Des apparences superficielles qui sont les premieres à disparoistre par les distances La pemiere chose des couleurs qui disparoist dans l’esloignement, c’est le lustre leur plus subtile partie, & comme l’esclat dans les lumieres : la seconde est la lumiere, parce qu’elle est moindre en quantité que ne l’est l’ombre : la troisiesme sont les ombres principales : & pour la derniere, il ne demeure qu’une obscurité mediocre & confuse.
Des figures separées qui semblent conjointes Faites en sorte que les couleurs dont vous habillerez vos figures soient tellement assorties qu’elles s’entredonnent de la grace, & quand l’une des couleurs sert de champ à l’autre, que ce soit avec une telle discretion, qu’elles ne paroissent point unies et attachées l’une à l’autre, bien qu’elles fussent d’une mesme espece de couleur, mais que la diversité de leur teinte foible ou forte proportionnée à la distance qui les separe, & à l’espaisseur de l’air qui est entre deux, & que par la mesme regle les contours se trouvent aussi proportionnez, c’est-à-dire, soient plus ou moinz terminez, selon leur distance ou proximité.
En quelle partie la mesme couleur paroistra plus belle en peinture Il faut remarquer ici qu’elle est la teinte en peinture, ou une mesme couleur se monstre plus belle, ou celle qui prend le rehaut ou la plus vive lumiere du jour, ou bien la simple lumiere, ou celle de la demi-teinte, où l’ombre, ou bien le reflect sur l’ombre pour cela il est besoin de sçavoir determinément, de quelle couleur il s’agit, parce que plusieurs couleurs sont bien differentes à cet esgard, & ont leur beauté fort diversement appropriée : car nous voyons que la perfection du noir est au fort de l’ombre : le blanc au contraire le reçoit en ses rehauts, & son plus grand clair : l’azur & le verd aux demi-teintes, le jaune & le rouge dans leur principale lumiere : l’air dans les reflects, & la lacque aux demi-teintes.