EXPERIENCE (n.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
ERVARENHEID (nld.)ERVARENHEID
JUNIUS, Franciscus, The Painting of the Ancients, in Three Bookes : declaring by Historicall Observations and Examples, the Beginning, Progresse, and Consummation of that most Noble Art. And how those Ancient Artificers attained to their still so much admired Excellencie. Written first in latine by Franciscus Junius, F. F. And now by him englished, with some Additions and Alterations, trad. par JUNIUS, Franciscus, London, Richard Hodgkinsonne, 1638.
Ghelijck dan de oude Konstenaers een seer treffelicke maniere van wercken ghehadt hebben, soo hadden sy mede een sonderlinghe gaeve om sich de waere verbeeldinghe van allerley beweghinghen onses ghemoeds op ’t aller levendighste voor te stellen; ja wy moghen ’t oock vrijelick daer voor houden, dat sy haere wercken nimmermeer met sulcke bequaeme uytdruckinghen van de verscheydene herts-tochten souden vervult hebben, ’t en waer saecke dat sy met pijne waerd gheacht hadden alle die naturelicke beroerten wijslick nae te speuren door de welcke ons ghemoed verruckt ende den gewoonlicken schijn onses wesens verscheydenlick verandert wordt. Zeuxis heeft de schilderije van Penelope gemaeckt, so dat hy de sedigheyd haeres eerbaeren wesens daer in konstighlick schijnt uytghedruckt te hebben. Plin. XXXV.9. Timomachus heeft den raesenden Aiax afghemaelt, en hoe hy sich in dese uytsinnighe dolligheyd al aenstelde Philostr. Lib. II. de vita Apollonii. Cap. 10. Silanion heeft den wrevelmoedighen Konstenaer Apollodorus ghemaeckt; ende overmids desen Apollodorus eenen rechten korselkop was, soo ist dat Silanion niet alleen den Konstenaer selver, maer sijn koppighe krijghelheydt met eenen oock in ’t koper heeft ghegoten Plin. XXXIV.8. Protogenes heeft Philiscus geschildert, als wesende met eenighe diepe bedenckinghen opghenomen Plin. XXXV.10. Praxiteles heeft Phryne ghemackt, als of men haer weelderigh herte in een volle Zee van vreughd en wellust sach swemmen, Plin. XXXIV.8. Parrhasius maeckten eenen jonghelingh die in sijne wapenrustinge om strijd loopt, Plin. XXXV.10. Den Anapanomenos van Aristides sterft uyt liefde van sijnen broeder, Plin. ibidem. Philostratus {Iconoum Lib. I. in Ariadne} beschrijft ons de schilderije van eenen Bacchus die maer alleen bekent wordt by de minne-stuypen die hem quellen. Dese exempelen gheven ons ghenoegh te verstaen, hoe grooten ervaerenheyd d’oude Meesters in’t uytdrucken van allerley beroerten ende beweghinghen ghehad hebben;
Het Derde Boeck, Capittel I.10, p.222-223EXPÉRIENCE
{LXXI. La Nature & l’Expérience perfectionnent l’Art.}
C’est un grand moyen pour profiter beaucoup, que de copier avec soin les excellens Tableaux & les beaux Desseins : mais la Nature presente devant les yeux vous en apprendra encore davantage ; parce qu’elle augmente la force du Genie : & c’est d’elle que l’Art tire sa plus grande perfection par le moyen de l’Experience.
De l’Art de peinture, p. 55
Je crois que le pouvoir de la Peinture est plus grand sur les hommes que celui de la Poësie, & j'appuie mon sentiment sur deux raisons. La premiere est que la Peinture agit sur nous par le moïen du sens de la vûë. La seconde est que la Peinture n'emploïe pas des signes artificiels ainsi que le fait la Poësie, mais bien des signes naturels. C'est avec des signes naturels que la peinture fait ses imitations.
La Peinture se sert de l'œil pour nous émouvoir. [...] La vûë a plus d'empire sur l'ame que les autres sens. La vûë est celui des sens en qui l'ame, par un instinct que l'expérience fortifie, a le plus de confiance […]
En second lieu, les signes que la Peinture emploïe pour nous parler, ne sont pas des signes arbitraires & instituez, tels que sont les mots dont la Poësie se sert. La Peinture emploïe des signes naturels dont l'énergie ne dépend pas de l'éducation. Ils tirent leur force du rapport que la nature elle-même a pris soin de mettre entre les objets extérieurs & nos organes, afin de procurer notre conservation. Je parle peut-être mal, quand je dis que la Peinture emploïe des signes. C'est la nature elle-même que la Peinture met sous nos yeux. Si notre esprit n'y est pas trompé, nos sens du moins y sont abusez. La figure des objets, leur couleur, les reflais de lumière, les ombres, enfin tout ce que l'œil peut apercevoir, se trouve dans un tableau, comme nous le voïons dans la nature. Elle se présente dans un tableau sous la même forme où nous la voïons réellement. Il semble même que l'œil ébloüi par l'ouvrage d'un Grand Peintre, croïe quelquefois apercevoir du mouvement dans ses figures.
Les vers les plus touchans ne sçauroient nous émouvoir que par degrez & en faisant jouer plusieurs ressorts de notre machine les uns après les autres. Les mots doivent d'abord réveiller les idées dont ils ne sont que des signes arbitraires. Il faut ensuite que ces idées s'arrangent dans l'imagination, & qu'elles y forment ces tableaux qui nous touchent, & ces peintures qui nous intéressent. Toutes ces opérations, il est vrai, sont bientôt faites ; mais il est un principe incontestable dans la mécanique, c'est que la multiplicité des ressorts affoiblit toujours le mouvement, parce qu'un ressort ne communique jamais à un autre tout le mouvement qu'il a reçu. D'ailleurs il est une de ces opérations, celle qui se fait quand le mot réveille l'idée dont il est le signe, qui ne se fait pas en vertu des loix de la nature. Elle est artificielle en partie.
Ainsi les objets que les tableaux nous présentent agissant en qualité de signes naturels, ils doivent agir plus promptement. L'impression qu'ils font sur nous, doit être plus prompte & plus soudaine que celle que les vers peuvent faire.[…] Nous voïons alors en un instant ce que les vers nous font seulement imaginer, & cela même en plusieurs instants.
POUVOIR
Je crois que le pouvoir de la Peinture est plus grand sur les hommes que celui de la Poësie, & j'appuie mon sentiment sur deux raisons. La premiere est que la Peinture agit sur nous par le moïen du sens de la vûë. La seconde est que la Peinture n'emploïe pas des signes artificiels ainsi que le fait la Poësie, mais bien des signes naturels. C'est avec des signes naturels que la peinture fait ses imitations.
La Peinture se sert de l'œil pour nous émouvoir. [...] La vûë a plus d'empire sur l'ame que les autres sens. La vûë est celui des sens en qui l'ame, par un instinct que l'expérience fortifie, a le plus de confiance […]
En second lieu, les signes que la Peinture emploïe pour nous parler, ne sont pas des signes arbitraires & instituez, tels que sont les mots dont la Poësie se sert. La Peinture emploïe des signes naturels dont l'énergie ne dépend pas de l'éducation. Ils tirent leur force du rapport que la nature elle-même a pris soin de mettre entre les objets extérieurs & nos organes, afin de procurer notre conservation. Je parle peut-être mal, quand je dis que la Peinture emploïe des signes. C'est la nature elle-même que la Peinture met sous nos yeux. Si notre esprit n'y est pas trompé, nos sens du moins y sont abusez. La figure des objets, leur couleur, les reflais de lumière, les ombres, enfin tout ce que l'œil peut apercevoir, se trouve dans un tableau, comme nous le voïons dans la nature. Elle se présente dans un tableau sous la même forme où nous la voïons réellement. Il semble même que l'œil ébloüi par l'ouvrage d'un Grand Peintre, croïe quelquefois apercevoir du mouvement dans ses figures.
Les vers les plus touchans ne sçauroient nous émouvoir que par degrez & en faisant jouer plusieurs ressorts de notre machine les uns après les autres. Les mots doivent d'abord réveiller les idées dont ils ne sont que des signes arbitraires. Il faut ensuite que ces idées s'arrangent dans l'imagination, & qu'elles y forment ces tableaux qui nous touchent, & ces peintures qui nous intéressent. Toutes ces opérations, il est vrai, sont bientôt faites ; mais il est un principe incontestable dans la mécanique, c'est que la multiplicité des ressorts affoiblit toujours le mouvement, parce qu'un ressort ne communique jamais à un autre tout le mouvement qu'il a reçu. D'ailleurs il est une de ces opérations, celle qui se fait quand le mot réveille l'idée dont il est le signe, qui ne se fait pas en vertu des loix de la nature. Elle est artificielle en partie.
Ainsi les objets que les tableaux nous présentent agissant en qualité de signes naturels, ils doivent agir plus promptement. L'impression qu'ils font sur nous, doit être plus prompte & plus soudaine que celle que les vers peuvent faire.[…] Nous voïons alors en un instant ce que les vers nous font seulement imaginer, & cela même en plusieurs instants.