J’avouë que vous embarasseriez fort la plus grande partie des Peintres si vous portiez le compas sur leurs Ouvrages dans tous les endroits qui se peuvent mesurer : plusieurs se sauvent à la faveur des graces de la Peinture, mais ne nous flatons point, ni la vivacité du coloris, ni la richesse des dispositions, ni les expressions les plus fortes, ne formeront jamais un beau tout, & ne seront que de fausses apparences de beauté, si elles ne sont pas soutenuës de la correction du dessein.Que cela toutefois ne vous rebute pas, car bien que peu de Tableaux pussent soutenir un tel examen, vous pouvez pourtant apporter la severité du compas aux Ouvrages de Raphaël, d’Annibal, Carache, du Poussin, & de quelques-uns de nos plus fameux Maistres ; nous en connoissons mesme aujourd’huy avec qui on en peut encore user de la sorte ; leur modestie m’empesche de les nommer, leurs Ouvrages les découvrent assez ; examinez les bien ; vous trouverez des Peintres dont les Tableaux sont justes dans toutes proportions par des contours certains & gracieux tout ensemble, c’est de ceux là que j’entends parler.