LUMIÈRE ET OMBRE (expr.)

BRIGHT AND OBSCURE (eng.) · DAG EN SCHADUW (nld.) · LICHT EN DONKER (nld.) · LICHT EN SCHADUW (nld.) · LICHT UND DUNKEL (deu.) · LICHT UND SCHATTEN (deu.) · LIGHT AND DARKNESS (eng.) · LIGHT AND SHADE (eng.) · LIGHT AND SHADOW (eng.) · LUME E OMBRA (ita.)
TERM USED IN EARLY TRANSLATIONS
DAG EN SCHADUW (nld.) · LICHT EN BRUIN (nld.) · LICHT UND SCHATTEN (deu.) · LIGHT AND SHADE (eng.) · LIGHT AND SHADOW (eng.) · LUME E OMBRA (ita.) · LUMEN & UMBRA (lat.) · OMBRA E LUME (ita.)
BIET, Christian, « Les impasses de la lumière : le clair-obscur », dans BIET, Christian et JULLIEN, Vincent (éd.), Le siècle de la lumière, 1600-1715, Fontenay-aux-Roses, ENS Éd., 1997, p. 225-246.
COMBRONDE, Caroline, De la lumière en peinture. Le débat latent du Grand Siècle, Louvain-la-Neuve, Éd. de l'Institut supérieur de philosophie, 2010.
DÉSIRAT, Dominique, « La lumière dans la théorie de la peinture en France, au XVIIe siècle », dans BIET, Christian et JULLIEN, Vincent (éd.), Le siècle de la lumière, 1600-1715, Fontenay-aux-Roses, ENS Éd., 1997, p. 291-307.
HOCHMANN, Michel et JACQUART, Danielle (éd.), Lumière et vision dans les sciences et les arts de l’Antiquité au XVIIe siècle, Actes du colloque de Paris, Genève, Droz, 2010.
HOCHMANN, Michel, « Les reflets colorés  : optique et analyse du coloris du XVIe au XVIIe siècle », dans HOCHMANN, Michel et JACQUART, Danielle (éd.), Lumière et vision dans les sciences et les arts de l’Antiquité au XVIIe siècle, Actes du colloque de Paris, Genève, Droz, 2010, p. 325-339.

FILTERS

LINKED QUOTATIONS

12 sources
22 quotations

Quotation

XXII. Les Draperies.}
*Que les Draperies soient jettées noblement, que les plis en soient amples, *& qu'ils suivent l'ordre des Parties, les faisant voir dessous par le moyen des Lumieres & des Ombres ; nonobstant que ces Parties soient souvent traversées par le coulant des Plis qui flotent à l'entour, *sans y estre trop adherans & collez ; mais qu'ils les marquent en les flatant par la discretion des ombres & des clairs. * Et si ces parties se trouvent trop écartées l'une de l'autre, en sorte qu'il y ait des vuides dans lesquels se trouvassent des bruns, il faudra prendre occasion de placer dans le vuide quelque pli pour les accoupler. *Et comme la beauté des membres ne consiste pas dans la quantité des muscles, qu'au contraire ceux qui en font moins paroistre, ont plus de majesté que les autres ; ainsi la beauté des Draperies ne consiste pas dans la quantité des plis, mais dans un ordre simple & naturel. Il y faut encore observer la qualité des personnes, *comme des Magistrats, à qui vous donnerez des Draperies fort amples ; aux Païsans & aux Esclaves, de grosses & de retroussées ; *& aux Filles, de tendres & de legeres. Il fera bon quelquefois de tirer des endroits creux quelque pli, & de le faire enfler ; afin que recevant du jour, il contribuë à étendre le clair aux endroits où la Masse le demande, & que par ce moyen il vous oste des ombres dures, qui ne font que des taches.

Conceptual field(s)

L’HISTOIRE ET LA FIGURE → vêtements et plis
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

256. [La Cromatique.] La troisième & derniere Partie de la Peinture s’appelle Cromatique, ou Coloris. Elle a pour objet la Couleur : c’est pourquoy les Lumieres & les Ombres y sont aussi comprises, qui ne sont autre chose que du Blanc & du Brun, & par consequent qui ont rang parmy les Couleurs. […] Disons donc, Que la Cromatique fait ses observations sur les Masses ou Corps des Couleurs, accompagnées de Lumieres & d’Ombres plus ou moins évidentes par degrez de diminution, selon les accidens, premierement du Corps lumineux, comme du Soleil ou d’un flambeau ; secondement du Corps diaphane, qui est entre nous & l’objet, comme l’Air pur ou épais, ou une vitre rouge, &c. 3. du Corps solide illuminé, comme une Statuë de marbre blanc, un arbre vert, un cheval noir, &c. 4. de la part de celuy qui regarde le Corps illuminé le voyant de loin ou de prés, directement en ange droit, ou de biais en angle obtus, de haut en bas, ou de bas en haut. Cette Partie dans la connoissance qu’elle a de la valeur des Couleurs, de l’amitié qu’elles ont ensemble, & de leur antipathie, comprend la Force, le Relief, la Fierté, & ce Precieux que l’on remarque dans les bons Tableaux. Le maniement des Couleurs & le travail dépendent encore de cette derniere Partie.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur

Quotation

Le Coloris a pour objet la couleur, la lumiere & l’ombre ; car c’est en mettant les couleurs qu’on observe l’amitié ou l’antipatie qui est entre elles ; leur union & leur douceur. Qu’on regarde comment il faut donner de la force, du relief, de la fierté, & de la grace aux Tableaux. Qu’on fait des remarques sur les lumieres plus ou moins evidentes, & en degrez de diminution sur les corps accompagnez de lumieres & d’ombres, selon les accidens du lumineux, du diaphane, de la nature du corps illuminé, de l’aspect de celuy qui regarde, & des reflez en differens degrez.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Quotation

II n'est pas toujours necessaire que les objets qui contribüent à faire un fond soient ramassez ensemble, pourveu qu'ils s'unissent en couleur & en lumière : Par exemple, dans le Massacre des Innocens, le ciel, les anges, les figures & les bastimens qui sont dans le païsage, quoy que séparez les uns des autres, sont tous d'une couleur legere, & ne composent qu'un mesme fond clair ; comme les quatre soldats armez, & le Vestibule du Pretoire où ils sont n'en font qu'un brun : Dans le Ravissement des Sabines, le ciel l'architecture & les soldats que l'on voit sur le derriere, sont un fond clair pour l'amphiteatre qui en fait un autre, avec toutes les figures dont il est rempli pour d'autres objets plus avancez : Dans le Jugement de Paris les satyres, la discorde qui est dans les nuées & le Païsage, ne composent ensemble qu'un fond d'un brun doux , pour soustenir & pour faire paroistre l'esclat du tein des trois Déesses. Pour les groupes, il faut que non seulement ils soient composez de corps ramassez ensemble, mais encore qu'ils le soient en boule, en monceau, ou comme disoit le Titien, en grape de raisin, afin que toutes les parties esclairées du groupe se trouvant ensemble, ne fassent pour ainsi dire, qu'une lumière, & que toutes ses ombres n'en paroissent qu'une, en sorte neanmoins que cela soit naturel, sans affectation, &comme si les choses s'estoient ainsi trouvées par hazard.

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → règles et préceptes
CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

C'est que la lumière qui penetre l'air, repartit Philarque, s'accorde tres-bien avec le Blanc qui est de la mesme nature, & que le Noir qui luy est opposé est d'autant plus détruit par cet air lumineux, qu'il y a de distance entre l'oeil & l'objet : Rubens n'a fait que suivre en cela le Titien & tous les Peintres Lombards.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Il est vray, repris-je qu’un sçavant homme peut donner à ses figures par le beau choix de la forme, & l’intelligence des couleurs, plus de beauté & de grace que l’on n’en voit d’ordinaire dans les belles personnes, parce que quelques belles qu’elles soient, elles ne seront jamais si accomplies que le peut estre une figure d’un excellent Peintre. Neanmoins quelque effort que puisse faire ce sçavant homme, il n’y aura point dans ses Tableaux tant de relief qu’on en voit dans le naturel, à cause que la force des couleurs est limitée, & ne peut faire paroistre à la veuë une rondeur pareille à celle que l’on voit dans la Nature.
Je voudrois bien, interrompit Pymandre, que vous voulussiez m’en dire la raison.
C’est premièrement, luy répondis-je, que
les Peintres n’ont qu’un blanc & un noir pour la lumière & les ombres ; & ce blanc & ce noir ne peuvent point imiter parfaitement la Nature, parce que le blanc quelque blanc qu’il soit n’a point assez d’éclat pour representer les corps lumineux & le brillant des corps luisans ; & le noir, quelque noir qu’il soit, ne peut imiter qu’imparfaitement les ombres, qui dans la Nature sont des privations de lumiere. Car les noirs d’un Tableau font des matières qui ne peuvent estre privées de la lumiere qui les éclaire aussi bien que les autres couleurs qui sont étenduës sur la superficie de la toile.
Secondement c’est que nous voyons le naturel d’une autre façon que les Tableaux, parce que les rayons qui partent de nos yeux vont embrasser les tournants des corps qui sont de relief, ce qui ne se fait pas de mesme à l’égard des superficies plates, sur lesquelles les rayons visuels demeurent arrestez. C’est ce que Leonard de Vinci remarque dans son traité de la Peinture, où il fait voir que si nous regardons les choses peintes avec un seul œil, elles nous sembleront plus vrayes, & paroistront avoir plus de rondeur, quoyqu’il y ait toujours bien de la difference entre une chose peinte & le naturel, à cause, comme je viens de dire, qu’il y a dans les corps naturels une lumière & des ombres que la Peinture n’a pas force de bien representer.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
CONCEPTS ESTHETIQUES → nature, imitation et vrai

Quotation

C’est aussi ce qui donne du relief aux corps, & qui dépend non seulement de l’affoiblissement des couleurs, mais encore de celuy des lumieres & des ombres. Les Anciens avoient raison de priser cette partie, parce qu’il faut beaucoup de connoissance pour la posseder. Si vous me demandez quels moyens les Peintres peuvent avoir pour l’acquerir, je vous diray que je n’en voy point de plus propre que les continuelles observations des differens effets de la lumiere & de l’ombre, qu’ils peuvent faire sur le naturel ; & en suitte d’imiter ces effets dans leurs tableaux par le moyen des couleurs & des teintes qu’il faut fortifier ou affoiblir selon qu’ils le jugeront necessaire.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

Mais il est encore impossible de bien sçavoir l’effet des couleurs, si l’on n’a égard à la lumiere dont elles sont éclairées, & à l’ombre, qui les obscurcit. Car bien que les couleurs des corps solides demeurent stables, & dans leur nature sur les sujets où elles sont adherentes ; comme le blanc d’une statuë, le rouge d’un manteau, le vert d’un arbre, & ainsi du reste ; ces mesmes couleurs neanmoins paroissent tantost plus obscures, selon qu’elles recevront plus ou moins d’ombre & de lumiere.
 
Et parce que les lumieres & les ombres apportent du changement dans les couleurs, il faut donc que le Peintre fasse le plus d’observations qu’il pourra pour remarquer ces sortes d’alterations ; & qu’en premier lieu il se souvienne que la Peinture ne luy fournit que le noir & le blanc pour representer l’ombre & la lumiere, & que c’est avec ces deux couleurs qu’il peut rendre toutes les autres plus ou moins sensibles. Mais il doit estre fort judicieux & retenu quand il employe le blanc & le noir dans ses ouvrages, parce que comme les jours & les ombres donnent le relief & les enfoncemens aux corps, & aident à en faire paroistre les parties ou plus proches ou plus éloignées, il ne reussira jamais bien dans ce qu’il entreprendra, s’il ne sçait temperer ses bruns & ses clairs, en sorte qu’ils fassent le mesme effet qui paroist dans les choses de relief. Pour cela il faut qu’en peignant la superficie d’un corps, sa couleur soit plus claire & plus lumineuse dans l’endroit où les rayons de lumiere doivent frapper davantage. Et comme la lumiere viendra peu à peu à s’éteindre & à manquer, il faut aussi qu’il affoiblisse peu à peu la force de ses teintes. Mais parce qu’il n’y a jamais dans un corps aucune superficie éclairée de lumiere, qu’il ne s’en trouve une autre opposée à la lumineuse qui est dans l’ombre & dans l’obscurité, l’on doit prendre garde sur le naturel de quelle sorte les ombres répondent entre’elles dans les parties opposées à la lumiere selon les divers degrez d’éloignement. Par exemple, encore que le bleu d’un manteau soit égal dans toutes les parties de ce vestement, il fait neanmoins un autre effet dans les endroits où la lumiere frappe plus fort ; & il paroist d’une autre sorte dans les lieux où la lumière glisse, & dans ceux qui sont ombrez.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

Et comme l’usage de la Perspective lineale sert à trouver la diminution des corps selon leurs divers éloignemens, ne peut-elle pas encore faire juger quelle doit estre la diminution des teintes & des couleurs, & faire aussi trouver dans les Tableaux les veritables places des jours & des ombres.
Le Peintre, répondis-je, doit avoir une intelligence generale des divers effets de toutes sortes d’ombres & de lumières que la perspective luy aidera à bien representer, pourveu qu’auparavent on les ait bien comprises sur le geometral.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
EFFET PICTURAL → perspective

Quotation

Ceux qui ont creu bien connoistre la force de la Lumiere, & sçavoir parfaitement marquer dans les Tableaux, ce que chaque objet en peut recevoir, ont divisé les endroits où frappe la lumiere en parties égales, les affoiblissant ensuite par des regles d’optique. Mais pour vous dire de quelle maniere ils y procèdent, il faut que je vous fasse quelque figure.
 
[…] Vous pourez, luy dis-je, lire ceux qui en ont écrit ; mais comme la demonstration parfait de ces choses-là est tres-difficile, il faut que les Peintres en fassent eux-mesmes des observations. Qu’ils considèrent que plus la lumière est grande & plus ses rayons s’estendent, qu’une lumiere renfermée dans un petit lieu l’éclaire davantage qu’elle ne feroit un plus grand espace. C’est à dire qu’une chandelle éclairera davantage une petite chambre bien close, qu’une grande salle. {
Omne corpus luminosum, à quo non egreditur fortius illuminas qua spatium maius illo. Vit. opt. l. 2 th. 24.}
Il faut qu’ils observent encore l’effet que produisent deux lumieres lors qu’elles se rencontrent. De quelle maniere la plus grande diminuë la moindre, ou pour mieux dire comment toutes les deux se confondent ensemble, & augmentent la splendeur qui en vient : car si l’ombre qui est augmentée par une autre en est d’autant plus obscure, vous jugez bien qu’il faut aussi que deux lumieres fassent plus de clarté qu’une seule. {
Omnis umbra multiplicata plus umbrefecit. Vitel. l. 2 th. 32}.
Je vous diray de plus que le Peintre doit prendre garde que si le corps lumineux est d’une grandeur égale au corps opaque, la moitié sera éclairée de la moitié du corps lumineux, & l’ombre sera égale au corps opaque. Et si le luminaire est plus grand que le corps opaque, l’ombre en sera bien moindre, parce que les rayons qui passent à costé du corps opaque formeront un cone, à la difference de ce qui arrive lors que la lumiere & le corps sont égaux ; car alors les rayons lumineux forment un cylindre.
Il faut encore observer qu’un corps opaque produit autant d’ombres qu’il y a de corps lumineux qui l’éclairent diversement ; mais que l’ombre la moins obscure est toujours celle qui vient par la privation de la lumiere la plus éloignée du corps opaque.
Je pourrois bien vous dire, de quelle sorte il faut terminer & esfumer, ou noyer les ombres selon qu’elles s’éloignent des corps qui les causent. […] Mais je ne croy pas qu’il soit presentement à propos de nous arrester à cela.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
EFFET PICTURAL → perspective
SPECTATEUR → perception et regard

Quotation

On divise ordinairement la Peinture en trois Parties, Invention, Dessein & Coloris. L’Invention est une partie, qui ne s’acquiert que peu ou point du tout ; elle vient d’une heureuse naissance & se cultive par la lecture des bons livres, & par la veuë des bons Tableaux & des Sculptures Antiques. Cette partie consiste à trouver les objets que l’on veut faire entrer dans le tableau, & il est certain qu'on ne doit rien peindre sans y avoir pensé. Cependant il y a quantité de tableaux où l’Invention n’est comptée pour rien : comme dans l’imitation d’une teste, de quelques fruits, de quelques fleurs, & d’autres choses semblables où l’imagination n’a comme point de part, & où il n’est question que d’imiter ce que l’on voit. Mais pour donner le caractere des objets visibles, deux choses sont essentiellement necessaires, dessiner & colorier. Par dessiner l’on entend icy autre chose, sinon donner les veritables mesures & les proportions aux objets que l’on peint ; & colorier, est donner à ces mêmes objets les couleurs, les lumières & les ombres qui leurs conviennent, en sorte que par le Dessein & par le Coloris on imite si bien la nature, que l’on trompe la veuë s’il est possible.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Quotation

Le Coloris est l’intelligence de toutes les couleurs, des naturelles pour les imiter, & des artificielles pour en faire un mélange juste & des teintes qui puissent representer celles des objets naturels. C’est donc par le Coloris que l’on donne aux corps que l’on veut peindre, les lumieres, les ombres & les couleurs qui leur conviennent, & c’est de cette partie de la Peinture que les Tableaux reçoivent leur dernière perfection : car on suppose, & cela doit estre ainsi, que la justesse du dessein, c’est à dire des proportions y est parfaite.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → composition

Quotation

[...] Il [ndr : Rembrandt] a si bien placé les teintes & les demi-teintes les unes auprés des autres, & si bien entendu les lumieres & les ombres, que ce qu’il a peint, d’une maniere grossiere, & qui mesme ne semble souvent qu’ébauché, ne laisse pas de réüssir, lors, comme je vous ay dit, qu’on n’en est pas trop prés.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

C’est un effet de l’habileté du Peintre de bien disposer ces groupes, de les varier tant par les attitudes & les actions des figures, que par les effets des lumieres & des ombres ; mais d’une maniere où le jugement agisse toujoûrs, pour ne pas outrer les actions, ni rendre son sujet desagréable par des ombres trop fortes & de grands éclats de lumieres donnez mal-à-propos.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière

Quotation

Et lequel de ces deux Peintres aimeriez-vous mieux estre, continuay-je, de Raphaël ou du Titien ?
Vous m’embarassez fort, repondit Pamphile ; attendez que j’y pense un peu.
Je ne croyois pas, repris-je, que vous dûssiez balancer de cette sorte, aprés ce que je viens de vous entendre dire.
J'aimerois mieux estre Raphaël, continua Pamphile, & j'estime que le Titien est un plus grand Peintre.
Je vous entends bien, luy dis-je, c'est à-dire que Raphaël avec la correction de son Dessein, avoit plusieurs autres talens, & que tout cela ensemble vous plaist davantage que le Coloris du Titien.
Je vous avoüe, dit Pamphile, que je suis encore assez irresolu : neantmoins la correction du Dessein de Raphaël, l’élegance de ses contours, sa manière de drapper, ses expressions si touchantes, la facilité de son genie, ses compositions nobles, riches & abondantes, la grandeur, la simplicité & la vray-semblance de ses attitudes ; enfin, les graces qu'il répandoit dans tous ses ouvrages, me l’ont fait preferer au Titien.
Quoy au Titien, s'écria Damon, le plus grand Peintre, selon vous, qui ait jamais esté & qui sera peut-estre jamais.
Je vous l'avoüe, dit Pamphile, mais Raphaël, avec tous les avantages que je viens de vous dire, avoit encore celuy, d’estre entré sur la fin de sa vie dans l’inteligence des Lumieres & des Ombres, & d’avoir déja fait un si grand progrés dans le Coloris, & qu'il auroit bientost possedé cette partie dans sa derniere perfection. Ainsi je me persuade, si j'estois Raphaël, que dans peu de temps je serois encore le Titien.

term translated by LICHT EN BRUIN

Conceptual field(s)

L’ARTISTE → qualités
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture
PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin

Quotation

L’incidence de la lumiere consiste à savoir l'ombre que doit faire & porter un corps situé sur un tel plan, & exposé à une lumiere donnée. (Et c’est une connoissance que l’on acquiert facilement dans tous les livres de perspective ausquels on peut avoir recours). Ainsi par l’incidence des lumieres l’on entend les lumieres & les ombres qui appartiennent aux objets particuliers.

Conceptual field(s)

CONCEPTION DE LA PEINTURE → couleur
CONCEPTION DE LA PEINTURE → lumière
L’ARTISTE → règles et préceptes
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière

Quotation

L’incidence de la lumiere se demontre par des lignes que l’on suppose tirées de la source de la même lumiere sur un corps qu’elle éclaire. Elle force & nécessite le Peintre à lui obéir : au lieu que le clair-obscur dépend absolument de l’imagination du Peintre. Car celui qui invente les objets est maître de les disposer d’une maniere à recevoir les lumieres & les ombres telles qu’il les desire dans son Tableau, & d’y introduire les accidens & les couleurs dont il pourra tirer de l’avantage.

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
L’ARTISTE → qualités

Quotation

Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]

Conceptual field(s)

EFFET PICTURAL → qualité des couleurs
EFFET PICTURAL → qualité de la lumière
EFFET PICTURAL → perspective