous les modernes. J’avouë que j’ay esté blessé d’une telle injustice, il m’a paru tant d’aveuglement dans cette prevention & tant d’ingratitude à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur la beauté de nostre Siecle à qui le Ciel a departi mille lumieres qu’il a refusées à toute l’Antiquité, que je n’ay pû m’empescher d’en estre émû d’une veritable indignation […].
Il est vray qu’un celebre Commentateur m’a foudroyé dans la Preface de ses Notes, où ne me jugeant pas digne d’estre seul l’objet de son indignation, il s’adresse à tous les profanes qui se contentent comme moy de reverer les Anciens sans les adorer, & là du haut de sa science il nous traite tous de gens sans goust & sans autorité.
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[…] Qu’en un mot je suis tres convaincu que si les Anciens sont excellens, comme on ne peut pas en disconvenir, les Modernes ne leur cedent en rien, & les surpassent mesme en bien des choses. Voila distinctement ce que je pense & ce que je pretends prouver dans mes Dialogues.
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[…] LE PRESIDENT. Et moy je le prens aussi volontiers pour le champ de bataille qui ne peut que m'être favorable & à l'honneur de l'Antiquité que je défens, puisque ses plus grandes beautés consistent dans l'amas precieux des figures antiques & des tableaux anciens qu'on y a portez, & que le surplus de ce Palais [ndr : Versailles] ne peut être considerable qu'autant que les ouvriers qui y ont travaillé ont eu l'adresse de bien imiter dans leurs ouvrages la grande & noble manière des Anciens.
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LE PRESIDENT. Si la Sculpture moderne l’emporte si fort sur la Sculpture antique par cet endroit que vous marquez [ndr : un bas-relief de François Anguier], il faut que la Peinture d’aujourd’huy soit bien superieure à celle des Anciens, puisqu’enfin c’est d’elle que la Sculpture a appris tous ces secrets de degradation & de perspective.
L’ABBE. J’en demeure d’accord, & la consequence en est tres juste ; mais puisqu’il s’agit presentement de la Peinture, il faut commencer par la distinguer suivant les divers temps où elle a fleuri, & en faire trois classes : Celle du temps d’Appelle, de Zeuxis, de Timante, & de tous ces grands Peintres dont les Livres rapportent tant des merveilles ; Celle du temps de Raphael, du Titien, de Paul Veronese, & de plusieurs autres excellens Maistres d’Italie, & Celle du siecle où nous vivons. Si nous voulons suivre l’opinion commune qui regle presque toûjours le merite selon l'ancienneté, nous mettrons le siecle d'Apelle beaucoup au dessus de celuy de Raphael, & celuy de Raphael beaucoup au dessus du nostre ; mais je ne suis nullement d’accord de cet arrangement, particulierement à l'égard de la preference qu’on donne au siecle d’Apelle sur celuy de Raphael.
LE PRESIDENT. Comment pouvez-vous ne pas convenir d'un jugement si universel & si raisonnable, sur tout après estre demeuré d'accord de l'excellence de la sculpture de Phidias & de Praxitele ; car si la sculpture de ces temps-là l'emporte sur celle de tous les siecles qui ont suivi, à plus forte raison la Peinture, si nous considerons qu'elle est susceptible de mille beautez & de mille agrémens dont la Sculpture n’est point capable.
L'ABBE. C’est par cette raison là mesme que la consequence que vous tirez n’est pas recevable. Si la Peinture estoit un Art aussi simple & aussi borné que l’est la Sculpture en fait d'ouvrages de ronde bosse, car c'est en cela seul qu'elle a excellé parmi les Anciens, je me rendrois à vostre advis, mais la Peinture est un Art si vaste de d'une si grande étenduë, qu'il n'a pas moins fallu que la durée de tous les siecles pour en découvrir tous les secrets & tous les mysteres. Pour vous convaincre du peu de beauté des peintures antiques, & de combien elles doivent estre mises au dessous de celles de Raphael, du Titien & de Paul Veronese, & de celles qui se font aujourd’hui, je ne veux me servir que des loüanges mesmes qu'on leur a données.
APELLES
PHIDIAS
PRAXITELES
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TIMANTHES
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
VERONESE, Paolo (Paolo Caliari)
ZEUXIS
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Mais revenons à la Peinture. Je puis encore prouver le peu de suffisance des Peintres anciens par quelques morceaux de peinture antique qu'on voit à Rome en deux ou trois en-droits ; car quoy que ces ouvrages ne soient pas tout à fait du temps d’Appelle & de Zeuxis, ils sont apparemment dans la mesme manière ; & tout ce qu'il peut y avoir de difference, c'est que les Maistres qui les ont faits estant un peu moins anciens, pourroient avoir sçû quelque chose davantage dans la peinture. J’ay vû celuy des Nopces qui est dans la Vigne Aldobrandine, & celuy qu'on appelle le Tombeau d'Ovide. Les figures en sont bien dessinées, les attitudes sages & naturelles, & il y a beaucoup de noblesse & de dignité dans les airs de teste, mais il y a tres-peu d'entente dans le mélange des couleurs ; & point du tout dans la perspective ny dans l’ordonnance. Toutes les teintes sont aussi fortes les unes que les autres, rien n'avance, rien ne recule dans le tableau, & toutes les figures sont presque sur la mesme ligne, en sorte que c’est bien moins un tableau qu'un bas relief antique coloré, tout y est sec & immobile sans union, sans liaison, & sans cette mollesse des corps vivans qui les distingue du marbre & de la bronze qui les représentent. Ainsi la grande difficulté n'est pas de prouver qu'on l'emporte aujourd'huy sur Zeuxis, sur les Timantes & sur les Appelles, mais de faire voir qu’on a encore quelque avantage sur les Raphaels, sur les Titiens, sur les Pauls Veroneses, & sur les autres grands Peintres du dernier siecle. Cependant j'ose avancer qu'à regarder l'Art en luy-mesme, entant qu’il est un amas & une collection de preceptes, on trouvera qu'il est plus accompli & plus parfait presentement qu'il ne l'estoit du temps de ces grands Maistres.
ANONYME, Les Noces Aldobrandines, Ier siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C., fresque, 95 x 255, Vatican, Musei Vaticani, Inv. 79631.
ANONYME, Rape of Proserpina, IIe siècle après J.-C. - IIIe siècle après J.-C., peinture murale, 71 x 98 , London, British Museum, 1883,0505.1.
APELLES
RAFFAELLO (Raffaello Sanzio)
TIMANTHES
TIZIANO (Tiziano Vecellio)
VERONESE, Paolo (Paolo Caliari)
ZEUXIS
Il est fort probable que le Tombeau d'Ovide évoqué ici par Perrault soit en réalité celui des Nasonii, retrouvé en 1674 à Rome, et orné de peintures. Parmi elles, on retrouve par exemple L'enlèvement de Proserpine (The Rape of Proserpina) conservé au British Museum. Des reproductions dans Le pitture antiche del sepolcro de Nasonii nella Via Flaminia : disegnate, ed intagliate alla similitudine degli antichi originali de Bellori, paru en 1680, doivent également être signalées (planche XII pour l'oeuvre du British Museum par exemple). À ce sujet, voir notamment, Delphine Burlot. Peintures romaines antiques et faussaires. Sources et techniques. Archéologie et Préhistoire. Université Paris-Sorbonne - Paris IV, 2007, p. 68 et suivantes.
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L'ABBE. Cela est tres-vray, & il y aura toûjours de la peine à comparer un tableau ancien avec un moderne, parce qu'on ne sçait ce que sera le Temps & quelles beautez il doit ajoûter au tableau nouveau fait. Ainsi, je soûtiens toûjours que la Peinture en elle-mesme est aujourd'hui plus accomplie que dans le siecle mesme de Raphaël, parce que du costé du clair obscur, de la degradation des lumières & des diverses bienseances de la composition, on est plus instruit & plus delicat qu'on ne l'a jamais esté.
LE PRESIDENT. Cependant, ce n'est pas là le sentiment commun ; & si l'on en croit les Connoisseurs, les moindres tableaux des Anciens vont devant les plus beaux des Modernes.
L'ABBE. Vous croyez sans doute que cela vient du peu d'habileté de nos Peintres & de la grande capacité de ceux qui en jugent, je vous declare que c'est tout le contraire.