EURYTHMIE (n. f.)
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[…] de la proportion suivent & resultent divers & tres-importans effects, le principal desquels est la majesté & la beauté aux corps, que Vitruve appelle Eurithmie. C’est pourquoy lorsqu'on voit une chose qui est bien composée, l'on dit qu'elle est belle : en un mot, on ne doit entendre autre chose par la proportion, que la beauté deuë à toutes les choses, par laquelle les yeux corporels viennent à recevoir tous les plaisirs que l’on peut gouster par le sens de la veuë, & penetrer par l'œil de l'entendement.
Terme traduit par EURITHMIA dans Lomazzo, 1585, p. 33.
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Tout despend du dessein dont la douce manie
Du Peintre intelligent le rare esprit manie
D’autant qu’il connoist bien sa grace et ses appas
Qui prend pour fondement la regle et le compas,
Les nombres, les raisons, d’où provient l’Eurithmie
De la sombre laideur la plus grande ennemie ;
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[…] un Peintre auroit travaillé en vain, et perdu son temps, si après avoir satisfait aux quatre premières Parties, il demeuroit court en cette dernière, où consiste toute l’Eurithmie de l’Art et le Magistère de la Peinture : parce qu’il est inutile d’avoir inventé et composé un Sujet ; et de s’estre estudié à rechercher la beauté, et la juste proportion de chaque figure ; d’estre excellent coloriste ; de savoir donner les Ombres, et les Lumières à tous les corps, avec leurs teintes, et leurs couleurs naturelles ; et de posseder, encore avec cela, le divin Talent de l’Expression des Mouvemens de l’esprit, et des passions, (qui est comme l’Ame de la peinture), si, après toutes ces nobles Parties, on se trouve depourveu d’intelligence au fait de la position reguliere des Figures dans le Tableau.
Il faut donc conclure, que si les autres, ou toutes ensembles, ou prises chacune à part, sont utiles et avantageuses à un Peintre, celle-cy luy est absolument necessaire.
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Il faut donc qu’un Peintre qui aspire à quelque degré de gloire en sa Profession, soit fort exact à ce qui regarde le Costûme, et qu’il en fasse pour ainsi dire son capital, parce qu’il est généralement commun à nos cinq principes fondamentaux, et qu’il en compose l’Eurythmie de telle sorte, qu’on doit le considérer comme le Tout de ces cinq parties. Mais il se faut bien garder de croire que pour satisfaire à l’Intention du Costûme, ce soit assez d’eviter ces inepties, et ces lourdes fautes […] si outre cela on ne paroist ingénieux et sçavant dans l’Expression du Sujet qu’on traitte.
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Outre cela il y a certaines elegances qui brillent par endroits dans ces trois parties de la Peinture, comme les figures éclattent dans les parties de la Rhétorique ; ce qui releve, & fait paroistre les ouvrages des plus grands Peintres si fort au dessus des autres. Mais sur tout, il doit y avoir ce qu’on appelle Eurythmie ; c’est à dire une proportion, & une convenance de toutes les parties les unes avec les autres. La Grace est une partie toute divine ; que peu de personnes ont eüe, & qu’on ne peut definir qu’en disant, que c’est un agreément de beauté dans la Figure, qui procede d’un certain tour & noblesse d’attitude aisée & propre au sujet, & qui charme les yeux.
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Eurythmie. C’est une apparence majestueuse, & ce je ne sçay quoy d’aisé & de commode, qui paroist dans la composition de tous les membres d’un corps, & qui résulte de leur belle proportion.
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[...] mon Maistre me fist remarquer bien d’autres beautés que celles que les Cabalistes admirent dans les ouvrages de leurs Chefs : Car outre qu’il n’y manquoit rien de celles-là qui ne regardent que la pratique de l’Art, il m’y fist découvrir tant de science & d’étude, qu’il est presque aussi difficile de les exprimer, que de les imiter, à moins que d’avoir les mêmes connoissances desquelles ces rares Esprits se servoient, pour faire de si excellens Ouvrages.
Il ne me parla point de la Vaguesse du Coloris, de la Morbidesse des Carnations, de la Franchise du Pinceau, ny des autres termes extravagans à la mode de nos Cabalistes ; mais bien de la beauté, diversité, netteté & sublimité des pensées, de cette manière noble & majestueuse de traiter un sujet, de la discretion à le remplir dignement & convenablement à la verité de l’Histoire qu’il represente, & au Mode dans lequel il se rencontre ; de l’exacte & sçavante observation du Costume, dans laquelle ces anciens Maistres faisoient consister tout ce que la Peinture a d’ingenieux & de sublime ; de cette pointe d’esprit & de cet excellent genie, qu’ils faisoient paroistre dans leurs Ouvrages, dont les Ecrivains les ont loüés si hautement : De là suivoit la judicieuse & convenable disposition des lieux & des figures, la force & la diversité des expressions, l’élégance & le beau choix des attitudes, la diligence & l’exactitudes dans le dessein, la beauté & la variété des proportions, la position aisée & naturelle des figures sur leur centre de gravité ou équilibre, & conformément aux regles de la Perspective des Plans, qui est le lien & le soûtien de toutes les beautés de la Peinture, & sans laquelle elle n’est qu’une pure barboüillerie de Couleurs ; mais sur tout, cet agrément & cette grace admirable dans les mouvemens, qui est un talent autant rare qu’il est precieux.
On pouvoit encore admirer la lumiere bien choisie, & répanduë avec discretion sur les objets, selon leur proximité ou éloignement de l’œil, & les accidens du lumineux, du Diaphane & du corps éclairé ; les differens effets des lumieres primitives & derivatives, l’amitié & la charmante harmonie (pour ainsi dire) des Couleurs, par leur degrés proportionnés de force ou d’afoiblissement, suivant les regles de la Perspective aërienne, ou par leur sympatie naturelle : Enfin, cette Eurithmie dans toutes les parties de l’Ouvrage, auquel elle donne son prix & sa valeur.
Voilà une partie des veritables & solides beautés, que mon Maistre me fist observer dans les admirables Ouvrages de ces grands Hommes, qui ont charmé toute l’Antiquité, & dont le seul recit charme encor tous ceux qui l’entendent.
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