GENIE (n. n.)
TERM USED AS TRANSLATIONS IN QUOTATION
GÉNIE (fra.)GÉNIE
DE PILES, Roger, « " Abbildung eines Vollkommenen Mahlers ", in Historie und Leben der berühmtesten europaeischen Mahler, so sich durch ihre Kunst-Stücke bekand gemacht, samt einigen Réflexions darüber und Abbildung eines vollkommenen Mahlers, nach welcher die Mahlerey als einer Regul kann beurtheilet werden, wobey auch der Nutzen und Gebrauch der Kupferstücke und Erklärung der gebräuchlichen Mahler-Wörter », Hamburg, Benjamin Schiller, 1710.
{Le Génie}. Le Génie est la première chose que l’on doit supposer dans un Peintre. C’est une partie qui ne peut s’acquérir ni par l’étude, ni par le travail ;
introduction, p. 1La Grace doit assaisonner toutes les parties dont on vient de parler, elle doit suivre le Genie ; c’est elle qui le soûtient & qui le perfectionne : mais elle ne peut, ni s’acquérir à fond, ni se démontrer.
introduction, p. 10Mais lorsqu’il <le Génie > est cultivé par les régles & qu’il se les est appropriées, il se met au-dessus d’elles, il leur commande en maître, il les rejette quand il lui plaît pour leur substituer quelque chose de plus heureux : il en dispose enfin comme d’un bien dont il est en possession & qu’il croit lui appartenir. Mais la Nature qui ménage ses trésors, quand elle a donné du génie pour un Art, elle ne l’a donné que rarement universel pour toutes les parties qu’il contient. Peu de Peintres peuvent se vanter, par exemple, d’avoir été si universels dans leur profession qu’ils aient eu pour toutes les parties qu’elle contient cette pénétration pour concevoir & cette facilité pour agir, que le génie donne à ceux qui le possédent. Tel en a pour le dessein qui n’a jamais rien compris dans l’artifice du Coloris : tel réussit dans les Portraits, tel autre dans le Païsage : l’un se sent porté & se plaît à imiter exactement les naïvetés du naturel duquel il ne sait point choisir, ni animer les belles expressions. Ainsi chacun se trouve partagé de génie selon qu’il a plû à la Nature de lui en donner, & nous devons toujours estimer les talens particuliers qu’elle distribue, & les respecter quand ils sont extraordinaires.
chapitre I, p. 13-14
Les hommes ont beau travailler pour surmonter les obstacles qui les empêchent d’atteindre à la perfection, s’ils ne sont nés avec un talent particulier pour les Arts qu’ils ont embrassés, ils seront toujours dans l’incertitude d’arriver à la fin qu’ils se proposent. Les Régles de l’Art & les exemples d’autrui peuvent bien leur montrer les moïens d’y parvenir : mais ce n’est point assez que ces moïens soient sûrs, il faut encore qu’ils soient faciles & agréables […]
Le Génie est donc une lumière de l’Esprit, laquelle conduit à la fin par des moïens faciles.
Le Génie se sert donc de la mémoire comme d’un vase où il met en réserve les Idées qui se présentent ; il les choisit avec l’aide du jugement, & en fait pour ainsi dire une provision, dont il se sert quand l’occasion s’en présente ; mais il n’en tire que ce qu’il y a mis, & n’en peut tirer autre chose. C’est ainsi que Raphaël a tiré de ses études les hautes Idées qu’il a prises de l’Antique, de même qu’Albert & Lucas ont tiré de leur méchant fond les Idées Gottiques que la pratique de leur tems & la nature de leur païs leur avait fournies.
chapitre III, p. 17-18{Des Licences} Les Licences sont si nécessaires, qu’il y en a dans tous les Arts. Elles sont contre les Régles à prendre les choses à la lettre, mais à les prendre selon l'esprit, les Licences servent de Régles quand elles sont prises bien à propos. Or il n’y a personne de bon sens qui ne les trouve à propos, lorsqu’elles contribuent à faire plus d’effet dans l’Ouvrage où on les emploie, & que par leur moyen le Peintre arrive plus efficacement à sa fin, qui est d’imposer à la vûe. Mais il n’est pas donné à tous les Peintres de les employer utilement. Il n’y a que les grands Génies qui soient au-dessus des Régles, & qui sachent se servir ingénieusement des Licences ; soit qu’ils les emploient pour l’essence de leur Art, soit qu’elles regardent l’Histoire.
chapitre XXIII, p. 54Pour connaître si un Dessein est d’un tel Maître, il faut en avoir vû beaucoup d’autres de la même main avec attention, & avoir dans l’Esprit une Idée juste du Caractere de son Génie, & du Caractere de sa Pratique. La connaissance du Caractere du Génie demande une grande étendue, & une grande netteté d’Esprit pour retenir les Idées sans les confondre ; & la connaissance du Caractére de la Pratique dépend plus d’une grande habitude, que d’une grande capacité : c’est pour cela que les plus habiles Peintres ne sont pas toujours ceux qui décident avec plus de justesse en cette matiére.
chapitre XVII, p. 72-73