FAULT (n.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
DÉFAUT (fra.)DÉFAUT
D’un deffaut assez ordinaire au peintre,.
C’est un notable deffaut à un peintre de remettre & repeter en une mesme composition de figures, les mesmes actions & les mesmes plis & agencement dans les draperies, & faire que toutes les testes s’entre-ressemblent.
Que dans les histoires il faut eviter la resemblance des visages & diversifier les airs de teste
C’est un deffaut ordinaire entre les peintres Italiens qu’on remarque en leurs tableaux des airs de visage, & des figures entieres d’Empereurs, imitées de plusieurs statues antiques ; tellement que pour remedier à ce manquement, il faut éviter de faire jamais deux fois une mesme chose, ny en tout, ny en partie, ny que le mesme air de teste se voye en divers endroits de l’histoire ; & plus vous observerez de placer le laid auprés du beau, & le vieillard proche du jeune homme ; le faible à costé du fort, la composition de vostre histoire en paroistra d'autant plus vague & divertissante, & une figure servira de lustre à l'autre […]
J'ajouterai encore une consideration touchant les ouvrages qui ne demandent pas beaucoup d'invention, c'est que les faussaires en peinture les contrefont bien plus aisément qu'ils ne peuvent contrefaire les ouvrages où toute l'imagination de l'Artisan a eu lieu de se déploïer. Les faiseurs de Pastiches, ce sont ces tableaux peints dans la maniere d'un grand Artisan, & qu'on expose sous son nom, bien qu'il ne les ait jamais vus ; les faiseurs de Pastiches, dis-je, ne sçauroient contrefaire l'ordonnance, ni le coloris, ni l'expression des grands Maîtres. On imite la main d'un autre, mais on n'imite pas de même, pour parler ainsi, son esprit, & l'on n'apprend point à penser comme un autre, ainsi qu'on peut apprendre à prononcer comme lui.
Le Peintre médiocre qui voudroit contrefaire une grande composition du Dominiquin ou de Rubens, ne sçauroit nous en imposer plus que celui qui voudroit faire un Pastiche sous le nom du Georgeon ou du Titien. Il faudroit avoir un génie presque égal à celui du Peintre qu'on veut contrefaire, pour réussir à faire prendre notre ouvrage pour être de ce Peintre. On ne sçauroit donc contrefaire le génie des grands hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire leur main, c'est-à-dire, leur maniere de coucher la couleur & de tirer les traits, les airs de tête qu'ils répetoient & ce qui pouvoit être de vicieux dans leur pratique. Il est plus facile d'imiter les défauts des hommes que leurs perfections. Par exemple, on reproche au Guide d'avoir fait ses têtes trop plates. Ses têtes manquent souvent de rondeur, parce que leurs parties ne se détachent point & ne s'élevent pas assez l'une sur l'autre. Il suffit donc, pour lui ressembler en cela, de se négliger & de ne point se donner la peine de pratiquer ce que l'art enseigne à faire pour donner de la rondeur à ses têtes [...].
FAUTE
Qu’il faut corriger les fautes quand on les découvre
Je vous advertis que lors que par vostre propre jugement, ou par le moyen d'un autre, vous descouvrez quelque erreur en vos ouvrages, vous ayez soin de la corriger, de peur que les exposant en public, vous ne fassiez voir en mesme temps vostre ignorance : Et ne cherchez point d'excuse, vous persuadant qu'à la première occasion suivante, vous effacerez la honte que vous aurez encouruë de celle-là […] : Et si vous pensez vous excusez [ndr : de vos fautes] sur la pauvreté, qui ne peut pas vous permettre d’estudier, & de vous rendre un vray peintre, n’en jettez la faute que sur vous-mesme, parce que l’estude de la vertu sert de nourriture non seulement à l’esprit, mais encore au corps. […]
Que les fautes ne sont pas si remarquables dans les petites choses que dans les grandes ;
[…]
Comment un peintre doit examiner & juger luy-mesme de son propre ouvrage
Il est certain qu’on remarque mieux les fautes d’autruy que les siennes propres ; c’est pourquoy le peintre doit commencer par se rendre bon perspectif , & puis s’acquerir une connaissance entière des mesures du corps humain : Il doit estre encore un bon Architecte, pour le moins en ce qui concerne la regularité exterieure d’un edifice & de toutes ses parties, & aux choses dont il n’a pas la pratique, il ne faut point qu’il neglige d’aller voir & desseigner sur le naturel, mais en travaillant il doit tenir devant lui un miroir plat, & considerer souvent son ouvrage dans ce miroir, qui le luy representera tout au rebours, & semblera de la main d’un autre maistre ; de sorte que par ce moyen il pourra mieux remarquer ses fautes : il sera utile encore de quitter souvent son travail, & de s’aller divertir un peu, parce qu’au retour on aura le jugement plus degagé & plus net, comme au contraire la trop grande attache & la contension trop assiduë hebete l’esprit, & le fait tomber en de lourdes fautes.
FRÉART de CHAMBRAY, Roland, An Idea of the Perfection of Painting: demonstrated from the Principles of Art, and by examples conformable to the observations , which Pliny and Quintilian have made upon the most celebrated pieces of Ancient painters parallel’d with some Works of the most Modern Painters, Leonardo da Vinci, Raphael, Julio Romano and N. Poussin, trad. par EVELYN, John, London, Henry Herringman, 1668.
Ce peu d’exemples suffisent pour faire connoistre l’importance de cette Partie de l’Art, sans laquelle un Peintre, quelque grand Desseignateur, Sçavant dans la Perspective et bon Coloriste qu’il puisse estre, et quoy qu’il ait tout le reste de la plus excellente pratique ; si avec cela il n’est instruit de ce qui concerne le Costûme, il donnera souvent prise sur ses Ouvrages. Et bien que les fautes de cette espece ne soient visibles qu’aux yeux de l’esprit, elles n’en sont pas moins blamables et honteuses.
EXPLICATION DU COSTUME, p. 56
Je ne dis point pour cela qu'il faille prendre mauvaise augure la critique d'un jeune Artisan qui remarque des défauts dans les ouvrages des grands maîtres : il y en a véritablement, car ils étoient des hommes. Le génie, loin d'empêcher qu'on ne voïe ces fautes, les fait même apercevoir. Ce que je regarde comme un mauvais présage, c'est qu'un jeune homme soit peu touché de l'excellence des productions des grands maîtres : c'est qu'il n'entre point dans un espece d'enthousiasme en les lisant : c'est qu'il ait besoin, pour connoître s'il doit les estimer, de calculer les beautez & les défauts qu'il y compte, & qu'il ne forme son avis sur le mérite, qu'après avoir soudé son calcul. S'il avoit la vivacité & la délicatesse de sentiment, qui sont inséparables du génie, il seroit reellement saisi par les beautez des ouvrages consacrez, qu'il jetteroit sa balance & son compas pour en juger, ainsi que les hommes en ont toujours jugé, je veux dire par l'impression que ces ouvrages feroient sur lui.
Non seulement le public juge d'un ouvrage sans interêt, mais il en juge encore ainsi qu'il en faut décider en general, c'est-à-dire par la voïe du sentiment, & suivant l'impression que le poëme ou le tableau font sur lui. Puisque le premier but de la Poësie & de la Peinture est de nous toucher, les poëmes & les tableaux ne sont de bons ouvrages qu'à proportion qu'ils nous émeuvent & qu'ils nous attachent. Un ouvrage qui touche beaucoup doit être excellent à tout prendre. Par la même raison l'ouvrage qui ne touche point & qui n'attache pas ne vaut rien, & si la critique n'y trouve point à reprendre des fautes contre les regles, c'est qu'un ouvrage peut être mauvais sans qu'il y ait des fautes contre les regles, comme un ouvrage plein de fautes contre les regles peut être un ouvrage excellent.
Or le sentiment enseigne bien mieux si l'ouvrage touche, & s'il fait sur nous l'impression que doit faire un ouvrage, que toutes les dissertations composées par les Critiques, pour en expliquer le mérite, & pour en calculer les perfections & les défauts. La voie de discussion & d'analyse, dont se servent ces Messieurs, est bonne à la verité, lorsqu'il s'agit de trouver les causes qui font qu'un ouvrage plaît ou qu'il ne plaît pas ; mais cette voie ne vaut pas celle du sentiment lorsqu'il s'agit de décider cette question. L'ouvrage plaît-il ou ne plaît-il pas ? L'ouvrage est-il bon ou mauvais en géneral ? C'est la même chose. Le raisonnement ne doit donc intervenir dans le jugement que nous portons sur un poëme ou sur un tableau, que pour rendre raison de la décision du sentiment & pour expliquer quelles fautes l'empêchent de plaire, & quels sont les agrémens qui le rendent capable d'attacher. Qu'on me permette ce trait.
La raison ne veut point qu'on raisonne sur une pareille question, à moins qu'on ne raisonne pour justifier le jugement que le sentiment a porté. La décision de la question n'est point du ressort du raisonnement. Il doit se soumettre au jugement que le sentiment prononce. C'est le juge compétent de la question.
Comme les parties d'un tableau sont toujours placées l'une à côté de l'autre, & qu'on en voit l'Ensemble du même coup d'œil, les défauts qui sont dans son ordonnance, nuisent beaucoup à l'effet de ses beautés. On aperçoit sans peine ses fautes relatives, quand on a sous les yeux en même tems les objets qui n'ont pas entr'eux le rapport qu'ils doivent avoir. […]
D'ailleurs les fautes réelles qui sont dans un tableau, comme une figure trop courte, un bras estropié, ou un personnage qui nous présente une grimace, au lieu de l'expression naturelle, sont toujours à côté de ses beautés. Nous ne voïons pas ce que le Peintre a fait de bon, séparément de ce qu'il a fait de mauvais.
MISSLAG
GOEREE, Willem, An Introduction to the general Art of Drawing, Wherein is set forth The Grounds and Properties, which of this infallible and judicious Art are necessary to be known and understood. Being not only Profitable unto them that Practise Drawing; Picture-Drawers, Engravers, Carvers, Stone-Cutters, Jewellers, Goldsmiths, Silversmiths, &c. But also to all Lovers and well-affected, as well to this as to other ARTS (flowing from thence) a commodious Knowledge Communicated: With an Illustration of twenty five Copper-Prints of Figures, for young Learners to practise by. Likewise, An Excellent Treatise of the Art of Limning, in the which the true Grounds, and the perfect Use of Water-Colours, with all their Properties, are clearly and perfectly taught. Formerly set out by that Excellent Limner Mr. Gerhard of Brugge. And now much Augmented and Amended, with some Observations, teaching (besides Illumination) the Colouring and Painting with Water-Colours. Set forth at Middleburgh by W. GORE. Truly Translated into English by J.L. Published by Robert Pricke for the Lovers and Practitioners of this Noble and Admirable Art, London, Robert Pricke, 1674.
[…] {Hoemen sijn Teyckeningh tegen sijn Principael sal Confereeren.} en besiet uwe stellinge alsoo een wijle tijt met opmerckingh als in vergelijckingh tegen u Principael, en doet het met een groote lust en wensch, om sooder eenige fouten in zijn, die uyt te vinden, wandelende tot dien eynde met naeuw opmerckende gedachten, u gansche Teyckeningh door en door, telckens die, soo in ’t bysonder, als in ’t generael met u Principael Confereerende, ghy sult alsdan ontwijffelbaer bemercken, wat misstellingen ghy daer in hebt begaen, zijt dan niet verdrietigh noch traegh, maer verbetert die soo flucx alsse sich opdoen, en dat gy wel geoordeelt hebt vanden misslagh, en waer het aan hapert, en door wat daer die sal konnen verbeetert worden, op dat gy niet de onrechte partye aengrijpt, ofte dat gy door ’t verbeteren van dit of dat niet verraden en wort van meerder misslaghen, want dat is in ’t gemeen den aert vande fouten, diemen in een Teyckeningh, of Schilderye vint, dat wanneer men d’eene verbetert, terstont sich wederom een andere opdoet, invoegen d’eene fout de andere beklapt, daerom datmen met seven oogen, als het spreeck-woort set, moet omsien en wacht houden.
Vande dingen die in yeder Trap der Teycken-Konst noodigh te observeeren zijn, p. 51