Des choses finies & confuses Les choses proches, ou qui sont sur le devant du tableau, doivent estre plus finies & plus terminées que celles qu’on feind estre veuës dans le lointain lesquelles il faut toucher plus legerement & laisser confuses.
Que les petites figures ne doivent pas par raison estre trop finies Je dis que les choses qui paroistront plus petites que leur naturel, cela leur arrivera pour estres esloignées de l’œil ; de sorte qu’estant ainsi, il est necessaire qu’entre l’œil & son object, il se trouve beaucoup d’air interposé, & cette quantité d’air empesche de voir distinctement la forme des choses, tellement que les petites parties des corps deviennent imperceptibles, & ne peuvent estre remarquées ; donc le peintre devra toucher ces figures que legerement, & en esquisser seulement l’idée, s’il fait autrement ce sera contre l’exemple de la nature sa maitresse : car comme je viens de dire, une chose ne devient petite que par la grande distance qui est entre l’œil & son object, la grande distance enferme en soy beaucoup d’air, la quantité d’air cause une grande opacité qui offusque l’œil, & luy oste le moyen de discerner les particules de son object.