INVENZIONE (n. f.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
COMPOSITION (fra.)COMPOSITION
DOLCE, Lodovico, Dialogo della pittura di M. Lodovico Dolce, Intitolato l’Aretino. Nel quale si ragiona della dignità di essa Pittura, e di tutte le parti necessarie, che a perfetto Pittore si acconvengono: con esempi di Pittori antichi, e moderni: e nel fine si fa menzione delle virtù, e delle opere del divin Tiziano / Dialogue sur la peinture de Louis Dolce, intitulé l’Aretin. Dans lequel on traitte de l’excellence de la peinture, de toutes les qualités necessaires au bon Peintre, avec les exemples des Peintres anciens et modernes, à la fin on y parle du merite et des ouvrages du divin Titien, trad. par VLEUGHELS, Nicolas, Firenze, Michel Nestenus et François Moucke, 1735.
Art. […] Je dois dire aussi, car il ne faut pas taire la verité, que celui qui a travaillé dans la salle qu’on appelle d’en haut, aupres du tableau de la bataille peinte par Titien, s’est trompé dans l’histoire de l’excommunication lancée par Alexandre III. contre Frederic Barberousse. Aiant representé Rome dans sa composition, il me paroit qu’il a lourdement peché contre la convenance en y mettant un si grand nombre de Senateurs Venitiens, qui hors de propos sont spectateurs ; parcequ’il n’est pas vraisemblable qu’ils s’y trouvassent tous en meme tems, & ils n’ont rien à faire avec l’histoire. Au contraire Titien observa à merveille, & en perfection la convenance dans le tableau ou Frederic se baisse, & s’humilie devant le Pape, lui baisant les pieds : il y a peint judicieusement le Bembe, le Navager, & le Sannazare, qui regardent la fonction. Quoique le fait soit arrivé long tems auparavant ; il n’est pas extraordinaire qu’il ait imaginé les deux premiers dans Venise leur patrie ; & il n’est pas hors de toute vraisemblance que le troisieme s’y soit trouvé. Outre cela il n’y a pas un grand inconvenient qu’un des premiers peintres du monde conservât dans ses ouvrages la memoire, & les portraits des trois premiers poetes, & savans de notre tems, dont deux etoient nobles Venitiens ; & le troisieme avoit tant d’amour pour cette illustre ville de Venise, que dans une des ses Epigrammes, il la prefere à Rome.
Dialogue sur la peinture, p. 165-167-169INVENTION
DA VINCI, Leonardo, Trattato della pittura di Lionardo da Vinci, novamente dato in luce, con la vita dell'istesso autore, scritta da Rafaelle Du Fresne. Si sono giunti i tre libri della pittura, & il trattato della statua di Leon Battista Alberti, con la vita del medesimo, TRICHET DU FRESNE, Raphaël (éd.), Paris, Jacques Langlois, 1651.
De quelle sorte il faut estudier à la composition des histoires
La premiere estude des compositions d’histoires doit commencer par mettre ensemble quelques figures legerement esquissées c’est-à dire touchées en deux coups : mais il faut auparavant les sçavoir bien desseigner de tous les costez, & les racourcissemens & les extensions de chaque membre : après on entreprendra l’ordonnance de deux figures qui fassent contraste […], & que cette premiere invention soit examinee & recherchée en diverses attitudes […]. Or en toutes ces compositions, il faut s’estudier soigneusement à la recherche des accidents & des passions qui peuvent donner de l’expression & enrichir le sujet que l’on traitte.
DOLCE, Lodovico, Dialogo della pittura di M. Lodovico Dolce, Intitolato l’Aretino. Nel quale si ragiona della dignità di essa Pittura, e di tutte le parti necessarie, che a perfetto Pittore si acconvengono: con esempi di Pittori antichi, e moderni: e nel fine si fa menzione delle virtù, e delle opere del divin Tiziano / Dialogue sur la peinture de Louis Dolce, intitulé l’Aretin. Dans lequel on traitte de l’excellence de la peinture, de toutes les qualités necessaires au bon Peintre, avec les exemples des Peintres anciens et modernes, à la fin on y parle du merite et des ouvrages du divin Titien, trad. par VLEUGHELS, Nicolas, Firenze, Michel Nestenus et François Moucke, 1735.
Are. A mon avis, tout ce qui regarde la peinture se peut diviser en trois parties, invention, dessein, & coloris. L’invention est l’histoire, ou la fable, que le peintre se choisit de lui meme, ou qui lui est donné par quelqu’autre pour sujet, qu’il doit executer. Le dessein forme les figures, qui les represente. Enfin, le coloris fait les teintes, dont pour ainsi dire la nature a peint les choses animées comme les hommes, & les animaux ; les inanimées, comme les rochers, les herbes, les plantes, & autres semblables ; bien que celles-ci soient encore animées dans leurs espece, participant de cette ame appellée vegetative, qui les perpetue, & les maintient ; mais je m’enoncerai en peintre, & non en philosophe.
Dialogue sur la peinture, p. 151-153Are. [...] Commençons par l’invention dans la quelle je trouve, qu’il entre beaucoup de parties, parmi les quelles l’ordonnance, & les convenances sont les principales ; parceque si le peintre, par exemple, avoit à representer Jesus Christ, ou saint Paul prechant, il ne conviendroit pas, qu’il les peignit nuds, qu’il les vêtit en soldats, ou en mariniers ; mais qu’il leur choisit un habit decent ; & convenable à l’un, & à l’autre ; principalement qu’il donnât au Seigneur une phisionomie grave accompagnée de douceur, & d’une benignité aimable, de meme qu’à saint Paul un air qui conviene à un si grand Apotre ; de maniere que ceux qui les regardent s’imaginent voir des portraits fidels, tant de l’Autheur de notre salut, que de ce Vaisseau d’election.
Dialogue sur la peinture, p. 153Are. J’ai encore quelque chose à dire au sujet de l’invention, come par exemple, que chaque figure represente bien son action. Ainsi si elle est assise, qu’elle paroisse assise commodement : si elle est debout, qu’elle appuie la plante des piés si surement, qu’on ne puisse pas croire qu’elle chancele : & si elle marche, que son mouvement soit aisé, & acompagné des circonstances que je rapporterai plus bas. Or il est impossible que le peintre possede bien toutes les parties, qui conviennent à l’invention tant par rapport à l’histoire, que par rapport à ce qui convient aux tems, & aux personnes, s’il n’est bien fondé dans la connoissance de l’histoire & des fables des poetes. Ainsi comme c’est un tres grand avantage à un savant de savoir dessiner, pour le bien des choses qui sont renfermées dans son emploi d’auteur & d’ecrivain ; de meme celui qui embrasse l’art de la peinture tireroit un profit considerable de la connoissance des belles lettres. Mais enfin si le Peintre n’a pas toute la litterature requise, qu’il sache au moins, comme j’ai dit, l’histoire, & qu’il ait quelque connoissance de la poesie ; qu’il ait commerce avec les poetes.
Dialogue sur la peinture, p. 171-173Are. […] De plus je veux encore avertir le peintre, que lorsqu’il jette les premieres idées, que son sujet a produit dans son esprit, qu’il ne doit pas se contenter d’une seule pensée, mais d’en faire plusieurs, pour choisir ensuite celle qui reussiroit le mieux en considerant le tout ensemble, & puis chaque partie en particulier ; c’est ce qu’avoit coutume de faire Rafael, qui etoit si riche en invention, qu’il representoit toujours une histoire en quatre ou cinq manieres differentes ; & toutes bonnes, & gracieuses.
Dialogue sur la peinture, p. 173-175Are. Il paroit par ce qui a eté dit jusqu’ici, que l’invention vient de deux sources, de l’histoire, & de l’esprit du peintre. L’histoire lui fournit simplement la matiere ; mais l’esprit, outre l’ordre & la convenance, produit les attitudes, les diversités, & pour ainsi dire, l’expression des figures ; ce qui est une partie qui lui est commune avec le dessein. Il suffit de dire, que le peintre ne doit point etre negligent en aucune des parties de l’invention, & qu’il ne choisisse qu’un nombre convenable de figures ; considerant qu’il les presente aux yeux des spectateurs, qui embarassés par la trop grande quantité se degoutent ; d’autant plus qu’il n’est pas vraisemblable, qu’en un seul, & meme tems, on leur represente tant de choses.
Dialogue sur la peinture, p. 175