Comment le peintre doit mettre en pratique la perspective des couleurs Pour mettre bien en pratique cette perspective du changement & deperdition, ou plustost de cét affoiblissement essentiel & decolorement des couleurs : Vous prendrez de cent en cent brasses quelques termes fixes sur la campagne, comme font les arbres […] ; & quant au premier, si c’est par exemple un arbre, vous aurez un verre arresté bien ferme, & votre œil aussi demeurant stable, desseignez sur ce verre un arbre suivant le mesme contour de celuy que vous imitez, puis retirez-vous en arriere jusques à ce que l’arbre naturel vienne presque confiner & paroistre égal à votre dessein ; après quoy colorissez vostre dessein en telle sorte que par sa couleur & par sa forme on les puisse mettre en parangon l’un et l’autre, ou que tous les deux en fermant un œil vous semblent peints, & que ce verre soit d’une mesme distance ; & continuez cette mesme reigle à l’esgard des autres arbres […], & que ces estudes vous servent comme vos aides & vos maistres, y ayant tousjours recours en vos ouvrages […] car ils ont un bon effet pour les lointains […]