FIRE (n.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
FEU (fra.)FEU
{VI. Qu’il faut rejetter ce qui affadit le Sujet.}
*Cette partie [ndr : l'invention] si rare & si difficile ne s'acquiert point, ny par le travail, ny par les preceptes des Maistres : car il n'y a que ceux, qui ont receu en naissant quelque partie de ce feu celeste *[…] qui soient capables de recevoir ces divins presens […].
{LX. La diversité & la facilité plaisent.}
*Les Corps de diverse nature aggrouppez ensemble sont agreables & plaisans à la veuë, *aussi bien que les choses qui paroissent estre faites avec Facilité ; parce qu’elles sont pleines d’esprit & d’un certain Feu celeste qui les anime : Mais vous ne ferez pas les choses avec cette Facilité, qu’apres les avoir long-temps roulées dans vostre Esprit : Et c’est ainsi que vous cacherez sous une agreable tromperie la peine que vous aura donné vostre Art & vostre Ouvrage ; mais le plus grand de tous les Artifices est de faire paroistre qu’il n’y en a point.
BOUTET, Claude, The Art of Painting in Miniature: Teaching The speedy and perfect Acquisition of that Art without a Master. By Rules so easy, and in a Method so natural as to render this charming Accomplishment universally attainable. Containing I. The Difference between Painting in Miniature, and other Kinds of Painting. II. The Management of Colours in Draperies, Linnen, Lace, Furrs, &c. III. The Method of mixing Colours for Carnations ; for painting of Architecture, or any Building of Stone or Wood ; for Landskips, Terrasses, Water, Ruins, Rocks, &c. IV. The Art of Painting all Sorts of Flowers, with the proper Colours required to represent Nature to the highest Perfection. V. The various Methods of Painting. Translated from the Original French. The Fourth Edition. To which are now added, I. Certain Secrets of one of the greatest Italian Painters for making the finest Colours, Burnished Gold, Shell Gold, &c. II. Some general instructive Lessons for the Art of Drawing. And III. The Usefulness and Benefit of Prints, London, J. Hodges - J. James - T. Cooper, 1739.
CXXXIII.
N’employez à aucune de ces choses [ndr : les fruits, les poissons, les reptiles, les oiseaux, les animaux, les figures et les fleurs] du Blanc de Plomb, il n’est propre qu’en Huile, & il noircit comme de l’Ancre, n’estant détrempé qu’à la Gomme, partïculierement si vous mettez vostre ouvrage dans un lieu humide ou avec des Parfuns, & la Ceruse de Venise est aussi fine, & d’un aussi grand blanc. De celuy-là, n’en épargnez pas l’usage, sur tout en ébauchant, & faites-en entrer dans tous vos meslanges, afin de leur donner un certain Corps qui empaste vostre ouvrage, & qui le fasse paroistre doux & moileux.
Le goust des Peintres est neanmoins different en ce point, les uns en employent un peu, d’autres point du tout ; mais la maniere de ceux-cy est maigre & seiche, les autres en mettent beaucoup, & c’est sans contredi la meilleure Methode & la plus usitée parmy les habiles Gens ; car outre qu’elle est prompte, c’est que l’on peut en s’en servant (ce qui seroit quasi impossible autrement) copier toutes sortes de Tableaux, nonobstant le sentiment contraire de quelques-uns, qui disent qu’en mignature l’on ne peut donner la Force & toutes les differentes Teintes qu’on void dans les Pieces en Huile, ce qui n’est pas vray, du moins pour les bons Peintres, & les effets le prouvent assez ; car il se void des Figures, des Païsages, des Portraits, & toute autre chose en mignature, touchez d’une aussi grande maniere, aussi vraye & aussi noble, quoy que plus mignonne & delicate qu’en huile.
Je sçay pourtant que cette Peinture a ses avantages, quand ce ne seroit que celuy de rendre plus d’ouvrage, & de consommer moins de temps, elle se deffend mieux aussi contre ses injures, & il faut encore luy ceder le droit d’Ainesse & la gloire de l’Antiquité.
Mais aussi la Mignature a les siens, & sans repeter ceux que j’ay déja montrez, elle est plus propre & plus commode, l’on porte aisément tout son Attirail dans sa poche, vous travaillez par tout quand il vous plaist, sans tant de preparatifs, vous pouvez la quitter & la reprendre quand & autant de fois que vous voulez, ce qui ne se fait pas à la premiere, où l’on ne doit guere travailler à sec.
Mais remarquez qu’il est de l’une & de l’autre, comme de la Comedie, dans laquelle la plus grande ou la moindre perfection des Acteurs ne consiste pas à faire les hauts ou les bas Rolles, mais à faire extremement bien ceux qu’ils font, car si celuy qui aura le dernier personnage, s’en acquitte mieux qu’un autre de celuy de Heraut, il meritera sans doute plus d’approbation & de loüange.
C’est la mesme chose dans l’Art de Peindre, son excellence n’est pas attachée à la Noblesse d’un sujet ; mais à la maniere dont on le traite, avez-vous talent pour celuy-cy, ne vous jettez pas inconsiderément dans celuy-là, & si vous avez receu du Ciel quelque étincelle de ce beau Feu, connoissez pourquoy il vous est donné, & faites-vous-y un chemin facile ; les uns prendront bien les differens airs du Teste, les autres réussiront mieux en Païsages, ceux-cy travaillent en petit, qui ne le pourroient faire en grand, ceux-là sont bons Coloristes, & ne possedent pas le Dessein, d’autres enfin n’ont du Genie que pour les Fleurs : Et les Bassans mémes, se sont acquis un nom par les Animaux, qu’ils ont touchez de tres-bonne maniere, & mieux que toute autre chose.
C’est pour dire que chacun se doit contenter de sa Verve, sans vouloir se revétir du talent d’autruy, […].
[...] Quelques esprits de feu ont pris l'emportement de leur imagination pour le vrai Enthousiasme […] Il est certain que ceux qui ont un genie de feu entrent facilement dans l'Enthousiasme, parce que leur imagination est presque toujours agitée ; mais ceux qui brûlent d'un feu doux, qui n'ont qu'une médiocre vivacité jointe à un bon jugement, peuvent s'insinuer dans l'Enthousiasme par degrés, & le rendre même plus reglé par la solidité de leur esprit. S'ils n'entrent pas si facilement, ni si promptement dans cette fureur Pittoresque, pour ainsi parler, ils ne laissent pas de s'en laisser saisir peu-à-peu ; parce que leurs réfléxions leur font tout voir & tout sentir, & que non seulement il y a plusieurs degrés d'Enthousiasme, mais encore plusieurs moyens d'y arriver. […]
Pour disposer l'esprit à l'Enthousiasme, généralement parlant, rien n'est meilleur que la vûe des Ouvrages des grands Maîtres, & la lecture des bons Auteurs Historiens ou Poëtes, à cause de l'élévation de leurs pensées, de la noblesse de leurs expressions, & du pouvoir que les exemples ont sur l'esprit des hommes.