KONSTENAAR (n. m.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
ARTISAN (fra.)ARTISAN
{Le Coloris. III Partie} Que dans le Coloris, qui comprend deux choses, la Couleur locale & le Clair-obscur ; le Peintre ait grand soin de s'instruire de l'une & de l'autre : c’est ce qui le distingue des artisans qui ont de commun avec lui les mesures & les proportions ; & c’est encore ce qui le rend le plus véritable & le plus parfait imitateur de la Nature.
Introduction, p.6Les génies les plus heureux ne naissent pas de grands Artisans. Ils naissent seulement capables de le devenir. Ce n'est qu'à force de travail qu'ils s'élevent au point de perfection qu'ils peuvent atteindre.
Section VIII. Des Plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit. p. 86-87
Un jeune homme ne sçauroit faire dans l'art de la Peinture tout le progrès dont il est capable, si sa main ne se perfectionne pas en même-temps que son imagination. Il ne suffit pas aux Peintres de concevoir des idées nobles, d'imaginer les compositions les plus élegantes, & de trouver les expressions les plus pathétiques, il faut encore que leur main ait été renduë docile à se fléchir avec précision en cent manieres differentes, pour se trouver capable de tirer avec justesse la ligne que l'imagination lui demande. Nous ne sçaurions faire rien de bien, dit Du Fresnoi, dans son Poëme de la Peinture, si notre main n'est pas capable de mettre sur la toile les beautez que notre esprit produit. [...] Le génie a, pour ainsi dire, les bras liez dans un Artisan, dont la main n'est pas dénoüée. Il en est de l'œil comme de la main. Il faut que l'œil d'un Peintre soit accoutumé de bonne heure à juger par une operation sûre & facile en même-temps, quel effet doit faire un certain mêlange, ou bien une certaine opposition de couleur, quel effet doit faire une figure d'une certaine hauteur dans un Grouppe ; & quel effet un certain Grouppe fera dans le tableau, après que le tableau sera colorié. Si l'imagination n'a pas à sa disposition une main & un œil capables de la seconder à son gré, il ne résulte des plus belles idées qu'enfante l'imagination, qu'un tableau grossier, & que dédaigne l'Artisan même qui l'a peint, tant il trouve l'œuvre de sa main au-dessous de l'œuvre de son esprit.
L'étude nécessaire pour perfectionner l'œil & la main, ne se fait point en donnant quelques heures distraites à un travail interrompu. Cette étude demande une attention entiere & une perséverance continuée durant plusieurs années. […]
Le seul tems de la vie qui soit bien propre à faire acquerir leur perfection à l'œil et à la main, est le tems où nos organes, tant intérieurs qu'extérieurs, achevent.
L'art de Peinture est si difficile, il nous attaque par un sens, dont l'empire sur notre ame est si grand qu'un tableau peut plaire par les seuls charmes de l'exécution, indépendamment de l'objet qu'il représente : mais je l'ai déjà dit, notre attention & notre estime sont alors uniquement pour l'art de l'imitateur qui sçait nous plaire, même sans nous toucher. Nous admirons le pinceau qui a sçu contrefaire si bien la nature. Nous examinons comment l'Artisan a fait pour tromper nos yeux, au point de leur faire prendre des couleurs couchées sur une superficie pour de véritables fruits. Un Peintre peut donc passer pour un grand Artisan, en qualité de dessinateur élégant, ou de coloriste rival de la nature, quand même il ne sçauroit pas faire usage de ses talents pour représenter des objets touchans & pour mettre ses tableaux dans l'ame & la vraisemblance qui se font sentir dans ceux de Raphaël et de Poussin. […]
Avant que de pouvoir juger sur un certain ouvrage de l'état où l'Art étoit lorsque cet ouvrage a été fait, il faudroit sçavoir positivement en quelle estime l'ouvrage a été dans ce tems-là, & s'il y a passé pour un ouvrage excellent en son genre. Quelle injustice, par exemple, ne feroit-on pas à notre siecle, si l'on jugeoit un jour de l'état où la Poësie dramatique auroit été de notre tems sur les Tragedies de Pradon, ou sur les Comedies de Hauteroche ? Dans les tems les plus féconds en Artisans excellens, il se rencontre encore un plus grand nombre d'Artisans médiocres. Il s'y fait encore plus de mauvais ouvrages que de bons. Or nous courerions le risque de prononcer sur la foi d'un de ces ouvrages médiocres, si, par exemple, nous voulions juger de l'état où la peinture étoit à Rome sous Auguste, par les figures qui sont dans la pyramide de Cestius ; quoiqu'il soit très-probable que ces figures peintes à fresque aïent été faites dans le tems même que le Mausolée fut élevé, & par conséquent sous le regne de cet Empereur. Nous ignorons quel rang pouvoit tenir entre les Peintres de son tems, l'Artisan qui les fit, & ce qui se passe aujourd'hui dans tous les pays, nous apprend suffisamment que la cabale fait distribuer souvent les ouvrages les plus considerables à des Artisans très-inférieurs à ceux qu'elle fait négliger.