Work of Art
POUSSIN, Nicolas, Les Sept Sacrements II : L’Eucharistie, 1647, huile sur toile, 117 x 178, Edinburgh, National Gallery of Scotland, NGL 067.46 F.
© Aiwaz
This is a faithful photographic reproduction of a two-dimensional, public domain work of art. The work of art itself is in the public domain for the following reason:
Public domain
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WikiMedia Commons [consulté le 09/01/2018 - https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Seven_Sacraments_-_Holy_Eucharist_II_(1647)_-_Poussin_-_NGofScotland.jpg]
Quotation
Ce fut dans la mesme année 1647 qu’il [ndr : Poussin] acheva encore le Sacrement de Penitence, celuy de l’Ordre, & celuy de l’Eucharistie, qui est la Cene ; & que le sieur Pointel receût icy ce beau Tableau de Moïse sauvé des eaux, qui est presentement dans le Cabinet du Roy. Ce fut au sujet de ce Tableau qu’il écrivit une grande lettre à M. de Chantelou, par laquelle il luy mande. Que si ce dernier ouvrage luy a donné tant d’amour lors qu’il l’a veû, ce n’est pas qu’il ait esté fait avec plus de soin que celuy qu’il avoit receû de luy auparavent, mais qu’il doit considerer que c’est la qualité du sujet, & la disposition dans laquelle il se trouve luy-mesme, en le voyant, qui cause un tel effet. Que les sujets des Tableaux qu’il fait pour luy, doivent estre representez d’une autre maniere ; & que c’est en cela que consiste l’artifice de la Peinture. Que c’est juger avec trop de précipitation de ses ouvrages ; qu’estant difficile de donner son jugement si l’on n’a une grande pratique & la theorie jointes ensemble, les sens seuls ne doivent pas le faire, mais y appeler la raison. Que pour cela il veut bien l’avertir d’une chose importante qui luy fera connoistre ce qu’un Peintre doit observer dans la representation des choses qu’il traite. C’est que les anciens Grecs inventeurs des beaux Arts, trouverent plusieurs modes par le moyen desquels ils produisirent les effets merveilleux qu’on a remarquez dans leurs ouvrages. Qu’il entend par le mot de mode la raison, la mesure, ou la forme dont il se sert dans tout ce qu’il fait, & par laquelle il se sent obligé à demeurer dans de justes bornes, & à travailler avec une certaine médiocrité, moderation, & ordre déterminé qui établissent l’ouvrage que l’on fait dans son estre veritable.
Quotation
Ce fut dans la mesme année 1647 qu’il [ndr : Poussin] acheva encore le Sacrement de Penitence, celuy de l’Ordre, & celuy de l’Eucharistie, qui est la Cene ; & que le sieur Pointel receût icy ce beau Tableau de Moïse sauvé des eaux, qui est presentement dans le Cabinet du Roy. Ce fut au sujet de ce Tableau qu’il écrivit une grande lettre à M. de Chantelou, par laquelle il luy mande. Que si ce dernier ouvrage luy a donné tant d’amour lors qu’il l’a veû, ce n’est pas qu’il ait esté fait avec plus de soin que celuy qu’il avoit receû de luy auparavent, mais qu’il doit considerer que c’est la qualité du sujet, & la disposition dans laquelle il se trouve luy-mesme, en le voyant, qui cause un tel effet. Que les sujets des Tableaux qu’il fait pour luy, doivent estre representez d’une autre maniere ; & que c’est en cela que consiste l’artifice de la Peinture. Que c’est juger avec trop de précipitation de ses ouvrages ; qu’estant difficile de donner son jugement si l’on n’a une grande pratique & la theorie jointes ensemble, les sens seuls ne doivent pas le faire, mais y appeler la raison. Que pour cela il veut bien l’avertir d’une chose importante qui luy fera connoistre ce qu’un Peintre doit observer dans la representation des choses qu’il traite. C’est que les anciens Grecs inventeurs des beaux Arts, trouverent plusieurs modes par le moyen desquels ils produisirent les effets merveilleux qu’on a remarquez dans leurs ouvrages. Qu’il entend par le mot de mode la raison, la mesure, ou la forme dont il se sert dans tout ce qu’il fait, & par laquelle il se sent obligé à demeurer dans de justes bornes, & à travailler avec une certaine médiocrité, moderation, & ordre déterminé qui établissent l’ouvrage que l’on fait dans son estre veritable.
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Ce fut dans la mesme année 1647 qu’il [ndr : Poussin] acheva encore le Sacrement de Penitence, celuy de l’Ordre, & celuy de l’Eucharistie, qui est la Cene ; & que le sieur Pointel receût icy ce beau Tableau de Moïse sauvé des eaux, qui est presentement dans le Cabinet du Roy. Ce fut au sujet de ce Tableau qu’il écrivit une grande lettre à M. de Chantelou, par laquelle il luy mande. Que si ce dernier ouvrage luy a donné tant d’amour lors qu’il l’a veû, ce n’est pas qu’il ait esté fait avec plus de soin que celuy qu’il avoit receû de luy auparavent, mais qu’il doit considerer que c’est la qualité du sujet, & la disposition dans laquelle il se trouve luy-mesme, en le voyant, qui cause un tel effet. Que les sujets des Tableaux qu’il fait pour luy, doivent estre representez d’une autre maniere ; & que c’est en cela que consiste l’artifice de la Peinture. Que c’est juger avec trop de précipitation de ses ouvrages ; qu’estant difficile de donner son jugement si l’on n’a une grande pratique & la theorie jointes ensemble, les sens seuls ne doivent pas le faire, mais y appeler la raison. Que pour cela il veut bien l’avertir d’une chose importante qui luy fera connoistre ce qu’un Peintre doit observer dans la representation des choses qu’il traite. C’est que les anciens Grecs inventeurs des beaux Arts, trouverent plusieurs modes par le moyen desquels ils produisirent les effets merveilleux qu’on a remarquez dans leurs ouvrages. Qu’il entend par le mot de mode la raison, la mesure, ou la forme dont il se sert dans tout ce qu’il fait, & par laquelle il se sent obligé à demeurer dans de justes bornes, & à travailler avec une certaine médiocrité, moderation, & ordre déterminé qui établissent l’ouvrage que l’on fait dans son estre veritable.
Que le mode des anciens estant une composition de plusieurs choses, il arrive que de la varieté & difference qui se rencontre dans l’assemblage de ces choses, il en naist autant de differents modes, & que de chacun ainsi composé de diverses parties mises ensemble avec proportion, il en procede une secrette puissance d’exciter l’ame à differentes passions. Que de là les anciens attribuerent à chacun de ces modes une proprieté particuliere, selon qu’ils reconnurent la nature des effets qu’ils estoient capables de causer : comme au mode qu’ils nommerent Dorien, des sentimens graves & serieux ; au Phrygien, des passions vehementes ; au Lydien, ce qu’il y a de doux, de plaisant & d’agreable ; à l’Ionique, ce qui convient aux Bacchanales, aux festes, & aux danses. Que comme, à l’imitation des peintres, des Poëtes & des Musiciens de l’Antiquité, il se conduit sur cette idée : c’est aussi ce qu’on doit observer dans ses ouvrages, où, selon les differens sujets qu’il traite, il tasche non seulement de representer sur les visages de ses figures des passions differentes, & conformes à leurs actions, mais encore d’exciter & faire naistre ces mesmes passions dans l’ame de ceux qui voyent ses Tableaux.
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Que le mode des anciens estant une composition de plusieurs choses, il arrive que de la varieté & difference qui se rencontre dans l’assemblage de ces choses, il en naist autant de differents modes, & que de chacun ainsi composé de diverses parties mises ensemble avec proportion, il en procede une secrette puissance d’exciter l’ame à differentes passions. Que de là les anciens attribuerent à chacun de ces modes une proprieté particuliere, selon qu’ils reconnurent la nature des effets qu’ils estoient capables de causer : comme au mode qu’ils nommerent Dorien, des sentimens graves & serieux ; au Phrygien, des passions vehementes ; au Lydien, ce qu’il y a de doux, de plaisant & d’agreable ; à l’Ionique, ce qui convient aux Bacchanales, aux festes, & aux danses. Que comme, à l’imitation des peintres, des Poëtes & des Musiciens de l’Antiquité, il se conduit sur cette idée : c’est aussi ce qu’on doit observer dans ses ouvrages, où, selon les differens sujets qu’il traite, il tasche non seulement de representer sur les visages de ses figures des passions differentes, & conformes à leurs actions, mais encore d’exciter & faire naistre ces mesmes passions dans l’ame de ceux qui voyent ses Tableaux.
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Que le mode des anciens estant une composition de plusieurs choses, il arrive que de la varieté & difference qui se rencontre dans l’assemblage de ces choses, il en naist autant de differents modes, & que de chacun ainsi composé de diverses parties mises ensemble avec proportion, il en procede une secrette puissance d’exciter l’ame à differentes passions. Que de là les anciens attribuerent à chacun de ces modes une proprieté particuliere, selon qu’ils reconnurent la nature des effets qu’ils estoient capables de causer : comme au mode qu’ils nommerent Dorien, des sentimens graves & serieux ; au Phrygien, des passions vehementes ; au Lydien, ce qu’il y a de doux, de plaisant & d’agreable ; à l’Ionique, ce qui convient aux Bacchanales, aux festes, & aux danses. Que comme, à l’imitation des peintres, des Poëtes & des Musiciens de l’Antiquité, il se conduit sur cette idée : c’est aussi ce qu’on doit observer dans ses ouvrages, où, selon les differens sujets qu’il traite, il tasche non seulement de representer sur les visages de ses figures des passions differentes, & conformes à leurs actions, mais encore d’exciter & faire naistre ces mesmes passions dans l’ame de ceux qui voyent ses Tableaux.
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Ce fut dans la mesme année 1647 qu’il [ndr : Poussin] acheva encore le Sacrement de Penitence, celuy de l’Ordre, & celuy de l’Eucharistie, qui est la Cene ; & que le sieur Pointel receût icy ce beau Tableau de Moïse sauvé des eaux, qui est presentement dans le Cabinet du Roy. Ce fut au sujet de ce Tableau qu’il écrivit une grande lettre à M. de Chantelou, par laquelle il luy mande. Que si ce dernier ouvrage luy a donné tant d’amour lors qu’il l’a veû, ce n’est pas qu’il ait esté fait avec plus de soin que celuy qu’il avoit receû de luy auparavent, mais qu’il doit considerer que c’est la qualité du sujet, & la disposition dans laquelle il se trouve luy-mesme, en le voyant, qui cause un tel effet. Que les sujets des Tableaux qu’il fait pour luy, doivent estre representez d’une autre maniere ; & que c’est en cela que consiste l’artifice de la Peinture. Que c’est juger avec trop de précipitation de ses ouvrages ; qu’estant difficile de donner son jugement si l’on n’a une grande pratique & la theorie jointes ensemble, les sens seuls ne doivent pas le faire, mais y appeler la raison. Que pour cela il veut bien l’avertir d’une chose importante qui luy fera connoistre ce qu’un Peintre doit observer dans la representation des choses qu’il traite. C’est que les anciens Grecs inventeurs des beaux Arts, trouverent plusieurs modes par le moyen desquels ils produisirent les effets merveilleux qu’on a remarquez dans leurs ouvrages. Qu’il entend par le mot de mode la raison, la mesure, ou la forme dont il se sert dans tout ce qu’il fait, & par laquelle il se sent obligé à demeurer dans de justes bornes, & à travailler avec une certaine médiocrité, moderation, & ordre déterminé qui établissent l’ouvrage que l’on fait dans son estre veritable.