ORDINANTIE (n. f.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
COMPOSITION (fra.)COMPOSITION
{Unité d’objet} Que si il y a plusieurs groupes de Clair-obscur dans un Tableau, il faut qu’il y en ait un qui soit plus sensible, & qui domine sur les autres, en sorte qu’il y ait unité d’objet, comme dans la Composition, unité de sujet.
introduction, p. 9Nous avons dit que la Peinture est un Art, qui par le moyen du Dessein & de la Couleur, imite sur une superficie plate tous les objets visibles. […]. Elle contient trois parties, la Composition, le Dessein, & le Coloris, qui font l’Essence de la Peinture, comme le Corps, l’Ame & la Raison font l’Essence de l’Homme.
chapitre VIII, p. 28
Composition. Première Partie de la Peinture. […]
J’ai crû que pour donner une juste Idée de la première Partie de la Peinture, il fallait l’appeler Composition, & la diviser en deux ; l’Invention & la Disposition. L’Invention trouve seulement les objets du Tableau, & la Disposition les place. Ces deux Parties sont differentes à la vérité : mais elles ont tant de liaison entr’elles, qu’on peut les comprendre sous un même nom. [….] Ainsi je la < la composition > définis de cette sorte : une partie de la Peinture qui trouve avec convenance & qui place avec avantage les objets dont le Peintre se sert pour exprimer son sujet.
Les compositions allégoriques que nous avons nommées des compositions mixtes, sont d'un plus grand usage que les compositions purement allégoriques. Quoique leur action soit feinte, ainsi que celle des compositions purement allégoriques, néanmoins comme une partie de leurs personnages se trouvent être des personnages historiques, on peut mettre le sens de ces fictions à la portée de tout le monde, & les rendre ainsi capables de nous instruire, de nous attacher & même de nous intéresser.
Les Peintres tirent de grands secours de ces compositions allégoriques de la seconde espèce, ou pour exprimer beaucoup de choses qu'ils ne pourroient pas faire entendre dans une composition historique, ou pour représenter en un seul tableau plusieurs actions dont il semble que chacun demandât une toile séparée. La galerie du Luxembourg & celle de Versailles en font foi. Rubens & Le Brun ont trouvé moïen d'y représenter par le moïen de ces fictions mixtes, des choses qu'on ne concevoit pas pouvoir être renduës avec des couleurs. Il y font voir en un seul tableau des évenements qu'un Historien ne pourroit narrer qu'en plusieurs pages. […]
Quant à la peinture, je crois qu'il faut diviser l'ordonnance ou le premier arrangement des objets qui doivent remplir un tableau en composition pittoresque & en composition poëtique.
J'appelle composition pittoresque, l'arrangement des objets qui doivent entrer dans un tableau par rapport à l'effet géneral de ce tableau. Une bonne composition pittoresque est celle dont le coup d'œil fait un grand effet suivant l'intention du peintre & le but qu'il s'est proposé. Il faut pour cela que le tableau ne soit point embarassé par les figures, quoiqu'il y en ait assez pour bien remplir la toile. Il faut que les objets s'y démêlent facilement. Il ne faut pas que les figures s'estropient l'une l'autre en se cachant réciproquement la moitié de la tête ni d'autres parties du corps, lesquelles il convient au sujet que le peintre fasse voir. Il faut enfin que les grouppes soient bien composez ; que la lumiere leur soit distribuée judicieusement ; & que les couleurs locales loin de s'entre-tuer, soient disposées de maniere qu'il resulte du tout une harmonie agréable à l'œil par elle-même.
La composition poëtique d'un tableau, c'est un arrangement ingénieux des figures inventé pour rendre l'action qu'il représente plus touchante & plus vrai-semblable. Elle demande que tous les personnages soient liez par une action principale, car un tableau peut contenir plusieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres se réunissent en une action principale, & qu'elles ne fassent toutes qu'un seul & même sujet. Les regles de la Peinture sont autant ennemies de la duplicité d'action que celles de la Poësie dramatique. Si la Peinture peut avoir des épisodes comme la Poësie, il faut dans les tableaux, comme dans les tragedies, qu'ils soient liez avec le sujet, & que l'unité d'action soit conservée dans l'ouvrage du Peintre comme dans le poëme.
ORDONNANCE
Ces esprits médiocrement propres à beaucoup de choses, ont la même destinée, quand on les applique à la Peinture. Un homme de cette trempe, que les conjonctures engagent à se faire Peintre, imite servilement plutôt qu'exactement, le goût de son maître dans les contours & dans le coloris. Il devient un dessinateur correct, s'il ne devient pas un dessinateur élégant, & si l'on ne sçauroit loüer l'excellence de son coloris, du moins n'y remarque-t'on pas de fautes grossieres contre la vérité ; il est des regles pour n'en point faire : mais comme les regles ne peuvent enseigner qu'aux personnes de génie à réussir dans l'ordonnance & dans la composition poëtique, ses tableaux, ses tableaux sont très-défectueux dans ce deux parties. Ses ouvrages ne sont beaux que par endroits, parce que n'aïant pas imaginé tout son plan, mais l'aïant fait seulement piece à pièce, rien n'y est ensemble.
Quant à la peinture, je crois qu'il faut diviser l'ordonnance ou le premier arrangement des objets qui doivent remplir un tableau en composition pittoresque & en composition poëtique.
J'appelle composition pittoresque, l'arrangement des objets qui doivent entrer dans un tableau par rapport à l'effet géneral de ce tableau. Une bonne composition pittoresque est celle dont le coup d'œil fait un grand effet suivant l'intention du peintre & le but qu'il s'est proposé. Il faut pour cela que le tableau ne soit point embarassé par les figures, quoiqu'il y en ait assez pour bien remplir la toile. Il faut que les objets s'y démêlent facilement. Il ne faut pas que les figures s'estropient l'une l'autre en se cachant réciproquement la moitié de la tête ni d'autres parties du corps, lesquelles il convient au sujet que le peintre fasse voir. Il faut enfin que les grouppes soient bien composez ; que la lumiere leur soit distribuée judicieusement ; & que les couleurs locales loin de s'entre-tuer, soient disposées de maniere qu'il resulte du tout une harmonie agréable à l'œil par elle-même.
La composition poëtique d'un tableau, c'est un arrangement ingénieux des figures inventé pour rendre l'action qu'il représente plus touchante & plus vrai-semblable. Elle demande que tous les personnages soient liez par une action principale, car un tableau peut contenir plusieurs incidens, à condition que toutes ces actions particulieres se réunissent en une action principale, & qu'elles ne fassent toutes qu'un seul & même sujet. Les regles de la Peinture sont autant ennemies de la duplicité d'action que celles de la Poësie dramatique. Si la Peinture peut avoir des épisodes comme la Poësie, il faut dans les tableaux, comme dans les tragedies, qu'ils soient liez avec le sujet, & que l'unité d'action soit conservée dans l'ouvrage du Peintre comme dans le poëme.