LXXXX. Premierement aprés avoir ordonné l’œconomie de vostre Païsage comme de vos autres Piéces, il faut ébaucher vos Terrasses les plus proches quand elles doivent paroistre brunes avec du Verd de Vessie, ou d’Iris, du Bistre, & un peu de Verd de Montagne, pour donner du corps à vostre couleur, il faut ensuite pointiller avec ce meslange, mais un peu plus brun, y ajoûtant quelques fois du Noir. Pour celles qui sont claires, l’on fait une couche d’occre & de blanc, puis l’on ombre & l’on finit avec du bistre ; en quelques-unes on mesle un peu de Verd, particulierement pour les ombrer & finir. Il y a aussi quelques fois sur les devans de certaines terrasses rougeâtres, elles s’ébauchent avec du brun-rouge, du Blanc, & un peu de Verd, & se finissent de mesme, y mettant un peu plus de verd. Pour faire des herbes & autres feüillages sur les terrasses les plus proches, il faut aprés qu’elles sont finies, les Ebaucher de verd de Mer, ou de Montagne, & un peu de Blanc, & pour celles qui sont jaunâtres y méler du Massicot, ensuite on les ombre avec du verd d’Iris, ou du bistre & de la pierre de fiel, si l’on veut qu’elles paroissent mortes. Les Terrasses qui sont un peu plus éloignées, s’ébauchent de Verd de Montagne ; on les ombre, & on les achéve avec du Verd de Vessie, y ajoûtant du Bistre, pour donner des coups par-cy par-là. Celles qui s’éloignent encore d’avantage, se font avec du Verd de Mer & un peu de bleu, & s’ombrent de Verd de Montagne. Enfin, plus elles fuyent, plus il les faut faire bleuâtres ; & les derniers lointains doivent estre d’outremer & de blanc, y mélant en quelques endroits de petites Teintes de Vermillon.
BOUTET, Claude, Traite de Mignature, pour apprendre aisément à Peindre sans Maistre. Avec le secret de faire les plus belles Couleurs, l'Or bruny, & l'Or en Coquille. Troisiesme Edition. Reveuë, corrigée & augmentée, Paris, Christophe Ballard, 1696.