Car puisque la Poësie et la Peinture ne sont qu’une mesme Forme de Genïe, et qu’il est certain que, pour estres Poëte, il ne suffit pas de faire des Vers bien mesurez, avec des paroles agreables à l’oreille, si ce qu’on dit n’est encore quelque chose de sçavant et d’ingénieux : il s’ensuit aussi que dans l’Escole de la Peinture, celuy qui n’applique son esprit qu’à desseigner d’après un Modelle, et qui appuye toute son estude sur le Pinceau, ne sera jamais qu’un Ouvrier mechanique, trés-indigne de la Qualité de peintre, comme cét autre ne passe que pour un simple versificateur. Si bien qu’au service de cette Noble et Glorieuse Princesse des Arts de la Peinture, qui est tout Esprit, il faut avoir des Talents et des Connaissances extraordinaires pour oser pretendre à l’honneur de ses bonnes graces ; et ceux qui par la bassesse et la pesanteur de leur Nature ne se peuvent eslever plus haut que la partie mechanique ressemblent à ces mauvais Courtisans de Penelope lesquels n’ayant pas l’esprit de s’insinuer favorablement sans son entretien particulier, ny assez d’addresse ou de merite pour se rendre considerable auprés d’Elle, demeuroient derrière les plus galants, et estoient reduits à faire la Cour à ses Suivantes.