ARIOSTO, Ludovico ( 1474-1533 )
Poète italien
Quotation
Are. [...] Le peintre doit donc s’appliquer non seulement à imiter, mais aussi à surpasser la nature ; je dis surpasser en partie ; car au reste ce seroit un prodige, non pas s’il arrivoit à l’imiter, mais meme s’il en approchoit : ce qui consiste à faire paroitre par le moien de l’art dans un seul corps toutes les perfections de la beauté, qu’a peine la nature a coutume de faire voir en mille. Parcequ’il ne se trouve point de corps humain de si parfaite beauté, qu’il ne lui en manque quelque partie. Aussi avons nous l’exemple de Zeuxis, qui aiant à peindre Helene dans le temple des Crotoniates, choisit cinq jeunes filles qu’il vit toutes nûes, & prenant les belles parties de l’une, qui manquoient à l’autre, reduisit son Helene au point de perfection que la renomée en subsiste encore aujourdhui. Ce qui peut aussi servir d’avis pour ceux qui ont la temerité de faire tous leurs ouvrages de pratique. Mais si les peintres veulent trouver sans peine le parfait modelle d’une belle femme, ils n’ont qu’a lire les stances dans les quelles l’Arioste decrit admirablement les beautés de la Fée Alcine. Il [sic] verront en même tems, combien les bons poetes sont aussi bons peintres. [...]
Elle etoit aussi bien faite que les plus industrieux peintres eussent sû la representer.
Voila pour la proportion que l’ingenieux Arioste etablit 1, la plus exacte que les plus excellents peintres puissent former : il se sert de l’epithete industrieux, pour marquer le soin, qui convient un excellent ouvrier. [...]
Avec une blonde chevelure longue & nouée :
Il n’y a point d’or qui eclatte & brille davantage.
De la meme façon que l’Arioste a dit tresse blonde, il pouvoit dire tresse d’or : mais peut etre crut-il, que l’expression auroit trop senti son poete : d’ou on peut conclure que le peintre doit imiter l’or, & non pas l’emploier dans sa peinture comme font ceux qui peignent en mignature, ensorte qu’on puisse dire ces cheveux ne sont pas d’or, & cependant ils semblent briller comme l’or. Je suis bien aise d’avoir touché ce point, quand meme la chose ne meriteroit pas qu’on y fit reflexion. […] On doit conclure de là, que le peintre est obligé d’imiter les proprietés de chaque chose avec les distinctions qui leur conviennent.
1 On a encore ici prophetisé, plus pour ce tems ici, que pour aucun autre qui ce soit passè.
Quotation
34 Lustich behendich sullen oock verschijnen {Van de gracelijcheyt waer te nemen.}
Alle roeringhen van leden oft letten
Der Nimphen, Goddinnen en Concubijnen,
Ghelijck Ariosto beschrijft Alcinen,
Die niet eenen voetstap en ginck versetten,
Het en waren al stricken ende netten
Der Liefden, om in te vanghen Roggieren,
Met een gracelijck en aerdigh bestieren.
Quotation
Are. [...] Le peintre doit donc s’appliquer non seulement à imiter, mais aussi à surpasser la nature ; je dis surpasser en partie ; car au reste ce seroit un prodige, non pas s’il arrivoit à l’imiter, mais meme s’il en approchoit : ce qui consiste à faire paroitre par le moien de l’art dans un seul corps toutes les perfections de la beauté, qu’a peine la nature a coutume de faire voir en mille. Parcequ’il ne se trouve point de corps humain de si parfaite beauté, qu’il ne lui en manque quelque partie. Aussi avons nous l’exemple de Zeuxis, qui aiant à peindre Helene dans le temple des Crotoniates, choisit cinq jeunes filles qu’il vit toutes nûes, & prenant les belles parties de l’une, qui manquoient à l’autre, reduisit son Helene au point de perfection que la renomée en subsiste encore aujourdhui. Ce qui peut aussi servir d’avis pour ceux qui ont la temerité de faire tous leurs ouvrages de pratique. Mais si les peintres veulent trouver sans peine le parfait modelle d’une belle femme, ils n’ont qu’a lire les stances dans les quelles l’Arioste decrit admirablement les beautés de la Fée Alcine. Il [sic] verront en même tems, combien les bons poetes sont aussi bons peintres. [...]
Elle etoit aussi bien faite que les plus industrieux peintres eussent sû la representer.
Voila pour la proportion que l’ingenieux Arioste etablit 1, la plus exacte que les plus excellents peintres puissent former : il se sert de l’epithete industrieux, pour marquer le soin, qui convient un excellent ouvrier. [...]
Quotation
Are. [...] Le peintre doit donc s’appliquer non seulement à imiter, mais aussi à surpasser la nature ; je dis surpasser en partie ; car au reste ce seroit un prodige, non pas s’il arrivoit à l’imiter, mais meme s’il en approchoit : ce qui consiste à faire paroitre par le moien de l’art dans un seul corps toutes les perfections de la beauté, qu’a peine la nature a coutume de faire voir en mille. Parcequ’il ne se trouve point de corps humain de si parfaite beauté, qu’il ne lui en manque quelque partie. Aussi avons nous l’exemple de Zeuxis, qui aiant à peindre Helene dans le temple des Crotoniates, choisit cinq jeunes filles qu’il vit toutes nûes, & prenant les belles parties de l’une, qui manquoient à l’autre, reduisit son Helene au point de perfection que la renomée en subsiste encore aujourdhui. Ce qui peut aussi servir d’avis pour ceux qui ont la temerité de faire tous leurs ouvrages de pratique. Mais si les peintres veulent trouver sans peine le parfait modelle d’une belle femme, ils n’ont qu’a lire les stances dans les quelles l’Arioste decrit admirablement les beautés de la Fée Alcine. Il [sic] verront en même tems, combien les bons poetes sont aussi bons peintres. [...]
Elle etoit aussi bien faite que les plus industrieux peintres eussent sû la representer.
Voila pour la proportion que l’ingenieux Arioste etablit 1, la plus exacte que les plus excellents peintres puissent former : il se sert de l’epithete industrieux, pour marquer le soin, qui convient un excellent ouvrier. [...]
Avec une blonde chevelure longue & nouée :
Il n’y a point d’or qui eclatte & brille davantage.
De la meme façon que l’Arioste a dit tresse blonde, il pouvoit dire tresse d’or : mais peut etre crut-il, que l’expression auroit trop senti son poete : d’ou on peut conclure que le peintre doit imiter l’or, & non pas l’emploier dans sa peinture comme font ceux qui peignent en mignature, ensorte qu’on puisse dire ces cheveux ne sont pas d’or, & cependant ils semblent briller comme l’or. Je suis bien aise d’avoir touché ce point, quand meme la chose ne meriteroit pas qu’on y fit reflexion. […] On doit conclure de là, que le peintre est obligé d’imiter les proprietés de chaque chose avec les distinctions qui leur conviennent.
1 On a encore ici prophetisé, plus pour ce tems ici, que pour aucun autre qui ce soit passè.
Quotation
Avec une blonde chevelure longue & nouée :
Il n’y a point d’or qui eclatte & brille davantage.
De la meme façon que l’Arioste a dit tresse blonde, il pouvoit dire tresse d’or : mais peut etre crut-il, que l’expression auroit trop senti son poete : d’ou on peut conclure que le peintre doit imiter l’or, & non pas l’emploier dans sa peinture comme font ceux qui peignent en mignature, ensorte qu’on puisse dire ces cheveux ne sont pas d’or, & cependant ils semblent briller comme l’or. Je suis bien aise d’avoir touché ce point, quand meme la chose ne meriteroit pas qu’on y fit reflexion. […] On doit conclure de là, que le peintre est obligé d’imiter les proprietés de chaque chose avec les distinctions qui leur conviennent.
Quotation
Elle etoit aussi bien faite que les plus industrieux peintres eussent sû la representer.
Voila pour la proportion que l’ingenieux Arioste etablit 1, la plus exacte que les plus excellents peintres puissent former : il se sert de l’epithete industrieux, pour marquer le soin, qui convient un excellent ouvrier.
Quotation
34 Lustich behendich sullen oock verschijnen {Van de gracelijcheyt waer te nemen.}
Alle roeringhen van leden oft letten
Der Nimphen, Goddinnen en Concubijnen,
Ghelijck Ariosto beschrijft Alcinen,
Die niet eenen voetstap en ginck versetten,
Het en waren al stricken ende netten
Der Liefden, om in te vanghen Roggieren,
Met een gracelijck en aerdigh bestieren.
Quotation
Are. [...] Le peintre doit donc s’appliquer non seulement à imiter, mais aussi à surpasser la nature ; je dis surpasser en partie ; car au reste ce seroit un prodige, non pas s’il arrivoit à l’imiter, mais meme s’il en approchoit : ce qui consiste à faire paroitre par le moien de l’art dans un seul corps toutes les perfections de la beauté, qu’a peine la nature a coutume de faire voir en mille. Parcequ’il ne se trouve point de corps humain de si parfaite beauté, qu’il ne lui en manque quelque partie. Aussi avons nous l’exemple de Zeuxis, qui aiant à peindre Helene dans le temple des Crotoniates, choisit cinq jeunes filles qu’il vit toutes nûes, & prenant les belles parties de l’une, qui manquoient à l’autre, reduisit son Helene au point de perfection que la renomée en subsiste encore aujourdhui. Ce qui peut aussi servir d’avis pour ceux qui ont la temerité de faire tous leurs ouvrages de pratique. Mais si les peintres veulent trouver sans peine le parfait modelle d’une belle femme, ils n’ont qu’a lire les stances dans les quelles l’Arioste decrit admirablement les beautés de la Fée Alcine. Il [sic] verront en même tems, combien les bons poetes sont aussi bons peintres. [...]
Elle etoit aussi bien faite que les plus industrieux peintres eussent sû la representer.
Voila pour la proportion que l’ingenieux Arioste etablit 1, la plus exacte que les plus excellents peintres puissent former : il se sert de l’epithete industrieux, pour marquer le soin, qui convient un excellent ouvrier. [...]
Avec une blonde chevelure longue & nouée :
Il n’y a point d’or qui eclatte & brille davantage.
De la meme façon que l’Arioste a dit tresse blonde, il pouvoit dire tresse d’or : mais peut etre crut-il, que l’expression auroit trop senti son poete : d’ou on peut conclure que le peintre doit imiter l’or, & non pas l’emploier dans sa peinture comme font ceux qui peignent en mignature, ensorte qu’on puisse dire ces cheveux ne sont pas d’or, & cependant ils semblent briller comme l’or. Je suis bien aise d’avoir touché ce point, quand meme la chose ne meriteroit pas qu’on y fit reflexion. […] On doit conclure de là, que le peintre est obligé d’imiter les proprietés de chaque chose avec les distinctions qui leur conviennent.
1 On a encore ici prophetisé, plus pour ce tems ici, que pour aucun autre qui ce soit passè.
Quotation
Are. [...] Le peintre doit donc s’appliquer non seulement à imiter, mais aussi à surpasser la nature ; je dis surpasser en partie ; car au reste ce seroit un prodige, non pas s’il arrivoit à l’imiter, mais meme s’il en approchoit : ce qui consiste à faire paroitre par le moien de l’art dans un seul corps toutes les perfections de la beauté, qu’a peine la nature a coutume de faire voir en mille. Parcequ’il ne se trouve point de corps humain de si parfaite beauté, qu’il ne lui en manque quelque partie. Aussi avons nous l’exemple de Zeuxis, qui aiant à peindre Helene dans le temple des Crotoniates, choisit cinq jeunes filles qu’il vit toutes nûes, & prenant les belles parties de l’une, qui manquoient à l’autre, reduisit son Helene au point de perfection que la renomée en subsiste encore aujourdhui. Ce qui peut aussi servir d’avis pour ceux qui ont la temerité de faire tous leurs ouvrages de pratique. Mais si les peintres veulent trouver sans peine le parfait modelle d’une belle femme, ils n’ont qu’a lire les stances dans les quelles l’Arioste decrit admirablement les beautés de la Fée Alcine. Il [sic] verront en même tems, combien les bons poetes sont aussi bons peintres. [...]
Elle etoit aussi bien faite que les plus industrieux peintres eussent sû la representer.
Voila pour la proportion que l’ingenieux Arioste etablit 1, la plus exacte que les plus excellents peintres puissent former : il se sert de l’epithete industrieux, pour marquer le soin, qui convient un excellent ouvrier. [...]
Quotation
Avec une blonde chevelure longue & nouée :
Il n’y a point d’or qui eclatte & brille davantage.
De la meme façon que l’Arioste a dit tresse blonde, il pouvoit dire tresse d’or : mais peut etre crut-il, que l’expression auroit trop senti son poete : d’ou on peut conclure que le peintre doit imiter l’or, & non pas l’emploier dans sa peinture comme font ceux qui peignent en mignature, ensorte qu’on puisse dire ces cheveux ne sont pas d’or, & cependant ils semblent briller comme l’or. Je suis bien aise d’avoir touché ce point, quand meme la chose ne meriteroit pas qu’on y fit reflexion. […] On doit conclure de là, que le peintre est obligé d’imiter les proprietés de chaque chose avec les distinctions qui leur conviennent.