Are. […] Venons à la convenance : Rafael ne s’en eloigna jamais. Mais il fit les petits* enfants tels qu’ils sont doüillets & tendres, les hommes robustes, & les femmes avec cette delicatesse qui leur convient. Fab. Et quoi le grand Michel Ange n’a-t-il donc pas gardé aussi cette convenance ? Are. Si j’avois envie de vous plaire, & à ses partisans, je dirois qu’oüi : mais si je dois dire la verité, je dirai que non. Quoique vous voiez bien dans les tableaux de Michel Ange la distinction en general des âges, & des sexes (ce que tout le monde sait faire) vous ne la trouverez pourtant pas dans l’arrangement des muscles. Je ne veux pas me mettre à critiquer ses ouvrages, tant par le respect que j’ai pour lui, & que merite un si grand homme, que parcequ’il n’est pas necessaire. Mais que direz vous de l’honneteté ? croiez vous qu’il soit à propos pour faire voir les difficultés de l’art, de decouvrir toujours sans respect les parties nûes des figures, que la modestie, & la pudeur tiennent cachées, sans avoir egard ni a la sainteté des personnes qu’on represente, ni au lieu ou elles sont representées ? […]
* Dans son tems Titien pour la tendresse le surpassoit beaucoup, & depuis François du Quenoi dit le Flamand.