CONVENEVOLEZZA (n. f.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
CONVENANCE (fra.)CONVENANCE
DOLCE, Lodovico, Dialogo della pittura di M. Lodovico Dolce, Intitolato l’Aretino. Nel quale si ragiona della dignità di essa Pittura, e di tutte le parti necessarie, che a perfetto Pittore si acconvengono: con esempi di Pittori antichi, e moderni: e nel fine si fa menzione delle virtù, e delle opere del divin Tiziano / Dialogue sur la peinture de Louis Dolce, intitulé l’Aretin. Dans lequel on traitte de l’excellence de la peinture, de toutes les qualités necessaires au bon Peintre, avec les exemples des Peintres anciens et modernes, à la fin on y parle du merite et des ouvrages du divin Titien, trad. par VLEUGHELS, Nicolas, Firenze, Michel Nestenus et François Moucke, 1735.
Are. [...] Commençons par l’invention dans la quelle je trouve, qu’il entre beaucoup de parties, parmi les quelles l’ordonnance, & les convenances sont les principales ; parceque si le peintre, par exemple, avoit à representer Jesus Christ, ou saint Paul prechant, il ne conviendroit pas, qu’il les peignit nuds, qu’il les vêtit en soldats, ou en mariniers ; mais qu’il leur choisit un habit decent ; & convenable à l’un, & à l’autre ; principalement qu’il donnât au Seigneur une phisionomie grave accompagnée de douceur, & d’une benignité aimable, de meme qu’à saint Paul un air qui conviene à un si grand Apotre ; de maniere que ceux qui les regardent s’imaginent voir des portraits fidels, tant de l’Autheur de notre salut, que de ce Vaisseau d’election.
Dialogue sur la peinture, p. 153Are. Non seulement Albert Durer à manqué dans les vetements, mais encore dans les airs de têtes ; le quel parce qu’il etoit Allemand a peint en plus d’un endroit la Mere de notre Seigneur vëtue à l’Allemande, & pareillement toutes les saintes femmes, qui l’accompagnoient ; & il ne manque pas encore de donner aux Juifs des phisionomies Allemandes, & accompagnées de moustaches, & de cheveux bizarres, qu’ils portoient avec des habits à leur mode : mais de ces erreurs qui regardent la convenance, & l’invention j’en toucherai quelqu’une, lorsque j’en serai à la comparaison de Rafael, & de Michel Ange.
Dialogue sur la peinture, p. 157
Are. Aussi Timante un des excellents peintres de l’antiquité, qui peignit Iphigenie fille d’Agamemnon, dont Euripide fit la belle tragedie, depuis peu traduite par le Dolce, & representée à Venise il y a quelques années ; la peignit, dis je, avant l’autel, ou elle attendoit d’etre immolée, & sacrifiée à Diane ; & aiant epuisé toutes les expressions de douleur sur le visage des spectateurs, & ne s’imaginant pas d’en pouvoir exprimer de plus forte sur le visage de ce pere affligé, il le fit qui se couvroit d’un linge, ou d’un bout de son habit : que Timante conserva bien la convenance, parcequ’Agamemnon etant pere, il sembloit encore qu’il ne devoit pas supporter de voir immoler sa fille à ses yeux.
Fab. Ce fut la, un accident bien trouvé.
Art. […] Je dois dire aussi, car il ne faut pas taire la verité, que celui qui a travaillé dans la salle qu’on appelle d’en haut, aupres du tableau de la bataille peinte par Titien, s’est trompé dans l’histoire de l’excommunication lancée par Alexandre III. contre Frederic Barberousse. Aiant representé Rome dans sa composition, il me paroit qu’il a lourdement peché contre la convenance en y mettant un si grand nombre de Senateurs Venitiens, qui hors de propos sont spectateurs ; parcequ’il n’est pas vraisemblable qu’ils s’y trouvassent tous en meme tems, & ils n’ont rien à faire avec l’histoire. Au contraire Titien observa à merveille, & en perfection la convenance dans le tableau ou Frederic se baisse, & s’humilie devant le Pape, lui baisant les pieds : il y a peint judicieusement le Bembe, le Navager, & le Sannazare, qui regardent la fonction. Quoique le fait soit arrivé long tems auparavant ; il n’est pas extraordinaire qu’il ait imaginé les deux premiers dans Venise leur patrie ; & il n’est pas hors de toute vraisemblance que le troisieme s’y soit trouvé. Outre cela il n’y a pas un grand inconvenient qu’un des premiers peintres du monde conservât dans ses ouvrages la memoire, & les portraits des trois premiers poetes, & savans de notre tems, dont deux etoient nobles Venitiens ; & le troisieme avoit tant d’amour pour cette illustre ville de Venise, que dans une des ses Epigrammes, il la prefere à Rome.
Dialogue sur la peinture, p. 165-167-169Are. Orfus nous devons considerer l’homme en deux manieres, c’est à dire nud, & vetu. Si nous le representons nud, cela se peut faire ou plein de muscles, ou delicat. […] Il est necessaire de garder aussi les convenances telles, qu’on les a marquées dans l’invention : parceque si le peintre veut representer un Samson, il ne doit pas lui donner la mollesse & la douceur d’un Ganimede, & s’il a un Ganimede à peindre, il ne doit pas chercher en lui les nerfs, & la force d’un Samson. Tout de meme, s’il represente un enfant, il doit bien lui donner des membres d’enfant ; & il ne doit pas faire un viellard qui ressemble a un jeune homme, ni un jeune homme qui ressemble à un petit enfant. Il est à propos que la même chose s’observe dans les femmes ; qu’on distingue un sexe de l’autre, & un âge d’un autre âge, & qu’on donne à chacun, les parties convenables.
Dialogue sur la peinture, p. 193-195Are. J’ai parlé de l’homme nud, je traitterai a present de l’homme vétu, mais en peu de mots ; parceque eu égard aux convenances, il faut, come j’ai dit, conformer l’habillement à l’usage des Nations & des conditions. Si le peintre represente un Apôtre, il ne le fera pas en habit court ; & s’il veut peindre un Capitaine, il ne lui mettra pas sur le corps une robbe, pour ainsi dire à manches pendantes. Quant aux etoffes, le peintre doit avoir egard à leur qualité ; parceque le velours fait d’autres plis, que ne fait l’ormessin ; & le lin bien delié, ne fait pas les mêmes plis qu’un gros drap : Il faut de même ranger les plis à leur place, en sorte qu’ils laissent voir le dessous, & qu’ils tournent adroittement du coté qu’ils doivent aller, mais non pas de manier qu’ils coupent, ou que le drap paroisse attaché à la peau. Et comme une trop grande secheresse rend la figure pauvre, & ne la rend pas gracieuse, de même trop de plis causent de la confusion, & ne plaisent pas. Il faut donc emploier ici ce milieu si estimé en toutes choses.
Dialogue sur la peinture, p. 213-215
Are. […] Venons à la convenance : Rafael ne s’en eloigna jamais. Mais il fit les petits* enfants tels qu’ils sont doüillets & tendres, les hommes robustes, & les femmes avec cette delicatesse qui leur convient.
Fab. Et quoi le grand Michel Ange n’a-t-il donc pas gardé aussi cette convenance ?
Are. Si j’avois envie de vous plaire, & à ses partisans, je dirois qu’oüi : mais si je dois dire la verité, je dirai que non. Quoique vous voiez bien dans les tableaux de Michel Ange la distinction en general des âges, & des sexes (ce que tout le monde sait faire) vous ne la trouverez pourtant pas dans l’arrangement des muscles. Je ne veux pas me mettre à critiquer ses ouvrages, tant par le respect que j’ai pour lui, & que merite un si grand homme, que parcequ’il n’est pas necessaire. Mais que direz vous de l’honneteté ? croiez vous qu’il soit à propos pour faire voir les difficultés de l’art, de decouvrir toujours sans respect les parties nûes des figures, que la modestie, & la pudeur tiennent cachées, sans avoir egard ni a la sainteté des personnes qu’on represente, ni au lieu ou elles sont representées ?
[…]
* Dans son tems Titien pour la tendresse le surpassoit beaucoup, & depuis François du Quenoi dit le Flamand.