Comment un peintre doit se rendre universel Le peintre qui veut paroistre universel, & plaire à plusieurs personnes de différents gousts, doit introduire en une mesme composition des choses qui soient touchées d’ombres fortes & d’autres plus douces, mais en sorte neantmoins que l’on connaisse les causes d’où procedent les differences de la force et de la douceur de ces ombres.
{LX. La diversité & la facilité plaisent.} *Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point.
DA VINCI, Leonardo, Traitté de la peinture, de Léonard de Vinci, donné au public et traduit d'italien en françois par R. F. S. D. C., trad. par FRÉART de CHAMBRAY, Roland, Paris, Jacques Langlois, 1651.
DE PILES, Roger, De l'art de peinture de Charles Alphonse Dufresnoy, Paris, Nicolas Langlois, 1668.
De la variété necessaire dans les histoires Aux compositions d’histoires un peintre doit s’estudier à faire paroistre son genie par l’abondance & la variété de ses inventions, & fuir la repetition d’une mesme chose qui soit desja faite, afin que la nouveauté & l’abondance attirent à soy & donnent plaisir à l’œil de celuy qui considere leur ouvrage. […]
DA VINCI, Leonardo, Traitté de la peinture, de Léonard de Vinci, donné au public et traduit d'italien en françois par R. F. S. D. C., trad. par FRÉART de CHAMBRAY, Roland, Paris, Jacques Langlois, 1651.