CATHERINOT, Nicolas, Traité de la peinture, Bourges, s.n., 1687.

Bibliothèque Nationale de France Paris V-1740 30 quotations 26 terms
Nicolas Catherinot (château de Lusson près de Bourges, 1628 – Bourges, 1688) a fait des études de droit à Bourges, puis à Paris, où il est devenu avocat. Il est ensuite revenu s’installer à Bourges en 1653. Deux ans plus tard, il a obtenu la charge d’avocat du Roi et de conseiller au présidial et baillage de cette dernière ville. Dans la notice biographique que lui consacre Jean-Pierre Niceron dans ses Mémoires pour servir à l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres (1734), Catherinot est présenté comme un auteur prolifique (118 ouvrages ont été recensés dont beaucoup portent sur le droit), érudit et curieux. L’abondance de sa production littéraire l’a conduit à imprimer lui-même ses écrits ce qui en explique la présentation très dense, parfois confuse, sans frontispice ni illustration. Il reconnaissait lui-même que ses livres contenaient des « redites », avaient des « omissions » et manquaient « d’ordre » (1734, p. 192). C’est le cas notamment de deux ouvrages consacrés à l’art, l’un sur l’architecture, publié en 1688, l’autre, qui nous occupe, sur la peinture paru un an avant.
Le Traité de la peinture est un texte court (24 pages) dans lequel Catherinot commence par rappeler les origines lointaines de la peinture en s’appuyant sur Marolles (Livre des peintres et des graveurs, 1677) et en relatant des topoï tels que celui des bergers qui furent les premiers à pratiquer la peinture en dessinant les ombres de leurs brebis, ou celui des Égyptiens qui l’ont inventée ou encore celui des Grecs qui l’ont perfectionnée (p. 2). Il tire ses connaissances des auteurs antiques, tels que Pline, Varron, Plaute, et modernes comme Félibien (les Entretiens). Son propos mêle ensuite de manière décousue des questions qui relèvent du droit, telle que celle de savoir à qui appartient un tableau commencé par un peintre et achevé par un autre (p. 5), des conseils prodigués aux peintres, comme la manière de disposer des groupes et de représenter les figures (p. 9), ou encore des considérations sur les qualités des artistes. Il passe sans transition des huiles nécessaires au peintre (p. 10) aux proportions du corps humain (p. 11), aux portraits personnels, aux écoles de peinture (p. 16), aux domaines de connaissances que se doit d’avoir un peintre (p. 17), à la constitution de sa bibliothèque (p. 19). Son discours est également parsemé de maximes : « les enfans jugent mieux de la ressemblance des portraits que les adultes. / Le Peintre doit sçavoir la perspective, mais il ne doit pas en estre esclave. / Un Peintre ne peut deguiser son pinceau, non plus qu’un écrivain sa plume » (p. 13).
Un des intérêts majeur de ce traité est que son auteur donne à la fin (p. 22) trois listes : une qu’il nomme les « noms de peinture » rangés par ordre alphabétique qui commence par « attitude » et se termine avec « tendresse » ; une de « verbes de peinture » comme « agrouper plusieurs corps », « ébaucher », « noyer les couleurs », « vernir » ; et enfin, une autre des peintres de Bourges.

Stéphanie Trouvé
in-4 french

CATHERINOT, Nicolas, Traité de la peinture, Genève, Minkoff Reprint, 1973.

NICERON, Jean-Pierre, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la république des lettres. Avec un catalogue raisonné de leurs ouvrages, Paris, Briasson, 1734, 42 vol., vol. XXIX, p. 191-217.

PAUWELS, Yves, [Présentation du Traité de l'architecture de Nicolas Catherinot, 1688], Architectura, Architecture textes et images, XVIe-XVIIe siècles, cesr - Université de Tours, 2011 [En ligne : http://architectura.cesr.univ-tours.fr/Traite/Notice/Catherinot1688.asp?param consulté le 12/06/2017].

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QUOTATIONS

On ne sçait pas assez que la Peinture est divertissante, mais elle est en outre & utile & necessaire pour conserver les visages des hommes illusttres, la structure des bastimens insignes, les plans des Villes, des places, & des maisons remarquables. Comme aussi pour connoistre les plantes et les animaux, pour representer les anatomies, pour comprendre les machines militaires, nautiques & autres. Enfin les juges font faire des plans Genealogiques, & ordonnent des descriptions de lieux pour décider les procez. Ces descriptions se font en peinture, ou en bosse, en plat ou en relief, quand les visitations & descentes ne suffisent pas. On supplicie méme par effigie, & apposition de tableau, & cela s’apelle tabloter un homme.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

L’on compte plusieurs especes de peintures, la plate & la bossuë. D’une couleur, ou de plusieurs. En huile, en detrempe, ou à fraisque. La Greque & la Romaine, la Gothique & la moderne, l’ébauchée & la finie, la travaillée & la croquée, &c.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Les estudes sont les essais des Peintres. Le Titien & les Caraches avoient toûjours des Tablettes au poing. On les garde encore.

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La peinture est quelque chose d'infini. Quand on sçait tout, on ne sçait point encore assez.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition de la peinture

Le Peintre efface, le Sculpteur non. Le dessein du Peintre est perspectif, celui du Sculpteur Geometral. Le Peintre adjoûte, le Sculpteur ôte. Le Peintre doit sçavoir de tout. Tout sert en peinture comme en ménage.

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L’ARTISTE → qualités

Le sujet doit être visible, & autant  que l’on peut unique comme dans les pieces Epiques & Dramatiques. Les exemples instruisant plus que les préceptes, la pratique vaut mieux que la théorie, l’œil sert plus que l’oreille. On ne doit faire plus de trois groupes dans un tableau. Annibal Carache regulierement, ny passoit point douze figures. Il évitoit le fatras, le galimathias, la confusion.
Les testes & les postures doivent estre toutes différentes, les pieds ne doivent jamais estre cachez dans les tableaux. Les choses pouront estre diversifiées, pour plaire d’avantage.
L’on ne doit faire que ce qui est possible, dans l’ordre de la nature, si le sujet est chimerique & phantastique. On doit si bien unir les jours & les ombres, que l’on ne sçache le lieu, ny des uns ny des autres. Il faut copier un matin, ou un soir plutost qu’un midy.
Les figures sur le bord du tableau, doivent estre plus fortes en coloris, & plus élevées de taille. Elles doivent petiller & saillir. Les figures entières sont devant, les demy figures sont derrière.
Tout presque doit estre rond, & presque rien ne doit estre plat. On peut estudier les figures, mais on ne peut point les forcer. Les testes, les yeux, les oreilles, les mains & les pieds doivent estre les parties les plus finies, comme aussi les cheveux, & les barbes.
Comme on ne doit travailler qu’après la belle nature, aussi doit-on cacher tout ce qui est honteux. Le tableau peut avoir des digressions, & ses hors d’œuvres, mais modérement, avec variété & sans confusion.

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
EFFET PICTURAL → qualité de la composition
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → action et attitude

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → groupe
EFFET PICTURAL → qualité de la composition

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L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

Les mauvais Peintres sont d’un grand secours dans la peinture car ils enseignent comme il ne faut pas faire, leur école est negative & abnutive [sic].

Il s'agit ici du mauvais peintre

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L’ARTISTE → qualités

Les licences des Peintres sont grandes, aussi bien que celles des Poëtes. Elles doivent servir à orner & non à corrompre. La plus grande est celle de feindre, mais qui doit estre artificieuse & modérée.

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L’ARTISTE → qualités

Le dessein est l’ame de la peinture, les couleurs en sont le corps, mais les couleurs se trouvent plus aisement que le dessein, comme disoit le Tintoret. Car les couleurs se trouvent dans les boutiques des Marchands, & le dessein ne se trouve que dans la teste des excellents Peintres.

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PEINTURE, TABLEAU, IMAGE → définition du dessin
L’ARTISTE → qualités

Les tableaux seront hauts en couleur, car ils se dechargent toûjours. Lustre est plus que couleur.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Avec ces couleurs simples ou doubles, cruës ou mélées, entières ou rompuës, illustres ou sublustres, gomées, collées ou huilées, on drape, on fourre, on bastit, on boise, on flame, on fume, &c. Le Titien y mettoit de la grape de raisin, pour assaisonner & temperer les clairs et les bruns.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → couleurs

Les portraits personnels sont les plus utiles ouvrages de la peinture. C’est une consolation pour la curieuse postérité, de sçavoir comme les anciens hommes de merite estoient faits.

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GENRES PICTURAUX → portrait

Mais pour connoistre si un tableau est fini, il faut regarder aux oreilles, aux mains & aux pieds. Il faut voir les cheveux & la barbe, si le Peintre les a bien demêlez, &c.

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MANIÈRE ET STYLE → le faire et la main

Le cadre ne fait rien au tableau. On le dore quand la peinture ne vaut rien.

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MATERIALITE DE L’ŒUVRE → outils
SPECTATEUR → jugement

Les ignorans employent les couleurs simples, mais le [sic] sçavans ont le secret de les tempérer & adoucir.

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L’ARTISTE → qualités
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

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L’ARTISTE → qualités
EFFET PICTURAL → qualité des couleurs

Trois choses sont difficiles à peindre, le bruit du tonnerre, les éclairs du foudre, & la lumière des éclairs.

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L’ARTISTE → qualités
L’HISTOIRE ET LA FIGURE → sujet et choix

On a aussi des peintres en grand ou en petit, des extemporels et des peintres à loisir, des forts & des faibles ; des fariniers, charbonniers, sanguinistes, & herbistes, qui sont tous affectateurs de certaines couleurs. Des Naturalistes et des mutilateurs, qui estropient leurs figures.
Il y a aussi des Arboristes, Artistes, Bataillistes, Baccanalistes, Blasonistes, Cuisinistes, Calotistes, Chiméristes, Capricieux, Deistes, Drapistes, Fleuristes, Forestiers, Gueusaïques, Herbistes, Heroistes, Iconistes, Naufragiens, Païsagistes.

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L’ARTISTE → qualités