FRIENDSHIP (n.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
AMITIÉ (fra.)AMITIÉ
{XXXVI. Union.}
Il faut aussi que la pluspart des Corps, qui sont sous une Lumiere étenduë & distribuée également par tout, tiennent de la Couleur l'un de l'autre. Les Venitiens ayant en grande recommandation cette maxime (que les Anciens appellerent Rupture de Couleurs) dans la quantité de Figures dont ils ont remply leurs Tableaux, ont toûjours recherché l'union des Couleurs, de peur qu'estant trop differentes, elles ne viennent à embarasser la veuë par leur confusion avec la quantité des Membres separez par leurs Plis, qui sont encore en assez grand nombre ; & pour cet effet ils ont peint leurs Draperies de Couleurs approchantes les unes des autres, & ne les ont presque disinguées que par la diminution du Clair-Obscur, en accouplant les Objets contigus par la participation de leurs Couleurs, & en liant ainsi d'amitié les Lumieres & les Ombres.
{XLII. Diversité de Tons & de Couleurs.}
Les Corps seront par tout differents de Tons & de Couleurs : que ceux qui sont derriere se lient & fassent amitié ensemble, & que ceux de devant soient forts & petillans.
256. [La Cromatique.] La troisième & derniere Partie de la Peinture s’appelle Cromatique, ou Coloris. Elle a pour objet la Couleur : c’est pourquoy les Lumieres & les Ombres y sont aussi comprises, qui ne sont autre chose que du Blanc & du Brun, & par consequent qui ont rang parmy les Couleurs. […] Disons donc, Que la Cromatique fait ses observations sur les Masses ou Corps des Couleurs, accompagnées de Lumieres & d’Ombres plus ou moins évidentes par degrez de diminution, selon les accidens, premierement du Corps lumineux, comme du Soleil ou d’un flambeau ; secondement du Corps diaphane, qui est entre nous & l’objet, comme l’Air pur ou épais, ou une vitre rouge, &c. 3. du Corps solide illuminé, comme une Statuë de marbre blanc, un arbre vert, un cheval noir, &c. 4. de la part de celuy qui regarde le Corps illuminé le voyant de loin ou de prés, directement en ange droit, ou de biais en angle obtus, de haut en bas, ou de bas en haut. Cette Partie dans la connoissance qu’elle a de la valeur des Couleurs, de l’amitié qu’elles ont ensemble, & de leur antipathie, comprend la Force, le Relief, la Fierté, & ce Precieux que l’on remarque dans les bons Tableaux. Le maniement des Couleurs & le travail dépendent encore de cette derniere Partie.
361. [Que jamais deux extremitez contraires, &c.] Le Sens de la veuë a cela de commun avec tous les autres, qu’il abhorre les extremitez contraires. Et de mesme que les mains qui ont grand froid, souffrent beaucoup lors qu’on les approche tout d’un coup du feu ; ainsi les yeux qui trouvent un extreme Blanc auprés d’un extreme Noir, ou un bel Azur auprés d’un Vermillon ardent, ne sçauroient regarder ces extremitez qu’avec peine, quoy qu’ils y soient toûjours attirez par l’éclat des deux contraires.
Ce Precepte oblige de sçavoir les Couleurs qui ont amitié ensemble, & celles qui sont incompatibles ; ce que l’on pourra aisément découvrir en mélant ensemble les Couleurs dont on veut faire épreuve : & si par ce mélange elles font une Couleur douce & qui ne soit point desagreable aux yeux, c’est une marque qu’il y a de l’union & de la sympathie entr’elles ; si au contraire la Couleur qui sera produite du mélange des deux autres, est rude à la veuë, il faut conclure qu’il y a de la contrarieté & de l’antipathie entre ces deux Couleurs. Le Vert par exemple est une Couleur agreable, qui peut venir du Bleu & du Jaune mélez ensemble, & par consequent le Bleu & le Jaune sont deux Couleurs qui sympathisent. Et tout au contraire le mélange du Bleu & du Vermillon ont une antipathie ensemble ; & ainsi des autres couleurs, dont vous pouvez faire essay, & vous éclaircir une fois pour toutes. […] L’on peut neantmoins passer par dessus ce Precepte, quand on n’a qu’une ou deux Figures à traiter, & que parmy un grand nombre on en veut faire remarquer quelqu’une, qui est des principales du Sujet, & qui autrement ne pourroit se faire remarquer par dessus les autres. Titien dans le Tableau qu’il a fait du Triomphe de Bacchus, ayant placé Ariadne sur l’un des costez du Tableau, & ne pouvant pour cette raison la faire remarquer par les éclats de la lumiere qu’il a voulu conserver dans le milieu, il luy a donné une écharpe de Vermillon sur une Draperie bleuë, tant pour la détacher de son fonds qui est déjà une mer bleuë, qu’à cause que c’est une des principales Figures du Sujet, sur laquelle il veut que l’œil soit attiré. Paul Veronese dans sa Noce de Cana, parce que le Christ, qui est la Principale Figure du Sujet, est un peu enfoncé dans le Tableau, & qu’il n’a pû le faire remarquer par le brillant du Clair-Obscur, il l’a vestu de Bleu & de Vermillon, pour faire que la veuë se portast sur cette Figure.
Les Couleurs ennemies se pourront d’autant plus allier, que vous y meslerez d’autres Couleurs qui auront de la sympathie l’une avec l’autre, & qui s’accorderont avec celles que vous voudrez, pour ainsi dire, reconcilier.
BOUTET, Claude, The Art of Painting in Miniature: Teaching The speedy and perfect Acquisition of that Art without a Master. By Rules so easy, and in a Method so natural as to render this charming Accomplishment universally attainable. Containing I. The Difference between Painting in Miniature, and other Kinds of Painting. II. The Management of Colours in Draperies, Linnen, Lace, Furrs, &c. III. The Method of mixing Colours for Carnations ; for painting of Architecture, or any Building of Stone or Wood ; for Landskips, Terrasses, Water, Ruins, Rocks, &c. IV. The Art of Painting all Sorts of Flowers, with the proper Colours required to represent Nature to the highest Perfection. V. The various Methods of Painting. Translated from the Original French. The Fourth Edition. To which are now added, I. Certain Secrets of one of the greatest Italian Painters for making the finest Colours, Burnished Gold, Shell Gold, &c. II. Some general instructive Lessons for the Art of Drawing. And III. The Usefulness and Benefit of Prints, London, J. Hodges - J. James - T. Cooper, 1739.
LXI.
Les habiles Peintres qui entendent la perspective & l’harmonie des couleurs, observent toûjours de placer les couleurs sensibles & brunes sur les devants de leurs Tableaux, & les claires & fuyantes pour les lointains ; & quant à l’union des couleurs, les differens mélanges qu’on en peut faire aprendroit l’amitié ou l’antipathie qu’elles ont ensemble, & sur cela vous prendrez vos mesures pour les placer avec un accord qui plaise à la veuë.
Après avoir parlé de l’union des couleurs, il est bon de dire deux mots de leur opposition. Les couleurs sont opposées entr’elles, ou dans leur qualité naturelle, & comme telle couleur simplement ; ou en lumiere & ombre, comme faisant partie du Clair-obscur.
L’opposition dans la qualité des couleurs s’appelle antipathie. Elle est entre des couleurs qui voulant dominer l’une sur l’autre se detruisent par leur mélange, comme l’outremer & le vermillon ; & la contrarieté qui est dans le Clair-obscur n’est qu’une simple opposition de la lumiere à l’ombre sans aucune destruction.
Car encore qu’il n’y ait rien par exemple, qui paroisse plus opposé que le blanc & le noir, dont l’un represente la lumiere, & l’autre la privation de lumiere, ils conservent cependant dans leur mélange une espece d’amitié qui n’est susceptible d’aucune destruction. Le blanc & le noir ensemble font un gris doux qui tient de l’une & de l’autre couleur ; & ce qui paroîtra comme noir par opposition au blanc tout pur, semblera comme blanc, si on le met auprès d’un grand noir.