Illustration

PRESENTATION

TESTELIN, Henry, Table quatrième des préceptes de la peinture sur le clair et l'obscur, estampe, dans TESTELIN, Henry, Sentimens des plus habiles peintres du tems, sur la pratique de la peinture et sculpture, Recueillis & mis en Tables de Preceptes. Avec six discours academiques, Extraits des Conferences tenuës en l’Académie Royale desdits Arts & prononcés en presence de deffunt Monsieur Colbert, Conseiller du Roi en tous ses Conseils, Controleur General des Finances, Surintendant & Ordonnateur des Bâtiments du Roi, Jardins, Arts & Manufactures de France, protecteur de ladite Academie, assemblée generalement en des jours solemnels pour la delivrance du Prix Royal, par Henry Testelin, Peintre du Roi, Professeur & Secretaire en ladite Academie, La Haye, Matthieu Rogguet, s.d. [1693 ou 1694], n.p. [après p. 29].

Les originaux des six Tables de Testelin sont aujourd'hui perdus. Leur première lecture auprès de l'Académie s'est échelonnée entre 1675 et 1679 et a ensuite donné lieu à une première édition en 1680 des Tables seules, intitulée Sentiments des plus habiles peintres du temps sur la pratique de la peinture (Paris, 1680). Les discours rédigés par Testelin n'ont quant à eux été rédigés et publiés qu'ultérieurement, d'abord vers 1693-1694 (La Haye, M. Rogguet) puis en 1696 (Paris, Vve Mabre-Cramoisy) avec leurs Tables respectives reproduites. Dès 1683, Sandrart a également traduit en latin les Tables de Testelin dans son Academia nobilissimae artis pictoriae. Comme l'indique une mention au bas de la planche, la Table sur le clair et l'obscur présentée ici a été lue par Testelin le 5 novembre 1678.

Quotation

L’on considera encore en general les effets du clair & de l’obscur, selon les diverses heures du jour, & à l’égard des lieux où elle est repanduë, & même à l’égard des lumieres natureles ou artificieles ; le matin, le Soleil à son lever […], fait paroître les couleurs dans leur fraicheur & beauté naturelle. A l’heure du midi comme le Soleil est plus éclattant, il produit des ombres aigres & fortes, & étant plus élevé il forme ses ombres plus courtes. Le soir aussi bien que le matin le Soleil étant plus bas porte des ombres plus longues & plus étanduës, par ce moyen donne aux Peintres des occasions favorables pour disposer les grandes parties d’ombres, & comme la lumiere du matin éclaire nettement les objets, celle du soir étant ordinairement offusquée par l’épaisseur d’un air chargé de vapeurs, cette épaisseur efface les objets, & les fait paroître comme enfumés ou poudreux.
[…] qu’ainsi la grandeur, la forme, & la couleur des jours & des ombres ne se peuvent bien representer que relativement à la lumiere laquelle produit ses differants effets suivant la situation, la forme & la position des corps.

Quotation

Au reste chacun demeure bien d’accord que l’opposition de ces choses [ndr : le clair et le brun] se servent mutuellement pour dégager les parties singulieres. Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere.

Quotation

Pour entrer maintenant dans les considerations particulieres des divers endroits où la lumiere fait ces differans effets ; l’on posa premierement une maxime constante à tous ces égards, que ces differens effets recoivent leurs Couleurs proportionnement, & par rapport aux corps lumineux qui les produisent, les rayons du Soleil sont accompagnez d’une teinte jaunâtre, l’air produit une clarté bleuâtre, & la lumiere qui entre dans les lieux fermés dépend de la couleur du vitrage. A l’égard des lumieres artificielles comme elles ne procedent que du feu ou de quelque flambeau, elles portent toûjours une teinte d’un jaune rougâtre, & comme dans les lieux fermez la lumiere est moins forte & plus precipitée, les ombres font plus brunes à proportion, quand aux lumieres diminuées par l’éloignement, il est constant que le clair & l’obscur doivent s’éteindre en s’éloignant sur un plan perspectif proportionnement selon la degradation des régles, & pour cet effet la Compagnie jugea à propos d’observer pour maxime de supposer toûjours, dehors le Tableau, le corps lumineux dont l’on voudra éclairer les premieres figures : n’étant pas possible d’en representer l’éclat avec des couleurs materielles, & pour éviter l’imprudence de quelques Peintres qui l’ont fait paroître en l’Orison, pendant qu’ils ont éclairé les premieres figures du Tableau en devant ; quelqu’un remarqua encore qu’il falloit éviter les repetitions des petites lumieres qui se pourroient rencontrer sur l’étendue des membres, & en interrompre la beauté par une maniere chetive en faisant paroître comme des trous.

Quotation

Quand à l’usage des reflexs provenant d’une clarté rejalie renvoyée par l’éclat d’un grand jour frapant sur quelque objet voisin, porte une lueur proportionnée à la vivacité de la lumiere & de la couleur ; c’est une chose tres necessaire non seulement pour faire paroître le relief des corps, mais aussi contribuer à l’union & concordance du tout ensemble, ce qui oblige le Peintre judicieux à en bien menager tous les dégrez, & les disposer si prudamment qu’ils n’aporte aucune aigreur dans l’Ouvrage.

Quotation

Au reste chacun demeure bien d’accord que l’opposition de ces choses [ndr : le clair et le brun] se servent mutuellement pour dégager les parties singulieres. Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

Au reste chacun demeure bien d’accord que l’opposition de ces choses [ndr : le clair et le brun] se servent mutuellement pour dégager les parties singulieres. Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

[…] car communement on considere la lumiere par oppostion au tenebres, & ainsi successivement l’un à l’autre. Mais l’Academie a regardé ces deux opposez relativement & proportionnellement dans un seule vûë. C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […]

Quotation

[…] car communement on considere la lumiere par oppostion au tenebres, & ainsi successivement l’un à l’autre. Mais l’Academie a regardé ces deux opposez relativement & proportionnellement dans un seule vûë. C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […]

Quotation

[…] qu’ainsi la grandeur, la forme, & la couleur des jours & des ombres ne se peuvent bien representer que relativement à la lumiere laquelle produit ses differants effets suivant la situation, la forme & la position des corps.
De tous ses differants égards on peut receuillir qu’il y a de quatre sortes de degrez de lumieres à observer, que l’on peut nommer lumiere souveraine, lumiere glissante, lumiere diminuée, & lumiere reflechie. Par exemple celle qui vient de haut tombant à plomb sur l’eminance d’une partie élevée, éclaire souverainement cet endroit là, auquel se doit aussi trouver son plus vif éclat, & lors qu’un corps est panché, la lumiere ne fait que glisser, semblablement à mesure que les objets s’éloignent ou de la lumiere ou de l’œil du regardant, le clair & l’obscur diminue à proportion de la perspective du Trait ; quand aux reflections il est certain que la lumiere frapant sur un corps voisin il ce fait un rejalissement de lumiere qui porte avec soy une teinte de la couleur du corps qui lui renvoye sa lueur.

Quotation

Pour entrer maintenant dans les considerations particulieres des divers endroits où la lumiere fait ces differans effets ; l’on posa premierement une maxime constante à tous ces égards, que ces differens effets recoivent leurs Couleurs proportionnement, & par rapport aux corps lumineux qui les produisent, les rayons du Soleil sont accompagnez d’une teinte jaunâtre, l’air produit une clarté bleuâtre, & la lumiere qui entre dans les lieux fermés dépend de la couleur du vitrage. A l’égard des lumieres artificielles comme elles ne procedent que du feu ou de quelque flambeau, elles portent toûjours une teinte d’un jaune rougâtre, & comme dans les lieux fermez la lumiere est moins forte & plus precipitée, les ombres font plus brunes à proportion, quand aux lumieres diminuées par l’éloignement, il est constant que le clair & l’obscur doivent s’éteindre en s’éloignant sur un plan perspectif proportionnement selon la degradation des régles, & pour cet effet la Compagnie jugea à propos d’observer pour maxime de supposer toûjours, dehors le Tableau, le corps lumineux dont l’on voudra éclairer les premieres figures : n’étant pas possible d’en representer l’éclat avec des couleurs materielles, & pour éviter l’imprudence de quelques Peintres qui l’ont fait paroître en l’Orison, pendant qu’ils ont éclairé les premieres figures du Tableau en devant ; quelqu’un remarqua encore qu’il falloit éviter les repetitions des petites lumieres qui se pourroient rencontrer sur l’étendue des membres, & en interrompre la beauté par une maniere chetive en faisant paroître comme des trous.

Quotation

Quand à l’usage des reflexs provenant d’une clarté rejalie renvoyée par l’éclat d’un grand jour frapant sur quelque objet voisin, porte une lueur proportionnée à la vivacité de la lumiere & de la couleur ; c’est une chose tres necessaire non seulement pour faire paroître le relief des corps, mais aussi contribuer à l’union & concordance du tout ensemble, ce qui oblige le Peintre judicieux à en bien menager tous les dégrez, & les disposer si prudamment qu’ils n’aporte aucune aigreur dans l’Ouvrage.

Quotation

A l’égard des lumieres artificielles comme elles ne procedent que du feu ou de quelque flambeau, elles portent toûjours une teinte d’un jaune rougâtre, & comme dans les lieux fermez la lumiere est moins forte & plus precipitée, les ombres font plus brunes à proportion, quand aux lumieres diminuées par l’éloignement, il est constant que le clair & l’obscur doivent s’éteindre en s’éloignant sur un plan perspectif proportionnement selon la degradation des régles, & pour cet effet la Compagnie jugea à propos d’observer pour maxime de supposer toûjours, dehors le Tableau, le corps lumineux dont l’on voudra éclairer les premieres figures : n’étant pas possible d’en representer l’éclat avec des couleurs materielles, & pour éviter l’imprudence de quelques Peintres qui l’ont fait paroître en l’Orison, pendant qu’ils ont éclairé les premieres figures du Tableau en devant ; quelqu’un remarqua encore qu’il falloit éviter les repetitions des petites lumieres qui se pourroient rencontrer sur l’étendue des membres, & en interrompre la beauté par une maniere chetive en faisant paroître comme des trous.

Quotation

Pour entrer maintenant dans les considerations particulieres des divers endroits où la lumiere fait ces differans effets ; l’on posa premierement une maxime constante à tous ces égards, que ces differens effets recoivent leurs Couleurs proportionnement, & par rapport aux corps lumineux qui les produisent, les rayons du Soleil sont accompagnez d’une teinte jaunâtre, l’air produit une clarté bleuâtre, & la lumiere qui entre dans les lieux fermés dépend de la couleur du vitrage. A l’égard des lumieres artificielles comme elles ne procedent que du feu ou de quelque flambeau, elles portent toûjours une teinte d’un jaune rougâtre, & comme dans les lieux fermez la lumiere est moins forte & plus precipitée, les ombres font plus brunes à proportion, quand aux lumieres diminuées par l’éloignement, il est constant que le clair & l’obscur doivent s’éteindre en s’éloignant sur un plan perspectif proportionnement selon la degradation des régles, & pour cet effet la Compagnie jugea à propos d’observer pour maxime de supposer toûjours, dehors le Tableau, le corps lumineux dont l’on voudra éclairer les premieres figures : n’étant pas possible d’en representer l’éclat avec des couleurs materielles, & pour éviter l’imprudence de quelques Peintres qui l’ont fait paroître en l’Orison, pendant qu’ils ont éclairé les premieres figures du Tableau en devant ; quelqu’un remarqua encore qu’il falloit éviter les repetitions des petites lumieres qui se pourroient rencontrer sur l’étendue des membres, & en interrompre la beauté par une maniere chetive en faisant paroître comme des trous.

Quotation

[…] car communement on considere la lumiere par oppostion au tenebres, & ainsi successivement l’un à l’autre. Mais l’Academie a regardé ces deux opposez relativement & proportionnellement dans un seule vûë. C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […] [...] Car en voyant ainsi les objets d’un seul coup d’œil, la partie ombrée ne paroît que comme une masse d’obscurité, dans laquelle on ne discerne pas les choses qui y peuvent être, de même il faut dans un Tableau négligé ce qui n’est pas éclairé, en imitant le naturel sans trop penetrer les choses qui demeurent cachées par les ombres, ou effacées par leurs éloignement.

Quotation

Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

[…] car communement on considere la lumiere par oppostion au tenebres, & ainsi successivement l’un à l’autre. Mais l’Academie a regardé ces deux opposez relativement & proportionnellement dans un seule vûë. C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […]

Quotation

On ajoûta à cela que l’on pouvoit distinguer de diverses sortes d’ouvrages, comme ceux qui ce font dans les plafons ou dans les voustes, qu’on ne peut voir que d’une distance bornée & d’un seul endroit, dans lesquels il est absolument necessaire d’observer cette maxime, de marquer légerement ce qui est couvert de l’obscurité des ombres, mais pour ceux qui sont portatifs & sur tout les petits ouvrages que l’on peut approcher de la vûë, & où l’on prend plaisir de la promener sur chaque partie pour en remarquer le travail ; qu’il est necessaire d’y marquer exactement les choses qui se rencontrent dans les ombres, soit du nud ou des plis de draperies, afin d’en connoître la forme & la proportion.

Quotation

Au reste chacun demeure bien d’accord que l’opposition de ces choses [ndr : le clair et le brun] se servent mutuellement pour dégager les parties singulieres. Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

Au reste chacun demeure bien d’accord que l’opposition de ces choses [ndr : le clair et le brun] se servent mutuellement pour dégager les parties singulieres. Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

A l’égard des lumieres artificielles comme elles ne procedent que du feu ou de quelque flambeau, elles portent toûjours une teinte d’un jaune rougâtre, & comme dans les lieux fermez la lumiere est moins forte & plus precipitée, les ombres font plus brunes à proportion, quand aux lumieres diminuées par l’éloignement, il est constant que le clair & l’obscur doivent s’éteindre en s’éloignant sur un plan perspectif proportionnement selon la degradation des régles, & pour cet effet la Compagnie jugea à propos d’observer pour maxime de supposer toûjours, dehors le Tableau, le corps lumineux dont l’on voudra éclairer les premieres figures : n’étant pas possible d’en representer l’éclat avec des couleurs materielles, & pour éviter l’imprudence de quelques Peintres qui l’ont fait paroître en l’Orison, pendant qu’ils ont éclairé les premieres figures du Tableau en devant ; quelqu’un remarqua encore qu’il falloit éviter les repetitions des petites lumieres qui se pourroient rencontrer sur l’étendue des membres, & en interrompre la beauté par une maniere chetive en faisant paroître comme des trous.

Quotation

C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […]

Quotation

Quand à l’usage des reflexs provenant d’une clarté rejalie renvoyée par l’éclat d’un grand jour frapant sur quelque objet voisin, porte une lueur proportionnée à la vivacité de la lumiere & de la couleur ; c’est une chose tres necessaire non seulement pour faire paroître le relief des corps, mais aussi contribuer à l’union & concordance du tout ensemble, ce qui oblige le Peintre judicieux à en bien menager tous les dégrez, & les disposer si prudamment qu’ils n’aporte aucune aigreur dans l’Ouvrage. […] Toutes ces considerations doivent obliger un Peintre à bien observer le degré des reflexs, dans les ombres aussi bien que dans les teintes de la partie éclairée, d’autant que les reflections se diminuent suivant l’ouverture d’angle qui ce fait comme le rebond d’une balle qui s’écarte selon la disposition du sujet qui la renvoye.

Quotation

Regardant les objets de cette maniere sans varier la vûë, il sera facile de reconnoître qu’il y a un principal éclat qui reside, comme en un seul point dominant sur toute la partie éclairée, de même que dans l’ombre on peut remarquer des endroits plus obscurs, c’est ce que l’on nomme dans l’usage des Peintres, l’éclat du rehaût d’un côté, & d’autre part le renfoncement extréme ; de sorte qu’il demeure constant que ces deux extremitez doivent être uniques dans un Ouvrage de Peinture.

Quotation

[…] une question assez souvant agitée entre les Peintres Partisans des manieres differantes, à sçavoir lequel du clair ou du brun est plus propre à faire paroître, avancer, ou reculer ; car il est constant que si l’éclat du rehaût est ce qui fait jaillir en avant & est plus propre à exprimer le relief , on ne peut pas disconvenir aussi qu’il ne soit plus propre à faire avancer les objets que le brun, qui les effasse en les noircissant. [...] ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

[…] une question assez souvant agitée entre les Peintres Partisans des manieres differantes, à sçavoir lequel du clair ou du brun est plus propre à faire paroître, avancer, ou reculer ; car il est constant que si l’éclat du rehaût est ce qui fait jaillir en avant & est plus propre à exprimer le relief , on ne peut pas disconvenir aussi qu’il ne soit plus propre à faire avancer les objets que le brun, qui les effasse en les noircissant.

Quotation

Quand à l’usage des reflexs provenant d’une clarté rejalie renvoyée par l’éclat d’un grand jour frapant sur quelque objet voisin, porte une lueur proportionnée à la vivacité de la lumiere & de la couleur ; c’est une chose tres necessaire non seulement pour faire paroître le relief des corps, mais aussi contribuer à l’union & concordance du tout ensemble, ce qui oblige le Peintre judicieux à en bien menager tous les dégrez, & les disposer si prudamment qu’ils n’aporte aucune aigreur dans l’Ouvrage.

Quotation

C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […]

Quotation

Au reste chacun demeure bien d’accord que l’opposition de ces choses [ndr : le clair et le brun] se servent mutuellement pour dégager les parties singulieres. Quand aux grandes parties generales qui sont ces grands ports d’ombres par lesquels on fait rencontrer les accords des divers dégrez de clair & d’obscur, qui font comme une agreable harmonie de lumiere dans les belles Ordonnances, le Peintre doit soigneusement étudier les beaux effets du naturel pour disposer prudamment les grande parties, qui sont comme des masses en quoi consiste ce que l’on appelle la grande & belle maniere. Sur cela quelqu’un fit observer une maxime dont l’Academie demeura d’accord, à sçavoir que dans les figures qui se rencontrent dans la partie ombrée ou éclairées ; ce qui sert de teinte en la partie éclairée doit faire le rehaût en la partie ombrée, & ce qui est une teinte en la partie ombrée peut servir d’ombre en la partie éclairée.

Quotation

Qu’à la verité l’on doit conserver les grandes parties ombrées comme les endroits où la vûë doit trouver du repos, & qui doivent servir de fonds pour détacher les choses qui sont éclairées, non seulement à l’égard de la disposition du tout ensemble, mais aussi dans les particulieres, ce qui ne doit pas empêcher de former ce qui est essenciel pour marquer la proportion.

Quotation

Quand à l’usage des reflexs provenant d’une clarté rejalie renvoyée par l’éclat d’un grand jour frapant sur quelque objet voisin, porte une lueur proportionnée à la vivacité de la lumiere & de la couleur ; c’est une chose tres necessaire non seulement pour faire paroître le relief des corps, mais aussi contribuer à l’union & concordance du tout ensemble, ce qui oblige le Peintre judicieux à en bien menager tous les dégrez, & les disposer si prudamment qu’ils n’aporte aucune aigreur dans l’Ouvrage.

Quotation

Quand à l’usage des reflexs provenant d’une clarté rejalie renvoyée par l’éclat d’un grand jour frapant sur quelque objet voisin, porte une lueur proportionnée à la vivacité de la lumiere & de la couleur ; c’est une chose tres necessaire non seulement pour faire paroître le relief des corps, mais aussi contribuer à l’union & concordance du tout ensemble, ce qui oblige le Peintre judicieux à en bien menager tous les dégrez, & les disposer si prudamment qu’ils n’aporte aucune aigreur dans l’Ouvrage. [...] Enfin on tomba d’accord que toutes ces considerations de l’oeconomie ou dispensation de la lumiere & des ombres, est l’une des plus importantes parties de la Peinture par les beaux dégagemens & discrettes oppositions, & qui étant considerées d’une seule vûë produiront toûjours une tres belle union, & une agreable douceur, & même fera paroître de l’agitation & du mouvement dans les figures, c’est aussi où se reconnoît particulierement la beauté des geniës.

Quotation

[…] car communement on considere la lumiere par oppostion au tenebres, & ainsi successivement l’un à l’autre. Mais l’Academie a regardé ces deux opposez relativement & proportionnellement dans un seule vûë. C’est en effet un des plus important presceptes qu’on puisse tirer du raisonnement de ces Conferences pour faire en Peinture une juste representation des beaux effets du naturel, car comme on ne sauroit appercevoir les objets que par la lumiere, & qu’il n’y a aucun Corps de quelque forme que ce soit qui ne porte son ombre en soi-même par son propre relief, ou sur quelqu’autre Corps voisin, il est constant qu’on ne sauroit imiter la belle union qui se rencontre naturellement dans l’opposition de ces deux contraires qu’en les regardant perspectivement, c’est à dire d’un seul coup d’œil ; mais pour y réüssir il est necessaire d’y apporter un jugement bien épuré & dégagé de toute affectation pour observer les divers degrez de force entre les teintes & les reflex, tant sur les parties éclairées que sur celles qui sont ombrées, pour cet effet il faut observer les differents effets de la vûe fixée sur des objets opposez à une grande lumiere, ou bien à une forte obscurité (non pas pour dire comme ont fait quelques Traducteurs, qui ont voulu exprimer les sentimens d’un tres sçavant Peintre) que la prunelle s’élargit ou s’étraicit ; […]
Regardant les objets de cette maniere sans varier la vûë, il sera facile de reconnoître qu’il y a un principal éclat qui reside, comme en un seul point dominant sur toute la partie éclairée, de même que dans l’ombre on peut remarquer des endroits plus obscurs, c’est ce que l’on nomme dans l’usage des Peintres, l’éclat du rehaût d’un côté, & d’autre part le renfoncement extréme ; de sorte qu’il demeure constant que ces deux extremitez doivent être uniques dans un Ouvrage de Peinture. Ce fut à ce propos que quelqu’un de la Compagnie proposa pour precepte de ne pas s’attacher à finir les choses qui se rencontrent dans l’ombre, parce que ce travail est non seulement perdu par son inutilité, mais qu’il empêche encore le bel effet du tout ensemble, en distrayant la vûë de son principal, & en l’atirant sur des parties singulieres, qui par ce moyen deviennent trop apparentes.

Quotation

Enfin on tomba d’accord que toutes ces considerations de l’oeconomie ou dispensation de la lumiere & des ombres, est l’une des plus importantes parties de la Peinture par les beaux dégagemens & discrettes oppositions, & qui étant considerées d’une seule vûë produiront toûjours une tres belle union, & une agreable douceur, & même fera paroître de l’agitation & du mouvement dans les figures, c’est aussi où se reconnoît particulierement la beauté des geniës.