Fab. La delicatesse des membres appartient plus à la femme qu’à l’homme. Are. Cela est vrai, je vous l’ai dit ci dessus, en vous avertissant qu’il ne faut pas confondre les sexes : Ce n’est pas pourtant qu’on ne trouve beaucoup d’hommes delicats : tels que sont plus communement les gentils hommes, sans neanmoins qu’ils arrivent jusqu’à ressembler aux femmes, ou à un Ganimede. Il est vrai que quelques peintres donnent à leur ignorance, le nom de delicatesse ; parcequ’ils y en a plusieurs qui ne sachant, ni la situation, ni la liaison des os, ne font aucune marque *, ou au moins tres peu pour faire observer ou ils sont placés, mais moiennant seulement les principaux contours ils conduisent leurs figures. Plusieurs au contraire en marquant trop les muscles, & les recherchant avec excés, & hors d’œuvre, croient etre des Michel Anges en dessein, en quoi justement ils sont tournés en ridicule, & traittés de grossiers par les connoisseurs. […]
* C’est ainsi qu’un peintre peu fondé en anatomie, instruisant son diciple lui disoit, ou tu ne connois pas bien le muscle, fais doux.