UNITY (n.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
UNITÉ (fra.)UNITÉ
Le Tout ensemble est un resultat des parties qui composent le Tableau, ensorte neanmoins que ce Tout qui est une liaison de plusieurs objets ne soit point comme un nombre composé de plusieurs unités independantes & égales entr'elles, mais qu'il ressemble à un Tout politique ; où les grands ont besoin des petits, comme les petits ont besoin des grands. Tous les objets qui entrent dans le Tableau, toutes les lignes & toutes les couleurs, toutes les lumieres & toutes les ombres ne sont grandes ou petites, fortes ou foibles que par comparaison. Mais quelle que soit la qualité de toutes ces choses, & quelque soit l'état où elles se trouvent, elles ont une relation dans leur assemblage, dont aucune en particulier ne peut se prévaloir. Car l'effet qui en resulte consiste dans une subordination générale où les bruns font valoir les clairs, comme les clairs font valoir les bruns, & où le merite de chaque chose n'est fondé que sur une mutuelle dépendance. Ainsi pour définir le Tout ensemble, on peut dire que c'est une subordination générale des objets les uns aux autres, qui les fait concourir tous ensemble à n'en faire qu'un.
Or cette subordination qui fait concourir les objets à n'en faire qu'un, est fondée sur deux choses, sur la satisfaction des yeux, & sur l'effet que produit la vision.
Je rapporterai encore ici l'experience du Miroir convexe, lequel encherit sur la Nature pour l'unité d'objet dans la vision. Tous les objets qui s'y voient font un coup d'œil, & un Tout ensemble plus agreable que ne feroient les mêmes objets dans un miroir ordinaire, & j'ose dire dans la Nature même. (Je suppose le Miroir convexe d'une mesure raisonnable, & non pas de ceux qui pour être partie d'une petite circonference corrompent trop la forme des objets). Je dirai en passant que ces sortes de Miroirs qui sont devenus assez rares pourroient être utilement consultés pour les objets particuliers, comme pour le général du Tout-ensemble.
De la disposition, Du Tout ensemble, p. 109-110Ainsi, comme dans un Tableau il doit y avoir unité de sujet pour les yeux de l’esprit, il doit pareillement y avoir unité d’objet pour les yeux du corps. Il n’y a que l’intelligence du clair-obscur qui puisse procurer cette unité, ni qui puisse faire jouir la vûe paisiblement & agréablement de son objet.
Du Clair-obscur, Quatrième Preuve, p. 376Quand je parle de l’unité d’objet dans un Tableau, c’est par rapport à l’espace que l’œil peut raisonnablement embrasser sans être distrait par plusieurs objets separés […]
Du Clair-obscur, Quatrième Preuve, p. 376La premiere figure prouve l’unité d’objet comme nous l’avons déja fait voir dans le Traité de la Disposition. Il y a de plus ici une démonstration des objets qui entrent dans le Tableau, & qui sont en perspective. Les uns & les autres objets diminuent également de force en s’éloignant du centre de la vision. Toute la difference qui est entre eux, c’est que les objets qui rentrent diminuent de grandeur en s’éloignant du centre de la vision selon les regles de la perspective, & que ceux qui s’étendent seulement à droit & à gauche s’effacent par l’éloignement, sans diminuer de forme ni de grandeur.
Du Clair-obscur, Quatrième Preuve, p. 381-382La troisiéme est pour prouver la nécessité des Grouppes pour la satisfaction des yeux, qui étoit la grande regle du Titien, & qui doit l’être encore aujourd’hui pour ceux qui voudront observer dans leur Tableau, cette unité d’objet qui avec les couleurs bien entendues, en fait toute l’harmonie.
Du Clair-obscur, Quatrième Preuve, p. 382La quatriéme est une conviction de la nécessité d’observer l’unité d’objet, en formant des Grouppes dans la composition des Tableaux, selon leur grandeur, & le nombre des figures ; car, comme nous avons dit, pour plaire à l’œil, il faut le fixer par un Grouppe dominant, qui par le moyen des repos que cause l’étendue de ses lumieres & de ses ombres, n’empêche pas l’effet des autres Grouppes, ou objets subordonnés : car si les objets sont dispersés, l’œil ne sait auquel s’adresser d’abord, non plus que l’oreille au discours de plusieurs personnes qui parleroient toutes à la fois.
Du Clair-obscur, Quatrième Preuve, p. 382-383Toutes deux [ndr : la peinture et la poésie] conservent exactement l’unité du lieu, du tems, & de l’objet.
Dissertation. Où l’on examine si la Poësie est préferable à la Peinture, p. 429