De la couleur verde qui se fait de rouïlle de cuivre : c’est le verd de gris La couleur verte provenant du cuïvre encores que broyée à l’huile ne laisse pas de s’en aller en fumée, & de perdre sa beauté, si incontinent après avoir esté employée on ne luy donne une couche de vernis, & non seulement elle s’évapore et se dissipe en fumée, mais si on la frotte avec une sponge moüillée d’eau simple, elle quittera le fonds du tableau, & s’enlevera comme feroit une couleur à la detrempe sur tout par un temps humide, & cela vient de ce que le verd de gris est une espece de sel, lequel se resoult facilement lors que le temps est humide & pluvieux, & particulierement encore estant moüillé & levé avec une esponge, comme nous venons de dire. Moyen de perfectionner le verd de gris & de le rendre plus beau Si parmy le verd de gris on mesle l’aloës, ou l’aloës chevalin, ce verd de gris augmentera notablement sa beauté, & il feroit mieux encore avec le saffran, s’il ne s’evaporoit point en fumée : la bonté de l’aloës chevalin se reconnoist lorsqu’il se dissout en l’eau de vie estant chaude, parce qu’ainsi elle a plus de force pour dissoudre que quand elle est froide : & si après avoir employé ce verd de gris en quelque ouvrage, on passoit dessus legerement une couche de cet aloes liquefié, alors la couleur s’en seroit tres belle : & cet aloes se peut encore broyer à l’huile separément, ou avec le verd de gris, & toute autre couleur qu’on voudra.