GIUDIZIO
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
JUGEMENT (fra.)JUGEMENT
DA VINCI, Leonardo, Trattato della pittura di Lionardo da Vinci, novamente dato in luce, con la vita dell'istesso autore, scritta da Rafaelle Du Fresne. Si sono giunti i tre libri della pittura, & il trattato della statua di Leon Battista Alberti, con la vita del medesimo, TRICHET DU FRESNE, Raphaël (éd.), Paris, Jacques Langlois, 1651.
Advis au peintre
Le peintre à qui rien ne semble douteux, ne profite guere en son estude : Quand l’ouvrage passe la portée du jugement de l’ouvrier, celuy qui travaille s’avance peu : mais lors que le jugement surpasse l’ouvrage, cet ouvrage va toujours de plus en plus en se perfectionnant, si la diversité ne l’en empêche.
Du jugement
Il n’y a rien plus sujet à se tromper que le jugement d’un homme sur son propre ouvrage ; & le blasme de ses ennemis luy sert advantage que l’approbation de ses amis ; parce que ceux-cy ne sont qu’une mesme chose avec luy, & par consequent le peuvent aussi bien tromper que son jugement.
Du jugement que fera le peintre de ses ouvrages, & de ceux des autres
Quand le jugement du peintre est esgal à son ouvrage, c’est un mauvais signe pour le peintre, & quand l’ouvrage vient à surpasser le jugement, c’est encore pis, comme il arrive à celuy qui s’esmerveille d’avoir bien reüssi à son dessein : mais lors que le jugement passe au-delà de ce qu’il void en son ouvrage, c’est une tres-bonne marque, & le jeune peintre ayant ce talent d’esprit, sans doute il deviendra un excellent ouvrier, neanmoins ses productions seront rares & en petit nombre, mais elles seront aussi de telle valeur qu’elles donneront de l’admiration, & attireront les yeux d'un chacun à les contempler.
Comment un peintre doit examiner & juger luy-mesme de son propre ouvrage
Il est certain qu’on remarque mieux les fautes d’autruy que les siennes propres ; c’est pourquoy le peintre doit commencer par se rendre bon perspectif , & puis s’acquerir une connaissance entière des mesures du corps humain : Il doit estre encore un bon Architecte, pour le moins en ce qui concerne la regularité exterieure d’un edifice & de toutes ses parties, & aux choses dont il n’a pas la pratique, il ne faut point qu’il neglige d’aller voir & desseigner sur le naturel, mais en travaillant il doit tenir devant lui un miroir plat, & considerer souvent son ouvrage dans ce miroir, qui le luy representera tout au rebours, & semblera de la main d’un autre maistre ; de sorte que par ce moyen il pourra mieux remarquer ses fautes : il sera utile encore de quitter souvent son travail, & de s’aller divertir un peu, parce qu’au retour on aura le jugement plus degagé & plus net, comme au contraire la trop grande attache & la contension trop assiduë hebete l’esprit, & le fait tomber en de lourdes fautes.
Du jugement qu’on doit faire sur les ouvrages d’un peintre
Premierement, vous devez considerez si les figures monstrent un relief conforme au lieu & à la lumiere où elles sont, & que les ombres ne soient pas les mesmes aux extremitez de l’histoire que dans le milieu parce que c'est une autre chose d'estre tout environné de l'ombre, ou de ne l'avoir que d'un costé : ces figures-là sont environnées de l'ombre qui se trouvent dans le milieu de l'histoire, d'autant qu'elles sont ombrées par les figures qui se rencontrent entr'elles & la lumière : & celles-là ne sont ombrées que d'un seul costé qui sont placées entre la lumière et l'histoire, parce que là où la lumière ne passe point, le corps de l'histoire s'y rencontre, et l'obscurité des figures s'y fait remarquer, & où le corps de l'histoire ne se trouve point, là se void l'éclat du jour & y représente sa clarté.
Secondement, que dans l’ordonnance ou disposition des figures, il paroisse qu’elles sont accomodées au sujet, & à la representation de l’histoire que vous traittez.
En troisième lieu, que les figures soient bien attentives & fassent une expression convenable à leur attitude particulière.
DOLCE, Lodovico, Dialogo della pittura di M. Lodovico Dolce, Intitolato l’Aretino. Nel quale si ragiona della dignità di essa Pittura, e di tutte le parti necessarie, che a perfetto Pittore si acconvengono: con esempi di Pittori antichi, e moderni: e nel fine si fa menzione delle virtù, e delle opere del divin Tiziano / Dialogue sur la peinture de Louis Dolce, intitulé l’Aretin. Dans lequel on traitte de l’excellence de la peinture, de toutes les qualités necessaires au bon Peintre, avec les exemples des Peintres anciens et modernes, à la fin on y parle du merite et des ouvrages du divin Titien, trad. par VLEUGHELS, Nicolas, Firenze, Michel Nestenus et François Moucke, 1735.
Are. [...] Je dis donc que le jugement nait generalement dans l’homme de l’experience, & de la pratique ; & comme il n’y a rien de plus familier à l’homme, que l’homme ; il s’ensuit que tout homme est en etat de juger ce qu’il voit tous les jours, comme de la beauté, de la laideur de qui que ce soit ; parceque la beauté ne provient que d’une proportion convenable, qui se trouve ordinairement dans le corps humain, & principalement à chaque membre en particulier ; & le contraire derive de la disproportion : ce jugement dependant des yeux, qui est donc celui qui ne distingue le beau d’avec le laid ? persone assurement, s’il n’est privé de vûe & de jugement ; si bien que l’homme aiant connoissance, comme il à, de la veritable forme que doit avoir notre individu, qui est l’homme vivant ; pour quoi ne l’auroit-il pas de celle qui est feinte & morte, qui est la peinture ?
Dialogue sur la peinture, p. 119Are. La proportion etant donc le principal fondement du dessein, celui la y fera le plus pour faire un corps parfait qui l’observera le mieux. Or pour faire un corps parfait, outre l’imitation ordinaire de la nature, & la necessité de s’attacher aussi aux anciens, il faut savoir que cette imitation doit se faire avec un bon jugement, de crainte qu’en croiant imiter les bonnes parties, nous n’imitions les mauvaises. Come il est arrivé à certain peintre, qui voiant que les anciens le plus souvent faisoient leurs figures fines & deliées, s’attacha tellement à cette coutume, qui etoit bonne, qu’il la fit devenir defectueuse. D’autres se sont attachés à faire, sur tout aux têtes des femmes, un long cou ; & ceci pour avoir remarqué, que la plus part des figures des femmes Romaines, dans l’antique avoient le cou long, parceque ceux qui sont courts n’ont point de grace, mais ceux la aiant donné dans le trop, ce qui devroit etre un agrêment, est devenu tout le contraire.
Dialogue sur la peinture, p. 193Or il faut que le melange des couleurs soit temperé, & melangé de maniere, qu’il represente le naturel, & qu’il ne reste rien qui blesse la vûe, telles que sont les lignes des contours qu’on doit eviter, parceque la nature ne les marque point, non plus que le noir dans les ombres dont je viens de parler. Ces lumieres, & ces ombres placées avec jugement, & avec art arrondissent les figures, & leur donnent le relief qu’on recherche ; car sans ce relief, les figures, comme vous avez fort bien dit, paroissent peintes, parcequ’elles ont la superficie platte. Celui qui a donc cette qualité, en possede une des plus importantes. [...]
Dialogue sur la peinture, p. 221